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Du « Front des démocrates »…Partons ensemble, ensemble nous gagnerons
La scène politique tunisienne bouillonne, en ces temps, de questions fondamentales pour le pays, comme l’ouverture d’un « front des démocrates », d’une « charte de la citoyenneté » et autres « pacte social .. ». Il convient, à mon sens, de déblayer ce terrain, pour que les mots et les actions reprennent leur sens originel.
J’ai lu avec intérêt, dans le numéro 229 d’Attariq Aljadid, un article intitulé ‘’Si nous partons seuls, nous perdrons ensemble à l’arrivée’’. L’auteur de l’article, y parle d’un «Front de démocrates » ; et les thèses défendues dans cet article m’ont inspiré quelques remarques essentielles, que je développerais dans cet article, dont le sous-titre est inspiré du titre de l’article en question. Il reprend certaines idées de l’article du même auteur, paru dans le numéro 146 de Mouatinoun, intitulé « A propos du front de la modernité », alors en gestation, et à la dénomination encore hésitante, et dont des extraits seront republiés en annexe.
La première remarque a trait à cette affirmation de l’article que « le mouvement Ettajdid a répondu à un appel de l’union des démocrates… », alors qu’il m’a semblé que cet « appel » a émané de l’intérieur de ses rangs ou, à tout du moins, de sa périphérie, et j’espère n’y voir aucune stratégie « cachée » d’Ettajdid où, je me dois de l’affirmer, je n’ai toujours compté que des amis et des compagnons de luttes.
Dans cet article, on y parle de la nécessité de l’ouverture de ce front des démocrates et, tout de go, d’un « parti politique d’obédience ( !?) islamiste » d’un côté, et de partis démocrates de l’autre. Il y qualifie « l’ex Mouvement de la Tendance Islamique » (parti défunt depuis plus de vingt ans !) de « parti d’extrême-droite », suivant en cela nombre d’amalgames, anodins ou dangereux :
–Donner une telle appellation à ce front présumé porte insidieusement une bi-polarité à la scène politique (les démocrates et les autres) et une certaine approche d’exclusion, alors qu’elle se doit d’être rien qu’une alliance politique, librement consentie, entre différents partis.
–Qualifier ce front de « démocrate », et excluant les islamistes, revient à leur dénier le qualificatif de démocrate et à s’ériger en gardien exclusif des valeurs de démocratie. Cet amalgame peut conduire, si l’on n’y prend garde, à une pente dangereuse similaire à la propagande de la dictature, à l’orée des années 1990. Il est ici bon de rappeler que ce déni de démocratie à l’égard des islamistes a constitué le terreau essentiel de la propagande éradicatrice de la dictature, qui a conduit à leur répression féroce, tâche de honte, indélébile, sur le front de la Tunisie. Les islamistes ont été, à cette époque, la proie de rafles suivies de tortures, de punitions collectives et familiales, d’exil forcé… dans un silence assourdissant de la société, ainsi complice par ce silence à mon sens, de ce broyage méthodique des hommes et des femmes. On parle du chiffre, insupportable, de 30000 victimes de cette férocité, qui s’est ensuite retournée contre d’autres pans de la société, silencieux ou non… A ce propos, j’ai noté un « dérapage » de l’auteur, sûrement involontaire connaissant sa droiture, où il parle de « mouvement fraîchement rapatrié d’Angleterre », allusion à l’exil de Monsieur Rached Ghannouchi, oubliant vite qu’en général, un exil est toujours forcé. Cette insinuation à l’exil m’a d’autant plus choqué qu’elle a été un des thèmes redondants, de bas étage, des ‘’intellectuels de la dictature’’, du type Bsaïes et cie, sur les « opposants de l’étranger » …sic.
Un autre amalgame est cette confusion souvent faite entre les « islamistes » et l’extrême-droite, refusant de voir que ces mouvements qui se réclament des valeurs de l’islam, traversent tout le spectre politique, de la gauche à l’extrême-droite, au sens politique du terme… J’ai lu dans des écrits ‘islamistes’ des gens qui appellent à la collectivisation des moyens de production et d’autres qui appellent à une économie libérale, basée sur le commerce et le libre marché. J’en ai même connu, d’authentiques militants syndicalistes, qui ne peuvent donc être, à mon sens, à l’extrême-droite de l’échiquier politique, ni même à sa droite… En tout état de cause, je ne peux personnellement encore placer sur l’échiquier politique le parti Ennahdha, issu de « l’ex Mouvement de la Tendance Islamique », avec les partis tahrir et jihad…, en l’absence de publicité par ce parti d’un quelconque programme politique et social !… Jugeons-les sur ce qu’ils assument être plutôt que sur ce que l’on pense qu’ils sont, loin de ces accusations, de double langage, de déclarations contradictoires et autres. Il reste vrai que le discours d’Ennahdha est actuellement peu audible et ambivalent. Ce parti assure, à titre d’exemple, qu’il n’est pas un parti religieux, « transformation » de ce parti qui semble difficile à croire, eu égard à ses constantes. Il reste que ce discours est assez dangereux, car démagogique, mais que je mettrais, pour ma part, sur une certaine « peur de l’autre », d’une mentalité d’assiégé, somme toute assez compréhensible au vu de la répression violente qu’il a subie et de la campagne « d’intimidation à l’éradication » qu’il subit actuellement ; et la posture faussement ‘’timide’’ de ce parti à cet égard n’en constitue pas l’effet le moins malsain…
L’article d’Attariq Aljadid fait, par ailleurs, un parallèle que j’ai trouvé douteux, entre l’Allemagne de l’entre-deux guerres, qui a élu démocratiquement Hitler, et la Tunisie de 2011 ; car comment comparer une Allemagne, vaincue, humiliée, saignée par les sanctions des alliés en 1918, et une Tunisie resplendissante de sa Révolution historique !? Quant au contre-exemple de la défaite de la gauche française en 2002, dûe selon l’article à son « éclatement », je crois qu’une réflexion plus approfondie conduirait peut-être à considérer le désarroi des électeurs français devant l’état de cette gauche (ou de ce qui lui en reste !) de sa gestion néolibérale et monétariste de la chose publique, et qui s’est peut-être faite sanctionner par l’électeur, pour avoir perdu son âme… La nomination de Monsieur Strauss-Kahn, appuyée par Monsieur Sarkozy, au Fonds…Monétaire International, ne peut qu’étayer cette analyse, que je partage.
Il est aussi question, dans cet article, de l’UGTT à laquelle il est reproché d’être « incontournable mais silencieuse » et, insidieusement, d’avoir une « attitude facile… de se recroqueviller sur elle-même »… Permettez-moi de rappeler que l’UGTT se doit d’être au-dessus des partis (ce que je crois qu’elle est !) et qu’elle n’a pas à s’immiscer dans de tels fronts, politiques s’il en est. L’UGTT se doit aussi de « faire de la politique » comme on le lui reproche si souvent, par la défense de la dignité des Travailleur(e)s et de tous les Citoyens, ainsi que par sa contribution essentielle, quoique tardive, à la sauvegarde de la Révolution (Il peut être bon de rappeler que le 14 Janvier était jour de Grève Générale de la Région de Tunis, précédées de celles de Kairouan et Sfax, les 13 et 12, et que le peuple qui scandait « Dégage ! » était peut-être parti de la place Mohamed Ali…). L’UGTT a aussi eu une contribution essentielle à l’encadrement des mouvements populaires qui ont conduit à la chute des gouvernements Ghannouchi 1 et 2, à l’avènement du gouvernement 3, à la mise en place de la Haute Commission de sauvegarde de la révolution, instance indispensable s’il en est de contrôle du gouvernement, en cet ordre révolutionnaire… actions que certains partis ne lui pardonnent toujours pas… et je pense que cette position à l’égard de la Centrale Syndicale a constitué la première ligne de cassure au sein d’un autre front, celui de l’opposition à la dictature défunte.
Pour revenir au sujet principal de l’article, je pense que l’action actuelle de tous les partis politiques doit tendre à dégager le consensus le plus large possible autour d’une Constitution, qui doit unir tous les citoyens, sans exclusion, à la renaissance d’un pays libre et démocratique, attaché ses identités historiques. Le temps, aujourd’hui, est aux bâtisseurs d’un socle solide, basé sur l’entente et le respect du peuple, pour ce faire. Le temps de la politique, noble ou politicienne, viendra après, aux premières échéances, législative ou présidentielle.
J’appelle ici solennellement tous les partis politiques, qui sont écoutés des Citoyens, à exprimer leur vision de la société qu’ils entendent contribuer à dessiner après le 24 juillet, par l’adoption du projet de Constitution de la deuxième république, qu’ils proposeront, pour adoption, au peuple. Partons ensemble, sans nous donner a priori d’adversaires, supposés ou réels, et qui apparaîtront très vite lorsque le débat autour de cette vision aura lieu. En partant ensemble, sans exclusive a priori, nous gagnerons ensemble, nous tous qui luttons pour un devenir radieux d’une Tunisie, de dignité, de liberté, de culture et de sciences. Et n’insultons pas l’avenir ! je pense que tous les partis politiques, aux visions sociétales proches se retrouveront, en un mouvement centripète naturel, par le biais de coalitions électorales ou morales, avant le 24 juillet ou après. Soyons ce que l’on est et donnons une leçon de démocratie et de tolérance au monde, après celle de cette révolution historique.
Mohamed Faouzi Bellalouna
Universitaire, Syndicaliste
Postscriptum : Extraits de « A propos du front de la modernité »…
« …Nous sommes issus, tout comme de larges pans de la société tunisienne, d’une culture arabo-musulmane où le rapport à la religion a toujours été apaisé, vécu comme une morale personnelle, une ligne de fond qui conduit chacun de nous, dans son comportement sociétal. D’autres pans de notre société sont guidés par d’autres trames morales, tout aussi respectables, mais qui restent les leurs…
Une composante essentielle de notre société repose sur des valeurs, proches de nous, induites de l’islam. A côté sévit l’intégrisme religieux, sous toutes ses couleurs, aux antipodes de nos constantes politiques. Il y a aussi la laïcité, au sens communément admis, dont nous nous réclamons, en tant que porteurs d’une identité arabo-musulmane, et que nous refusons, en son sens dénaturé, de front anti-religieux, que je dénommerais plus clairement « intégrisme laïcard ».
Tout autant que le dogmatisme religieux, qui prétend nous imposer Notre religion comme un dogme indiscutable, organisant notre vie socio-politique dans ses moindres recoins, y compris personnels ; nous refusons ce dogmatisme laïcard qui prétend nous déculturer, extirper de nous cet Islam des lumières, des cultures et des sciences, dont nous nous réclamons… »…
« … Ce peuple dira son mot, à la prochaine station citoyenne du 24 juillet. Il amènera l’élite qu’il aura choisie pour dessiner la société post-révolutionnaire qu’il aura voulue. Faisons-lui confiance, à ce peuple d’élite !
Quant à nous, nous le voyons comme un peuple de citoyens du monde, dans l’une de ses composantes arabo-musulmanes, comme un peuple luttant pour la dignité de toutes et de tous, et contre toutes les injustices du monde. Ecoutons-le le 24 juillet. »
Article paru dans Mouatinoun numéro148.
Accueillir les Tunisiens, un geste symbolique
En voulant à tout prix éviter l’immigration tunisienne, jusqu’à envisager la suspension de la liberté de circuler dans l’Union européenne, le gouvernement français rate une occasion de montrer sa compréhension des événements qui se déroulent de l’autre côté de la Méditerranée, soulignent Khadija Mohsen-Finan (Paris 8) et Malika Zeghal.
Parmi les 22.000 Tunisiens arrivés sur l’île italienne de Lampedusa entre janvier et avril derniers, certains ont gagné la France, d’autres rêvent de pouvoir passer la frontière et de rejoindre un pays dont ils se sentent culturellement proches. Ils ont quitté la Tunisie avec l’espoir de trouver enfin un travail et d’échapper à la misère économique et aux mauvaises conditions de vie qui sévissent dans leur pays.
En vertu de la Convention de Schengen, l’Italie leur a accordé des titres de séjour temporaires qui leur permettent de rester légalement six mois sur son territoire. Ces titres donnent le droit de circuler dans l’espace Schengen, même si ce droit est soumis à certaines conditions. En particulier, celles de ne pas constituer une menace pour l’ordre public et de disposer de ressources suffisantes. Paris et Rome ont d’abord fait une lecture différente, voire divergente de ce droit de circulation et ont sollicité l’arbitrage de la Commission européenne sur le statut de ces ressortissants originaires d’un pays qui vient de vivre une révolution et tente péniblement de mettre en place une transition vers la démocratie. Pour la Commission européenne, ces Tunisiens ne peuvent obtenir le statut de réfugiés, leur pays n’étant pas en guerre. Ils ne peuvent pas non plus bénéficier d’une «protection temporaire» dans la mesure où leurs vies ne sont pas en danger dans leur pays. Cependant, derrière ces batailles juridiques, ces arrangements et ces compromis, le traitement de cette question revêt une dimension éminemment morale.
En effet, si les Tunisiens ont réussi à mettre un terme à des décennies d’une dictature, leur économie est dans un état catastrophique, mettant en danger la transition vers la démocratie. La croissance est passée de 5% à 0, 8% et des secteurs clés comme le tourisme ne redémarrent pas. C’est pourtant dans ce contexte de difficultés économiques et sociales extrêmes que les Tunisiens ont accueilli quelques 225.000 réfugiés en provenance de Libye parmi lesquels figurent des Soudanais et des Ivoiriens qui refusent de regagner leur pays d’origine. La Tunisie a appréhendé cette question sous l’angle humanitaire.
On aurait pu s’attendre à pareil traitement de la part de la France, pays d’accueil, d’asile et des droits de l’homme. Paris aurait en effet pu accueillir provisoirement les immigrants munis de permis de circuler dans l’espace de Shengen, en indiquant le caractère exceptionnel d’un geste dont les Français comme les Tunisiens auraient retenu le symbole. Ce geste aurait été susceptible de faire oublier les ratés diplomatiques de la France aux premières heures de la révolution tunisienne, de même qu’il aurait permis de montrer que la France percevait parfaitement l’importance des événements qui se déroulent au Maghreb. Le gouvernement français peut saisir ce moment pour rendre lisible la manière dont il envisage à présent ses rapports avec le Sud de la Méditerranée.
Avant la révolution tunisienne, Paris apportait un soutien sans faille au régime de Ben Ali en échange de la coopération tunisienne sur les dossiers du contrôle des flux migratoires et du terrorisme. La France doit à présent mesurer les bouleversements qui prennent pied au Maghreb et redéfinir son partenariat avec la Tunisie sur un pied d’égalité. Elle gagnerait également à rendre intelligible sa politique méditerranéenne en énonçant et en mettant en pratique des valeurs claires. L’opinion publique tunisienne devient, par la force des choses, un enjeu politique incontournable que la France et l’Union européenne ne peuvent ignorer. Que retiendront les Tunisiens de ces épisodes sinon qu’en France les droits de l’homme sont peut-être bons pour les Français -en particulier ceux dits «de souche»- mais pas pour les étrangers? A l’heure où le Sud s’ouvre vers de nouveaux horizons politiques, l’Europe se referme sur elle-même.
Si les interpellations de Tunisiens dans les jardins publics, ces jours derniers, ont peut-être un caractère légal, il n’en demeure pas moins qu’elles sont choquantes dans le contexte politique d’aujourd’hui. Elles le sont d’autant plus qu’elles s’inscrivent dans le prolongement d’une politique qui a déjà tenté de mettre en place un débat sur l’identité nationale, puis sur la laïcité. Deux entreprises malheureuses qui stigmatisent les étrangers et les Français d’origine étrangère. En réalité, derrière le projet de «réformer» les accords de Schengen et de remettre en question l’acquis fondamental de la liberté de circulation se cachent un pouvoir frileux et un chef d’Etat qui tente cyniquement et avec peine de séduire un électorat d’extrême droite.
Source : « Mediapart » Le 11-05-2011
Tunisie : un manifeste pour soutenir l’économie avant le sommet du G8
Un manifeste a été lancé par un groupe d’économistes tunisiens, sous le slogan “Invest in democracy, investir dans la démocratie, ndlr)” pour soutenir la Tunisie avant sa participation au sommet du G8 le 26 et 27 mai dans la station balnéaire de Deauville en France. Le “manifeste des 200”, selon l’agence officielle tunisienne TAP, a été signé par des personnalités de plusieurs pays, dont des universitaires de Harvard et de la Sorbonne, des banquiers de la Banque Mondiale, First Gulf Bank, Abu Dhabi, des économistes, des industriels, des hommes d’affaires et des responsables politiques. “Investir dans la démocratie” paraîtra cette semaine dans plusieurs médias internationaux, tels que le New York Times américain ou bien Le Monde français sous forme d’encart publicitaire. Les auteurs du manifeste écrivent notamment que “le peuple tunisien a su, de manière remarquable, exiger et obtenir la fin d’un régime autocratique”. “Les femmes et hommes politiques, économistes, industriels, banquiers (…) que nous sommes, sont certains que l’instauration d’institutions démocratiques sera le meilleur rempart contre les risques de moyen et long termes”, selon le document. “C’est pourquoi nous sommes plus que jamais confiants dans les perspectives de développement économique de la Tunisie. Les opportunités d’investissement, les restructurations, le niveau de qualification de la main d’oeuvre, la maîtrise des nouvelles technologies et la proximité géographique avec l’Europe, font ainsi de la Tunisie un partenaire économique qui partagera désormais, de plus, avec l’Europe, les mêmes valeurs démocratiques et de transparence”, ajoute le texte. “Invitée aujourd’hui au G8, la Tunisie sera, dans les années à venir, l’un des centres économiques les plus attractifs de la Méditerranée. C’est le meilleur moment pour s’y positionner et pour participer activement à la construction de ce futur”, concluent les auteurs du manifeste.
Source : « Les echos » Le 11-05-2011
Protégeons la Tunisie des assauts de Kadhafi
Béji Caïd Essebsi, le premier ministre tunisien dans un entretien qu’il m’a accordé le 25 avril sur la situation de transition démocratique, déclare son inquiétude devant la situation en Libye ; sans se prononcer sur le fond, ses propos sont cependant clairs : “Chaque jour qui passe est pour nous d’une extrême gravité. Les réfugiés affluent, bientôt nous serons impuissants à contenir les centaines de milliers de gens qui arrivent. Nous sommes devant un dilemme : nous ne pouvons pas laisser ces gens mourir dans le désert. Nous sommes les premiers à payer l’incertitude de la situation libyenne. En même temps, ajoute-t-il, nous savons que le vent de la liberté ne connaît pas de frontières.” Cela signifie : on se plaint en Europe de l’arrivée de 26 000 immigrés tunisiens, nous, sans dramaturgie médiatique, nous recevons vingt fois plus de réfugiés, et ce sera pire si une solution n’est pas trouvée en Libye.
C’est ce que Kadhafi a compris. Sa stratégie a évolué : d’abord, elle consistait à se fondre dans les villes pour éviter les bombardements de ses troupes surarmées, et donc à prendre en otage la population civile ; ensuite, elle consiste à internationaliser le conflit en s’attaquant non à l’Egypte, qu’il ne peut atteindre sans dommages ni en direction des pays africains, qui le soutiennent plus ou moins, mais vers le Sud tunisien. Kadhafi veut faire porter l’effort d’internationalisation du conflit sur la Tunisie, qui a initié le cycle démocratique.
Il veut élargir le champ de bataille. Stratégie d’autant plus facile que l’armée tunisienne est faible, qu’elle est occupée à maintenir ce qui reste encore des institutions républicaines, dans un contexte où les partisans de l’ancien régime n’ont pas désarmé, ils regroupent leurs forces et s’apprêtent à négocier leur place dans le nouveau système qui se met en place.
Les propos de Béji Caïd Essebsi doivent être pris avec gravité. Sous prétexte de poursuivre les insurgés qui se battent pour le contrôle de la frontière avec la Tunisie, Kadhafi intervient militairement sur le territoire de ce pays, alors que les forces d’intervention qui appuient ces insurgés refusent de leur donner les moyens pour vaincre. Le calcul de Kadhafi se fonde sur l’analyse qu’il fait de la situation en Syrie, où le régime de Bachar Al-Assad tue des centaines de civils, sans que la communauté internationale ne réagisse vraiment.
L’intervention humanitaire en Libye a été mal préparée, conçue sur un modèle d’action éclair et à moindres frais. Elle a soulagé la conscience internationale, mais elle s’est faite dans la précipitation et le désordre pour permettre à certains de faire oublier leur soutien sans faille à Ben Ali et à Kadhafi.
La France a poussé à la roue et le Royaume-Uni a adhéré pour des raisons politiciennes. Les deux pays ont tablé sur un seul paramètre : l’effondrement rapide du dictateur libyen. C’était méconnaître le système politique de ce pays. En conséquence de quoi, la résolution 1973 de l’ONU devient inefficace. Il faut donc décider d’une stratégie de long terme, tant dans le domaine militaire que politique.
“Territoire de guerre”
Si l’on veut refuser une intervention sur le terrain, ne serait-ce que parce que les opinions publiques arabes, méfiantes à l’égard de l’Occident, l’assimileront à celle d’Irak, la solution du conflit en Libye sera politique. Elle devra donc compter avec le rapport de force que Kadhafi a instauré sur le plan militaire. S’il gagne, il paralysera le mouvement de révolte démocratique enclenché par les peuples arabes, du moins pour un certain temps.
Nul n’a le droit, de l’extérieur, de s’immiscer dans les choix du peuple tunisien, qui a fait une révolution de portée historique. Mais dans le cadre d’une renégociation du périmètre d’action d’une nouvelle résolution, il peut demander l’activation de l’article 53 de la charte de l’ONU, qui lui donne la possibilité de recevoir de l’aide extérieure sans d’ailleurs devoir déclarer l’Etat agresseur “Etat ennemi”.
L’ONU doit au moins, comme mesure d’urgence, imposer une protection des pays limitrophes de la Libye, laissant à Kadhafi le soin d’apprécier les conséquences militaires de sa stratégie. Il faut aider la Tunisie à se protéger, si l’on veut éviter non seulement la catastrophe humanitaire qui menace mais aussi la transformation de ce pays en territoire de guerre pour Kadhafi.
Source:”Le Monde.fr” Le 11-05-2011
Tunisie – Caïd Essebsi reçoit des responsables de partis politiques et de la société civile
Le Premier ministre du gouvernement transitoire, Béji Caïd Essebsi, a eu d’intenses activités durant les dernières 24 heures en recevant nombre de responsables de partis politiques et d’organisations de la société civile. A l’issue de l’audience que lui a accordée le premier ministre, mercredi 11 mai 2011, Kamel Laâbidi, président de l’Instance nationale indépendante pour la réforme de l’information et de la communication (INRIC), a indiqué que le processus de réforme de l’information ne peut réussir qu’à condition que les professionnels aient la possibilité de prendre des initiatives et de contribuer à améliorer la performance de leurs établissements et tant que l’on enregistre des agressions répétées à l’encontre des journalistes, tel que cela s’est passé vendredi dernier ». Le président de l’INRIC a indiqué, également, que le Premier ministre a affirmé qu’il “n’était nullement permis de faire pression sur les journalistes ou de les agresser dans l’accomplissement de leur travail” et que le gouvernement tiendra compte des différentes propositions présentées par l’INRIC afin de réformer le secteur et promouvoir les conditions des journalistes. Pour sa part, Mokhtar Trifi, reçu par M. Caïd Essebsi, a appelé à la nécessité de maintenir le rendez-vous du 24 juillet prochain pour l’élection de l’Assemblée nationale constituante avant de souligner, à propos de la situation sécuritaire, la nécessité pour les forces de l’ordre de se conformer aux normes des droits humains à travers notamment le respect des libertés fondamentales. D’autre part, le Premier ministre a reçu la présidente de l’Association tunisienne des femmes démocrates (ATFD), Mme Sana Ben Achour qui a fait part de sa “préoccupation de la situation dans le pays, notamment en ce qui concerne les dérives sécuritaires et politiques et la lenteur du rythme de traitement des dossiers des symboles de la corruption et de la tyrannie”. Béji Caïd Essebsi a reçu, par ailleurs, plusieurs responsables de partis, à savoir Mohamed Kilani, secrétaire général du Parti Socialiste de Gauche (PSG) et le président du Parti Ennahdha, Rached Ghannouchi qui ont appuyé le processus démocratique et défendu la tenue des élections à la date prévue du 24 juillet 2011. Auparavant, le Premier ministre avait reçu, la veille mardi 10 mai 2011, le secrétaire général de l’UGTT, Abdessalem J’rad et Dr Mustapha Ben Jaâfar, Ahmed Ibrahim et Maya Jeribi, respectivement secrétaires généraux des partis du FDTL, d’Ettajdid et du PDP.
Source:”Business News” Le 11-05-2011
Après avoir été entendu par le juge d’instruction, Khelil Laâjimi rentre chez lui
L’ancien ministre du Tourisme, Khelil Laâjimi, a été entendu mercredi 11 mai 2011 par le juge d’instruction du 6ème bureau. L’instruction a duré deux heures et a tourné autour d’accusations liées à ses activités en tant que ministre. Khelil Laâjimi a donné au juge les explications nécessaires relatives à l’affaire de l’agence de publicité Bien Vu. L’accusation a également porté sur la mise à disposition au profit du RCD de fonctionnaires du ministère et de subventions accordées par son département à l’ancien parti au pouvoir. Ceci est considéré, par les accusateurs, comme étant un abus de pouvoir et octroi d’avantages indus. Après l’avoir entendu, le juge d’instruction a décidé de maintenir l’ancien ministre en état de liberté vu qu’il n’a rien à se reprocher concrètement. Les accusations touchant les anciens ministres se sont multipliées ces dernières semaines et beaucoup d’entre elles semblent légères et s’apparentent plutôt à une chasse aux sorcières et règlements de comptes. Considérés comme ayant servi l’ancien régime par leurs accusateurs, plusieurs des ministres ayant comparu devant les juges d’instruction, ont réussi à prouver qu’ils avaient servi le pays et que les charges qu’on voulait faire retenir contre eux étaient infondées. Et c’est à l’actif des juges de résister à la pression de la rue en refusant de céder à cette justice populaire pour n’inculper que les personnes ayant réellement des choses à se reprocher.
Source: “Business News” Le 11-05-2011
Deux individus arrêtés avec des bombes dans un hôtel en Tunisie
Deux Libyens venus d’Algérie ont été arrêtés en possession d’une bombe artisanale à Tataouine, dans le sud de la Tunisie, d’où ils voulaient regagner leur pays, a déclaré mercredi une source au ministère tunisien de l’Intérieur. “Il s’agit de deux Libyens venus d’Algérie qui voulaient partir en Libye, l’un de ces hommes avait sur lui une bombe artisanale et une valise pleine de nourriture”, a précisé cette source. Avant leur arrestation survenue dans la nuit de mardi à mercredi, “les deux hommes se sont rendus dans un hôtel à Tataouine, et la police tunisienne qui a eu des soupçons sur leur comportement les a arrêtés et a découvert la bombe”, a ajouté cette source. “Les deux hommes ont avoué qu’ils voulaient se rendre en Libye”, a indiqué cette source sans donner davantage de précisions.
Tataouine est une ville accueillant de nombreux réfugiés libyens, située à 130 km du poste-frontière de Dehiba avec la Libye. Auparavant, l’agence officielle TAP avait rapporté que les deux hommes âgés de 25 ans avaient été arrêtés en possession d’une bombe artisanale chacun.
Selon un habitant joint au téléphone par l’Agence France-Presse depuis Tunis, les deux hommes ont été arrêtés à l’hôtel Médina de Tataouine, où de nombreux réfugiés libyens sont installés, au coeur de la ville. “Les autorités (locales) sont muettes à ce sujet, même le propriétaire de l’hôtel ne souhaite pas donner d’informations sur ce qui s’est passé”, a déclaré cet habitant.
Source: “Le Point” Le 11-05-2011
Tunisie: l’espoir d’une embellie
Touristes volatilisés, investissements en chute libre, croissance en berne… Quatre mois après la révolution du Jasmin, le pays a du mal à se redresser. Fort de solides atouts, il a pourtant toutes les chances de rebondir. Et une occasion unique de se moderniser.
La calèche, décorée de fleurs artificielles orange, fait demi-tour. Avant que son conducteur, désoeuvré, pile net. A quoi bon s’échiner à chercher le chaland dans une ville fantôme? En cette fin avril, il règne au sud d’Hammamet une ambiance morose avec ce drôle de silence que brisent deux ou trois notes de musique échappées d’un café déserté.
Dans cette station balnéaire, peuplée de complexes hôteliers géants, apercevoir un touriste tient de la gageure. Au Baya (600 lits), cinq vacanciers, pas un de plus, bronzent au bord de la piscine, comme cette Picarde trentenaire un rien esseulée. Non loin de là, un “resort”, pouvant accueillir 1 300 personnes, chouchoute ses 14 clients! Un spectacle de désolation que la Tunisie n’avait pas connu depuis 2001, après les attentats de New York.
A la gare d’Hammamet, plus au nord, c’est au contraire la foule des grands jours. Près de 2 000 personnes se sont massées autour de la place du 7-Novembre pour participer, en ce samedi après-midi, à une marche citoyenne. Des hôteliers, des restaurateurs et des commerçants arborent des panonceaux en arabe et en français: “400 000 emplois à préserver”, “Touche pas à mon tourisme”. Autant d’appels à l’aide d’une profession sinistrée. Et d’un pays fragilisé.
La croissance devrait tomber à seulement 1%
Quatre mois après le soulèvement de son peuple et le départ de Ben Ali, la Tunisie subit les contrecoups de son retour à la liberté, et du “printemps arabe”: le tourisme, principal pourvoyeur de devises, s’est effondré, les investissements ont dégringolé, le chômage s’est creusé. Quant à la croissance de ce pays de 11 millions d’habitants, traditionnellement portée par les activités exportatrices comme le textile et l’électronique, elle devrait tomber de 5 à seulement 1 % en 2011.
Pas un jour ne se passe, avenue Bourguiba, à Tunis – lieu mythique depuis le rassemblement libérateur du 14 janvier 2011 -, sans que des attroupements et autres sit-in ne s’improvisent. En ce début de printemps frileux, les Tunisiens continuent à palabrer, faisant des pronostics sur le résultat des prochaines élections du 24 juillet.
“On a manifesté le vendredi. Le lundi, on reprenait”
Pendant ce temps, les affaires tournent au ralenti. “On est encore trop dans l’inquiétude politique et pas assez dans les préoccupations économiques. C’est dangereux”, prévient d’emblée Habib Karaouli, PDG de la Banque d’affaires de Tunisie. Car, même si les Tunisiens ont fait leur révolution en un seul week-end – “On a manifesté le vendredi et, le lundi, on reprenait le travail”, se souvient Elyès Fakhfakh, directeur de Cotrel, société de composants automobiles -, l’économie a été fortement déstabilisée. Si les scènes de violence ont finalement été peu nombreuses, à l’image du Géant Casino de la banlieue de Tunis, pillé et incendié, la baisse d’activité a touché tous les secteurs.
Majdi Zarkouna, patron de Servicom, société de service spécialisée dans les télécoms, ne décolère pas. “En janvier et février, on n’a rien pu faire. En plus, nos clients ne nous ont pas payés”, se plaint cet X-Supelec de 39 ans, évoquant un coup d’arrêt net de son business. Son entreprise, cotée en Bourse, affichait, jusqu’en 2010, 40 % de croissance par an! Même son de cloche chez Selima Abbou, créatrice de Typik, une PME spécialisée dans l’artisanat, qui a vu, en un mois, ses affaires se réduire à néant.
Les événements en Libye achèvent de fragiliser l’économie: 1 000 firmes tunisiennes y sont implantées. Telle cette usine de cosmétiques, contrainte de fermer du jour au lendemain. Et que dire du manque à gagner dû à l’absence des 2 millions de visiteurs libyens attendus ici tous les ans, notamment pour se faire soigner? “Ils représentaient 80% de la clientèle de nos cliniques privées”, souligne un économiste.
Ici, à Djerba, il n’y a aucun risque”
La Libye est en guerre et c’est tout le tourisme tunisien qui trinque. Depuis qu’ils ont vu à la télé les images de Benghazi, les Européens dans la confusion désertent Djerba et autres plages de sable fin. Or, “ici, il n’y a aucun risque”, martèle Moez el-Ayeb, directeur du groupe Sangho, exploitant de clubs de vacances. Comme lui, la majorité des hôteliers ont perdu au moins 60% de leur clientèle tandis qu’une centaine d’établissements ont dû fermer. Et même si la saison d’été pourrait se révéler meilleure que prévu, veut croire Mehdi Houas, ministre du Tourisme, c’est de loin ce secteur stratégique qui souffre le plus
Une situation d’autant plus préoccupante au moment où les exigences salariales explosent. “Mes employés m’ont demandé une “prime de révolution””, confie Elyès Fakhfakh. Partout, les revendications se sont multipliées, avec à la clef des hausses de salaires de 10 à 20%. “Nous subissons une pression monstre”, reconnaît Jaloul Ayed, ministre des Finances, qui vient d’annoncer17 mesures d’urgence pour renflouer les régions défavorisées et endiguer le chômage des jeunes, notamment les plus diplômés, en première ligne lors des émeutes de janvier. Pour eux, le gouvernement a prévu des aides et concocté des “programmes pilotes autour du numérique”, raconte Saïd Aïdi, ministre de l’Emploi. Tandis que les régions pauvres de l’Ouest recevront des subsides. “Là-bas, parfois, le salaire ne dépasse pas 40 euros par mois”, s’indigne Sami Zaoui, associé chez Ernst & Young.
Quoique limitées, ces mesures coûtent cher: il faut 1,2 milliard d’euros pour passer ce cap difficile. La Tunisie ne peut s’en sortir seule. Et même si la France a prévu d’apporter une aide de 350 millions d’euros, c’est insuffisant. Reste la Berd ou l’Union européenne, laquelle, souligne, amer, un patron, “nous a fait l’aumône de 17 millions d’euros“. Les investisseurs privés sont tout aussi frileux. “Ils attendent le résultat des prochaines élections pour s’engager”, observe un porte-parole de l’agence Ubifrance. Ce qui les retient? Le manque de visibilité et les interrogations sur la compétitivité de la Tunisie.
La “débenalisation” des affaires
Les industriels se demandent si les récentes hausses de salaires ne disqualifient pas le pays. “Le Smic s’élève à 120 euros mensuels. Même si on l’augmente de 20 %, on ne sort pas de la compétition”, plaide Mehdi Houas. “On peut encaisser ces hausses sans les répercuter à nos clients”, confirme Elyès Fakhfakh. Les 1 250 entreprises françaises sont, elles aussi, plutôt confiantes, analyse Ubifrance. L’équipementier aéronautique Zodiac prévoit ainsi de recruter 1 000 personnes en 2011. “Un bon calcul”, estime un économiste. Car, malgré son économie “stressée”, la Tunisie a toutes les chances de rebondir, comme le prouvent la reprise des exportations depuis le début de l’année et le frémissement de l’activité observé en avril. En outre, la “débenalisation” des affaires, avec la fin de la mainmise du clan Ben Ali-Trabelsi sur l’économie, va permettre de gagner 1,5 % de croissance et inciter les chefs d’entreprise tunisiens à réinvestir.
Recentrer l’activité sur des produits plus techniques
“Excédés par cette “kleptocratie”, ils s’étaient mis en mode “survie”, renonçant à s’agrandir”, explique Habib Karaouli. Surtout, bien outillé, avec des fondamentaux solides, “le pays a la capacité d’absorber une mauvaise année”, souligne Bertrand Furno, chef de la Mission économique à Tunis. A condition de repenser son modèle et d’optimiser ses atouts, comme sa situation géographique et sa main-d’oeuvre qualifiée.
Mais il faut faire vite. “Il ne faut pas attendre, insiste Karaouli. Ni pour lancer les grands travaux de désenclavement des régions, ni pour moderniser l’agriculture.” L’idéal serait de profiter de cette pause pour réorienter l’activité vers des industries à forte valeur ajoutée, tels le high-tech, la santé ou les énergies renouvelables. Mais aussi transformer les secteurs traditionnels, comme cela se fait déjà dans le textile: la Tunisie a délaissé la fabrication de tee-shirts pour se recentrer sur des produits plus “techniques”, comme la lingerie ou les collections courtes pour les marques européennes. “Là, la Tunisie reste imbattable”, souligne Abdelaziz Darghouth, PDG d’Ambiance Déco.
“Le potentiel est énorme, affirme Sami Zaoui. La Tunisie pourrait devenir le hub de toute la région.” Une plate-forme par laquelle transiterait l’Europe pour atteindre la Libye et l’Algérie. Ce cercle vertueux n’est envisageable que si la jeune démocratie ne titube pas et si la coalition de l’après-24 juillet se révèle solide. “A ce moment-là, s’exclame Mouna, une jeune hôtelière militante, nous pourrons dire que, finalement, notre liberté, nous ne l’aurons pas payée cher.”
Source : « L’express » Le 11-05-2011
Les Tunisiens en proie aux incertitudes
La situation reste tendue en Tunisie où le premier ministre du gouvernement provisoire a fait planer le doute sur la tenue des élections législatives du 24 juillet. Tunis, envoyée spéciale.
Pour la cinquième journée consécutive et dans un climat toujours tendu, plusieurs centaines de manifestants se sont de nouveau rassemblés, hier après-midi, aux abords du Théâtre de Tunis, sur l’avenue Habib-Bourguiba où était déployé un important dispositif policier. Les contestataires n’ont pas été convaincus par les explications, la veille, du chef du gouvernement de transition, Béji Caïd Essebsi. Dans un entretien télévisé, celui-ci a balayé d’un revers de la main les accusations de l’ex-ministre de l’Intérieur, Farhat Rajhi, sur l’existence d’un « gouvernement de l’ombre » tirant les ficelles de la transition et sur la préparation d’un coup d’État militaire en cas de victoire des islamistes d’Ennahda lors de l’élection de l’Assemblée constituante. « Ces accusations sont très dangereuses et ont pour dessein de semer la zizanie et d’allumer le feu de la discorde dans le pays », a-t-il mis en garde en les jugeant « insignifiantes et infondées ». Béji Caïd Essebsi, qui s’en était déjà violemment pris aux « grèves sauvages », a critiqué les revendications sociales qui continuent de s’exprimer dans les entreprises et dans tout le pays. « L’économie nationale va beaucoup y perdre », a-t-il mis en garde. Après cette intervention et malgré le couvre-feu décrété samedi dans le Grand Tunis, des violences ont de nouveau secoué la banlieue. À l’Ariana, les cités de M’nihla et Ettadhamen ont été le théâtre d’actes de pillage et de vandalisme. Scènes de violence encore à Ettadhamen, où le poste de la garde nationale a été incendié. Au Kram, où des violences avaient éclaté dans la nuit de samedi à dimanche, un habitant assure que de l’argent avait été distribué dans la journée à des adolescents pour les encourager à semer le trouble. « Sous Ben Ali, la police politique, qui disposait de réseaux dans les quartiers populaires, était familière de ces méthodes consistant à encourager le vandalisme pour justifier la chape de plomb sécuritaire », commente Moez El Bey, un journaliste de Radio Kalima.
Dans cette période d’incertitudes, de confusion, où de nombreux acteurs de la révolution jugent insuffisantes et trop lentes les réformes, des doutes commencent à planer sur la date des élections prévue le 24 juillet. Sur leurs modalités, la haute instance pour la transition démocratique a opté pour le scrutin à la proportionnelle au plus fort reste et pour la parité hommes-femmes. Après des débats houleux avec le gouvernement, cette instance a finalement entériné le principe d’inéligibilité des dirigeants et ministres RCD (le parti bénaliste) ayant occupé des postes depuis le 7 novembre 1987, date du « coup d’État médical » qui a permis à Ben Ali d’écarter Bourguiba pour s’emparer du pouvoir. Mais des obstacles autant « techniques » que politiques pourraient pousser à un report de ces premières élections libres et démocratiques depuis l’indépendance de la Tunisie en 1956.
Source : « L’humanite » Le 11-05-2011
Ce que signifient les troubles en Tunisie
Manifestations, échauffourées, pillages et couvre-feu: deux mois avant la prochaine élection constituante, que certains parlent de reporter, la Tunisie est loin d’être stabilisée.
Comment interpréter le regain de tension en Tunisie depuis quelques jours? Ce sont des propos tenus par l’ancien ministre de l’intérieur Farhat Rajhi sur le web qui ont mis le feu aux poudres. Ce dernier, limogé par l’actuel Premier ministre après quelques semaines à la tête de la police, avait évoqué un “complot”, accusant l’armée et le gouvernement de transition de préparer un coup d’Etat dans l’hypothèse d’une victoire du parti islamiste Ennahda lors de la prochaine élection d’une Assemblée constituante, avec la complicité de personnalités originaires, comme l’ancien président Zine El Abidine Ben Ali et avant lui le “père” de l’indépendance Habib Bourguiba, de la région du Sahel. Il s’est depuis excusé… Il est bien difficile de savoir ce qui l’a poussé à tenir de tels propos, aussitôt démentis par l’armée et le chef du gouvernement, Béji Caïd Essebsi. A-t-il simplement cherché à jouer de sa popularité, réelle depuis son limogeage, sans préjuger des conséquences? A-t-il été manipulé, et par qui?
Quoi qu’il en soit, plusieurs dizaines de Tunisiens sont aussitôt descendus dans la rue pour demander la démission des autorités transitoires. Ces manifestations ont débouché sur de violents affrontements entre les contestataires et les forces de l’ordre, rapidement suivies par des actes de vandalisme et de pillage. Au point que le gouvernement a du décider de rétablir le couvre-feu à Tunis et dans plusieurs autres agglomérations.
Rumeurs de report de l’élection
Ces troubles interviennent alors que la Haute instance chargée de préparer l’élection constituante devait, lundi 9 mai, adopter le projet définitif de la loi électorale et que des rumeurs commencent à poindre sur un possible report “pour des raisons logistiques” de la date de la consultation, initialement fixée au 24 juillet.
Dans ce climat, les analystes pointent du doigt deux camps qui peuvent l’un et l’autre avoir intérêt à jouer les fauteurs de troubles: l’extrême gauche d’une part, très certainement sur-représentée dans la rue par rapport à son poids électoral réel, qui peut vouloir retarder l’échéance, et dont le discours est forcément mobilisateur auprès d’une jeunesse durement touchée par le chômage, prête à toutes les surenchères parce qu’elle veut tout, tout de suite; les sbires de l’ancien régime d’autre part, qu’ils soient membres de l’ancien parti au pouvoir, de l’appareil sécuritaire ou de la galaxie affairiste qui entourait le président Ben Ali et son épouse. Certains jeunes à l’origine des pillages de ces derniers jours ont-ils été payés par ces contre-révolutionnaires? Pour beaucoup d’observateurs, c’est plus que plausible. Eux non plus ne veulent pas d’un scrutin qui a pour but de mettre sur les rails la Tunisie nouvelle, d’autant qu’en effet l’influence des “sahéliens” n’y sera plus ce qu’elle était. Les évasions massives de prisonniers de ces dernières semaines pourraient bien aussi relever aussi de volonté de déstabilisation des même milieux pro-Ben Ali, tentés par la politique de la terre brûlée pour bloquer une évolution dont ils savent qu’elle ne leur sera pas favorable.
La Tunisie restera très fragile tant qu’elle n’aura pas de gouvernement légitime, c’est à dire un gouvernement désigné par une assemblée issue des urnes. Il n’est pas facile, au sortir de plusieurs années de dictature, d’organiser des élections libres dans un délai aussi court. Les questions de logistique sont compliquées, notamment pour faire en sorte que tous les citoyens puissent voter. Mais ajourner le scrutin au mois de septembre ou d’octobre, comme certains l’envisagent, reviendrait à prolonger encore de plusieurs semaines ou de plusieurs mois une période d’incertitude porteuse de tous les dangers.
Source : « L’express » Le 10-05-2011
Tunisie : environnement instable, mais dialogue ouvert
Depuis les déclarations de Farhat Rajhi, éphémère ministre de l’Intérieur du gouvernement de transition tunisien, sur le choix de l’armée d’imposer un régime militaire si le parti islamiste Ennahda (Renaissance) l’emporte lors de l’élection de l’Assemblée constituante, le 24 juillet, les manifestations musclées se succèdent à Tunis. Des groupes de jeunes, parfois de très jeunes garçons (15 ans), a pu constater Moci.com, s’opposent aux forces de police avenue Habib Bourguiba, ce qui a amené le gouvernement à décréter le couvre-feu le 7 mai.
Les manifestants seraient manipulés ou seraient des membres d’Ennahda. A vrai dire, on ne voit pas pourquoi ce parti déstabiliserait la transition démocratique, alors que, seul mouvement bien organisé, Renaissance devrait, en toute logique, acquérir une position majeure à la faveur des élections. D’ailleurs, le parti a joué l’apaisement en déclarant ne pas douter de l’intégrité de l’armée.
S’agirait-il alors, au moins en partie, de chômeurs ? Peut-être… Ou encore d’adhérents ou de jeunes manipulés par des sympathisants de l’ancien parti au pouvoir, le Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD) ? Cette thèse ne peut être écartée, tant le RCD, comme une pieuvre, a étendu sous l’ancien régime ses tentacules dans tout le pays. Un certain nombre de barrages dans les régions lui sont ainsi attribués. D’autres seraient le fait de chômeurs ou de pauvres.
« Jamais, du temps de Ben Ali, je n’avais été consciente d’une telle misère dans l’intérieur du pays. Et je ressens une certaine culpabilité », avoue la dynamique directrice générale des Industries textiles, Dalila Ben Yahia, elle-même originaire d’un petit village de l’intérieur, près de Gabès. Cette misère a amené le gouvernement temporaire à prendre des mesures d’urgence en faveur des populations défavorisées et à rééquilibrer les priorités géographiques en faveur des régions les plus déshéritées.
« L’équipe au pouvoir compte nombre de technocrates de qualité, mais qui ne connaissent pas bien le contexte local, parce qu’ils opéraient à l’étranger. Elle gère les urgences et ne peut aujourd’hui que préparer le travail pour celle qui lui succèdera après les élections », explique, à son tour, Noura Laroussi Ben Lazreg, directeur général de l’Agence nationale pour la maîtrise de l’énergie (ANME). Tous les interlocuteurs rencontrés dans la capitale, tunisiens ou français, estiment qu’il faudra compter au moins 18 mois avant que le processus démocratique en cours depuis la « révolution du jasmin », il y a seulement trois mois, permettre à la Tunisie d’acquérir une stabilité politique et sociale.
Source:”lemoci” Le 11-05-2011
Le Parti pirate tunisien dépose sa demande d’agrément
Après des mois de lutte clandestine, le Parti pirate tunisien veut être officiellement reconnu. Le mouvement a déposé une demande d’agrément auprès du ministère de l’intérieur et invite les Tunisiens sensibles aux sujets du numérique de rejoindre le mouvement.
Que de chemin parcouru par la Tunisie en l’espace de quelques mois ! Encore écrasés il y a peu par le régime de Ben Ali, les Tunisiens ont finalement gagné leur liberté en chassant l’ancien président du pouvoir. La dissolution de la police politique et de l’appareil de sécurité d’État est survenue ensuite, permettant à de nombreux partis politiques de naître ou de se révéler au grand jour.
C’est le cas du Parti pirate tunisien. Bien que son existence remonte au mois de septembre 2010, ce n’est que cette semaine que le mouvement aofficiellement déposé sa demande d’agrément (une traduction du document se trouve ici) auprès du ministère de l’intérieur. Selon le fil Twitter du Parti pirate tunisien, une assemblée générale déterminera les premiers responsables officiels.
Dans un avenir proche, le Parti pirate tunisien va surtout s’employer à accueillir un maximum d’adhérents tunisiens, qu’ils vivent en Tunisie ou à l’étranger. La participation aux prochaines élections est loin d’être certaine dans la mesure où le parti est encore très jeune et la Tunisie dans une période transitoire. Nul doute cependant que le Parti pirate tunisien recevra le soutien de ses homologues étrangers.
Plusieurs membres du Parti pirate tunisienont été arrêtés en janvier dernier, comme Slim Amamou, Azyz Amamy et Slah Eddine Kchouk. Depuis, ces derniers ont été relâchés et Slim Amamou est entré dans le gouvernement d’union nationale au poste de secrétaire d’État à la jeunesse et aux sports. Bien quelimogé du Parti pirate en mars, Slim Amamou pourra le réintégrers’il démissionne du gouvernement. Son poste pourrait cependant être un atout de taille.
Source: ”Numirama” Le 11-05-2011
Lien: http://www.numerama.com/magazine/18766-le-parti-pirate-tunisien-depose-sa-demande-d-agrement.html
Exportations : l’industrie tunisienne rebondit
Malgré un début d’année agité, entre grèves et couvre-feu, les entreprises tunisiennes ont limité les dégâts. Certaines affichent même d’excellentes performances.
En cette fin avril, les industries manufacturières tunisiennes sont en passe de réussir leur révolution – notamment celles qui bénéficient du régime offshore et de son statut fiscal très avantageux. Au premier trimestre 2011, les exportations de ces dernières (1,9 milliard d’euros) sont en hausse de 18,5 % par rapport à la même période l’an passé. Les équipementiers automobiles, réunis au sein de la Fédération nationale de l’électricité et de l’électronique, enregistrent même « une progression de leur chiffre d’affaires de 35 % », indique Hichem Elloumi, représentant du patronat et dirigeant du groupe Coficab.
Nebhen Bouchaala, partenaire de l’équipementier américain Lear en Tunisie, confirme la tendance : « Grâce aux commandes de Ford et Peugeot, notre chiffre d’affaires [environ 48 millions d’euros en 2010, NDLR] a bondi de 23 % au cours des trois premiers mois de l’année. C’est plus que ce que nous avions anticipé fin 2010. » L’explication : les fournisseurs des constructeurs automobiles ont pu compter sur le redémarrage du marché européen, stimulé par le renouvellement des flottes de véhicules d’entreprises et, en France, par le soutien de l’État.
« Rien n’aurait été possible sans l’implication de l’ensemble des salariés », tient à souligner Moncef Sellami, directeur général du groupe One Tech. Car le secteur n’est pas passé loin de la catastrophe. Au plus fort de la révolution, avec les couvre-feux, les grèves dans les entreprises, au sein des douanes et dans le port de commerce de Radès, l’américain Lear avait par exemple imaginé transférer sa production vers le Maroc, l’Espagne, la Roumanie et la République tchèque. Près de 700 000 euros ont même été consacrés à l’élaboration de ce plan B qui aurait signé la fermeture, peut-être définitive, de la filiale (1 100 salariés). De son côté, le constructeur PSA a sorti les grands moyens pour débloquer la situation. Le pont aérien mis en place durant plus de cinq semaines pour s’approvisionner chez ses fournisseurs lui a coûté 30 millions d’euros, dont une partie a été refacturée aux sous-traitants tunisiens.
Augmentations
L’inconnue réside désormais dans l’impact des négociations salariales qui auront lieu dans toutes les entreprises au mois de mai. Certains groupes ont déjà accepté en janvier des augmentations de l’ordre de 8 % à 12 %. « Cumulées sur trois ou quatre ans, de telles hausses peuvent nous faire perdre les marchés à faible marge comme ceux de la C1 (Citroën), de la Fiesta (Ford) ou de la Polo (Volkswagen) », alerte Nebhen Bouchaala. L’essentiel pour les patrons est maintenant de regagner la confiance de leurs donneurs d’ordres – et pour les filiales, de leurs maisons mères. Implanté à Gafsa, le japonais Yazaki, dont l’activité a été fortement pénalisée par l’agitation sociale, a gelé tous ses projets d’investissement. D’autres, comme Lear, envoient au contraire un signal positif. « Le management américain du groupe a apprécié notre gestion de la crise et vient de donner son feu vert pour l’ouverture d’une nouvelle usine de 650 salariés en Tunisie », indique Nebhen Bouchaala.
La confiance entre les sous-traitants et leurs clients a aussi été déterminante dans le secteur textile. « J’avais des livraisons prévues fin janvier et début février. Les clients ont accepté de petits décalages, sans discount ni pénalités », se réjouit Mehdi Abdelmoula, propriétaire du groupe Maille Club. La production tunisienne n’a au final connu qu’un trou d’air passager, avec un recul de l’activité de 15 % en janvier. « Février et mars ont vu une augmentation des volumes exportés de 8,6 % et 24,6 % par rapport à la même période en 2010 », indique Samir Haouet, directeur général du Centre technique du textile (Cettex). « Depuis le milieu de l’année 2010, nous profitons du retour des déçus de la Chine », explique Kharrat Zouheir, dirigeant du Groupe méditerranéen de confection (GMC). Et les perspectives pour le secteur sont encourageantes. À preuve, l’annonce récente du groupe italien Benetton, désireux de poursuivre son développement en Tunisie.
Source : « Jeune Afrique » Le 11-05-2011
Tunisie. Me Houcine Bardi porte parole du PTT : “Notre action est en
rupture radicale et définitive avec les méthodes honnies” du régime Ben Ali
Tout un ensemble d’acteurs individuels et collectifs achève un idéal de raison que l’UGTT porte depuis sa création, en 1946, par Ferhat Nacheb. HACHED
Un nouveau parti politique, le Parti du Travail Tunisien, a été reconnu par le Gouvernement transitoire de la Tunisie post-dictatoriale, le vendredi 6 mai 2011.
Algerie-Focus a interrogé le porte-parole du PTT en France, Houcine Bardi (Docteur en Droit, Avocat au Barreau de Paris) pour en savoir plus sur ce nouveau parti politique tunisien.
Qu’elles sont précisément les finalités politiques de ce nouveau parti et peut-on parler d’absence de filiation immédiate entre l’UGTT et le PTT ? Houcine Bardi : L’UGTT, dans sa lutte, tout d’abord contre l’ordre colonial, puis contre les différents ordres politiques qui se sont succédés, reste un extraordinaire mouvement syndicaliste dont les visées stratégiques, sur le plan sociologique, concernent les droits et acquis des travailleurs. Le PTT n’a ni l’intention ni l’ambition d’empiéter de quelque manière que ce soit sur le terrain de l’UGTT, ni, a fortiori, la supplanter. Le PTT opère dans le champ politique et vise à prendre le pouvoir par les moyens démocratiques, seul ou avec d’autres acteurs politiques qui poursuivent les mêmes objectifs que les nôtres.
C’est un parti que l’on pourrait situer au centre gauche de l’échiquier politique tunisien. On défend, certes, les droits des travailleurs, et on mettra tout en œuvre en vue de les renforcer et les promouvoir. Cependant, notre programme couvre les aspirations de l’ensemble des tunisiens : travailleurs, chômeurs, jeunes, classe moyenne et petit et moyen capital productif, à l’exclusion du capital spéculatif qui a été, comme vous le savez, à l’origine de la dernière crise financière et économique mondiale.
En Tunisie, des régions entières (telles que Sidi Bouzid, Kasserine, Gafsa, Jendouba, etc. presque toute la moitié Ouest, du Nord au Sud de la Tunisie !) ont été totalement délaissées depuis des décennies . Elles constituent, de ce fait, une de nos priorités les plus insistantes. Nous avions prévu, à cet effet, une sorte de « discrimination positive régionale » afin d’opérer un rattrapage économique, social et infrastructurel… On bradait les entreprises, et pas des moindres, (ce que l’on pourrait appeler « les bijoux de l’Etat tunisien » aux proches de Ben, à ses amis et aux mieux offrants « en dessous des tables ».
Nous inscrivons notre action dans une logique de rupture radicale et définitive avec ces méthodes honnies, qui plus est contreproductives à long terme, dont les maitres-mots étaient : « privatisations « au dinar symbolique » , « clientélisme », « opacité », « arbitraire dans l’attribution des marchés », etc. France Télécom en sait quelque chose, elle qui a dû donner « en marge de la légalité » des millions d’euros pour « décrocher » le marché tunisien.
Les entreprises tunisiennes ne sont pas suffisamment outillées pour faire face à la puissance ravageuse du capital mondialisé et de ces mastodontes que sont les multinationales faisant parfois la pluie et le beau temps carrément à l’échelle étatique… L’Etat, tel que nous le concevons, a un rôle de premier plan à jouer dans la protection et l’aide substantielle, notamment, aux petites et moyennes entreprises pour qu’elles puissent résister face à la concurrence débridée des grandes multinationales… » affirme-t-il, entre autres. Mais qui constitue donc ce nouveau parti, si ce n’est pas les syndicats de l’UGTT ? Quels sont les principaux acteurs politiques du PTT ?
Des travailleurs, des enseignants, des institutions, des secrétaires généraux, des syndicalistes, des associatifs, des chefs d’entreprise et plus généralement des entrepreneurs, des médecins, des avocats, des paysans, des pêcheurs, bref les vraies forces vives de la Tunisie
Quelques noms parmi les membres fondateurs peuvent d’ores et déjà être communiqués, parmi eux les onze ou douze personnalités figurant sur la liste de la demande de régularisation .
– Nawel Hachour, une étudiante de 24 ans, a crée l’association des juristes révolutionnaires.
– A. Ben Sédrine est un militant tunisien de 24 ans, défenseur des droits de l’homme. – Sabrine Hassini(30 ans), cadre commerciale dans le secteur des télécommunications. – Lazhare Neciri est un ingénieur de 28 ans. – Mourad Gadhoumi est Docteur en océanographie, chef d’entreprise, originaire de Kasserine.
Le président Abdel Jelil Bédoui, du parti des travailleurs tunisiens a été, quant à lui, membre de la ligue tunisienne pour la défense des droits de l’homme (LTDH), membre fondateur du conseil national pour les libertés en Tunisie (CNLT), membre fondateur du RAID (Rassemblement pour une alternative internationale de développement. Il a aussi créé, depuis quelques années, une association spécialisée dans la défense des droits économiques et sociaux, membre de l’association vérité et justice pour Ferhat HACHED (leader syndicaliste et national tunisien assassiné par l’organisation terroriste, « la main rouge », officine des services secrets français, le 5 décembre 1952 )
Source : « Algerie-Focus » Le 11-05-2011
La mendicité, phénomène récurrent qui s’est amplifié après la Révolution
Par Mona BEN GAMRA
La chasse aux mendiants, … ce n’est pas dans l’immédiat !- 53,3% des mendiants sont des femmes et 46,7% sont de la gent masculine- Depuis le 14 janvier, les mendiants s’adonnent de plus en plus à leur pratique, parasitant la générosité des passants d’une manière avilissante parfois même effrontée. Révolution oblige, chacun a sa manière, pour transgresser la loi, même s’il s’agit de faire la manche aux carrefours des centres commerciaux, d’errer sur les routes dans des lieux de passage stratégiques … Le nombre des mendiants semble exploser. On parle même de réseaux de mendicité à démanteler au plus vite. Incrimination injustifiée ? Oui et non. La réponse nous a été donnée par Sami Belghith, le directeur de la défense sociale au sein du ministère des Affaires sociales. |
«Le sujet de la mendicité était, avant l’avènement du 14 janvier, un sujet tabou. Pourtant on réalisait jusque-là des études de terrain authentiques et avérées pour l’analyse des comportements sociaux déviants. L’administration tunisienne était avare pour avancer les résultats des études afin d’éclairer l’opinion publique sur tel ou tel phénomène de société. Aujourd’hui la donne a changé. Le but étant de dénoncer certains comportements qui nuisent à l’image de notre pays, comme la mendicité. » avance Sami Belghith qui continue « Toujours est-il, la mendicité est un phénomène mondial. Aucun pays ne peut prétendre en être prémuni. Sauf que l’ampleur de ce phénomène diffère d’un pays à un autre. En Tunisie on a commencé à réfléchir sérieusement sur la question depuis l’an 2000. On a planché sur ce comportement à travers une étude qui a commencé en 2007 pour aboutir au premier semestre de l’an 2008. »
La mendicité en chiffres
Cette étude restée longtemps dans les étagères du ministère des Affaires sociales commence à avoir son droit de cité. Aujourd’hui on en parle à la lumière de chiffres officiels, même si on l’a toujours fait avec réserve. On a toujours minimisé le phénomène, le réduisant à un cas isolé. « Il s’agit bien d’un phénomène de point de vue sociologique, car il est question d’un fait répétitif qui se refait avec les mêmes personnes. »nous dit Sami Belghith. L’étude menée sur un échantillon de 1204 personnes montre que 97% des mendiants sont des escrocs. Dans le monde, la fausse mendicité est estimée à 80%. Pis encore, en Tunisie, 65% parmi eux ont la couverture sociale et 10% sont des enfants et des handicapés.L’étude a montré également, que 63,% des mendiants pratiquent cette activité avilissante d’une manière continue. En 2010 les résultats montrent que sur les 1217 cas de mendicité, 117 sont des enfants ( soit 9,6%), 425 sont des personnes âgées (35%) et 188 sont des handicapés, soit 15,5% du total des mendiants.« Le ministère agit de manière préventive sur ce phénomène en ce sens où l’on étudie la cause de ce comportement pour y remédier. Cela dit certains parmi les mendiants ont reçu des carnets de santé pour jouir de la gratuité des soins d’autres ont eu accès à des allocations familiales ou encore à des aides pour améliorer leurs lieux de vie. » fait remarquer notre interlocuteur.
Un phénomène en veilleuse
Qu’en est-il de ce phénomène depuis le 14 janvier. D’aucuns considèrent que cela prend de l’ampleur. Une rumeur persistante fait état carrément de réseaux qui conduisent tous les matins les mendiants les déposant chacun dans un lieu stratégique. « On ne peut le confirmer car pour le moment vu la situation sécuritaire dans le pays, la traque aux mendiants est en veilleuse. Les gens sont, en effet, à fleur de peau pour l’instant. Et comme la traque des mendiants se fait en collaboration avec les agents de la sécurité du ministère de l’Intérieur cela peut provoquer des escarmouches. Et on est bien tenu à calmer la situation et non pas à provoquer d’autres affrontements entre les mendiants et les agents de l’ordre qui peuvent dégénérer en graves altercations. » confie Sami Belghith qui conclue « Ce qui est bien est qu’on dispose d’un réseau intranet reliant tous les gouvernorat du pays. Les informations sur les mendiants sont au fur et mesure mises à jour. » Encore est-il il faut les avoir ces informations. On ne va pas quand même les mendier. Source: “Le Temps” Le 11-05-2011
Plus de 100 demandes pour la création de stations radio et de télévision
Les demandes pour les ondes FM dépassent de loin la capacité disponible L’Instance nationale indépendante pour la réforme de l’information et de la communication a annoncé avoir reçu 74 demandes d’autorisation pour la création de stations radio et 27 pour des services de télévision. Une première évaluation des services de radiodiffusion a été effectuée, et une évaluation similaire est en cours des fournisseurs des services de télévision. Dans un communiqué diffusé, hier, l’Instance souligne que, parmi les demandes pour la fourniture de services de radiodiffusion qui lui sont parvenues, 20 demandes concernent la diffusion sur tout le territoire de la République, 32 pour des services locaux et régionaux, au nord du pays dont le Grand-Tunis, 18 autres pour des services locaux et régionaux, dans le sud, le centre et l’est du pays, et 4 demandes ne précisant pas les limites du champ de diffusion. L’Instance a expliqué que si elle penche pour donner son avis, le plus rapidement possible, dans les demandes d’autorisation, lorsqu’elle dispose des informations nécessaires, l’ Office national de télédiffusion a fait savoir que les demandes pour les ondes FM dépassent de loin la capacité disponible. Face à ces obstacles techniques, l’Instance a soutenu l’orientation de l’Office vers les négociations avec les instances internationales spécialisées afin d’obtenir une couverture supplémentaire en ondes FM. Elle a affirmé, à ce propos, “que des étapes importantes ont été parcourues dans ce sens” et a décidé, en même temps, de ne pas attendre la fin des négociations pour commencer à donner son avis dans la gestion des ondes disponibles, à travers des choix préférentiels, entre les différents dossiers, sur un pied d’égalité et sur la base d’un seuil minimum de critères. L’Instance nationale a souligné qu’elle n’a pas exigé des standards conformes à ce qui est pratiqué dans d’autres expériences démocratiques, lors de l’examen de pareils dossiers, notamment la description détaillée du service, le plan possible à adopter, les informations concernant les méthodes d’exécution, dans un délai déterminé, mais qu’elle s’est limitée à demander, uniquement, quelques informations de base. Toutefois, la plupart des dossiers, ajoute le communiqué de l’Instance, sont incomplets et manquent de précision. L’Instance a, cependant, décidé d’étudier les dossiers et de choisir ceux qui remplissent les conditions, sans être influencée par les pressions exercées par certaines parties, sous différentes formes. Il n’est plus question aujourd’hui, après la victoire du peuple tunisien sur la dictature le 14 janvier, ajoute-telle, de revenir aux anciennes pratiques de favoritisme entre un citoyen et un autre. Des critères d’ordre juridique et professionnel, affirme l’Instance nationale, seront adoptés pour donner l’avis consultatif, notamment, l’intérêt général, la qualité et les spécificités des programmes proposés, dans le cadre de la diversité du paysage médiatique, l’indépendance de la radio de tout parti, religion ou organisme gouvernemental, la non-participation étrangère au capital ou dans la composition du conseil d’administration, la garantie de la précision, de l’indépendance et de la crédibilité des informations, à travers la mise en place d’une équipe de journalistes professionnels et l’adoption d’un plan de financement et de gestion garantissant la durabilité du projet. Transparence, pluralisme et liberté L’Instance nationale indépendante pour la réforme de l’information et de la communication a cité, également, parmi ces critères la promotion de la culture tunisienne, l’engagement à ce que le projet ne conduit pas au monopole dans le secteur de l’information, la non-association d’un établissement publicitaire ou de communication à un établissement médiatique et l’engagement au respect de la date fixée pour le lancement du service. L’Instance a indiqué, également, qu’elle procèdera à la convocation, entre les 25 mai et 3 juin prochain, des candidats qui répondent les plus à ces critères afin d’élucider certains aspects qui n’ont pas été mentionnés dans leurs demandes avant qu’une sous-commission indépendante, composée de compétences tunisiennes, ne procède à l’examen final des dossiers. En vertu de cet examen, précise l’Instance, une recommandation sera formulée et présentée afin d’accorder des autorisations provisoires aux demandes qui répondent au minimum des conditions requises. L’Instance nationale a souligné que l’objectif de cette opération est d’instaurer des bases citoyennes, juridiques et professionnelles d’un paysage médiatique qui se distingue par la transparence, le pluralisme et la liberté d’expression. De son côté, l’Office national de la télédiffusion a indiqué qu’il oeuvre dans le cadre d’une équipe de travail en collaboration avec l’Instance nationale indépendante pour la réforme de l’information et de la communication à examiner les modes de traitement des différents dossiers relatifs à l’autorisation de lancement de stations radiophoniques ou à la fourniture de services de diffusion radiophonique et télévisée. L’office a fait observer qu’une liste préliminaire de 59 demandes a été établie par l’Instance nationale, précisant que les données afférentes à ces demandes ne sont pas suffisantes et ne permettent pas à l’office d’élaborer une étude technique à cet effet. L’office ajoute que l’étude technique préliminaire qu’il a effectuée permettra de répondre à un nombre limité de dossiers à court terme et d’identifier des solutions à moyen et long terme. Source: “La Presse” Le 11-05-2011 |