AP: Tunisie: arrestation du patron de l’ex-parti au pouvoir et d’un frère de Ben Ali
AP: José Manuel Barroso attendu mardi à Tunis AFP: L’Italie accorde des permis de séjour aux migrants tunisiens, l’Europe tousse
Tunisie: arrestation du patron de l’ex-parti au pouvoir et d’un frère de Ben Ali
José Manuel Barroso attendu mardi à Tunis
Tunisie : le gouvernement rééquilibre le développement régional
L’Italie accorde des permis de séjour aux migrants tunisiens, l’Europe tousse
DETERIORATION DE LA SITUATION DES HARRAGAS TUNISIENS EN FRANCE ET EN ITALIE.
Compte-rendu de la conférence organisée à Paris-Dauphine : la transition démocratique en Tunisie à la lumière d’expériences étrangères
Une conférence animée par Jérome Heurtaux, maître de conférence en sciences politiques, a eu lieu à l’université Paris-Dauphine le mardi 5 avril à l’initiative du Collectif Dauphine Tunisie. Il s’agissait de traiter de la question de la transition démocratique autour de David Garibay, maître de conférences en science politique et spécialiste de l’Amérique latine, Georges Mink, directeur de recherches au CNRS, fin connaisseur de l’Europe centrale et orientale, Vincent Geisser, chargé de recherches au CNRS, spécialiste de la Tunisie et Omeyya Sedik, militant associatif tunisien.
Jérôme Heurtaux a d’abord rappelé que si conférence avait pour objectif d’apporter un éclairage sur la démocratisation de la Tunisie à la lumière des expériences étrangères, il était impossible de dégager des modèles de transition. Il a dit ne pas croire aux comparaisons dressées par la presse pour tirer des conclusions sur une méthode appropriée pour la Tunisie. Par ailleurs, évoquer un modèle ne laisse que peu de liberté alors que la Tunisie pourrait finalement, du fait de la liberté dont elle dispose aujourd’hui, réinventer un modèle démocratique.
Les atouts et les obstacles à la réussite du processus tunisien
Pour Georges Mink le processus qui s’est déroulé en Europe centrale a été différent de ce qui se passe actuellement en Tunisie. Une entente s’est nouée entre les élites communistes et les élites d’opposition qui ont négocié la sortie de la dictature. Ces révolutions ont été quelques peu négociées en secret entre les élites sortantes, sous-légitimées, et émergeantes, sur-légitimées. Dans ce contexte, le cœur de la solution a consisté à promettre qu’il n’y aurait pas de justice transitionnelle. Finalement, la volonté de faire justice a été plus tardive. Par ailleurs, il note qu’en Europe de l’est, un effet domino a bien été observé. Pourtant chaque pays a bien eu à surmonter des difficultés spécifiques.
Pour David Garibay, en Amérique latine, les transitions qui se sont développées à partir de 1980 ont pris la transition espagnole comme modèle. Toutefois, ce ne sont pas des mobilisations populaires ni la violence (guérilla) qui ont permis cette transition. En Argentine, c’est la défaite militaire lors de la guerre des Malouines qui a affaibli le régime. Dans les autres pays, l’inflation et la crise économique ont joué un rôle central dans l’affaiblissement de ces régimes. En Amérique latine, des négociations entre les dirigeants en place et les démocrates ont également eu lieu dans un contexte secret : elles ont porté sur le retrait des militaires du pouvoir et sur l’organisation d’élections libres et pluralistes. Les premières élections ont eu pour objectif de déterminer de nouveaux gouvernants mais il s’agissait également de demander aux électeurs de valider les nouvelles orientations démocratiques.
Le processus a également connu des limites puisque les militaires sont restés en place et ont imposé des conditions de la démocratisation en mettant l’amnistie au centre des négociations.
Par ailleurs, il n’y a pas eu de processus immédiat de réécriture des constitutions. Les institutions n’ont changé que cinq ou dix ans après les débuts de la démocratisation. Il faut également noter que dans plusieurs pays sud-américains, les années 2 000, ont vu la chute de plusieurs présidents élus.
Vincent Geisser, a commencé par s’attaquer à un mythe : l’idée selon laquelle la Tunisie partirait de zéro en matière de démocratie. Il y a toujours eu, en dépit du contrôle autoritaire, des poches de culture politique et une certaine forme de politisation qui ont joué un rôle dans la révolution. Contrairement à l’expérience de la transition démocratique en Europe centrale rappelée par Georges Mink, les négociations ne se font pas dans le secret, a souligné Mr Geisser. Le chercheur français est ensuite revenu sur le RCD pour affirmer qu’il jouait de moins en moins un rôle de surveillance de la population durant les dernières années. Il avait essentiellement une fonction sociale. En réalité, ce colosse n’a jamais suscité l’adhésion populaire.
Le militant Ommeya Sedik, s’est, quant à lui, attaché à décrire le pouvoir de Ben Ali comme étant un pouvoir policier organisé autour d’une galaxie sécuritaire dont le palais de Carthage était l’état-major. Toutefois, il a tenu à insister sur le fait que la révolution du 14 janvier n’était pas si imprévisible. Plusieurs alertes d’importance telles que l’insurrection généralisée à Gafsa en 2008 permettaient de prévoir un soulèvement d’ampleur.
Quelles règles du jeu instituer ?
Pour Georges Mink, en Europe centrale, et exception faite de la Bulgarie, il n’y a pas eu de changement constitutionnel immédiat en raison de la crainte d’une réaction soviétique. En Pologne, au lendemain de la démocratisation, 200 partis ont participé aux premières élections. Les élus ne se sont toutefois pas montrés fidèles aux partis au nom desquels ils ont été élus. Une forte personnalisation des partis a également été observée. Compte tenu du nombre très important de partis, les dirigeants polonais ont effectué des amendements à la loi électorale pour limiter et endiguer cet émiettement.
Les experts ont par ailleurs joué un rôle très important dans la définition du régime institutionnel. Ils étaient souvent financés par l’Union européenne qui s’est montrée soucieuse de venir en aide à la transition démocratique.
David Garibay a ensuite indiqué que pour garantir le pluralisme, des règles du jeu très ouvertes ont été mises en place lors des transitions sud-américaines. Cela a conduit à une forte fragmentation des partis politiques. Cette fragmentation persiste encore. Ainsi, il y a toujours 50 partis politiques au sein du congrès brésilien et 350 en Colombie.
Lors des secondes élections démocratique en Amérique latine, l’alternance a été la règle ; elle est d’ailleurs toujours présente. Mais, si ces alternances prouvent que la démocratisation est bien réelle, elle peut également être analysée comme étant un révélateur d’une certaine instabilité institutionnelle.
Ce mouvement de transition ne s’est pas accompagné de réformes constitutionnelles. Elles ont plutôt eu lieu dans un second temps (la constituante s’est réunie 11 ans après la transition en Argentine). Au Chili, c’est toujours la constitution mise en place par Pinochet qui est en place bien qu’elle ait été amendée par les parlementaires.
Pour Vincent Geisser, il existe une forme de fétichisme constitutionnel en Tunisie ; une certaine passion existe autour de la constitution. Dès 1861, la Tunisie a disposé d’une constitution. Par ailleurs, il remarque que tous les partis ayant gouverné la Tunisie ont porté le nom de Destour dans leur nom. Et bien que Bourguiba ait mis en place l’autoritarisme, la constituante à l’indépendance n’a produit une constitution que trois ans après son élection.
Pour Ommeya Sedik, certaines conditions doivent être réunies pour réaliser la transition. Il faut d’abord réexaminer la place de l’appareil sécuritaire au sein de l’Etat. Par ailleurs, il faut réaliser une cartographie de la vie économique tunisienne en incluant l’économie informelle qui était partiellement contrôlée par les proches du Président (35 à 45% du PIB selon lui).
Qui sont les acteurs légitimes de la transition démocratique ?
Georges Mink a noté que la transition vers l’économie de marché s’est faite en Europe Centrale sans qu’existent des capitalistes poussant en ce sens. Les communistes ont eux-mêmes généré le capitalisme : il y a eu une conversation des élites communistes vers la sphère économique. Des conversions politiques vers la social-démocratie ont également été observées.
Mais, des processus critiques ont vu le jour dans ces pays. Le changement de 1989 a de plus en plus été perçu comme étant une trahison puisque les dirigeants communistes n’ont pas eu à affronter une justice transitionnelle.
Pour David Garibay, les transitions en Amérique du sud permettent de distinguer plusieurs cas :
·Dans les pays où les militaires avaient institué le terrorisme d’Etat, il n’existait plus de partis (pas même de parti politique au pouvoir). Les militaires se sont d’abord attribués une loi d’amnistie. Ils ont considéré cela comme étant une condition préalable à la transition. Pourtant, en Argentine, toute la junte militaire a été jugée et emprisonnée. Il y a eu des rébellions contre ces procès qui furent suivis de libérations conditionnelles puis dans certains cas de nouveaux procès.
·Les opposants par les armes : la trajectoire de Dilma Rousseff, actuelle Président du Brésil, qui a participé à une guérilla est un exemple du rôle important de ces acteurs dans les gouvernements démocratiques
·L’ancien parti unique : de 1917 à 1994, au Mexique, le Parti révolutionnaire institutionnel (PRI), a joué le rôle de parti quasiment unique. L’alternance était interne à ce parti qui entretenait un discours nationaliste, révolutionnaire et progressiste. Au Mexique, c’est une forme de violence douce qui s’est instaurée pendant ces années de parti unique ; la répression demeurait peu visible. En 1994, le PRI perd le pouvoir et se transforme en parti politique comme les autres, mais il demeure majoritaire au parlement. Il est fort d’élus locaux et régionaux mais aux côtés des vieux caciques locaux surgissent de nouveaux cadres peu politisés. Il s’agit souvent d’entrepreneurs ou des dirigeants d’associations. Finalement, en passant par l’opposition, le PRI s’est largement renouvelé.
Selon, Vincent Geisser, en Tunisie, l’axe principal d’exclusion des anciennes élites politiques tiendra davantage compte de la proximité avec le clan de Ben Ali que de l’appartenance au RCD. Pour lui, les anciens cadres du RCD sont déjà en train de capitaliser sur leurs compétences. Ils tiennent à se faire discrets mais ils se sont lancés dans une recomposition de leurs forces à partir de leur clientèle sahélienne et des anciennes structures du parti. Ils ont par ailleurs engagé une vaste campagne de collecte de fonds.
Pour lui, les islamistes sont affaiblis. D’abord parce qu’ils ont joué un rôle très mineur dans la Révolution. En outre, les structures d’Ennahdha été largement détruites au cours de la répression. Vincent Geisser distingue deux temporalités dans le discours de ce parti. En ce moment, il tient un discours discret et mesuré qui relève presque de l’automutilation. A long terme, et sur le modèle de l’AKP, Ennahdha met en place une stratégie multisectorielle permettant de réunir les soutiens du RCD voire de l’UGTT et le petit patronat pieux. Selon lui, il s’agit d’une stratégie pertinente. Les islamistes seraient presque dépassés par le conservatisme de la société tunisienne qui se serait largement accru au cours des années de dictature de Ben Ali.
Sélim Jeddipour le Collectif El Mouwaten
http://www.elmouwaten.com/modules.php?name=News&file=article&sid=105
Tunisie : Slah, le frère de Zine el-Abidine Ben Ali arrêté à Sousse
Recherché depuis la chute de son frère Zine el-Abidine, Slah Ben Ali a été arrêté dimanche à Sousse. Une interpellation qui rappelle que la justice tunisienne n’en n’a pas encore fini avec les membres de l’ancien régime.
La saga Ben Ali continue. Si l’ex-président tunisien Zine el-Abidine Ben Ali, qui a été chassé par la rue le 14 janvier dernier et s’est réfugié en Arabie saoudite, reste dans un état de santé très précaire et ne s’exprime pas, c’est au tour de son propre frère, Slah, de faire parler de lui. Celui-ci a été arrêté par les autorités tunisiennes dimanche, à Sousse (150 km au Sud de Tunis), en fin d’après-midi, rapporte le ministère de l’Intérieur.
Sur les cinq frères du président déchu, Slah Ben Ali est l’un des trois qui est encore en vie, avec Faouzi et Farid. Trois avis de recherche avaient déjà été lancés contre lui. Les autorités provisoires tunisiennes ont également demandé à l’Arabie saoudite l’extradition de l’ex-président et de sa deuxième épouse, sans succès jusqu’à présent. Mais dans les clans respectifs de ces derniers, les investigations de la justice tunisienne progressent. Si beaucoup de proches du couple présidentiel ont réussi à prendre la fuite, certains ont tout de même été incarcérés quand ils n’ont pas été assignés à résidence.
Des milliards de crédits sans garantie
Les familles Ben Ali et Trabelsi comptent pas moins de 142 membres, y compris par filiation et par alliance. Les plus recherchés restent les frères et sœurs de Zine et de Leïla Ben Ali, une dizaine chacun, et leurs enfants. La Banque centrale tunisienne (BCT) a recensé 180 entreprises appartenant aux deux clans. Celles-ci ont bénéficié de 2,5 milliards de dinars (1,3 milliard d’euros) de crédits bancaires, la plupart du temps sans garanties, soit 5 % des financements du secteur pendant la gouvernance ben Ali.
Au cours des derniers mois du régime, quatre grands projets ont mobilisé plus de la moitié de ces crédits : Carthage Cement, propriété de Belhassen Trabelsi, le frère de Leïla ; une sucrerie lancée par le même Belhassen Trabelsi ; l’acquisition par Sakhr el-Materi, le gendre de Ben Ali, de 20 % de l’opérateur mobile Tunisiana ; et enfin le financement des 51 % de participations du couple Cyrine Ben Ali (fille d’un premier mariage de l’ex-président) et Marouane Mabrouk dans le capital de l’opérateur Orange Tunisie, lancé en partenariat avec France Télécom. Autant d’investissements suspects qui font désormais l’objet d’enquêtes des autorités tunisiennes.
Source : « Jeune Afrique » Le 11-04-2011
Pour la modification de l’Article premier de la Constitution Tunisienne
Par HORCHANI Salah, Professeur à la Faculté des Sciences de Tunis
Dans moins de quatre mois, plus précisément le 24 juillet prochain, débute l’Acte le plus important de notre Révolution de Jasmin, à savoir l’élection de l’Assemblée Constituante qui va élaborer la rédaction de la Constitution de la Deuxième République Tunisienne.
Dans ce contexte, chaque fois qu’il est question de vouloir modifier l’Article premier [i. e.« La Tunisie est un Etat libre, indépendant et souverain ; sa religion est l’Islam, sa langue l’arabe et son régime la république »] de l’actuelle Constitution Tunisienne, suspendue par la Révolution de Jasmin, ou de vouloir proposer la séparation du politique et du religieux, se pose le problème de l’Education Religieuse et de la Gérance des Lieux de Culte.
Une des solutions, pour répondre à ces interrogations fondamentales, consiste à faire partager l’Education Religieuse, comme l’Education tout court, entre l’école et la famille. Quant à la gérance des lieux de Culte, ce sera l’affaire d’un Ministère des Affaires Religieuses, toutes Religions confondues. Cela ne contredit pas l’« Article premier » de la Constitution que je propose [i. e. « La Tunisie est une République de culture arabo-musulmane »] , ni ma foi de Musulman, car, en Islam, la religion et sa pratique relèvent du privé, puisqu’il n’y a ni Concile, ni Autorité pontificale, ni Clergé, ni… : l’effort individuel (al-Ijtihad) prime sur tout et peut être considéré comme étant « le sixième pilier de l’Islam », étant donné que c’est la prescription la plus omniprésente, à travers diverses formes, dans le Coran. Cela ne contredit pas, non plus, la séparation du politique et du religieux, puisqu’en Islam le croyant (pour ce qui concerne sa foi et sa pratique religieuse) n’a de compte à rendre qu’à son Créateur et n’a d’ordre à recevoir que de Lui.
Comparons avec ce qui se passe dans le premier pays qui a inscrit la Laïcité dans sa Constitution, à savoir, la France.
Pour commencer, l’Article premier de la dernière Constitution Française (qui date de 1958) stipule :
« La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale. Elle assure l’égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d’origine, de race ou de religion. Elle respecte toutes les croyances. Son organisation est décentralisée.
La loi favorise l’égal accès des femmes et des hommes aux mandats électoraux et fonctions électives, ainsi qu’aux responsabilités professionnelles et sociales ».
En outre, Depuis l’adoption de la Loi de 1905 sur la Laïcité, qui a entrainé la nationalisation des biens de l’Eglise :
1. Les lieux de Culte en France sont gérés, localement, par les Communes, avec des aides de l’Etat, si nécessaire : par exemple, pour les grands travaux ou bien quand il s’agit de monuments historiques.
2. Quant à l’Education Religieuse elle se fait dans les écoles, dans des lieux à part et appropriés, par des mandataires de chaque religion, et c’est un enseignement facultatif.
Auparavant, les lieux de Culte étaient propriété propre de l’Eglise et gérés par elle.
Il convient de souligner que dans le point 2 ci-dessus, il est question de l’Education Religieuse dans les Ecoles Publiques. Les Ecoles Privés sont libres de la faire où elles le souhaitent, dans leurs écoles, même dans les salles de classe normales (avant un cours de math, par exemple).
En conclusion, l’unique contribution de l’Etat Français, dans l’Education Religieuse de ceux qui le souhaitent, est de mettre, à la disposition de toutes les religions, un local commun spécifique, dans chaque Ecole Publique, pour que chacune y assure, à tour de rôle, son propre Enseignement Religieux ; et cet Enseignement Religieux est fait par un mandataire de chaque religion.
Pour terminer, et afin d’enrichir le Débat sur ce que devrait être la prochaine Constitution Tunisienne, je souhaite vivement :
1. que des intervenants Tunisiens, surtout parmi ceux qui tiennent à conserver l’Article premier de la Constitution Tunisienne [à savoir : « La Tunisie est un Etat libre, indépendant et souverain ; sa religion est l’Islam, sa langue l’arabe et son régime la république »], m’expliquent ce que signifie, pour eux, la phrase : « la Religion de la Tunisie est l’Islam » ;
2. que des intervenants Français confirment, infirment ou complètent ma présentation de la pratique de la Laïcité en France en ce qui concerne l’Education Religieuse et la gestion des lieux de Culte.
Source : « Agorvox » Le 11-04-2011
Les Francs-maçons ne sont pas les bienvenus en Tunisie
Dans un communiqué parvenu à Kapitalis, le parti Al Majd (La Gloire), dénonce le projet de création d’une cellule maçonnique en Tunisie.
Le parti nouvellement créé par le militant des droits de l’homme Abdelwaheb El Hani «enregistre avec inquiétude les informations qui lui sont parvenues de sources informées selon lesquelles un groupe maçonnique tunisien compte passer à l’action publique, et ce avec le soutien et en présence d’une délégation maçonnique française, pour l’appui et la formation, qui arrivera en Tunisie le lundi 11 avril.»
Tout en rappelant, dans son communiqué, que les Francs-maçons tunisiens ont exercé leurs activités dans la clandestinité sous le règne du président déchu, Al Majd estime que la tentative de donner un semblant de légalité aux activités de ce groupe est «une grave atteinte à la souveraineté du peuple tunisien qui rejette ce mouvement et le considère comme l’un des ennemis de la Tunisie et des mondes arabe et islamique».
Al Majd souligne, par ailleurs, la nécessité de s’opposer à toutes les activités maçonniques en Tunisie et d’empêcher ce groupe de s’implanter dans notre pays. Il demande aussi au gouvernement de «clarifier sa position» à ce sujet et de «prendre les mesures adéquates pour faire respecter la volonté du peuple qui rejette le mouvement maçonnique».
Source : « Kapitalis » Le 11-04-2011
Tunisie. Le parti islamiste Ennahdha en précampagne
Tous ceux qui ont causé la mort de jeunes durant la révolution doivent être traduits en justice et on doit leur assurer des procès équitables par une justice indépendante dans un Etat où règnent la démocratie et la justice.
Cette déclaration a été faite par Rached Ghannouchi, leader du mouvement Ennahdha, au cours d’un meeting organisé par son mouvement, dimanche, à Kébili, en présence d’une grande foule de ses partisans dans la région du sud-ouest. M. Ghannouchi a rappelé l’histoire militante de la région, tout en appelant à rompre avec la politique de marginalisation exercée par l’ancien régime et qui avait exclu plusieurs régions, dont Kébili, du processus de développement du pays. Le chef islamiste a appelé les divers partis et sensibilités politiques à resserrer les rangs afin de préserver les acquis de la révolution de toute tentative de régression. Il a indiqué que les idéaux de son mouvement sont en parfaite harmonie avec l’esprit du premier article de la Constitution qui précise la nature de l’Etat tunisien et ses choix religieux. M. Ghannouchi a évoqué, en outre, le rôle de la famille dans la garantie d’une éducation saine aux enfants et sa contribution à l’instauration d’une société cultivée et équilibrée. Des représentants du mouvement à Kébili, qui ont pris ensuite la parole, ont souligné les années de marginalisation qu’a connues leur ville sous l’ancien régime et la contribution de la femme à la réussite de la révolution. M. Ghannouchi s’était rendu auparavant dans la ville de Douz où il a récité la Fatiha à la mémoire des martyrs de la révolution. Lors de l’inauguration du nouveau siège du mouvement à Kébili, il a condamné la politique de harcèlement exercée par la police politique qui, a-t-il dit «n’est pas encore dissoute».
Source : « Kapitalis » Le 11-04-2011
Livres – La révolution tunisienne : dix jours qui ébranlèrent le monde arabe
Un témoignage de très près Un grand public, de toutes les tranches d’âge, était présent, jeudi dernier, à l’espace Clairefontaine d’El Menzah VI, lors de la rencontre avec le journaliste et reporter français, Olivier Piot, qui a présenté son nouvel ouvrage intitulé “La révolution tunisienne : dix jours qui ébranlèrent le monde arabe”. Ce journaliste, présent, parmi nous, depuis le 6 janvier dernier, a vécu de près les événements qu’a connus le peuple tunisien, jour après jour, et nous a rapporté ainsi, sous forme de reportage, un témoignage vibrant qui se présente comme un arrêt sur image, dans un style où on remarque un télescopage de genres, où la poésie, le romanesque, l’objectivité dans le récit et la description se rejoignent, nous offrant ainsi un ouvrage hybride qui dessine et résume un pan de l’Histoire de la Tunisie. Ecrit dans une langue limpide, facile, qui exalte les émotions de l’auteur et les moments forts qu’il a sentis, le livre peut être considéré comme un témoignage sur tout ce qui s’est passé récemment pendant cette période déterminante. Soucieux de relater les moindres détails, cet ouvrage retrace les événements de dix jours, plus précisément la période s’étendant du 4 au 14 janvier, au lendemain du dernier discours du président déchu. Le journaliste analyse ce mouvement social et cette révolution, ainsi que les éléments qui la caractérisent comme un processus unique qui s’est élargi jusqu’au renversement du régime. Il a ainsi décrit une société malade sur le plan social, économique, politique, psychologique et humain. L’immolation de Bouazizi est, bien évidemment, l’étincelle qui a déclenché ce mouvement revendicatif qui a commencé au début loin de la capitale Tunis, le centre économique et politique, ce qui montre la dimension profonde de la révolution. Né dans les couches sociales populaires, ce mouvement a gagné progressivement les autres catégories : la bourgeoisie libérale, les avocats, les étudiants, les universitaires, les artistes… Il s’est ensuite propagé géographiquement. Par ailleurs, la singularité de la révolution tunisienne se voit clairement par rapport aux révolutions des pays arabes, en particulier celle de l’Égypte, qui a touché au commencement la classe moyenne et la capitale pour finir par atteindre les autres couches et régions. Avant de finir son intervention, l’auteur a signalé qu’il a tenu à écrire ces pages pour retracer également le parcours, les paroles et les positions des personnes qu’il a côtoyées de près, pendant ces dix jours si importants. C’est aussi un ouvrage dédié au large public, où il présente le patrimoine historique et social tunisien à une époque bien déterminée qui restera gravée dans la mémoire collective. La rencontre s’est close sur un débat relevé par des explications de certains détails, ainsi que sur la crédibilité des événements décrits par le journaliste, et sur sa vision personnelle quant à l’avenir de la révolution
Source : « JETSETmagasine » Le 11-04-2011
Tunisie. Crépage de chignon au congrès des mères
Le congrès extraordinaire électif de l’Organisation tunisienne des mères (Otm), le 9 avril, au siège de l’organisation, a tourné à la foire d’empoigne. Difficile de nettoyer l’écurie de Saïda Agrebi…
L’atmosphère qu’a laissée derrière elle Saïda Agrebi, ancienne présidente de la défunte Association tunisienne des mères (Atm) au sein de l’Otm est tellement polluée qu’il est difficile de voir la paix s’installer de sitôt. C’est à l’image de la situation qu’a laissée Ben Ali après sa fuite du 14-Janvier. Pour preuve: entre les femmes, un dossier de plaintes épais comme une couette d’hiver et qui en dit long sur le désordre dans la maison réputée corrompue et qui a longtemps servi de boîte de propagande pour l’ancien régime.
D’après Rafika Khouini, présidente par Intérim de l’Otm, le juge a rendu vendredi son verdict en faveur du bureau exécutif provisoire. Il y aura donc, qu’on le veuille ou pas, un congrès et des élections pour sauver l’Otm et reprendre les activités sur des bases nouvelles. Sous la main, elle a un jugement du tribunal qui lui permet de travailler. Il n’est donc pas question pour elle de céder aux vraies collaboratrices de Mme Agrebi. Dans l’autre camp, on trouve une autre version des faits, présentée par une dame dont les nerfs sont à fleur de peau.
«Mme Agrebi n’est ni arrêtée ni en résidence surveillée»
Il s’agit de Faïza Karray, femme d’affaires. Cette membre de l’Atm sous Mme Agrebi est contre la tenue du congrès. Pourquoi? A cor et à cri, elle menace. Elle dit qu’elle a un dossier contre toutes ces femmes qui se présentent au prochain bureau et qu’elle vient d’en informer le ministère de la Femme. Elle est sur l’attaque parce qu’on lui a refusé de mettre les pieds dans la salle du congrès. Elle a dit que tant que Mme Agrebi n’a pas légué son pouvoir, il n’est pas question que ces femmes entrent en ligne et confisquent le bureau à leur profit.
Election du nouveau bureau de l’Otm
«Non Mme Agrebi n’est pas en prison. Elle n’est pas, non plus, en résidence surveillée, mais tout simplement chez elle. Elle est fatiguée et n’a pas pu encaisser le coup», a-t-elle affirmé à Kapitalis, comme si elle défendait l’ancienne présidente. Et franchement, elle la défendait. Elle a même ajouté sur un ton agressif: «Si ce bureau – qui était aux côtés de Mme Agrebi depuis toujours – a quelque chose contre elle ou à lui reprocher, qu’il porte plainte contre la dame, qu’il l’attaque devant les tribunaux et qu’on en finisse», dit-elle encore. Et d’ajouter que tout le monde s’arrache aujourd’hui la place parce qu’il s’agit de gros sous et que, dans le compte de l’Otm, il y a un peu plus d’un million de dinars. Montant aussitôt démentie par Mme Khouini.
A cor, à cri et à sang
Sous le pied de la bâtisse où se tient le congrès, des femmes agitées affichent des slogans de protestation. Elles crient, toutes en même temps et impossible de distinguer ce qu’elles racontent vraiment. Elles crient sur tous les toits: «Pas de place pour les collaboratrices du clan Ben Ali!». L’une d’entre elles nous a montré ses doigts en sang et prétend qu’elle a été agressée par les gens qui sont à l’intérieur. Une autre dit qu’on l’a frappée et qu’elle a même une dent presque déracinée. Cette dernière n’a pas gardé l’anonymat. Elle s’appelle Henda Dhib. Elle est secrétaire au service de la comptabilité. Elle raconte qu’elle travaille depuis 2.000 sans sécurité sociale, que son salaire n’a jamais dépassé les 300 dinars… et qu’elle vient d’être virée par le nouveau bureau.
A l’intérieur, c’est un autre clan. Des filles et des femmes sont en train d’élire les membres de leur nouveau bureau. Toutes emportées, elles disent ne plus vouloir des anciennes pratiques. Au bureau des urnes, c’est le calme absolu. Kapitalis a évoqué le cas de Henda qui vient d’être virée. Réponse de la comptable: «Nous avons des preuves contre elle et nous l’avons virée, pour cause».
Dans le hall, en attendant les résultats du vote, les femmes se racontent des choses. Ce sont les mêmes sujets qui reviennent: l’argent, l’abus du pouvoir, la corruption: Agrebi, Leïla, Ben Ali… Elles attendent… sous haute surveillance. De peur que les femmes qui sont dehors ne défoncent une nouvelle fois la porte et les agressent… physiquement. Comme elles l’ont fait avec Yusri, l’attaché de presse à qui on lui a laissé plein d’écorchures sur le bras, en guise de souvenir de l’après Ben Ali, Leïla et Agrebi… Affaire à suivre !
Source : « Kapitalis » le 11-04-2011
Lien : http://kapitalis.com/fokus/62-national/3469-tunisie-crepage-de-chignon-au-congres-des-meres-.html
Tunisie : Quand le ministre des Affaires sociales ménage l’UGTT….
Le chômage et les salaires constituent les pôles majeurs autour desquels s’articule toute l’actualité sociale en Tunisie. Il en a été abondamment question lors de la rencontre-débat sur le Programme économique et social du gouvernement de transition organisée, vendredi, par l’Institut Arabe des Chefs d’Entreprise.
La vedette y est , tout naturellement, revenue à Mohamed Ennaceur, ministre des Affaires sociales, un titulaire récurrent de ce portefeuille, qui a posé un diagnostic sans concession de la situation sociale qui croule sous le faix d’un chômage tournant réellement autour du taux de 20% et surtout d’une vague de grèves ,de sit-in et de débrayages dont les entreprises n’ont de cesse de pâtir depuis le 14 janvier.
Mais il s’y greffe les négociations sociales et le rôle de l’UGTT dans une conjoncture sociale des plus critiques. Africanmanager a posé la question à Mohamed Ennaceur. Interview :
Vous venez de dresser un tableau un peu sombre de la situation, notamment du chômage. Pourquoi maintenant ; vous ne risqueriez pas d’offrir à votre adversaire, l’UGTT, une arme pour vous combattre ?
D’abord, l’UGTT n’est pas un adversaire, ni pour moi, ni pour les entreprises. Elle représente une bonne partie de la population. Nous, en tant que gouvernement, nous nous plaçons entre les deux parties et nous essayons de favoriser la paix sociales à travers les négociations sociales. Quant à la situation sociale, je ne l’ai pas dramatisée, je n’ai fait que parler d’une réalité que tout le monde connaît. Tout cela pour dire que, aujourd’hui, que dans les négociations sociales, il y a un problème de revendications sociales. Ce qui importe le plus, c’est de préparer l’avenir du pays et de l’économie. C’est surtout de redonner espoir à ceux qui n’ont plus d’espoir, donner la vision d’une Tunisie qui prend soin de l’ensemble de ses citoyens, un pays où il n’y aura pas d’exclus, où l’exclusion est bannie. Une société qui prend en charge les droits de ses citoyens, des citoyens qui participent à la prospérité et au développement de la société. Voilà comment je vois la citoyenneté.
Vous avez parlé de l’UGTT comme un partenaire, mais aussi comme une partie qui n’est plus sympathique….
Non, absolument pas. Il a été dit que l’UGTT est, pour les chefs d’entreprise, un partenaire qui, parfois, n’est pas sympathique. Pour moi, c’est un mouvement national, c’est un partenaire qui a son mot à dire, non seulement dans les négociations sociales, mais dans l’avenir de la Tunisie, un avenir qui ne pourra pas être pérenne en l’absence d’une UGTT qui participe non seulement aux négociations sociales, mais dans le projet de société de la Tunisie.
Est-ce que c’est la vocation d’une organisation qui défend le travail d’arrêter le travail là où elle va ?
Je vous ai dit et je répète que c’est un partenaire social. C’est à vous, en tant que journaliste, de dire ce que vous pensez. Moi, en tant que ministre, membre du gouvernement, je dis que l’UGTT, c’est d’abord un partenaire.
Source: ”Espace Manager” Le 11-04-2011
Tunisie: Où est la majorité silencieuse ?
Il était prévu qu’il y ait à la coupole, samedi 9 avril 2011, un grand rassemblement pour dire non à l’intégrisme, à l’obscurantisme et à tou ceux qui prônent un retour en arrière en adoptant la violence.
Ce rassemblement était censé mobiliser cette majorité qui se dit silencieuse, cette majorité qui a préfèré retourner au travail et ainsi participer à la reconstruction de la Tunisie, cette majorité qui pendant trop longtemps, a laissé les autres parler en son nom, et qui avait décidé que plus personne n’avait le droit de décider à sa place.
Mais quelle ne fut ma déception une fois arrivée sur place !! Au maximum 350 personnes étaient présentes. Le temps était il trop beau pour risquer de bousiller un programme au soleil ? L’horaire était il trop mal choisi ? Y avait il trop d’évènements organisés en ce 9 Avril (relais pour les martyrs+meeting FDTL) ? Ou le piratage de l’évènement sur facebook a t il fait tomber trop de personnes dans le même piège, à savoir l’annulation du rassemblement ?
Je ne saurai expliquer les raisons de ce désistement, quand je sais que jusqu’à jeudi 7 avril 2011, l’évènement avait rassemblé plus de 4000 personnes qui avaient confirmé leur participation.
Toutes les personnes présentes à la coupole partageaient ma déception et ma désolation de voir cette majorité silencieuse si peu réactive. Pendant que les barbus bougeaient sur tous les fronts, pendant qu’ils insultaient les femmes, qu’ils attaquaient les personnes, qu’ils priaient dans la rue, cette majorité silencieuse restait encore inerte, inactive, trop peureuse peut être ? Trop tranquille chez elle plutôt , je pnese!!!
Je ne sais jusqu’à quand nous allons continuer à regarder ceux qui font beaucoup de bruit, qui font parler d’eux par leurs actes, revendiquer leurs idées auxquelles on ne croit pas du tout ? Jusqu’où nous allons arriver avec ce silence ? Ce silence qui nous déjà couté 55 ans de dictature, et des centaines de morts ??
Sommes nous de nouveau tombé dans la peur ? Les quelques barbus, aussi impressionnants soient ils, aussi violents soit ils, vont ils nous imposer leur loi ?
Où sont les femmes ? Elles qui sont les premières à être menacées par les islamistes ? Pourquoi ne bougent elles pas aussi ? Pourquoi ne haussent elles pas leurs voix et crient comme le font les autres leur refus de retour en arrière, leur refus de soumission aux lois archaïques ? Ou sont ces femmes qui ont participé à la révolution, qui ont comme tous les autres tunisiens subi la violence de la police ? Les quelques extrémistes seront ils plus violents encore ? Ne devons nous pas défendre nos droits et nos acquis coute que coute , quelque soit le prix ?
C’est malheureux et c’est incroyable qu’en 2011 nous puissions encore en Tunisie parler des droits de la femme, de polygamie, de voile obligatoire … alors que nous pensions que la position de la femme était un acquis qui était partie prenante de la mentalité tunisienne . Un retour en arrière de 60 ans est en train de se faire dans les mentalités, et pendant ce temps, la majorité silencieuse continue son sommeil, les femmes en premier lieu.
Il faudrait se bouger , et très tôt sinon le réveil risque d’être très douloureux.
Source : « Espace Manager » Le 11-04-2011
La fête des Martyrs sous très haute surveillance
Du temps de Bourguiba, nous habitions une maison qui jouxtait le siège du gouvernorat de Jendouba. Une fois, le « Combattant suprême », alors en visite à la ville, dut passer la nuit chez son gouverneur. Pendant toute l’après-midi de cette journée, les agents de police n’arrêtaient pas de prévenir les voisins du gouvernorat contre toute nuisance sonore, notamment nocturne. Il fallait, répétait-on à ces derniers, se montrer digne de cette visite et permettre au président de passer une nuit très calme à côté de chez eux.
En fait, et pour ceux qui connaissent bien l’énorme superficie qu’occupe le jardin du gouvernorat de Jendouba, il était quasiment impossible que nos bruits parviennent jusqu’aux oreilles de qui que ce soit à l’intérieur du bâtiment sans doute suffisamment isolé pour atténuer tout tapage extérieur. Mais en fin d’après-midi, les mêmes agents qui nous prièrent de faire régner le silence dans les parages, remarquèrent que certains voisins du gouverneur possédaient des chiens assez bruyants. Alors, ils obligèrent leurs propriétaires à les emmener ailleurs, faute de quoi ils se voyaient forcés de les abattre. Notre famille était concernée par la mesure et dut confier la bête à des parents qui vivaient à la campagne. Quant aux chiens et chats errants qui rôdaient dans les environs du gouvernorat, nous vous laissons deviner le sort que la police jendoubienne leur réserva ce soir-là. Le lendemain, en apprenant que Bourguiba avait passé la nuit dans sa résidence d’Ain-Draham, nous lûmes la « fatiha » en mémoire des « victimes » de la veille et rîmes tout notre soûl des vaines précautions policières prises en signe… d’hospitalité.
La cité interdite !
Nous évoquons cette anecdote, que bien des Jendoubiens vous confirmeront, à l’occasion de la célébration de la fête des martyrs, parce qu’effectivement, nous habitons depuis quelques années à des enjambées du Mausolée de Sijoumi, où régulièrement se déroule la cérémonie commémorative officielle des événements du 9 avril. Sous Ben Ali, les habitants des quartiers situés à proximité du mausolée, savent ce que la fête des martyrs signifie pour la zone : dès les premières heures de la journée, celle-ci était investie par des centaines de policiers en uniforme et en civil qui contrôlaient quasi systématiquement l’identité des passants et réglaient à leur guise la circulation des automobilistes. Le parcours du métro devait « sauter » obligatoirement les stations du 13 aout et de Mohamed Manachou, arrêts les plus proches de Sijoumi. La Transtu réquisitionnait alors plusieurs bus pour assurer le lien avec les autres stations sans bien entendu emprunter un itinéraire limitrophe de la route du mausolée. Les habitants d’El Ouardia I ne pouvaient pas prendre les rues habituelles pour gagner le rond-point du 13 aout ; il leur fallait parcourir quelques centaines de mètres supplémentaires en direction de Ben Arous et revenir ensuite vers Monfleury. Seuls les véhicules de la « sûreté nationale » circulaient librement à travers cette « cité provisoirement interdite » prise d’assaut également par des centaines d’indicateurs, d’omdas, de grands et de petits responsables du RCD. On reconnaissait parmi eux quelques visages « familiers », mais la plupart ne se rendaient sur les lieux qu’une fois l’an, le 9 avril justement. Nous n’oublierons pas non plus que des perturbations « involontaires » se produisaient le matin du même jour et même à partir de la veille dans les lignes téléphoniques et sur le réseau d’Internet. Un bon souvenir tout de même : chaque fois que Ben Ali se rendait à Sijoumi, toute la zone retrouvait la propreté et les couleurs qui lui manquaient tout le reste de l’année.
Tunis n’est pas Bagdad
Hier aussi, on a nettoyé tous les environs du Mausolée des Martyrs ; en fait, on a surtout repoussé quelque part plus loin les petites montagnes d’ordures qui s’étaient formées durant les 6 jours de grève des employés municipaux. Côté animation, un hélicoptère de l’armée se chargea le premier avec son tintamarre incessant de réveiller plus tôt que d’habitude les riverains en congé. Ensuite, il y eut un déploiement spectaculaire et non moins bruyant de multiples unités policières et militaires. Reconnaissons tout de même que la circulation était beaucoup moins contrôlée que par le passé et que les mouvements des agents de l’ordre étaient plus discrets que d’ordinaire. C’est surtout le surnombre de policiers qui impressionnait les riverains et les passagers dont certains trouvaient excessives les précautions sécuritaires prises sur les lieux à l’occasion de la visite officielle du Président et du Premier ministre intérimaires. Nous vîmes même quelques véhicules de pompiers stationner à l’entrée du Mausolée. Que craignait-on, en fait ? La zone est-elle à ce point sensible ? Ses habitants inspirent-ils autant de méfiance ? La sécurité dans le pays est-elle si menacée que la fête (!!!) des martyrs se déroule chaque année, même après la Révolution, sous très haute surveillance ? Qui sait ? Peut-être vaut-il mieux qu’il en soit ainsi afin de préserver les symboles incarnés par ces martyrs. Notamment en cette période encore chaude de la Révolution où certains vivants bafouent allègrement les sacrifices des morts pour la patrie. En attendant que ces ingrats reprennent leurs esprits, nous gardons toujours l’espoir légitime de fêter les martyrs tunisiens dans une ambiance beaucoup moins marquée par la peur et la défiance. Tunis n’est tout de même pas Bagdad ni Kaboul !
Source: ”Le Temps” Le 10-04-2011
TABARKA : Une clinique et un hôtel ont été pillés et incendiés
Une clinique privée appartenant à l’ancien maire de la ville, Jilani Dabboussi, a été incendiée, samedi, à Tabarka, par des manifestants pour protester contre sa participation à un débat télévisé organisé par le journaliste Abdelmlek Berrabeh, et qui traitait du Développement régional.
Les troubles ont éclaté suite à une manifestation pacifique organisée par le comité de protection de la révolution en coordination avec le bureau local du travail.
Cette manifestation, à laquelle ont pris part environ 2000 personnes, est sortie de son cadre pacifique lorsque la personne concernée, considérée comme étant l’un des symboles de l’ancien régime, a refusé de quitter la ville.
Les protestataires ont incendié la clinique, sa voiture personnelle, deux ambulances, une unité touristique appartenant à son fils et une nouvelle clinique en chantier.
L’ancien maire a été contraint de quitter la ville sous la protection des agents de la garde nationale et des forces de l’armée.
Par la suite, des actes de pillage et de saccage qui ont ciblé les équipements de la clinique, se sont poursuivis jusqu’à dimanche, mais on signale que plusieurs personnes impliquées dans l’incendie et les actes de pillage ont été arrêtées et les équipements volés ont été saisis.
Lors du journal télévisé de 20h, dimanche, un groupe d’habitants de Tabarka ont affirmé qu’il est vrai qu’ils avaient pacifiquement manifesté contre l’ancien maire de la ville, mais que ces actes de vandalisme n’avaient pas été perpétrés par eux, mais par des inconnus qui ont intervenu après que la manifestation ne soit dispersée.
Les habitants de la région ont exprimé leur mécontentement face à de tels agissements qui, à leurs yeux, ne servent ni la révolution ni l’économie du pays.
Source: “Tunivisions” Le 11-04-2011
Lien: http://www.tunivisions.net/tabarka-une-clinique-et-un-hotel-ont-ete-pilles-et-incendies,11898.html
Portrait Samir Rabhi membre de l’Instance pour la réalisation des objectifs de la Révolution : «Kasserine a besoin d’un geste fort »
Par Mourad SELLAMI La Révolution du 14 janvier a permis la montée de quelques leaders régionaux, dont Samir Rabhi qui est l’un des Kasserinois ayant fait preuve de militantisme et bradé les interdits contre la dictature de Ben Ali. Samir Rabhi est aujourd’hui membre en tant que personnalité nationale de l’Instance supérieure pour la réalisation des objectifs de la révolution, la réforme politique et la transition démocratique. Ses nouvelles tâches l’ont amené à laisser sa famille à Kasserine, son cartable et ses cours de français pour se consacrer à la préparation des élections du 24 juillet prochain. «Je n’ai pas vraiment cherché à faire partie de cette instance. Pourtant, j’étais l’une des 40 personnalités indépendantes nommées dans l’équipe initiale avant son élargissement. J’ai accepté cette mission car je ne peux me soustraire à mon devoir envers mon pays et ma région», a-t-il expliqué. La politique dans sa vie Samir Rabhi est licencié en lettres françaises de l’Ecole normale supérieure de Sousse. Il a été affecté à Kasserine depuis la fin de ses études universitaires en 1986. Comme une bonne partie des étudiants à cette époque, Samir s’intéressait à la politique et militait dans les sphères des étudiants syndicalistes contestant le putch des Destouriens sur le syndicat estudiantin (UGET). Dans la vie active, il a rejoint les rangs de l’unique centrale syndicale (UGTT) où il est parvenu au Syndicat régional de l’enseignement secondaire de Kasserine. Samir a également dirigé pendant plus de cinq ans le ciné-club de la maison de culture et vient de mettre sur pied, il y a près d’une année, une section régionale d’Amnestey International. Pour lui, la politique n’a jamais été une vocation et ne le sera pas. «Je suis juste un citoyen libre qui refuse l’oppression et prône l’équité dans la répartition des richesses», s’est-il défini. «Je défends bien sûr les valeurs universelles de liberté, d’égalité et de démocratie», a-t-il ajouté. La révolution pour lui Comme tout Tunisien, Samir se dit fier que «cette révolution se soit produite en Tunisie et ait généré autant de réactions chez nos voisins d’Egypte, du Yémen, du Bahreïn ou de Libye». Il précise toutefois que «le tournant de la Révolution tunisienne s’est déroulé les 8, 9 et 10 janvier à Kasserine, Thala et Regueb quand les sbires de Ben Ali ont tiré à bout portant sur la foule et fait 38 martyrs». «Le régime déchu a voulu faire peur au peuple à travers ce carnage. Ce fut l’effet inverse et c’est le soulèvement général qui a causé la chute du régime», poursuit-il. Concernant les lendemains de la Révolution, Samir Rabhi est certes optimiste mais objectif: «Une région comme Kasserine n’a pas encore fêté la Révolution. Elle a été toujours oubliée par le passé. Elle a un taux de chômage de 28 %, soit le double du taux national de chômage. Elle a constitué la bombe à retardement dont le déclenchement a réellement ébranlé le régime déchu. La satisfaction de la population de cette région et des autres régions déshéritées ne pourrait se faire qu’en voyant des réalisations. Nous comprenons que ceci ne viendra pas du jour au lendemain. Mais nous attendons un geste fort du gouvernement provisoire à l’égard de toutes les zones démunies. Ce sera un tel geste que nous fêterons comme indicateur du début de réalisation de la révolution», explique-t-il.
Source: ”Le Quotidien” le 11-04-2011
Lien: http://www.lequotidien-tn.com/detailarticle.asp
Tunisian revolution yet to solve inequality
A leading Tunisian economist warns that the underlying economic equalities behind the revolt are being ignored.
It took Tunisians just one month to push their loathed president from power. In the weeks since they forced Zine El Abidine Ben Ali to flee the country, Tunisians have enjoyed a flurry of newly-found freedoms: freedom of expression, freedom to protest, and the freedom to form a political party. Yet little has been done so far to address the deep-seated economic and social issues that helped to drive the revolt in the first place, a leading Tunisian economists tells Al Jazeera. Months before the uprising, Hassine Dimassi, an economics professor at Sousse University and an advisor to the Tunisian General Labour Union (UGTT by its French acronym), warned Ben Ali’s government that anger over economic inequality in places such as Sidi Bouzid and Kasserine was reaching boiling point. But the former government chose to ignord Dimassi’s studies. As the economist predicted, the Tunisian Uprising began in these very regions, before spreading to the capital. Now, he says, politicians must do more to address economic inequalities if they are to avoid making exactly the same mistakes. What role did the unions play in the revolt that took place in December and January? I must be frank. For the first 15 days of the revolt, the UGTT did not play a major part. During the first 15 days, it was a completely spontaneous movement, carried out by the youth, and, in particular, those with higher education. But progressively, the revolt spread to other social groups. After the young people, the lawyers were the next group to play a major role, through the Tunisian Bar Association. Only then did the UGTT come on board – through its grassroots activists, not the national leadership. The UGTT was a decisive actor in the revolt, but only in the last hours of the regime – that is to say, on the 14th. It was the UGTT that really dealt the final blow [to Ben Ali’s rule]. Many international commentators have praised the economic model followed by Ben Ali’s government – Dominique Strauss-Kahn, managing-director of the International Monetary Fund (IMF), even called it a miracle. Yet it seems this model has not worked for the younger generation and the marginalised parts of the country. Effectively, we must ask ourselves why this model totally failed, despite the cascade of praise from so many international financial institutions. It wasn’t just the IMF. The World Bank, Davos, all of them gave us flying marks. These institutions describe Tunisia as if it was close to paradise. If this was true, why would young people in their 20s take to the sea on bits of wood. Others have gone so far as to set themselves on fire to leave this ‘paradise’. This is indicative of the complete failure of this type of development. In reality, in terms of wealth creation, we’ve made progress. That is undeniable. There is growth. When the World Bank speaks, what is it talking about? It means the rate of growth of the country’s wealth. But the problem is the way in which this wealth is distributed, between generations or regions. These international institutions never talk about distribution. There is no connecting the dots between different economic indicators. They evaluate the data uniquely from one perspective. The government has opened the doors of the local market to Chinese imports in an anarchic and way. They have flooded the marketplace with very poor quality goods. The consequence has been that they’ve completely destroyed traditional handcrafts, which was an important source of income to families, especially in rural areas. The final catastrophe that led the situation to explode involves higher education. Graduates have become a burden on their families, rather than an asset. Families ruined themselves to educate their children, yet the children graduated only to find themselves jobless. In my opinion, that is the straw that broke the camel’s back. We still have huge problems for the future.
In the studies that you have conducted on Sidi Bouzid and Kasserine for the workers’ union, what did you find? The situation is especially wretched in Kasserine, more so than in Sidi Bouzid. In Kasserine, the quality of life is much lower and an extremely high rate of unemployment. It is one of the most poverty-stricken regions in Tunisia. I found that something must be done, or else the situation would explode.
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And it did explode. Because the state did not want to listen or take action. The second thing is that these regions can never develop by themselves. There must be support from outside, there is too much poverty. What form can this support take? It could come as private investment, whether local or foreign. Unfortunately, this hasn’t born fruit over the last twenty years, in spite of significant tax incentives offer to private investors in these regions. To give an idea of the extent of the problem [of uneven development], over the past twenty years, for every ten jobs created in the industrial sector, nine of them were along the eastern coast while only one was created in the rest of the country. This is despite state incentives to businesses. When people leave the region of Kasserine, the most dynamic young people go overseas, to France, Italy et cetera. They make some money, but then their families move to the east. Any remittances are going to the richest parts of the country, not the inland regions. So migrants don’t tend to help develop these regions either. Finally, the state has taken a hands-off approach to the economy. Since the 1990s, the argument has been that the government should no longer invest in productive sectors such as industry or tourism. So the state has been absent.
The conclusion that must be taken to avoid making the same errors in the future is that the state must itself take action in these regions. Otherwise we could see a repeat of the current situation in ten years. In Kasserine, people told me that the problem is not just unemployment, but also the prevalence of exploitative outsourcing contracts. To what extent is this an issue? Yes this is a complete catastrophe. But that’s not just in Kasserine, it’s a problem nationwide. The impact is more pronounced in Kasserine, because unemployment is already so high. This type of temporary contract began in 1995-1996, when the labour code was reformed. Many businesses, and even public departments, including hospitals, high schools and universities, no longer hire staff directly for cleaning and other services. These contracts come with miserable salaries and no social security. There is also the phenomenon of fixed-term contracts (CDD by the French acronym), which is a little less serious.
There’s been a lot of discussion about the divide between the UGTT’s regional members and the national leadership. Are those people within the UGTT who are closely linked to Ben Ali’s regime likely to be ousted? There is most definitely a deepening rift, which began two or three years ago. The main split is between the executive leadership and the regional leadership. There are some regions where there is total rupture and others where it isn’t so severe. What is almost certain is there will be a radical change in the union’s leadership at the next national conference. Will the youth be better-represented in the union’s leadership? I don’t know, that depends on the balance of power. I hope so. There are some excellent activists in the lower ranks who are capable of taking on roles at the national-level leadership. They haven’t been able to rise up through the ranks because they have been side-lined. This is one of the reasons there has been growing disagreement between the executive leadership and the rank-and-file.
People I interviewed in Sidi Bouzid and Kasserine said that, when Ben Ali took power (in 1987), they hoped things would change, but these hopes were never realised. Do any of the opposition parties have economic plans that could lead to genuine change this time around? Not at all, unfortunately. The overwhelming majority of our parties, even now, have no social or economic programmes. There is a lot of political rhetoric, but that is the easy part. In terms of development models, there is almost nothing. The problem is that, with one or two exceptions, there is little difference between them. Most of them are progressive-democratic. But when you look at their programmes, which are limited so far, Our parties aren’t strategy-centred, they are centred on people. And that is one of the biggest dangers for Tunisia in the future. They have the same policies. Because the overwhelming majority have not done any analysis of the policies of the past twenty or thirty years. To come up with an alternative, they need to understand what has happened, in order to see what must be changed. Instead, they have been preoccupied with slogans about freedom and the like. That’s good and necessary, but it’s not sufficient. This interview has been translated from French and edited for length.
Source: “Aljazeera.net” le 11-04-2011
Lien: http://english.aljazeera.net/indepth/features/2011/03/2011331172249350413.html