Le site provisoire de KALIMA: http://kal.mediaturtle.com
Projet de récolte de dons en faveur des prisonniers politiques libérés
La FIDH, l’OMCT et le REMDH appellent l’Union européenne à prendre les mesures nécessaires pour faire cesser une situation de non-droit en Tunisie.
APPEL AU PRESIDENT DE LA TUNISIE MONSIEUR BEN ALI
Agression du journaliste M. Hamrouni et siège du journal Al-Mawqif
Danemark/caricatures: la Cour suprême examine le cas de deux Tunisiens
Tunisie: l’opposant Néjib Chebbi maintient sa candidature à la présidentielle
Conférence de Presse au siège du PDP
Texte introductif
Mesdames et messieurs,
A l’issue d’un long débat et à une majorité de 69%, le Comité Central du PDP, a réaffirmé, samedi 8 novembre, son droit souverain de désigner lui- même son candidat aux prochaines présidentielles. Il a, ainsi, maintenu ma candidature au nom du parti à cette échéance.
La crédibilité des candidatures ne peut être assurée, à notre avis, par des conditions qui ne sont à la portée que du seul parti au pouvoir, tel le parrainage par les élus, ou au moyen de lois taillées sur mesure en vue d’exclure des opposants et de permettre en fin de compte au Président-candidat de désigner lui-même ses propres concurrents.
L’exclusion de ma candidature aux prochaines présidentielles, en vertu du dernier amendement constitutionnel, et l’opportunité ouverte en contre partie à la Secrétaire Générale du PDP d’y prendre part en l’absence de toute réforme du système électoral, de toute ouverture du paysage médiatique et des espaces publics, se réduit en fait à une invitation à prendre place dans le décor électoral officiel et participer à la falsification de la volonté populaire.
Sans ces conditions, le maintien de ma candidature prend tout son sens et constitue l’un des critères de liberté et de sincérité des prochaines élections.
Confier le contrôle de l’opération électorale à une Commission Indépendante, libéraliser les médias, assurer la liberté de réunion et de propagande électorales, réviser le mode de scrutin dans un sens équitable qui garantisse le pluralisme dans les assemblées et ouvrir les portes du pays aux missions internationales d’observation, sont autant de conditions au déroulement d’élections libres dans notre pays.
Je n’aurai cesse de réclamer mon droit et celui de tous les Tunisiens de se porter candidat à toutes les charges électives, d’y participer librement et sur un pied d’égalité, c’est le premier de mes devoirs en tant que citoyen et démocrate. Je poursuivrai donc sans relâche mon action et mènerai une campagne de terrain pour expliquer le sens de ma décision, mobiliser le maximum de soutien et obliger le pouvoir à respecter les droits politiques du peuple tunisien.
Près d’une année nous sépare encore de l’échéance électorale d’octobre 2009 et nous offre l’occasion de déployer nos efforts au service de cette noble cause. Même s’ils devaient ne pas donner la plénitude de leurs fruits, ces efforts auraient assurément participé à la maturation du processus de transition démocratique dans notre pays.
Mesdames et messieurs,
En 2009, la Tunisie célèbrera le cinquantenaire de la Constitution. Le pouvoir souhaite en faire l’occasion d’une commémoration rituelle, j’appelle de ma part à nous en saisir pour procéder à une révision constitutionnelle fondamentale. La Constitution de 1959 est obsolète. C’est elle qui a organisé, cinquante ans durant, la confusion des pouvoirs au profit du Chef de l’Etat. Tous les amendements qu’elle a subis au cours du temps n’ont fait que renforcer cette confusion, les pouvoirs législatif et judiciaire sont maintenus dans un état de dépendance de marginalité ? Le gouvernement est confiné dans un rôle technocratique. En l’absence d’un système effectif de contrôle de la constitutionnalité des lois, les garanties constitutionnelles en matière de liberté sont anéanties par des lois liberticides.
J’appelle à la réunion d’une Convention Nationale Constitutionnelle en vue d’adopter une nouvelle Constitution en 2009.
Cette nouvelle Constitution doit garantir les principes fondamentaux suivants :
Assurer la séparation des pouvoirs par la limitation des pouvoirs du Président de la République et le nombre de ses mandats et prémunir ainsi le pays des présidences à vie.
Accroître les pouvoirs du gouvernement et instaurer sa responsabilité devant le Parlement, seul à même d’investir et de destituer le gouvernement.
Accroitre la représentativité et les prérogatives de l’Assemblée en matière de législation et garantir la pluralité en son sein par un mode de scrutin équitable.
Garantir la neutralité politique absolue de l’Administration et interdire toute confusion entre l’appareil de l’Etat et ceux des partis politiques.
Garantir l’indépendance de la magistrature et confier la nomination, l’avancement et le déplacement des magistrats à un conseil élu, totalement indépendant du pouvoir exécutif.
Garantir les libertés et droits fondamentaux de l’homme et du citoyen
Instituer une Cour Constitutionnelle qui veille au contrôle de la constitutionnalité des lois et dont la saisine est ouverte aux citoyens en matière de libertés fondamentales et droits de l’homme.
A la faveur d’une telle révision, les lois organisant la vie publique ( code électoral, code de la presse, loi sur les associations et les partis, loi sur les réunions et les rassemblements, loi sur le Conseil supérieur de l’audio-visuel, l’internet etc…) doivent être révisés dans un sens conforme aux principes constitutionnels ci-dessus énoncés et aux conventions internationales relatives en la matière.
Les élections de 2009 pourraient se tenir dans ce cadre constitutionnel et législatif rénové et assurer ainsi leur fonction de légitimation des pouvoirs publics.
Ce programme peut paraître maximal, il constitue en fait la condition préalable et la substance même de la transition démocratique dans tout pays qui la souhaite. Une transition qui tarde chez nous depuis 21 années au moins.
Depuis 21 années le pouvoir tourne le dos à ces impératifs nationaux et croit gagner du temps en leur substituant des mesures mineures et discutables, telles les deux mesures proclamées à l’occasion du 21e anniversaire du 7 novembre : réglementer la censure dans les médias au cours de la campagne électorale et allonger les délais d’arbitrage des contestations électorales par un Conseil Constitutionnel, totalement dépendant du chef de l’exécutif dans la nomination de ses membres, leurs émoluments et leur saisine !
Je fais, en tant que candidat démocrate de la réunion de cette Convention Nationale Constitutionnelle un point de mon programme et ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour en faire une revendication populaire et un jour, qui ne saurait être lointain, une réalité nouvelle dans notre vie nationale.
Je vous remercie pour votre attention et me mets à votre disposition pour apporter les éclaircissements que vous souhaiteriez.
Tunis le 10 novembre 2008
A. Nejib Chebbi, Candidat démocrate aux présidentielles de 2009
Tunisie: la dictature à sud de Lampedusa
Gabriele del Grande
Au moins 108 morts aux portes de l’Ue. Des victimes au Maroc (49), en Espagne (9), en Grèce (20), en Turquie (18) en Albanie (5), en Egypte (3), à Malte (2) et en France (2). Reportage depuis le bassin minier de Redeyef, en Tunisie TUNIS – Des syndicalistes arrêtés et torturés. Des manifestants abattus par la police. Des journalistes en prison. Et une vaste censure pour empêcher l’élargissement des protestations et sauvegarder l’image internationale d’un pays qui en 2007 a accueilli 6,7 millions de touristes. Nous parlons de la Tunisie. Un pays qui est aussi connue pour son émigration. Depuis de nombreuses années, des milliers de Tunisiens traversent la Méditerranée se dirigeant vers les îles italiennes de Lampedusa et Pantelleria. Au cours de la première moitié de 2008, quelques 1.287 tunisiens sont arrivés sur les côtes italiennes. Ils cherchent une vie meilleure. Mais qu’est-ce qu’ils laissent derrière eux? Pour mieux comprendre ce qu’est devenue la Tunisie, nous avons visité l’une de ses régions les plus chaudes. Il s’agit du bassin minier de Gafsa, 400 km au sud-ouest de Tunis. Ici a commencé – il y a dix mois – le plus important mouvement social du pays des 20 dernières années. Un mouvement spontané et populaire qui continue de lutter malgré la dure répression. La région des mines ressemble à un paysage lunaire. Mais, au-dessous des montagnes entre Moularès, Redeyef, Mdhilla et Metlaoui il y a un vrai trésor: 600 millions de tonnes de phosphate, propriété de la société publique Compagnie des phosphates de Gafsa (CPG). En 2008, le prix d’une tonne de phosphate a doublé en raison de la croissante demande d’engrais en Chine et en Inde. La Tunisie est le cinquième producteur au monde de ce minerai et peut compter sur des réserves pour les 100 prochaines années. Pourtant, la région de Gafsa est l’une des plus pauvres du Pays. La modernisation technique de l’exploitation minière a réduit de 55% le nombre d’employés, qui aujourd’hui sont 5.000. Et cela a provoqué une grave crise économique dans les villes de mineurs, construites par les colons français au début du vingtième siècle pour héberger la main d’oeuvre. Aujourd’hui, le chômage touche environ 40% des jeunes. Des jeunes qui souvent n’ont pas d’autre choix que de brûler les frontières, comme on dit en arabe. Harrag. Vers la Libye et puis Lampedusa. Ce sont eux, les jeunes, qui ont commencé la protestation il y a dix mois. C’était le 5 Janvier 2008, à Redeyef, une ville de 37.000 habitants. Le CPG avait publié les résultats d’un concours public pour le recrutement de 80 employés. Mais la liste a été jugée frauduleuse. Les jeunes chômeurs se sont rebellés et ont occupé le secrétariat du syndicat des mineurs (UGTT), considéré comme impliqué dans le scandale. Bientôt ils ont été rejoints par 11 veuves qui demandaient à la CPG de respecter les quotas alloués aux fils de décédés au travail. Les autres sections du syndicat ont rejoint les manifestants, pour ouvrir une négociation avec les autorités. Entre-temps, à Tunis, a été créé un comité national de soutien au peuple du bassin minier. Le 4 avril a eu lieu une journée de solidarité à Tunis, à laquelle ont participé des syndicalistes de Redeyef. Mais à leur retour, le matin du 7 avril, ils ont été arrêtés avec des dizaines de militants. Parmi eux, il y avait aussi Adnan Hajji, le secrétaire du syndicat des enseignants de Redeyef. Le même jour, les enseignants de la ville ont suspendu leurs classes et lancé une grève générale qui a duré trois jours. Le 9 avril une trentaine de femmes sont descendues dans la rue pour demander la remise en liberté de leurs maris. La ville les a suivies et des centaines de personnes ont marché jusqu’à la préfecture. Le lendemain, les syndicalistes ont été libérés. À leur retour dans la ville, une foule de 20.000 personnes les attendait dans la rue, prêt à acclamer leur nouveau leader, Adnan Hajji.
En même temps il y avait aussi eu des initiatives de solidarité en France, organisées par les migrants tunisiens, surtout à Nantes, où habite une importante communauté originaire de Redeyef. Dans le bassin les manifestations continuaient sans cesse. Le 6 Mai 2008, Hicham Ben Jeddou, meurt électrocuté à l’intérieur du générateur électrique de Tabeddit, où un groupe de jeunes chômeurs avaient coupé l’électricité pour bloquer les activités de la CPG. Mais à le tuer, selon des témoins sur place, cela aurait été la police qui avait décidé d’allumer le générateur même s’il tenait les câbles dans ses mains en menaçant de se suicider. Des renforts sont envoyés depuis Tunis. La police contrôle tous les accès à Redeyef. Des agents en civil surveillent les principaux acteurs de la protestation. Le 6 Juin la police ouvre le feu sur une manifestation. Un gars, Hafnaoui Maghzaoui, est tué par balle. Et 27 personnes sont blessées. L’un d’eux, Abdelkhaleq Aamidi, meurt après trois mois d’hôpital, le 14 Septembre. En quelques semaines, presque deux cent personnes sont arrêtées. Des syndicalistes comme des gens ordinaires. La nuit du 21 au 22 Juin, le leader de la protestation, Adnan Hajji, est arrêté à nouveau. Le mouvement est décapité. Mais aucune femme n’a été arrêtée. Et ce sont les femmes, les épouses des syndicalistes et des militants emprisonnés, qui reviennent manifester dans la rue, le 27 Juillet, exigeant la libération des prisonniers. Avec elles, il y a aussi Zakiya Dhifaoui. Née en 1966, elle est journaliste et enseignante. Elle est venue depuis Kairouan pour écrire un reportage dans le journal de l’opposition Muatinun. Son article ne sera jamais publié. Le même jour Dhifaoui est arrêtée. Son arrestation est un message pour tous les journalistes tunisiens: ne pas venir à Redeyef et ne pas écrire sur le sujet. C’est l’autre versant de la répression: la censure de toute information sensible. Dhifaoui a été condamnée à quatre mois et demi de prison. Mais elle n’est pas la seule journaliste poursuivie. En fait, c’est la liberté d’expression elle-même qui est attaquée. Les sites internet Dailymotion et Youtube, où ont été mises en ligne les vidéos des manifestations de Redeyef et des violences policières, sont bloqués depuis novembre 2007. Massoud Romdhani, porte-parole du mouvement national de soutien, est agressé par des agents en civil à Tunis. Amor Gondher, journaliste du journal d’opposition Tareq El Jedid, est tabassé par deux policiers le soir du 26 Juin à Nefta. Boulqaddous Fahim, journaliste de la télévision El Hiwar – qui a publié la vidéo de Redeyef sur la chaîne satellitaire italienne Arcoiris – a disparu depuis le 5 Juillet, pour échapper à son mandat d’arrêt. Le réalisateur des vidéos, Mahmoud Raddadi, avait été arrêté le 21 Juin. Raddadi et Boulqaddous seront bientôt jugés avec 38 autres manifestants, dont 14 syndicalistes. Ils sont accusés d’avoir formé une bande de malfaiteurs. Le procès débutera fin Novembre, au Tribunal de Gafsa. Il s’agit sans doute d’un des plus grands procès politiques sous la présidence de Ben Ali. Une présidence qui dure sans interruption depuis 1987. En Novembre 2009, il y aura les élections présidentielles. Mais les morts de Redeyef ne seront pas suffisants pour toucher le pouvoir clientéliste du Parti constitutionnel démocratique (RDC). Ni pour relancer l’opposition après des années de répression de la liberté d’expression. Les avocats de la défense le savent bien, le jugement est déjà écrit. Mais dans l’histoire il y a un cumul… dit l’un d’eux. En fait, le poète tunisien Abu al Qasim Chebbi, l’écrivait il y a un siècle: « Lorsqu’un jour le peuple veut vivre, force est pour le destin, de répondre, force est pour les ténèbres de se dissiper, force est pour les chaînes de se briser». PLUS D’INFOS
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Révolte du « peuple des mines » en Tunisie, Le Monde Diplomatique
NOTES
Economie Le taux de croissance pour l’exercice 2007 a atteint 6,3%. Le revenu annuel par habitant est de 2.400 euro, 4,8% plus qu’en 2007. L’inflation iest au 5,4%. Le chômage est du 14,2%, mais à Redeyef arrive au 40% |
Phosphate En 2007 la Cpg a produit 8 millions de tonnes de phosphate. Le mines furent découvertes par les colons français en 1897. Le prix d’une tonne est passé en 2008 des 40 à 130 dollars |
Tourisme Le tourisme en 2007 a produit une richesse de 1,6 milliard d’euro avec 6,7 millions de présences. Les revenues sont augmentées du 9% dans les 9 premiers mois du 2008 |
Emigration Plus de 100,000 Tunisiens habite en Italie. Durant la première moitié du 2008, 1,287 Tunisiens ont débarqué en Sicile. Entre les 40 victimes du naufrage du 19 mars 2008 il y avait des Tunisiens de Metlaoui |
(Source : le blog « Forteresse Europe », le 10 novembre 2008)
Lien :http://fortresseurope.blogspot.com/2006/01/tunisie-la-dictature-sud-de-lampedusa.html
Le Bloc-Notes de Sami Ben Abdallah:
Ahmed Manai, les prisonniers d’Ennahdha, Om Zied et Rached Ghannouchi
Ahmed Manai est rentré à Paris.
Ahmed manai est finalement rentré à Paris. Opposant, très actif entre 1990 et 2000,Ahmed Manai a renoncé il y a quelques mois à son statut de réfugié politique et a pu récupéré son passeport. Son séjour à Tunis se serait passé «dans de bonnes conditions ». Après 17 ans d’exil et un parcours politique atypique d’un homme qui était (ou considéré comme) proche d’Ennahdha tout en se déclarant « pas islamiste » il semble qu’il a pris sa retraite.
Aux lendemains de son retour en Tunisie, certains Nahdaouis qui lui ne lui ont pas pardonné ses déclarations « anti-Rached Ghannouchi » avaient laissé entendre qu’il ne pourra plus retrouver Paris, et qu’à Tunis, il serait emprisonné ou torturé voir même assassiné.
Jusque-là, le retour d’Ahmed Manai apporte un démenti à ces spéculations cauchemardesques.
Il n y a pas qu’Ahmed Manai, Chokri Hamrouni, le n° : 1 et demi du CPR (Congrés pour la République, non reconnu, présidé par Moncef Marzouki) a pu rentrer aussi sans problèmes. Morsel Kbissi (fondateur du journal en ligne Al-wassat, ancien d’Ennahdha) a annoncé sur son site que son séjour à Tunis s’est passé dans de bonnes conditions. Des dizaines d’autres exilés ont pu rentré dans une indifférence générale des partis de l’opposition .
A propos du retour des exilés, la seule chose claire, c’est un mot d’ordre du palais de Carthage pour permettre au plus grand nombre de rentrer. Mais les modalités du retour demeurent non précisées. Pourquoi le président ne mette pas fin à ces spéculations en demandant l’application de la loi à propos de ce dossier ? La question demeure posée.
Abandonner les poursuites contre Om Zied (Neziha Rejiba)
Om Zied (Neziha Rejiba) a commis un texte sur la censure et le piratage de Kalima, son mari (avocat et ancien député de l’UDU, Union Démocratique Unioniste, reconnu par le pouvoir) continue à croupir en prison en dépit de la détérioration de son état de santé. Pourquoi ? En vertu de quelles lois ? Ce genre d’affaire avance-t-il les choses dans notre pays ?
Om Zied n’est pas la sainte Marie et ce qu’elle écrit n’est pas du Coran. Si Om Zied ne cumulait pas autant de statuts qui prêtaient à confusion ( secrétaire générale du CPR, présidé par Moncef Marzouki, co-Rédactrice en chef de Kalima de Sihem Bensedrine et membre du CNLT présidé par la même Sihem Bensedrine ) personne ne trouverait rien à dire au sujet de ses écrits furent-ils violents ou maladroits. Mais compte tenu de l’état de choses actuel, il y a un conflit d’intérêt évident et Om zied gagnerait en clarté si elle se décidait : ou le journalisme ou la politique.
Il n’empêche, le pouvoir gagnerait aussi en légitimité si les poursuites engagées contre Om Zied soient abandonnées et que son mari soit libéré.
Il faut oser trouver des solutions pour Internet. Car qu’on le veuille ou pas, il y a des sites tunisiens impolis, il y a des choses publiées sur le web qui n’ont rien à voir avec la liberté d’expression. Mais la censure comme la politique sécuritaire ne peuvent jamais être la solution. Et quel alinéa du chapitre du «processus démocratique » autorise-t-il l’interception et la lecture des mails (tout comme l’interception et la lecture du courrier ordinaire ?).
Il n’est pas normal que notre pays passe à coté de cette opportunité qu’est le E-commerce, qui est la seule solution pour que notre pays puisse créer des emplois, il n’est pas normal que le débit d’Internet soit de 1 méga en Tunisie quand les européens sont insatisfaits d’un débit à hauteur de 20 mégas et développent désormais la fibre optique à 100 mégas, il n’est pas normal que le web tunisien soit verrouillé car il y a des sites dissidents et le pouvoir n’en veut pas d’eux. Autant de gâchis dans notre pays. Trouvons des solutions ensemble.
Om Zied est une femme qui mérite du respect. Dans ses écrits, les formulations excessives n’en manquent pas, mais chacun est libre d’écrire ce qu’il veut. Pourquoi en faire une affaire d’Etat à chaque fois ?
Aujourd’hui qu’elle coure le risque d’être condamnée, que son mari est emprisonné, il ne sert à rien de discourir : il faut la soutenir et espérer/exiger/demander (au choix) que le pouvoir abandonne les poursuites et libère son mari.
Quant à ceux qui ont tout fait pour « instrumentaliser » l’affaire d’Om Zied… ceux qui voudraient qu’Om Zied soit emprisonnée car cela leur fera un nouveau fond de commerce ( après feu Zouhair Yahyaoui, qui s’en rappelle encore ? ou Slim Boukdhir, ou Mohamed Abbou ou les internautes de Zarzis). Continuez à instrumentaliser la détresse d’Om Zied et bonne chance.
La libération des 21 dirigeants d’ennahdha
Le pouvoir a fini par libérer le reste des partisans d’Ennahdha condamnés au début des années 90 (certes, demeurent en prison les auteurs de l’attentat terroriste de Beb Souika). A propos ces détenus libérés, deux thèses continuent à diviser la classe politique tunisienne sur le pourquoi de leur condamnation:
La première évoque une vraie tentative de renversement du régime survenue en mai 1992. Les auteurs de cette tentative seraient le noyau dur du groupe sécuritaire (1) qui projetait de renverser le pouvoir le 8 novembre 1987 avant d’être court-circuité par la destitution de Bourguiba par M. Ben Ali. Le président a évoqué cette thèse dans une interview au journal français «Le Monde»,1er juillet 1991 :
Question : Un complot islamiste a été découvert en Tunisie en mai dernier. Quelle fut l’ampleur exacte de l’infiltration dans l’armée, la Garde nationale et la police ?
Réponse : N’étant pas un mouvement démocratique, le mouvement islamiste dit « Ennahdha » tente de prendre le pouvoir par tous les moyens. C’est pourquoi les tentatives d’infiltration des institutions de l’Etat relèvent, pour lui, de la méthode. Notre armée est un corps sain, imbu des principes républicains. Les tentatives pour l’infiltrer sont restées circonscrites à des éléments fanatisés issus de deux promotions d’officiers qui avaient eu, comme professeur, un dirigeant intégriste.
Il s’agit de l’individu Sadok Chourou, qui avait succédé à Rached Ghannouchi au printemps de 1989, lorsque ce dernier choisit l’exil volontaire. Cet individu enseignait à temps partiel à l’Académie militaire de fondouk Jedid. Ces jeunes officiers y étaient arrivés déjà endoctrinés. Sur la centaine de militaires interrogés à la suite de ce complot, trente quatre jeunes officiers restent impliqués.
Question : Certains ont vu dans ce complot un «montage» pour justifier la répression contre les terroristes ?
Réponse : Il y a bel et bien eu complot. Il n’y a ni montage, ni amalgame. La justice est saisie de l’affaire. Elle dira son mot en toute sérénité et en toute indépendance. De ce complot, nous avons encore la preuve tous les jours. Ces dernières semaines, nous avons découvert de nouveaux entrepôts de cocktails molotov, de bouteilles de vitriol, et pas plus tard que lundi dernier, une station émettrice de deux cents watts dans les environs de Tunis. Elle venait d’être installée et n’avait pas encore d’antenne. Ses utilisateurs se proposaient sans doute de brouiller les émissions de la Radio-TV en français et en arabe, mais aussi de diffuser leurs propres messages.
Dans les faits, dans cette hypothèse, il est question d’un missile Stinger qui aurait été ou aurait pu être récupéré d’Afghanistan et aurait été ou aurait pu être acheminé via les frontières pour abattre l’avion du président.
La seconde thèse –comme l’évoque d’ailleurs la question du journal Le Monde- parle d’un «montage pour justifier la répression contre les terroristes ». Là, les choses se compliquent car les sources sont contradictoires : Certains soutiennent que le pouvoir «aurait » tout inventé pour justifier la répression qui s’en est suivie. D’autres soutiennent qu’il s’agit d’une «fabrication » de «certains services de sécurité » tunisiens qui ont fait dans l’exagération pour avoir le dessus sur les politiques du RCD (d’ailleurs depuis cette date, ce sont les responsables de sécurité qui ont le dessus sur les politiques du RCD).
Enfin, une version timide commence à apparaître au sein d’anciens partisans d’Ennahdha qui ont pris leurs distances avec le parti : « il y a eu une discussion sur un possible acheminement d’un missile Stinger, qui serait posé plus tard sur un toit d’une maison à Zarzis, mais il s’agissait d’une discussion entre 2 personnes. Le reste, c’est de la fabrication de «certains responsables de services de sécurités». Ils voulaient que le président leur soit redevable de lui avoir sauvé la vie et ils ont tout inventé ». Plus tard l’assassinat du président algérien Mohamed Boudief par son garde du corps (le 29 juin 1992) aurait donné des idées aux uns et aux autres.
Il appartient aux journalistes et aux historiens de dire le vrai du faux de ces hypothèses réelles ou imaginaires. Mais ce qui est intéressant, c’est qu’avec la libération des derniers prisonniers d’Ennahdha, une page de l’histoire de la Tunisie est tournée. Ce qui est choquant, c’est ce cycle politique qui se répète : en 1957 et 1962, des Youssefistes ont été condamnés à des années de prison, en 1967, les membres de l’extrême gauche tunisienne ont été condamnés à des peines de plus de dix ans de prison. En 1991, c’était e tour des islamistes.
Au-delà ce cycle, il faut aujourd’hui continuer dans cette voie : amnistier les auteurs de troubles sociaux de Redeyef, revoir le contenu de la loi anti-terroriste en vertu de laquelle des jeunes tunisiens sont envoyés en prison, et réfléchir à des solutions politiques. La décennie 1990-2000 a montré les limites des solutions sécuritaires. Elle a montré aussi que la police ne peut pas se substituer au RCD dans le rôle politique qu’il doit remplir. Ce n’est pas à la police de faire la «politique », c’est aux politiques de recouvrer leur mission.
Tourner la page ? Mais le discours démagogique des partisans d’Ennahdha cessera-t-il pour autant ? Faut-il souligner que le mythe de la force politique d’Ennahdha est alimenté par la répression, ensuite par le discours politique d’une partie de la gauche tunisienne qui est franchement « islamophobe » et n’a rien à voir avec la gauche laïque qu’elle prétend être. Enfin, par l’étouffement des libertés : s’il y avait encore plus de liberté et de démocratie en Tunisie, Ennahdha serait réduit à sa juste valeur : un petit parti qui ne dépasserait pas les 10% des suffrages exactement comme les partis d’extrême droite en Europe.
Oui, car il est fort probable que ceux qui ont voté pour Ennahdha, l’ont fait pour «sanctionner » le PSD (rebaptisé RCD). C’était le cas en Algérie avec le vote sanction du FLN, ou en Palestine avec le vote pour Hamas pour sanctionner le Fatah. La corruption, l’injustice, l’exclusion sociale et l’absence de liberté engendrement mécaniquement le vote sanction et le désespoir. C’est pourquoi, il faut cesser de diaboliser une grande partie des Tunisiens qui seraient devenus «sympathisants islamistes » car ils ont désespéré de la République et de l’Etat de droit.
Sanctionner la corruption du parti au pouvoir, rejeter la gauche islamophobe, désespérer de la République et de l’Etat du Droit… et puis, il faut aussi dire les vérités qui fâchent : ils se sont fait avoir par cette démagogie des partisans d’Ennahdha qui font dans l’émotionnel : à les en croire, ils étaient pleins d’angélisme, de pacifisme quand soudainement le pouvoir ou la gauche leur ont tendu un piège.
Pacifisme, angélisme, et quoi encore ? Peuple élu peut être et Rached Ghannouchi s’appellerait aussi Ghandi ?
M.Rached Ghannouchi va-t-il rentrer en Tunisie?
A propos des prisonniers liberés, les milieux d’Ennahdha les classifiaient ainsi : soldat, condamné à 1 an, 3 ans, sergent , 5ans, capitaine, plus de 10 ans, général, et à perpétuité « maréchal ». Le pouvoir « aurait » donc libéré « les têtes brûlées » d’Ennahdha. Une des figures emblématiques de ces prisonniers libérés est incontestablement, celle de Sadok Chourou. Selon M.Ben Ali (extrait de Le Monde, voir ci-dessus) : « Il s’agit de l’individu Sadok Chourou, qui avait succédé à Rached Ghannouchi au printemps de 1989, lorsque ce dernier choisit l’exil volontaire. Cet individu enseignait à temps partiel à l’Académie militaire de fondouk Jedid. Ces jeunes officiers y étaient arrivés déjà endoctrinés. Sur la centaine de militaires interrogés à la suite de ce complot, trente quatre jeunes officiers restent impliqués ».
La libération de ces prisonniers a surpris même dans les rangs d’Ennahdha qui ne s’attendaient pas à ce que le pouvoir libère Sadok Chourou. Les uns ont pensé que cette libération conditionnelle interviendrait en novembre 2009 (aux lendemains des présidentielles), les autres ont pensé que ces prisonniers ne sont pas «libérables », et les plus sceptiques ont pensé à 2014.
Toutes les hypothèses sur le pourquoi du comment sont légitimes : le pouvoir voulait-il préserver l’avenir avec la nouvelle administration américaine et le président Obama ? ou voulait-il priver les uns et les autres de ce fond de commerce qu’est devenu « les prisonniers d’Ennahdha » ? ou compliquer la donne à Rached Ghannouchi (en libérant Sadok Chourou) ? Ou compliquer la donne aux candidats aux présidentielles tels Nejib Chebbi dont le soutien politique d’Ennahdha à sa candidature pourrait être remis en question ? il est significatif à ce sujet de voir Nejib Chebbi préciser dans chacune de ses interviews qu’il a rompu avec le pouvoir car il a défendu les islamistes.
Dans tous les cas, la libération des prisonniers est un fait établi. Curiosité : les dissidents tunisiens ont l’habitude de remercier tous les politiques étrangers qui interviennent pour solutionner des cas tunisiens. Mais personne n’a osé prendre son courage à deux mains, pour dire que la décision de libération est une décision courageuse et que le président, pour cette décision précise, mérite des remerciements. Certes, elle demeure insuffisante et il faut continuer dans cette voie.
Mais cette curiosité des dissidents s’alimente d’une curiosité du pouvoir. Celui-ci a pris cette mauvaise habitude de répondre aux sollicitations des étrangers afin de débloquer des cas tunisiens mais rarement il a répondu positivement à des sollicitations de Tunisiens.
En somme, la donne politique se complique pour Rahed Ghannouchi et sa direction de l’étranger. Est-il besoin de rappeler les vieux conflits entre Rached Ghannouchi et Abdelfattah Mourou ? Ce dernier avait soutenu que les statuts du parti étaient clairs et nets : le président d’Ennahdha doit résider en Tunisie. Ne trouvant pas de solutions à ce point, Ennahdha signe ses communiqués de Londres en les paraphants de « Ennahdha à Tunis ».
Qui est le président d’Ennahdha ? Quelle légitimité de la direction de l’étranger ? Ces questions paraissent insolubles.
Par conséquent, Rached Ghannouchi pourrait rentrer bientôt en Tunisie. Son exil volontaire à Londres n’a plus de sens politique aujourd’hui (certes d’un point de vue juridique, Rached Ghannouchi est condamné à perpétuité à Tunis ).Mais politiquement, le choix qui s’offre à lui est difficile : s’il rentre en Tunisie, sa marge de manœuvre serait des plus réduites mais il gagnera en légitimité. S’il reste à l’étranger, son leadership qu’il a exercé sur le parti va en s’essoufflant.
Un des points compliqués à résoudre outre le coté politique, est certainement le coté financier : Rached Ghannouchi serait un « salarié » d’Ennahdha, et grâce çà ses contacts avec des donateurs des pays du golf, le parti islamiste serait des plus riches (comparativement aux autres partis. Il demeure cependant moins riche que le RCD). Des proches de Rached Ghannouchi se seraient embourgeoisés en lançant des projets commerciaux à Paris ou à Londres ( boulangeries, pizzeria, boucheries halal, spéculation immobilière). Le parti aurait même fait des placements (achat et ventes d’actions dans une capitale européenne considérée comme un paradis fiscale ou presque).
De la spéculation boursière ? allez savoir s’il y a une spéculation halal ou une spéculation haram.
Que fera Rached Ghannouchi ? Rentrera –t-il en Tunisie ? La question demeure posée.
Des opération secrètes américaines ont été menées pendant quatre ans (presse)
Nadia Yassine, une islamiste qui dialogue et dérange