10 novembre 2008

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TUNISNEWS

8 ème année, N° 3093 du 10.11.2008

 archives : www.tunisnews.net  

 


La FIDH, l’OMCT et le REMDH appellent l’Union européenne à prendre les mesures nécessaires pour faire cesser une situation de non-droit en Tunisie
Rachida Fareh : Appel au president de la Repulique  Abdelwahab Hani: Agression du journaliste M. Hamrouni et siège du journal Al-Mawqif AFP: Danemark/caricatures: la Cour suprême examine le cas de deux Tunisiens AP: Tunisie: l’opposant Néjib Chebbi maintient sa candidature à la présidentielle Conférence de Presse au siège du PDP – Texte introductif du Candidat démocrate aux présidentielles de 2009 A. Nejib Chebbi Gabriele del Grande: Tunisie: la dictature à sud de Lampedusa Sami Ben Abdallah: Ahmed Manai, les prisonniers d’Ennahdha, Om Zied et Rached Ghannouchi AFP: Des opération secrètes américaines ont été menées pendant quatre ans (presse) Rue89: Nadia Yassine, une islamiste qui dialogue et dérange


Le site provisoire de KALIMA: http://kal.mediaturtle.com


Projet de récolte de dons en faveur des prisonniers politiques libérés

 
Après la libération des prisonniers politiques le 5 novembre 2008, Vérité-Action lance une campagne de récolte de dons en leurs faveurs, pour effectuer des contrôles médicaux. But de la campagne Récolte de dons pour la prise en charge médicale des prisonniers politiques en Tunisie. Echéances Du 6 novembre au 31 décembre 2008 Mention et coordonnées bancaires Un compte spécial est ouvert en faveur des prisonniers politiques N° de Compte CCP: 92-430942-6 Vérité-Action 1701 Fribourg IBAN (Saisie électronique): CH4509000000924309426 IBAN (Impression sur papier): CH45 0900 0000 9243 0942 6 BIC: POFICHBEXXX Adresse: Swiss Post – PostFinance Nordring 8 3030 Bern Switzerland Service des finances
Vérité-Action Mehdi Ben Hamida Tél. +41 78 715 96 35 Email: admin@verite-action.org

La FIDH, l’OMCT et le REMDH appellent l’Union européenne à prendre les mesures nécessaires pour faire cesser une situation de non-droit en Tunisie.

 
Madame la Ministre, Monsieur le Ministre, Monsieur le Haut Représentant, Madame la Commissaire, A la veille du septième Conseil d’association UE-Tunisie, la FIDH, le REMDH et l’OMCT expriment leur profonde inquiétude quant à la faiblesse et l’incohérence des prises de positions des institutions et Etats membres européens sur la situation des droits de l’Homme en Tunisie, à l’aune des enjeux de mobilisation requis. Alors que la Tunisie s’enlise dans un climat de répression à grande échelle et de déni des libertés et droits fondamentaux l’absence de message fort à l’attention des autorités tunisiennes mine la crédibilité de la politique extérieure de l’Union européenne. Le langage utilisé par la présidence française de l’UE dans un communiqué récent faisant état de « la coopération très forte et très confiante entre l’Union et la Tunisie » quelques mois après que le Président de la République française ait déclaré « Aujourd’hui, l’état des libertés progresse en Tunisie » est non seulement en contradiction avec l’évaluation de l’ensemble des organisations de défense de droits de l’Homme et des experts onusiens indépendants mais aussi incohérent au regard des positions prises par la Commission et le Conseil en début d’année et au printemps 2008. Dans le rapport annuel de l’Union Européenne sur les droits de l’Homme – 2007, la présidence de l’UE, la Commission européenne et le Secrétariat général du Conseil estimaient en effet qu’ « aucun progrès notable n’a été accompli » en 2007 en ce qui concerne la mise en oeuvre des recommandations relatives aux droits de l’Homme exprimées dans la déclaration du 4ème Conseil d’Association UE-Tunisie tenu il y a plus de 3 ans [1]. En avril 2008, la Commission européenne exprimait, en termes pourtant très mesurés, le même constat dans son rapport de suivi sur la Tunisie en estimant qu’en matière de démocratie et de droits de l’Homme « l’essentiel reste à faire » et que « malgré les garanties prévues par la Constitution, on ne peut observer d’avancées en termes de diminution du décalage entre la législation en vigueur et son application pratique » [2]. Si des « engagements » ont été pris par les autorités tunisiennes devant le Comité des droits de l’Homme des Nations unies en mars 2008, repris ensuite devant le Conseil des droits de l’Homme à l’occasion de la revue périodique universelle, ils restent particulièrement faibles, et nettement en deça des obligations de la Tunisie au regard des instruments qu’elle a ratifiés. Le Comité des droits de l’Homme, dans ses conclusions à la suite de l’examen de la Tunisie a ainsi pu prendre la mesure de ces déclarations et déplorer le manque de progrès. De plus, ces « engagements » ne se sont traduits en aucun changement notable sur le terrain, où les foyers de répression se multiplient. Dans ce contexte, nos organisations appellent solennellement la Présidence française de l’UE et l’ensemble des institutions européennes à restaurer la primauté des droits de l’Homme dans le cadre de leur relation avec la Tunisie et à rendre un minimum de crédibilité à la politique qu’elle mène en matière de droits de l’Homme en : exprimant clairement et publiquement leur extrême préoccupation quant à la détérioration de la situation des droits de l’Homme ces dernières années en Tunisie, notamment lors du prochain Conseil d’association UE-Tunisie ; exhortant les autorités tunisiennes à mettre en oeuvre les engagements pris conjointement , dans le cadre du Plan d’Action UE-Tunisie de la Politique Européenne de Voisinage ; respectant leurs obligations propres et internationales, ainsi que les principes fondateurs de la Politique Européenne de Voisinage, exigeant que le degré d’approfondissement des relations de l’UE avec ses pays partenaires ait pour objectif, et condition, de promouvoir et de respecter les droits de l’Homme et les principes démocratiques ; définissant un calendrier précis de progrès et réformes devant être engagés à court terme par la Tunisie et des indicateurs précis permettant une évaluation objective et régulière de la situation, dans le cadre du Sous-comité « Droits de l’Homme » UE-Tunisie ; consultant régulièrement les ONG de défense des droits de l’Homme sur leur évaluation de la situation des Droits de l’Homme en Tunisie. Point actualisé sur la situation des droits de l’Homme en Tunisie Premier signataire parmi les pays de la rive sud de la Méditerranée, d’un accord d’association avec l’Union européenne au titre duquel la Tunisie s’est engagée à oeuvrer à la réalisation effective des objectifs en matière de droits de l’Homme, la Tunisie n’a pas enregistré en dix années de partenariat, de progrès notables dans ce domaine. Au contraire, au cours de ces douze derniers mois, à l’exception de la ratification du protocole facultatif à la CEDAW et d’une invitation au Rapporteur spécial sur la promotion et la protection des droits de l’Homme dans la lutte contre le terrorisme dont la date n’a toujours pas été fixée, un recul sensible du respect de ces droits et libertés et un renforcement de la politique répressive menée par le pouvoir tunisien ont été constaté. Le bassin minier de Redeyef (Sud ouest de la Tunisie) a été le théâtre ces derniers mois, d’une répression sévère d’un large mouvement de protestation sociale qui s’y est développé à partir du mois de janvier 2008. Les procès à l’encontre de manifestants et de ceux qui leur ont témoigné leur soutien, se comptent par dizaines, avec des peines de prison de plusieurs mois voire années. En date des 5 et 6 novembre, 23 personnes ont été condamnées à des peines de 5 ans et 6 ans et 7 mois de prison accusés respecivement d’avoir brûlé un bus et un bureau du parti au pouvoir lors de manifestations. La majorité des poursuites et des condamnations qui très souvent s’ensuivent, visent uniquement à sanctionner l’exercice du droit à la liberté de réunion pacifique de ces citoyens. Parallèlement à la tenue des procès qui se succèdent depuis des semaines, des arrestations continuent d’avoir lieu et des barrages policiers restent en place pour contrôler l’accès à la ville de Gafsa. A l’occasion des différentes missions d’observations judiciaires qu’elles ont mandatées pour assister à des procès intentés à l’encontre de manifestants de la région de Redeyef, nos organisations ont constaté plusieurs violations entachant le droit à un procès équitable et notamment, le non-respect du principe de publicité des débats et l’absence de prise en compte dans le délibéré de la Cour des allégations de mauvais traitement formulées par les prévenus. Ces constats ne font que confirmer la poursuite de pratiques dont sont coutumières les autorités tunisiennes depuis de nombreuses années. Le recours aux mauvais traitements voire à la torture, en particulier lors des arrestations et pendant les détentions continuent ainsi d’être régulièrement dénoncé par les victimes, leurs avocats ou encore les organisations de défense des droits de l’Homme. Pas moins de trois rapports sur les pratiques de torture en Tunisie ont été publiés par des organisations de défense des droits de l’Homme au cours des deux dernières années. Parmi les victimes, l’on dénombre majoritairement des personnes accusées de lien avec le terrorisme, mais également de nombreux prisonniers d’opinion et politiques. Plusieurs témoignages concordants font état lors d’une audience qui s’est tenue à la chambre criminelle de la cour d’appel de Tunis, de coups violents portés par un policier sur un prévenu et ce, en présence du juge qui siégeait pour cette affaire. Il a fallu l’insistance des avocats présents pour que ce dernier accepte finalement d’enregistrer la plainte de l’accusé. Les appels réitérés de nos organisations à l’UE à mettre en oeuvre les mesures définies dans ses Lignes Directrices contre la torture en exhortant notamment les autorités tunisiennes à instaurer des mesures efficaces de prévention contre l’usage de la torture, à assurer une enquête immédiate, indépendante, impartiale et effective pour toute allégation de torture et à poursuivre en justice, le cas échéant, les auteurs de tels actes, ne semblent pas avoir été suivies d’effet. Bien que la Tunisie ait ratifié la Convention de Genève relative au statut de réfugié de 1951. elle ne dispose d’aucun régime national effectif de reconnaissance du statut de réfugié. Par ailleurs la législation tunisienne sur l’entrée, la sortie et le séjour (loi 2004-06) prévoit jusqu’à 6 mois de prison. Les demandeurs d’asile peuvent également tomber dans les champs d’application de cette loi. Ces sanctions s’appliquant également à la sortie irrégulière du territoire, elles constituent une atteinte à la liberté de quitter son pays. La mise en place de mesures punitives d’enfermement des migrants et demandeurs d’asile pour entrée ou séjour irréguliers est également préoccupante en ce qu’elle peut mener à des violations des droits de l’Homme des migrants [3]. La non-garantie du droit à un procès équitable et la non-indépendance de la justice demeurent la norme en Tunisie. La multiplication des procédures judiciaires à l’encontre des défenseurs des droits humains reste une illustration emblématique de l’instrumentalisation du judiciaire par l’exécutif afin de faire taire toute voix dissidente. Dans ce contexte, nos organisations ne peuvent que réitérer leur étonnement quant aux conditions de mise en oeuvre de l’accord entre l’Union européenne et la Tunisie sur un programme de renforcement de l’institution judiciaire. Nous ne pouvons que dénoncer les concessions ainsi consenties alors qu’au cours des dernières années, aucun changement substantiel de la situation du système judiciaire n’a été enregistré, la situation s’étant même dégradée. Enfin c’est avec consternation que nos organisations constatent cette année encore, une très sensible détérioration de la situation des défenseurs des droits de l’homme et de l’exercice des libertés fondamentales et en particulier, les libertés d’expression, d’association et de rassemblement pacifique. Blocages des locaux des associations, multiplication des intimidations de la police, empêchement des manifestations et des rassemblements y compris dans des espaces privés sont le quotidien des militants des droits de l’Homme tunisiens. Des organisations internationales se sont vues à nouveau empêchées d’accéder au territoire tunisien. La presse et les journalistes indépendants sont également la cible de mesures répressives, et le droit à la liberté d’expression est quasi systématiquement bafoué sur le territoire tunisien. Internet est sous haute surveillance, les autorités contrôlent la messagerie et bloquent les sites Internet à contenu critique. Plusieurs personnalités et rédactions ont été particulièrement ciblées par les autorités ces derniers mois. La détérioration emblématique de la situation des libertés et des droits fondamentaux en Tunisie va de pair avec un désengagement sensible de l’Union européenne de son rôle de garant du respect par son partenaire de ses engagements en faveur de la démocratie et des droits de l’Homme. Nos organisations appellent donc l’UE à prendre les mesures qui s’imposent afin que la Tunisie respecte les engagements qui sont les siens dans le cadre du partenariat qui les lie. Confiants de l’attention que vous porterez à ce courrier, nous vous prions d’agréer, Madame, Monsieur, l’expression de notre haute considération. Kamel Jendoubi, président du REMDH Eric Sottas, secrétaire général de l’OMCT Souhayr Belhassen, présidente de la FIDH Notes [1] Conseil d’Association UE-Tunisie de janvier 2005. [2] Dans son « progress report » sur la Tunisie publié en avril 2008, la Commission européenne rappelle que les conclusions du quatrième Conseil d’association UE-Tunisie demandent une augmentation des efforts visant à assurer le respect des droits de l’Homme et en particulier la liberté d’expression et la liberté d’association. [3] De telles pratiques ont notamment été critiquées par le Rapporteur spécial des Nations unies sur les droits de l’Homme des migrants.  
(Source : Le blog « Tunisiawatch » de Mokhtar Yahyoui, le 10 novembre 2008)


APPEL AU PRESIDENT DE LA TUNISIE MONSIEUR BEN ALI

 

Monsieur le président de la république Tunienne Zine El Abidine Ben Ali Je suis Rachida Fareh demeurant à Utique Nouvelle 7063 ,l’épouse de Hammami Belgacem résident en Suisse légalement ,le 19-02-2006 j’ai déposé une demande de passeport au poste de la garde nationale de Aousdja,une localité de Bizerte , pour pouvoir regagner la Suisse et malgré mes multiples lettres au ministres de l’interieur,de la justice ,au médiateur administratif…je n’ai reçu aucune réponse Monsieur le président ,je suis une mère de famille et trois de mes filles sont avec leur père en Suisse ,trois garçons sont avec moi en Tunisie ,ma famille comme vous le voyez est divisée en deux à cause de mon passeport .je prie votre exellence de m’accorder ce passeport qui rassemble mes enfants et unit ma famille  Recevez,Monsieur le président, mes respects les meilleurs  Rachida Fareh  Utique Nouvelle /Bizerte/ Tunisie
 

URGENT / TUNISIE:

Agression du journaliste M. Hamrouni et siège du journal Al-Mawqif

Je viens de recevoir, à l’instant même, cette alerte de notre ami Mohamed Goumani, membre du Bureau directuer de la Ligue tunisienne des droits de l’homme LTDH. Le journaliste Mohamed Hamrouni vient de se faie agresser à l’entrée du journal Al-Mawqif où il travaille suite à ses protesttations contre l’interdiction d’accès faite, par les flics, au journaliste Samir Sassi, également journaliste à Al-Mawqif. Le local du journal est actuellement encerclé par un grand nombre de policiers en vu de la conférence de presse attendue dans les minutes qui viennent. AW Hani  



 

Danemark/caricatures: la Cour suprême examine le cas de deux Tunisiens

COPENHAGUE – La Cour suprême du Danemark s’est réunie lundi pour examiner le cas de deux ressortissants tunisiens soupçonnés d’avoir projeté un attentat contre le dessinateur d’une caricature controversée de Mahomet, a-t-on appris de source judiciaire. Les deux Tunisiens ont été arrêtés en février et détenus pendant plusieurs mois, sans avoir été inculpés, pour avoir planifié selon les renseignements danois un assassinat contre Kurt Westergaard, auteur de l’un des douze dessins satiriques du prophète Mahomet publiés le 30 septembre 2005 dans le quotidien danois Jyllands-Posten. Les juges de la Haute Cour doivent se prononcer uniquement sur les raisons qui ont conduit à la privation de liberté des deux Tunisiens, et non sur leur culpabilité. Leur décision est attendue lundi prochain. Les services de renseignement PET avaient réclamé leur incarcération et recommandé au gouvernement leur expulsion, estimant qu’ils constituaient une menace pour la sécurité de l’Etat. Ils n’ont pas souhaité de procès afin, disent-ils, de ne pas être obligés de présenter des preuves pouvant compromettre leur coopération avec des services étrangers et pour ne pas dévoiler leurs méthodes de travail. Les avocats des Tunisiens, Henrik Stagetorn et Frank Wenzel, ont porté l’affaire devant la Haute Cour, après que la demande de liberté de leurs clients eut été rejetée par le tribunal de première instance et par la Cour d’appel en juillet. Ils estiment que leur maintien en détention pendant des mois n’était pas justifié au vu du peu de preuves fourni par le Pet. L’un des deux Tunisiens âgé de 26 ans a préféré en août quitter volontairement le Danemark vers une destination inconnue. Son compatriote de 37 ans, Slim Chafra, a été libéré en octobre après avoir bénéficié du droit d’asile et d’un statut de séjour dit « toléré » car ne pouvant être expulsé vers la Tunisie où il risque la torture, selon la commission de recours des réfugiés. Son avocat, Me Wenzel, a souligné lundi aux journalistes, que son « client n'(avait) pas été condamné et (avait) toujours souhaité un procès afin qu’il soit blanchi des accusations contre lui ». Selon lui, les services secrets « n’ont pas présenté une seule preuve tangible pour confondre » son client, présent lors de l’audience. En effet, l’accusation publique a réitéré le même réquisitoire que dans les autres instances judiciaires, sans apporter de preuves concrètes concernant un éventuel attentat contre le dessinateur. Sur la chaîne TV2 News, Me Wenzel a rappelé qu’un troisième complice dans cette affaire, un Danois d’origine marocaine de 40 ans, avait été relâché juste après son arrestation le 12 février et qu’il ne pouvait pas être expulsé, selon les autorités, en raison de sa nationalité danoise. Ce Danois a été le seul parmi les trois à être inculpé avant que l’accusation publique ne renonce à engager des poursuites contre lui en juillet. (©AFP / 10 novembre 2008 15h51)
 


Tunisie: l’opposant Néjib Chebbi maintient sa candidature à la présidentielle

Associated Press le 10/11/2008 20h07 Me Néjib Chebbi, chef historique du parti démocratique progressiste (PDP, formation de l’opposition légale), a annoncé lundi qu’il maintenait sa candidature à l’élection présidentielle tunisienne de novembre 2009, malgré un récent amendement constitutionnel l’écartant automatiquement de la course. Au cours d’une conférence de presse, cet avocat de 64 ans a précisé que la décision avait été prise au cours du week-end par le comité central du PDP. Il a avancé le « droit souverain (du PDP) de désigner lui-même son candidat aux prochaines présidentielles ». En juillet, le parlement tunisien, dominé par le Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD, parti au pouvoir), avait adopté un « amendement exceptionnel » de la Constitution qui, tout en ouvrant la voie à la candidature de nombre de leaders de l’opposition, en exclut d’autres, dont Me Chebbi. Ce dernier avait cédé les commandes du PDP en 2006 à Maya Jribi, première femme à diriger un parti politique en Tunisie qui, elle, peut en revanche se porter candidate, mais l’a refusé, par « respect du libre-choix », a-t-elle expliqué. Les nouvelles dispositions exigent en effet notamment que le candidat soit chef du parti qu’il représente, et qu’il ait été élu à ce poste depuis au moins deux années successives. Pour Me Chebbi, cet amendement a été « taillé sur mesure pour exclure des opposants » et désigner les candidats souhaités par le pouvoir. « Je poursuivrai sans relâche mon action et mènerai une campagne de terrain pour expliquer le sens de ma décision (…) et obliger le pouvoir à respecter les droits politiques du peuple tunisien », a martelé Me Chebbi. Outre le président Zine El Abidine Ben Ali, qui briguera là son cinquième mandat de cinq ans, deux chefs de partis d’opposition, considérés proches du pouvoir, ont annoncé jusqu’à présent leur candidature. AP


Conférence de Presse au siège du PDP

Texte introductif

Mesdames et messieurs,

A l’issue d’un long débat et à une majorité de 69%, le Comité Central du PDP, a réaffirmé, samedi 8 novembre,  son droit souverain de désigner lui- même son candidat aux prochaines présidentielles. Il a, ainsi, maintenu ma candidature au nom du parti à cette échéance.

La crédibilité des candidatures ne peut être assurée, à notre avis, par des conditions qui ne sont à la portée que du seul parti au pouvoir, tel le parrainage par les élus, ou au moyen de lois taillées sur mesure en vue d’exclure des opposants et de permettre en fin de compte au Président-candidat de désigner lui-même  ses propres concurrents.

L’exclusion de ma candidature aux prochaines présidentielles, en vertu du dernier amendement constitutionnel, et l’opportunité ouverte en contre partie à la Secrétaire  Générale du PDP d’y prendre part en l’absence de toute réforme du système électoral, de toute ouverture du paysage médiatique et des espaces publics, se réduit en fait à une invitation à prendre place dans le décor électoral officiel et participer à la falsification de la volonté populaire.

Sans ces conditions, le maintien de ma candidature prend tout son sens et constitue l’un des critères de liberté et de sincérité des prochaines élections.

Confier le contrôle de l’opération électorale à une Commission Indépendante, libéraliser les médias, assurer la liberté de réunion et de propagande électorales, réviser le mode de scrutin dans un sens équitable qui garantisse le pluralisme dans les assemblées et ouvrir les portes du pays aux missions internationales d’observation, sont autant de conditions au déroulement d’élections libres dans notre pays.

Je n’aurai cesse de réclamer mon droit et celui de tous les Tunisiens de se porter candidat à toutes les charges électives, d’y participer librement et sur un pied d’égalité, c’est le premier de mes devoirs en tant que citoyen et démocrate. Je poursuivrai donc sans relâche mon action et mènerai une campagne de terrain pour expliquer le sens de ma décision, mobiliser le maximum de soutien et obliger le pouvoir à respecter les droits politiques du peuple tunisien.

Près d’une année nous sépare encore de l’échéance électorale d’octobre 2009  et nous offre l’occasion de déployer nos efforts au service de cette noble cause. Même s’ils devaient ne pas donner la plénitude de leurs fruits, ces efforts auraient assurément participé à la maturation du processus de transition démocratique dans notre pays.

Mesdames et messieurs,

En 2009, la Tunisie célèbrera le cinquantenaire de la Constitution. Le pouvoir souhaite en faire l’occasion d’une commémoration rituelle, j’appelle de ma part à nous en saisir pour procéder à une révision constitutionnelle fondamentale. La Constitution de 1959 est obsolète. C’est elle qui a organisé, cinquante ans durant, la confusion des pouvoirs au profit du Chef de l’Etat. Tous les amendements qu’elle a subis au cours du temps n’ont fait que renforcer cette confusion, les pouvoirs législatif et judiciaire sont maintenus dans un état de dépendance de marginalité ? Le gouvernement est confiné dans un rôle technocratique. En l’absence d’un système effectif de contrôle de la constitutionnalité des lois, les garanties constitutionnelles en matière de liberté sont anéanties par des lois liberticides.

J’appelle à la réunion d’une Convention Nationale Constitutionnelle en vue d’adopter une nouvelle Constitution en 2009.

Cette nouvelle Constitution doit garantir les principes fondamentaux suivants :

Assurer la séparation des pouvoirs par la limitation des pouvoirs du Président de la République et le nombre de ses mandats et prémunir ainsi le pays des présidences à vie.

Accroître les pouvoirs du gouvernement et instaurer sa responsabilité devant le Parlement, seul à même d’investir et de destituer le gouvernement.

Accroitre la représentativité et les prérogatives  de l’Assemblée en matière de législation  et garantir la pluralité en son sein par un mode de scrutin équitable.

Garantir la neutralité politique absolue de l’Administration et interdire toute confusion entre l’appareil de l’Etat et ceux des partis politiques.

Garantir l’indépendance de la magistrature et confier la nomination, l’avancement et le déplacement des magistrats à un conseil élu, totalement indépendant du pouvoir exécutif.

Garantir les libertés et droits fondamentaux de l’homme et du citoyen

Instituer une Cour Constitutionnelle qui veille au contrôle de la constitutionnalité des lois et dont la saisine est ouverte aux citoyens en matière de libertés fondamentales et droits de l’homme.

A la faveur d’une telle révision, les lois organisant la vie publique ( code électoral, code de la presse, loi sur les associations et les partis, loi sur les réunions et les rassemblements, loi sur le Conseil supérieur de l’audio-visuel, l’internet etc…) doivent être révisés dans un sens conforme aux principes constitutionnels ci-dessus énoncés et aux conventions internationales relatives en la matière.

Les élections de 2009 pourraient se tenir dans ce cadre constitutionnel et législatif rénové et assurer ainsi leur fonction de légitimation des pouvoirs publics.

Ce programme peut paraître maximal, il constitue en fait la condition préalable et la substance même de la transition démocratique dans tout pays qui la souhaite. Une transition qui tarde chez nous depuis 21 années au moins.

Depuis 21 années le pouvoir tourne le dos à ces impératifs nationaux et croit gagner du temps en leur substituant des mesures mineures et discutables, telles les deux mesures proclamées à l’occasion du 21e anniversaire du 7 novembre : réglementer la censure dans les médias au cours de la campagne électorale et allonger les délais d’arbitrage des contestations électorales par un Conseil Constitutionnel, totalement dépendant du chef de l’exécutif dans la nomination de ses membres, leurs émoluments et leur saisine !

Je fais, en tant que candidat démocrate de la réunion de cette Convention Nationale Constitutionnelle un point de mon programme et ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour en faire une revendication populaire et un jour, qui ne saurait être lointain, une réalité nouvelle dans notre vie nationale.

Je vous remercie pour votre attention et me mets à votre disposition pour apporter les éclaircissements que vous souhaiteriez.

Tunis le 10 novembre 2008

A. Nejib Chebbi, Candidat démocrate aux présidentielles de 2009


Tunisie: la dictature à sud de Lampedusa

Gabriele del Grande

Au moins 108 morts aux portes de l’Ue. Des victimes au Maroc (49), en Espagne (9), en Grèce (20), en Turquie (18) en Albanie (5), en Egypte (3), à Malte (2) et en France (2). Reportage depuis le bassin minier de Redeyef, en Tunisie TUNIS – Des syndicalistes arrêtés et torturés. Des manifestants abattus par la police. Des journalistes en prison. Et une vaste censure pour empêcher l’élargissement des protestations et sauvegarder l’image internationale d’un pays qui en 2007 a accueilli 6,7 millions de touristes. Nous parlons de la Tunisie. Un pays qui est aussi connue pour son émigration. Depuis de nombreuses années, des milliers de Tunisiens traversent la Méditerranée se dirigeant vers les îles italiennes de Lampedusa et Pantelleria. Au cours de la première moitié de 2008, quelques 1.287 tunisiens sont arrivés sur les côtes italiennes. Ils cherchent une vie meilleure. Mais qu’est-ce qu’ils laissent derrière eux? Pour mieux comprendre ce qu’est devenue la Tunisie, nous avons visité l’une de ses régions les plus chaudes. Il s’agit du bassin minier de Gafsa, 400 km au sud-ouest de Tunis. Ici a commencé – il y a dix mois – le plus important mouvement social du pays des 20 dernières années. Un mouvement spontané et populaire qui continue de lutter malgré la dure répression. La région des mines ressemble à un paysage lunaire. Mais, au-dessous des montagnes entre Moularès, Redeyef, Mdhilla et Metlaoui il y a un vrai trésor: 600 millions de tonnes de phosphate, propriété de la société publique Compagnie des phosphates de Gafsa (CPG). En 2008, le prix d’une tonne de phosphate a doublé en raison de la croissante demande d’engrais en Chine et en Inde. La Tunisie est le cinquième producteur au monde de ce minerai et peut compter sur des réserves pour les 100 prochaines années. Pourtant, la région de Gafsa est l’une des plus pauvres du Pays. La modernisation technique de l’exploitation minière a réduit de 55% le nombre d’employés, qui aujourd’hui sont 5.000. Et cela a provoqué une grave crise économique dans les villes de mineurs, construites par les colons français au début du vingtième siècle pour héberger la main d’oeuvre. Aujourd’hui, le chômage touche environ 40% des jeunes. Des jeunes qui souvent n’ont pas d’autre choix que de brûler les frontières, comme on dit en arabe. Harrag. Vers la Libye et puis Lampedusa. Ce sont eux, les jeunes, qui ont commencé la protestation il y a dix mois. C’était le 5 Janvier 2008, à Redeyef, une ville de 37.000 habitants. Le CPG avait publié les résultats d’un concours public pour le recrutement de 80 employés. Mais la liste a été jugée frauduleuse. Les jeunes chômeurs se sont rebellés et ont occupé le secrétariat du syndicat des mineurs (UGTT), considéré comme impliqué dans le scandale. Bientôt ils ont été rejoints par 11 veuves qui demandaient à la CPG de respecter les quotas alloués aux fils de décédés au travail. Les autres sections du syndicat ont rejoint les manifestants, pour ouvrir une négociation avec les autorités. Entre-temps, à Tunis, a été créé un comité national de soutien au peuple du bassin minier. Le 4 avril a eu lieu une journée de solidarité à Tunis, à laquelle ont participé des syndicalistes de Redeyef. Mais à leur retour, le matin du 7 avril, ils ont été arrêtés avec des dizaines de militants. Parmi eux, il y avait aussi Adnan Hajji, le secrétaire du syndicat des enseignants de Redeyef. Le même jour, les enseignants de la ville ont suspendu leurs classes et lancé une grève générale qui a duré trois jours. Le 9 avril une trentaine de femmes sont descendues dans la rue pour demander la remise en liberté de leurs maris. La ville les a suivies et des centaines de personnes ont marché jusqu’à la préfecture. Le lendemain, les syndicalistes ont été libérés. À leur retour dans la ville, une foule de 20.000 personnes les attendait dans la rue, prêt à acclamer leur nouveau leader, Adnan Hajji.

En même temps il y avait aussi eu des initiatives de solidarité en France, organisées par les migrants tunisiens, surtout à Nantes, où habite une importante communauté originaire de Redeyef. Dans le bassin les manifestations continuaient sans cesse. Le 6 Mai 2008, Hicham Ben Jeddou, meurt électrocuté à l’intérieur du générateur électrique de Tabeddit, où un groupe de jeunes chômeurs avaient coupé l’électricité pour bloquer les activités de la CPG. Mais à le tuer, selon des témoins sur place, cela aurait été la police qui avait décidé d’allumer le générateur même s’il tenait les câbles dans ses mains en menaçant de se suicider. Des renforts sont envoyés depuis Tunis. La police contrôle tous les accès à Redeyef. Des agents en civil surveillent les principaux acteurs de la protestation. Le 6 Juin la police ouvre le feu sur une manifestation. Un gars, Hafnaoui Maghzaoui, est tué par balle. Et 27 personnes sont blessées. L’un d’eux, Abdelkhaleq Aamidi, meurt après trois mois d’hôpital, le 14 Septembre. En quelques semaines, presque deux cent personnes sont arrêtées. Des syndicalistes comme des gens ordinaires. La nuit du 21 au 22 Juin, le leader de la protestation, Adnan Hajji, est arrêté à nouveau. Le mouvement est décapité. Mais aucune femme n’a été arrêtée. Et ce sont les femmes, les épouses des syndicalistes et des militants emprisonnés, qui reviennent manifester dans la rue, le 27 Juillet, exigeant la libération des prisonniers. Avec elles, il y a aussi Zakiya Dhifaoui. Née en 1966, elle est journaliste et enseignante. Elle est venue depuis Kairouan pour écrire un reportage dans le journal de l’opposition Muatinun. Son article ne sera jamais publié. Le même jour Dhifaoui est arrêtée. Son arrestation est un message pour tous les journalistes tunisiens: ne pas venir à Redeyef et ne pas écrire sur le sujet. C’est l’autre versant de la répression: la censure de toute information sensible. Dhifaoui a été condamnée à quatre mois et demi de prison. Mais elle n’est pas la seule journaliste poursuivie. En fait, c’est la liberté d’expression elle-même qui est attaquée. Les sites internet Dailymotion et Youtube, où ont été mises en ligne les vidéos des manifestations de Redeyef et des violences policières, sont bloqués depuis novembre 2007. Massoud Romdhani, porte-parole du mouvement national de soutien, est agressé par des agents en civil à Tunis. Amor Gondher, journaliste du journal d’opposition Tareq El Jedid, est tabassé par deux policiers le soir du 26 Juin à Nefta. Boulqaddous Fahim, journaliste de la télévision El Hiwar – qui a publié la vidéo de Redeyef sur la chaîne satellitaire italienne Arcoiris – a disparu depuis le 5 Juillet, pour échapper à son mandat d’arrêt. Le réalisateur des vidéos, Mahmoud Raddadi, avait été arrêté le 21 Juin. Raddadi et Boulqaddous seront bientôt jugés avec 38 autres manifestants, dont 14 syndicalistes. Ils sont accusés d’avoir formé une bande de malfaiteurs. Le procès débutera fin Novembre, au Tribunal de Gafsa. Il s’agit sans doute d’un des plus grands procès politiques sous la présidence de Ben Ali. Une présidence qui dure sans interruption depuis 1987. En Novembre 2009, il y aura les élections présidentielles. Mais les morts de Redeyef ne seront pas suffisants pour toucher le pouvoir clientéliste du Parti constitutionnel démocratique (RDC). Ni pour relancer l’opposition après des années de répression de la liberté d’expression. Les avocats de la défense le savent bien, le jugement est déjà écrit. Mais dans l’histoire il y a un cumul… dit l’un d’eux. En fait, le poète tunisien Abu al Qasim Chebbi, l’écrivait il y a un siècle: « Lorsqu’un jour le peuple veut vivre, force est pour le destin, de répondre, force est pour les ténèbres de se dissiper, force est pour les chaînes de se briser». PLUS D’INFOS

 

 

NOTES

Economie

Le taux de croissance pour l’exercice 2007 a atteint 6,3%. Le revenu annuel par habitant est de 2.400 euro, 4,8% plus qu’en 2007. L’inflation iest au 5,4%. Le chômage est du 14,2%, mais à Redeyef arrive au 40%

Phosphate

En 2007 la Cpg a produit 8 millions de tonnes de phosphate. Le mines furent découvertes par les colons français en 1897. Le prix d’une tonne est passé en 2008 des 40 à 130 dollars

Tourisme

Le tourisme en 2007 a produit une richesse de 1,6 milliard d’euro avec 6,7 millions de présences. Les revenues sont augmentées du 9% dans les 9 premiers mois du 2008

Emigration

Plus de 100,000 Tunisiens habite en Italie. Durant la première moitié du 2008, 1,287 Tunisiens ont débarqué en Sicile. Entre les 40 victimes du naufrage du 19 mars 2008 il y avait des Tunisiens de Metlaoui

(Source : le blog « Forteresse Europe », le 10 novembre 2008)

Lien :http://fortresseurope.blogspot.com/2006/01/tunisie-la-dictature-sud-de-lampedusa.html


Le Bloc-Notes de Sami Ben Abdallah:

Ahmed Manai, les prisonniers d’Ennahdha, Om Zied et Rached Ghannouchi

Ahmed Manai est  rentré à Paris.

Ahmed manai est finalement rentré à Paris. Opposant, très actif entre 1990 et 2000,Ahmed Manai a renoncé il y a quelques mois à son statut de réfugié politique et a pu récupéré son passeport. Son séjour à Tunis se serait passé «dans de bonnes conditions ». Après 17 ans d’exil et un parcours politique atypique d’un homme qui était (ou considéré comme) proche d’Ennahdha tout en se déclarant « pas islamiste » il semble qu’il a pris sa retraite.

Aux lendemains de son retour en Tunisie, certains Nahdaouis qui lui ne lui ont pas pardonné ses déclarations « anti-Rached Ghannouchi » avaient laissé entendre qu’il ne pourra plus retrouver Paris, et qu’à Tunis, il serait emprisonné ou torturé voir même assassiné.

Jusque-là, le retour d’Ahmed Manai apporte un démenti à ces spéculations cauchemardesques.

Il n y a pas qu’Ahmed Manai, Chokri Hamrouni, le n° : 1 et demi du CPR (Congrés pour la République, non reconnu, présidé par Moncef Marzouki) a pu rentrer aussi sans problèmes. Morsel Kbissi (fondateur du journal en ligne Al-wassat, ancien d’Ennahdha) a annoncé sur son site que son séjour à Tunis s’est passé dans de bonnes conditions. Des dizaines d’autres exilés ont pu rentré dans une indifférence générale des partis de l’opposition .

A propos du retour des exilés, la seule chose claire, c’est un mot d’ordre du palais de Carthage pour permettre au plus grand nombre de rentrer. Mais les modalités du retour demeurent non précisées. Pourquoi le président ne mette pas fin à ces spéculations en demandant l’application de la loi à propos de ce dossier ? La question demeure posée.

Abandonner  les poursuites contre Om Zied (Neziha Rejiba)

Om Zied (Neziha Rejiba) a commis un texte sur la censure et le piratage de Kalima, son mari (avocat et ancien député de l’UDU, Union Démocratique Unioniste, reconnu par le pouvoir) continue à croupir en prison en dépit de la détérioration de son état de santé. Pourquoi ? En vertu de quelles lois ? Ce genre d’affaire avance-t-il les choses dans notre pays ?

Om Zied n’est pas la sainte Marie et ce qu’elle écrit n’est pas du Coran. Si Om Zied ne cumulait pas autant de statuts qui prêtaient à confusion ( secrétaire générale du CPR, présidé par Moncef Marzouki, co-Rédactrice en chef de Kalima de Sihem Bensedrine et membre du CNLT présidé par la même Sihem Bensedrine ) personne ne trouverait rien à dire au sujet de ses écrits furent-ils violents ou maladroits. Mais compte tenu de l’état de choses actuel, il y a un conflit d’intérêt évident et Om zied gagnerait en clarté si elle se décidait : ou le journalisme ou la politique.

Il n’empêche, le pouvoir gagnerait aussi en légitimité si les poursuites engagées contre Om Zied soient abandonnées et que son mari soit libéré.

Il faut oser trouver des solutions pour Internet. Car qu’on le veuille ou pas, il y a des sites tunisiens impolis, il y a des choses publiées sur le web qui n’ont rien à voir avec la liberté d’expression. Mais la censure comme la politique sécuritaire ne peuvent jamais être la solution. Et quel alinéa du chapitre du «processus démocratique » autorise-t-il l’interception et la lecture des mails (tout comme l’interception et la lecture du courrier ordinaire ?).

Il n’est pas normal que notre pays passe à coté de cette opportunité qu’est le E-commerce, qui est la seule solution pour que notre pays puisse créer des emplois, il n’est pas normal que le débit d’Internet soit de 1 méga en Tunisie quand les européens sont insatisfaits d’un débit à hauteur de 20 mégas et développent désormais la fibre optique à 100 mégas, il n’est pas normal que le web tunisien soit verrouillé car il y a des sites dissidents et le pouvoir n’en veut pas d’eux. Autant de gâchis dans notre pays. Trouvons des solutions ensemble.

Om Zied est une femme qui mérite du respect. Dans ses écrits, les formulations excessives n’en manquent pas, mais chacun est libre d’écrire ce qu’il veut. Pourquoi en faire une affaire d’Etat à chaque fois ?

Aujourd’hui qu’elle coure le risque d’être condamnée, que son mari est emprisonné, il ne sert à rien de discourir : il faut la soutenir et espérer/exiger/demander (au choix) que le pouvoir abandonne les poursuites et libère son mari.

Quant à ceux qui ont tout fait pour « instrumentaliser » l’affaire d’Om Zied… ceux qui voudraient qu’Om Zied soit emprisonnée car cela leur fera un nouveau fond de commerce ( après feu Zouhair Yahyaoui, qui s’en rappelle encore ? ou Slim Boukdhir, ou Mohamed Abbou ou les internautes de Zarzis). Continuez à instrumentaliser la détresse d’Om Zied et bonne chance.

La libération des 21 dirigeants d’ennahdha

 Le pouvoir a fini par libérer le reste des partisans d’Ennahdha condamnés au début des années 90 (certes, demeurent en prison les auteurs de l’attentat terroriste de Beb Souika). A propos ces détenus libérés, deux thèses continuent à diviser la classe politique tunisienne sur le pourquoi de leur condamnation:

La première évoque une vraie tentative de renversement du régime survenue en mai 1992. Les auteurs de cette tentative seraient le noyau dur du groupe sécuritaire (1) qui projetait de renverser le pouvoir le 8 novembre 1987 avant d’être court-circuité par la destitution de Bourguiba par M. Ben Ali. Le président a évoqué cette thèse dans une interview au journal français «Le Monde»,1er juillet 1991 :

Question : Un complot islamiste a été découvert en Tunisie en mai dernier. Quelle fut l’ampleur exacte de l’infiltration dans l’armée, la Garde nationale et la police ?

Réponse : N’étant pas un mouvement démocratique, le mouvement islamiste dit « Ennahdha » tente de prendre le pouvoir par tous les moyens. C’est pourquoi les tentatives d’infiltration des institutions de l’Etat relèvent, pour lui, de la méthode. Notre armée est un corps sain, imbu des principes républicains. Les tentatives pour l’infiltrer sont restées circonscrites à des éléments fanatisés issus de deux promotions d’officiers qui avaient eu, comme professeur, un dirigeant intégriste.

Il s’agit de l’individu Sadok Chourou, qui avait succédé à Rached Ghannouchi au printemps de 1989, lorsque ce dernier choisit l’exil volontaire. Cet individu enseignait à temps partiel à l’Académie militaire de fondouk Jedid. Ces jeunes officiers y étaient arrivés déjà endoctrinés. Sur la centaine de militaires interrogés à la suite de ce complot, trente quatre jeunes officiers restent impliqués.

Question : Certains ont vu dans ce complot un «montage» pour justifier la répression contre les terroristes ?

Réponse : Il y a bel et bien eu complot. Il n’y a ni montage, ni amalgame. La justice est saisie de l’affaire. Elle dira son mot en toute sérénité et en toute indépendance. De ce complot, nous avons encore la preuve tous les jours. Ces dernières semaines, nous avons découvert de nouveaux entrepôts de cocktails molotov, de bouteilles de vitriol, et pas plus tard que lundi dernier, une station émettrice de deux cents watts dans les environs de Tunis. Elle venait d’être installée et n’avait pas encore d’antenne. Ses utilisateurs se proposaient sans doute de brouiller les émissions de la Radio-TV en français et en arabe, mais aussi de diffuser leurs propres messages.

Dans les faits, dans cette hypothèse, il est question d’un missile Stinger qui aurait été ou aurait pu être récupéré d’Afghanistan et aurait été ou aurait pu être acheminé via les frontières pour abattre l’avion du président.

La seconde thèse –comme l’évoque d’ailleurs la question du journal Le Monde- parle d’un «montage pour justifier la répression contre les terroristes ». Là, les choses se compliquent car les sources sont contradictoires : Certains soutiennent que le pouvoir «aurait » tout inventé pour justifier la répression qui s’en est suivie. D’autres soutiennent qu’il s’agit d’une «fabrication » de «certains services de sécurité » tunisiens qui ont fait dans l’exagération pour avoir le dessus sur les politiques du RCD (d’ailleurs depuis cette date, ce sont les responsables de sécurité qui ont le dessus sur les politiques du RCD).

Enfin, une version timide commence à apparaître au sein d’anciens partisans d’Ennahdha qui ont pris leurs distances avec le parti : « il y a eu une discussion sur un possible acheminement d’un missile Stinger, qui serait posé plus tard sur un toit d’une maison à Zarzis, mais il s’agissait d’une discussion entre 2 personnes. Le reste, c’est de la fabrication de «certains responsables de services de sécurités». Ils voulaient que le président leur soit redevable de lui avoir sauvé la vie et ils ont tout inventé ». Plus tard l’assassinat du président algérien Mohamed Boudief par son garde du corps (le 29 juin 1992) aurait donné des idées aux uns et aux autres.

 Il appartient aux journalistes et aux historiens de dire le vrai du faux de ces hypothèses réelles ou imaginaires. Mais ce qui est intéressant, c’est qu’avec la libération des derniers prisonniers d’Ennahdha, une page de l’histoire de la Tunisie est tournée. Ce qui est choquant, c’est ce cycle politique qui se répète : en 1957 et 1962, des Youssefistes ont été condamnés à des années de prison, en 1967, les membres de l’extrême gauche tunisienne ont été condamnés à des peines de plus de dix ans de prison. En 1991, c’était e tour des islamistes.

Au-delà ce cycle, il faut aujourd’hui continuer dans cette voie : amnistier les auteurs de troubles sociaux de Redeyef, revoir le contenu de la loi anti-terroriste en vertu de laquelle des jeunes tunisiens sont envoyés en prison, et réfléchir à des solutions politiques. La décennie 1990-2000 a montré les limites des solutions sécuritaires. Elle a montré aussi que la police ne peut pas se substituer au RCD dans le rôle politique qu’il doit remplir. Ce n’est pas à la police de faire la «politique », c’est aux politiques de recouvrer leur mission.

Tourner la page ? Mais le discours démagogique des partisans d’Ennahdha cessera-t-il pour autant ? Faut-il souligner que le mythe de la force politique d’Ennahdha est alimenté par la répression, ensuite par le discours politique d’une partie de la gauche tunisienne qui est franchement « islamophobe » et n’a rien à voir avec la gauche laïque qu’elle prétend être. Enfin, par l’étouffement des libertés : s’il y avait encore plus de liberté et de démocratie en Tunisie, Ennahdha serait réduit à sa juste valeur : un petit parti qui ne dépasserait pas les 10% des suffrages exactement comme les partis d’extrême droite en Europe.

Oui, car il est fort probable que ceux qui ont voté pour Ennahdha, l’ont fait pour «sanctionner » le PSD (rebaptisé RCD). C’était le cas en Algérie avec le vote sanction du FLN, ou en Palestine avec le vote pour Hamas pour sanctionner le Fatah. La corruption, l’injustice, l’exclusion sociale et l’absence de liberté engendrement mécaniquement le vote sanction et le désespoir. C’est pourquoi, il faut cesser de diaboliser une grande partie des Tunisiens qui seraient devenus «sympathisants islamistes » car ils ont désespéré de la République et de l’Etat de droit.

Sanctionner la corruption du parti au pouvoir, rejeter la gauche islamophobe, désespérer de la République et de l’Etat du Droit… et puis, il faut aussi dire les vérités qui fâchent : ils se sont fait avoir par cette démagogie des partisans d’Ennahdha qui font dans l’émotionnel : à les en croire, ils étaient pleins d’angélisme, de pacifisme quand soudainement le pouvoir ou la gauche leur ont tendu un piège.

Pacifisme, angélisme, et quoi encore ? Peuple élu peut être et Rached Ghannouchi s’appellerait aussi Ghandi ?

M.Rached Ghannouchi va-t-il rentrer en Tunisie?

A propos des prisonniers liberés, les milieux d’Ennahdha les classifiaient ainsi : soldat, condamné à 1 an, 3 ans, sergent , 5ans, capitaine, plus de 10 ans, général, et à perpétuité « maréchal ». Le pouvoir « aurait » donc libéré « les têtes brûlées » d’Ennahdha. Une des figures emblématiques de ces prisonniers libérés est incontestablement, celle de Sadok Chourou. Selon M.Ben Ali (extrait de Le Monde, voir ci-dessus) : « Il s’agit de l’individu Sadok Chourou, qui avait succédé à Rached Ghannouchi au printemps de 1989, lorsque ce dernier choisit l’exil volontaire. Cet individu enseignait à temps partiel à l’Académie militaire de fondouk Jedid. Ces jeunes officiers y étaient arrivés déjà endoctrinés. Sur la centaine de militaires interrogés à la suite de ce complot, trente quatre jeunes officiers restent impliqués ».

La libération de ces prisonniers a surpris même dans les rangs d’Ennahdha qui ne s’attendaient pas à ce que le pouvoir libère Sadok Chourou. Les uns ont pensé que cette libération conditionnelle interviendrait en novembre 2009 (aux lendemains des présidentielles), les autres ont pensé que ces prisonniers ne sont pas «libérables », et les plus sceptiques ont pensé à 2014.

Toutes les hypothèses sur le pourquoi du comment sont légitimes : le pouvoir voulait-il préserver l’avenir avec la nouvelle administration américaine et le président Obama ? ou voulait-il priver les uns et les autres de ce fond de commerce qu’est devenu « les prisonniers d’Ennahdha » ? ou compliquer la donne à Rached Ghannouchi (en libérant Sadok Chourou) ? Ou compliquer la donne aux candidats aux présidentielles tels Nejib Chebbi dont le soutien politique d’Ennahdha à sa candidature pourrait être remis en question ? il est significatif à ce sujet de voir Nejib Chebbi préciser dans chacune de ses interviews qu’il a rompu avec le pouvoir car il a défendu les islamistes.

 Dans tous les cas, la libération des prisonniers est un fait établi. Curiosité : les dissidents tunisiens ont l’habitude de remercier tous les politiques étrangers qui interviennent pour solutionner des cas tunisiens. Mais personne n’a osé prendre son courage à deux mains, pour dire que la décision de libération est une décision courageuse et que le président, pour cette décision précise, mérite des remerciements. Certes, elle demeure insuffisante et il faut continuer dans cette voie.

Mais cette curiosité des dissidents s’alimente d’une curiosité du pouvoir. Celui-ci a pris cette mauvaise habitude de répondre aux sollicitations des étrangers afin de débloquer des cas tunisiens mais rarement il a répondu positivement à des sollicitations de Tunisiens.

En somme, la donne politique se complique pour Rahed Ghannouchi et sa direction de l’étranger. Est-il besoin de rappeler les vieux conflits entre Rached Ghannouchi et Abdelfattah Mourou ? Ce dernier avait soutenu que les statuts du parti étaient clairs et nets : le président d’Ennahdha doit résider en Tunisie. Ne trouvant pas de solutions à ce point, Ennahdha signe ses communiqués de Londres en les paraphants de «  Ennahdha à Tunis ».

Qui est le président d’Ennahdha ? Quelle légitimité de la direction de l’étranger ? Ces questions paraissent insolubles.

Par conséquent, Rached Ghannouchi pourrait rentrer bientôt en Tunisie. Son exil volontaire à Londres n’a plus de sens politique aujourd’hui (certes d’un point de vue juridique, Rached Ghannouchi est condamné à perpétuité à Tunis ).Mais politiquement, le choix qui s’offre à lui est difficile : s’il rentre en Tunisie, sa marge de manœuvre serait des plus réduites mais il gagnera en légitimité. S’il reste à l’étranger, son leadership qu’il a exercé sur le parti va en s’essoufflant.

Un des points compliqués à résoudre outre le coté politique, est certainement le coté financier : Rached Ghannouchi serait un « salarié » d’Ennahdha, et grâce çà ses contacts avec des donateurs des pays du golf, le parti islamiste serait des plus riches (comparativement aux autres partis. Il demeure cependant moins riche que le RCD). Des proches de Rached Ghannouchi se seraient embourgeoisés en lançant des projets commerciaux à Paris ou à Londres ( boulangeries, pizzeria, boucheries halal, spéculation immobilière). Le parti aurait même fait des placements (achat et ventes d’actions dans une capitale européenne considérée comme un paradis fiscale ou presque).

De la spéculation boursière ? allez savoir s’il y a une spéculation halal ou une spéculation haram.

Que fera Rached Ghannouchi ? Rentrera –t-il en Tunisie ? La question demeure posée.

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Des opération secrètes américaines ont été menées pendant quatre ans (presse)

AFP, le 9 novembre 2008 à 07h04 WASHINGTON, 9 nov 2008 (AFP) -Les forces spéciales de l’armée américaine ont mené une dizaine d’opérations secrètes contre Al-Qaïda et d’autres groupes islamistes au Pakistan, en Syrie, ainsi que dans d’autres pays avec l’accord de l’administration du président George W. Bush, rapporte dimanche soir le New York Times sur son site internet. La directive, classée confidentielle, a été signée au début de 2004 par Donald Rumsfeld, alors à cette époque secrétaire à la Défense, avec l’approbation du président Bush, indique le quotidien, citant des officiers supérieurs américains dont l’identité n’est pas mentionnée. L’ordre donnait la permission d’attaquer Al-Qaïda et d’autres cibles hostiles n’importe où dans le monde, y compris dans des pays n’étant pas en guerre avec les Etats-Unis. Une équipe des Seals (forces spéciales de nageurs de combat de l’US Navy) a ainsi effectué un raid contre un camp suspecté d’abriter un militant islamiste dans la région de Bajaur au Pakistan en 2006, précise le Times, citant un ancien très haut responsable de la CIA. Les personnes chargées de planifier cette opération ont été capables de la suivre « en direct » depuis le siège de la CIA en Virginie grâce à un caméra installée sur un drone, un Predator, qui avait été envoyé sur zone, poursuit le journal. Un autre raid a été effectué par des forces spéciales américaines en Syrie le 26 octobre dernier en coopération avec la CIA, poursuit le rapport. Le New York Times relève qu’il n’y a pas d’informations sur les autres opérations secrètes, les responsables militaires soulignant, selon la directive de 2004, que l’Iran ne figurait pas sur la liste des objectifs. Le journal indique toutefois que les forces américains ont mené des opérations de reconnaissance en Iran mais en suivant cette fois-ci d’autres directives confidentielles. Au cours de ces quatre dernières années, environ une douzaine d’autres opérations ont été annulées, ces dernières étant jugées trop risquées, trop dangereuses diplomatiquement ou manquant suffisamment d’éléments pour qu’elles soient menées à bien, poursuit le quotidien. Avant la directive confidentielle de 2004, le Pentagone avait besoin d’obtenir un accord pour des missions sur la base du cas par cas, ce qui pouvait prendre des jours pour obtenir le feu vert à de telles opérations, rappelle le Times. Toujours selon le Times, Rumsfeld, peu satisfait de cette situation, réclama une plus grande souplesse pour que les militaires soient plus libres de leurs décisions, en dehors des zones de combat en Irak et en Afghanistan. La directive 2004 mentionne de 15 à 20 pays dont la Syrie, le Pakistan, le Yémen, l’Arabie saoudite ainsi que d’autres pays du Golfe, où Al-Qaïda était censée opérer ou trouver un sanctuaire, ajoute enfin le New York Times.

 

Nadia Yassine, une islamiste qui dialogue et dérange

Par Pierre Haski La porte-parole de la mouvance islamistes marocaine « Justice et Spiritualité » participait aux Rencontres d’Averroès à Marseille. Le thème de ces Rencontres était cette année « entre islam et Occident, la Méditerranée? », une tentative de chercher une voie entre dialogue et tensions entre les deux rives de cette mer qui concentre toutes les crises de notre époque. Les Rencontres d’Averroès –dont Marseille89, un site de Rue89, est partenaire- en sont à leur quinzième édition, tentative de “penser la Méditerranée des deux rives”. Des positions ambiguës derrière un discours de miel Au milieu d’une liste d’intervenants issus pour la plupart du monde de l’université et de la recherche, Nadia Yassine était la personnalité « politique » la plus attendue, ne serait-ce que par sa singularité de femme au sein du mouvement fondé par son père, Cheikh Abdessalam Yassine, et féministe autoproclamée autant qu’islamiste. Et le thème de la table ronde à laquelle elle participait était sans détour: « entre djihadisme et occidentalisme, nouvel affrontement des blocs ou renaissance méditerranéenne? » Nadia Yassine manie suffisamment bien les concepts pour présenter de manière nuancée sa position originale à un public venu très nombreux. Mais au moment des questions de la salle, pleine à craquer, les difficultés ont commencé. Un jeune homme marocain a d’abord témoigné d’avoir été « torturé » par des partisans de « Justice et Spiritualié » lors d’un conflit dans une université marocaine. Puis il a dénoncé l’opposition de ce mouvement à la rénovation du code de la famille au Maroc, avant de conclure: « Ce message de miel, je n’y crois plus. » Puis Nadia Yassine a été prise à partie pour son ambiguïté dans une de ses réponses, alors qu’elle était interrogée sur le statut des non-musulmans dans une société régie par les islamistes. Elle avait affirmé qu’il n’y avait pas d’ »anti-musulmans » au Maroc, et que la question ne se posait donc pas. Cette réponse plus qu’ambiguë a suscité un tollé dans la partie de la salle venue -et repartie- avec ses convictions laïques, et pas convaincue par le visage souriant de la porte-parole islamiste, femme élégante de 50 ans, venue les cheveux couverts d’un foulard de rigueur. La veille, dans un entretien avec Rue89, Nadia Yassine s’était pourtant faite le chantre d’un dialogue entre l’islam et l’Occident, malgré les réticences et les crispations des deux côtés: (Ecouter le son). Laisser une chance à un indispensable dialogue a pourtant été un des leitmotiv des trois table-rondes des Rencontres d’Averroès, le politologue marocain Mohammed Tozy trouvant des « raisons d’espérer » dans la crise financière qui permet selon lui d’envisager « une renaissance de la pensée ». Ou encore dans la formule du penseur algérien Moustapha Chérif, qui vient de participer au dialogue islamo-chrétien au Vatican, et qui a lancé: « Je préfère un incroyant ouvert à un croyant fermé… » Nadia Yassine, pour sa part, se trouve dans une position différente, porte-parole d’un mouvement profondément enraciné dans la société marocaine, mais placé dans une position inconfortable: à l’écart du champs politique car il refuse le jeu du Palais qui contrôle tout, et refusant aussi le recours à la violence d’une frange islamiste radicalisée. Dialoguer avec l’Occident, une stratégie de contournement du pouvoir marocain Son dialogue avec l’Occident est aussi une stratégie de contournement du pouvoir marocain qu’elle dénonce ouvertement. Nadia Yassine est toujours sous le coup de poursuites judiciaires pour avoir souhaité le remplacement de la monarchie par la République, et son mouvement refuse de participer aux élections marocaines qu’elle juge faussées: (Ecouter le son). Mais, dans le même temps, à l’écouter, les islamistes modérés qu’elle dit incarner sont devenus, malgré eux, le rempart du pouvoir marocain face à une frustration sociale considérable. Une situation étrange sur laquelle elle s’exprime sans fard: (Ecouter le son). Par son refus de la violence qui a frappé plusieurs fois le Maroc ces dernières années, mais aussi par la pertinence de ses critiques vis-à-vis d’un système monarchique marocain qui n’arrive pas à se moderniser malgré les promesses de Mohammed VI à son arrivée sur le trône voici bientôt dix ans, Nadia Yassine présente assurément le visage rassurant d’un courant politique qui l’est moins. Elle incarne « une islamiste “fréquentable” », pour reprendre la formule de Nicolas Beau et Catherine Graciet dans leur livre « Quand le Maroc sera islamiste » (La Découverte, 2007), mais aussi, selon eux, « une islamiste pure et dure ». Pourquoi n’est-elle pas parvenue à convaincre, ou au moins à séduire, le public marseillais averti des Rencontres d’Averroès? Sans doute parce que le débat laïcité/islam s’est exacerbé en France même, et que les positions de départ sont intransigeantes. Mais les optimistes retiendront que dans cette confrontation d’idées, les deux rives de la Méditerranée apprennent aussi à mieux se connaître telles qu’elles sont, et c’est tout le but de ces indispensables Rencontres d’Averroès. (Source : le site « Rue89 » (France), le 9 novembre 2008) Lien : http://www.rue89.com/marseille/2008/11/09/nadia-yassine-une-islamiste-qui-dialogue-et-derange

 

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