10 mai 2008

Home – Accueil

 

 

TUNISNEWS
9 ème année, N°  2909 du 10.05.2008
 archives : www.tunisnews.net


AISPP: Procès du 9 mai
AISPP: Le rapt de Béchir Yahyaoui
Liberté et Equité: Nouvelles des libertés en Tunisie
Comité de soutien aux habitants du bassin minier: Communiqué
AFP: Tunisie: deux journalistes cessent une grève de la faim, procès le 30 mai
AP: Tunisie: deux journalistes opposants arrêtent leur grève de la faim
L e Temps: Larbi Chouikha: « Interdire la libre expression, qui est l’essence même de la citoyenneté, revient à renier à l’individu le droit d’exister comme citoyen »
Le Monde: La “famille musulmane” conviée au rendez-vous annuel du Bourget

 
 
Liberté pour tous les prisonniers politiques Liberté pour Abdallah Zouari, le journaliste exilé dans son propre pays Association Internationale de Soutien aux Prisonniers politiques 43 Rue Eldjazira, Tunis e-mail : aispptunisie@yahoo.fr  
 
Tunis, le 9 mai 2008 * La vingt septième chambre criminelle de la Cour d’Appel de Tunis, présidée par le juge Mannoubi Hamidane, a examiné aujourd’hui, vendredi 9 mai 2008 : – L’affaire n°11156 dans laquelle sont déférés Jamel Bouguima, Salem Jarray, Tahar Dhifallah, Oualid Jarray, Ali Grimil, Adel Lachaieb, Salaheddine Messaoudi, Mohammed Mahmoudi, Yazid Chenina, Touhami Bedhiaf en vertu de la loi du 10 décembre 2003, dite anti terroriste. L’acte d’accusation comprend les chefs d’adhésion sur le territoire de la République à une organisation terroriste ayant fait du terrorisme un moyen de réaliser ses objectifs, d’entraînements militaires en Tunisie et à l’étranger en vue de commettre des infractions terroristes sur le territoire de la République, d’utilisation du territoire de la République pour recruter et entraîner des personnes en vue de commettre un acte terroriste sur le territoire de la République, de fourniture d’armes d’explosifs, de munitions et autres matériaux et équipements similaires à une organisation en rapport avec les infractions terroristes. Maître Béchir Sid, le bâtonnier, et Maîtres Mokhtar Jemaï, Abdelfattah Mourou, Oualid Chemli et Ouissam Ben Achour se sont présentés pour les défendre. Le juge a décidé de repousser l’examen de l’affaire au 27 mai 2008. – L’affaire n°10737 dans laquelle sont déférés Ridha Ben Gaïed, Soufiane Rezgui, Ikram Hammami, Hosni Yefreni en vertu de la loi du 10 décembre 2003, dite antiterroriste. Le Batonnier, Maître Béchir Sid et Maîtres Noureddine Behiri et Anouar Kousri ont plaidé en leur défense. Le juge a décidé ensuite de lever la séance pour le délibéré et le prononcé du jugement. En première instance, les condamnations allaient de 7 à 9 ans. * la onzième chambre criminelle de la Cour d’Appel de Tunis, présidée par le juge Farouk Gharbi, a examiné aujourd’hui, vendredi 9 mai: – l’affaire n°10602 dans laquelle sont déférés Karim Mahdaoui, Abdelbari Elayeb, Hichem Manaï, Mahjoub Zayani, Nader Ferchichi, Ali Saïdi, Hosni Nasri, Anis Krifi, Abdelhalim Aroua, Taoufik Kadri, Tarek Boukhili, Okba Nasri, Mohammed Abbachi, Tarek Hammami, Maher Chammam, Aymen Ghrib, Mimoun Alloucha, Lamjed Homri, Sabri Mejri, Mohammed Karoui, Zyed Ben Jeddou, Ferjani Mchergui, Ibrahim Ben Hamida, Heulmi Boughanmi, Lamjed Karghali, Chékib Omri, Saber Mekkaoui et Mohammed Omri, accusés d’adhésion sur le territoire de la République à une entente ayant fait du terrorisme un moyen de concrétiser ses objectifs, d’incitation à adhérer à une organisation terroriste, de fourniture d’armes, d’explosifs, de munitions, et autres matériaux et équipements similaires à une organisation terroriste, de fourniture d’informations à une organisation terroriste. Maîtres Noureddine Behiri, Anouar Aouled Ali, Samir Ben Amor, Abderraouf Ayadi, Radhia Nasraoui, Youssef Belhajj, Dhiaeddine Mourou, Samir Dilou, Mohammed Habib Mokdad, Samir Hazami, Mohammed Mathlouthi, Saïda Akrami et Mourad Boulares se sont présentés pour les défendre. Le juge a décidé de commencer par l’interrogatoire des accusés et de remettre les plaidoiries à la prochaine séance. L’interrogatoire des accusés a vu ces derniers affirmer avoir été soumis à la torture pour avouer et signer des procès verbaux les incriminant. La séance a été le théâtre d’anecdotes curieuses : comme l’accusé Nader Ferchichi qui avait commencé à faire la prière un mois et demi avant son arrestation, ce qui n’a pas empêché le juge de lui demander s’il n’avait pas formé l’un des accusés à la « pensée salafiste jihadiste » ! Le juge a également demandé à l’un des accusés de s’expliquer sur ses nombreuses rencontres avec l’accusé Hichem Manaï, ce à quoi il a répondu « c’est moi, Hichem Manaï ! ». Le juge a également fait savoir au greffier qu’il devait se garder de mentionner le mot « torture », mais se contenter du terme « contrainte » ! […] Pour la commission de suivi des procès Le secrétaire général de l’Association Maître Samir Dilou (traduction d’extraits ni revue ni corrigée par les auteurs de la version en arabe, LT)  

Liberté pour tous les prisonniers politiques Liberté pour Abdallah Zouari, le journaliste exilé dans son propre pays Association Internationale de Soutien aux Prisonniers politiques 43 Rue Eldjazira, Tunis e-mail : aispptunisie@yahoo.fr  
Tunis, le 8 mai 2008 Béchir Yahyaoui a été kidnappé il y a une semaine Les instances de la Sûreté continuent de dissimuler ce qu’il a pu advenir du jeune Béchir Ben Salah Ben Mohammed Yahyaoui, originaire de Menzel Bourguiba ( né le 8 août 1985) qui a été enlevé le matin du vendredi 2 mai 2008. La famille de ce dernier affirme qu’il a été emmené de leur domicile de Menzel Bourguiba par des personnes en civil qui ont refusé de décliner leur identité, probablement des agents de la police politique. […]L’association attire l’attention sur la situation particulière de cette famille sinistrée : le père est sourd et mal voyant, la mère est atteinte de maladies chroniques. […] Pour l’Association Le vice-Président Maître Abdelwahab Maatar (traduction d’extraits ni revue ni corrigée par les auteurs de la version en arabe, LT)  

Sauvez la vie du prisonnier politique et ingénieur Ridha Boukadi Liberté pour Slim Boukhdhir, la plume libre Liberté et Equité Organisation de droits de l’homme indépendante 33 rue Mokhtar Atya, 1001 Tunis Tel/fax: 71 340 860 Email : liberte.equite@gmail.com Tunis, le 8 mai 2008

Nouvelles des libertés en Tunisie

 
Maître Abderraouf Ayadi a déposé une plainte auprès du Procureur de la République du Tribunal de Première Instance de Tunis,(n° 2008/7030944) le 6 mai 2008, pour Khatib Ben Hannachi Boukhari, actuellement incarcéré à la prison de Mornaguia où il effectue une peine de trois ans, contre le dénommé Nasreddine Saïdi, officier de l’administration de la Sûreté de l’Etat et contre toute personne que révèlerait l’enquête, concernant les infractions de falsification, de détention de faux, et de vol qualifié lors de l’arrestation de son client à son domicile sis à Sidi Ali Ben Aoun alors que Khatib Boukhari est aveugle, qu’il a donné des leçons de jurisprudence coranique qu’il a rédigées sur quatre mille pages inédites qui ont été saisies sans qu’il y ait eu procès verbal de saisie, et il y a eu falsification de sa date d’arrestation pour dissimuler le dépassement du délai de garde à vue. […] Les forces de la police politique de Menzel Bourguiba ont arrêté le jeune Béchir Ben Salah Ben Mohammed Bejaoui, un technicien supérieur, vendredi dernier sans prévenir sa famille qui ne sait toujours pas où il est détenu. Jeudi 8 mai, le chef de la brigade judiciaire, accompagné d’un agent de la police politique, relevant du poste de police de Menzel Bourguiba, ont interpellé jeudi 8 mars 2008 les deux sœurs de l’ex prisonnier politique Borhane Dridi pour les contraindre à enlever leur tenue et leur faire signer un engagement à cet effet. […] Pour le bureau exécutif de l’Organisation Le secrétaire général Monsieur Zouhaïer Makhlouf (traduction d’extraits ni revue ni corrigée par les auteurs de la version en arabe, LT)

Comité de soutien aux habitants du bassin minier Communiqué*
 
Le Comité national de soutien aux populations du bassin minier exprime sa préoccupation et sa profonde inquiétude de la poursuite du bouclage policier de la ville d’OUM LARAYES qui dure depuis trois jours. La ville étouffe sous une forte pression policière qui ne fait qu’alimenter les protestations et les confrontations des habitants avec les forces de police. Des témoins présents sur place relatent que la ville est couverte par des fumées noires dégagées par la quantité impressionnante de gaz lacrymogène déversée sur la ville et par les incendies de pneus. Le Comité national a été informé par les habitants que les gazs lacrymogènes n’ont épargné ni les quartiers résidentiels, ni les maisons, ni les écoles. Des dizaines de cas d’asphyxie, d’étouffement et de perte de connaissance ont été enregistrés. Les violences policières se sont abattues sur l’ensemble de la population sans distinction d’âge. Ce tourbillon de violence qui dure depuis jours a littéralement paralysé tout mouvement dans la ville d’OUM LARAYES : les élèves ont déserté écoles et collèges ; les commerces et magasins ont baissé leurs rideaux et même les services publics ont fermé. Par téléphone, l’un des habitants nous a appris qu’il ne trouve plus un endroit où se procurer du lait pour son nourrisson. Face à cette escalade de violence extrêmement grave contre la population de toute une ville, le Comité national de soutien aux populations du bassin minier : §         exprime sa pleine et entière solidarité avec les habitants d’OUM LARAYES ; §         exige des autorités l’arrêt de toutes les formes de provocation policière, de violences, d’arrestations, descentes policières et la levée immédiate du bouclage policier que subit les populations ; §         appelle les autorités à faire revenir le calme par l’ouverture d’un dialogue avec toutes les composantes de la société civile en vue de trouver des portes de sortie et des solutions pour les problèmes pendants dont le plus culminant est le chômage endémique qui touche de larges couches de la population. Pour le Comité de soutien aux habitants du bassin minier Messoud Romdhani 9 mai 2008 Le comité de soutien aux luttes des populations du bassin minier de Gafsa à Paris se joint à cet appel et tient à exprimer à la population d’OUM LARAYES et à tous les habitants du bassin.minier@hotmail.com. www.ftcr.eu  


Mouvement  “ETTAJDID-France”

C/° Mohamed-Lakhdar Ellala

Apt. 984, 2, Square des Cévennes

92160 Antony

Tel. : 0685109440

 

 

 

 

 

Invitation  

 

 

 

Au nom du Mouvement “ETTAJDID- France”, nous avons le plaisir de vous inviter à une rencontre-débat avec le Premier Secrétaire du Mouvement  “ETTAJDID”, Ahmed BRAHIM.

Cette rencontre est placée sous le thème :

 

Ettajdid, le pôle démocratique progressiste en Tunisie: exigences et échéances.

 

Le 14 mai 2008 à partir de 19h00

À la Bourse du Travail, 3, rue Château d’eau, 75010 Paris, M° République

Salle Eugène Verlin  (Fédération CGT Agro-alimentaire)

 

Comptant sur votre présence, veuillez agréer, cher (e) ami (e) cher (e) camarade, nos salutations amicales.

 

Pour Mouvement  “ETTAJDID ”

Mohamed-Lakhdar ELLALA

Membre de la Commission politique


Tunisie: deux journalistes cessent une grève de la faim, procès le 30 mai

 

10 mai 2008
TUNIS (AFP) – Deux journalistes de l’hebdomadaire d’opposition tunisien Al-Mawkif ont cessé samedi une grève de la faim commencée le 26 avril pour protester contre des pressions attribuées au pouvoir et visant, selon eux, à étouffer leur journal. “Nous avons décidé de rompre le jeûne afin de poursuivre autrement notre combat pour la survie d’Al-Mawkif”, a annoncé en conférence de presse Rachid Khechana, rédacteur en chef de cet organe du Parti démocratique progressiste (PDP, légal). “Les objectifs de la grève ont été pleinement atteint aux plans politiques et médiatiques”, a affirmé de son côté Maya Jribi, secrétaire générale du PDP, faisant état d’un “retour à la normale” des ventes du journal, qui titre à 10.000 exemplaires. Les grévistes ont rompu leur jeûne avec des dattes offertes par Souhayr Belhassen, présidente tunisienne de la Fédération internationale des droits de l’Homme (FIDH). Mme Belhassen, qui a fait le déplacement depuis Paris, a notamment salué “la résistance des démocrates tunisiens, qui vivent sous pression”, selon elle. Le début de la grève, qui intervenait 48 heures avant la visite d’Etat du président français Nicolas Sarkozy en Tunisie avait été qualifiée de “manoeuvre démagogique et opportuniste” par le gouvernement. M. Khechana et Mongi Ellouze avaient annoncé une grève “illimitée” pour dénoncer des “manoeuvres politiques” contre Al-Mawkif, selon eux, cible de saisies répétées, blocus financier et obstacles à sa distribution. Les deux journalistes étaient entourés de nombreux avocats mobilisés pour la défense du journal, dont le rédacteur en chef et directeur Ahmed Nejib Chebbi, étaient appelés à comparaître en justice samedi. Le tribunal a reporté au 30 mai l’examen de plaintes déposées contre eux par cinq sociétés réclamant 300.000 euros de dédommagements pour des pertes présumées après la publication d’un article sur la distribution d’une huile de table frelatée. Dans un communiqué, son comité de rédaction a affirmé que Al-Mawkif n’avait fait que “commenter” une information publiée le 30 mars par le journal algérien Al-Khabar concernant la distribution en Algérie de cette huile en provenance de Tunisie. Il considère que les poursuites engagées contre le journal relèvent d’un “procès d’opinion” et s’inscrit “dans la série d’exactions qui avait contraint deux de ses journalistes à la grève de la faim”. Les autorités avaient formellement démenti avoir provoqué ces poursuites et accusé les dirigeants du journal de vouloir “se dérober à leurs responsabilités légales”.


Tunisie: deux journalistes opposants arrêtent leur grève de la faim

 
samedi 10 mai, 11 h 05 The Associated Press TUNIS – Les deux journalistes tunisiens qui observaient une grève de la faim depuis deux semaines pour protester contre les entraves faites à leur publication et défendre la liberté de presse en Tunisie ont annoncé samedi l’arrêt de leur mouvement. Lors d’une conférence de presse, le rédacteur en chef de l’hebdomadaire Al Mawkef, organe du parti démocratique progressiste (PDP, formation de l’opposition légale en Tunisie), Rachid Khéchana et le directeur de la rédaction, Mongi Ellouze, ont motivé leur décision par “le succès” qui a couronné leur action. Selon la dirigeante du PDP Maya Jribi, la grève “a atteint ses objectifs”. Elle a relevé avec satisfaction “le retour presque à la normale” de la distribution de l’hebdomadaire au cours des deux dernières semaines, en se félicitant de l’impact médiatique de cette grève aussi bien en Tunisie qu’à l’étranger. Les responsables d’Al Mawkef se plaignaient des “saisies déguisées” dont leur publication a fait l’objet depuis près de deux mois et qui la menaçaient de disparition, d’autant qu’elle est privée de subventions et de publicités publiques. Les autorités ont, de leur côté, constamment nié ces accusations, assurant que les journaux de l’opposition sont distribués “en toute liberté”. Les deux grévistes ont déclaré que leur décision avait été prise à la suite des “bons offices” d’importantes personnalités de la société civile, dont la présidente de la Fédération internationale des droits de l’Homme (FIDH), Souhayr Belhassen, présente à Tunis, le président du syndicat des journalistes tunisiens (SNJT), Néji Boughouri et l’ancien bâtonnier, Abdssattar Ben Moussa. Ils ont néanmoins insisté sur leur détermination à “poursuivre la lutte par tous les moyens pacifiques” pour défendre l’existence de leur journal. Parmi les dossiers encore en suspens: une affaire en justice engagée contre les dirigeants de l’hebdomadaire par cinq sociétés de commercialisation d’huile végétale. S’estimant lésés par un article d’Al Mawkef mettant en question la qualité de cette huile, les plaignants réclament un dédommagement de quelque 270.000 euros. Le procès qui s’est ouvert samedi devant le tribunal de première instance de Tunis, en présence d’un représentant du SNJT et de diplomates américain et finlandais, a été reporté au 31 mai à la demande de la défense.
 

Nationales  Larbi Chouikha, militant pour les droits de l’homme :

« Interdire la libre expression, qui est l’essence même de la citoyenneté, revient à renier à l’individu le droit d’exister comme citoyen »

 Enseignant universitaire à l’Institut de Presse, collaborateur dans des publications indépendantes en Tunisie et à l’étranger et surtout, connu depuis longtemps, pour ses engagements en faveur de la liberté d’expression et pour l’autonomie des journalistes, Larbi Chouikha, nous livre ses réflexions sur l’état de la liberté d’expression et d’information dans les pays arabes et développe ses propositions en vue d’impulser au secteur des médias dans notre pays plus de liberté, d’autonomie et de transparence.  Le Temps : Quel est l’état actuel de la liberté d’expression dans le monde arabe en général ? Larbi Chouikha : La région arabe détient le triste record du nombre des sites Internet bloqués ou prohibés, mais aussi, des personnes condamnées et incarcérées du fait de leur usage d’Internet, des systèmes de contrôle (logiciels et polices d’Internet) érigés pour surveiller tous ceux qui naviguent sur la Toile. Et voilà que maintenant, les ministres de l’Information des Etats arabes veulent – par euphémisme – “réguler le fonctionnement des chaînes de télévision satellitaires”. A cet effet, ils ont adopté une Charte qui recèle des mesures dangereuses pour la liberté d’expression et pour le libre déploiement de ces télévisions. Ces dispositions énoncent de nombreuses conditionnalités formulées en des termes aussi imprécis que volontairement vagues comme, respecter « les principes de la solidarité arabe », « les symboles nationaux et religieux », ne pas léser « aux intérêts suprêmes des Etats arabes » sans oublier, les sempiternelles notions comme « la société, l’unité nationale, l’ordre général ou les mœurs ». En fait, les plus visées par ces dispositions liberticides, ce sont, d’abord, El Jazira et d’autres chaînes qui se distinguent par leur liberté de ton. La particularité de ces chaînes, c’est qu’elles dérangent et agacent même les pouvoirs en place. D’abord, parce qu’elles sont davantage regardées et même, plus prisées que les télévisions nationales – publiques – ; ensuite, parce qu’elles sont souvent critiques à leur égard et osent traiter des sujets encore tabous… ; et enfin, parce qu’elles échappent totalement à leur emprise et offrent pour les populations arabes frustrées des bouffées d’oxygène. D’ailleurs, plusieurs de nos gouvernements n’ont pas attendu l’adoption de cette Charte pour s’attaquer directement à la chaîne El Jazira en fermant ses bureaux, en empêchant ses correspondants de travailler, en menant campagnes contre elle. Dans la plupart des régions du monde arabe, la presse et les journalistes sont parfois la cible des pouvoirs en place : intimidations, pressions, arrestations, et parfois même condamnations prennent une dimension inquiétante, essentiellement depuis le déclenchement de « la lutte contre le terrorisme » Quels sont les obstacles qui se dressent contre l’éclosion de médias libres et indépendants du pouvoir politique dans nos pays ?  Il convient tout d’abord de partir du postulat que la libre expression et la libre circulation des informations, des idées, des opinions – fussent-elles minoritaires – constituent l’essence même de notre citoyenneté. Interdire ou entraver l’exercice de cette liberté fondamentale, revient à renier à l’individu le droit d’exister comme citoyen à part entière. A partir de ce constat, l’apprentissage et l’inculcation de la démocratie et de la liberté ne s’acquièrent que dans un contexte de foisonnement des opinions contradictoires, voire antinomiques. Or, la mainmise, plus ou moins totale selon les pays – du pouvoir politique qui se confond souvent à l’Etat, au parti au pouvoir – sur tous les circuits de la production à la diffusion de l’information, mais aussi dans la distribution de la manne publicitaire et les subsides de l’Etat, réduit la liberté de manœuvre des journalistes et empêche ainsi tout épanouissement d’une presse libre et réellement indépendante. En effet, depuis l’aube des indépendances et jusqu’à nos jours, l’information est perçue par nos Etats comme un appareil qu’ils régentent à leur guise et l’utilisent souvent comme un instrument de propagande. Certes, des évolutions s’esquissent dans certains pays du Maghreb en faveur d’une plus grande liberté mais celles-ci sont toujours dictées par  « en haut », c’est-à-dire ; qu’elles sont impulsées par le pouvoir politique dans des situations caractérisées par des crises structurelles aiguës qui l’affectent directement ! En conséquence, toutes les « ouvertures démocratiques » observées ici et là sont loin d’être irréversibles. Et de surcroît, en l’absence de traditions démocratiques ancrées dans nos sociétés, toute mobilisation publique massive – y compris, des journalistes eux-mêmes – en faveur de la libre expression et pour la promotion d’espaces totalement indépendants de l’Etat, demeure extrêmement limitée. Une amorce de prise de conscience par la profession En Tunisie, pourtant, des évolutions positives ont été enregistrées ? Je ne sais trop ce que recouvre le qualificatif « évolutions positives », mais je constate en effet, ces derniers mois, une ébauche de prise de conscience par la profession. Et pour preuves, le rapport audacieux rédigé par sept journalistes de « La Presse » sur leurs conditions de vie et de travail dans leur entreprise, tout autant, l’avènement du SJT et les prises de position publiques qu’il a affichées, mais aussi la prolifération des blogs animés par des journalistes au ton souvent critique,… ce sont autant de signes qui montrent que les journalistes ne sont pas tous indifférents, voire complètement désarçonnés face aux obstacles qui les étreignent. Il faut tout de même rendre hommage à l’action de la presse indépendante mais aussi aux titres de l’opposition qui essaient – tant bien que mal – d’impulser un débat contradictoire et surtout, à briser quelques tabous ! Il va sans dire que depuis vingt ans, plusieurs réformes – législatives et institutionnelles ont été impulsées… Pour ma part, je persiste à affirmer que les approches d’ordre institutionnel et juridique telles que la refonte d’une nouvelle législation sur la presse, la suppression du ministère de l’information, les subventions versées à la presse partisane ou le renforcement des structures existantes comme celles du Conseil Supérieur de la Communication.. ., paraissent inopportunes au regard de la structuration de notre espace public qui demeure fortement étatisé. En fait, toutes ces réformes ne font que perpétuer la domination du champ médiatique par l’Etat. En effet, ma thèse récurrente est que le secteur des médias et par voie de conséquence, la liberté de communication et d’expression ne peuvent se déployer ni s’épanouir dans un espace public, entièrement absorbé par l’Etat. Autrement dit, la revendication démocratique d’une séparation effective de l’Etat et de la société et de la prééminence de l’individu, s’inscrit dans le droit fil de l’autonomisation des médias et des journalistes de l’emprise de l’Etat. Elle devrait de même stimuler la prise de conscience pour l’avènement d’une « culture médiatique autonome ». Il est donc pertinent que nous nous inscrivions dans la problématique suivante : comment faire accepter l’idée que l’information et la communication dans leur ensemble, ne peuvent s’épanouir en toute liberté en demeurant sous l’apanage des institutions politiques, comme l’Etat? En conséquence, le moyen propice pour garantir à ce secteur les conditions de son épanouissement ; et au citoyen, le droit à la libre expression, serait d’envisager la création d’une structure véritablement publique, transparente, légitime, et réellement – autonome de l’Etat – qui superviserait l’organisation, l’accès et le déploiement dans le secteur des médias et particulièrement celui de l’audiovisuel. Or, toute la question est de savoir ce qu’il convient d’entendre par « structure publique » dans un espace public fortement étatisé ? Quelle serait sa composition ? Et surtout, comment lui garantir son autonomie par rapport à la toute puissance de l’Etat ? Et qui serait à même de lui garantir cette autonomie ? Les exemples à travers le monde abondent dans ce sens, et ils pourraient nous servir d’illustrations. Les cas du Conseil Supérieur de l’Audiovisuel en France, de la Haute Autorité de la communication et de l’audiovisuel au Maroc, et d’autres structures autonomes qui se déploient activement dans des pays africains, montrent qu’il est possible d’envisager le regroupement dans une même instance, des professionnels, des représentants des publics et autres acteurs sociaux reconnus pour leur rayonnement, leurs compétences et leur indépendance d’esprit. En attendant, la première manifestation de cette volonté de désétatisation pourrait déjà prendre corps par la suppression du régime des récépissés, en permettant à toute personne qui en a fait et qui en fera une demande de se voir accorder – aussitôt – le droit de publier son journal !
(Source : « Le Temps », (Quotidien – Tunisie), le 03 mai 2008)

La “famille musulmane” conviée au rendez-vous annuel du Bourget

 
 Comme chaque année, Jamila Labidi passera une journée “au moins” au Parc des expositions du Bourget (Seine-Saint-Denis), où se tient, du 8 au 11 mai, le 25e rassemblement de l’Union des organisations islamiques de France (UOIF). Ne serait-ce que pour s’y procurer livres et DVD de culture islamique destinés à ses enfants, deux filles de 15 et 8 ans et un garçon âgé de 12 ans.     Cette enseignante d’arabe de 44 ans, installée dans le Val-d’Oise, assistera aussi avec son mari, cadre dans l’informatique, à des conférences sur la famille, thème de réflexion choisi, cette année, par l’organisation. Elle écoutera ce que Tariq Ramadan, l’intellectuel musulman controversé, absent des rassemblements de l’UOIF depuis plusieurs années, a à dire sur le sujet au cours d’une conférence intitulée “La famille, de l’idéal à la réalité : des étapes, des exigences, un djihad”.   Franco-Tunisiens arrivés en France en 1992, les Labidi sont au clair sur ce que doivent être une “famille musulmane” et les valeurs à transmettre à leurs enfants. “L’islam ne se résume pas au port du voile ou à la prière, affirme la mère de famille qui, contre l’avis de ses parents, s’est elle-même voilée à 14 ans. Nous essayons de ne pas faire vivre à nos enfants la morale islamique comme des interdits mais comme un chemin qui mène à l’équilibre.”   “LIBERTÉ, VALEUR SUPRÊME”   Chayma, l’aînée qui ne porte pas le voile, sait qu’il est inutile de compter sur un pantalon taille basse ou un tee-shirt décolleté, et qu’un petit ami ne sera pas le bienvenu à la maison. “Je lui dis qu’elle doit se distinguer des autres, explique sa mère, qu’elle n’a pas à exhiber son corps comme une marchandise. Elle est française, mais elle est aussi de confession musulmane. Jusqu’à présent, je crois qu’elle comprend.”   Les trois enfants suivent des cours de langue arabe incluant une éducation à l’islam et le garçon de 12 ans apprend, depuis quatre ans, le Coran dans une école religieuse. Pour la plus jeune, Mme Labidi a demandé à la cantine de l’école un régime sans viande, afin de respecter les règles alimentaires islamiques. Les Labidi ont inscrit, cette année, Chayma dans l’enseignement catholique privé, afin de la préserver de “la violence et du manque de mixité” observés dans le public. Ils l’auraient bien scolarisée dans un lycée musulman, mais, en région parisienne, les places sont chères et ce type d’établissements n’est pas reconnu par l’éducation nationale.   Elle-même contrainte par son voile à un travail dans le milieu musulman, Mme Labidi craint que ses enfants soient victimes de discriminations. “Je laisserai mes filles choisir mais ce serait dommage qu’elles renoncent à des études et à un travail pour porter le voile”, estime-t-elle. “Pourquoi ne verrait-on pas en France des femmes voilées travailler dans les banques, les restaurants, les écoles, comme ailleurs en Europe ?”, glisse-t-elle. Elle reconnaît toutefois disposer ici d’une liberté religieuse plus grande que dans son pays d’origine et inculque à ses enfants “la liberté” comme “valeur suprême” de la France.      Stéphanie Le Bars  

——————————————————————————– Une 25e rencontre en pleine crise des institutions musulmanes

  Le rendez-vous annuel de l’Union des organisations islamiques de France (UOIF), l’une des principales composantes de l’islam en France, se tient en pleine crise des institutions représentatives musulmanes. L’annonce, le 3 mai, par Dalil Boubakeur, président du Conseil français du culte musulman (CFCM) et responsable de la fédération de la Grande Mosquée de Paris, de ne pas participer aux élections visant à renouveler les instances régionales et nationales le 8 juin, pourrait compromettre la légitimité des résultats sortis des urnes. Dans ce contexte, Fouad Alaoui, vice-président de l’UOIF, par ailleurs candidat à la succession de M. Boubakeur à la tête du CFCM, a choisi de centrer sa traditionnelle intervention politique sur ce thème, samedi 10 : “Quel avenir pour la représentation de l’islam en France ?” Un intitulé qui rompt au passage avec le concept de “l’islam de France”, dont l’émergence et la défense figurent pourtant au programme officiel de l’UOIF.   (Source : « Le Monde », (Quotidien – France), le 10 mai 2008)  

 

Home – Accueil الرئيسية

Lire aussi ces articles

4 avril 2011

TUNISNEWS 10 ème année,  N°3968 du 04.04.2011 archives : www.tunisnews.net  Lettre d’information relative aux activités de l’ATTF et

En savoir plus +

13 août 2009

Home – Accueil   TUNISNEWS 9 ème année, N° 3369 du 13.08.2009  archives : www.tunisnews.net   Amnesty International: Tunisian national released

En savoir plus +

Langue / لغة

Sélectionnez la langue dans laquelle vous souhaitez lire les articles du site.

حدد اللغة التي تريد قراءة المنشورات بها على موقع الويب.