10 juin 2006

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TUNISNEWS
 
7 ème année, N° 2210 du 10.06.2006

 archives : www.tunisnews.net


Moncef Marzouki: Hommes de paille, hommes de main Sport: Les Tunisiens ne seront pas privés du Mondial Le Journal: un vrai hebdomadaire d’information generale Le Journal: six ans deja La Presse: Selon un rapport du FMI La Tunisie est parvenue à réaliser les meilleures performances économiques au plan régional La Presse: La couverture sociale des avocats sera examinée par une commission nationale Jeune Afrique: Vie et œuvre d’un universaliste

Le Monde: L’image est une arme

 

Hommes de paille, hommes de main

Moncef Marzouki Le dernier scandale de la famille régnante (le recel d’un bateau volé à un banquier français par le tristement célèbre Imad Trabelsi) rappelle ce que tout le monde sait et ce que tout le monde feint de ne pas savoir …à savoir que l’Etat fondé par Khair-eddine est aujourd’hui l’otage des maffias.
Cet Etat ressemble à un théâtre. Sur la scène s’agitent de pâles marionnettes  dont un pseudo- premier ministre, un pseudo ministre de l’intérieur, un pseudo- directeur de la sécurité, de pseudo grands fonctionnaires,  de pseudo- députés, de pseudo- diplomates.
 Leur mission à tous est de donner le change, de mimer le fonctionnement des institutions d’un Etat moderne.  Ce ne sont que des hommes de paille, car le vrai pouvoir est détenu dans les coulisses (si transparentes) par les hommes de main : Les Ben Ali, les Trabelsi, les Lataief, les Chiboub, les Jilani et autres gangs de moindre envergure… noms unanimement honnis, véritables blasons d’infamie.
Le lien entre les coulisses et la scène, entre les hommes de main et les hommes de paille, c’est le maître de Carthage.
La presse française a rappelé à juste titre en relatant la dernière affaire de la famille, que le frère aîné  de ce dernier  a été condamné en 1991 par la justice française à dix années de prison pour trafic de drogue. Ce dealer notoire a d’ailleurs été assassiné, comme l’a rapporté ‘’L’audace ‘’ par une gang rival lors d’une sordide affaire de règlement de compte  soigneusement étouffée. Qui peut croire un instant  que l’ancien directeur de la sûreté, puis ministre de l’intérieur, ne savait pas ce que faisait le frère, ne le couvrait pas et peut être plus .D’ailleurs qu’a fait le cadet devenu chef d’Etat, à travers le 2626, véritable racket à l’échelle d’un pays, que de révéler la culture maffieuse de la famille. 
Au palais de Carthage, le parrain a évincé le  père.
Depuis lors, cet homme maléfique s’il en est, a fait de l’intimidation, du chantage, de l’intoxication, de la falsification et de la répression ses armes essentielles pour courber l’échine de tout un  peuple. Tout cela pour que le pillage du pays, par lui-même et ses familles, puisse se faire en toute tranquillité et impunité. Il a en effet  introduit  à travers ses hommes de main, cette corruption massive,  généralisée, grossière et vulgaire, que la Tunisie n’a jamais connue, ni sous les Beys, ni sous le protectorat, ni sous Bourguiba.
Elle a gangrené la police, la justice, l’administration, plombé notre économie et surtout infecté  les cœurs et les esprits.
C’est pourtant à un tel  homme qu’une opposition timorée s’adresse pour demander des réformes.
C’est pourtant à un tel  homme que s’adresse ces pathétiques et dérisoires grèves de la faim pour réclamer justice. Si l’on se souvient que le principe de la grève de la faim selon Gandhi  est de réveiller dans l’âme de l’adversaire son humanité endormie,  On ne s’étonnera  pas du peu de succès rencontré par nos valeureux grévistes .Autant espérer  émouvoir un gorille par un poème  d’Ibn Arabi ou par un impromptu  de Schubert.
C’est pourtant cet homme qui nous représente tous, devant les dignitaires et les diplomates étrangers, leur permettant de nous mépriser à peu de frais à travers le mépris qu’il leur inspire.                                                                      * Tunisiens et Tunisiennes , point de salut pour chacun et chacune , point de salut pour la Tunisie , point d’espoir pour les générations montantes, sans la fin du règne de  cet homme , la fin de son régime , le rejet d’un clone  le continuant toute façade renouvelée.
Tunisiens, Tunisiennes, point de seconde indépendance  sans une mobilisation populaire.
Quelques semaines de manifestations et de grèves dans tout le pays et la triste vérité s’avèrera dans toute son horreur. Nous n’avons été terrorisés  depuis si longtemps  que par des hyènes en papier.
Le plus dur commencera tout  juste après : Tout reconstruire, l’Etat, la société, les institutions, la confiance, l’espoir. Ne vous faites aucune illusion, ce sera une tâche titanesque tant les dégâts sont  graves  et le mal profond.
Mais ce dont nous ne pourrons pas faire l’économie c’est la réponse à la question : comment avons-nous laissé des hommes et des femmes qui auraient été traînés dans n’importe quel pays de droit, comme l’Inde ou Maurice ou l’Afrique du sud, devant les tribunaux, pour des crimes de droit commun, détruire notre pays pendant  prés de deux décennies.
A cette question devront répondre l’armée, la police, l’administration, la justice, les syndicats, l’opposition …et chaque tunisien.
Cet examen de conscience fait, tous autant que nous sommes, nous devons au fin fond de nos cœurs prêter à la Tunisie le seul serment qui vaille : Plus jamais ça. Paris, le 10 juin 2006 site de l’auteur : http://www.moncefmarzouki.net Source : http://cprtunisie.net

Message adressé par des lecteurs de TUNISNEWS au dénommé « Montassar  Mezoughi » :

Arrêtez votre jeu, Ben Ali est le PREMIER responsable !

Allez-vous cesser vos manipulations et sornettes? Vous n’avez pas encore compris que les tunisiens ne sont pas aussi  bêtes que vous le supposiez. Mais d’où tenez vous ces informations sur ce qui se passe derrière les murs du Ministère de l’Intérieur, de ce que pensent les cadres du RCD, de l’Etat et sur les recommandations de Madame Alliot Marie à Ben ALI?  Ne vous vous êtes pas rendu compte que ce faisant vous confirmez ce que tous les lecteurs de TUNISNEWS ont compris dés votre première intervention, à savoir que vous n’êtes ni plus ni moins qu’un sous marin de Ben Ali dont la mission est claire comme l’eau de roche: dissocier Ben Ali de son système,  le disculper des dérives dévastatrices que connaît notre pays et le révéler dans l’attitude d’un président lui-même indigné et non au courant de ce qui se passe. Un conseil : inutile de continuer dans ce jeu infantile. La ficelle est grosse et  elle ne passe pas. Dites à ceux qui vous ont chargé de cette mission que l’océan de TUNISNEWS n’est pas navigable pour ce type de sous marin. Il vous faut un océan nauséabond plein d’immondices. Là vous serez dans votre élément.  En conclusion; sachez une fois pour toutes que les 10 millions de tunisiens y compris les cadres de l’Etat dont vous parlez sont convaincus depuis toujours que TOUT procède de Zine et que personne dans le pays n’ose mettre un fil dans le chas d’une aiguille sans son autorisation préalable. En fait, Ganzoui n’a jamais été qu’un exécutant (peut être zélé) d’une politique que Ben Ali  a décidée et aux détails de laquelle (insulte, pornographie, torture, extorsion) il a veillé et continue de veiller en PREMIERE personne. 10 juin 2006

 

Les Tunisiens ne seront pas privés du Mondial

Les Tunisiens, qui ont suivi vendredi le coup d’envoi de la Coupe du monde 2006 en Allemagne diffusé en clair, auront droit à la retransmission en direct par deux chaînes locales des matches de la Tunisie qualifiée au Mondial. La chaîne privée Hannibal TV a été la première à négocier les droits de diffusion terrestres des trois premiers matches de la Tunisie auprès du Groupe ART, qui a le monopole de la retransmission pour la région du Maghreb et du Moyen-Orient. La télévision d’Etat « Tunis 7 » a suivi et les deux chaînes qui couvrent tout le territoire diffuseront aussi les deux demi-finales, le match de classement et la finale du tournoi mondial. Les deux chaînes prévoient aussi une couverture globale, avec 33 émissions chez « HTV » et 24 sur « Tunis 7 », ce qui permettra aux téléspectateurs tunisiens de suivre les résumés de matches et les meilleurs moments du tournoi. La Tunisie est l’unique représentant de sa région au Mondial (groupe H) et disputera son premier match le 14 juin contre l’Arabie-saoudite. C’est à l’initiative du président Zine El Abidine Ben Ali que la chaîne étatique a été autorisée à négocier les droits de retransmission des matches, a-t-on noté officiellement. La Fédération tunisienne de football a salué ce geste du Chef de l’Etat, qui permettra à « tous les Tunisiens » de suivre le déroulement des rencontres et « donnera des motivations supplémentaires à nos joueurs » pour la défense des couleurs du pays, écrivait la Presse de Tunisie. Aucun détail chiffré n’a été donné sur la négociation des droits de transmission avec ART, propriété du milliardaire saoudien Cheikh Salah El Kamel, qui a des intérêts en Tunisie. Sa chaîne devrait voir le nombre de ses abonnés augmenter grâce à la diffusion intégrale du tournoi et au renforcement du cryptage des chaînes satellitaires étrangères, captées en Tunisie grâce à des cartes pirates, notamment le bouquet satellite numérique TPS. Les Tunisiens pourront aussi profiter de la diffusion en clair et par satellite du tournoi par des certaines chaînes allemandes et Suisses. La première chaîne de télévision italienne, Rai Uno, qui arrose en terrestre la capitale, devrait diffuser les matches de l’équipe d’Italie et une vingtaine d’autres rencontres, au bonheur des deux millions d’habitants de la capitale. (Source:  le site www.sport.fr , le 9 juin 2006) URL : http://www.sport.fr/Football/foo/Les-Tunisiens-ne-seront-pas-prives-du-Mondial-61699.shtm

 

SIX ANS DEJA !

Par Hatem OMRANE    Il y a exactement six ans, notre collègue M’hamed Jaïbi, animateur de notre hebdomadaire électronique, a pris l’initiative de procéder, auprès du ministre de l’Intérieure, à une déclaration de fondation de deux hebdomadaires d’information générale, «Al-Jarida» et «Le Journal». C’était le 8 juin 2000. Malheureusement, et à ce jour, notre collègue n’a toujours pas reçu les deux récépissés relatifs à ces organes d’information. Pourtant, la législation est tout à fait claire, qui prévoit la remise automatique de ces reçus aux promoteurs concernés. Juin 2005, notre collègue, déçu mais patient, décide d’encourager les autorités à lui octroyer ses «récépissés», en leur proposant sur internet un contenu conforme aux projets envisagés. Il en informe tout le monde autour de lui en ces termes : «Le 7 novembre 2005, je serai sur internet». Chose promise, chose due ! Et le 8 novembre, l’hebdomadaire électronique «Le Journal» apparaissait effectivement sur le net sous la forme d’une page d’accueil, sachant que le premier contenu, correspondant au premier numéro, allait être édité le 16 novembre, jour du démarrage du Sommet Mondial sur la Société de l’Information en sa deuxième phase. Celle de Tunis. Alors que notre collègue vient d’adresser, comme chaque année, une lettre de rappel au ministre de l’Intérieur et du Développement local, nous vous proposons, ci-après, le texte (*) de la communication qu’il a présentée à l’Institut de Presse et des Sciences de l’Information (IPSI) dans le cadre d’un séminaire sur «La presse électronique en Tunisie, acteurs et pratiques», organisé le 21 janvier 2005. (Source : Edito du « Le Journal », N° 30 du 10 juin 2006) URL : http://www.gplcom.com/journal/fr  

(*) UN VRAI HEBDOMADAIRE D’INFORMATION GENERALE

Par M’hamed JAIBI Les organisateurs de ce séminaire, qui nous ont fait l’honneur de nous convier à exposer la stratégie de notre organe de presse électronique, ont su admirablement exposer les spécificités du secteur et ses perspectives, dans un monde où l’audiovisuel et la globalisation prennent inexorablement le dessus. Notre hebdomadaire électronique, «Le Journal», n’a, quant à lui, aucune réelle prétention dans l’une ou l’autre de ces tendances irrésistibles. Certes, notre journal est électronique et accessible en ligne, mais il est hebdomadaire, avec un contenu informatif invariant durant toute la semaine. De sorte qu’il tourne le dos aux aspects sensationnel et instantané du «on-line ». En fait, nous nous réclamons de la presse écrite la plus classique, ne faisant que tirer profit des possibilités technologiques qu’offre l’Internet. Notre journal est un hebdomadaire comme les autres, mais que le lecteur reçoit tranquillement chez lui, ou consulte d’un simple clic, là où il se trouve, à l’un des quatre coins du monde, à l’instant où nous procédons, vendredi, tard dans la soirée, à la «mise à jour» du site. Pour nous, le réseau électronique n’est qu’un véhicule moderne. Un véhicule miraculeux qui appelle des contenus de haut niveau, capables d’impliquer les Tunisiens et d’en faire des internautes assidus, et même des créateurs de contenu, à leur tour. A notre sens, la presse (ou les médias) peut être classée en deux grandes catégories : la presse écrite et l’audiovisuel. Et, à son tour, la presse écrite se subdivise en «support papier» et électronique. Car ce qu’on consulte sur Internet, c’est bel et bien un contenu écrit. Quant à notre stratégie, elle est simple. Montrer un contenu, fidéliser un lectorat et rassurer les pouvoirs publics. Car il s’agit de rompre avec cette tendance fâcheuse de sites anonymes débitant des mises en cause agressives, des insultes ou des calomnies, quand ce n’est pas des appels à la révolte ou au terrorisme. C’est pourquoi nous sommes tout à fait favorables à l’idée d’une réglementation du secteur de la presse électronique et appuyons la recommandation du Président de la République de procéder à son organisation. L’enjeu pour la Tunisie, en matière de maîtrise des technologies de l’information et de présence effective sur Internet, consiste, aujourd’hui, en une bataille pour le développement de contenus consistants qui soient de nature à capter l’attention et l’intérêt des consommateurs et de l’ensemble de l’opinion publique. Certes, «Le Journal» a été conçu dans l’attente de voir les pouvoirs publics nous délivrer les récépissés de nos hebdomadaires d’informations générales, sur support papier, «Le Journal» et «الجريدة», mais, il représente, en pratique, un véritable organe de presse électronique bilingue, produisant un contenu sérieux, indépendant se forçant à susciter le débat. Ce qui aspire à contribuer à améliorer l’image de la presse nationale et à renforcer l’attractivité du «réseau des réseaux» aux yeux des Tunisiens qu’ils soient attirés par la langue française ou par la langue arabe. Car «Le Journal» est actuellement un véritable hebdomadaire d’information générale. Généralement, les organes de presse ayant une existence sur support papier adoptent l’Internet soit comme une vitrine soit comme un véhicule accessoire leur permettant de consolider leur image par un «on line» diffusant, instantanément, les informations de dernière minute. Ayant déposé la déclaration d’existence de nos hebdomadaires le 8 juin 2000, nous avons tenu, en attendant le support papier, à faire le chemin inverse. Mais nous tenons, ce faisant, à jouer pleinement le jeu : assumer le rôle qui nous revient dans la bataille que livre la Tunisie pour la maîtrise des TIC et pour une présence effective sur le net. C’est dans ce cadre que nous ambitionnons de faire de notre site un salon d’accueil et d’orientation pour les internautes tunisiens, afin qu’il puissent avoir accès au maximum de nos sites nationaux et contribuer à faire d’Internet une tradition acquise préparant effectivement la société de l’information et du savoir. (Source : « Le Journal », N° 30 du 10 juin 2006) URL: http://www.gplcom.com/journal/fr  

 

Selon un rapport du FMI

 

Grâce à ses réformes et à ses politiques économiques prudentes

La Tunisie est parvenue à réaliser les meilleures performances économiques au plan régional

 

• Le FMI loue la capacité de l’économie tunisienne à faire face aux chocs extérieurs

 

• Une accélération de la croissance attendue en 2006 en relation avec la progression positive de l’agriculture, de l’industrie et des services

 

Le conseil d’administration du Fonds monétaire international (FMI) vient de publier son rapport sur l’économie tunisienne, après examen du rapport préparé par la mission de ce fonds, au cours du mois de décembre 2005, suite à des concertations avec la Banque Centrale et les différentes structures ministérielles concernées au titre de l’article 4 du statut de cette institution.

 

Le rapport comporte les conclusions de l’équipe qui a effectué la mission ainsi que les impressions des membres du conseil d’administration lors de leur réunion.

 

Il en ressort, en particulier, que la Tunisie est parvenue au cours de la décennie écoulée à réaliser les meilleures performances économiques au plan régional grâce aux réformes mises en œuvre et qui ont visé à instaurer les mécanismes du marché et à adopter des politiques économiques prudentes et une politique de change flexible, outre une orientation franche vers l’ouverture sur l’extérieur.

 

Ces réformes fondamentales, alliées à une politique de change souple, ont contribué à la consolidation de la compétitivité de l’économie tunisienne et au développement des exportations.

 

Le conseil d’administration du Fonds a également loué les résultats importants réalisés par l’économie nationale et sa capacité à faire face aux chocs extérieurs. En témoignent le rythme de croissance élevé, la maîtrise de l’inflation, la hausse du niveau des réserves en devises et le renforcement des flux financiers et qui sont autant d’acquis résultant des politiques économiques saines mises en œuvre et des réformes adoptées en vue de soutenir les mécanismes du marché.

 

Aujourd’hui, note le rapport, l’économie tunisienne se caractérise par sa solidité et ses perspectives demeurent positives. En effet, la Tunisie a enregistré en 2005 un taux de croissance relativement élevé et une baisse nette de son déficit courant, malgré le ralentissement de la demande en Europe, le démantèlement de l’accord multifibres et la régression de la contribution du secteur agricole dans la croissance par rapport à 2004.

 

Une accélération de la croissance est attendue en 2006 en relation avec la progression positive de l’agriculture, du secteur industriel et des services et au fait que le processus économique global et le taux d’inflation restent sous contrôle. D’un autre côté, malgré la hausse excessive du prix des hydrocarbures, le déficit budgétaire a été contenu dans la limite de 3,2% du produit intérieur brut en 2005 et devrait régresser à 3% en 2006.

 

Le conseil d’administration a, également, loué les efforts déployés pour maîtriser davantage l’impact des prix des hydrocarbures, grâce à un programme adéquat aux axes complémentaires.

 

Les indicateurs du secteur bancaire, pour l’exercice 2005, ont eux aussi enregistré une amélioration, avec une régression, de moins de 21%, des créances classées par rapport au volume total des prêts. Le taux de couverture par l’épargne a en outre enregistré une hausse.

 

Le conseil d’administration du Fonds s’est de même félicité de la décision des autorités tunisiennes de consacrer une part importante des recettes provenant de la cession de 35% du capital de «Tunisie Télécom», en vue de rembourser une partie de la dette publique et d’en réduire ainsi le taux qui sera ramené au-dessous de la barre de 50% du PIB.

 

Tout en louant les pas franchis au niveau de la libéralisation des opérations de capital et l’intégration de l’économie tunisienne aux marchés internationaux, le FMI a recommande de prendre de nouvelles initiatives pour parvenir à un degré plus élevé de libéralisation financière extérieure.

 

Dans ce cadre, le Fonds a exprimé sa satisfaction quant aux progrès enregistrés dans la mise en œuvre d’une politique monétaire adéquate, en particulier à la faveur de l’amendement du statut de la Banque centrale tunisienne qui a fait de la stabilité des prix son ultime objectif.

 

Face aux perspectives positives qui s’offrent dans ce domaine le conseil d’administration du FMI appuie les efforts déployés par les autorités monétaires tunisiennes en vue d’améliorer davantage les indicateurs bancaires, en particulier la qualité du portefeuille du crédit.

 

Le FMI souligne en outre que l’accélération du rythme des réformes structurelles constitue le moyen le plus adéquat pour améliorer la capacité de l’économie tunisienne à s’adapter aux changements en cours au niveau international et à consolider l’attractivité de la Tunisie en tant que site pour les investissements extérieurs.

 

A moyen terme, le conseil d’administration du Fonds considère que pour relever le revenu par tête à un niveau comparable à celui des pays émergents et des pays appartenant à l’Organisation de la coopération et du développement économique (Ocde), il est nécessaire de promouvoir davantage la structure de l’économie, le but étant d’éponger la demande additionnelle d’emplois, en particulier celle émanant des diplômés du supérieur.

 

Dans ce cadre, le conseil d’administration du Fonds soutient l’orientation de la politique des autorités tunisiennes en vue d’approfondir davantage les réformes économiques, améliorer l’environnement des affaires, consolider le secteur financier et poursuivre la réforme bancaire.

 

(Source : La Presse du 10 juin 2006)


 

RCD – Tribune de dialogue

La couverture sociale des avocats sera examinée par une commission nationale

 

Une tribune de dialogue s’est tenue, jeudi après-midi, au Bardo, sous la présidence de M. Abdelaziz Ben Dhia, membre du Bureau politique du Rassemblement Constitutionnel Démocratique (RCD), ministre d’Etat, conseiller spécial auprès du Président de la République et porte-parole officiel de la Présidence de la République.

 

A cette occasion, M. Abdelaziz Ben Dhia a mis l’accent sur l’ampleur des mutations intervenues dans les domaines politique, économique et social, dans un monde où il n’y a guère de place à la nonchalance, faisant remarquer que face à la rude concurrence internationale, seules la persévérance et la planification minutieuse de l’avenir peuvent garantir la réussite.

 

M. Ben Dhia a, dans ce contexte, salué les efforts déployés par le Président Zine El Abidine Ben Ali afin de tracer les contours d’un avenir meilleur au profit de tous les Tunisiens et de garantir le droit des générations futures aux dividendes du progrès et du développement.

 

En réponse aux interrogations des intervenants, le ministre d’Etat a mis l’accent sur la portée des importantes réformes engagées par la Tunisie du Changement, afin de promouvoir le barreau, faisant remarquer que la question de la couverture sociale des avocats sera examinée par une commission nationale devant soumettre ses recommandations au gouvernement. Rien n’empêche l’application de ces recommandations, si elles s’avèrent en conformité avec le régime général de la couverture sociale en Tunisie, a précisé le ministre.

 

S’agissant des grèves qui ont eu lieu cette année, notamment dans le secteur de l’éducation, M. Ben Dhia a expliqué que les grèves observées dans ce secteur n’ont pas dépassé quatre jours ni empêché le bon déroulement des cours, précisant qu’il est indispensable de s’assurer de la véracité de certaines informations avant de les répercuter.

 

Le ministre d’Etat a, par ailleurs, dénoncé les rumeurs rapportées par des médias étrangers dans le dessein de porter atteinte à la réputation de la Tunisie, appelant, à cet égard, à faire fi de toutes ces allégations mensongères et de se dévouer, pleinement, au service du progrès et de la prospérité de la Tunisie.

 

M. Abdelaziz Ben Dhia a, en conclusion, appelé tous les militants du Rassemblement à redoubler d’effort afin de mieux sensibiliser la population aux enjeux qui se posent et d’approfondir la prise de conscience quant à la nécessité d’aller de l’avant sur la voie du renforcement de l’invulnérabilité et de la souveraineté nationale.

 

(Source : La Presse du 10 juin 2006)

 


 

Vie et œuvre d’un universaliste

par NOUREDDINE MEJDOUB (*)

 

La célébration du 600e anniversaire de la disparition du grand penseur arabe permet de revisiter son œuvre, qui se révèle d’une étonnante modernité.

 

Abderrahman Ibn Khaldoun fut le plus génial des historiens arabes. En célébrant cette année le 600e anniversaire de sa disparition (1332-1406), la Tunisie et la communauté internationale rendent hommage à un homme qui, au XIVe siècle déjà, a apporté une contribution majeure à la pensée universelle. Les trois pays du Maghreb central, l’Espagne, comme l’Égypte où il a passé les vingt dernières années de sa vie, le revendiquent. Ce géant de la culture appartient en fait à l’ensemble de l’humanité.

 

Né à Tunis le 27 mai 1332 dans une famille arabe d’origine andalouse – établie à Séville au IXe siècle, puis en Tunisie où son grand-père fut ministre des Finances -, le jeune Abderrahman effectue de brillantes études à la grande mosquée de la Zitouna, avant d’entrer au service du souverain hafside Ishaq Ibrahim en 1352. L’année suivante à Fès (Maroc), il est nommé secrétaire particulier du prince mérinide Abou Iman. Sa vie devient alors une extraordinaire aventure dans un contexte de complots et de guerres civiles. Il est emprisonné durant deux ans, de 1356 à 1358. Le nouveau souverain mérinide Abou Salim le réhabilite et le nomme grand cadi avant qu’il ne tombe à nouveau en disgrâce.

 

Il quitte donc l’Afrique pour l’Espagne où la cour de Grenade l’accueille avec les honneurs en le désignant ambassadeur auprès de Pierre de Castille dit « le Cruel ». D’une remarquable témérité, l’homme était également très sollicité au point que, lorsqu’une cour l’expulsait, la cour adverse l’accueillait.

 

Entre 1374 et 1378, Ibn Khaldoun se retire en Oranie, à Qalat Ibn Salama, et rédige sa fameuse Muquaddima (« Prolégomènes »), une introduction à une Histoire universelle Kitab Ellbar (« le livre des exemples »). C’est alors qu’il regagne la Tunisie, son pays natal, où il séjourne pendant quatre ans – pour écrire notamment son Histoire des Berbères. Sans lui, cette histoire, fort compliquée, serait demeurée indéchiffrable. Dispensant ses cours à la Zitouna, il suscite l’enthousiasme des étudiants, mais aussi l’hostilité des conservateurs. En 1384, le grand savant rejoint Le Caire, où, là encore, il gagne la reconnaissance en devenant le grand cadi du rite malékite en vigueur au Maghreb et en Espagne. Mais il y connaîtra aussi la prison. Homme politique, diplomate mais aussi penseur, Ibn Khaldoun est partagé entre la science et l’action. En 1400, il rencontre le Mongol Tamerlan, qui va bientôt entrer à Damas et ouvrir l’ère de la puissance ottomane. Constatant que l’Orient arabe vacille et que l’Espagne musulmane ne parvient pas à établir la paix durable à laquelle elle aspire tant, il en ressent une immense amertume. Il s’éteint le 17 mars 1406 au Caire, où il repose encore.

 

L’œuvre d’Ibn Khaldoun occupe une place majeure dans la culture universelle. L’homme a vécu et observé, au XIVe siècle, les rivalités dynastiques qui déchiraient le Maghreb et la Reconquista chrétienne qui combattait l’Andalousie musulmane.

 

Dans ses « Prolégo­mènes », son œuvre maîtresse destinée en réalité à introduire son Kitab Ellbar, il propose une nouvelle méthode qui considère que l’objet de l’Histoire devient une étude de la société humaine. Il introduit dans les éléments historiques la géographie physique et humaine, la climatologie, les échanges de toutes sortes, les modes de production, l’organisation du travail. En plein Moyen Âge et bien avant Bossuet, Montesquieu et Karl Marx, l’auteur suggère une saisie globale des événements du monde pour fonder une histoire qui ferait déboucher conjonctures, spéculations et légendes vers l’action. Il suggère le Umran (« la civilisation ») où l’Histoire a une double tâche. D’une part, elle s’occupe du passé des peuples. D’autre part, elle étudie le Umran actuel dans ses rapports avec le phénomène national. La dimension de sociabilité entre triomphalement dans le concept historique. Brusquement, l’Histoire se voit promue au rang de science. Ainsi naquit la sociologie.

 

En ce début du XXIe siècle où la communauté internationale célèbre le 600e anniversaire de la disparition de ce grand citoyen du monde, il faut relever la vivante actualité des concepts que cet homme politique et théoricien avait élaborés. Nous en retiendrons quatre : tout d’abord, cet homme était un précurseur qui, ne confondant pas la religion et l’État, aurait pu vivre dans les temps modernes. Il faisait une distinction entre la religion et la Milla, l’esprit communautaire des croyants. Comme Spinoza (trois siècles plus tard !), il estimait que Dieu est une hypothèse fondamentale de travail, mais qu’il y a une différence entre l’existence et la grâce – qui conduisent les hommes à la vérité – et l’autorité, qui conduit à la politique. Ibn Khaldoun soutenait aussi avec force que l’homme possède une aspiration naturelle à la connaissance. Descartes le rejoindra au XVIIe siècle. La précocité avec laquelle cet homme annonçait la société du savoir est étonnante. Plus surprenant encore, pour lui, l’état du monde et des nations ne suit pas une direction linéaire. Il s’agit d’une suite de changements qui se succèdent. Peut-on imaginer, demande-t-il, qu’après le Prophète Mohammed, l’évolution s’arrête ? Il ne le pense pas et l’Islam admet, selon un dire du Prophète, qu’il y aura toujours à périodicité régulière, des réformateurs éclairés. Enfin, précocité inouïe à l’époque, Ibn Khaldoun affirmait que seule la solidarité aide l’homme à assurer sa survie et que, si la sagesse divine préserve son existence et perpétue son espèce, la vie en société est évidemment indispensable à l’humanité.

 

 

(*) Ambassadeur, ancien Représentant permanent de la Tunisie auprès des Nations unies. Noureddine Mejdoub est aussi peintre et sculpteur.

 

(Source : Jeune Afrique, N° 2369 du 4 au 10 juin 2006)

 


L’image est une arme

Patrice Claude La scène a pu paraître étrange, voire choquante. Sa photographie a pourtant fait le tour du monde et figurait vendredi 9 juin à la « une » de bien des quotidiens de la planète. A la faveur d’une conférence de presse spécialement convoquée à Bagdad le 8 juin, on y voyait un officier américain, badine de commandement au poing, montrant aux journalistes un gros plan du visage mort et tuméfié d’Abou Moussab Al Zarkaoui, feu « l’émir » suprême d’Al Qaida en Irak.   A gauche de l’estrade, dressée dans une salle de la « zone verte » ultrafortifiée de la capitale irakienne, figurait un autre portrait géant du tueur jordanien. Vivant et souriant cette fois. La badine de l’officier allait d’une photo à l’autre, soulignant les points de ressemblance, les yeux, la bouche, la barbe, les oreilles. Objectif de l’exercice : démontrer que l’armée américaine ne s’était pas trompée de cible, qu’elle n’avait pas menti sur l’identité du mort et qu’il s’agissait bien du cadavre de son « ennemi numéro un en Irak ». Dès avant la fable des armes de destruction massive, concoctée en 2002 et 2003 à Washington pour justifier l’invasion de l’ancienne Mésopotamie dans le cadre de la « guerre antiterroriste globale », décidée par le président Bush après les attentats du 11 septembre 2001, les autorités américaines avaient un gros problème de crédibilité dans l’ensemble du monde musulman, Afghanistan et Pakistan compris. Depuis l’invasion de l’Irak, en mars-avril 2003, la réputation de l’US Army n’a plus cessé de se dégrader. Trop de communiqués militaires factuellement faux, trop d’annonces d’ouverture d’une enquête dont on ne voit pratiquement jamais l’issue, trop de bavures maquillées en « accident », ou appuyées sur des faux témoignages. Ainsi, l’affaire de Haditha, cette petite ville sunnite où une escouade de marines, rendus fous furieux par la mort d’un des leurs, ont assassiné 24 civils, femmes et enfants compris, avant d’évoquer, dans leur rapport de mission, la mort de « terroristes » au cours d’une opération. Dès avant l’affaire de la prison d’Abou Ghreib, et plus encore à présent, en Irak comme dans tout le Moyen-Orient, la crédibilité des militaires américains est au plus bas. Pris la main dans le sac, en décembre dernier, par le Los Angeles Times, alors qu’il payait clandestinement une poignée de « journalistes » irakiens pour diffuser des articles favorables à ses troupes dans la presse locale, le haut commandement militaire ne l’ignore pas. Pour convaincre les opinions publiques – d’abord la sienne puis, en l’espèce, celle d’Irak – de la véracité de ses communiqués, l’armée américaine doit donc désormais se livrer publiquement au genre d’exercice dégradant et macabre décrit plus haut. Dans l’affaire irakienne, la pratique n’est pas nouvelle. Les journalistes convoqués à la morgue temporaire établie par l’US Army dans leur base de l’aéroport de Bagdad, peu après l’invasion, se souviennent encore avec dégoût du spectacle auquel ils avaient été convoqués le 25 juillet 2003. Deux cadavres troués de balles gisaient sur deux tables mortuaires. Il s’agissait des deux sinistres fils de Saddam Hussein, Oudaï et Qoussaï, abattus la veille à Mossoul par des soldats après un furieux assaut. Pour échapper à ses poursuivants, Qoussaï – comme son père qui sera capturé cinq mois plus tard – s’était laissé pousser une grosse barbe noire broussailleuse. Son corps fut transporté à Bagdad, 600 km plus au sud, le visage sera convenablement rasé, de même que les cheveux, avant d’être présenté à la presse. Pour Oudaï, le fils cadet dont le corps avait considérablement souffert durant l’assaut, on alla jusqu’à extraire de sa jambe gauche la prothèse métallique qu’il portait depuis que des chiites avaient tenté de l’assassiner quelques années plus tôt. Encore enrobé de chairs sanguinolentes, le bout de métal dont chacun, en Irak, connaissait l’existence, gisait sur la table mortuaire, près du cadavre, dans un sac en plastique. La jambe était pratiquement sectionnée. Pour faire bonne mesure, les officiers fournirent aussi à la presse des copies d’anciennes radiographies dentaires des deux hommes, à comparer avec l’état de leurs bouches sur la table mortuaire. Propagande ? « Il s’agit simplement de prouver aux Irakiens que les deux fils honnis ont bien été tués dans un combat, et non assassinés », expliqua un officier. L’enregistrement vidéo diffusé par Washington quelques mois plus tard – le 14 décembre 2003 -, montrant un Saddam Hussein barbu, chevelu, hirsute, sale et pathétique visait un autre objectif. En montrant l’ancien dictateur tout puissant, connu pour être un maniaque de l’hygiène corporelle, dans un accoutrement pouilleux, ouvrant la bouche comme un SDF un peu perdu devant un médecin militaire américain, il s’agissait clairement de l’humilier. Et, ce faisant, d’essayer de dissuader ceux des combattants baassistes purs et durs qui croyaient encore à un possible retour du « patron » à la pointe du fusil. Pourtant, à l’époque déjà, le commandement militaire avait pris l’habitude d’attribuer à Zarkaoui et à ses « terroristes étrangers » l’essentiel des attentats. La parade filmée d’un Saddam Hussein en clochard, si elle pouvait passer, était tout de même illégale au regard des Conventions de Genève sur le traitement des prisonniers de guerre. De mauvais esprits se chargèrent de le rappeler. Ils se souvenaient notamment d’un épisode datant du début de la guerre. Le 23 mars 2003, alors que les combats se poursuivaient dans le sud du pays, trois militaires américains, dont une afro-américaine légèrement blessée, avaient été filmés et interrogés par la télévision irakienne, encore sous le contrôle de l’ancien régime. Chacun avait dû décliner son identité, son rang et son unité. Les trois soldats furent libérés quelques semaines plus tard. Mais le soir-même de leur « interview », Donald Rumsfeld, le patron du Pentagone, avait menacé : « les Conventions de Genève interdisent que l’on parade ainsi les prisonniers de guerre. » Deux poids, deux mesures ? Une seule chose est sûre : l’image est une arme et, en temps de guerre, toutes les armes sont utilisées. (Source : « Le Monde », le 11 juin 2006)


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