4 février 2008

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TUNISNEWS
spp8 ème année, N°  2812 du 04.02.2008

 archives : www.tunisnews.net


AISPP: Libération provisoire d’Aymen Dridi AISPP: Peine d’emprisonnement avec sursis pour quatre étudiantes qui avaient commis le « crime » d’aider l’épouse d’un ex prisonnier ! Attarik Aljadid: Quatre Doyens de Facultés blâmés par le ministre AFP: Bonnet d’âne pour le Maroc en matière d’éducation AFP: Tunisie: 43 personnes arrêtées en tentant d’émigrer clandestinement (journal) AFP: Deux écoliers par école britannique vont se rendre à Auschwitz AFP: Antiterrorisme: les fonctionnaires appelés à ne pas lier islam et terrorisme AFP: « Non à la charia », scandent des dizaines de milliers de Turcs au mausolée d’Atatürk Le Temps:  Réformes politiques : où en est-on ?Interview de Mohamed Goumani

Liberté pour tous les prisonniers politiques Liberté pour Abdallah Zouari, le journaliste exilé dans son propre pays Association Internationale de Soutien aux prisonniers politiques 43 rue Eldjazira, tunis e-mail : aispptunisie@yahoo.fr Tunis, le 4 février 2008
La vingt troisième chambre criminelle de la Cour d’Appel de Tunis, présidée par le juge Chedli Boukhris, a examiné aujourd’hui lundi 4 février 2008 : L’affaire n°9765 dans laquelle est déféré Aymen Dridi, condamné en première instance à 4 ans d’emprisonnement, accusé d’adhésion à une entente ayan fait du terrorisme un moyen de réaliser ses objectifs, de collecte de fonds pour financer, en connaissance de cause, une organisation en rapport avec les infractions terroristes. Pour sa défense, se sont présentés Maîtres Abderraouf Ayadi, Anouar Kousri et Samir Ben Amor. Considérant que l’accusé n’avait pas été amené pour la seconde fois consécutive de la prison de Béja, la défense a demandé sa libération provisoire. Maître Ben Amor a fait observer qu’il n’était pas raisonnable que le détenu paye pour la négligence de l’administration pénitentiaire. […] Tard dans l’après midi le juge a décidé remettre en liberté provisoire Aymen Dridi et de reporter l’examen de l’affaire au 28 février 2008. Le prisonnier Aymen Dridi a été en butte à des brimades et des agressions récurrentes à la prison de Borj Er Roumi, perpétrées par le directeur, Imad Ajmi et son ex-adjoint le lieutenant Ramdhane Ayari, parce qu’il avait protesté contre la profanation du Coran […] L’association […] Pour la commission de suivi des procès Le secrétaire général de l’association Maître Samir Dilou (traduction d’extraits ni revue ni corrigée par les auteurs de la version en arabe, LT)


Liberté pour tous les prisonniers politiques Liberté pour Abdallah Zouari, le journaliste exilé dans son propre pays Association Internationale de Soutien aux prisonniers politiques 43 rue Eldjazira, tunis e-mail : aispptunisie@yahoo.fr Tunis, le 4 février 2008

Peine d’emprisonnement avec sursis pour quatre étudiantes qui avaient commis le « crime » d’aider l’épouse d’un ex prisonnier !

La huitième chambre criminelle du Tribunal de Première Instance de Tunis, présidée par le juge Mohammed Ali Chouikha, a prononcé samedi 2 février 2008 son jugement dans l’affaire 32246 dans laquelle ont été déférées les étudiantes Jihane Dali, Imène Bel Hajj Slimane, Nidhalat Zayyat et Abir Chaouahi, accusées de collecte de fonds non autorisée, en vertu de l’article 6 du décret du 21 décembre 1944. Le juge les a condamnées à une peine d’emprisonnement de trois mois avec sursis. […] L’association espère que le procès en appel sera une occasion de revenir sur ce jugement sévère et injustifié et que cette affaire donnera l’occasion d’appeler à l’abolition des mesures judiciaires fondées sur des textes datant de l’époque de la colonisation française […] Pour la commission de suivi des procès Le président de l’association Maître Saïda Akrami (traduction d’extraits ni revue ni corrigée par les auteurs de la version en arabe, LT)

 

Quatre Doyens de Facultés blâmés par le ministre

 

On a du mal à le croire ! Les quatre doyens – élus donc par leurs collègues et non nommés par le ministre – ont reçu des AVERTSSEMENTS… de la part du ministre ! Motif ? S’être absentés de la réunion des Doyens et des directeurs tenus à Gafsa au mois de décembre !!

 

Mieux encore (si l’on peut dire !) : l’un d’entre eux (un ancien ministre) ayant cru utile de justifier son absence par des obligations dans sa Faculté, s’est vu infligé en prime un BLAME !!!

 

Il faut dire à la décharge du ministre, que les Doyens sont doublement fautifs : non cotent de s’être absentés de cette réunion (tellement importante et peu routinière que la convocation ne comportait même pas d’ordre du jour), ils ont aggravés leurs cas en ne présentant pas à l’administration un mot d’excuse, signé par leurs parents pour obtenir un billet d’entrée !!

 

Où va-t-on ? si un ministre ne peut plus blâmer, mettre à la retraite, renvoyer etc… qui il veut, quand il veut alors à quoi sert d’être ministre ? C’est une question de Hybat addawla !

 

Hichem Skik – Attarik Aljadid – N° 65 Samedi 2 Février 2006

 

(Source:  le blog «TUNISIA Watch», le 4 février 2008 à 14h36)

 


 

Industrie – Privatisation

La STIA rachetée par le groupe Mabrouk

 

La Société tunisienne de l’industrie automobile (STIA), filiale de la banque publique, la Société tunisienne de banque (STB), a été rachetée par le groupe industriel et financier Mabrouk, pour un montant de 4,5 millions de dinars environ, apprend-on de sources concordantes.

 

Cette privatisation a pour but de développer les activités de la STIA et de diversifier sa production. La STIA, leader de l’industrie automobile en Tunisie, avait entrepris, depuis quelques années, un plan de restructuration et de mise à niveau qui a permis de relancer ses activités de montage des véhicules utilitaires et d’accroître ses exportations.

 

Le nouvel acquéreur de la STIA ne prévoit pas de plan social. Selon les mêmes sources, les cadres et employés actuels de la STIA préserveront leurs emplois et les avantages y afférents.

 

(Source: « La Presse » (Quotidien gouvernemental – Tunis), le 4 février 2008)


 

Tunisie: 43 personnes arrêtées en tentant d’émigrer clandestinement (journal)

AFP, le 4 février 2008 à 12h26

 

 

TUNIS, 4 fév 2008 (AFP) – Quarante trois clandestins, tous ressortissants tunisiens, ont été interpellés dans deux opérations distinctes alors qu’ils tentaient de rallier illégalement l’Italie depuis les côtes tunisiennes, a rapporté lundi l’hebdomadaire Assabah-Ousbouîi.

 

Trente quatre d’entre eux ont été interceptés à Monastir (170 km au sud-est de Tunis) par une patrouille mobile de la garde nationale lors d’un contrôle d’identité des passagers d’un bus, a indiqué le journal privé.

 

Ces clandestins, dont plusieurs étaient recherchés par la police pour divers délits, ont indiqué qu’ils tentaient de rejoindre Ben Guerdane (500 km au sud de Tunis), lieu d’échanges et de trafics proche de la Libye, d’où ils  comptaient embarquer à destination de l’Italie.

 

Neuf autres clandestins ont été arrêtés à El Amra, près de Sfax dans le sud-est du pays, alors qu’ils s’apprêtaient à rallier l’île de Lampedusa (Sud de l’Italie) à bord d’un bateau de pêche volé, a ajouté Assabah-Ousbouîi sans précision de date.

 

Les 43 clandestins devraient comparaître devant la justice et risquent des peines de prison pour « tentative de franchissement illégal des frontières », selon le journal.

 

Le littoral des pays du Maghreb sert de point de départ aux clandestins cherchant à gagner le sud de l’Europe, notamment par les îles italiennes de la Sicile et Lampedusa.

 

Quelque 16.482 immigrés clandestins ont débarqué sur les côtes italiennes en 2007, un chiffre en baisse par rapport à l’année 2006 marquée par l’arrivée de 20.927 personnes, selon un bilan du ministère italien de l’Intérieur.

 


 

 

Bonnet d’âne pour le Maroc en matière d’éducation

 

AFP, le 4 février 2008 à 06h51

 

RABAT, 4 fév 2008 (AFP) – Le Maroc fait figure de cancre au Maghreb en matière d’éducation, selon des études internationales publiées récemment et largement admises par le pouvoir, alors que le pays cherche à assurer une croissance pérenne.

 

« Sur le plan du développement humain, nous sommes classés par le PNUD 126e sur 177 pays, et c’est la scolarité qui nous pénalise », a admis récemment Meziane Belfkih, conseiller du roi et président délégué du Conseil supérieur de l’enseignement.

 

« Dans le parcours du primaire à la faculté (…), nous perdons pratiquement un tiers des élèves à chaque cycle », ajoute-t-il.

 

En sciences comme en lecture, les élèves de primaire marocains terminent en queue de classement. Le Programme international de recherche en lecture scolaire (PIRLS), basé à Québec, vient de

montrer qu’ils étaient moins performants en 2006 que cinq ans auparavant.

 

Comparé à ses voisins maghrébins, le Maroc fait figure de mauvais élève et l’UNESCO a déjà appelé Rabat à « opérer un changement radical de sa politique pour garantir l’éducation pour tous en 2015 », lors d’une récente rencontre à Tunis.

 

« Les dépenses pour un élève marocain sont de 525 dollars par an, contre 700 en Algérie et plus de 1.300 pour un élève tunisien », a confié M. Belfkih.

 

L’Algérie et la Tunisie sont les deux seuls Etats du Maghreb qui devraient remplir les objectifs de l’ONU visant, outre l’éducation pour tous en 2015, une réduction de moitié du taux d’analphabétisme,

une meilleure qualité de l’enseignement et l’égalité des sexes dans l’éducation.

 

« Depuis l’indépendance, l’histoire du système éducatif est l’histoire d’une crise. Chaque décennie voit apparaître de nouvelles réformes mais jusqu’à présent, il n’y a eu aucune stratégie fiable, efficace et bien définie », explique à l’AFP l’universitaire Mohamed Darif.

 

« Nous sommes le seul pays au monde à ne pas avoir un système d’évaluation des apprentissages », déplore de son côté le ministre de l’Education Ahmed Akhchichine.

 

« Dysfonctionnements et aberrations », sont aussi dénoncés par L’Economiste, journal proche des milieux d’affaires, qui ajoute que « là où est tombé le Maroc de l’éducation, il faut un remède de cheval au corps enseignant ».

 

Depuis l’indépendance, le royaume a connu des modifications radicales en matière d’éducation passant du bilinguisme, français et arabe, à l’arabisation complète de l’enseignement à la fin des

années 70, puis à un nouvel encouragement des langues étrangères.

 

Le royaume, qui compte près de 7 millions d’élèves et 170.000 professeurs, consacre pourtant à l’enseignement 31 milliards de dirhams en 2008 (2,7 milliards d’euros) soit 26% du budget de l’Etat.

 

Si la scolarisation jusqu’à 11 ans semble quasiment acquise, elle se complique après: sur 100 élèves au primaire, seuls 13 obtiennent leur baccalauréat, dont 10 après avoir redoublé au moins une fois.

 

Le sujet fait débat dans le royaume, où l’analphabétisme touche près de 40% des Marocains et de nombreux journaux ont tiré la sonnette d’alarme en soulignant l’inadaptation de l’école aux exigences de l’économie moderne.

 

Enfin, la vétusté des infrastructures est régulièrement dénoncée, avec 9.000 salles de classe déclarées insalubres notamment en milieu rural, où 60% des écoles ne sont pas raccordées au réseau électrique, 75% à celui d’eau potable et plus de 80% ne disposent pas de sanitaires.

 

« La refonte du système scolaire est une nécessité et nous ne pouvons pas rater ce rendez-vous », a déclaré à l’AFP Mohammed Safi, directeur du Centre national des évaluations et des examens.

Mais il n’a précisé ni les contours de cette nouvelle réforme, ni le délai de sa mise en application.


 

Antiterrorisme: les fonctionnaires appelés à ne pas lier islam et terrorisme

   

AFP, le 4 février 2008 à 10h20

 

LONDRES, 4 fév 2008 (AFP) – Les autorités britanniques ont édité un nouveau guide appelant les fonctionnaires à éviter de relier terrorisme et islam, a indiqué lundi le quotidien The Guardian.

 

Le guide conseille les employés du service public à éviter les mots « jihadistes » et « fondamentalistes », accusés d’établir « un lien spécifique entre l’islam et le terrorisme ». A la place, il est conseillé des termes comme « criminel, meurtrier, voyou ».

 

Citant une copie du guide, le Guardian (gauche) précise que les nouvelles recommandations visent à « éviter d’impliquer que des communautés spécifiques sont visées ».

 

« Il ne s’agit pas d’une liste définitive sur ce qu’il ne faut pas dire mais plutôt de mettre en valeur des mots qui risquent de prêter à un malentendu », précise le guide, mis au point par le ministère de l’Intérieur.

 

« Il ne s’agit pas d’être politiquement correct mais d’être efficace: il est prouvé qu’on cesse d’écouter à partir du moment où on se sent attaqué », ajoute le document.

 

Une porte-parole de l’Intérieur a confirmé que le guide avait été diffusé ces dernières semaines à des responsables de la police, aux autorités locales et aux différents ministères.

 

« Il s’agit d’une première mesure faisant partie d’une série de communications » lancées dans le cadre de la stratégie antiterroriste du gouvernement, a-t-elle précisé, ajoutant: « Une communication cohérente et efficace est importante dans la lutte contre le Terrorisme. Le langage employé fait partie de ce travail ».

 


 

Deux écoliers par école britannique vont se rendre à Auschwitz

AFP, le 4 février 2008 à 04h17

 

 

LONDRES, 4 fév 2008 (AFP) – La Grande-Bretagne va contribuer financièrement à un programme scolaire destiné à mieux faire connaître aux jeunes Britanniques l’ampleur des crimes nazis et qui prévoit la visite d’Auschwitz de deux écoliers par établissement, a annoncé le gouvernement lundi.

 

Les écoliers, âgés de 16 à 18 ans, rencontreront des survivants du camp d’extermination et verront les baraquements, documents d’enregistrement de prisonniers, habits, chaussures et cheveux des victimes.

 

Crée en 1947 sur le site situé en Pologne près de Cracovie, le Memorial et Muséum d’Auschwitz-Birkenau, à Oswiecim, a accueilli 1,22 million de visiteurs en 2007.

 

Les historiens estiment à 1,1 million le nombre de personnes tuées entre 1940 et 1945 par les nazis dans ce camp, libéré le 27 janvier 1945 par les troupes soviétiques.

 

« L’Holocauste a été l’un des événements les plus marquants de l’histoire du monde », a déclaré le ministre adjoint britannique de l’Education Jim Knight.

 

« Six millions de gens sont morts non pas à cause de ce qu’ils ont fait mais simplement pour ce qu’ils étaient », a-t-il déclaré, en évoquant le degré effrayant de « mécanisation du processus de mort de six millions de personnes à Auschwitz.

 

Le programme doit initialement durer trois ans, et le gouvernement paiera 200 livres sur les 300 livres (400 euros, 590 dollars) prévus pour chaque voyage, qui dure une journée, les établissement prenant le reste à leur charge.

 


 

« Non à la charia », scandent des dizaines de milliers de Turcs au mausolée d’Atatürk

 

 

AFP, le 2 février 2008 à 15h52
    Par Burak AKINCI         ANKARA, 2 fév 2008 (AFP) – Inquiets que leur pays ne devienne  « un nouvel Iran », des dizaines de milliers de Turcs ont conspué  samedi au mausolée de Mustafa Kemal Atatürk, père fondateur de la Turquie moderne et laïque, le projet d’autoriser le voile à  l’Université présenté par le gouvernement.     Sous un beau soleil d’hiver, ils étaient plus de 100.000 à  manifester, selon les militaires qui administrent le mausolée, « lieu sacro-saint » des Turcs qui défendent les valeurs républicaines  instaurées par Atatürk lors de la proclamation de la République turque en 1923.     L’appel à manifester avait été lancé par 35 organisations, dont  plusieurs associations féministes, qui dénoncent le projet du Parti de la justice et du développement (AKP) au pouvoir, issu de la  mouvance islamiste, et d’un parti nationaliste de permettre aux  étudiantes voilées d’entrer sur les campus.     « Je défendrai la laïcité jusqu’à la dernière goutte de mon sang. C’est notre valeur la plus précieuse », a déclaré Cemil Yasavul, une  banquière à la retraite.     Cette femme âgée de 46 ans, visiblement en colère, venue  manifester avec d’autres membres de sa famille, a appelé à la démission du gouvernement de l’AKP.     « Ce parti veut en fait transformer, à terme, la Turquie en un  Etat islamique comme en Iran, leur agenda caché, c’est cela », a  affirmé sa soeur Emine Safak.     Un raz-de marée de drapeaux et d’effigies d’Atatürk, qui a  accordé en 1934 le droit de vote aux femmes, bien avant nombre de démocraties occidentales, remplissait l’esplanade géante du  mausolée, dans le coeur de la capitale turque.     « Nous sommes sur ta voie, notre père » (Atatürk signifie « père  des Turcs », ndlr), « La Turquie est laïque et le restera », « Nous  sommes les soldats de Mustafa Kemal », scandait la foule.     L’hymne national a été entonné par tous les manifestants qui, à  la fin, ont hué le gouvernement du Premier ministre Recep Tayyip Erdogan, ancien militant islamiste dont la femme et les deux filles  n’apparaisssent jamais en public sans le foulard islamique.     « Il y a un fascisme islamique en Turquie », a accusé Hasan Kaya, un commerçant de 42 ans, qui s’est dit « sincèrement inquiet » que la Turquie, « pourtant candidate à l’adhésion à l’Union européenne », ne dévie vers le « côté islamique ».     « Et cela se fait d’autant plus sentir depuis les élections de juillet » 2007 remportées haut la main par l’AKP, a souligné cet homme.     Les préoccupations au sujet d’une islamisation rampante de la société étaient sur toutes les lèvres.     « Nous voulons laisser un pays moderne à nos enfants, pas un pays de mollahs », a lancé Aygen Arda, une retraitée cinquantenaire, qui a évoqué la révolution islamique en Iran en 1979.     « Là-bas, la transformation s’est effectuée d’une façon  sournoise, comme ici », a déclaré cette femme, avant de crier « Les mollahs en Iran » à l’adresse des dirigeants de l’AKP.     La révision constitutionnelle permettant aux étudiantes portant le voile d’accéder aux études supérieures doit être votée la semaine prochaine par les députés.     Mais les cercles laïques estiment qu’elle sera stoppée par la Cour constitutionnelle.     « Je ne pense pas que les magistrats vont permettre un changement de régime en Turquie. Parce que c’est de cela qu’il s’agit. Aujourd’hui à l’Université et ensuite dans la fonction publique », a dit un médecin, Aydogdu Hazar.     Venu d’une province voisine, il a expliqué que les partisans du  voile n’allaient pas se contenter de le libéraliser à l’Université et que le prochain objectif serait de l’autoriser pour les fonctionnaires aussi.     Portant leur robe d’universitaire, les professeurs qui se sont  soulevés contre le projet étaient nombreux au mausolée.     L’une d’elle, qui a refusé de donner son nom, a dit clairement qu’elle boycotterait les cours si des étudiantes portant le hijab s’y présentaient.      AFP


Réformes politiques : où en est-on ?

Interview de notre invité de ce lundi, Mohamed Goumani, Secrétaire Général adjoint du PDP

« Le paysage politique ne pourrait évoluer à coups de ruptures, d’exclusions ou de slogans »

Interview réalisée par Néjib SASSI

Notre invité, aujourd’hui, est Mohamed Goumani, le Secrétaire Général adjoint du Parti Démocratique Progressiste « PDP ». Il nous parle de la situation politique et surtout du document qu’il a publié avec d’autres membres du bureau politique du PDP prônant une voie modérée pour amorcer un dialogue constructif avec le pouvoir. Il répond, aussi, à l’interview que la Secrétaire Générale du PDP, Maya Jribi, nous a accordé.

Il évoque d’autres questions, entre autres la coalition dite du 18 octobre, et les diverses positions au sein du PDP en ce qui concerne la participation du parti aux échéances électorales de 2009. A noter que le PDP tient, le 9 février 2008, une réunion de son comité central pour débattre de cette question. Interview :

 

Le Temps : Quelle est votre appréciation de la situation politique ?

 

Mohamed Goumani : L’année 2007 a été une année importante du fait de rendez vous symbolique tels que le cinquantenaire de la république ou le 20ème anniversaire du changement. Ces événements ont été l’occasion de l’enclenchement d’un débat parmi les élites et la classe politique qui n’en est certainement qu’à ses débuts en raison des échéances prochaines mais le constat est quasi consensuel pour déplorer une frilosité excessive si ce n’est une stagnation du processus de réforme politique en décalage total avec la réalité du libéralisme économique et avec les acquis d’une politique sociale active et volontariste. La vie politique reste caractérisée par un autoritarisme de rigueur avec un parti au pouvoir prééminent et omniprésent qui domine un multipartisme dont tout le monde s’accorde maintenant à reconnaître les limites sinon l’anachronisme.

 

L’opposition quant à elle reste caractérisée par sa faiblesse et n’arrive pas encore à implanter une véritable assise populaire ni à s’imposer comme une force de proposition susceptible de convaincre les élites du pays. Ceci est bien entendu aggravé, et malgré quelques frémissements positifs récents, par la situation de la presse nationale et par la difficulté d’accès aux moyens d’information qui ne jouent pas pleinement leur rôle d’acteurs essentiels du débat politique et de société.

Tout cela entrave bien entendu le processus de réforme, malgré son urgence et l’attente d’une population et en particulier d’une jeunesse majoritairement éduquée et qui revendique de plus en plus le droit à la participation et   l’exercice d’une citoyenneté réelle indissociable du progrès socioéconomique. Par ailleurs, les défis auxquels est confronté le pays de par la conjoncture internationale en matière de compétition et de sécurité avec leurs répercussions sur l’emploi, la croissance et le dialogue social, requièrent une implication de l’ensemble des forces politiques dans le respect de leur diversité et leur indépendance ce qui n’est malheureusement pas le cas.

 

Dans le contexte que vous venez de décrire vous venez de publier un document relatif aux réformes politiques, quel est l’objectif de cette démarche ?

 

-Le document auquel vous faites allusion est en réalité le quatrième document que nous publions. Le premier, intitulé « Une vision politique pour l’avenir » était proposé au 4èm congrès du PDP (en fait le 2èm congrès PDP proprement dit). Il faisait une évaluation du parcours du parti entre les deux congrès dans le contexte politique général du pays et préconisait un réajustement de la démarche politique ainsi qu’un ensemble de mesures institutionnelles et stratégiques que nous considérions comme étant à même de favoriser le renforcement du parti et d’approfondir sa réflexion en tenant compte de la réalité du pays, du rapport de force existant et des contraintes de la participation à un processus graduel non encore accompli.

Dans le deuxième document, nous avons essayé d’analyser l’initiative du rassemblement dit du « 18 octobre » pour tenter d’évaluer son apport et diagnostiquer ses insuffisances.

Le cinquantenaire de la République a été l’objet d’un troisième document intitulé «  les nécessités des réformes politiques en Tunisie ». Considérant l’importance de l’événement, il nous a semblé utile de nous exprimer sur le processus d’édification de la République et de reconnaître les avancées indéniables sur les plans socioéconomiques, culturels et institutionnels sans pour autant occulter le retard pris sur les réformes politiques et la démocratisation en dépit des mutations sociales et économiques positives évidentes.

A l’occasion du 20è anniversaire du changement enfin, nous avons publié un texte intitulé « La réforme politique entre la tentation autoritaire et les exigences démocratiques » où nous revenions sur les conditions objectives favorables à l’établissement d’un véritable dialogue et à une participation effective des forces politiques représentatives de la diversité du pays. Ceci d’autant plus que les convergences réelles peuvent être cernées quant aux acquis de la modernité, de la confortation des progrès économiques et de l’identification des défis à venir. Nous avons donc essayé d’élargir le débat pour essayer d’impliquer différents acteurs en dehors  du strict cadre partisan. Car nous jugeons que ces questions ne peuvent trouver de solution qu’avec l’implication de l’ensemble de la classe politique sans pour cela prétendre à l’unanimisme et que le paysage politique ne pourra évoluer à coup de ruptures, d’exclusions ou de slogans.

Cette démarche émane donc d’une volonté de participation à l’approfondissement d’un débat politique encore absent à travers des textes qui ne doivent en aucune façon prétendre détenir la vérité absolue ni l’unique voie de salut. Sans force de propositions et ignorés de la population, nous craignons que les militants de l’opposition ne se complaisent dans la seule légitimité morale et le statut de mécontents.

 

Certains pensent que ce discours se cantonne dans les généralités  et les bonnes intentions ?

 

– L’environnement politique actuel est difficile et est marqué par une grande complexité. L’histoire politique récente du pays a connu durant les dernières décennies des tensions, des conflits et même des affrontements qui ont laissé des traces qu’il n’est pas aisé d’ignorer. Ce parcours souvent tumultueux a en particulier abouti à un effritement de la confiance entre le pouvoir et l’opposition et au sein même de l’opposition. La crise de confiance nécessite un effort soutenu pour pouvoir relancer un jour un véritable débat national sur les questions politiques de fond. Dans ce cadre la clarté du dialogue est primordiale. Dire qu’il y a des points en commun entre le pouvoir et l’opposition et que cette dernière, même qualifiée de radicale comporte un potentiel d’ingéniosité et de créativité et dire qu’il y a des acquis sur lesquelles ont peut construire un meilleur destin pour le pays , tout cela peut constituer une base solide de dialogue qui aidera à la mise en place d’un agenda national qui définirait les voix des réformes souhaitées.

Entre l’opposition et le pouvoir, l’établissement de canaux de dialogue  n’est pas une question morale ou un vœu pieux mais une étape politique indispensable imposée par le passé et les défis présents et futurs. Le changement du discours des uns et des autres, et l’abaissement du niveau de tensions diverses et de pessimisme est un élément hautement stimulant pour la relance du débat politique et par conséquent un outil efficace de relance du processus de réforme. Nous ne sommes pas assez naïfs pour croire que le pouvoir va immédiatement répondre à ces propos, car les choses sont beaucoup plus complexes et s’il existe des opportunités il y a aussi des contraintes et des hésitations. Nous avons la certitude que nous ne sommes par les seuls à envisager une telle démarche, et quand bien même nous serions une  petite poignée à le croire, si cette orientation trouve du répondant dans l’élite et les divers acteurs sociaux, en particulier les médias, et si ces voix se multiplient, le processus de réformes politique ne pourra ignorer cette forte attraction démocratique.

Le dialogue n’est pas une fin en soi c’est un moyen de négociation et de changement politique pacifique. Dans le cadre d’un système politique basé sur la participation il n’y a aucune alternative  à cette voix. Car comment changer les choses et imposer des réformes si on ne parle pas avec le gouvernement ou les autorités.

Le problème est que certains estiment que l’appel au dialogue ne suffit pas à sortir du déni mutuel, ce qui est du reste vrai, mais il faut bien commencer. La question de savoir qui doit faire le premier pas et comment amener au dialoguer  celui qui le refuse ,  ramène parfois à des postures figées qui pérennisent le statu quo. En réalité, le dialogue est vital et constitue une dimension inhérente à la vision réformiste basée sur la participation.

 

Certains se demandent en quoi vous vous distinguez de l’opposition dite de « consensus » ?

 

-Les rapports de l’opposition avec le pouvoir ne sont pas une donne statique. Dans un passé récent on considérait que l’opposition légale, toutes tendances confondues, participait au multipartisme dans un simulacre de démocratie, et certains continuent à le penser. En réalité on a assisté, du moins durant les deux dernières décennies à des repositionnements de plusieurs partis politiques, dont le notre, par rapport au pouvoir et cela en fonction du contexte politique.

Notre reproche à l’opposition de consensus vient de ce qu’elle soit allée assez loin dans le ralliement des thèses du pouvoir et qu’elle ait abandonné sa fonction critique, sachant que le climat médiatique et l’environnement ne lui a pas été d’un grand secours. Cette posture de l’opposition a été contre productive, et a donné une image négative du multipartisme actuel et de la participation à laquelle on aspire.

L’essentiel pour préserver la fonction de l’opposition est de maintenir son indépendance et que sa démarche accorde autant d’importance à la relation avec le pouvoir qu’à sa fonction critique.

Malheureusement encore, force est de constater que les partis alliés au pouvoir ne se sont pas accordés la latitude d’établir leur propre stratégie, se contentant d’un tempo réglé par l’agenda et la volonté du pouvoir. Cet alignement systématique est contraire au rôle de l’opposition et a montré ses limites .Sans exclure par ailleurs, le droit à des choix consensuels ceux-ci  doivent préalablement  être définis puis refléter la convergence voulue.

La démarche qui consiste pour le pouvoir à choisir ses opposants et à introniser des « leaders » de sensibilités politiques n’est pas dans le sens de l’histoire.

 Notre approche reste donc incompatible avec cette démarche et les limites qu’elle s’impose .Nous sommes pour le dialogue respectueux de l’identité de chacun.

Par ailleurs, on n’entre pas dans l’opposition comme on entre dans une église ou dans une confrérie. Celle-ci ne peut donc avoir de clergé qui bénirait tel ralliement ou tel autre et les termes d’exclusion, de cooptation et les procès d’intention  sont inadéquats en politique.

L’opposition est plurielle, la proposition et la compétition régiront son développement et détermineront ses symboles et ses forces futures.

 

Est-il vrai que vous vous présentez comme une alternative à l’opposition actuelle?

 

– Notre critique ne remet pas en question la fonction de l’opposition, fut elle radicale, elle vise à faire progresser les actions politiques, guidée non seulement par des principes, que nous ne remettons nullement en cause, mais aussi par le souci de l’efficacité et la cohérence. Si nous refusons la logique du déni mutuel entre opposition et pouvoir, on ne pourra à plus forte raison pas l’accepter pour les différentes composantes de l’opposition. Ceci dit, notre critique n’était pas exclusivement  réservée à l’opposition mais elle concerne aussi le parti au pouvoir et  l’ensemble du système politique qui n’a pu  générer des relations et des règles en mesure de garantir la plénitude des droits et d’assurer une large participation dans le respect des institutions d’un Etat de droit. Sans vouloir nous substituer à quiconque, nous voudrions participer à plus de maturité du discours politique tant dans l’opposition que dans les sphères du pouvoir. La question est de stimuler nos capacités de remise en question, d’assumer nos réussites et nos échecs et d’être au diapason de l’étape historique qui exige une accélération du processus de réformes qui en appelle à l’intelligence de tous. En réponse à votre question, je dirais que nous ne nous présentons pas comme une alternative, nous nous positionnons dans l’opposition tunisienne, mais dans une opposition qui ne réussit ni à convaincre la population par l’écoute de ses préoccupations réelles ni à imposer les réformes nécessaires par un activisme essouflé, avec l’ensemble des composants politiques, nous essayons de prospecter des voies nouvelles peut être plus conformes au langage politique actuel dans le monde en nous imposant un devoir d’efficacité, de proposition sur les questions d’intérêt national, et d’évaluation dans le respect des principes fondamentaux.

 

Quels sont d’après vous les défis auxquels est actuellement confrontée l’opposition ?

 

A ce stade du processus politique, il me semble que trois défis sont prioritaires et conditionnent une avancée significative et durable.

D’abord, Elargir le champ de préoccupation de l’opposition indépendante pour la faire sortir du seul terrain  de la revendication en rapport avec les droits humains et les libertés et éviter un rôle de substitution aux acteurs de la société civile.

Pour cela, l’opposition est appelée à se positionner en tant qu’acteur politique vis-à-vis des questions d’intérêt national,  à se préparer à prouver des capacités de proposition à la hauteur d’un tel statut et à imposer les conditions d’une compétition crédible.

Ensuite, se donner les moyens de conditions de travail serein pour faire de la question de la transition démocratique et des réformes politiques une revendication qui sorte du seul carré minoritaire des élites politiques militantes pour que de larges franges de la société y reconnaissent leurs intérêts et leurs préoccupations et soient convaincues de l’utilité de participer à la vie publique. Cela demande d’aller au-delà du simple et perpétuel recensement des difficultés du pays que le pouvoir ne nie par ailleurs pas ou des échecs politiques pour s’exprimer sur des solutions alternatives de façon réaliste n’occultant ni les ressources connues du pays ni la complexité du contexte. Sur ces aspects, les difficultés de l’opposition indépendante ne peuvent à elles seules justifier l’absence d’une amorce de réflexion dépassant les slogans généralistes.

Enfin, il faut enfin pouvoir parvenir à s’accorder avec le pouvoir sur un agenda réaliste de réformes avec ses indicateurs d’évaluation prenant en considération la diversité et l’indépendance des parties prenantes.

Dans le cadre d’une participation politique, de la restauration de relations de confiance entre partenaires et si l’opposition accepte de s’imposer une obligation de résultats mêmes imparfaits dans une stratégie réformiste et graduelle, cet accord ne me semble pas impossible.

Sur ce dernier point, le pouvoir avec son assise actuelle assez forte peut et doit faciliter la sortie de l’immobilisme par des mesures de décrispation et d’ouverture dont il a tout à gagner.

 

Est-ce que le choix de la coalition dite du «  18 Octobre »,peut contribuer à relever  ces défis ?

 

– L’idée de rassembler l’opposition sur des revendications prioritaires qui a connu un début de concrétisation dans alliance du « 18 octobre » a été au départ un élan positif et prometteur, mais elle a rapidement connu des difficultés et un développement problématique.

Ce mouvement s’est fixé pour objectif le rapprochement de l’opposition , l’atténuation du niveau de tension idéologique qui la traversait et un regroupement autour revendications concernant les libertés politiques. De ce point de vue, cette initiative a été un pas positif sur la voie de l’efficacité politique ce qui explique l’élan de sympathie qu’elle a suscité.

 Mais ce mouvement a rapidement fait fausse route lorsqu’il a adopté de façon précipitée la logique de « front politique » voulant se présenter comme une alternative au pouvoir et dépasser la plateforme commune initiale.

L’ambiguïté qui a marqué son identité, sa constitution hétéroclite, la défection d’une frange de l’opposition, des stratégies partisanes différentes et non déclarées menaient inévitablement à ce résultat face à l’opacité dans la consultation et à des problèmes de leadership.

 Un volontarisme inapproprié et une mauvaise évaluation de  sa force réelle l’a contraint à une clandestinité de fait et éloigné des questions actuelles de notre société pour se limiter à des tractations politico-idéologiques sans effet et souvent anachroniques.

Pour toute ces raisons qu’on a détaillées dans un document sur la question, nous estimons que le mouvement du 18 octobre ne peut constituer la réponse politique appropriée à la situation actuelle de la Tunisie.

 

Dans une récente interview accordée à notre journal, la secrétaire générale du PDP a déclaré qu’en prônant au sein du parti une politique de dialogue avec le pouvoir, vous vous trompiez  de vis-à-vis et enfonciez des portes ouvertes ?

 

– D’une certaine façon, je rejoindrai donc les propos de notre Secrétaire Générale pour vous confirmer qu’effectivement au niveau des slogans, la volonté de dialogue de la majorité des partis de l’opposition  n’a d’égale que celle exprimée à mainte reprises par le pouvoir qui déclare que le dialogue avec l’ensemble des partenaires politiques et sociaux est un choix irréversible et un garant de la paix sociale. Les portes du dialogue sont-elles pour autant ouvertes à l’ensemble des partis ?

Nous abordons là l’un des aspects importants parmi les points de divergence au sein du parti puisque la réalité est toute autre. Si dialogue il y a, devant les portes effectivement closes et une communication quasi inexistante, ce serait plutôt un dialogue de sourds. Dépassons les slogans et la surenchère.

Pour moi, un pouvoir qui tolère sélectivement certains interlocuteurs à l’occasion de diverses consultations ou dans les institutions nationales et en exclut d’autres non moins importants et représentatifs reste en deçà de son discours. De même que l’opposition ne peut prétendre faciliter le dialogue et œuvrer à son établissement tout en dressant parfois sous la plume de cadres dirigeants de notre parti, une image apocalyptique de la réalité et en présentant chaque jour le pouvoir comme un mal absolu sans aucune volonté d’assouplissement ni capacité de réforme. Ce faisant, nous manquons de cohérence et faisons une analyse erronée. La volonté de dialogue s’exprime par une attitude politique qui lui est propre, un discours qui se veut persuasif et un lexique politique et mesuré sans complaisance ni tromperies.

Partant de là, nous ne voyons pas l’intérêt de continuer à échanger les accusations, à polémiquer sur les responsabilités et à tergiverser sur la question de savoir à qui revient le premier pas. En rapport avec votre question, il nous semble plus pertinent pour le PDP de reconsidérer son diagnostic de la réalité du pays et son discours politique de façon à atténuer les tensions et à favoriser un rétablissement des canaux de dialogue dans la perspective d’une nouvelle démarche politique.

 

Quels sont les divergences au sein du PDP ?

 

Beaucoup de spéculations, de bonne et de mauvaise foi entretiennent la rumeurs et les malentendus sur les divergences au sein du PDP. Je profite de cette occasion pour clarifier ce point afin de contribuer, de par ma responsabilité au sein du PDP à mettre fin aux surenchères qui nourrissent de faux problèmes et alimentent l’amalgame.

Le pluralisme des idées n’a jamais cessé au sein du PDP .

Le PDP , mutation du RSP a été clairement édifié sur une plateforme pluraliste avec une volonté de rassemblement sur des bases exclusivement politiques

 De ce point de vue les différences au sein du parti sont à priori un signe de vitalité et de bonne santé.

Quant à nos différents récents avec nos collègues au sein du Bureau politique et dont certains aspects remontent au dernier congrès du parti en 2006, ils n’ont, à mon avis été ni suffisamment expliqués ni sérieusement diagnostiqués.

Je dois souligner qu’ils ne concernent ni les principes fondamentaux qui nous réunissent, ni la fonction de l’opposition et encore moins les revendications du parti comme cela a été présenté par notre SG  Mme Maya Jeribi.

 Nous ne remettons pas  en cause la ligne fondatrice du parti en tant que parti : légal, réformiste, ouvert au dialogue, audacieux, adepte de la participation, jaloux de son indépendance et de la prééminence du politique sur l’idéologique. Nous avons même réitéré à plusieurs reprises et en particulier dans le document que nous avons rédigé lors du dernier congrès que notre objectif reste le changement démocratique avec comme implication une constitution qui garantit les libertés, la séparation réelle des pouvoirs, une justice indépendante et un système politique basé sur l’alternance et le contrôle des pouvoirs.

Nous défions quiconque  prétende le contraire.

Il faut rappeler ici que le PDP est une évolution ou une reconversion du RSP et que pour éviter tout malentendu, et surenchères sur ces principes, il est temps pour notre parti, comme nous l’avons demandé lors du dernier congrès, de mettre à jour l’ancien code du RSP devenu caduque en y consignant clairement ces objectifs pour lesquels le PDP milite et les principes de référence qui s’imposent à tous.

C’est dire que les allégations de « renégat » que laissent penser certaines déclarations sont sans rapport avec la réalité et je ne peux les comprendre que comme une volonté de camoufler une divergence  d’idées et de démarche par des procès d’intention.

Le vrai débat ne porte pas sur les valeurs et les principes, la question clé étant celle de la démarche , du discours adopté et de l’identification des priorités, les objectifs du parti et sa ligne fondatrice ne sont pas remis en question.

 Le débat porte par contre sur la conduite  des affaires politiques et a trait aux modalités que la direction adopte pour gérer l’action  politique  et est sans rapport avec les textes fondamentaux.

Notre appel par exemple à reformuler le discours critique afin de permettre la sérénité du débat national et de créer, en ce qui nous concerne, les conditions d’un environnement propice au dialogue et faisant référence à des convergences quant aux défis que connaît le pays pour dépasser les slogans la dimension affective, tout comme notre volonté de d’assigner au parti des taches réalisables et donc d’aborder le processus de changement de façon  progressive sont présentés  de manière à susciter le doute sur nos motivations.

Nous prétendons rester  fidèles à nos objectifs et aux textes de référence notamment les motions de notre dernier congrès en proposant cela.

Notre appel à manifester des signes rassurants sur la direction des réformes pour tenter de désarmer les résistances qui entravent l’ouverture découle du bon sens même si cela peut sembler offusquer certains dans l’opposition et est indissociable de notre  demande insistante au pouvoir pour la prise de mesures de détente vis à vis de l’opposition et le dépassement de certains contentieux historiques.

Ce discours ne fait pas encore l’unanimité au sein du parti, certains semblent préférer plus d’activisme stérile, d’autres n’accordent pas la même importance à l’obligation de résultats effectifs,d’autres encore veulent des agendas qui ne sont pas nécessairement ceux qui à mon avis servent le mieux un parti qui doit se construire . Nos divergences tournent donc autour de tout ce que cette approche peut avoir comme répercussion sur la conduite des dossiers politiques de l’heure et malheureusement aussi sur la conception du travail consensuel dans un parti riche de sa diversité où la majorité et la minorité ne peuvent pas se limiter à des concepts comptables.

 

Ces divergences ont-elles une relation directe avec les échéances électorales qui sont à l’ordre du jour du prochain Comté Centrale prévu le 09/01/2008. Sachant que la SG du PDP vient d’annoncer la participation de votre parti aux prochaines élections présidentielles et législatives ?

 

– Si la question se posait, il me semble  prématuré d’annoncer une telle décision reprise par la presse alors que le comité centrale deuxième instance décisionnelle après le  congrès n’a pas tenu ses assises consacré à la question.

Même lorsque l’on considère à tort ou à raison que la cause est entendue, l’éthique, le respect des militants  et des instances du parti exigent qu’on y mettent les formes en attendant la décision souveraine. Ces assises n’auraient plus de sens si on avalise l’idée que des décisions aussi importantes puissent être prises ailleurs et les idées n’acquièrent pas plus de force de conviction par le fait accompli.

Je pense que la problématique ne se situe pas au niveau de la participation qui devrait couler de source pour un parti qui a choisi les voies légales de l’action politique, donc les voies de la participation. Bien que  certains au sein du parti et du BP persistent  dans la contestation de cette orientation. La problématique concerne les objectifs de la participation et la démarche politique qui doit en assurer la concrétisation. La vision politique qui guidera la participation dans le contexte tunisien et l’évaluation des élections passées est donc fondamentale. Ainsi, je ne vois pas la pertinence d’une participation électorale avec les réflexes, le discours et l’état d’esprit de la rupture. Je pense qu’il est temps pour un parti comme le PDP de revoir son approche pour tenter de mettre fin à cette survie en autarcie et quoique n’en dise à une certaine marginalité parmi la jeunesse et la société, qu’il est temps d’entrer dans les institutions de la république et d’essayer d’en capitaliser une meilleure maîtrise des grands dossiers et des mécanismes de l’Etat. La participation protestataire  sous prétexte que les conditions idéales sont absentes ou la participation intransigeante et conditionnée sans enjeux électoraux réels ne peuvent malheureusement pas être mobilisatrices .

     Le système électoral actuel qui admet une part de proportionnelle à l’avantage de l’opposition est loin d’être parfait mais nous pouvons le prendre avec ses insuffisances comme un pas vers les réformes souhaitées si dans la pratique la compétition est loyale et reste la règle du jeu électoral. Je considère 2009 comme une étape dans le processus de préparation à la perspective d’alternance réelle en 2014.

En partant du fait que les élections de 1999 et de 2004 ont consacré dans la forme le pluralisme aux élections présidentielles, il est nécessaire de faire de 2009 une opportunité pour la réalisation d’élections de meilleure qualité et surtout de mieux concrétiser le pluralisme et la compétition politique.

A près de deux ans des échéances électorales, seul le dialogue avec le Pouvoir peut actuellement en faire des élections différentes des précédentes dans la perspective de réformes plus profondes dont l’horizon doit être visible.

Même si nous  pensons que l’opposition, dont le PDP sont en droit de présenter des candidats à la présidentielle, Il est utile à mon avis de dépassionner le débat à ce sujet et de bien définir les priorités et en particulier de faire en sorte que ces échéances puissent réconcilier les tunisiens avec les urnes et donner aux élections leur crédibilité  et leur fonction de légitimation du pouvoir politique.

 

Interview réalisée par Néjib SASSI

 

(Source: « Le Temps Lundi» (Hebdomadaire – Tunis), le 4 février 2008)

 


 

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