FTCR: Justice pour Hakim  AFP: Trafic de yachts: deux neveux du prĂ©sident tunisien Ben Ali mis en examen en Corse Kalima: ZERO SIX (06) ou la Force contre le Droit African Manager:  Tunisie : LâUgtt accuse lâUtica et jette le pavĂ© de la grĂšve dans la marre ! African Manager: Tunisie : Tout va bien, elle tient jusque lĂ le choc pĂ©trolier Le Temps: DĂ©tournement de fonds et comptes fictifs Le Temps: CrĂ©ation de plusieurs tribunaux de premiĂšre instance et de deux tribunaux cantonaux Marianne2.fr : «Quelle diffĂ©rence entre Sarkozy et Mittal ? RĂ©ponse : Aucune !»
Justice pour Hakim
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Trafic de yachts: deux neveux du président tunisien Ben Ali mis en examen en Corse
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Le 3 mars 2008 – 06.00 H Une sirĂšne retentit et le commandement annonce notre entrĂ©e dans les eaux territoriales tunisiennes ; la cĂŽte est dĂ©jĂ lĂ , Ă portĂ©e de vue ; tout le monde se prĂ©cipite sur le pont du Splendid, pour assister Ă lâaccostage ; câest un ferry italien, sur lequel nous venons dâeffectuer la traversĂ©e depuis GĂȘnes, la capitale de la Ligurie, sur la cĂŽte mĂ©diterranĂ©enne de lâItalie, rĂ©putĂ©e pour sa beautĂ© et oĂč Hannibal, le GĂ©nĂ©ral carthaginois installa ses quartiers dâhiver avant de marcher sur Rome; Nous nous faisons servir, notre thĂ© vert sur la terrasse du pont oĂč nous nous installons pour mieux goĂ»ter ce moment magique ; Le bateau avance au ralenti vers les cĂŽtes tunisiennes ; le soleil est dĂ©jĂ haut Ă lâhorizon et Ă©claire la mer dâun bleu turquoise profond quâune Ă©cume blanche borde dĂ©licatement pour mieux dĂ©limiter le sillage du ferry ; Tunis, sereine, sâoffre au regard sur toute la largeur de lâhorizon ; sa beautĂ© nous saisit et un mĂ©lange de fiertĂ© et dâamour nous envahit ; quâil fait bon de rentrer chez soi et comme notre pays est beau ! La colline boisĂ©e de Gammarth dĂ©file en premier et se prolonge vers La Marsa, coquette rĂ©sidence au charme Ă©ternel oĂč les Beys de Tunis avaient Ă©tabli leurs quartiers dâĂ©tĂ©; puis Sidi Bou SaĂŻd apparaĂźt dans toute sa splendeur, avec ses falaises rouges oĂč sâaccrochent les maisons blanches et bleues et se termine par le port de plaisance; une protubĂ©rance pointe sa dĂ©mesure au niveau de ce que nous devinons comme le cafĂ© des nattes ; probablement le nouveau palais du nouveau gendre ; Nous longeons Carthage, les Thermes dâAntonin et le palais prĂ©sidentiel, puis la colline de Byrsa, avant dâarriver Ă SalammbĂŽ, la citĂ© punique cĂ©lĂ©brĂ©e par Gustave Flaubert ; Au niveau du Kram, se dresse un Ă©norme bĂątiment en bĂ©ton gris qui barre la vue, rompant lâharmonie architecturale des lieux ; nous suspectons un «cadeau» Ă la famille du PrĂ©sident qui a tous les droits, y compris celui dâenlaidir le paysage ! Le ferry longe la chaussĂ©e romaine et sâengage enfin dans le port de La Goulette ; Nous sommes arrivĂ©s ! Tunis habillĂ©e dâun printemps prĂ©coce nous parait singuliĂšrement belle en ce jour de dĂ©but mars. Nous foulons le sol avec un sentiment de rĂ©appropriation ; Sur les docks, un groupe dâhommes attend en faisant les cents pas, Ă proximitĂ© du ferry ; nous sommes Ă mille lieues dâimaginer quâil sâagissait de notre comitĂ© dâaccueil ! 08.15 H
Nous sortons parmi les premiers passagers, peu nombreux en cette basse saison ; et nous sommes dĂ©jĂ devant le filtre de police ; Le policier souriant et courtois nous souhaite la bienvenue, prends nos passeports et entre nos donnĂ©es dans son ordinateur ; son visage se crispe soudain et ses yeux font des allers retours entre son PC et nos visages quâil a dĂ» trouver engageants au dĂ©part ; Omar rĂ©torque « Zero Six ?» ; un sourire sâaffiche sur son visage, il hoche la tĂȘte positivement ; Omar enchaĂźne « nous sommes habituĂ©s ! » ; 06 est une nomenclature policiĂšre qui signifie en substance « personne suspecte, faire procĂ©der Ă une fouille trĂšs poussĂ©e » ; En principe, cette mesure exceptionnelle, se dĂ©clenche sur la foi de renseignements concernant une personne soupçonnĂ©e de faire passer des produits en infraction Ă la rĂ©glementation des douanes ; son efficacitĂ© dĂ©pend avant tout de lâeffet de surprise sur la personne ciblĂ©e. Depuis quelques annĂ©es la « crĂ©ativitĂ© » des agents de Ben Ali en a fait une disposition servant Ă brimer les dissidents. Dâexceptionnelle, cette fouille deviendra pour eux systĂ©matique et routiniĂšre ; son objet nâest plus de dĂ©nicher un produit prohibĂ©, mais de leur faire subir un lot supplĂ©mentaire de vexations, allant parfois jusquâĂ lâhumiliation de la fouille corporelle. Nous nous attendions bien Ă©videmment Ă cette fouille mĂ©ticuleuse qui cible nos livres, nos documents et qui est notre lot Ă chaque fois que nous rentrons ou que nous sortons du territoire ; Un agent en civil sâapproche du filtre, prends nos passeports, nous demande de sortir de la file et dâattendre dans un lieu Ă lâĂ©cart des voyageurs ;Au bout de vingt minutes, le civil revient accompagnĂ© dâun agent de visite des douanes qui nous demande courtoisement de dĂ©baller tous nos bagages sur une table longue de cinq mĂštres et sâattelle Ă la tĂąche avec une minutie exemplaire ; on respecte les formes ! 09.00H En arriĂšre plan, les civils supervisant trĂšs indiscrĂštement les opĂ©rations, deviennent de plus en plus nombreux ; comme Ă chaque fois en pareilles occasions, des joutes Ă distances nous opposent et les rĂŽles, paradoxalement, sâinversent : nous essayons dâen savoir un peu plus sur leur fonctionnement ; mieux connaĂźtre les services impliquĂ©s, dĂ©visager les prĂ©sents⊠Au cours de ce manĂšge, les chefs restent, la plupart du temps, Ă une distance sĂ©curisante de notre regard. Il faut reconnaĂźtre que cela provoque chez eux quelques frayeurs depuis ce fameux 15 mars 2000, lorsque notre organisation, le CNLT, a rendu publique une liste de tortionnaires. 09.30 H Lâagent mĂ©ticuleux a rapidement terminĂ© de passer au peigne fin la voiture puis nos maigres bagages, les sacs Ă dos oĂč se trouvent nos Laptops ainsi que le sac Ă main de Sihem ; il a disposĂ© sur la table dâun cĂŽtĂ© les effets personnels et Ă lâautre bout, les livres, les CD-rom, les DVD et trois boites dâarchives en plastique transparent oĂč se trouvent nos documents de travail ; Comme Omar relevait ironiquement son intĂ©rĂȘt prononcĂ© pour la culture qui commandait au tri, le douanier rĂ©torqua en niant avoir un quelconque niveau culturel⊠cette modestie affichĂ©e ne rĂ©sista pas plus de quelques minutes, quand sa vigilance faussement endormie dĂ©nicha un vieux journal pliĂ© parmi quelques magazines : « eh, mais câest âłlâenchaĂźnéⳠ[le Canard enchaĂźnĂ©], ça !». Puis il entreprit de transporter par, petits paquets, nos documents dans leurs bureaux, situĂ©s Ă lâautre extrĂ©mitĂ© du hangar. Pensant naĂŻvement que lâheure de notre soulagement Ă©tait arrivĂ©e, nous renoncions Ă protester comme nous le faisions habituellement ; on a dĂ» vite dĂ©chanter, le calvaire ne faisait que commencer ! Au bout de vingt minutes, le douanier ne rĂ©apparaissant pas, Omar se rendit au bureau des douanes, histoire de voir de quoi il retournait ; Ă sa surprise, il y trouva quatre gars de la police politique cravatĂ©s, accroupis, en train de compulser nos documents, tandis que deux douaniers galonnĂ©s se tenaient en retrait. Furieux, il apostropha ces derniers : « voilĂ que vous vous prĂȘtez Ă lâinstrumentalisation par la police politique ! Mais pourquoi diable ne les laissez-vous pas sâadresser directement Ă nous et assumer seuls leur âłsale boulotâłÂ». Cette irruption dĂ©contenança les flics ; le plus gradĂ© des deux douaniers prĂ©sents intervint gentiment pour calmer Omar et lâinvita Ă en discuter avec lui dehors pour Ă©viter lâescalade. 10.30 H Lâagent qui sâĂ©tait chargĂ© de notre fouille revient vers nous « ils veulent inspecter le contenu de vos deux Laptops ainsi que vos flash-disks » nous dĂ©clare-t-il ; nous lui expliquons que ce nâest pas le job de la douane, mais de la justice et dĂ©clarons que nous refusons de les donner sans mandat lĂ©gal; trois inspecteurs sâapprochent de nous et nous expliquent que nous devons nous soumettre Ă cette injonction ; Nous leur demandons de nous expliquer ce quâils recherchent et sâils ont un mandat du Procureur de la rĂ©publique pour cela, comme lâexige la loi ; ils rĂ©pondent que non et quâil sâagit dâune procĂ©dure de routine ! Nous protestons en soulignant le caractĂšre illĂ©gal de la mesure et rĂ©pliquons : « pourquoi les autres passagers nâont pas Ă©tĂ© soumis Ă cette mesure de routine? Le rĂŽle de la douane nâest pas de contrĂŽler les idĂ©es, mais les marchandises !». « La rĂ©glementation nâest pas un simple habillage juridique Ă lâarbitraire. Vous ĂȘtes investis de vastes prĂ©rogatives, encore faudrait-il justifier que vous agissez au bĂ©nĂ©fice de la collectivitĂ©. De quoi sommes-nous suspectĂ©s ? quel est lâobjet de votre recherche ? » ; « il se trouve que nous sommes des journalistes qui enquĂȘtons sur les affaires de corruption auxquelles sont mĂȘlĂ©s les proches du pouvoir et sur les crimes commis par la corporation Ă laquelle appartiennent justement ces messieurs qui veulent vous utiliser pour accĂ©der Ă nos donnĂ©es ; Il y a des correspondances avec nos collĂšgues, des courriers avec nos avocats. Des documents remis par des citoyens en toute confiance. Tout cela est strictement confidentiel. Bien quâinvesties de lâautoritĂ© publique ces agents ne doivent pas avoir latitude Ă accĂ©der Ă nos donnĂ©es ! Nous sommes surpris par toute cette mobilisation douaniĂšre. Nây a-t-il rien de plus indiquĂ© pour vos services que de vous acharner sur les donnĂ©es des journalistes⊠on aurait prĂ©fĂ©rĂ© voir cette rigueur Ă lâĆuvre contre les trafics des Trabelsi et consorts, comme lorsquâils introduisirent sur le territoire national les bateaux volĂ©s par exemple!» Les douaniers nâen menaient pas large. La plupart paraissaient trĂšs affectĂ©s par cette affaire et ont gardĂ© un petit profil tout au long de cette journĂ©e. 11H00 Les docks se sont brusquement vidĂ©s ; les douaniers effectuaient les derniĂšres fouilles avec une cĂ©lĂ©ritĂ© remarquable. MĂȘme les cargaisons qui posaient problĂšme Ă©taient libĂ©rĂ©es. Ce jour-lĂ Ă©tait une aubaine pour tous les petits trabendistes. Le chef douanier revint encore une fois Ă la charge au sujet des nos Laptops. On lui expliqua encore une fois notre refus catĂ©gorique de nous soumettre de notre plein grĂ© Ă ce que nous considĂ©rons comme une dĂ©marche illĂ©gale : « Il y a deux moyens que cela se fasse ; soit vous produisez un mandat Ă©mis par une autoritĂ© judiciaire et indiquant clairement lâobjet de cette fouille, soit vous nous passez sur le corps !» lui rĂ©torque Omar. En se rendant aux toilettes, derriĂšre le bĂątiment en dur oĂč sont installĂ©s les bureaux de la douane, Sihem dĂ©couvre le « comitĂ© dâaccueil » que nous avions vu sâimpatienter sur les docks, assis autour dâune grande table et affairĂ© Ă examiner nos livres et documents. Lorsque Omar va Ă son tour aux toilettes, il dĂ©couvre que le groupe sâest encore agrandi et sâest Ă©quipĂ© de matĂ©riel informatique, occupĂ© Ă scanner nos carnets de notes personnels, nos carnets dâadresses et autres documents; ils sont au moins une trentaine en civil, qui assis autour de la table, qui debout, tournant avec impatience autour de leurs collĂšgues ; nous pressentons un mauvais augure ; Un douanier demanda ensuite Ă Omar de se rendre au bureau pour effectuer les formalitĂ©s requises pour la voiture. Une fois Ă lâintĂ©rieur, deux agents lui expliquĂšrent quâil lui Ă©tait demandĂ© de se laisser fouiller au corps. Alors quâil affirmait son opposition Ă la procĂ©dure, lâagent dĂ©nicheur-de-vieux-exemplaires du-canard enchaĂźnĂ©, tenta de garder contenance en avançant quâil ne faisait que son devoir : « protĂ©ger lâĂ©conomie tunisienne ». Ils nâinsistĂšrent pas davantage. 11.30 H Un commandant de la douane cachant son regard sous dâĂ©paisses lunettes noires vient vers nous et nous demande de le suivre au bureau pour signer des papiers ; nous le suivons, en toute confiance ; nous traversons un premier bureau qui ouvre sur un deuxiĂšme, il nous invite Ă lây suivre ; Plusieurs hommes en civil sâengouffrent nerveusement derriĂšre nous dans lâĂ©troit bureau ; nous reconnaissons lâĂ©quipe des services de sĂ©curitĂ© ; Ils referment sur nous la porte et la cadenassent ; Ă peine avons-nous eu le temps de protester et de demander des explications sur leur qualitĂ© et la justification de leur prĂ©sence en ce lieu, quâils sautent sur nous en nous brutalisant sans mot dire; les coups pleuvent et en quelques secondes nous sommes dĂ©jĂ Ă terre, nos vĂȘtements et nos sacs dĂ©chirĂ©s ; ils arrachent les deux ordinateurs portables de nos sacs Ă dos dĂ©chirĂ©s et le sac Ă main de Sihem quâils emportent et sortent du bureau ; certains dâentre eux restent pour nous surveiller ; Sihem tente dâappeler notre avocat et ami de toujours, maĂźtre Ayadi pour lâalerter, lâun des barbouzes lui saute dessus et lui tord le bras gauche qui tient le tĂ©lĂ©phone en lâarrachant ; elle hurle de douleur ; plus tard, les mĂ©decins constateront une double entorse du coude et du poignet et de nombreux hĂ©matomes sur tout le corps ; Ils semblaient agir avec ressentiment ; Ils aurait pu prendre le mobile sans avoir besoin de lui faire cette double distorsion ; deux autres policiers sautent sur Omar au mĂȘme moment et lui arrachent son cellulaire pour nous empĂȘcher de communiquer avec lâextĂ©rieur; Un des chefs, petit de taille, essaye dâengager la conversation : « personne ne vous a brutalisĂ© », ses agents font de mĂȘme. Nous rĂ©torquons : De toute façon on ne vous loupera pas. On vous traĂźnera devant les tribunaux ; Omar se tourne vers le chef et lui demande son nom ; il refuse, « tu nâas pas de cran. Ce refus est la preuve formelle que tu commets sciemment des actes dĂ©lictueux au nom de lâEtat ; sinon tu nâaurais aucune gĂȘne Ă dĂ©cliner ton identitĂ© ». Au bout dâun moment, nous demandons si nous sommes en Ă©tat dâarrestation ; les douaniers sâen dĂ©fendent ; nous en profitons pour tourner la serrure et sortir dans la cour ; lâun des barbouzes tente de nous en empĂȘcher, mais son chef lâarrĂȘte et lui demande de nous surveiller dans la cour. Aucune explication ne nous a Ă©tĂ© donnĂ©e durant tout cet Ă©pisode. 13.30 H Nous attendons sous le hangar que notre sort soit enfin scellĂ© ; le port de la Goulette est maintenant vide de tout passager ; nous sommes seuls avec nos geĂŽliers improvisĂ©s ; de lâautre cĂŽtĂ© du bĂątiment qui abrite les bureaux de la douane, les agents de la police politique sont occupĂ©s Ă transfĂ©rer le contenu de nos ordinateurs sur leur disque dur; nous Ă©prouvons un grand sentiment dâhumiliation et de colĂšre face Ă ce dĂ©ballage public de nos donnĂ©es personnelles ; Câest comme si nous nâavions plus aucune intimitĂ© ! Puis, le mĂȘme gros commandant aux lunettes noires revient vers nous ; « je dois vous soumettre Ă une fouille corporelle, maintenant !» nous protestons et lui disons que nous ne comptons pas remettre les pieds dans son bureau oĂč nous avons Ă©tĂ© battus et oĂč la loi a Ă©tĂ© bafouĂ©e avec son assentiment et que nous refusons de nous soumettre Ă aucune formalitĂ© abusive ; « vous ne sortirez pas du port sans avoir subi cette fouille » nous crie-t-il ! « Au point oĂč vous en ĂȘtes, utilisez la violence Ă©galement pour obtenir ce que vous voulez – rĂ©torque Omar – vous lui avez cassĂ© un bras, achevez lâautre » ; Le douanier sâĂ©carte et nous voyons arriver Ă nouveau les gros bras qui nous ont frappĂ©s au bureau ; ils sont au moins une quinzaine Ă nous entourer, nous menaçant dâutiliser la violence si nous nâobtempĂ©rons pas ; nous restons de marbre ; un groupe sâapproche de Omar, le prend de force et le traine vers les bureaux pour la fouille; quatre femmes de la douane encerclent Sihem ; elles lui demandent de les suivre gentiment et promettent de faire une fouille formelle ; « il faut que vous compreniez que je nâai rien Ă cacher et quâil sâagit dâune question de principe ; je ne vous aiderais pas Ă violer mes droit; si vous voulez enfreindre la loi, faites-le sans moi ! » leur dit-elle; finalement elles se rĂ©signent Ă lui faire une fouille sur place au hangar, formant un cercle autour dâelle, glissant leurs huit mains sous ses vĂȘtements et sortant de sa poche son flash-disk. Heureuses du butin, elles courent apporter Ă la police ce quâelles ont trouvĂ©. Piteuse scĂšne que celle du dĂ©labrement de nos institutions oĂč des douaniers au profil bas sont contraints de faire le travail de la police politique ! Nous constatons encore une fois quâil nây a aucune limite au dĂ©voiement de nos institutions ! 14.30 H Ils ont lâair dâavoir dĂ©cidĂ© de terminer leur travail ailleurs ;ils remballent tous les documents numĂ©riques en exemplaires uniques (une soixantaine de DVD, dont « I have a dream » de MartĂn Luther King, des CD-rom contenant des archives personnelles, des coffrets de musique classique et de variĂ©tĂ©s, des cassettes de musique audioâŠetc.), ils ont Ă©galement confisquĂ© plusieurs versions ainsi que les roughs du documentaire rĂ©alisĂ© par le CNLT sur la torture « Briser lâengrenage de la Torture». Ils nous informent quâils vont les garder « pour visionnage » et nous remettent nos laptops ; nous exigeons nos tĂ©lĂ©phones portables, ils nous rĂ©pondent que nous pouvons les rĂ©cupĂ©rer Ă la sortie ; Nous rĂ©clamons le rĂ©cĂ©pissĂ© qui dresse la liste des biens confisquĂ©s, comme ils le font dâhabitude lorsquâils confisquent les documents ; Nous en conservons encore toute une liasse notifiant le retrait « provisoire » de nos livres et documents, qui rempliraient les Ă©tagĂšres dâune bibliothĂšque ; jamais restituĂ©s Ă©videmment ! ; Ils tentent une manĆuvre dilatoire en nous indiquant une autre administration lointaine qui serait chargĂ©e de nous le dĂ©livrer ; nous devinons la manĆuvre et les informons que nous ne quitterons pas les lieux sans le rĂ©cĂ©pissĂ© quâils doivent nous dĂ©livrer puisque ce sont eux qui ont procĂ©dĂ© Ă la confiscation, sinon nous le considĂ©rons comme un vol. Ils demandent Ă Sihem de les suivre au bureau pour le prendre et Ă Omar dâaller signer un dernier papier dans un autre bureau ; nous les suivons ; bien entendu ils nous ne donnent rien, mais en revenant sous le hangar, nous dĂ©couvrons que notre voiture a disparu ; les flics sont hilares et nous disent quâils lâont conduite dans la rue hors de la zone sous douane et que tous les bureaux sont fermĂ©s ainsi que le portail extĂ©rieur du port. Nous rĂ©torquons « bandits doublĂ©s de voleurs »! Nous nâavons dâautre choix que de repartir sans nos documents et sans le rĂ©cĂ©pissĂ©. 15.00 H Les appels se bousculent sur nos deux cellulaires enfin restituĂ©s ; des voix amies nous rassurent et nous restituent notre humanitĂ©, pour un long moment Ă©prouvĂ©e par ce dĂ©ni de droit; cette solidaritĂ© nous rĂ©chauffe le cĆur ; Tunis nous rĂ©apparaĂźt belle grĂące Ă ces femmes et ces hommes qui continuent de porter le flambeau de la libertĂ© contre le despotisme et qui sont lâhonneur de ce pays ; Ils ne rĂ©ussiront pas Ă souiller notre pays pour longtemps encore ! Â
(Source : « Kalima » (Mensuel Ă©lectronique censurĂ© en Tunisie), N° 63 â Mai 2008)
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Tunisie : LâUgtt accuse lâUtica et jette le pavĂ© de la grĂšve dans la marre !
Tunisie : Tout va bien, elle tient jusque là le choc pétrolier.
Détournement de fonds et comptes fictifs
Création de plusieurs tribunaux de premiÚre instance et de deux tribunaux cantonaux
«Quelle différence entre Sarkozy et Mittal ? Réponse : Aucune !»
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Nous sortons parmi les premiers passagers, peu nombreux en cette basse saison ; et nous sommes dĂ©jĂ devant le filtre de police ; Le policier souriant et courtois nous souhaite la bienvenue, prends nos passeports et entre nos donnĂ©es dans son ordinateur ; son visage se crispe soudain et ses yeux font des allers retours entre son PC et nos visages quâil a dĂ» trouver engageants au dĂ©part ; Omar rĂ©torque « Zero Six ?» ; un sourire sâaffiche sur son visage, il hoche la tĂȘte positivement ; Omar enchaĂźne « nous sommes habituĂ©s ! » ; 06 est une nomenclature policiĂšre qui signifie en substance « personne suspecte, faire procĂ©der Ă une fouille trĂšs poussĂ©e » ; En principe, cette mesure exceptionnelle, se dĂ©clenche sur la foi de renseignements concernant une personne soupçonnĂ©e de faire passer des produits en infraction Ă la rĂ©glementation des douanes ; son efficacitĂ© dĂ©pend avant tout de lâeffet de surprise sur la personne ciblĂ©e. Depuis quelques annĂ©es la « crĂ©ativitĂ© » des agents de Ben Ali en a fait une disposition servant Ă brimer les dissidents. Dâexceptionnelle, cette fouille deviendra pour eux systĂ©matique et routiniĂšre ; son objet nâest plus de dĂ©nicher un produit prohibĂ©, mais de leur faire subir un lot supplĂ©mentaire de vexations, allant parfois jusquâĂ lâhumiliation de la fouille corporelle. Nous nous attendions bien Ă©videmment Ă cette fouille mĂ©ticuleuse qui cible nos livres, nos documents et qui est notre lot Ă chaque fois que nous rentrons ou que nous sortons du territoire ; Un agent en civil sâapproche du filtre, prends nos passeports, nous demande de sortir de la file et dâattendre dans un lieu Ă lâĂ©cart des voyageurs ;Au bout de vingt minutes, le civil revient accompagnĂ© dâun agent de visite des douanes qui nous demande courtoisement de dĂ©baller tous nos bagages sur une table longue de cinq mĂštres et sâattelle Ă la tĂąche avec une minutie exemplaire ; on respecte les formes ! 