21 mars 2009

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TUNISNEWS

8 Úme année, N° 3224 du 21.03.2009

 archives : www.tunisnews.net  


AISPP: La police politique fait fi de la Constitution AISPP: CommuniquĂ© CommuniquĂ© des magistrates membres des Instances lĂ©gitimes de l’Association des Magistrats Tunisiens Syndicat tunisien des medecins specialistes liberaux: Lettre au le Ministre des Affaires Sociales AFP: Tunisie/Ă©lections: Ben Ali s’engage Ă  garantir la prĂ©sence d’observateurs AP: Des observateurs Ă©trangers pourront suivre les prochaines Ă©lections en Tunisie Xinhua: Le prĂ©sident tunisien exhorte les parties influentes Ă  aider Ă  la reconstruction de Gaza AP: Lancement d’une deuxiĂšme chaĂźne de tĂ©lĂ©vision privĂ©e en Tunisie Ammar Amroussia: Le soulĂšvement des habitants du bassin minier : Un premier bilan

 Bilel: MARS 87 – MARS 2009… BILAN D’une dĂ©route


Liste actualisĂ©e des signataires de l’initiative du Droit de Retour : http://www.manfiyoun.net/fr/listfr.html Celles et Ceux qui veulent signer cet appel sont invitĂ©s Ă  envoyer leur: Nom, Pays de rĂ©sidence et AnnĂ©e de sortie de la Tunisie sur le mĂ©l de l’initiative : manfiyoun@gmail.com


 
 
 

Liberté pour tous les prisonniers politiques Liberté pour le Docteur Sadok Chourou Association Internationale de Soutien aux Prisonniers Politiques 43 rue Eldjazira, Tunis e-mail : aispptunisie@yahoo.fr   Tunis, le 19 mars 2009  

La police politique fait fi de la Constitution

La police politique ne reconnaĂźt pas la suprĂ©matie de la Constitution et n’accorde pas d’importance au droit Ă  la circulation garanti par les conventions internationales ratifiĂ©es par la Tunisie et ratifiĂ©es par le conseil lĂ©gislatif : Toutes les tentatives de l’ex prisonnier politique Mohammed NĂ©jib Krifi d’obtenir un passeport se sont heurtĂ©es au refus de l’administration des frontiĂšres et des Ă©trangers. AprĂšs qu’il ait fait des demandes, le 1er fĂ©vrier 2003, le 14 septembre 2004, le 19 janvier 2008 et pour finir le 20 juin 2008, l’ »administration » a prĂ©fĂ©rĂ© lui donner les documents pour l’obtention d’un passeport le 1er novembre 2008 avec le rĂ©cĂ©pissĂ© n°186.  La pĂ©riode lĂ©gale est passĂ©e, et il fait des allĂ©es et venues entre le poste de la sĂ»retĂ© de Sidi Amor dans le gouvernorat de Nabeul, le district de la SĂ»retĂ© nationale et l’administration des frontiĂšres et des Ă©trangers, pourtant l’administration temporise encore, avec la police politique qui fait pression de façon Ă©vidente pour pĂ©renniser les sanctions Ă  l’encontre des ex-prisonniers politiques [
] Pour l’association La commission de suivi des prisonniers politiques libĂ©rĂ©s (traduction d’extraits ni revue ni corrigĂ©e par les auteurs de la version en arabe, LT)  

Liberté pour tous les prisonniers politiques Liberté pour le Docteur Sadok Chourou Association Internationale de Soutien aux Prisonniers Politiques 43 rue Eldjazira, Tunis e-mail : aispptunisie@yahoo.fr Tunis, le 19 mars 2009

  * La deuxiĂšme chambre correctionnelle du Tribunal de PremiĂšre Instance de Tunis, prĂ©sidĂ©e par le juge Mohammed Kaabache, a examinĂ© jeudi 19 mars 2009: – L’affaire n°2/13079 dans laquelle sont dĂ©fĂ©rĂ©s : 1) Marouane Ben Mohammed Ben Boubaker Hamza, nĂ© le 08/07/1986, Jemna, KĂ©bili, Ă©tudiant en premiĂšre annĂ©e de physique Ă  la facultĂ© des sciences de Tunis 2) Mohammed Ali Ben Mouldi Ben Belgacem Ben Ammar, nĂ© le 14/09/1989, gouvernorat de Ben Arous, lycĂ©en en formation professionnelle, en Ă©tat d’arrestation 3) HaĂŻthem Ben Mounir Ben Mohammed Labidi, nĂ© le 02/07/1989, gouvernorat de Ben Arous, cĂ©libataire, chĂŽmeur, en Ă©tat d’arrestation. 4) Oussef Ben Mohammed Lazhar Ben Salah Labidi, nĂ© le 27/07/1987, citĂ© Taamir, gouvernorat de Ben Arous, cĂ©libataire, en Ă©tat d’arrestation. 5) Brahim Ben Mohammed Ben Belgacem Khlil, nĂ© le 20/10/1984, Jemna, gouvernorat de KĂ©bili, Ă©tudiant, cĂ©libataire, en libertĂ©. 6) Larbi Ben Mabrouk Ben Amor Meftah, nĂ© le 19/11/1989, citĂ© El Iskan, Tunis, lycĂ©en, en libertĂ©. 7) Abdelaziz Ben Mohammed Ben Moncef Ben Abdallah Ouerghi, nĂ© le 07/08/1987 Ă  Jendouba, demeurant dans le gouvernorat de Ben Arous, en fuite, Pour adhĂ©sion Ă  une organisation terroriste et incitation Ă  adhĂ©rer Ă  une organisation terroriste, non rĂ©vĂ©lation aux autoritĂ©s des informations et renseignements en leur possession au sujet de la commission d’une infraction terroriste, et tenue de rĂ©unions non autorisĂ©es. Le tribunal a dĂ©cidĂ© de reporter l’examen de l’affaire au 14 avril 2009 Ă  la demande de la commission de la dĂ©fense composĂ©e de maĂźtres Samir Ben Amor, Mokhtar Idoudi, Fatma Ben Mansour et Mohammed Jemni. Pour l’association La commission de suivi des procĂšs politiques (traduction d’extraits ni revue ni corrigĂ©e par les auteurs de la version en arabe, LT)  


CommuniquĂ© des magistrates membres des Instances lĂ©gitimes de l’Association des Magistrats Tunisiens

 ( traduction de l’ arabe)
 
Tunis le 8 mars 2009
A l’occasion de la journĂ©e mondiale de la femme, les magistrates membres des  Instances lĂ©gitimes de l’A.M.T soussignĂ©es : 1. prĂ©sentent  leurs FĂ©licitations aux femmes tunisiennes et Ă  toutes les femmes  et se remĂ©morent  les nobles significations qui se rattachent Ă  la proclamation universelle de cette fĂȘte dans le but de lutter contre toute forme de discrimination  ,de violence et d’injustice Ă  l’Ă©gard des femmes et afin de reconnaĂźtre Ă  ces derniĂšres le statut de citoyennes Ă©gales et partenaires de l’homme. 2. Rappellent encore une fois qu’en raison de leur refus du putsch de 2005 contre les Instances LĂ©gitimes de l’A.M.T elles ont fait l’objet  de mesures punitives  consistant essentiellement dans des mutations abusives les Ă©loignant de leurs enfants et de leurs familles ainsi que dans  leur exclusion de toute promotion et de toute mutation. Ces mesures n’ont eu de cesse depuis le coup de force perpĂ©tré  contre les instances lĂ©gitimes ; Bien au contraire elles se sont derniĂšrement accrues. En effet et comme tous les autres membres des Instances LĂ©gitimes, les magistrates soussignĂ©es sont sujettes Ă  toute sorte de discrimination et d’humiliation et ce en les soumettant  Ă  un rĂ©gime discriminatoire  de contrĂŽle de prĂ©sence  dans les tribunaux Ă  l’exception  de tous  les magistrats, alors que leurs taches judiciaires sont  convenablement remplies .Ce systĂšme de contrĂŽle est contraire au caractĂšre  souverain de la fonction judiciaire et Ă  la pratique  quotidienne au sein des tribunaux. Il est mĂȘme utilisĂ© comme alibi pour les soumettre  Ă  des questionnaires avilissants et Ă  maintes reprises Ă  l’Inspection GĂ©nĂ©rale au MinistĂšre de la Justice et des Droits de l’Homme  , et pour dĂ©falquer mensuellement des sommes considĂ©rables de leurs salaires , ce qui leur a causĂ© un grand prĂ©judice matĂ©riel se rĂ©percutant automatiquement sur les leurs. 3.Informent l’opinion publique que ce harcĂšlement a connu son point culminant le 21.12.2008 quand les membres des Instances LĂ©gitimes ont Ă©tĂ© empĂȘchĂ©s de rejoindre le lieu ou se dĂ©roulait le douziĂšme congrĂšs de l’A.M.T en leur imposant un siĂšge policier  devant leurs domiciles. D’autre part elles rappellent l’agression dont a Ă©tĂ© victime leur collĂšgue Mme Kalthoum Kennou SecrĂ©taire GĂ©nĂ©rale de l’A.M.T le 18.02.2009 dans son bureau  au sein du tribunal de premiĂšre instance de Kairouan .Aucune mesure instantanĂ©e et ferme n’a Ă©tĂ© prise contre l’agresseur. Ceci confirme que les moyens de pression prennent une tournure inquiĂ©tante et qui annoncerait   que  les magistrats du comitĂ© lĂ©gitime  seront privĂ©s  dorĂ©navant de la protection lĂ©gale dont jouit tout magistrat au sein des Tribunaux. Les magistrates soussignĂ©es expriment leur entiĂšre solidaritĂ© avec leur collĂšgue suscitĂ©e et exigent  que des mesures urgentes et adĂ©quates soient prises contre l’agresseur pour la rĂ©habilitation de leur collĂšgue et la sauvegarde de l’inviolabilitĂ© des tribunaux. De mĂȘme elles ne sont nullement surprises par le silence des putschistes(qui dirigent actuellement l’Association par voie de fait ) face Ă  cette agression alors qu’ils prĂ©tendent reprĂ©senter et dĂ©fendre les  intĂ©rĂȘts des magistrats. 4. Renouvellent leur attachement au projet de l’Association quant Ă  l’instauration des garanties de l’indĂ©pendance de la justice conformĂ©ment  aux normes internationales ainsi qu’Ă  son programme visant Ă  assumer courageusement la dĂ©fense des intĂ©rĂȘts matĂ©riels et moraux des magistrats .D’autre part elles saluent la tradition instaurĂ©e par l’Association quant Ă  la prĂ©sence de la femme juge au sein de ses hautes structures. 5. Exigent la protection du travail de la femme juge conformĂ©ment aux TraitĂ©s Internationaux y affĂ©rents afin que ses charges familiales et son statut social ne soient pas exploitĂ©s comme moyen de pression pour l’obliger à  abandonner   son travail et  pour la dissuader de participer Ă  la vie publique et d’exprimer librement son opinion Ă  l’Ă©gard de  la justice et de son administration afin de promouvoir la situation du juge et de  la justice. De mĂȘme elles expriment leur refus Ă©nergique  de la discrimination et  de l’injustice dont elles sont victimes. 6. DĂ©clarent que loin de leur faire abandonner la dĂ©fense de la cause de l’Association, ces pressions ne peuvent aucunement altĂ©rer leur dĂ©termination et leur foi dans la justesse  de leur cause. 7. Appellent toutes les consciences  libres Ă  les soutenir dans cette Ă©preuve douloureuse.    Kalthoum Kanou : SecrĂ©taire GĂ©nĂ©rale du comitĂ© lĂ©gitime de l’Association des Magistrats Tunisiens Wassila  Kaabi : membre du bureau exĂ©cutif Raoudha Karafi :membre du bureau exĂ©cutif Leila Bahria: membre du comitĂ© administratif Noura Hamdi:membre de l’ A.M.T

SYNDICAT TUNISIEN DES MEDECINS SPECIALISTES LIBERAUX

                                                Tunis, le 19 Mars 2009                                                     A Monsieur le Ministre des Affaires Sociales, de la SolidaritĂ© et des Tunisiens Ă  l’Etranger    Monsieur le Ministre,   Nous venons d’apprendre que le Dr Ali Jebira aurait Ă©tĂ© invitĂ© par le ministĂšre des affaires sociales pour la signature de la convention sectorielle des mĂ©decins libĂ©raux en tant que secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral du STMSL. Monsieur le Ministre, nous vous rappelons que:     -Le Dr Ali Jebira n’occupe plus le poste de secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral du STMSL et, ce, depuis la dĂ©cision de la Commission Administrative du 23 Juillet 2008 qui a procĂ©dĂ© Ă  l’élection d’un nouveau bureau exĂ©cutif et d’un nouveau secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral. (cf. courrier qui vous a Ă©tĂ© adressĂ© le 4 AoĂ»t 2008).     -Le Dr Ali Jebira a contestĂ© cette dĂ©cision et qu’une procĂ©dure judiciaire est en cours. De ce fait, la commission administrative, organe Ă©lu par l’assemblĂ©e gĂ©nĂ©rale du STMSL et non contestĂ©, reste actuellement la seule structure lĂ©galement habilitĂ©e Ă  signer en son nom.     -Cette mĂȘme commission administrative vous a affirmĂ© (par courrier du 3 DĂ©cembre 2008) sa volontĂ© de signer la convention sectorielle actuelle et de procĂ©der Ă  sa rĂ©vision et que sa demande est restĂ©e, Ă  ce jour, sans rĂ©ponse.   La commission administrative regrette que, malgrĂ© ses efforts constants pour aboutir Ă  un accord consensuel avec le ministĂšre des affaires sociales au sujet de la rĂ©forme de l’assurance maladie et obtenir l’adhĂ©sion convaincue des mĂ©decins spĂ©cialistes, seul garant de la rĂ©ussite Ă  long terme de ce projet PrĂ©sidentiel, elle soit tenue Ă  l’écart de la signature de la convention sectorielle. Monsieur le Ministre, nous restons persuadĂ©s que la signature de cette convention par une quelconque personne non reprĂ©sentative du STMSL et contestĂ©e par sa base, ne pourra que semer le trouble dans l’esprit des mĂ©decins spĂ©cialistes, recueillir leur dĂ©sapprobation et compliquer leurs relations avec la CNAM, par la mise Ă  l’écart de la structure lĂ©gale qui les reprĂ©sente.   Restant Ă  votre disposition pour vous fournir toute prĂ©cision que vous jugeriez utile, nous vous prions de croire, Monsieur le Ministre, l’expression de notre profond respect.                                  Pour la Commission Administrative, Le SecrĂ©taire GĂ©nĂ©ral Dr Faouzi CHARFI

Tunisie/Ă©lections: Ben Ali s’engage Ă  garantir la prĂ©sence d’observateurs

AFP 20 mars 2009 TUNIS (AFP) — Le prĂ©sident tunisien Zine El Abidine Ben Ali s’est engagĂ© vendredi Ă  garantir la prĂ©sence d’observateurs tunisiens ou venus “d’un pays frĂšre ou ami” pour superviser le dĂ©roulement des Ă©lections prĂ©sidentielle et lĂ©gislative d’octobre prochain. “Nous donnerons Ă  tout observateur, qu’il soit tunisien ou venu d’un pays frĂšre ou ami, l’opportunitĂ© de suivre le dĂ©roulement et les rĂ©sultats de ces Ă©lections”, a-t-il dĂ©clarĂ© dans un discours Ă  l’occasion du 53e anniversaire de l’independance de la Tunisie. “Nous avons d’ores et dĂ©jĂ  donnĂ© des directives en vue de mobiliser tous les moyens et possibilitĂ©s pour faciliter la tĂąche aux observateurs”, a ajoutĂ© M. Ben Ali, affirmant vouloir “faire en sorte que ces Ă©lections (…) se dĂ©roulent dans un contexte de transparence, de respect de la lĂ©galitĂ© et d’observance des rĂšgles de la pratique dĂ©mocratique”. Zine El Abidine Ben Ali, 72 ans, est candidat Ă  un cinquiĂšme quinquennat consĂ©cutif en 2009, qu’il est assurĂ© de remporter face Ă  trois candidats chefs de partis de l’opposition parlementaire modĂ©rĂ©e. La candidature d’un quatriĂšme opposant plus radical, Ahmed Nejib Chebbi, est dĂ©clarĂ©e illĂ©gale au regard d’une loi exceptionnelle, qui exige de tout postulant d’ĂȘtre le chef Ă©lu de sa formation, ce qui n’est pas son cas. En 2004, M. Ben Ali avait Ă©tĂ© réélu avec 94,4% des voix et son parti avait remportĂ© 80% des 189 siĂšges Ă  la Chambre des dĂ©putĂ©s, cinq partis d’opposition s’Ă©tant partagĂ©s les 20% restants. Le prĂ©sident tunisien a en outre annoncĂ© le dĂ©marrage d’une chaĂźne de tĂ©lĂ©vision privĂ©e pour “faire face Ă  la concurrence (…) assurer un surcroĂźt de libertĂ©”, a-t-il dit. Nesma TV du groupe Karoui & Karoui sera une chaĂźne gĂ©nĂ©raliste Ă©mettant depuis Tunis, oĂč ses promoteurs se sont liĂ©s au franco-tunisien Tarak Ben Ammar, producteur de cinĂ©ma et associĂ© du prĂ©sident du Conseil italien Silvio Berlusconi. Elle s’ajoute Ă  Hannibal TV, premiĂšre tĂ©lĂ©vision privĂ©e Ă©mettant aux cĂŽtĂ©s de deux chaĂźnes Ă©tatiques. M. Ben Ali a cependant mis en garde les mĂ©dias contre toute violation de “l?intĂ©gritĂ© des institutions et instances administratives, professionnelles, sociales et judiciaires”, les incitant Ă  “aider Ă  la rĂ©paration des erreurs et des abus au moyen d?une critique objective”, a-t-il dit.

Des observateurs étrangers pourront suivre les prochaines élections en Tunisie

AP | 20.03.2009 | 18:08 Le prĂ©sident tunisien Zine El Abidine Ben Ali a assurĂ© vendredi que des observateurs tunisiens et Ă©trangers pourraient superviser les Ă©lections prĂ©sidentielle et lĂ©gislatives prĂ©vues en octobre prochain. “Nous donnerons Ă  tout observateur, qu’il soit tunisien ou venu d’un pays frĂšre ou ami, l’opportunitĂ© de suivre le dĂ©roulement et les rĂ©sultats de ces Ă©lections”, a dĂ©clarĂ© le chef de l’Etat tunisien dans un discours marquant le 53Ăšme anniversaire de l’indĂ©pendance. Des directives ont dĂ©jĂ  Ă©tĂ© donnĂ©es afin de “faciliter la tĂąche aux observateurs et les aider Ă  se dĂ©placer d’un bureau de vote Ă  un autre”, a-t-il ajoutĂ©. Le prĂ©sident Ben Ali s’est engagĂ© Ă  assurer “les garanties et les conditions” pour que ces Ă©lections se dĂ©roulent “dans un contexte de transparence, de respect de la lĂ©galitĂ© et d’observance des rĂšgles de la pratique dĂ©mocratique”. Au pouvoir depuis 1987, M. Ben Ali, 72 ans, sera le candidat du puissant parti au pouvoir, le Rassemblement constitutionnel dĂ©mocratique (RCD). Il briguera lors de scrutin un cinquiĂšme mandat de cinq ans, face Ă  trois candidats de l’opposition modĂ©rĂ©e. Premier Ă  avoir annoncĂ© sa candidature, le dirigeant du parti dĂ©mocratique progressiste (PDP), formation de l’opposition radicale, Me NĂ©jib Chebbi, ne pourra pas cependant y concourir. Il ne remplit en effet pas une condition exigĂ©e par une disposition exceptionnelle de la Constitution, aux termes de laquelle le candidat doit ĂȘtre Ă  la tĂȘte du parti qu’il reprĂ©sente depuis au moins deux annĂ©es successives. M. Chebbi a cĂ©dĂ© en 2006 la direction du parti Ă  Maya Jribi. AP


Le président tunisien exhorte les parties influentes à aider à la reconstruction de Gaza

 2009-03-21 10:23:56       TUNIS, 20 mars (Xinhua) — Le prĂ©sident tunisien Zine El  Abidine Ben Ali a exhortĂ© toutes les parties influentes, de par le monde, Ă  conjuguer leurs efforts pour aider Ă  la reconstruction de Gaza Ă  la suite de la rĂ©cente agression israĂ© lienne.       Dans un discours prononcĂ©, vendredi, Ă  l’ occasion de la  cĂ©lĂ©bration du 53e anniversaire de l’indĂ©pendance de la Tunisie,  Ben Ali a tenu Ă  rĂ©affirmer le soutien de son pays Ă  la cause  palestinienne, et sa solidaritĂ© avec le peuple palestinien dans  son combat lĂ©gitime pour l’Ă© dification de son Ă©tat indĂ©pendant.       Il a en outre rĂ©affirmĂ©, qu’il oeuvre constamment Ă  consacrer  la solidaritĂ© interarabe, Ă  dynamiser les relations de coopĂ©ration et d’intĂ©gration panarabes, et Ă  renforcer les fondements de  l’action africaine commune, dans le cadre des structures et des  institutions de l’ Union Africaine.       D’un autre cĂŽtĂ©, Ben Ali a soulignĂ© la disposition de son pays Ă  adhĂ©rer Ă  toutes les initiatives qui visent Ă  conforter la  sĂ©curitĂ© et la paix dans l’espace mĂ©diterranĂ©en, Ă  consolider les  liens de coopĂ©ration et de partenariat au sein de cet espace, et Ă  resserrer les liens d’amitiĂ© et de coopĂ©ration avec les pays des  continents amĂ©ricain et asiatique.

 

Lancement d’une deuxiĂšme chaĂźne de tĂ©lĂ©vision privĂ©e en Tunisie

 

AP 20.03.2009  19h11 Une deuxiĂšme chaĂźne de tĂ©lĂ©vision satellitaire privĂ©e, Nesma TV, a dĂ©marrĂ© ses Ă©missions vendredi Ă  partir de Tunis, Ă  l’occasion du 53Ăšme anniversaire de l’indĂ©pendance de la Tunisie. La nouvelle chaĂźne est la propriĂ©tĂ© du groupe Karoui & Karoui qui dĂ©tient 50% du capital (25 millions de dollars), le reste Ă©tant partagĂ© entre le producteur de cinĂ©ma, le Franco-tunisien Tarek Ben Ammar, patron de Quinta Communication, et le groupe Mediaset, premier groupe TV d’Europe, appartenant Ă  la famille Berlusconi. Le lancement de Nesma TV a Ă©tĂ© annoncĂ© dans la matinĂ©e par le prĂ©sident tunisien Zine El Abidine Ben Ali, “dans le souci d’enrichir le paysage mĂ©diatique” et “de faire face Ă  la concurrence nationale et mondiale”. La nouvelle chaĂźne privĂ©e vient s’ajouter Ă  Hannibal TV, prĂ©sente depuis plusieurs annĂ©es, aux cĂŽtĂ©s deux chaĂźnes publiques. Selon son promoteur Nabil Karoui, Nesma TV est une chaĂźne gĂ©nĂ©raliste dont les programmes essentiellement de “divertissement” sont axĂ©s sur le cinĂ©ma mondial et maghrĂ©bin, les sĂ©ries amĂ©ricaines, le football international, la musique, les talk-shows et les dĂ©bats sur des sujets de sociĂ©tĂ©. Il n’exclut pas d’y introduire dans une deuxiĂšme Ă©tape les informations et les dĂ©bats politiques. A vocation maghrĂ©bine, Nesma TV ambitionne de gagner le maximum des 90 millions de tĂ©lĂ©spectateurs de la rĂ©gion, en plus des 15 millions de MaghrĂ©bins d’Europe. “Nous nous emploierons Ă  exporter le label Maghreb sous un visage positif”, expliquait M. Karoui dans une dĂ©claration Ă  l’Associated Press, qui entend Ă©galement installer un plateau Ă  Paris, pour diffuser un talk-show hebdomadaire. Outre une Ă©mission “Star’Ac Maghreb”, il s’agira aussi de dĂ©battre de l’immigration et de l’intĂ©gration des MaghrĂ©bins d’Europe et notamment de France.


TUNISIE

Le soulÚvement des habitants du bassin minier : Un premier bilan

Inprecor N°545-546, 2009-01-02, Politique générale (633 I)

Lien à utiliser pour référencer cet article : http://www.inprecor.fr/article-inprecor?id=633

                                                                                                                                                      

Ammar Amroussia

Ammar Amroussia, instituteur, est le porte-parole du Parti communiste des ouvriers de Tunisie (PCOT) dans la rĂ©gion de Gafsa. Il a Ă©tĂ© condamnĂ© pour son appartenance au PCOT et a perdu son travail d’instituteur en 1997. Il a vĂ©cu dans la clandestinitĂ© jusqu’en fĂ©vrier 2002, date Ă  laquelle il a choisi de mettre un terme Ă  sa clandestinitĂ© pour suivre le procĂšs des dirigeants de son parti, H. Hammami, A. Madouri et S. Taamallah. A l’issue de ce procĂšs, il a Ă©tĂ© sauvagement aggressĂ© et emprisonnĂ© jusqu’en novembre 2002. Le PCOT, fondĂ© en 1986, reste officiellement interdit en Tunisie. Il se dĂ©finit comme un parti communiste marxiste-lĂ©niniste. L’article que nous reproduisons ici a Ă©tĂ© d’abord publiĂ© dans la revue du PCOT Le communiste en date de mai 2008.

Une grande vague de protestations populaires secoue, depuis le 5 janvier 2008, la rĂ©gion de Gafsa (sud-ouest de la Tunisie) et plus particuliĂšrement les villes du bassin minier. La contestation a commencĂ© suite Ă  l’annonce des rĂ©sultats d’un concours de recrutement organisĂ© par la Compagnie des phosphates de Gafsa (CPG dans la suite du texte), principal employeur de la rĂ©gion. Ces rĂ©sultats ont Ă©tĂ© jugĂ©s, par la population, « dĂ©cevants », en effet le nombre de candidats admis Ă©tait rĂ©duit et ne rĂ©pondait pas Ă  ses attentes. En plus, les critĂšres adoptĂ©s dans le choix de ces candidats n’étaient pas objectifs : favoritisme, loyautĂ© vis-Ă -vis du pouvoir et « bakchich » ont prĂ©valu face Ă  la compĂ©tence. La contestation a Ă©clatĂ© d’abord Ă  Redeyef, elle a gagnĂ© ensuite les autres villes miniĂšres, en particulier M’dhilla et MoularĂšs. Ainsi, l’ensemble de la rĂ©gion de Gafsa a Ă©tĂ© secouĂ© par un soulĂšvement social sans prĂ©cĂ©dent, considĂ©rĂ© par les observateurs comme le plus important en Tunisie durant les deux dĂ©cennies de pouvoir de Ben Ali, voire depuis la « rĂ©volte du pain » de 1984. Il est donc Ă©vident qu’un tel Ă©vĂ©nement doit ĂȘtre analysĂ© pour en tirer quelques leçons, mĂȘme si le mouvement est encore en cours. Un premier bilan pourrait contribuer Ă  ce qu’il tienne plus longtemps face Ă  la dictature et Ă  arracher des acquis qui serviraient de stimulant pour tout le mouvement populaire. Ainsi nous allons suivre Ă  travers cet article l’évolution des Ă©vĂ©nements en cherchant les causes et en analysant les mots d’ordre et les formes de lutte inventĂ©es par les masses populaires dans leur confrontation avec l’appareil rĂ©pressif du rĂ©gime de Ben Ali.

1. Les causes profondes du soulĂšvement

Les rĂ©sultats du concours de recrutement Ă  la CPG publiĂ©s le 5 janvier 2008 n’ont en fait constituĂ© que la goutte qui a fait dĂ©border le vase. La rĂ©action des habitants n’aurait pas pu ĂȘtre aussi forte si la rĂ©gion ne vivait pas depuis longtemps dans une misĂšre profonde. Tout y prĂ©disait une grande explosion, les signes annonciateurs se sont multipliĂ©s. En septembre 2007 nous avions dĂ©jĂ  Ă©crit, suite Ă  la rĂ©pression du rassemblement organisĂ© par « le comitĂ© rĂ©gional des diplĂŽmĂ©s enchĂŽmagĂ©s » et au cours duquel la militante Afef Ben Naceur avait Ă©tĂ© sauvagement agressĂ©e par la police politique : « attendez-vous prochainement Ă  une grande surprise .»

Depuis l’époque coloniale, et jusqu’à nos jours, la production de phosphate reste le pilier central de l’activitĂ© Ă©conomique dans la rĂ©gion de Gafsa, ce qui rendait la vie de villes entiĂšres (Redeyef, Metlaoui, MoularĂšs et M’dhilla) entiĂšrement dĂ©pendante de ce minerai qui assurait aux habitants une certaine sĂ©curitĂ©. Les choses ont continuĂ© ainsi jusqu’au terme de l’époque coloniale (1956) et mĂȘme jusqu’aux annĂ©es 1970. Mais « la vache Ă  lait », c’est-Ă -dire la CPG, a commencĂ© Ă  avoir des difficultĂ©s dues surtout Ă  une mauvaise gestion. En 1986, elle a Ă©tĂ© incluse dans le programme de restructuration des entreprises publiques imposĂ© par le FMI et la BM dans le cadre du « Programme d’ajustement structurel » (PAS). Cette restructuration n’a tenu compte que des taux de profit Ă  rĂ©aliser ou Ă  prĂ©server. Elle a donc Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©e aux dĂ©pens de la force de travail. Ainsi le nombre des ouvriers de la CPG est passĂ© de 14 000 dans les annĂ©es 1980 Ă  environ 5 300 en 2007 (en 2006 ce chiffre Ă©tait de 5 853 employĂ©s dont 492 cadres). La sociĂ©tĂ© a eu recours Ă  la mĂ©canisation pour comprimer la main-d’Ɠuvre, elle a Ă©galement augmentĂ© le nombre d’heures supplĂ©mentaires pour Ă©viter de nouveaux recrutements. Le coĂ»t de ces heures s’est Ă©levĂ© durant ces derniĂšres annĂ©es Ă  environ 5 millions de dinars (1 TND=0,55 €). Quant Ă  l’État, qui n’a cessĂ© de se dĂ©charger de son rĂŽle social et de se transformer en un simple « gendarme » soumettant les travailleurs Ă  une exploitation fĂ©roce au profit d’une nouvelle poignĂ©e de mafieux et de corrompus locaux et Ă©trangers, il n’a rien prĂ©vu pour subvenir aux besoins des habitants de la rĂ©gion dont le tissu Ă©conomique est restĂ© inchangĂ©. Les investissements ont continuĂ© Ă  s’orienter particuliĂšrement vers les rĂ©gions cĂŽtiĂšres aussi bien pour des raisons Ă©conomiques (la recherche de profits) que pour des raisons politiques (prĂ©servation d’une clientĂšle politique), ce qui a accentuĂ© le rĂ©gionalisme, caractĂ©ristique essentielle du rĂ©gime « destourien » depuis son avĂšnement en 1956.

Ainsi les villes du bassin minier, comptant une population de dizaines de milliers d’habitants, ont sombrĂ© dans l’oubli et se sont trouvĂ©es marginalisĂ©es et confrontĂ©es Ă  une situation difficile. Leur richesse en phosphate continue Ă  ĂȘtre pillĂ©e. Avec l’installation des « laveries », la CPG a mis la main sur une grande partie des ressources en eau potable dans la rĂ©gion. Et le plus grave est que l’eau polluĂ©e utilisĂ©e pour le lavage a affectĂ© les nappes phrĂ©atiques saines si bien que les habitants de Redeyef, par exemple, se sont trouvĂ©s obligĂ©s d’acheter de l’eau potable en provenance d’autres rĂ©gions (1 dinar les 20 litres).

Cette situation a entraĂźnĂ© l’aggravation du chĂŽmage dont le taux est devenu alarmant, surtout chez les diplĂŽmĂ©s de l’enseignement supĂ©rieur. Le taux de chĂŽmage dans la rĂ©gion s’élĂšve au double et parfois au triple du taux national officiellement Ă©valuĂ© Ă  14 % ou 15 % de la population active. Par ailleurs, les services publics, tels que l’éducation, la santĂ©, l’habitat et le transport se sont dĂ©gradĂ©s suite Ă  leur privatisation et Ă  l’augmentation de leurs coĂ»ts. Les masses populaires ne peuvent plus assumer les frais de scolaritĂ© de leurs enfants, notamment ceux qui doivent s’inscrire Ă  l’universitĂ©, les frais des soins et des mĂ©dicaments, les frais de transport ou d’habitat. De surcroĂźt, les prix des matiĂšres de base n’ont cessĂ© de flamber de par le monde. L’augmentation a touchĂ© les produits de premiĂšre nĂ©cessitĂ© tels que les produits alimentaires, les vĂȘtements et les carburants. Vu le bas niveau des salaires qui ne suivent pas le rythme de l’inflation galopante, la faiblesse des revenus des petits propriĂ©taires, commerçants et artisans, ainsi que l’absence de tout revenu pour les chĂŽmeurs dont le nombre ne cesse d’augmenter, la rĂ©gion de Gafsa s’est transformĂ©e en un espace immense de pauvretĂ©, de prĂ©caritĂ© et de marginalisation sociale. Bien entendu, Ă  cette dĂ©tĂ©rioration des conditions sociales de la majoritĂ© des habitants de la rĂ©gion correspond l’accroissement de la richesse de certaines couches, en l’occurrence les hauts cadres de la CPG, des responsables rĂ©gionaux, des affairistes proches du pouvoir, etc. Il faut signaler que les recettes des exportations des produits phosphatiques de la CPG, et par consĂ©quent de l’État, ont connu une croissance importante suite Ă  l’augmentation de leur prix sur le marchĂ© mondial. Les recettes sont passĂ©es de 858 millions de dinars (471,5 millions d’euros) en 2005 Ă  1 261 millions de dinars en 2007 et elles atteindront probablement 2,2 Ă  2,4 milliards de dinars en 2008. Parmi ceux qui ont profitĂ© de la situation, on peut citer le secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral de l’Union rĂ©gionale de l’UGTT (Union GĂ©nĂ©rale Tunisienne du Travail, l’unique centrale syndicale en Tunisie), Amara Abbassi, qui est aussi membre du ComitĂ© central du parti au pouvoir et membre du Parlement. A part le « bakchich » qu’il reçoit, en contrepartie de son rĂŽle de « sapeur-pompier » des luttes des travailleurs, il a montĂ© une sociĂ©tĂ© de sous-traitance de main-d’Ɠuvre qui lui a permis d’amasser une fortune aux dĂ©pens des pauvres intĂ©rimaires qu’il exploite d’une maniĂšre inouĂŻe bien qu’il soit dirigeant d’un syndicat qui dĂ©clare s’opposer aux formes d’emploi prĂ©caires ! Abbassi jouit aussi bien du soutien des autoritĂ©s rĂ©gionales que de celui de la « bureaucratie » Ă  la tĂȘte de l’UGTT, formĂ©e en majoritĂ© d’élĂ©ments corrompus.

Il est bien clair aussi que les habitants de Gafsa, tout comme l’ensemble des Tunisiens, qui suivent les chaĂźnes de tĂ©lĂ©vision satellitaires ou qui ont des enfants instruits et intĂ©ressĂ©s par « la chose publique », sont, Ă  des degrĂ©s diffĂ©rents, informĂ©s de l’aggravation du phĂ©nomĂšne de la corruption dans le pays. Une poignĂ©e de familles (celles de Ben Ali, de ses gendres, de ses proches et de ses amis
) accumulent des fortunes colossales. Elles ont mis la main sur les principaux secteurs de l’économie, profitant de la campagne de privatisation. Les banques sont Ă  leur service, leur pourvoyant d’importants et multiples crĂ©dits sans garanties. C’est ainsi que les « crĂ©ances douteuses » reprĂ©sentent prĂšs du tiers des crĂ©dits octroyĂ©s ! Certains membres de ces familles se sont spĂ©cialisĂ©s dans les « interventions » auprĂšs de l’Administration pour le compte de ceux qui sont prĂȘts Ă  leur verser des pots-de-vin importants. Rien ne leur Ă©chappe, mĂȘme les concours d’embauche dans la fonction publique dont les rĂ©sultats sont connus d’avance et oĂč il faut payer pour espĂ©rer rĂ©ussir ! Les citoyens peuvent ainsi constater la gravitĂ© de la situation qui condamne les pauvres Ă  voir leurs conditions se dĂ©grader de plus en plus tandis qu’une minoritĂ© liĂ©e au « trĂŽne » s’enrichit sans cesse.

Tous ces facteurs rĂ©unis ont créé un Ă©tat de malaise gĂ©nĂ©ralisĂ© dans tout le pays et qui prend dans les rĂ©gions les plus dĂ©favorisĂ©es, dont celle du bassin minier de Gafsa, une dimension de colĂšre latente qui n’attend que l’occasion de surgir.

En effet, bien avant la publication des rĂ©sultats du concours de la CPG, la rĂ©gion de Gafsa a connu plusieurs mouvements menĂ©s soit par des diplĂŽmĂ©s enchĂŽmagĂ©s qui se sont organisĂ©s, Ă  l’instar de ceux de plusieurs rĂ©gions de la Tunisie, en « ComitĂ© rĂ©gional des diplĂŽmĂ©s enchĂŽmagĂ©s », soit par des paysans, travailleurs licenciĂ©s ou autres habitants des quartiers populaires, pour exprimer leur indignation face Ă  l’oppression et l’injustice qu’ils endurent. Puis, sont arrivĂ©s les rĂ©sultats du concours qui ont constituĂ© « la goutte qui a fait dĂ©border le vase ». Ainsi ont Ă©tĂ© dĂ©clenchĂ©s les Ă©meutes, les manifestations et les « sit-in » des habitants du bassin minier.

2. Un mouvement populaire

Ce mouvement a eu, dĂšs son dĂ©but, un caractĂšre populaire large, ce qui l’a transformĂ© en un soulĂšvement populaire proprement dit et ce malgrĂ© son aspect rĂ©gional plus ou moins circonscrit. Toutes les catĂ©gories populaires y ont adhĂ©rĂ© : ouvriers, chĂŽmeurs, fonctionnaires, commerçants, artisans, Ă©lĂšves, etc. Ceux qui y participent appartiennent Ă  diffĂ©rentes gĂ©nĂ©rations, il y a des enfants, des jeunes, des adultes, des personnes ĂągĂ©es. Les femmes, mĂȘme celles au foyer, ont pris part Ă  la protestation et ont souvent jouĂ© un rĂŽle d’avant-garde. Les divisions tribales, restĂ©es prĂ©sentes dans la rĂ©gion et continuellement instrumentalisĂ©es par le pouvoir, ont disparu dans ce mouvement pour cĂ©der la place Ă  l’appartenance sociale, de classe. Les habitants ont compris qu’ils vivent dans la mĂȘme situation de misĂšre, qu’ils partagent le mĂȘme sort : le chĂŽmage, la marginalisation, la pauvretĂ©, la dĂ©gradation du pouvoir d’achat et, en gĂ©nĂ©ral, la dĂ©tĂ©rioration de leurs conditions de vie. Ce sentiment s’est confirmĂ© au fil des jours Ă  travers les discussions, les affrontements avec les forces de la police, l’entraide et la solidaritĂ©, etc. Il est difficile aujourd’hui de faire marche arriĂšre, surtout dans la ville de Redeyef, d’autant plus que le mouvement continue Ă  ĂȘtre encadrĂ© et est susceptible d’évoluer.

CaractĂ©risĂ© par sa continuitĂ©, ce soulĂšvement vient de dĂ©passer son quatriĂšme mois (1). Il se poursuit encore, notamment Ă  Redeyef qui en reprĂ©sente l’axe mĂȘme, grĂące Ă  la prĂ©sence d’un noyau dirigeant, de responsables syndicaux et de militants politiques de gauche. Notre pays n’a guĂšre connu depuis « l’indĂ©pendance » (1956) un mouvement social qui se soit prolongĂ© dans le temps de cette maniĂšre. Outre la prĂ©sence de militants aguerris Ă  sa tĂȘte, les facteurs objectifs ont eu un rĂŽle important dans sa longĂ©vitĂ©. Ces facteurs, dĂ©jĂ  Ă©voquĂ©s, ont fait que les habitants n’ont rien Ă  perdre, sinon leur misĂšre et leurs chaĂźnes. Toutes les portes de l’espoir leur sont fermĂ©es et ils ont ainsi perdu toute confiance dans le rĂ©gime en place. Parmi les facteurs qui ont favorisĂ© la continuitĂ© du mouvement, la rĂ©action du pouvoir. Celui-ci n’a pu apporter de solution aux problĂšmes auxquels est confrontĂ©e la rĂ©gion, ni rĂ©ussi Ă  satisfaire les revendications directes des populations et Ă  tenir ses promesses, mĂȘme celles annoncĂ©es avec pompe sous forme de « mesures prĂ©sidentielles » en faveur de certaines catĂ©gories sociales, Ă  MoularĂšs en particulier, ce qui a encore attisĂ© la colĂšre des contestataires. Pis encore, le pouvoir a eu recours, dĂšs le dĂ©but, Ă  la rĂ©pression : au dĂ©but du mois d’avril, puis au dĂ©but du mois de mai, la rĂ©pression a pris un caractĂšre encore plus violent et plus large Ă  Redeyef et MoularĂšs notamment, mais elle n’a pas rĂ©ussi Ă  Ă©teindre ni Ă  Ă©touffer le mouvement, au contraire, elle l’a radicalisĂ©. Le pouvoir s’est ainsi retrouvĂ© dans l’obligation de libĂ©rer les dirigeants et activistes arrĂȘtĂ©s quelques jours auparavant. Ces derniers ont Ă©tĂ© accueillis par des dizaines de milliers de gens, en leaders populaires et en hĂ©ros.

Il est certain que le pouvoir, surpris par l’ampleur du mouvement, a Ă©tĂ© Ă©branlĂ© par son unitĂ©, sa combativitĂ© et l’esprit de solidaritĂ© qui anime ceux qui y participent. C’est pourquoi il a jouĂ© au dĂ©but sur le facteur temps en pensant qu’il pouvait attĂ©nuer le mouvement et le contraindre Ă  l’effritement, car il craignait de faire des concessions qui stimuleraient la revendication et l’étendraient Ă  d’autres rĂ©gions du pays. Il craignait Ă©galement que la rĂ©pression ne confĂšre au mouvement une dimension aussi bien nationale qu’internationale, de telle sorte qu’elle mette Ă  nu la propagande dĂ©magogique du rĂ©gime axĂ©e sur le soi-disant « miracle Ă©conomique tunisien » et « les rĂ©alisations grandioses rĂ©alisĂ©es sous la direction clairvoyante du prĂ©sident Ben Ali ». En effet, ce qui se passe au bassin minier est un dĂ©menti cinglant de toute cette propagande. S’il y a « miracle », c’est bien pour les riches, locaux et Ă©trangers, qui ont vu leur fortune s’accroitre d’une maniĂšre vertigineuse, et non pour le peuple qui subit une oppression Ă©conomique et sociale des plus dures.

D’autre part, un peu plus d’une annĂ©e seulement sĂ©pare le rĂ©gime de Ben Ali des « élections » de 2009 ; dĂ©jĂ  une campagne a Ă©tĂ© amorcĂ©e pour « solliciter » Ben Ali Ă  se porter candidat pour un cinquiĂšme mandat, synonyme de prĂ©sidence Ă  vie, afin qu’il poursuive « ses rĂ©alisations » et mette en Ɠuvre la suite de son programme « pour garantir Ă  la Tunisie un avenir radieux ». Bien entendu, l’explosion de la situation dans les villes du bassin minier complique la tĂąche du pouvoir, c’est pourquoi il s’est Ă©vertuĂ© Ă  isoler le mouvement en profitant de la faiblesse de l’opposition politique et de la complicitĂ© de la bureaucratie syndicale. Cette derniĂšre est allĂ©e jusqu’à sanctionner certains syndicalistes (suspension de Adnane Hajji de toute activitĂ© syndicale au sein de l’UGTT pendant cinq ans). Mais tout cela n’a pas empĂȘchĂ© le mouvement de poursuivre son chemin, de faire Ă©chouer toute tentative de l’isoler et d’acquĂ©rir de la sympathie Ă  travers des moyens d’information indĂ©pendants, tels que la chaine de tĂ©lĂ©vision satellitaire « Al-Hiwar Attounoussi » (Dialogue tunisien) qui Ă©met depuis l’étranger, le journal Ă©lectronique « Al-Badil » (l’Alternative) animĂ© par le parti communiste des ouvriers de Tunisie (PCOT), les journaux de l’opposition lĂ©gale (Al-Mawkif, Mouatinoun, Attarik Al-Jadid
) et la presse clandestine, notamment « Sawt EchĂąab » (La voix du peuple) organe central du PCOT, et aussi Ă  travers les actions de solidaritĂ© organisĂ©es Ă  l’intĂ©rieur du pays par le « comitĂ© national de soutien aux habitants du Bassin minier » et Ă  l’extĂ©rieur par les partis et associations dĂ©mocratiques aussi bien tunisiens qu’étrangers.

3. Des formes de lutte variées et audacieuses

La rĂ©pression Ă©tait toujours de mise pour interdire les manifestations de rue, les rĂ©unions dans les locaux des partis et associations reconnus et dans les universitĂ©s. Cette stratĂ©gie sĂ©curitaire s’est avĂ©rĂ©e « efficace » pour le pouvoir puisqu’elle a rĂ©duit la contestation Ă  une sphĂšre limitĂ©e en l’empĂȘchant de se dĂ©velopper et de s’élargir. Les actions de contestation sont apparues, dans cette atmosphĂšre, comme des actions isolĂ©es dans un « ocĂ©an de paix sociale », imposĂ©e en rĂ©alitĂ© par la terreur policiĂšre, et que le rĂ©gime de Ben Ali s’est mis Ă  vanter aussi bien Ă  l’intĂ©rieur qu’à l’extĂ©rieur du pays comme Ă©tant une preuve de la « rĂ©ussite de ses choix » et de « l’union du peuple autour de lui ». Cependant, ce qui se passe au bassin minier de la rĂ©gion de Gafsa est de toute autre nature.

Les forces de l’ordre ont Ă©tĂ© incapables de rĂ©aliser ce qu’elles accomplissaient aisĂ©ment par le passĂ©, en rĂ©primant une contestation isolĂ©e et rĂ©duite Ă  des minoritĂ©s, ne serait-ce que parce que le mouvement est rĂ©ellement populaire et que tous ceux et celles qui y ont participĂ© sont dĂ©terminĂ©s Ă  rĂ©sister et Ă  continuer leur lutte jusqu’au bout. C’est pourquoi les forces de l’ordre qui sont intervenues violemment au dĂ©but du mois d’avril 2008 puis au dĂ©but du mois de mai 2008 ont vite perdu du terrain face Ă  la dĂ©termination des habitants. Ce que les autoritĂ©s pouvaient interdire habituellement aux partis et associations mĂȘme lĂ©gaux, aussi bien dans leurs siĂšges que dans les espaces publics, les contestataires l’ont fait au bassin minier Ă  leur guise et sans aucune autorisation de la police. Ainsi, les marches traversaient les rues jour et nuit, les rĂ©unions ont lieu dans les espaces publics et les tracts et les bulletins politiques sont distribuĂ©s en plein jour sous les regards de la police qui se contente de surveiller sans intervenir. Les habitants ont créé un rapport de force, sur le terrain, en leur faveur qui leur a permis de jouir de leurs droits de rĂ©union, de manifestation, d’expression, etc. Les forces de l’ordre n’ont qu’une seule solution pour arrĂȘter le mouvement, c’est la prise pure et simple des villes du bassin minier et le dĂ©cret de l’état de siĂšge et du couvre-feu pour empĂȘcher toute activitĂ© (c’est ce qui se produira en effet, plus tard au dĂ©but du mois de juin — note du traducteur).

4. Un soulÚvement spontané mais


Il est certain que ce soulĂšvement a Ă©tĂ© marquĂ© par sa spontanĂ©itĂ©. Ce caractĂšre s’est clairement rĂ©vĂ©lĂ© au dĂ©part et a persistĂ© au cours des premiĂšres semaines. On entend par spontanĂ©itĂ© l’absence de direction politique qui organise les participants, les dote d’une plateforme de revendications, les dirige sur le terrain et leur fait Ă©viter les dĂ©bordements et les provocations des agents du pouvoir. Mais cette carence a Ă©tĂ© dĂ©passĂ©e au fil des jours, principalement dans la ville de Redeyef, alors qu’elle marque encore, Ă  des degrĂ©s divers, le mouvement dans les autres villes. A Redeyef, la prise de conscience s’est traduite par l’élaboration d’une liste de revendications et d’un plan d’action qui tient compte de l’état des rapports de force et surtout de l’état d’esprit des masses de telle sorte qu’elles soient elles-mĂȘmes convaincues de ce qu’elles font et de ce qu’elles ont Ă  faire encore. L’existence d’un noyau de militants syndicalistes et politiques de gauche a jouĂ© et joue encore un rĂŽle dĂ©terminant dans la prise de conscience du mouvement et dans son organisation. En rĂ©alitĂ©, la ville de Redeyef a fait dĂšs le dĂ©but exception dans le bassin minier. Les difficultĂ©s apparues au dĂ©but ont Ă©tĂ© trĂšs vite aplanies, ce qui a permis de dĂ©passer les chefs de tribus et les responsables locaux et rĂ©gionaux qui sont Ă  l’origine de ces difficultĂ©s visant Ă  diviser le mouvement, semer le doute en son sein et discrĂ©diter ses dirigeants. « Le comitĂ© de nĂ©gociation », dont les membres ont Ă©tĂ© dĂ©signĂ©s par des assemblĂ©es syndicales, ainsi que sa ceinture large composĂ©e de syndicalistes de tous les secteurs et de militants politiques dĂ©mocrates et progressistes, ont montrĂ© beaucoup de maturitĂ© et de sagesse dans l’encadrement et l’orientation du mouvement. Ce que l’on a mĂȘme nommĂ© « la deuxiĂšme trĂȘve » (la suspension des marches, des manifestations et des grĂšves pendant 15 jours pour crĂ©er, Ă  la demande des autoritĂ©s, un climat propice aux nĂ©gociations) a tellement renforcĂ© le mouvement en lui permettant de reprendre son souffle et de se rĂ©organiser, que personne ne doute de la capacitĂ© de ses dirigeants Ă  gĂ©rer les situations difficiles, dĂ©jouer les manƓuvres du pouvoir et Ă©viter de “craquer”.. Il a confirmĂ© la conviction que ces dirigeants reprĂ©sentent les vĂ©ritables chefs et les vrais porte-parole des habitants.

Sur un autre plan, il importe de remarquer l’évolution de la conscience des masses et des Ă©lĂ©ments actifs parmi elles. La lutte Ă©duque ceux qui y participent et dĂ©veloppe leur conscience beaucoup plus rapidement que les discours. En effet, les masses populaires qui ont adhĂ©rĂ© au mouvement se sont trouvĂ©es directement impliquĂ©es dans « les affaires publiques ». Elles dĂ©battent de leurs problĂšmes et leurs prĂ©occupations, elles dĂ©battent Ă©galement de la situation gĂ©nĂ©rale dans le pays, s’échangent les informations et lancent des critiques acerbes au rĂ©gime de Ben Ali
 elles dĂ©couvrent par la pratique son caractĂšre despotique et dictatorial et le fait qu’il soit au service des riches et qu’il n’ait rien Ă  voir avec leurs intĂ©rĂȘts et leurs aspirations. Elles dĂ©couvrent aussi leur propre force et par consĂ©quent leur capacitĂ© Ă  rĂ©sister et Ă  s’imposer. Les symboles du pouvoir dans la rĂ©gion, tels que le maire, la police, la garde nationale, les structures du parti au pouvoir (comitĂ© de coordination, cellules territoriales et professionnelles
), se sont effondrĂ©s face Ă  leur volontĂ©. En un mot, discuter politique Ă  Redeyef n’est plus ni « interdit », ni « dangereux », ni limitĂ© Ă  une poignĂ©e de « tĂȘtes brĂ»lĂ©es » ! C’est plutĂŽt devenu une pratique ordinaire, un droit que tout le monde exerce sans peur et sans attendre l’autorisation de quiconque. En fait, tout le monde critique le maire et le gouverneur et mĂȘme Ben Ali, en Ă©voquant surtout l’enrichissement extrĂȘme de ses gendres ainsi que des membres de sa famille et de ses proches en gĂ©nĂ©ral.

Plus prĂšs de Redeyef, Ă  MoularĂšs prĂ©cisĂ©ment, une tente installĂ©e par les diplĂŽmĂ©s-enchĂŽmagĂ©s, a abritĂ© un groupe de jeunes. Leur expĂ©rience au cours de leurs Ă©tudes Ă  l’universitĂ© d’une part et l’ouverture sur leur entourage politique et syndical d’autre part, les ont aidĂ©s Ă  Ă©laborer rapidement des revendications spĂ©cifiques qu’ils ont su intĂ©grer dans une perspective politique plus large. Cette expĂ©rience les a prĂ©parĂ©s progressivement Ă  se transformer en un noyau important dans le mouvement, exerçant surtout une influence considĂ©rable auprĂšs des intellectuels. NĂ©anmoins, ce noyau n’a pu se transformer en une direction du mouvement tout entier. En effet, il n’a pu bĂ©nĂ©ficier du mĂȘme soutien syndical et politique que le mouvement Ă  Redeyef.

MalgrĂ© tous ces Ă©lĂ©ments positifs, il faut reconnaitre que ce soulĂšvement populaire est restĂ© marquĂ© par sa spontanĂ©itĂ© et par l’absence d’une vision politique globale qui l’oriente. Le pouvoir a essayĂ© Ă  plusieurs reprises d’exploiter cette faille pour faire Ă©clater le mouvement de l’intĂ©rieur. TantĂŽt, il a rĂ©pandu des rumeurs selon lesquelles le « prĂ©sident Ben Ali » allait intervenir pour « rĂ©soudre tous les problĂšmes et satisfaire toutes les revendications » ; il fallait donc cesser le mouvement pour montrer « sa bonne foi ». TantĂŽt, il a propagĂ© des mensonges aux dĂ©pens des dirigeants du mouvement dans telle ou telle autre ville pour empĂȘcher le dĂ©veloppement d’une solidaritĂ© entre les diffĂ©rents centres du mouvement et les isoler les uns des autres. Certes plusieurs facteurs, d’ordre plus gĂ©nĂ©ral, ont contribuĂ© et contribuent encore Ă  empĂȘcher le mouvement de s’unir au niveau rĂ©gional et de s’étendre Ă  tout le pays et mobiliser toutes les classes et couches populaires. Pourtant, les revendications des habitants du bassin minier les intĂ©ressent toutes, Ă©tant donnĂ© qu’elles subissent les mĂȘmes injustices.

5. Faiblesse de l’opposition politique

L’un des premiers facteurs de faiblesse de l’opposition politique rĂ©side dans les sĂ©quelles qu’elle traĂźne encore des « annĂ©es de plomb ». Mais au lieu de profiter de ce soulĂšvement pour Ă©largir sa base sociale, en faisant siennes les revendications des masses populaires, la majoritĂ© de cette opposition n’a pas manifestĂ© l’intĂ©rĂȘt qu’il faut pour un mouvement aussi important. Plus le mouvement progresse, plus se creuse l’écart le sĂ©parant des masses populaires. MĂȘme l’élan mĂ©diatique qui l’a accompagnĂ© Ă  ses dĂ©buts a rĂ©gressĂ© plus tard. Les chefs politiques, surtout ceux des partis lĂ©gaux, qui peuvent accĂ©der plus facilement Ă  la rĂ©gion ne se sont pas souvent dĂ©placĂ©s sur place pour essayer de mobiliser les gens aux cĂŽtĂ©s du mouvement. MĂȘme leurs visites n’ont pas Ă©tĂ© suivies d’activitĂ©s mĂ©diatiques et politiques qui auraient pu contribuer Ă  la levĂ©e du siĂšge, imposĂ© aux populations contestataires, et donner Ă  leur mouvement la dimension nationale dont elles avaient besoin. On ne peut expliquer cette situation par le simple fait que « l’opposition est encore affaiblie » car, comme on l’a dĂ©jĂ  dit, les partis intĂ©ressĂ©s auraient pu exploiter ce mouvement pour surmonter leurs faiblesses, mais des obstacles d’ordres idĂ©ologique et politique se sont Ă©levĂ©s pour les empĂȘcher d’atteindre ce but. En effet, ces partis ne disposent pas de solutions rĂ©elles Ă  proposer aux populations de la rĂ©gion et au peuple tunisien en gĂ©nĂ©ral. Et mĂȘme s’ils s’opposent au despotisme et sont pour une libĂ©ralisation politique, ils sont souvent des adeptes de l’économie capitaliste libĂ©rale avec tout ce qu’elle implique comme privatisation et dĂ©sengagement de l’État. Ils acceptent Ă©galement la prĂ©sence ou plutĂŽt la domination du capital Ă©tranger dans le pays sous prĂ©texte d’encourager les investissements extĂ©rieurs, car ils les considĂšrent comme un facteur de dĂ©veloppement et non de freinage, de pillage et de destruction de l’économie tunisienne et de renforcement de sa dĂ©pendance. Par consĂ©quent, un soulĂšvement comme celui du bassin minier contredit le discours de tous ces partis libĂ©raux sur les prĂ©tendus avantages de l’économie de marchĂ©. Ils se sont ainsi trouvĂ©s dans l’embarras, incapables de faire une critique profonde des choix Ă©conomiques et sociaux du rĂ©gime de Ben Ali. Dans le meilleur des cas, ils se bornent Ă  une critique partielle des effets et non des causes de ces effets.

Certaines forces qui prĂ©tendent ĂȘtre de gauche, « progressistes », continuent Ă  observer le mouvement de loin, soit parce qu’elles n’ont rien Ă  lui offrir en se limitant Ă  « l’expression de leur solidarité » comme si les Ă©vĂšnements se dĂ©roulaient dans « un pays voisin » et non dans le nĂŽtre, soit par esprit sectaire, considĂ©rant qu’un soutien actif au mouvement profiterait Ă  tel ou tel parti (le PCOT par exemple), soit purement et simplement parce qu’elles s’opposent au soulĂšvement de crainte d’altĂ©rer leurs relations avec le pouvoir et la bureaucratie syndicale et aussi parce que la « rĂ©volte du bassin minier » dĂ©ment clairement leur phrasĂ©ologie autour du « recul du mouvement populaire » utilisĂ©e pour justifier leur dĂ©faitisme. Quant aux islamistes, ils sont absents, ils n’arrivent pas Ă  se remettre de la dure rĂ©pression qu’ils ont subie durant ces deux derniĂšres dĂ©cennies, ils se sont limitĂ©s Ă  publier, seuls ou avec d’autres forces politiques dans le cadre du « collectif du 18 octobre pour les droits et les libertĂ©s », des communiquĂ©s de solidaritĂ© avec les habitants du bassin minier. L’aile « salafiste » (ou « jihadiste ») de ce courant, qui fait face elle aussi Ă  une campagne de rĂ©pression au nom de la « participation aux efforts internationaux pour la lutte contre le terrorisme », ne s’est pas sentie concernĂ©e par ce genre de mouvement social dont l’esprit, les revendications et les mots d’ordre sont loin d’ĂȘtre religieux.

Enfin, quant aux vĂ©ritables forces dĂ©mocratiques et progressistes, y compris notre parti, le Parti communiste des ouvriers de Tunisie, elles ont pris conscience de l’extrĂȘme importance du mouvement du bassin minier. Elles lui ont apportĂ© et lui apportent encore un soutien concret, soit directement, avec la participation de leurs militants, soit indirectement, en informant et mobilisant les travailleurs et les jeunes des autres rĂ©gions afin de dĂ©noncer la rĂ©pression sauvage qui s’abat sur les masses populaires du bassin minier et appuyer leurs revendications lĂ©gitimes. NĂ©anmoins, ces forces ont butĂ©, il faut le reconnaitre, sur les limites de leur implantation dans la rĂ©gion, bien qu’elles occupent une position meilleure que celle des forces libĂ©rales, rĂ©formistes ou islamistes. Et mĂȘme si cette position leur a permis d’avoir, selon les villes, une influence sur le mouvement, elles n’ont pas pu ou plutĂŽt, elles n’ont pas eu les forces nĂ©cessaires pour l’unifier dans les diffĂ©rentes villes du bassin minier ou des autres rĂ©gions. Cependant, avec le travail qu’elles font et le crĂ©dit qu’elles ont gagnĂ© auprĂšs des masses populaires, elles sont capables d’accumuler de nouvelles forces et de vaincre leurs points faibles.

6. La trahison de la bureaucratie syndicale

C’est peut-ĂȘtre la premiĂšre fois que la fureur populaire se dirige ainsi contre l’Union GĂ©nĂ©rale Tunisienne du Travail (UGTT) et prĂ©cisĂ©ment l’Union RĂ©gionale et les syndicats miniers. En effet, l’indignation des gens (traduite par des marches, des communiquĂ©s et des discussions) n’a pas Ă©tĂ© seulement exprimĂ©e Ă  l’égard du rĂ©gime, mais elle a touchĂ© les symboles de la corruption syndicale. Ces symboles, outre leur acceptation du rĂ©sultat du concours, organisĂ© par la CPG, leur implication dans l’esprit des hordes, des relations personnelles et de la corruption, et leur exploitation directe des ouvriers au moyen de sociĂ©tĂ©s de sous-traitance, ont une responsabilitĂ© dans la dĂ©gradation de la situation dans la rĂ©gion. L’UGTT et les syndicats miniers n’ont pas seulement gardĂ© le silence, au contraire, ils ont refusĂ©, lors du dernier conseil rĂ©gional, de prĂ©senter tout simplement les contestations des habitants de la rĂ©gion. Bien plus, ils ont publiĂ© plus tard un communiquĂ© (en 12 points, datĂ© de mai 2008) dans lequel ils se sont attachĂ©s aux rĂ©sultats du concours en recommandant d’embaucher le plus tĂŽt possible « les admis », dĂ©fiant ainsi d’une maniĂšre claire les revendications des contestataires. L’autoritĂ© syndicale rĂ©gionale, avec Ă  sa tĂȘte Amara Abassi, a suscitĂ© l’irritation des populations et fait l’objet de leur indignation. Quant aux autres syndicats, ils ont fait preuve d’indiffĂ©rence et c’est peut-ĂȘtre la rĂ©gion de Redeyef qui a une nouvelle fois fait l’exception la plus remarquable puisque les syndicalistes locaux, le secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral de l’Union locale en tĂȘte, ont soutenu les contestataires et contribuĂ© activement Ă  leur action.

Quant Ă  la centrale syndicale, elle a comme d’habitude ignorĂ© ce qui s’était passĂ© dans la rĂ©gion. Elle a, en effet, feint d’envoyer « une commission d’enquĂȘte » composĂ©e de deux membres du bureau exĂ©cutif et du secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral du Syndicat gĂ©nĂ©ral de l’enseignement de base, originaire de la rĂ©gion. Et, comme prĂ©vu, cette commission n’a eu aucun effet sur la rĂ©alitĂ© syndicale dans la rĂ©gion. En fait, Abassi a continuĂ© Ă  bafouer les intĂ©rĂȘts des ouvriers et Ă  manƓuvrer contre les contestataires.

Mais, si on s’attendait Ă  ce que la bureaucratie syndicale ait un comportement honteux et hostile envers les ouvriers et les dĂ©shĂ©ritĂ©s du bassin minier, tout le problĂšme est dans la passivitĂ©, sinon l’indiffĂ©rence des secteurs syndicaux traditionnellement rĂ©putĂ©s pour leur combativitĂ©. Beaucoup d’observateurs se sont demandĂ©s oĂč Ă©taient passĂ©s les secteurs de l’enseignement de base, de l’enseignement secondaire, de la santĂ©, etc. alors que les leaders de ce remarquable mouvement contestataire appartiennent Ă  ces secteurs et ont Ă©tĂ© victimes d’incarcĂ©rations et de tortures. OĂč est passĂ© Ă  son tour le secteur des postes ? En effet, les syndicats gĂ©nĂ©raux n’avaient pas publiĂ© de communiquĂ©s, ni organisĂ© des actions de soutien. Ceux qui ont soutenu le mouvement Ă©taient des syndicats de base, des syndicats locaux ou rĂ©gionaux plutĂŽt que des syndicats gĂ©nĂ©raux qui avaient gardĂ© le silence par crainte du SecrĂ©taire gĂ©nĂ©ral de l’UGTT et de ses courtisans ou par complicitĂ© avec eux.

7. L’indiffĂ©rence des intellectuels

On ne peut aussi que remarquer la passivitĂ© de l’ensemble des intellectuels. Exception faite de quelques-uns qui ont Ă©tĂ© touchĂ©s par l’évĂ©nement et qui l’ont abordĂ© dans des articles, la majoritĂ© n’a pas Ă©tĂ© « ébranlĂ©e » ni inspirĂ©e par son ampleur. Ce qui prouve la profondeur de la crise que traversent les intellectuels et les crĂ©ateurs en Tunisie. Ils ont Ă©tĂ© habitĂ©s par un sentiment de dĂ©sespoir et d’impuissance, perdant confiance dans le peuple au point de ne plus hĂ©siter Ă  lui tourner le dos, le taxant de « lĂącheté » et « ingratitude » et Ă  se jeter dans les bras du pouvoir ou se consacrer pleinement Ă  leurs affaires personnelles. Quand le peuple a bougĂ© et qu’il s’est rĂ©vĂ©lĂ© vivace, dynamique et entreprenant, ces intellectuels ne se sont pas remis de leur lĂ©thargie et quatre mois de rĂ©sistance et d’affrontements sanglants n’ont pas pu agir sur leurs pensĂ©es et leurs esprits. En effet, ils n’ont mĂȘme pas signĂ© la moindre pĂ©tition pour dĂ©noncer l’oppression et soutenir les masses populaires de Redeyef, MoularĂšs et M’dhilla, villes rongĂ©es par le chĂŽmage, la marginalisation, la pauvretĂ© et la faim. Ils ont peut-ĂȘtre besoin d’un sĂ©isme qui les Ă©branle pour les tirer de leur sommeil et de leur torpeur.

Il importe de faire une autre remarque. Le soulĂšvement des villes du bassin minier a portĂ© au devant de la scĂšne les femmes populaires au moment oĂč le rĂŽle des femmes intellectuelles issues des milieux bourgeois et petit-bourgeois connaĂźt un recul sur l’arĂšne de la lutte politique, syndicale et des droits. Au-delĂ  des instances traditionnelles connues, les femmes ont participĂ© et elles continueront Ă  participer avec efficacitĂ© aux sit-in dans les tentes, si bien que la « tente des 11 femmes » Ă  MoularĂšs est devenue des plus rĂ©putĂ©es. Ces femmes se sont hĂątĂ©es de l’installer dĂšs les premiers jours devant le siĂšge social de la CPG Ă  MoularĂšs. Ces veuves ont pu rĂ©sister plus d’un mois malgrĂ© toutes les contraintes, y compris les pressions de leurs familles.

Dans cette bataille, Khira LaĂąmari s’est nettement distinguĂ©e en ne quittant pas le siĂšge de la cellule destourienne du parti au pouvoir pendant plus d’un mois. Elle a insistĂ© pour y rester malgrĂ© ses malaises chroniques et sa grossesse (9Ăšme mois). Elle n’a quittĂ© les lieux que vers l’hĂŽpital oĂč elle a accouchĂ© d’une petite fille qu’elle a appelĂ© « Intissar » (Victoire). En parallĂšle, les femmes frĂ©quentent dĂ©sormais, par dizaines puis par centaines, le siĂšge de l’union locale de l’UGTT de Redeyef, pour assister par exemple aux meetings et organiser des marches de contestation. Parmi elles, il y a celles qui sont dĂ©voilĂ©es, celles qui portent le foulard traditionnel (bakhnoug) et celles qui sont voilĂ©es. Elles ont quittĂ© le foyer et la cuisine pour exprimer leur souffrance ainsi que celle de leurs enfants.

Ce mouvement aurait dĂ» Ă©veiller l’attention des femmes intellectuelles, les progressistes en particulier, pour Ă©largir la base du mouvement fĂ©minin face Ă  la dictature et aux courants fondamentalistes et passĂ©istes. Mais, Ă  l’exception d’une seule rĂ©union organisĂ©e par l’Association Tunisienne des Femmes DĂ©mocrates trois mois aprĂšs le dĂ©clenchement des Ă©vĂ©nements, les intellectuelles qui se disent « fĂ©ministes » sont restĂ©es inactives ; elles ont mĂȘme manifestĂ© une indiffĂ©rence totale vis-Ă -vis de ce mouvement qui attaque en profondeur leur Ă©goĂŻsme petit-bourgeois, leur vanitĂ©, leur indolence et leur tendance au bavardage autour de la propagation du port du voile sans agir concrĂštement pour affronter les problĂšmes rĂ©els des femmes et leur apporter l’encadrement et le soutien nĂ©cessaires.

8. Sympathie populaire, mais


Bien que le mouvement ait maintenant atteint son quatriĂšme mois, il ne s’est pas Ă©tendu pour revĂȘtir un caractĂšre national et englober les diffĂ©rentes classes et couches populaires victimes de la politique Ă©conomique et sociale rĂ©actionnaire du rĂ©gime de Ben Ali et de son entourage. Exception faite de certaines protestations locales limitĂ©es dans le temps et la frĂ©quence, le mouvement n’a pas rĂ©ussi Ă  mobiliser les autres rĂ©gions ; il n’a mĂȘme pas mobilisĂ© la rĂ©gion de Gafsa dans sa totalitĂ©. En effet, ceux qui s’y sont soulevĂ©s sont les chĂŽmeurs Ă  Zanouche, les paysans pauvres mĂȘlĂ©s aux ouvriers retraitĂ©s et aux dĂ©munis en gĂ©nĂ©ral pour revendiquer de creuser des puits permettant de surmonter les grandes difficultĂ©s mĂ©tĂ©orologiques (Redeyef et M’dhilla), de rĂ©gulariser la propriĂ©tĂ© fonciĂšre des terres agricoles (Redeyef) et de mettre en Ɠuvre des pistes rurales et leur asphaltage (M’dhilla).

Il est sĂ»r que certains facteurs ont contraint le mouvement Ă  rester local, mais on ne peut pas les limiter aux facteurs subjectifs, c’est-Ă -dire Ă  la faiblesse des forces politiques de l’opposition ou Ă  la trahison de la bureaucratie syndicale ; il faut Ă©galement prendre en compte les facteurs objectifs. Le dĂ©clenchement du soulĂšvement du bassin minier est liĂ© Ă  des causes locales, c’est-Ă -dire les rĂ©sultats du concours de recrutement organisĂ© par la CPG et non Ă  des causes gĂ©nĂ©rales touchant tout le pays, telle que la hausse du prix du pain lors de la « rĂ©volte du pain » en 1984, qui avait pris une dimension nationale. Il faut remarquer que la jeunesse y a jouĂ© un rĂŽle important. En fait, sa manifestation dans les rues le 3 janvier 1984 Ă  Tunis a eu un effet dĂ©terminant pour mobiliser les jeunes des quartiers pauvres et les entraĂźner dans le mouvement. DĂšs que l’information concernant les manifestations et les affrontements dans la capitale s’est propagĂ©e, les gens sont sortis manifester Ă  travers toutes les rĂ©gions et villes du pays, ce qui a obligĂ© Bourguiba Ă  revenir sur la dĂ©cision concernant la hausse des prix.

Cependant, bien qu’elle soit prĂ©sente dans la majoritĂ© des villes, par comparaison avec le milieu des annĂ©es 1980, la jeunesse estudiantine a perdu aujourd’hui le rĂŽle qu’elle jouait pour plusieurs raisons qu’on ne peut Ă©voquer ici. Les actions de solidaritĂ© Ă©taient donc limitĂ©es.

Il est Ă©vident que, faute de support, qu’il soit syndical (1978), estudiantin (1984) ou politique, il est difficile que le soulĂšvement du bassin minier dĂ©passe son cadre local. Finalement, l’esprit gĂ©nĂ©ral des masses populaires diffĂšre aujourd’hui de celui du passĂ©. En effet, malgrĂ© la dĂ©gradation de leurs conditions sociales et en dĂ©pit de leurs plaintes et colĂšre, elles sont dĂ©mobilisĂ©es. Ceci est la consĂ©quence de deux dĂ©cennies de rĂ©pression, de peur, de frustration et de dĂ©gradation des liens de solidaritĂ©, d’autant plus que les grĂšves de soutien ont Ă©tĂ© lĂ©galement interdites depuis 1996 avec l’accord de la centrale syndicale. C’est aussi Ă  cause de l’effritement des grands centres de travailleurs Ă  la suite de la privatisation du secteur public avec ses corollaires, la compression du nombre d’ouvriers et de salariĂ©s et la prĂ©caritĂ© de l’emploi. Sans oublier le dĂ©veloppement d’un esprit individualiste et opportuniste, dans ce climat de « libĂ©ralisation » sauvage. Mais une telle situation est susceptible d’ĂȘtre renversĂ©e de fond en comble avec l’aggravation des problĂšmes sociaux et surtout l’absence de perspectives.

9. Les perspectives du mouvement                     

Le soulĂšvement des habitants du bassin minier ne s’est pas interrompu. A chaque fois que les autoritĂ©s ont cru que le calme Ă©tait revenu, les protestations ont repris de plus belle, avec plus d’audace et de dĂ©termination. Il est fort probable que ce mouvement dure encore longtemps puisque le pouvoir n’a manifestĂ© jusqu’à maintenant aucune disposition pour satisfaire les revendications des habitants, du moins les plus urgentes. D’autre part, ces derniers n’ont fait apparaĂźtre aucun signe de repli. En fait, de jour en jour, ils deviennent plus unis et plus forts et font varier les formes de lutte (marches, sit-in, grĂšves
).

Mais, on s’attend aussi Ă  ce que le mouvement/soulĂšvement reste local, car les facteurs qui ont fait obstacle Ă  sa propagation, au moins, Ă  toute la rĂ©gion de Gafsa, ne sont pas faciles Ă  surmonter en une pĂ©riode de temps aussi limitĂ©e. Mais personne ne peut prĂ©dire l’avenir. Si le mouvement atteignait la ville de Gafsa, nous ne croyons pas que cela n’aurait aucun effet sur les autres rĂ©gions du pays. Cela lui donnerait plutĂŽt d’importantes dimensions politiques. Des Ă©vĂ©nements ou des explosions peuvent Ă©galement se produire dans telle ou telle rĂ©gion d’autant plus que les conditions sociales sont susceptibles de se dĂ©grader Ă  cause de la hausse continuelle des prix, l’accentuation du chĂŽmage, la gravitĂ© des Ă©carts sur les plans social et rĂ©gional et l’accentuation de la corruption. De cette façon, le mouvement des habitants du bassin minier pourrait connaĂźtre de nouvelles dimensions. NĂ©anmoins, nous ne pourrons pas dĂ©sormais fonder nos jugements sur des hypothĂšses, nous devons plutĂŽt prendre la rĂ©alitĂ© en considĂ©ration, agir en fonction de cette rĂ©alitĂ© et rechercher des moyens susceptibles de permettre au mouvement d’atteindre les objectifs escomptĂ©s sous un tel rapport de forces. De ce point de vue, nous croyons qu’il est urgent d’unifier les composantes du mouvement dans les trois villes du bassin minier et pourquoi pas former une direction commune dans les trois villes en attendant que la ville de MĂ©tlaoui se joigne au mouvement.

D’autre part, la chose la plus importante pour lui assurer sa continuitĂ© et prĂ©server sa pĂ©rennitĂ©, voire l’élargir, est de chercher Ă  organiser les habitants dans des cadres appropriĂ©s et selon les possibilitĂ©s soit selon les centres de travail et d’études, ou selon les quartiers. Le rĂŽle de ces cadres consistera Ă  dĂ©signer ou Ă  Ă©lire les dirigeants au niveau local, Ă  discuter des problĂšmes posĂ©s, Ă  prendre position vis-Ă -vis des problĂšmes rencontrĂ©s, Ă  mettre au point des plans d’action et Ă  aider les citoyens et citoyennes, qui n’ont plus confiance en l’autoritĂ©, Ă  gĂ©rer leurs affaires. Cet itinĂ©raire dĂ©mocratique est aisĂ©ment applicable et c’est l’un des facteurs susceptibles de promouvoir le mouvement sur les plans politiques et organisationnels.

Finalement, nous croyons qu’il est indispensable d’accorder aujourd’hui plus d’intĂ©rĂȘt Ă  la solidaritĂ© dans les diffĂ©rentes rĂ©gions du pays. C’est selon ce critĂšre qu’on peut rĂ©viser la structure du ComitĂ© national de solidaritĂ© pour qu’il soit vraiment national et qu’il englobe toutes les forces qui peuvent adhĂ©rer Ă  la campagne de solidaritĂ©, telles que les partis, les associations, les comitĂ©s syndicaux et les personnalitĂ©s. En effet, ce comitĂ© a vu le jour dans un cadre relativement restreint et selon une vision limitĂ©e qui est actuellement dĂ©passĂ©e.

Post-scriptum : une répression sauvage (2)

Le soulĂšvement du bassin minier a durĂ© plus que cinq mois. Le 6 juin 2008, le rĂ©gime de Ben Ali l’a sauvagement rĂ©primĂ©. Des milliers d’agents des forces de l’ordre ont Ă©tĂ© lancĂ©s contre la ville de Redeyf, bastion de la rĂ©sistance. Ils ont ouvert le feu sur la foule faisant un mort et vingt-six blessĂ©s, dont un qui a succombĂ© quelques semaines aprĂšs Ă  ses blessures. Ils ont ensuite investi les quartiers populaires qu’ils ont pris maison par maison. La police de Ben Ali a dĂ©foncĂ© les portes des maisons terrorisant, agressant et humiliant les habitants et a pillĂ© leurs biens. Les commerces n’ont pas Ă©tĂ© Ă©pargnĂ©s, ils ont Ă©tĂ© Ă  leur tour saccagĂ©s et pillĂ©s.

Les jeunes, moteur du soulĂšvement, ont Ă©tĂ© pris pour cible principale, ils ont Ă©tĂ© agressĂ©s et arrĂȘtĂ©s par dizaines. Des centaines d’entre eux ont quittĂ© leur maison pour se rĂ©fugier dans les montagnes proches de la ville.

Dans la nuit du 6 au 7 juin, l’armĂ©e a investi la ville et occupĂ© ses principales rues et places dĂ©crĂ©tant le couvre-feu et imposant aux habitants de ne pas quitter leur demeure. Elle a bloquĂ© l’entrĂ©e sud de la ville ainsi que tous les accĂšs aux montagnes oĂč se sont rĂ©fugiĂ©s des centaines d’activistes et de jeunes pour empĂȘcher leur famille de leur fournir de la nourriture et de l’eau potable.

Les dirigeants du soulĂšvement, dont notamment Adnane Hajji, Bachir Abidi, TaĂŻeb Ben Othmane et Adel Jayar, ainsi que des centaines d’activistes ont Ă©tĂ© arrĂȘtĂ©s, sauvagement torturĂ©s et incarcĂ©rĂ©s.

AprĂšs Redeyef, les forces de l’ordre ont attaquĂ© la ville de Metlaoui et y ont perpĂ©trĂ© les mĂȘmes crimes contre les habitants. Des dizaines d’activistes et de jeunes ont Ă©tĂ© arrĂȘtĂ©s, torturĂ©s et dĂ©fĂ©rĂ©s devants le tribunal de Gafsa qui leur a infligĂ© de lourdes peines de prison ferme allant jusqu’à 6 ans.

Les dizaines de simulacres de procĂšs qu’ont subi les activistes et les jeunes des villes du bassin minier oĂč les droits de la dĂ©fense ont Ă©tĂ© systĂ©matiquement bafouĂ©s, les peines prononcĂ©es Ă  leur encontre basĂ©es sur des dossiers vides ou des « aveux » arrachĂ©s sous la torture et la connivence des juges avec la police politique dĂ©montrent clairement que la « justice » est totalement infĂ©odĂ©e au rĂ©gime de Ben Ali et qu’elle joue un rĂŽle principal dans la criminalisation des luttes sociales.

Du 4 au 11 dĂ©cembre 2008 le rĂ©gime a organisĂ© le procĂšs « des 38 » activistes et dirigeants du soulĂšvement de Redeyef. 33 des accusĂ©s ont Ă©tĂ© condamnĂ©s Ă  des peines de deux Ă  plus de dix ans de prison. Sept d’entre eux, dont les trois animateurs du syndicat des instituteurs de base Ă  Redeyef, Adnan Hajji, TaĂŻeb Ben Ohtman et Bechir Labidi ont pris dix ans et un mois. Le responsable Ă  Paris de la FĂ©dĂ©ration des Tunisiens pour une citoyennetĂ© des deux rives (FTCR), Mouhiedine Cherbib, a Ă©tĂ© condamnĂ© Ă  deux annĂ©es de prison pour avoir organisĂ© la solidaritĂ©. Lors de cette mascarade judiciaire, le tribunal a rendu son verdict sans interroger les accusĂ©s et sans permettre Ă  la dĂ©fense de plaider. Le 12 dĂ©cembre la police a brutalement rĂ©primĂ© Ă  Redeyef les manifestants qui protestaient contre le procĂšs, multipliant Ă  nouveau les arrestations. Les condamnĂ©s ont fait appel, mais leur procĂšs en appel qui devait avoir lieu le 12 janvier 2009 a Ă©tĂ© reportĂ© au 3 fĂ©vrier. Un des condamnĂ©s, infectĂ© de tuberculose en prison, est dans un Ă©tat grave.

Traduit par PCOT (de l’arabe)..

Notes

1. Cet article a été écrit en mai 2008.

2. Le post-scriptum que nous publions ici a Ă©tĂ© Ă©crit par le traducteur de l’article et complĂ©tĂ© par Inprecor en ce qui concerne le procĂšs des 38 et ses suites.

http://orta.dynalias.org/inprecor/article-inprecor?id=633

Source : Republication du Forum de « Démocratie Syndicale et Politique »

Lien : http://fr.groups.yahoo.com/group/democratie_s_p/         

                  

 


 

MARS 87 – MARS 2009… BILAN D’une dĂ©route.

 

Par Bilel L’argumentaire puĂ©ril des dictatures arabes,  ENCORE tapies derriĂšre la croisade BUSCHISTE, est devenu une vĂ©ritable stratĂ©gie de la machine rĂ©pressive tunisienne. BEN ALI,   comme sa corporation de dictateurs  de la ligue arabe, doivent ĂȘtre bien inquiets au jour d’aujourd’hui, car rares sont ceux dans le monde, je parle bien entendu des citoyens du monde, qui croient encore Ă  ce genre de sornettes. Les tunisiens ne demandent pas la lune, tout juste, pas plus et pas moins,  que la constitution tunisienne soit appliquĂ©e Ă  la virgule prĂ©s, cette constitution, il est vrai pour des esprits rĂ©formateurs et dĂ©mocrates, modernistes, date, mais mĂȘme en l’Ă©tat, elle remet en cause le pouvoir tunisien actuel dans ses fondements, l’application de la constitution tunisienne suppose des Ă©lections libres et un pluralisme politique constitutionnel, des institutions indĂ©pendantes et libres, et un parlement reprĂ©sentatif, pas des dĂ©putĂ©s parachutĂ©s, illĂ©gitimes et qui ne reprĂ©sentent que le RCD et ses affidĂ©s, rien que cela,j’entends, je comprends et je compatis,   suppose la fin de la dictature. En Tunisie l’insĂ©curitĂ©, la banalisation de la torture, des actes liberticides, la violence physique, matĂ©rielle, la censure, l’intolĂ©rance, l’exploitation des bas-instincts, qu’ils soient religieux, culturels, idĂ©ologiques ou  immoraux, sont le fait du pouvoir illĂ©gitime en place depuis 22 ans. Pire, la dictature tunisienne est la source de toutes dĂ©rives dans le pays, et une situation Ă  l’algĂ©rienne, va dans le sens  de sa “philosophie”, elle l’arrangerait au plus haut point; la confusion des luttes et des idĂ©es, Ă  l’heure de son bilan, est rĂ©vĂ©lateur de sa mauvaise foi, et des choix antinationaux de ses maĂźtres Ă  penser. Personne dans l’opposition dĂ©mocratique ne cautionne la violence et ses dĂ©rives. Lappel Ă  la rĂ©sistance pacifique et la dĂ©sobĂ©issance civile, les timides revendications civiques des militants dĂ©mocratiques tunisiens, sont considĂ©rĂ©s, logiquement par BEN ALI et ses clans, comme des actes terrorisants,  combattus en tant que tel par la dictature tunisienne, pour elle , il sont dĂ©signĂ©s banalement comme la pensĂ©e et le fait, de vulgaires terroristes,  puisqu’ils sont la contradiction et le mĂ©pris qui dĂ©noncent  son nĂ©potisme et son illĂ©gitimitĂ©. MĂȘme la lĂ©gitimitĂ© de la rĂ©sistance armĂ©e , vis Ă  vis des appareils rĂ©pressifs et des bastions de la dictature , a Ă©tĂ© Ă©cartĂ©e par les dĂ©mocrates tunisiens, et c’est heureux, c’est la preuve de leur haut dĂ©grĂ© de maturitĂ© et de responsabilitĂ©; car cela conduirait Ă  verser le sang d’autres tunisiens, pris en otage par BEN ALI et ses clans; la trĂšs grande majoritĂ© des policiers, gendarmes , militaires et fonctionnaires tunisiens n’ont rien Ă  voir avec le systĂšme et ses dĂ©rives, tous  sont dans la logique de survie alimentaire. La peur de ben Ali, c’est que ces tunisiens , le jour “j”, de la prise de conscience populaire,  de la mobilisation des tunisiens, ils refuseront de marcher contre leurs frĂšres civils  et pacifiques, et qu’ils retournent leurs armes, contre  le pouvoir fratricide. Qui sont les terroristes et les extrĂ©mistes en TUNISIE ? Ceux qui demandent depuis des lustres un Ă©tat de droit basĂ© sur la primautĂ© des institutions, la loi, le pluralisme, l’ouverture, la transparence et la vĂ©ritĂ©? Ou ceux qui depuis plus de 22 ans, depuis mĂȘme  la fausse fin de la colonisation, dĂ©bitent arbitrairement l’opacitĂ©, l’exploitation, la torture , la violence, l’arbitraire et l’immoralitĂ© publique et civique, ceux qui agressent les fondements mĂȘme de la nation tunisienne et ses biens matĂ©riels et humains? Pour un esprit sain, la rĂ©ponse Ă  ces questions est Ă©vidente;  oui grĂące Ă  la dictature, depuis la fausse indĂ©pendance nous vivons le couvre feu du terrorisme d’Ă©tat, le pire. Depuis son putsch mĂ©dical et 22 ans aprĂšs, ben Ali exerce sur la TUNISIE et sur les tunisiens, sans ĂȘtre inquiĂ©tĂ©, un pouvoir absolu , qui  consiste en l’exercice illĂ©gitime par son administration thurifĂ©raire principalement,  de son monopole de la violence. Il faut noter, c’est important,  que,  cette violence est d’une part en contradiction avec le contrat dĂ©crit par THOMAS HOBBES, par exemple et il n’est pas le seul,  qui a Ă©crit sur la dictature et son terrorisme, selon lequel l’individu accepte d’abdiquer une partie de sa libertĂ© en Ă©change de la protection de l’État et qu’elle ne vise pas au maintien, menacĂ©, de l’État , mais Ă  un accroissement de ses prĂ©rogatives, or mĂȘme dans cette totale abdication de leurs droits, les  tunisiens furent cocufiĂ©s, Ben Ali n’a jamais tenu parole. Sans esprit d’analyse, sans rĂ©fĂ©rence idĂ©ologique, il ne se fie qu’à son instinct de survie animal, et son manque totale de conscience humaine et patriotique, pour dĂ©truire les ĂȘtres et les rĂ©alisations qu’il n’arrive pas Ă  saisir ou Ă  comprendre, c’est-Ă -dire tout ce qui fait la modernitĂ© et le progrĂšs, tout ce qui rĂ©vĂšle sa suffisance, et dĂ©nonce pacifiquement son illĂ©gitimitĂ©. Le terrorisme de la dictature tunisienne toute acquise Ă  la folie de son chef, son icĂŽne maffieuse, est donc un enjeu taxinomique,  puisqu’il met en cause non seulement l’image protectrice que veut se donner cette derniĂšre,  mais aussi la nature des rapports que l’administration tunisienne (privĂ©e)  entretient avec la violence.  Les tunisiens militants pour les droits de l’homme,  torturĂ©s, harcelĂ©s, handicapĂ©s, exĂ©cutĂ©s  ont  pour la plus part,  des familles et des enfants, et le problĂšme de ces tunisiens,  va se transmettre Ă  la gĂ©nĂ©ration suivante et Ă  l’autre, celle d’aprĂ©s jusqu’Ă  changement radical et total de l’espace politique tunisien pacifiĂ©. C’est une situation conflictuelle pour plusieurs gĂ©nĂ©rations, pour les dĂ©mocrates, il est clair que la gestion de l’aprĂšs BEN ALI, ne va pas ĂȘtre facile ni de tout repos. En fait la dictature de ben ali  a dĂ©bordĂ© du cadre restreint de l’activisme politique, elle est devenu l’élĂ©ment essentiel qui taraude le subconscient tunisien, et Ă  partir de lĂ  , la libĂ©ration   ne sera pas seulement politique, je dirais mĂȘme  qu’elle sera accompli  par un Ă©norme travail psychologique et d’éducation civique, les traumatismes sont tellement profonds, qu’il faudra beaucoup de temps   pour que les tunisiens rĂ©apprennent Ă  vivre normalement, Ă  devenir citoyen,  Ă  s’aimer, Ă  aimer les autres, Ă  ne pas avoir peur de la vie , Ă  vivre, Ă  retrouver le respect d’eux-mĂȘmes et des autres (je remercie mon amie SONIA pour son article « le nĂ©ant humain » et la discussion qui  avait suivi entre elle et maĂźtre BARDI sur facebook-REAL TUNISIA NEWS, cet article et cette discussion  sont assez clairs sur cette question, et en appellent d’autres) Le putsch du 7 novembre fut une opĂ©ration militaire de guerre psychologique, beaucoup d’opposants tunisiens bornĂ©s  avaient marchĂ© dans ses opĂ©rations de relation public,  sur l’échelle nationale et internationale. Ce putsch fut accompagnĂ© d’une action psychologique apurĂ©s des tunisiens, lassĂ©s et meurtris par le pouvoir mĂ©galomane d’un BOUGUIBA,  gĂąteux et dangereux, visant Ă  y crĂ©er chaos, peur et confusion pour mieux faire accepter le coup d’Ă©tat par un large consensus, ce fut une opĂ©ration totalement rĂ©ussi, et quelle rĂ©ussite pour BEN ALI, qui rĂšgne depuis  sans partage jusqu’à ce jour, et ce qui n’est qu’un secret de polichinelle, le dictateur  vise le pouvoir Ă  vie, il n’a pas les moyens de se dĂ©sister, son successeur, fera de lui un bouc Ă©missaire pour pouvoir Ă  son tour survivre, dans ce milieu de charognards, tous les coups sont permis . Avant le 11 septembre, dĂ©s le dĂ©but de la guerre civile algĂ©rienne, la dictature de ben Ali inventa un mythe pour lĂ©gitimer son pouvoir illĂ©gitime, celui de la lutte contre le terrorisme et la subversion armĂ©e , qui sont supposĂ©es avoir la moindre existence  en Tunisie, une nĂ©buleuse puissante et organisĂ©e qui terrorise la population tunisienne, qui sĂ©vit hors de tout Ă©tat de droit,  et qui est  hors-la-loi , cette fausse propagande et dĂ©sinformation Ă  usage interne et externe, est  malheureusement soutenu, encore, par des opportunistes, mais Ă  l’analyse mĂȘme en surface des rĂ©litĂ©s et de la situation tunisienne , nous savons tous la cause de la dĂ©gĂ©nĂ©rĂ©sence et des malheurs de la TUNISIE, nous connaissons les terroristes et les rĂ©trogrades qui  nous exploitent, nous oppriment et dĂ©trisent notre ĂȘtre, nous savons qui sont ces criminels ;  ceux qui pillent la Tunisie, et rĂ©duisent les tunisiens Ă  l’état de serfs, ceux qui les plongent dans le mutisme et la prostitution, ceux qui poussent  des diplĂŽmĂ©s et des doctorants Ă  la pelle,  Ă  moisir dans les cafĂ©s et la drogue, dans le business du tourisme sexuel, des maladies vĂ©nĂ©riennes, du sida et du cancer mental. Les terroristes, en vĂ©ritĂ©,  sont ceux  qui s’enrichissent du jour au lendemain,  les quelques familles d’ignares et de  mafieux, par la spĂ©culation, les dĂ©tournements et les expropriations, tout ceci Ă  l’ombre d’un systĂšme,  et d’un parti unique qui ne tiennent que par leurs milliers de mercenaires, de flics et de miliciens,  qui tiennent plus du droit commun que de l’engagement politique clair. Cette dictature perverse qui  organise ainsi une machine de mort et d’horreur,  qu’elle justifie par la prĂ©tendue menace de  violence  terroriste inexistante,  qui plane sur la Tunisie de l’ùre nouvelle. En mĂȘme temps, sous des formes visibles et invisibles, cette dictature absurde  Ă©rige une organisation Ă©conomique, juridique et sociale, totalement anticonstitutionnelle,  une organisation maffieuse qui modifie totalement la structure politique et sociale de la Tunisie post-coloniale, celle pour laquelle  des tunisiens et non des moindres, sont morts pour chasser le colonialisme français. Aujourd’hui on peut dire que, notre pays est un simple territoire occupĂ© par un nĂ©ocolonialisme  sans autre visage, que celui des traĂźtres et des harkis galonnĂ©s ou pas, tunisiens de naissance, qui sont Ă  ses ordres et Ă  son service. Le terrorisme qui reste  l’arme de destruction massive de la dictature de     BEN ALI,  est  un monopole de la violence en Tunisie, organisĂ© selon des stratĂ©gies militairo-policiĂšres  et politiques, et qu’exerce la dictature contre la sociĂ©tĂ© civile tunisienne, en vue de l’annihiler politiquement. On peut distinguer les dispositifs de ce systĂšme selon deux façons d’opĂ©rer dans des domaines diffĂ©rents: -Ceux qui produisent l’extermination des personnes et des institutions dans le domaine concret; dĂ©s la premiĂšre annĂ©e du putsch du 7 novembre de la honte, cette mission fut une rĂ©ussite totale pour les criminels de la dictature tunisienne. -Ceux qui produisent les reprĂ©sentations sociales dans le domaine symbolique, le parti unique RCD, disposant de tous les moyens de l’”Ă©tat » tde BEN ALI , les partis fantoches qui sont Ă  ses ordres et Ă  sa solde, et les milliers d’associations fictives, mais qui gĂšrent d’importantes aides et subventions, toutes  employĂ©es  dans une stratĂ©gie clientĂ©liste d’envergure,  qui ont rĂ©ussi Ă  acheter l’attentisme de beaucoup de tunisiens, et le silence de beaucoup de mĂ©dias et d’opinions internationales. Les premiers dispositifs ont opĂ©rĂ© par actions directes sur le corps des personnes et des organisations, cherchant avec une insistance particuliĂšre non seulement leur mort mais aussi leur effacement, leur exil matĂ©riel et symbolique, comme nous l’explique si bien  CHE GUEVARA concernant CUBA sous BATTISTA. Les mĂ©thodes en furent la menace de mort, la persĂ©cution, la prison, la sĂ©questration et la rĂ©clusion en camps de concentration clandestins, le rapt d’enfants, la torture et,  aprĂšs, le harcĂšlement permanent des survivants, de leurs proches et de leurs familles. le dispositif de la rĂ©pression  des dĂ©mocrates et militants tunisiens  est le paradigme du contrĂŽle par la terreur. La dictature interdit aussi toutes les organisations politiques, syndicales, culturelles et populaires qui expriment une opposition politique manifeste ou potentielle, y compris celles destinĂ©es aux services publiques (dont plusieurs Ă©quipes de santĂ© mentale des hĂŽpitaux). Est Ă©galement suspect, tout type de regroupement ou de rĂ©union; par consĂ©quent, s’il s’en tenait, leurs participants risquaient le pĂ©nitencier et la torture, Ă  la lecture des notes du CHE sur la situation de CUBA de BATTISTA qui a poussĂ© Ă  la guerre civile, il est clair que la Tunisie est dans la mĂȘme situation, et que toute violence passĂ©e ou Ă  venir, a pour catalyseur et source, la dictature de ben ALI Le rapport entre un comportement quelconque d’un tunisien et l’ampleur d’une rĂ©ponse rĂ©pressive potentielle est  absolument arbitraire, car la logique de ces pratiques, Ă  savoir, arrĂȘter, torturer, ficher, voire  supprimer, annihiler et isoler, mĂȘme arbitrairement, est  au service de la production de la terreur. D’autre part l’invention par la dictature tunisienne de ses propres reprĂ©sentations sociales Ă  travers des pratiques discursives et extra-discursives qui instituent un nouvel imaginaire social, appauvri  le sentiment et les rĂ©fĂ©rences historiques et universelles  de la collectivitĂ© nationale, elle l’oblige Ă  l’individualisme, Ă  l’égoĂŻsme  et Ă  la dĂ©gradation morale. La population tunisienne est plus que jamais dans le  trauma social. Elle est  affectĂ©e de façon qualitative et quantitative par des faits rĂ©els, effarants,  comme les sĂ©questrations, les tortures, les disparitions, les prohibitions, les menaces, le tout accompagnĂ© du mensonge de l’autre social ,  la dictature tunisienne, qui  nie  l’existence de ces affreuses dĂ©rives, et pis, qui trouve preneur Ă  son discours. Cette situation amĂšne une impossibilitĂ© de penser les autres expĂ©riences humaines  et d’en produire des significations (Bozzolo, Bonano, L’Hoste, 1983). On voit  une chose, en la TUNISIE formatĂ©e par BEN ALI,  mais il faut penser une autre, dont la reprĂ©sentation nie la rĂ©alitĂ© et, en mĂȘme temps, limite la possibilitĂ© de penser avec ses propres idĂ©es. C’est ainsi que les conditions pour penser la rĂ©alitĂ© sociale sont absolument altĂ©rĂ©es, moyennant quoi le double mensonge s’institua en un grand dispositif de silence social (BOZZO). http://www.facebook.com/profile.php?id=751158219#/pages/EL-KHADRA/45659255977?ref=ts

 

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