TUNISNEWS
8 Úme année, N° 3242 du 08.04.2009
Luiza Toscane: Une fratrie derriĂšre les barreaux Jamel Jani arrivera Ă Tunis-Carthage dimanche soir AP: Une association caritative pour les petits cancĂ©reux victime de dĂ©tournements AP: Accident de l’ATR tunisien: la fĂ©dĂ©ration internationale des pilotes de ligne dĂ©plore le verdict italien AP: Le tourisme tunisien rĂ©siste Ă la crise, selon le gouvernement AFP: USA: la justice autorise des transferts de Guantanamo sans recours possible AFP: La Commission internationale de juristes salue la condamnation de Fujimori Syfia: Tunisie : militantes malgrĂ© elles Heikel Ben Mustapha: Universitaires, l’heure est Ă la solidaritĂ© et non Ă la politique de la terre brĂ»lĂ©e!
Larbi Chouikha:Â “Le pays oĂč il fait bon vivre”!
Liste actualisĂ©e des signataires de l’initiative du Droit de Retour : http://www.manfiyoun.net/fr/listfr.html Celles et Ceux qui veulent signer cet appel sont invitĂ©s Ă envoyer leur: Nom, Pays de rĂ©sidence et AnnĂ©e de sortie de la Tunisie sur le mĂ©l de l’initiative : manfiyoun@gmail.com
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Une fratrie derriĂšre les barreaux
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Ils sont quatre : Hassen, Hosni, Okba et Kabil Nasri, quatre frĂšres dont plus aucun n’est libre aujourd’hui. Hassen et Okba sont incarcĂ©rĂ©s en vertu de la loi antiterroriste, pour de longues peines, dans des prisons diffĂ©rentes et aussi Ă©loignĂ©es l’une que l’autre du domicile de leur parents Ă Menzel Bourguiba. Kabil et Hosni, deux anciens prisonniers, sont en garde Ă vue depuis vendredi dernier au ministĂšre de l’IntĂ©rieur Ă Tunis. Kabil est un ancien prisonnier qui avait Ă©tĂ© libĂ©rĂ© au terme de deux ans et 8 mois d’emprisonnement dans l’affaire dite de l'”Ariana”, avant la promulgation de la loi antiterroriste du 10 dĂ©cembre 2003 : cette derniĂšre allait faire “tomber” Hassen, Hosni et Okba. Jamais les trois frĂšres n’ont Ă©tĂ© rĂ©unis dans la mĂȘme prison. Ils ont Ă©tĂ© maltraitĂ©s, tandis que Kabil subissait le harcĂšlement de la police politique, notamment des pressions l’empĂȘchant de travailler. Hosni a Ă©tĂ© libĂ©rĂ© rĂ©cemment, mais sa “libertĂ©” a Ă©tĂ© de courte durĂ©e. Vendredi dernier, le 3 avril, alors qu’il exerçait son mĂ©tier de vendeur ambulant de parfums, la police l’a arrĂȘtĂ©. Kabil Ă©tait interpellĂ© le mĂȘme jour sur son lieu de travail Ă Mateur. Une descente de police musclĂ©e au domicile de Mohammed et Baya Nasri, leurs parents, s’est soldĂ©e par la saisie de documents personnels et de littĂ©rature licite, ainsi que par l’Ă©vanouissement de la mĂšre, sujette Ă des problĂšmes de tension. La durĂ©e lĂ©gale de garde Ă vue s’achĂšve aujourd’hui en principe. Leurs parents, dĂ©semparĂ©s, lancent un appel Ă l’opinion publique pour que leurs fils soient remis en libertĂ© sans charges.
Luiza Toscane 8 avril 2009
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Jamel Jani arrivera Ă Tunis-Carthage dimanche soir
 Le militant Jamel Jani, porte-parole de lâAssociation des droits de la personne au Maghreb, rentrera en Tunisie pour un bref sĂ©jour consĂ©cutif au dĂ©cĂšs de sa mĂšre, la regrettĂ©e Jazia Ben Halima.  Notre ami Jamel, qui nâa plus remis les pieds en Tunisie depuis 1997, y passera quatre jours. Jamel devrait arriver Ă lâaĂ©roport Tunis-Carthage le dimanche 12 avril par un vol NouvelAir dont lâatterrissage est prĂ©vu Ă 23h40.  Soyez nombreux Ă lâaccueillir.
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TaĂŻeb Moalla Mercredi, 8 Avril 2009, 17h49mn
FILIGRANES (association membre de la FTCR) VOUS INVITE A LA PRESENTATION DE L’OUVRAGE DE GILBERT NACCACHE Qu’as-tu fait de ta jeunesse ? ItinĂ©raire d’un opposant au rĂ©gime de Bourguiba Suivi de RĂ©cits de prison (1954-1979) PrĂ©sentation par Hichem Abdessamad en prĂ©sence de l’auteur Un pot de l’amitiĂ© sera offert. 1, rue de Nantes 75019 Paris M° CrimĂ©e – M° Ourcq – Bus 54 Vendredi 10 Avril Ă 19H00
Une association caritative pour les petits cancéreux victime de détournements
Son prĂ©sident (actuellement en Tunisie, NDLR) aurait dĂ©tournĂ© plus d’un million de francs – EnquĂȘte pĂ©nale ouverte
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AP | 08.04.2009 | 14:05  GenĂšve (AP) Une enquĂȘte pĂ©nale a Ă©tĂ© ouverte Ă GenĂšve, suite Ă des suspicions de dĂ©tournements de fonds au sein dâune association caritative pour les enfants cancĂ©reux. Celle-ci soupçonne son prĂ©sident dâavoir puisĂ© plus dâun million de francs dans la caisse. Les malversations se seraient produites sur plusieurs annĂ©es. LâintĂ©ressĂ© serait actuellement Ă lâĂ©tranger. LâAssociation romande des familles dâenfants cancĂ©reux (ARFEC-APG), Ă GenĂšve, ne fonctionnait plus depuis plusieurs annĂ©es et elle a Ă©tĂ© dissoute lâautomne dernier, a expliquĂ© mercredi Alain Chanson, un membre de la derniĂšre heure, confirmant une information de la Radio romande. Lâexamen rĂ©troactif des comptes a rĂ©vĂ©lĂ© des dĂ©tournements pour plus dâun million de francs. Lâargent provenait de legs et de dons de tous horizons. Le prĂ©sident, soupçonnĂ© dâavoir mĂ©langĂ© les comptes de sa propre sociĂ©tĂ© et ceux de lâassociation caritative, se trouverait aujourdâhui en Tunisie. Deux plaintes, lâune pĂ©nale et lâautre civile, ont Ă©tĂ© dĂ©posĂ©es auprĂšs du Parquet genevois, qui a confirmĂ© mercredi Ă lâAP lâexistence dâune procĂ©dure pĂ©nale. A noter que lâARFEC-APG se distingue totalement de lâARFEC, lâAssociation romande des familles dâenfants atteints dâun cancer, basĂ©e Ă Lausanne et fondĂ©e en 1987.
Accident de l’ATR tunisien: la fĂ©dĂ©ration internationale des pilotes de ligne dĂ©plore le verdict italien
Associated Press, le 7 avril 2009 Ă 21h30  TUNIS (AP) — Le prĂ©sident de la fĂ©dĂ©ration internationale des associations de pilotes de ligne (IFALPA), Carlos Limon, a dĂ©plorĂ© mardi les sentences prononcĂ©es fin mars par le tribunal de Palerme condamnant Ă de lourdes peines des membres de l’Ă©quipage de l’ATR de la compagnie tunisienne Tuninter, qui s’Ă©tait abĂźmĂ© en mer en aoĂ»t 2005 au large de la Sicile. L’accident avait fait 16 morts et 23 blessĂ©s. Au terme de ce procĂšs, le pilote et le copilote ont Ă©tĂ© condamnĂ©s Ă 10 ans de prison. Le directeur gĂ©nĂ©ral de la compagnie, Moncef Zouari, et le directeur technique, Zouhair ChĂ©touane, ont Ă©copĂ© de neuf ans d’emprisonnement chacun, deux responsables de la manutention et un mĂ©canicien de huit ans. Lors d’une confĂ©rence de presse, M. Limon s’est dĂ©clarĂ© “solidaire” avec le pilote et le copilote qu’il a rencontrĂ©s Ă Tunis. “Je suis persuadĂ© que les pilotes ont accompli leur tĂąche dans les rĂšgles. AprĂšs l’arrĂȘt des deux rĂ©acteurs, ils ont tout tentĂ© et rĂ©ussi un amerrissage conforme aux procĂ©dures utilisĂ©es Ă l’Ă©chelle internationale. Il n’y a pas de reproches Ă leur faire”, a-t-il martelĂ©. Selon lui, de telles circonstances “ne justifient pas de poursuites criminelles et il ne devait pas y avoir de procĂšs du tout”. Le prĂ©sident de l’IFALPA a confirmĂ© qu’une erreur d’installation d’une jauge de carburant sur l’ATR-72 de la Tuninter due Ă un dĂ©faut de fabrication est Ă l’origine de l’accident, notant que le constructeur franco-italien a depuis corrigĂ©. Il a par ailleurs reprochĂ© aux autoritĂ©s italiennes de ne pas s’ĂȘtre conformĂ©es Ă l’annexe 13 de l’OACI (Organisation internationale de l’aviation civile) qui leur commandait d’impliquer le gouvernement tunisien dans l’enquĂȘte, “ce qui n’a pas Ă©tĂ© fait”, a-t-il regrettĂ©. Il a fait Ă©tat d’une action conjointe en cours entre l’IFALPA et l’ECA (Europeen Cockpit Association) pour y remĂ©dier. “Nous allons soutenir les pilotes tunisiens comme nous l’avons fait prĂ©cĂ©demment avec un pilote japonais dont l’affaire a Ă©tĂ© portĂ©e devant la Cour suprĂȘme et qui a Ă©tĂ© acquittĂ©”, s’est-il engagĂ©. AP Associated Press
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Le tourisme tunisien résiste à la crise, selon le gouvernement
Associated Press, le 7 avril 2009 Ă 18h42 TUNIS (AP) -ParticuliĂšrement exposĂ© aux retombĂ©es de la crise Ă©conomique mondiale, le tourisme tunisien a “bien rĂ©sistĂ©” Ă l’impact de la rĂ©cession notamment en Europe, son plus gros pourvoyeur, durant le premier trimestre 2009. Le ministre tunisien du Tourisme, KhĂ©lil LaĂąjimi, a fait Ă©tat mardi lors d’une confĂ©rence de presse de 1.300.000 entrĂ©es enregistrĂ©es Ă fin mars dernier, soit une “lĂ©gĂšre baisse de 1%”, par rapport Ă la mĂȘme pĂ©riode de 2008. “Plus important” que le nombre de visiteurs, les recettes ont Ă©voluĂ© de 0,9% en euros, a-t-il relevĂ©. Optimiste, M. LaĂąjimi a relevĂ© de “bons signes” pour avril 2009, “un mois repĂšre”, prĂ©voyant qu’il sera mĂȘme meilleur que celui de l’annĂ©e prĂ©cĂ©dente, qui avait marquĂ© un “record” avec plus de sept millions de touristes Ă©trangers ayant visitĂ© la Tunisie. Il espĂšre maintenir le cap des 1,4 million de touristes français de 2008. DeuxiĂšme pourvoyeur en devises avec des recettes d’environ 1,9 milliard d’euros en 2008, le tourisme contribue Ă raison de 7% au PIB de la Tunisie et couvre 65% du dĂ©ficit de la balance de paiement du pays. Avec 230.000 lits rĂ©partis sur 814 unitĂ©s hĂŽteliĂšres, il gĂ©nĂšre 380.000 postes d’emploi directs et indirects. AP
USA: la justice autorise des transferts de Guantanamo sans recours possible
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       WASHINGTON, 7 avr 2009 (AFP) – Une cour d’appel fĂ©dĂ©rale de Washington a autorisĂ© mardi le transfert de dĂ©tenus de Guantanamo vers d’autres pays, sans que leurs avocats en soient prĂ©venus Ă l’avance, empĂȘchant de fait tout recours en justice contre ce transfert.    Neuf Chinois musulmans ouĂŻghours avaient demandĂ© Ă la justice amĂ©ricaine de les protĂ©ger au cas oĂč ils seraient renvoyĂ©s vers la Chine, leur pays d’origine oĂč ils disent ĂȘtre persĂ©cutĂ©s.    En premiĂšre instance un juge fĂ©dĂ©ral avait contraint le gouvernement amĂ©ricain Ă prĂ©venir les avocats trente jours avant le transfert.    Mais mardi, la cour d’appel fĂ©dĂ©rale a estimĂ© que “tant que l’ExĂ©cutif certifie (…) que les Etats-Unis ne transfĂšreront pas un dĂ©tenu +dans un environnement oĂč il pourrait ĂȘtre torturĂ©+”, les dĂ©tenus n’ont pas Ă craindre un transfert contre leur grĂ©.    Une soixantaine de dĂ©tenus de Guantanamo ont Ă©tĂ© totalement blanchis par les Etats-Unis mais demeurent prisonniers car ils craignent d’ĂȘtre emprisonnĂ©s, torturĂ©s, persĂ©cutĂ©s voire exĂ©cutĂ©s s’ils sont rapatriĂ©s dans leur pays d’origine.    Pour le Centre pour les Droits constitutionnels (CCR), qui dĂ©fend des dizaines de prisonniers de Guantanamo, “la cour a abdiquĂ© on rĂŽle de protection de ces hommes dĂ©tenus par les Etats-Unis”. “Faire confiance au prĂ©sident n’est pas suffisant en 2009 pour Ă©viter que les Etats-Unis ne se fassent complices de torture et pour protĂ©ger un droit individuel”, a estimĂ© dans un communiquĂ©, Emi MacLean, une avocate du CCR.     Elle a racontĂ© comment les tribunaux fĂ©dĂ©raux avaient par deux fois ces derniĂšres annĂ©es sauvĂ© un de ses clients d’un rapatriement en Libye oĂč “il aurait disparu en prison”.    Cette dĂ©cision, a-t-elle ajoutĂ©, créée une situation de “crise” pour les dĂ©tenus libĂ©rables de Guantanamo et “il est urgent que des pays (tiers) leur offrent un asile sĂ»r”. Selon elle, les dĂ©tenus concernĂ©s viennent d’AlgĂ©rie, d’AzerbaĂŻdjan, de Chine, de Libye, des territoires palestiniens, de Russie, de Syrie, du Tadjikistan, de Tunisie ou d’OuzbĂ©kistan. Â
La Commission internationale de juristes salue la condamnation de Fujimori
AFP, le 8 avril 2009 Ă 11h46 GENĂVE, 8 avr 2009 (AFP) – La Commission internationale de juristes (CIJ) s’est fĂ©licitĂ©e mercredi de la condamnation de l’ancien prĂ©sident pĂ©ruvien Alberto Fujimori Ă 25 ans de prison pour “crimes contre l’humanitĂ©”. La sentence, prononcĂ©e mardi Ă Lima par un tribunal spĂ©cial, “constitue une importante Ă©tape dans la lutte contre l’impunitĂ© au PĂ©rou et en AmĂ©rique Latine”, a estimĂ© cette organisation dans un communiquĂ©. C’est “un nouveau succĂšs pour la justice en AmĂ©rique latine et dans le monde: un ancien chef d’Etat, Ă©lu dĂ©mocratiquement, a Ă©tĂ© condamnĂ© pour crimes contre l’humanitĂ© par un tribunal national”, a soulignĂ© Wilder Tayler, secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral de la CIJ. “En dĂ©pit des difficultĂ©s, le PĂ©rou a dĂ©montrĂ© que ces crimes ne peuvent rester impunis et qu’il est possible de garantir un procĂšs Ă©quitable dans le pays oĂč ces faits graves ont Ă©tĂ© commis”, a-t-il ajoutĂ©. La CIJ, créée en 1952, est composĂ©e de 60 juristes Ă©minents. L’organisation, dont le secrĂ©tariat gĂ©nĂ©ral est basĂ© Ă GenĂšve, a jouĂ© un rĂŽle actif dans la procĂ©dure. “D’abord en prĂ©sentant un affidavit (rapport juridique) devant la justice chilienne (alors que Fujimori Ă©tait rĂ©fugiĂ© au Chili, ndlr) pour analyser l’obligation internationale d’extrader ou juger Fujimori”, a rappelĂ© la CIJ. La CIJ a Ă©galement envoyĂ© au PĂ©rou un observateur qui a assistĂ© Ă plusieurs audiences et elle a prĂ©sentĂ© des rapports d’expertise Ă la justice pĂ©ruvienne. Â
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Tunisie : militantes malgré elles
FĂ©thi Djebali, Youad Ben Rejeb (Syfia Tunisie) La guerre contre le terrorisme provoque des dĂ©gĂąts, notamment sur les femmes. En Tunisie, des mĂšres et des Ă©pouses de prĂ©sumĂ©s terroristes sont sorties de leurs cuisines pour mener un combat infatigable afin de prouver lâinnocence des leurs. “MĂšre, Ă combien jâaurais aimĂ© que tu sois Ă mes cĂŽtĂ©s afin de me rouler en boule comme le hĂ©risson apeurĂ©, de me rĂ©fugier en ton giron et pleurer⊠Afin de me rĂ©pandre en sanglots jusquâau petit matin⊔ Des lettres comme celle de HĂąfidh Barhoumi Ă sa mĂšre, Zaineb Chebli, Houda, Faouzia, Fatima et beaucoup dâautres femmes tunisiennes en ont reçues. Jadis femmes au foyer, nombre dâentre elles se sont aujourdâhui arrachĂ©es Ă leurs fourneaux pour se jeter dans un combat qui, malgrĂ© elles, est devenu le leur. “La politique ne mâintĂ©ressait pas du tout. Je nâai jamais votĂ© aux Ă©lections. Ce qui comptait pour moi câĂ©tait ma maison et ma famille”, confie Zaineb Chebli. La cinquantaine passĂ©e, la tĂȘte recouverte dâun voile, elle a appris beaucoup dans le combat quâelle mĂšne pour innocenter son fils : reconnaĂźtre un policier en civil qui la prend en filature, prendre la parole en public, organiser des sit-in et faire signer des pĂ©titions. Les ennuis ont commencĂ© le jour oĂč on est venu prendre son fils. “Un interrogatoire de routine”, dit-on aux proches des personnes arrĂȘtĂ©es. Mais leurs fils ou Ă©poux ne reviendront peut-ĂȘtre jamais, et leur vie relativement tranquille a alors sombrĂ© dans la prĂ©caritĂ© et lâattente. “Jamais je ne pourrai trouver les mots pour dĂ©crire ma peine. Toute la famille vit dans la douleur et le sentiment dâimpuissance”, tĂ©moigne Om Anis, qui attend la sortie de son fils depuis plus que 4 ans. “Ils mâont pris ce quâil y a de plus cher pour moi. Toute ma vie a Ă©tĂ© bouleversĂ©e”, ajoute-t-elle, les larmes aux yeux. Le refus de l’arbitraire En Tunisie, la loi du 10 dĂ©cembre 2003, dite “de soutien aux efforts internationaux de lutte contre le terrorisme”, a Ă©tĂ© promulguĂ©e le jour de la cĂ©lĂ©bration de la JournĂ©e mondiale des droits de lâHomme. Elle a entraĂźnĂ© jusqu’Ă aujourdâhui 1 254 arrestations, selon lâassociation de lutte contre la torture en Tunisie, pour la plupart des jeunes. Beaucoup d’entre eux nâont pas eu droit Ă des procĂšs Ă©quitables. Cette loi prĂ©voit des peines allant de 5 Ă 15 ans de prison et va jusqu’Ă priver les avocats de leur droit au secret professionnel, au cas oĂč ils seraient informĂ©s de faits ou de propos prouvant la culpabilitĂ© de leurs clients. Selon Me Abdel Raouf El Ayadi, qui dĂ©fend la cause de ces femmes dont la sociĂ©tĂ© tunisienne refuse d’entendre les histoires, “la totalitĂ© des dossiers que jâai pris en charge ont Ă©tĂ© des procĂšs sur aveu et non des procĂšs sur preuves alors que les aveux ne peuvent jamais constituer un moyen de preuve”. Avouer est souvent le rĂ©sultat de mauvais traitements, comme en tĂ©moigne cette lettre de K. L. Ă sa mĂšre : “On mâa mis dans un cachot obscur, dĂ©nuĂ© de toute installation hygiĂ©nique et sans propretĂ©. LâaĂ©ration faisait dĂ©faut, tout comme la lumiĂšre. Les cafards infestaient le lieu et jâen ai gardĂ© les marques sur mes jambes. Fatima vit aujourdâhui de lâespoir de retrouver son fils. Elle ne fĂȘte plus rien. Chaque semaine, elle doit lui rendre visite avec de quoi manger pour toute la semaine, pour lui Ă©pargner la nourriture infecte servie dans lâinstitution carcĂ©rale. “Quand je regarde derriĂšre moi, je me rends compte que jâai passĂ© 4 ans sur le mĂȘme rythme. Entre le marchĂ©, la cuisine et la prison”, sâĂ©poumone-t-elle. Fatima est aujourd’hui membre du ComitĂ© des mĂšres des victimes de la loi du 10 dĂ©cembre 2003. Câest Zaineb Chebli qui a eu lâidĂ©e de crĂ©er ce comitĂ© dont elle est la prĂ©sidente. “Mon fils avait 19 ans quand ils me lâont pris. Je savais quâil nâĂ©tait pas impliquĂ© et jusquâĂ aujourdâhui, je crois en son innocence. Alors, jâai dĂ©cidĂ© de lutter pour sa cause” : câest ainsi quâelle explique les raisons qui lâont poussĂ©e Ă crĂ©er ce comitĂ©. “On mâa expliquĂ© que ça ne serait pas facile, mĂȘme dangereux. On mâa demandĂ© si j’Ă©tais prĂȘte Ă affronter la police qui ne me laisserait plus tranquille. Et jâai dit oui.” SolidaritĂ© dans la dĂ©tresse Avant, ces femmes ne se connaissaient pas. Elles se sont rencontrĂ©es pendant les longues heures d’attente devant la prison ou Ă la sortie des commissariats oĂč elles Ă©taient venues chercher des renseignements. Elles ont fini par s’organiser souvent dans la solitude et lâabsence du mari ou du fils. Ă prĂ©sent, elles sâappellent, se consolent, se racontent leur quotidien et leurs espoirs de voir un jour leurs familles reconstruites. Le comitĂ© organise des manifestations et des sit-in, et ses membres ont aussi appris Ă jouer la carte des mĂ©dias. Câest Ă la faveur de cette solidaritĂ© entre victimes que des liens se sont tissĂ©s et des actions dâentraide ont vu le jour. “Cela a Ă©tĂ© frustrant et douloureux pour moi de voir mes enfants embrasser leur pĂšre Ă travers une vitre, raconte Houda, dont le mari est emprisonnĂ© dans le cadre de cette loi. Je remarque toujours lâabsence du pĂšre dans leurs dessins.”
(Source : Agence de presse Syfia international (France), le 6 mars 2009) Lien: http://www.syfia.info/index.php5?view=articles&action=voir&idArticle=5084
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Universitaires, l’heure est Ă la solidaritĂ© et non Ă la politique de la terre brĂ»lĂ©e!
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Heikel Ben Mustapha
Il va sans dire que lâuniversitĂ© tunisienne vit depuis quelques deux mois une crise sans prĂ©cĂ©dent. Cela a Ă©tĂ© dit plus dâune fois et il est maintenant inutile de dire pourquoi. Cela se rĂ©sume en deux mots, les autoritĂ©s de tutelle ont commencĂ© ce qui a Ă©tĂ© achevĂ© par un BE dont le salut politique passe par lâimmolation dâun secteur. Depuis, des solutions ont Ă©tĂ© suggĂ©rĂ©es sur le net ou dans des AG locales. Or, en relisant la production universitaire, j’ai constatĂ© que toute la littĂ©rature produite en rĂ©action Ă la crise syndicale de l’universitĂ©, y compris ma modeste contribution qui nâengage personne dâautre que moi, ne se suffisait qu’Ă mettre le doigt sur la crise sans pour autant Ă©valuer les choix dĂ©fendus par les uns et par les autres, notamment la nĂ©cessitĂ© de crĂ©er un syndicat autonome et la nĂ©cessitĂ© de poursuivre nos luttes Ă l’intĂ©rieur de l’UGTT. MĂȘme si je ne suis pas hostile au principe du syndicat autonome, jâaimerais bien Ă©mettre quelques remarques sur cette stratĂ©gie ou plutĂŽt lâallure que cette tentative est en train de prendre. Dâabord, il est dĂ©plorable que ce choix soit dĂ©fendu avec comme arguments majeurs, la diffamation du BN de la FGESRS ou particuliĂšrement son SG Sami Aouadi, dâun cĂŽtĂ©, et la publication de listes de signataires dâune prĂ©sumĂ©e pĂ©tition nationale oĂč ils dĂ©clarent leur dĂ©mission de lâUGTT et la formation dâune commission nationale Ćuvrant pour la crĂ©ation dâun syndicat autonome. Car, si le SG est impliquĂ© dans « une trahison » comme certaines personnes le font dire Ă une certaine base, et que ceux qui lâen accusent en dĂ©tiennent les preuves, il est un peu Ă©tonnant quâils veuillent rester les dĂ©positaires de ces preuves secrĂštes. Ceci dit, il sâagit lĂ dâune basse stratĂ©gie qui ne fera que dĂ©truire un secteur dĂ©jĂ impĂ©nitent. A mon avis, ces preuves, demeurĂ©es jusque lĂ secrĂštes, sont un fantasme dĂ» Ă certains griefs personnels que certains ont contre Sami Aouadi. Quâil soit bien compris que je ne dĂ©fends le SG que pour deux raisons essentielles : lâabsence de preuves tangibles de la trahison dont on lâaccuse, dâabord, et la sauvegarde de la cohĂ©sion qui a reprĂ©sentĂ© notre attitude lors de la rĂ©union du 31/01/09, laquelle cohĂ©sion est minĂ©e par cette attitude casse-cou Ă laquelle se livrent les instigateurs de la pĂ©tition (jây reviendrai plus bas). Venons en maintenant au second pilier de la crĂ©ation de lâautonomie syndicale tel quâil est prĂ©sentĂ© Ă la base, Ă savoir cette liste de signatures. En effet, je crains que cette mĂ©thode ne soit pas la meilleure des stratĂ©gies pour convaincre les militants de dĂ©missionner Ă leur tour. Que reprĂ©sentent en effet ces signatures ? A mon avis, ce nâest que lâexpression dâun ras-le-bol face aux agissements rĂ©cents de la centrale syndicale. Du coup, je ne pense pas que cette pĂ©tition soit signĂ©e pour se lancer dans une aventure de cascadeurs syndicaux. Autrement dit, en admettant que ces listes soient bien rĂ©elles, je doute fort que notre base syndicale, qui sait bien Ă©valuer la situation politique du pays, veuille se lancer dans le connu-inconnu. Jâincline Ă penser que nous ne sommes pas tous amateurs de tunnels sans bout !! Toutefois, une solution est assurĂ©ment urgente, mais elle doit se faire, Ă mon sens, dans un consensus dĂ©mocratique. Si on peut reprocher Ă nos amis du BN certaines choses, cela ne signifie pas que nous devrions leur forcer la main et prĂ©senter le secteur dans une image de tiraillement. Certes, nous sommes tiraillĂ©s entre deux choix amers, mais cela fait-il que les deux tendances sont ennemies ou en conflit ? Si divergence il ya, elle n’est en ce moment qu’idĂ©elle, ce qui est bien sĂ»r lĂ©gitime. Car, j’aime bien Ă croire que nous sommes plus unis que jamais, par la force des choses. La question est de savoir, dans l’union, trouver des solutions viables !! Lâappel au rassemblement parallĂšle au conseil sectoriel du 11/04 est non seulement une action insignifiante, mais elle tĂ©moigne aussi dâun certain dilettantisme syndicalo-politique si ce nâest pas la politique de la terre brĂ»lĂ©e. Car, pourquoi veut-on se rassembler devant une organisation que lâon a quittĂ©e. Je pense quâune attitude raisonnĂ©e serait de laisser se tenir sereinement ce conseil sectoriel, qui en vĂ©ritĂ© nâa pas Ă©tĂ© bien prĂ©parĂ© et sâannonce clos, en appelant dâurgence Ă un meeting dans lâune des institutions universitaires oĂč nous pourrions dĂ©battre sereinement de lâavenir du travail syndical Ă lâuniversitĂ©. Il est nĂ©cessaire, Ă©galement, que les universitaires sâexpliquent sur leur choix librement, quitte Ă organiser une consultation nationale visant Ă comprendre ce que voudrait la base. Pour finir, je pense que lâheure est Ă la solidaritĂ© et non aux rĂšglements de compte et Ă lâimprovisation casse-cou ! Car, que lâon ait des griefs contre le BN de FGESRS -et Dieu sait que jâen ai beaucoup-, il nâest pas salutaire pour lâuniversitĂ© de les mettre sur la table, en ce moment de crise, dangereuse.
Heikel Ben Mustapha Enseignant Ă la fac des Lettres de Manouba et, jusquâĂ dĂ©cision contraire, militant syndicaliste au sein de la FGESRS Â
“Le pays oĂč il fait bon vivre”!
Larbi Chouikha A lâapproche des grandes Ă©chĂ©ances Ă©lectorales, la communication publique – officielle – se dĂ©ploie dans tous les sens, et il lui arrive parfois de manquer de discernement, de retenue et de bon sens. La semaine derniĂšre, une ONG basĂ©e en Irlande, nous dit-on, nous gratifie dâun rapport et surtout, dâun classement, qui dĂ©bordent dâĂ©loges et de compliments Ă lâĂ©gard de ce pays «oĂč il fait bon vivre» ! On apprendŰ© par les mĂ©dias officiels, que notre pays est classĂ© «en tĂȘte des pays arabes» pour «sa qualitĂ© de vie», et que neuf critĂšres ont Ă©tĂ© choisis pour dresser cette lumineuse taxinomie : «le coĂ»t de la vie», «lâoffre culturelle et de loisirs», «lâĂ©conomie», «la santé», «la sĂ©curité» etâŠâŠ Â«les libertĂ©s» (sic) ! Bien Ă©videmment, on ne saura jamais les termes du protocole de cette Ă©tude, ni ses tenants et ses aboutissants, ni si tous les Tunisiens avaient Ă©tĂ© interrogĂ©s et surtout, comment ils lâauraient Ă©tĂ© ?… Et aprĂšs toutâŠ! Le plus cocasse dans cette histoire, câest que tous les grands mĂ©dias ont Ă©tĂ© convoquĂ©s Ă la cĂ©lĂ©bration de cet Ă©vĂšnement en pavoisant sous toutes les coutures : des manchettes aux titres dithyrambiques ornent la Une des grands quotidiens, des stations de radio sollicitent les avis des «grands experts», et notre chaĂźne nationale de tĂ©lĂ©vision sâoffre mĂȘme «le luxe» de louer des canaux satellitaires pour interviewer experts et universitaires arabes basĂ©s au Caire, Ă Beyrouth et mĂȘme aux USA ! Evidemment, tous fĂ©licitent Ă cĆur joie nos gouvernants pour ces performances «jamais atteintes dans aucun pays arabe». A Ă©couter nos mĂ©dias, Ă lire nos journalistes, Ă scruter les propos des experts et universitaires devenus orfĂšvres en la matiĂšre, on a lâimpression que le Tunisien ne rĂ©alise pas son bonheur et sa chance de vivre dans ce pays ! A force dâentendre ressasser ce discours mirifique, on est amenĂ© Ă nous demander si ce pays dans lequel nous vivons ne sâest pas subitement mĂ©tamorphosĂ© Ă notre insu. Que les dizaines de jeunes dĂ©sĆuvrĂ©s qui se lancent dans lâaventure de lâimmigration clandestine pour atteindre les cĂŽtes europĂ©ennes au risque de leur vie, ne sont que mensonge et supercherie. Que les Ă©vĂ©nements sociaux qui ont secouĂ© les rĂ©gions du bassin minier du Sud-Ouest du pays ainsi que le malaise social qui sâempare de plusieurs catĂ©gories de travailleurs ne sont que fumisteries ou Ă©piphĂ©nomĂšnesâŠ. Et pour puiser encore plus dans les sources de lâimagination fertile des laudateurs de tous poils, pourquoi ne pas imaginer aussi que notre pays sâest muĂ© en un havre de paix et de libertĂ© oĂč tous les dĂ©mocrates et militants persĂ©cutĂ©s arabes trouvent – paisiblement – refuge ! Que des milliers de boat people venus des diffĂ©rents pays arabes dĂ©barquent – clandestinement – sur nos cĂŽtes, en quĂȘte dâun mieux-ĂȘtre dans «ce pays oĂč il fait bon vivre», ⊠Sur cette lancĂ©e, on peut aller encore plus loin, sâil le faut, au risque de nous fondre dans le ridicule et le burlesque. En tout cas, si lâon se dĂ©couvre une exaltation pour les classements de ce genre, je propose aussi que nos mĂ©dias et nos experts patentĂ©s plongent leur regard adulĂ© dans le dernier rapport 2008 de Reporters Sans FrontiĂšres (RSF) sur lâĂ©tat de la libertĂ© de la presse dans le monde, ou dans celui du Pnud Ă propos du dĂ©veloppement humain dans le monde arabe, ou encore, dans celui de Transparency International qui dresse chaque annĂ©e un Ă©tat de la corruption dans le monde⊠On constatera ainsi que le tableau qui y est esquissĂ© est plus nuancĂ©. (Source: le blog des amis dÂŽAttariq Aljadid le 23 fĂ©vrier 2009) Lien: http://amisattariq.blogspot.com
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