Tunisie – Onze personnes condamnĂ©es Ă la prison pour terrorisme
AFP, le 27 mai 2010 Ă 17h32 TUNIS, 27 mai (Reuters) – Le tribunal de premiĂšre instance de Tunis a condamnĂ© Ă des peines de quatre Ă 12 ans de prison onze hommes pour financement d’une cellule terroriste et recrutement de nouveaux membres, a annoncĂ© jeudi l’avocat de la dĂ©fense, Me Samir ben Amor. Deux accusĂ©s – dont Bilel Beldi, qui s’est rĂ©fugiĂ© en France oĂč, selon l’avocat, il a demandĂ© l’asile politique – ont Ă©copĂ© de 12 ans de rĂ©clusion criminelle. Un autre a Ă©tĂ© condamnĂ© Ă cinq ans et le reste Ă quatre ans. Le groupe avait Ă©tĂ© arrĂȘtĂ© en 2009.    Selon Me Ben Amor, le parquet n’a pas prĂ©cisĂ© Ă quelle organisation les accusĂ©s Ă©taient censĂ©s appartenir.    Le gouvernement tunisien, attachĂ© Ă la laĂŻcitĂ©, est considĂ©rĂ© comme un alliĂ© loyal des Occidentaux dans la lutte contre l’intĂ©grisme musulman. D’aprĂšs des avocats, environ 2.000 personnes ont Ă©tĂ© arrĂȘtĂ©es dans ce pays depuis 2003 pour terrorisme.
Une banque compatible avec la charia en Tunisie
La banque Zitouna est la premiĂšre du pays Ă rĂ©pondre aux exigences de la finance islamique, qui impose ses contraintes : elle interdit lâintĂ©rĂȘt et la spĂ©culation, et implique une responsabilitĂ© sociale. Agréée en 2009, la banque Zitouna, derniĂšre-nĂ©e du systĂšme bancaire tunisien, a ouvert ses premiers guichets ce vendredi. Ce nouvel Ă©tablissement dirigĂ© par Abou Hafs Amor Najaii possĂšde une particularitĂ© : il est spĂ©cialisĂ© dans la finance islamique. Câest une premiĂšre en Tunisie oĂč aucune des 21 banques de dĂ©tail nâa encore choisi cette approche. «Dans un contexte de crise, la finance islamique a Ă©tĂ© identifiĂ©e comme une alternative crĂ©dible et sĂ»re, explique Hichem Ben ÂFadhl, secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral de la banque. Des personnes recherchent des produits financiers conformes Ă leurs principes. Or il nâexiste pas encore dâoffres de ce type en Tunisie.» La finance islamique impose en effet ses contraintes. Elle interdit lâintĂ©rĂȘt, la spĂ©culation et implique une responsabilitĂ© sociale de lâinvestissement, lâincertitude est proscrite, les contrats sont stables dans le temps. Les profits dâune opĂ©ration donnĂ©e sont partagĂ©s entre la banque et son client. Par ailleurs, les placements dans les jeux de hasard, le commerce des armes, le tabac, lâalcool sont prohibĂ©s. Actuellement, une seule des 10 banques «offshore» installĂ©es dans le pays est ouverte Ă la finance islamique dont le volume dâaffaires atteindrait 700 milliards de dollars dans le monde, selon les estimations communĂ©ment admises. Le potentiel supplĂ©mentaire est Ă©valuĂ© par ÂMcKinsey Ă mille autres milliards. Faible bancarisation Lâune des ambitions de la banque Zitouna, dont Mahfoudh El Barouni prĂ©side le conseil dâadministration, est de proposer dans un avenir proche aux investisseurs internationaux un produit compatible avec la charia et participant au financement de lâĂ©conomie tunisienne. La banque tient ses objectifs secrets. Le faible taux de bancarisation en Tunisie (50 %) lui offre des perspectives de dĂ©veloppement intĂ©ressantes. «Dâici Ă la fin de lâannĂ©e, la banque Zitouna disposera dâune vingtaine dâagences, poursuit Hichem Ben Fadhl, dans les cinq ans nous aurons une centaine de points de vente dans lâensemble du pays.» Cet Ă©tablissement dispose dâun capital social de 35 millions de dinars (19 millions dâeuros) qui devrait atteindre 100 millions (54 millions dâeuros) lâannĂ©e prochaine. Le tour de table a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ© par sept groupes tunisiens rĂ©unis autour de Princesse Holding. Ce dernier, dĂ©tenteur de 51 % des parts, a Ă©tĂ© créé par Mohamed Sakher El Materi, fondateur de la banque. Gautier, Charles (Source: lefigaro.fr le 28/05/10 20:02)
 Al Mawkif:
Pour Selim Ben Hassen, la jeunesse tunisienne commence à vouloir défendre son droit à participer à la vie publique
(Version française).
Â
Pour Selim Ben Hassen, qui a fondĂ© le mouvement Byrsa, la jeunesse tunisienne commence Ă vouloir dĂ©fendre son droit Ă participer Ă la vie publique. Dans cet entretien, Selim Ben Hassen revient sur son mouvement qu’il prĂ©sente comme une force citoyenne alliant rĂ©flexion et action. Ci-aprĂšs l’entretien dans sa version intĂ©grale, menĂ© par le journaliste Ismail Dbara.
Al Mawkif: Comment pourriez-vous présenter Byrsa ?
Â
Selim Ben Hassen: Byrsa est un groupe de rĂ©flexion et dâaction qui rassemble de jeunes citoyens tunisiens qui viennent des quatre coins du pays, qui sont issus de tous les milieux, qui ont des parcours personnels trĂšs diffĂ©rents, mais qui partagent les mĂȘmes valeurs simples: lâamour de leur patrie, la conscience de ce quâils lui doivent et la volontĂ© de la servir dans une situation oĂč son avenir semble plus que jamais en pĂ©ril.
Al Mawkif: Quelle différence avec un groupe de réflexion?
Â
Selim Ben Hassen: La rĂ©flexion est Ă la base de la politique. Câest elle qui permet de dĂ©terminer la vision quâon a pour son pays et pour son peuple. On ne peut pas prĂ©tendre toucher les citoyens si on nâa pas une vision rĂ©flĂ©chie des enjeux politiques, Ă©conomiques, sociaux et culturels qui nous concernent et une rĂ©ponse crĂ©dible Ă apporter. Pour autant, la rĂ©flexion nâexiste que pour prendre forme et se matĂ©rialiser Ă travers lâaction. Câest pour cette raison que Byrsa ne se dĂ©finit pas comme un groupe de penseurs mais comme un mouvement qui allie Ă la fois la rĂ©flexion et lâaction de terrain, la premiĂšre nâexistant que pour donner vie Ă la seconde.
Â
Al Mawkif: Qu’est ce qui vous a amenĂ©s Ă vous intĂ©resser au champ public ?
Â
Selim Ben Hassen: Chacun a Ă©videmment des raisons plus ou moins personnelles, mais nous pensons avant tout que nous avons en tant que citoyens un devoir vis-Ă -vis de notre pays, et plus que jamais en ce moment. On voit la maniĂšre dont les choses se passent en Tunisie aujourd’hui: on veut faire croire aux Tunisiens qu’ils vivent dans une dĂ©mocratie quand les Ă©lections sont remportĂ©es Ă plus de 90%, on veut leur faire croire que la libertĂ© d’expression existe quand la presse est muselĂ©e, internet censurĂ© et des manifestations culturelles annulĂ©es, on fait tout pour que les Tunisiens ne s’intĂ©ressent pas Ă ce qui se passe dans leur propre pays parce qu’on considĂšre que ça ne les regarde pas et qu’ils n’ont pas leur mot Ă dire. Je rappelle qu’il y a cinquante ans, des Tunisiens ont versĂ© leur sang et donnĂ© leurs vies pour que ce pays soit indĂ©pendant et pour que son peuple soit libre et souverain. Nous n’avons pas mis le colonisateur dehors en 1956 pour nous faire asservir de l’intĂ©rieur aujourd’hui.
Al Mawkif: Vous ĂȘtes peut-ĂȘtre actifs Ă votre niveau, mais les jeunes Tunisiens se dĂ©sintĂ©ressent de la politique dans leur ensemble…
Â
Selim Ben Hassen: Je ne suis pas d’accord. Il suffit dâaller sur Facebook ou sur d’autres mĂ©dias sociaux pour voir que de plus en plus de jeunes se mobilisent pour dĂ©fendre leur droit Ă participer Ă la vie publique. Mais je vous accorde que ce n’est pas le cas de la majoritĂ© de nos concitoyens.
Â
Au delĂ de l’entreprise de dĂ©politisation qui a Ă©tĂ© menĂ©e depuis vingt ans, et au delĂ mĂȘme de la peur, je pense que câest la rĂ©signation qui conduit les jeunes Ă baisser les bras et Ă ne pas s’intĂ©resser Ă la chose publique. C’est pour ça que c’est un message fort qu’il faut leur adresser : celui qu’une autre Tunisie est possible, et qu’il ne tient qu’Ă eux qu’elle existe.
Al Mawkif: Si les jeunes ne sont pas responsables, qui est responsable de la situation du pays aujourd’hui?
Â
Selim Ben Hassen: En rĂ©alitĂ©, la responsabilitĂ© est largement partagĂ©e par tous les acteurs. Il y a des principes simples qui dĂ©finissent la politique et qui ne semblent toujours pas ĂȘtre compris chez nous. Le premier de ces principes est que le rĂŽle du gouvernement est de se mettre au service du peuple, ce qui n’est manifestement pas le cas aujourd’hui. Aujourd’hui nous sommes en prĂ©sence d’un pouvoir dont le seul but est de se maintenir et qui veut nous faire croire qu’il nous rend service en nous construisant des autoroutes et des Ă©coles alors que c’est avec l’argent public, notre argent, qu’il le fait. Le deuxiĂšme principe simple est que le rĂŽle dâun parti dâopposition est de tenter de prendre le pouvoir, pas de commenter les actes du rĂ©gime en place ni de faire le travail d’une organisation de dĂ©fense des droits de l’homme. Mais le citoyen a bien sĂ»r aussi une responsabilitĂ© dans ce qui se passe. En dĂ©tournant les yeux, en faisant semblant de ne rien voir, de ne rien entendre, il commet une faute dont il pourrait ĂȘtre tenu responsable dans le futur. Je vois aujourd’hui beaucoup de Tunisiens qui parlent sans cesse de la Palestine et jamais de la Tunisie. C’est assez curieux de constater que plus la menace est lointaine, et plus on est vaillant et prompt Ă dĂ©noncer. Pour faire court, j’incite ces gens lĂ soit Ă se prĂ©occuper des affaires de leur pays en prioritĂ©, soit, s’ils considĂšrent que la cause palestinienne est plus importante que la cause nationale, d’aller au bout de leur dĂ©marche et de se rendre en Palestine pour dĂ©fendre leurs principes et afficher de maniĂšre concrĂšte leur solidaritĂ© avec le peuple palestinien.
Â
Al Mawkif: Que pouvez-vous dire aux Tunisiens?
Â
Selim Ben Hassen: Je veux leur dire que le coupable n’est pas l’oppresseur mais celui qui accepte d’ĂȘtre opprimĂ©. Que nous sommes un peuple fier et digne et que le comportement des derniĂšres annĂ©es face Ă l’oppression nous dĂ©shonore et dĂ©shonore la mĂ©moire de tous ceux qui ont combattu avant nous pour le pays, pour arracher le droit pour eux et pour leurs petits enfants de marcher la tĂȘte haute. Je veux leur rappeler que câest au peuple et seulement Ă lui de prendre son destin en main. Qu’il est inutile d’attendre qu’un homme providentiel vienne les sauver de cette dĂ©bĂącle, que c’est un mythe et qu’il nây a rien de pire quâun peuple qui a attendu quâon le sauve et qui ne sâest pas sauvĂ© lui mĂȘme. Mais ce que je peux dire aussi avec force, c’est quâune autre Tunisie est possible et qu’elle est Ă portĂ©e de main, que cette Tunisie ne se construit pas avec des soupirs d’exaspĂ©ration ou avec des complaintes, mais avec des actes concrets. Elle se construit quand chaque citoyen prend conscience qu’il doit s’investir dans la lutte, et y consacrer de son temps et de son argent. Quand cela sera compris, l’horizon sera plus clair, parce que malgrĂ© tout ce qu’on dit, aucune force ne peut rĂ©sister Ă un peuple dĂ©terminĂ© Ă reconquĂ©rir sa souverainetĂ©.
Mondial – Les Bleus en Tunisie sous un ciel gris
Reuters, le 28 mai 2010 Ă 21h02 SOUSSE, Tunisie (Reuters) – L’Ă©quipe de France est arrivĂ©e jeudi en Tunisie pour la deuxiĂšme phase de sa prĂ©paration Ă la Coupe du monde de football. AprĂšs le soleil estival de Tignes et la douceur de l’altitude dans les Alpes, les Bleus, accompagnĂ©s de femmes et enfants, ont atterri sous les nuages, par une chaleur humide, avant de s’installer dans leur hĂŽtel de luxe au bord de la MĂ©diterranĂ©e, prĂšs de Sousse. Clients et personnel de l’hĂŽtel les attendaient Ă l’entrĂ©e de l’Imperial Marhaba, oĂč il rĂ©sideront jusqu’Ă leur dĂ©part, lundi, pour la RĂ©union. Au lendemain de leur victoire 2-1 contre le Costa Rica pour leur premier match amical de prĂ©paration au Mondial, ils ont effectuĂ© un dĂ©crassage jeudi matin au centre d’entraĂźnement du RC Lens avant de prendre l’avion en fin d’aprĂšs-midi. Ils affronteront la Tunisie dimanche au stade RadĂšs, prĂšs de Tunis, et prendront ensuite la direction de la RĂ©union, derniĂšre escale avant l’Afrique du Sud. La France entrera en lice au Mondial le 11 juin contre l’Uruguay, dans le groupe A. REUTERS
Victoire pour les combattants “indigĂšnes” de la France
Reuters, le 28 mai 2010 Ă 13h58   * EgalitĂ© pour les anciens combattants de l’armĂ©e française    * Victoire pour les citoyens des ex-colonies françaises    * Premier rĂ©sultat juridique d’une rĂ©forme constitutionnelle       par Thierry LĂ©vĂȘque    PARIS, 28 mai (Reuters) – Les anciens combattants de l’armĂ©e française originaires des ex-colonies de la France doivent recevoir les mĂȘmes pensions d’invaliditĂ© ou de retraite que ses ressortissants, a dĂ©crĂ©tĂ© le Conseil constitutionnel. Saisi pour la premiĂšre fois par de simples citoyens, des AlgĂ©riens, grĂące Ă la rĂ©forme constitutionnelle de 2008, les “sages” contraignent le gouvernement Ă procĂ©der Ă cette rĂ©forme au plus tard en janvier 2011 selon la dĂ©cision publiĂ©e vendredi, qui tranche un litige remontant Ă l’indĂ©pendance des colonies. Le Conseil constitutionnel s’appuie dans sa dĂ©cision sur la DĂ©claration des droits de l’homme de 1789, qui dit : “La loi doit ĂȘtre la mĂȘme pour tous, soit qu’elle protĂšge, soit qu’elle punisse”. Actuellement, les anciens combattants africains peuvent toucher dix Ă quinze fois moins que les Français. Il ne conteste pas totalement que les ressortissants de diffĂ©rents pays ne perçoivent pas tous le mĂȘme montant, en raison des divergences de pouvoir d’achat, mais juge illĂ©gale une discrimination fondĂ©e sur la seule nationalitĂ©. En effet, souligne-t-il, un Français rĂ©sidant en AlgĂ©rie est par exemple privilĂ©giĂ© par rapport aux AlgĂ©riens. La dĂ©cision du Conseil entrera en vigueur au 1er janvier 2011, et le gouvernement devra donc d’ici lĂ rĂ©former le systĂšme. Des dizaines de milliers de personnes sont concernĂ©es. Le dossier est compliquĂ©, puisque le gouvernement a le choix entre instaurer une Ă©galitĂ© totale, ou un traitement diffĂ©renciĂ© par pays de rĂ©sidence et non plus par nationalitĂ©. LE FILM “INDIGĂNES” Les ressortissants des anciennes colonies françaises ont Ă©tĂ© intĂ©grĂ©s en nombre dans les troupes qui ont combattu pour la France durant les deux guerres mondiales mais aussi dans les corps expĂ©ditionnaires envoyĂ©s dans certains conflits coloniaux, comme celui d’Indochine, de 1945 Ă 1954. Leurs pensions avaient Ă©tĂ© gelĂ©es en 1958 et 1959 et elles Ă©taient donc souvent symboliques dans les annĂ©es 2000. En 1981, sous François Mitterrand, le systĂšme avait Ă©tĂ© rendu moins injuste avec une premiĂšre augmentation. Puis, sur initiative du gouvernement de gauche de Lionel Jospin et de celui de droite de Jean-Pierre Raffarin, une deuxiĂšme rĂ©forme avait augmentĂ© les pensions des Ă©trangers, maintenant cependant une inĂ©galitĂ© avec celles des Français. Une troisiĂšme rĂ©forme avait Ă©tĂ© menĂ©e sous la prĂ©sidence de Jacques Chirac en 2006, mais elle maintenait toujours une inĂ©galitĂ© entre AlgĂ©riens, ressortissants d’autres anciennes colonies et Français, souligne le Conseil. Cette rĂ©forme est donc jugĂ©e inconstitutionnelle par une formation des “Sages” oĂč siĂ©geait comme membre de droit Jacques Chirac lui-mĂȘme, en qualitĂ© d’ancien prĂ©sident. Ce dossier Ă©tait revenu Ă la surface en raison de la sortie en France en 2006 du film “IndigĂšnes”, oĂč Ă©tait abordĂ© le rĂŽle des soldats maghrĂ©bins engagĂ©s dans l’armĂ©e française durant la Seconde Guerre mondiale, qui avait Ă©tĂ© occultĂ© jusque lĂ . L’impact financier de la dĂ©cision que devra prendre le gouvernement français est incertain, dans la mesure oĂč la population concernĂ©e n’est pas connue avec prĂ©cision et parce qu’on ignore si sera instaurĂ©e une Ă©galitĂ© totale ou relative. Cependant, il devrait ĂȘtre relativement faible, du fait de l’anciennetĂ© des conflits concernĂ©s, dont il subsiste peu de vĂ©tĂ©rans. Les procĂ©dures judiciaires en cours sur ce problĂšme seront suspendues jusqu’en 2011, dit aussi le Conseil. La dĂ©cision est le premier rĂ©sultat de la “question prioritaire de constitutionnalitĂ©” entrĂ©e en vigueur en mars dernier, qui permet au simple citoyen de contester la conformitĂ© d’une loi avec la Constitution. C’est la premiĂšre fois qu’une loi dĂ©jĂ en vigueur est annulĂ©e, les “sages” censurant jusqu’Ă prĂ©sent des projets.
«Lampedusa nâest plus une terre dâespoir pour les immigrĂ©s»
La porte-parole du Haut-Commissariat pour les rĂ©fugiĂ©s en Italie, qui vient de publier un livre, ignore ce que sont devenus les clandestins en Libye Propos recueillis Ă Rome par Eric Jozsef Porte-parole du Haut-Commissariat des Nations unies pour les rĂ©fugiĂ©s (HCR) en Italie, Laura Boldrini vient de publier un livre (*) dans lequel elle Ă©voque en particulier les effets des rĂ©cents accords entre Rome et Tripoli, qui bloquent les tentatives de dĂ©part des immigrĂ©s africains concentrĂ©s en Libye vers les cĂŽtes mĂ©ridionales de lâEurope. Elle sâalarme des consĂ©quences de cette politique pour lâaccueil des rĂ©fugiĂ©s. Le Temps: Quelle est la situation aujourdâhui dans le canal de Sicile et sur lâĂźle de Lampedusa? Laura Boldrini: Il nây a plus personne. Le centre dâaccueil des immigrĂ©s est vide, aprĂšs avoir abritĂ© des milliers de personnes au cours des derniĂšres annĂ©es. Lampedusa ne reprĂ©sente plus cette terre de lâespoir pour dâinnombrables Ă©trangers qui baisaient le sol Ă leur arrivĂ©e. Câest une bonne chose de savoir que ces gens ne meurent plus en mer et quâils ne risquent plus leur vie au cours de traversĂ©es trĂšs dangereuses. Le problĂšme câest que nous ne savons pas ce quâils sont devenus. Sont-ils dans des centres de rĂ©tention en Libye, contraints dâemprunter des routes plus difficiles et plus pĂ©rilleuses? En rĂ©alitĂ©, la grande victoire contre lâimmigration clandestine brandie par certains [ndlr: le gouvernement Berlusconi] rend tout simplement plus difficiles les demandes de droit dâasile. La plupart des immigrĂ©s illĂ©gaux nâarrivent pas par la mer, mais entrent avec un visa provisoire puis restent sur place. Ce qui nâest pas le cas pour les rĂ©fugiĂ©s. En 2008, il y a eu ainsi 31 000 demandes dâasile dĂ©posĂ©es en Italie. Dans plus de 75% des dossiers, il sâagissait de personnes arrivĂ©es par la mer et, dans un cas sur deux, le statut de rĂ©fugiĂ© leur Ă©tait reconnu. En 2009, Ă la suite des accords entre la Libye et lâItalie, les demandes ont quasiment diminuĂ© de moitiĂ© pour tomber Ă 17 000. Câest une tendance inverse de ce que lâon observe en France ou en Allemagne, oĂč les demandes dâasile augmentent malgrĂ© une politique de fermetĂ© contre lâimmigration clandestine. La politique italienne du refoulement a eu comme consĂ©quence la chute des demandes dâasile. Nous sommes trĂšs prĂ©occupĂ©s. â Quel est le sort rĂ©servĂ© aux immigrĂ©s bloquĂ©s en Libye? â Nous nâavons pas une idĂ©e prĂ©cise de la situation. Dans un premier temps, nous avons eu connaissance de refoulements dâimmigrĂ©s qui avaient pris la mer et qui, une fois interceptĂ©s, ont Ă©tĂ© remis sur des navires libyens. Mais, aujourÂdâhui, nous nâarrivons mĂȘme pas Ă savoir sâils sont bloquĂ©s avant mĂȘme dâembarquer. Contrairement Ă ce que disent certains dirigeants italiens, qui assurent que les rĂ©fugiĂ©s peuvent faire sur place une demande dâasile, en Libye, le HCR nâest pas reconnu officiellement. Tripoli nâa pas signĂ© la convention des Nations unies sur les rĂ©fugiĂ©s. La position officielle du gouvernement libyen, câest quâil nây a pas de rĂ©fugiĂ©s sur place, mais uniquement des immigrĂ©s Ă©conomiques. Les fonctionnaires du HCR ont du mal Ă obtenir des visas et, sur place, ils nâont pas accĂšs Ă tous les requĂ©rants dâasile. Nous ne savons pas quel est le nombre de centres de rĂ©tention et combien de personnes y sont retenues. Certains immigrĂ©s sont dĂ©placĂ©s dâune prison Ă lâautre sans que nous puissions savoir ce quâils deviennent. Nous avons recueilli le tĂ©moignage de personnes qui y auraient subi des violences et des agressions et qui ont vĂ©cu dans des conditions terribles. â La Libye a-t-elle, Ă son tour, refoulĂ© les immigrĂ©s vers le sud? â Câest lâune de nos grandes craintes qui se fonde sur certaines enquĂȘtes journalistiques [ndlr: montrant des corps dâimmigrĂ©s morts dans le dĂ©sert libyen]. Le gouvernement italien se fĂ©licite quâil nây ait plus de tragĂ©dies et de disparitions dâimmigrĂ©s en mer, mais oĂč sont-ils passĂ©s? On ne peut pas se contenter de renvoyer le problĂšme toujours plus vers le sud. Il est essentiel que lâEurope sâimplique davantage pour savoir ce que deviennent les immigrĂ©s qui nâarrivent plus Ă Lampedusa et quâelle incite la Libye Ă reconnaĂźtre le droit dâasile. (*) «Tutti indietro» («En arriĂšre tous»),Ed. Rizzoli. (Source: âLe Tempsâ (Quotidien â Suisse), le 28 mai 2010) Â
Â