9 novembre 2011

TUNISNEWS
11 ème année, N°4150 du 09.11.2011
archives : www.tunisnews.net


Le Nouvel Observateur: La justice tunisienne pour l’extradition de l’ancien Premier ministre libyen

Le Figaro: Tunisie: Juppé appelle Ghannouchi

MediaPart: La France peut-elle donner des leçons à la Tunisie?

L’expression: Tunisie: la «Pétition populaire», 3ème force de la nouvelle Constituante

Slate Afrique: Constituante tunisienne: comment ça marche?

Gnet: Tunisie/Ennahdha et l’Occident : La Realpolitik

WMC: Tunisie : La Bourse de Tunis a poursuivi ce mardi sa hausse


La justice tunisienne pour l’extradition de l’ancien Premier ministre libyen


La justice tunisienne s’est prononcée mardi pour l’extradition de l’ancien Premier ministre libyen Al-Baghadi Al-Mahmoudi vers la Libye, une mesure que la défense a d’ores et déjà qualifié d' »illégitime », le pouvoir issu des élections du 23 octobre n’étant pas encore en place.

La chambre d’accusation de la Cour d’appel de Tunis « a accepté la demande d’extradition » émise par Tripoli de l’ancien dirigeant libyen, âgé de 70 ans, a déclaré le greffier à l’issue de l’audience qui a duré plusieurs heures et s’est déroulée à huis-clos.

« Il n’y a aucun recours possible puisqu’il s’agit d’une décision finale », a déclaré à l’AFP l’un des avocats de l’ancien dirigeant libyen, Me Mabrouk Kourchid.

Le jugement de la Cour d’appel doit être avalisé par le président de la république par intérim, Foued Mebazaa, avant de devenir exécutoire.

Me Kourchid a lancé « un appel aux ONG pour qu’elles interviennent auprès de M. Mebbazza « afin d’empêcher la signature du décret » d’extradition.

On ignore quand le document sera effectivement signé.

La défense a par ailleurs fait part de son intention « de porter plainte contre le président Mebazaa en cas d’extradition » vers la Libye de M. Al-Mahmoudi, pour « violation des résolutions de l’ONU et des textes juridiques au niveau national et international », a affirmé un autre avocat Me Béchir Essid.

M. Al-Mahmoudi est « un réfugié et un homme politique et la loi tunisienne interdit, dans ce cas, l’extradition », a-t-il insisté.

Me Essid a dénié à l’actuel chef de l’Etat le droit de remettre l’ancien dirigeant à Tripoli, estimant que « l’élection du 23 octobre de l’assemblée constituante avait mis un terme à ses fonctions », ainsi qu’à celle du Premier ministre. Pour lui, l’application de la mesure d’extradition devient « illégitime ».

Me Kourchid a dénoncé l’attitude du pouvoir actuel à Tunis, qui « voulait en finir au plus vite avec cette affaire résolument politique ». Il fallait une décision, a-t-il poursuivi, « avant la formation du prochain gouvernement » que doit en principe diriger l’islamiste Hamadi Jebali et qui sera mis en place après la convocation de la Constituante.

L’avocat a appelé les nouveaux membres de l’assemblée –dominée par les islamistes d’Ennahda– à « intervenir de leur côté pour empêcher l’extradition ».

La défense avait dès le début de l’audience essuyé un refus à une demande de report des débats, plusieurs documents envoyés par Tripoli ayant été ajoutés lors des derniers jours au dossier. Les avocats n’avaient pu en prendre connaissance en raison des fêtes musulmanes de l’Aïd.

Le refus du juge « a privé M. Al-Mahmoudi de sa défense », a fustigé Me Kourchid avant de souligner que cette décision avait incité les avocats de l’ex-Premier ministre libyen à quitter la salle du tribunal et à ne pas plaider.

Selon Me Kourchid, l’ancien dirigeant libyen « n’est pas contre un jugement équitable pour toute la période au cours de laquelle il a été Premier ministre ». « Mais, poursuit l’avocat, il considère que ce n’est pas le moment car la période de chaos actuelle qui prévaut en Libye est dominée par la vengeance ».

Des dizaines de manifestants libyens se sont rassemblés dans la matinée devant le tribunal en réclamant l’extradition de celui qu’ils nomment « le troisième tyran de la Libye » (après Khadafi et son fils Seif-Al-Islam).

« Le peuple libyen a le droit d’appliquer la loi à ceux qui ont volé le peuple », pouvait-on lire sur une des banderoles.

Premier ministre jusqu’aux derniers jours du régime du colonel Kadhafi, M. Al-Mahmooudi avait été arrêté en Tunisie le 21 septembre près de la frontière algérienne.

Il est, depuis, maintenu à la prison de la Mornaguia, près de Tunis.

 

Source : « Le Nouvel Observateur » Le 08-11-2011

Tunisie: Juppé appelle Ghannouchi


Le chef de la diplomatie française, Alain Juppé, a appelé hier Rached Ghannouchi, le chef d’Ennahda,vainqueur des élections du 23 octobre en Tunisie, pour lui transmettre un « message de confiance sans préjugé ni procès d’intention ». Lors de cet appel, le ministre a félicité le chef islamiste de sa victoire, a-t-on ajouté de même source. Fin octobre, Alain Juppé avait conditionné l’aide du G8 à la Tunisie au respect des valeurs démocratiques. « Nous allons mettre en place une aide économique massive à la Tunisie », avait-il dit sur France Inter. « Naturellement, cette aide, nous l’apporterons dans la mesure où les lignes rouges ne seront pas franchies. Je pense que c’est important d’avoir cette conditionnalité », avait-il ajouté, en citant le respect de l’alternance démocratique, des droits de l’homme, et de l’égalité hommes-femmes. En matière d’égalité entre les sexes, « la société tunisienne est très évoluée et il serait absolument dommageable qu’on fasse marche arrière. Donc on va être très vigilants et nous avons les moyens d’exprimer cette vigilance », avait précisé Alain Juppé. Dans un entretien au journalLe Monde, Rached Ghannouchi avait réagi séchement à ces propos. « Nous n’avons pas besoin d’une telle parole pour respecter les droits de l’Homme. Cela fait partie de nos valeurs et de notre religion et les Tunisiens n’acceptent pas les aides conditionnées », avait-il fait valoir. Dimanche, Alain Juppé avait déjà tenté de calmer le jeu en soulignant qu’il fallait « faire confiance » aux responsables de Ennahda et « travailler avec eux ». « Aucune révolution ne se passe dans le calme complet. Il va y avoir des difficultés. Il faut faire confiance », avait-il dit sur Europe 1. Le parti islamiste Ennahda dispose de 91 élus (sur un total de 217) à l’Assemblée constituante tunisienne issue de l’élection du 23 octobre où il a remporté 41,47% des suffrages.

Source : « Le Figaro » Le 08-11-2011

La France peut-elle donner des leçons à la Tunisie?


Nawel GafsiaetHenri Braun,avocats, dénoncent l’attitude de la France envers la Tunisie, exhortée par le gouvernement à ne pas franchir la«ligne rouge»après la victoire du parti Ennahdha lors des élections.

Après s’être signalée par un soutien sans faille à Ben Ali, depuis son accession au pouvoir en 1987 jusqu’aux dernières heures précédant sa chute le 14 janvier 2011, la France, par la voix de son ministre des affaires étrangères,Alain Juppé, s’exprimant sur France Inter le 26 octobre, menace la Tunisie de rétorsions économiques en cas de franchissement d’une curieuse«ligne rouge». De quoi s’agit-il? Alain Juppé ne semble pas satisfait du résultat des élections qui se sont pourtant déroulées pour la toute première fois de façon démocratique et transparente. Oscillant entre paternalisme et menaces, il somme les Tunisiens de respecter les valeurs de l’alternance démocratique, des droits de l’homme et de l’égalité homme-femme. Il n’admettra pas de régression dans des domaines pour lesquels la Tunisie est«évoluée».

Faut-il en rire ou en pleurer? Pendant le long règne de Ben Ali, les autorités françaises ne se sont jamais inquiétées des traitements inhumains et dégradants, des tortures subies par les opposants de toute tendance, des islamistes aux militants de gauche. Tout au contraire, le despote a reçu un soutien sans faille d’une classe politique française quasiment unanime et de chaudes félicitations pour son action en faveur des droits de la femme. Ni les persécutions subies par l’Association des Femmes Démocrates, ni les agressions physiques d’opposantes comme la journaliste Sihem Bensedrine et l’avocate Radhia Nasraoui, ni les tortures infligées aux militantes et épouses de militants du parti Ennahdha dans les caves du Ministère de l’intérieur, avenue Bourguiba, n’ont fait l’objet d’une condamnation officielle.

La légendaire«hospitalité tunisienne»et de luxueuses vacances au soleil ont favorisé la multiplication de déclarations étonnantes de responsables politiques comme Philippe Séguin, Bertrand Delanoë ou Frédéric Mitterrand. Les plus choquantes en raison de leur portée demeurent celles de deux présidents de la République en exercice. En avril 2008, Nicolas Sarkozy assure que«l’espace des libertés progresse»en Tunisie. En décembre 2003, Jacques Chirac, dans un élan lyrique d’inspiration soviétique, assène que«le premier des droits de l’homme c’est de manger»au moment même où Radhia Nasraoui menait une grève de la faim depuis plus de cinquante jours.

Après avoir, pendant la révolution, proposé au despote de l’aider à réprimer dans le sang les manifestants par l’envoi d’un inquiétant«savoir-faire»français, voilà maintenant que la France s’érige en donneuse de leçons de démocratie et de respect des droits de l’homme à un peuple qui s’est libéré d’un despote et d’une partie des responsables de son régime policier sans la moindre aide extérieure.

Il faut en finir une bonne fois pour toutes avec le mépris vis-à-vis du peuple tunisien qui perdure depuis l’instauration du protectorat français en 1881. La«mission civilisatrice»de la France n’a eu pour effet que de déstructurer durablement une société. Pendant les manifestations révolutionnaires, le peuple dans la rue scandait l’hymne national:«Lorsqu’un jour le Peuple veut vivre, Force est pour le destin de répondre». Ces mots d’Abou Kacem Ecchebi, poète mort à l’âge de 25 ans pendant la période coloniale, devront à l’avenir retentir aux oreilles des dirigeants français mais aussi de ceux qui exerceront le pouvoir en Tunisie.

Le peuple tunisien rejette définitivement la tutelle post-coloniale et doit œuvrer pour la justice sociale, maintenant que la mobilisation pour la liberté et la dignité a permis la chute de la dictature. Que le parti Ennahdha ait obtenu un nombre important de voix est l’affaire des Tunisiens qui ont su conquérir leur liberté en dépit de la France et qui sauront bien la conserver sans elle.

La France est-elle d’ailleurs en mesure de se pavaner sur la scène internationale au moment où, pour ne prendre qu’un exemple de la dérive vers un Etat policier, elle met en œuvre une politique d’immigration de plus en plus répressive et de plus en plus discriminatoire? A la xénophobie érigée en principe de gouvernement depuis la volonté de fermer les frontières dans les années 70 et 80 est venu s’ajouter récemment une politique raciale dont les Rroms, comme trop souvent dans l’histoire, ont été les premières victimes. Victimes de rafles, d’un harcèlement policier constant et d’expulsions massives, ils ont été rejoints récemment par de nouveaux compagnons d’infortune: les Tunisiens passés par Lampedusa et titulaires de permis de séjours italiens. Cette racialisation de la politique d’immigration a été opérée par de simples circulaires, visant expressément les Rroms dans un cas, les Tunisiens dans l’autre. Ces deux groupes ont fait l’objet d’une véritable chasse à l’homme sur une base raciale, par des policiers qui ne relevaient les identités que dans le but de recopier manuellement le nom et le prénom des personnes sur des décisions stéréotypées d’obligation de quitter le territoire.

Les expulsions de Rroms vers la Roumanie et la Bulgarie ainsi que de Tunisiens vers l’Italie ont pour objectif principal d’améliorer le chiffre des«reconduites à la frontière», préoccupation obsessionnelle des dirigeants du«pays des droits de l’homme». Tout ceci serait grotesque, puisque les expulsés peuvent revenir dès le lendemain, si ce ciblage ethnique n’avait des conséquences tragiques. Harcelés, pourchassés, persécutés, les victimes de la pression policière sont contraintes de se terrer dans des squats insalubres et dangereux. Dans les dernières semaines, on a dénombré six morts, dont des Tunisiens, dans un incendie à Pantin et une victime roumaine dans un autre incendie dans le XXe arrondissement de Paris. La politique du chiffre, combien de morts?

La France ne se déshonore-t-elle pas en construisant un gigantesque camp d’internement administratif destiné à accueillir des familles de sans-papiers à deux pas de l’aéroport de Roissy alors que le nombre de sans-logis et de mal-logés ne cesse de s’accroître?

La France n’est-elle pas en train de«franchir une ligne rouge»?

Source : « MediaPart » Le 08-11-2011

Tunisie: la «Pétition populaire», 3ème force de la nouvelle Constituante


 

La «Pétition populaire», le mouvement politique de l’homme d’affaires tunisien basé à Londres Hechmi Haamdi, a récupéré 7 sièges à l’Assemblée constituante élue le 23 octobre où il dispose désormais de 26 élus, devenant la 3ème force politique au sein de cette institution, a-t-on appris mardi auprès du Tribunal administratif.

Le Tribunal administratif a donné droit à plusieurs recours intentés par la Pétition populaire, qui disposait déjà de 19 élus, et qui se retrouve désormais au troisième rang au sein de la nouvelle Assemblée, derrière le parti islamiste Ennahda, grand vainqueur du scrutin (89) et le Congrès pour la République (CPR, 30 sièges), mais désormais devant le mouvement de gauche Ettakatol (21 sièges).

Le Tribunal a en revanche retiré deux sièges à Ennahda, qui était jusque-là crédité de 91 élus, notamment un siège à Sidi Bouzid (centre), la ville d’origine de M. Haamdi d’où était partie en décembre 2010 le soulèvement populaire qui a chassé le président Ben Ali le 14 janvier dernier.

Des violences avaient d’ailleurs éclaté à Sidi Bouzid le soir de l’annonce des résultats de l’élection et de l’invalidation de plusieurs listes de la Pétition populaire.

Plusieurs centaines de manifestants s’étaient livrés pendant plus de 24 heures à des pillages et des déprédations dans des bâtiments publics, notamment l’Hôtel de ville et le Tribunal qui avait été partiellement incendié, incitant les autorités à instaurer un couvre-feu nocturne.

La Pétition n’a jusque là présenté que des fragments d’un programme jugé populiste, essentiellement sur la chaîne de télévision Al-Mustakilla dont M.Haamdi est le propriétaire.

L’homme d’affaires tunisien a notamment promis la gratuité totale des soins médicaux et une allocation de 200 dinars (100 euros) pour chacun des 500.000 chômeurs de Tunisie. Il s’est aussi engagé à injecter 2 milliards de dinars (un milliard d’euros environ) dans le budget de l’Etat.

Sa percée dans le pays avait été qualifiée de «hold-up électoral» par un dirigeant de la gauche. Le Tribunal administratif a reçu un total de 104 recours.

Les résultats définitifs des élections devraient être annoncés au plus tard le 14 novembre. L’Assemblée constituante se réunira dans les jours suivants et devra en premier lieu élire le président de la république ainsi que le premier ministre qui nommera ensuite le gouvernement.

Source : « L’expression » Le08-11-2011

 

Constituante tunisienne: comment ça marche?


Par Lilia Blaise

Grande oubliée des élections lors d’un scrutin motivé par les campagnes des partis politiques et l’enthousiasme du vote, la constituante reste pourtant la finalité des élections du 23 octobre. Alors que la répartition des sièges est presque finalisée, quels seront les enjeux autour de la rédaction d’une nouvelle Constitution?

Entre déclarations officielles et discours rassurants, la stratégie des partis politiques enTunisiene semble plus orientée seulement vers la communication ces derniers jours. Parmi les marronniers de l’actualité politique surgit un mot qui en inquiète certains, tout en suscitant l’intérêt: la «coalition».

De nombreux enjeux résident autour de ce terme, l’alliance entre les partis Ennahda-Ettakatol permettra-t-elle au premier d’avoir une majorité dans les décisions? A contrario l’arrivée du CPR (Congrès pour la République) dans le binôme rendra-t-il la chose plus équilibrée? Et que feront les tendances minoritaires face à ce trio? Si l’actualité semble encore tournée vers les batailles de partis, le mot «coalition» revêt lui une autre portée, coalition pour quoi au fait?

Depuis l’annonce des résultats, les partis semblent s’être attelés à une tâche bien plus complexe que la campagne électorale, la Constituante. Le parti majoritaire Ennahda a ouvert les jeux en proposant, le 28 octobre, la candidature de son secrétaire général Hamadi Jebali au poste de Premier ministre qui a déclaré être prêt à former un nouveau gouvernement d’ici dix jours. Le poste du président de la République semble plus problématique, si le nom de Béji Caïd Essebsi a été plusieurs fois entendu, le parti Ennahda a déclaré être prêt à envisager d’autres candidatures. Il a aussi soutenu l’idée de former un gouvernement d’union nationale et de collaborer avec toutes les tendances politiques présentes à l’Assemblée. Cette Assemblée Nationale Constituante qui tiendra sa première réunion officielle le 9 novembre donne donc le ton des premières retombées du scrutin.

Les guerres d’idéologies et de programmes doivent faire place à un réel débat à la fois au sein de la sphère politique mais aussi, et plus difficile, dans la société civile, au sein de tous les Tunisiens. Les missions de la future Assemblée Constituante sont de taille: élire un président par intérim qui choisira un Premier ministre et rédiger une nouvelle Constitution. L’autre enjeu est d’arriver à maintenir l’attention d’un pays qui sort tout juste d’un mois intense de campagne et de débats.

L’importance de l’Assemblée Nationale Constituante

Parler d’Assemblée nationale constituante peut sembler à la fois rassurant et effrayant pour ceux qui se tiennent hors de la sphère politique actuelle. Beaucoup plus technique que l’élaboration des élections, plus rébarbatif qu’un discours de meeting politique, moins intéressant que des querelles entre leaders, le terme séduit pourtant par sa légitimité et son ancrage politico-historique. Plus encore, l’Assemblée constituante et la rédaction d’une nouvelle Constitution symbolisent aussi les prémices de la vraie reconstruction politique et démocratique du pays. Elle remet aussi au centre du débat une notion renforcée par les résultats des urnes: la souveraineté du peuple. Et pourtant, ses enjeux sont complexes et impartis dans un délai assez court. Si les perdants et l’opposition pensent déjà aux prochaines échéances électorales, la Constituante reste bien le sujet de ces prochains jours.

Qui fait quoi?

La première séance se réunira après l’annonce des résultats définitifs annoncés par l’ISIE et sera ouverte comme le veut la tradition par le député le plus âgé de l’Assemblée. Les membres répartis par le résultat du scrutin proportionnel dans 217 sièges devront élire le président de l’Assemblée. L’Assemblée est composée de89 sièges pour les membres du mouvement Ennahda, 29 pour le CPR (Congrès pour la République), 26 pour la liste Al-Aridha (Pétition Populaire), 20 pour Ettakatol, 16 pour le PDP (Parti démocratique progressiste), 5 pour l’Initiative, 5 pour le PDM (Pôle démocratique Progressiste), 4 pour Afek Tounes, 3 pour le PCOT (Parti communiste ouvrier tunisien) et le reste pour des indépendants.

Le scrutin proportionnel choisi pour éviter une hégémonie de certains partis oblige à une coalition entre les tendances majoritaires pour avoir la majorité à l’Assemblée et dans les processus décisionnels. La première séance fera l’objet de l’élaboration d’un règlement intérieur qui déterminera la conduite à suivre par les membres élus lors du scrutin du 23 octobre. Ce règlement rédigé par un comité d’experts a été pris en charge par ceux de la commission de Yadh Ben Achour dissoute le 13 octobre 2011, la Haute Instance pour la réalisation des objectifs de la révolution. Ce comité d’experts «proposera» un règlement intérieur dont l’adoption dépendra du libre choix des partis représentés à l’Assemblée. L’élection du président de l’ANC dépendra donc de l’entente entre les partis.

Quant à la rédaction de la Constitution, elle se fera sur un an selon l’accord signé par 11 des 12 partis représentés à l’Assemblée mi-septembre. Cette «déclaration de transition» instituait notamment que la rédaction de la nouvelle Constitution ne devait pas dépasser plus d’une année afin d’éviter que le pays ne reste aux mains d’une assemblée pendant des années. Le CPR (Congrès pour la République) a quant à lui proposé dans son programme que la période rédactionnelle soit prolongée. A titre d’exemple, la Constitution actuelle promulguée le 1erjuin avait été rédigée en trois ans. A ce jour, seul le CPR n’a pas signé ce texte qui reste un texte à valeur morale et non juridique.

Quel encadrement pour la Constituante?

Malgré cette «déclaration de transition», aucun texte ne lie donc juridiquement les membres de l’ANC. Mohsen Marzouk, secrétaire général de l’Institution arabe de la démocratie, avait d’ailleurs rappelé le flou dans ce texte quant aux réelles prérogatives de l’Assemblée. Sur le même thème, un texte à valeur morale et non juridique avait été discuté par différents partis en avril 2011 afin d’«encadrer» la future Constituante mais surtout de préserver les acquis de la Révolution. Ce contrat de confiance intitulé le Pacte républicain devait garantir le respect des libertés fondamentales, l’indépendance de la magistrature ou encore la séparation des pouvoirs mais aussi la préservation de l’article 1 de la Constitution actuelle. Les deux partis qui s’étaient opposés au caractère juridique et donc contraignant du pacte étaient Ennahdha et le CPR. Ces deux partis se basaient sur le fait que la Haute Instance qui avait proposé le pacte n’avait pas de légitimité constitutionnelle. Ce pacte qui n’a pas eu non plus d’effectivité juridique a malgré tout été signé par les partis politiques présents aujourd’hui à l’Assemblée, dont Ennahda.

Mis à part ces deux textes qui n’ont donc qu’une valeur éthique et morale, la future Assemblée constituante n’est encadrée par aucun texte à force juridique ce qui peut laisser planer le doute quant au réel statut que va prendre la Constituante et à son objet manipulable à souhait par la volonté du parti majoritaire. L’autre risque réside dans le discours tenu à l’écart des débats sur la Constituante. Comme le dit Ferhat Horchani, professeur de droit public à la Faculté de droit de Tunis et président de l’Association Tunisienne de Droit Constitutionnel (ATDC),

«La question aujourd’hui à poser est de savoir si un parti doit changer le mode de vie des Tunisiens par rapport à la question religieuse? C’est le cas posé par Ennahda dans le double discours qu’il entretient. C’est pourquoi les partis politiques doivent prendre des positions fermes dans cette Constitution pour contrer toute atteinte à la liberté. Pour l’instant ce qui m’inquiète c’est de voir que les atteintes à la liberté ne sont pas condamnées en acte par les partis comme dans le cas récent des professeurs agressées pour leur tenue vestimentaire au sein de l’Université».

Les divergences et les consensus actuels entre les membres

La «coalition» est un des enjeux les plus importants de cette Assemblée. Si les mouvances progressistes ont appelé à se réunir dans une force d’opposition en tant que «front progressiste», les partis comme Ettakatol et le CPR ont été approchés par Ennahdha sans avoir émis de décision définitive pour l’instant. Personne n’ose vraiment se prononcer cultivant le goût du double discours. Le leader du parti Etakattol, Mustapha Ben Jaâfar a par exemple annoncé mardi 1ernovembre qu’il était pour un gouvernement d’Union nationale, rejoignant ainsi les propos de Rached Ghannouchi, numéro 1 du Parti Ennadha. Quant au CPR s’il a pris ses distances, il est encore difficile de connaître ses positions.

La principale divergence qu’il pourrait y avoir entre les partis sur la prochaine Constitution porte sur la nature du régime: entre le parti Ennahda qui propose un régime parlementaire pur, monocaméral et donc sans contre-pouvoir, Ettakatol qui est partisan d’un régime présidentiel mixte et le CPR qui propose un régime parlementaire, les divergences sont fortes et le choix du régime sera décisif. En outre, la question des pouvoirs du chef de l’Etat pose problème. Dans les textes, le président par intérim a les pleins pouvoirs, mais depuis la Révolution, il semble que sa figure se soit éclipsé dans les faits. Cela semble être une des conséquences de la fin de la dictature, l’image du chef d’Etat ayant été ébranlé par l’ère Ben Ali et le culte dictatorial. Une des questions autour de la nouvelle Constitution et de l’Assemblée résidera dans les pouvoirs à donner au nouveau président qui conserve une partie des pouvoirs les plus importants dans les lois.

L’autre point essentiel déjà énoncé dans les débats pré-électoraux porte sur l’article 1 de la Constitution et l’identité arabo-musulmane du pays, problématique sur laquelle les partis ne sont pas revenus publiquement depuis les élections. Pour Riadh Guerfali, docteur en droit public, inscrit au Barreau de Tunis et blogueur réputé (Astrubal) qui s’était présenté à la tête d’une liste indépendante à Bizerte, le problème de l’article 1 relève d’un faux-débat.

«Nous avons un gros problème en Tunisie, celui d’une classe francophone qui s’arrête à un certain modèle laïque alors qu’il est absurde de vouloir supprimer en Tunisie, l’Islam comme religion d’Etat. Attention, je ne dis pas qu’il faut mélanger religion et politique, je pense juste que nier que la Tunisie est un pays arabo-musulman est une absurdité. On voit bien que la religion fait partie de l’Etat dans d’autres modèles comme celui de la Grèce, la Norvége ou même l’Angleterre.»

Cet avis semble partagé par d’autres experts sur la question constitutionnelle qui craignent que le débat sur l’article 1 n’échauffe des polémiques au sein de la société qui n’ont pas lieu d’être dans un débat sur la constitution.

La question du référendum: Garantie de la souveraineté du peuple

«Moi je vote avant tout pour la démocratie, la liberté et la justice» répondait dernièrement un électeur dans la file de son bureau de vote le 23 octobre. La question était pourtant«quelles sont vos attentes pour la Constituante?».

Si les principes démocratiques semblent être les priorités de la société civile qui veut conserver via les élections les acquis de la révolution, le travail de sensibilisation sur les enjeux de la Constituante et les thèmes abordés lors de la rédaction de la Constitution reste encore à faire. Beaucoup de Tunisiens lors du scrutin savaient pour qui voter, un parti, un programme, un homme mais pas forcément la finalité, à savoir la Constituante. La récente proposition de retransmettre les débats de la future Assemblée constituante à la télévision via l’ETT (L’Etablissement de la télévision tunisienne) semble avoir remporté l’unanimité mais qu’en sera-t-il du rôle réel du peuple tunisien?

La soumission de la future Constitution au référendum semble être un des meilleurs moyens de garantir la participation démocratique du peuple dans le processus. Mais comment inciter au débat et pour rendre plus accessible un texte qui reste encore complexe pour une majorité de la population? Kaïs Saïd, professeur en droit constitutionnel à la faculté des Sciences Juridiques, Politiques et Sociales de Tunis, a insisté sur cette problématique de la sensibilisation des Tunisiens aux questions constitutionnelles qui se sont perdues dans les débats politiques:

«Le peuple souverain, c’est avant tout le principe qu’il faut retenir pour cette Assemblée constituante, c’est pourquoi le référendum populaire me semble être une bonne idée. Il faudra bien-sûr faire une campagne explicative en expliquant les aspects positifs et négatifs de cette constituante. Il faut laisser de côté les calculs politiques et être attentif aux aspirations des Tunisiens. Pour moi le peuple tunisien est avant tout un peuple modéré, et cette modération doit se retrouver dans la Constitution. Le problème du récent scrutin c’est que le choix des électeurs a été façonné par une bipolarisation entre un certain nombre de partis démocrato-progressistes et les islamistes. On a eu ces deux pôles, ces deux «extrêmes» qui ne sont pourtant pas illustratifs du peuple tunisien qui n’est ni laïc ni islamiste

Comment faire en sorte que le peuple tunisien reste attentif à ce qui changera l’avenir du pays? Ces questions restent encore en suspens.

Source : « Slate Afrique » Le 08-11-2011

Tunisie/Ennahdha et l’Occident : La Realpolitik


Après sa mise en garde consécutive à la proclamation des résultats des élections, Paris semble revenir à de meilleurs sentiments envers le mouvement Ennahdha, victorieux des urnes. Selon une source citée par l’AFP, Alain Juppé, chef de la diplomatie française, a appelé Rached Ghannouchi, l’a félicite, et lui a transmis un « message de confiance sans préjugé ni procès d’intention ». Au lendemain de l’annonce des résultats du scrutin du 23 octobre, Paris a affiché une attitude inamicale envers les gagnants du scrutin. Nicolas Sarkozy a promis d’être vigilant sur la démocratie en Tunisie, et son ministre des Affaires étrangères est allé plus loin, en prévenant que l’aide du G8 à la Tunisie sera conditionnée au respect de la démocratie et des droits de l’homme. Plus le cas maintenant, la France revoit substantiellement sa position. Alain Juppé déclare dès dimanche sur Europe 1 qu’il fait confiance aux responsables d’Ennahdha, et promet de travailler avec eux. Après quoi, il appelle le cheikh pour le complimenter et lui dire sa confiance. La France aligne ainsi sa position sur celle des Etats-Unis, qui ont accordé dès le départ, par la voix de leur ambassadeur à Tunis, Gordon Gray, un préjugé favorable aux futurs dirigeants de la Tunisie, et les ont assurés de tout leur soutien notamment en matière économique. Une position corroborée hier par Hillary Clinton, chef du département d’Etat américain, qui a déclaré que les Etats-Unis sont prêts à coopérer avec les islamistes tunisiens. Il va sans dire que l’appui de la communauté internationale reste primordial pour les tout prochains dépositaires du pouvoir en Tunisie. Il les aidera, indéniablement, à franchir ce cap critique de la deuxième période transitoire. La Tunisie évoluant dans une économie ouverte et mondialisée, n’a d’autre alternative que de développer sa coopération avec le reste du monde, dont le Maghreb, la région arabe, l’Europe, l’Amérique, etc. Pour que les choses démarrent sur des bases saines, il serait important que l’ambiance soit dénuée des aprioris et des tensions. Personne n’est toutefois dupe. Les relations internationales ne sont pas régies par les idéaux philanthropiques, mais par le seul jeu des intérêts. En apparence, l’Occident pose comme condition sine qua non à ses partenaires du sud pour ne pas les lâcher, le respect de la démocratie, des droits de l’homme, des libertés publiques et individuelles. Mais, derrière cette rhétorique puisée dans le réservoir des sacro-saintes valeurs universelles dont il revendique la paternité, l’Occident n’est véritablement soucieux que de la préservation de ses intérêts stratégiques, et de ceux de son allié bien-aimé Israël. Dans ses derniers propos sur la Tunisie et « le printemps arabe », Hillary Clinton a eu comme point de chute le conflit du Moyen-Orient, et la nécessité d’arriver à la paix entre Israël et les Palestiniens. L’administration américaine s’y déploie, a-t-elle indiqué, laissant entendre que Washington répondra aux menaces contre la paix régionale, qu’elles émanent de dictatures ou de démocraties. Le message est on ne peut plus clair, et gare aux téméraires. Dans le jargon américain, la paix régionale équivaut à la sécurité d’Israël. La principale crainte de l’occident, Etats-Unis en tête, est que le rouleau compresseur du « printemps arabe » ne soit au désavantage de l’Etat hébreu. Ce sont là, les menaces réelles ou supposées qu’Hillary Clinton jure de contrecarrer. N’est-ce pas pour cette raison, que l’Occident a soutenu d’une manière quasi-inconditionnelle, les régimes autocratiques arabes, craignant qu’une démocratisation de la région ne conduise à des régimes qui leur sont hostiles, ainsi qu’à Israël. Maintenant, les choses changent, le mouvement de l’histoire se révèle être plus fort que tout, et la realpolitik a fini par prendre le dessus sur le langage de la force. Cela ne signifie guère que l’Occident va faire profil bas à la lumière de cette nouvelle donne. Il exigera bel et bien des garanties de ses nouveaux partenaires du sud, même s’il est conscient que les choses ne seront plus jamais comme avant. C’est qu’il n’aurait plus comme interlocuteurs, des dirigeants qui lui obéissent au doigt et à l’œil tels des vassaux, à l’instar de ce qu’étaient un Ben Ali ou un Moubarak, pour ne citer que ceux-ci. Il aurait à faire plutôt à des dirigeants démocratiquement élus, réconciliés avec leur peuple, et dont la politique étrangère doit être inspirée de cette volonté populaire implacable. Que la Tunisie préserve ses relations, et renforce sa coopération avec la France, les Etats-Unis et d’autres encore est nécessaire, mais ceci doit procéder d’une nouvelle logique qui rompt radicalement avec les méthodes du passé, basées sur la dialectique dominant/dominé. La politique internationale de la Tunisie doit s’inscrire dans une approche autre, celle d’un pays démocratique et souverain, qui n’a pas peur de dire non quand il le faut, même à ses puissants alliés. Il s’agit donc de reconsidérer notre politique étrangère et d’optimiser ce capital de sympathie d’une manière intelligente, en instaurant de nouvelles traditions à même de nous mener progressivement vers des relations équitables, et puis pourquoi pas, à des relations d’égal à égal avec les maîtres du monde.

Source : « GlobalNet » Le 08-11-2011

Tunisie : La Bourse de Tunis a poursuivi ce mardi sa hausse


La Bourse de Tunis évoluait en hausse mardi 8 novembre 2011. Le marché tunisien ne montrait aucun signe de lassitude après trois semaines consécutives en hausse. Les investisseurs se montraient toujours optimistes, permettant ainsi au Tunindex de prendre 0,36%, clôturant à 4718,16 points mais dans un volume d’affaires réduit à 4,941 millions de dinars engendré par l’échange de 986.567 titres.

La balance des variations des cours des actions, de son côté, a été marquée par une tendance nettement haussière avec 27 affermissements alors que 14 valeurs ont été baissières. Carthage Cement a de nouveau été le plus échangé durant la séance avec la rotation de 610.746 titres, soit 62% du volume total de la journée.

Du côté des hausses, SITS a chapoté le tableau des plus fortes progressions de la séance en s’adjugeant 3,85% à 3,500 dinars dans un volume d’échanges notable de 159.018 titres, suivi par Attijari Leasing qui a vu son titre rebondir de 2,99% à 41,960 dinars pour la rotation de 4 titres seulement.

Dans l’automobile, ARTES a grimpé de 2,21% à 9,690 dinars dans un volume d’échanges de 603 titres bien que l’indice de l’Automobile ait reculé de 0,42% au terme de la séance.

A l’inverse, SOTRAPIL se distingue en affichant la plus forte régression de la journée. Le titre a en effet reculé de 2,22% à 13,200 dinars pour la rotation de 1.404 titres, suivi par Assurances Salim qui a vu son titre plier de 1,63% à 30,000 dinars.

Sur la même lancée, GIF et SOTETEL ont respectivement régressé de 1,36% à 5,800 dinars et de 1,23% à 6,400 dinars. Dans le bancaire, ATB affiche un repli de 1,13% clôturant la séance à 6,090 dinars.

Source : « wmc » Le 08-11-2011

Lien : http://www.webmanagercenter.com/management/article-112388-tunisie-la-bourse-de-tunis-a-poursuivi-ce-mardi-sa-hausse

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