TUNISNEWS
7 ème année, N° 2362 du 09.11.2006
AISPP: Communiqué Reporters sans frontières: Tunisie – Déploiement d’un dispositif impressionnant pour empêcher un journaliste algérien de travailler Vérité-Action : Communiqué Tunisie Verte: Beit Hanoun, village martyr en Palestine AFP: Affaire Borrel: un des suspects d’assassinat prêt à s’expliquer (presse) Libre Tunisien: Editorial – Et une de plus ! Mokhtar Yahyaoui: La religion de la politique Le Soir» (Algerie): Marzouki et le bazar de Tartarin
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Cliquez ici pour accéder au reportage exceptionnel de l’AISPP sur la catastrophe humanitaire des prisonniers politiques Tunisiens
Voir également les documents vidéo:
Le Cri De Détresse De La Famille Du Prisonnier Politique Fathi Issaoui
Nouveau témoignage vidéo de l’AISPP sur les multiples condamnations pour les mêmes faits en Tunisie.
(Source : www.nawaat.org )
Liberté pour Mohammed Abbou Liberté pour tous les prisonniers politiques Association Internationale de Soutien aux Prisonniers Politiques 33 rue Mokhtar Atya, 1001, Tunis Tel : 71 340 860 Fax : 71 354 984 09/11/2006 Communiqué
Saber Jazi, qui avait jeté le Coran dans les toilettes.
Comme l’administration de la prison avait infligé une punition (mise au cachot) indifféremment aux deux parties, ses codétenus, les prisonniers politiques Moncef Gmati, Mohammed Abid, Mahjoub Trabelsi, Sofiane Ghazali et Ghaith Ghazouani, observèrent aussitôt un jeûne de deux jours les 6 et 7 novembre et adressèrent une pétition à l’administration pénitentiaire, pour exiger que soit poursuivi en justice le surveillant de cellule Saber Jazi pour avoir profané le Coran
Déploiement d’un dispositif impressionnant pour empêcher un journaliste algérien de travailler
BEIT HANOUN, VILLAGE MARTYR EN PALESTINE
Affaire Borrel: un des suspects d’assassinat prêt à s’expliquer (presse)
Editorial du Libre Tunisien N° 5 Novembre 2006 Et une de plus !
Encore une commémoration dont on se serait passé volontiers. Encore une dont la Tunisie s’en passerait bien ! Une année supplémentaire sous la « biensurveillance » du régime Benalien que grand nombre de tunisiens auraient préféré passer sous d’autres cieux. Une célébration dont notre pays se passerait bien, mais qui semble pourtant de plus en plus déterminante pour son avenir. Au point de se demander si l’histoire du pays n’avancerait plus qu’au rythme de cette date fatidique. Et comment serait-il autrement alors que chaque année écoulée nous entraîne plus loin dans l’inconnu et nous renvoie à la figure les échecs du passé, la stagnation actuelle et les peurs de l’avenir. Chaque célébration de ce funeste anniversaire renvoie dos à dos régime en place et opposition et les met face à leurs devoirs manqués. D’un côté, un régime vieillissant, au pouvoir depuis maintenant 19 ans, déchiré par des luttes intestines qui, paradoxalement, loin de minimiser sa nuisance en amplifie les effets. Un pouvoir politique qui c’est transformé au fil des ans en un syndicat du crime organisé avec ses clans, ses familles et ses règlements de comptes. Des officines secrètes au sein du palais présidentiel aux intentions obscures et aux intérêts contraires à ceux du pays, milices privées au sein des forces de l’ordre à la solde de chacun des clans rivaux et une main mise sur tout ce qui peut ou pourrait rapporter de l’argent. Une telle déliquescence aux plus haut sommet de l’état qu’il en devienne presque impossible d’identifier clairement le rôle et le réel pouvoir de chacun des protagonistes et à leur tête le président lui-même. Le président qui, pour sortir de se bourbier, prépare un deal à la russe en préparant son poulain, l’actuel ministre de la défense, en lui offrant un tremplin constitutionnel sur-mesure. La partie se complique quand on sait que ce diplomate de carrière a été et pour plus de 20 ans loin de la politique intérieure et qu’il lui reste beaucoup à apprendre sur les nouveaux rapports de forces aux plus hauts sommets de l’état. Quant à la gestion des affaires courantes, celles qui n’apportent aucun bénéfice pécuniaire au tenants du pouvoir, elle est devenue l’affaire d’une horde de conseillers et technocrates aussi dépourvus de réels pouvoirs que de convictions politiques. Le plus souvent, produit du parti unique, véritable vivier de bons exécutants d’une politique absurde aux conséquences désastreuses. Face à ce régime, une opposition politique complè-tement absorbée par sa lutte pour l’existence, elle peine à renouveler ses idées et à proposer un véritable projet alternatif, capable de répondre aux véritables besoins des tunisiens et surtout capable de susciter chez eux le désir de l’entreprendre. Un manque d’inspiration qui dure depuis des décennies et qui semble s’aggraver avec le temps. Bien qu’en apparence l’opposition tunisienne semble plus visible pour les observateurs étrangers, elle reste en Tunisie inaccessible à une large majorité des tunisiens. Ce manque de visibilité et donc de popularité, n’est pas seulement imputable aux manquements des barons de l’opposition, le régime avec sa répression aussi redoutable qu’efficace, y est pour beaucoup, mais cela ne change rien aux faits. Le manque d’adhésion aux appels de l’« opposition démocratique » la prive d’un facteur déterminant dans son rapport de force avec le pouvoir en place. Le retour en Tunisie de Moncef Marzouki, bien qu’il soit à saluer, ne pourra malheureusement pas changer grand chose à la donne. Apres seulement quelques jours, il s’est résigné à ne plus quitter son domicile, ne supportant plus les attaques, indignes mais prévisibles, des sbires du régime. Que dire alors des tunisiens ordinaires qui eux ne disposent d’aucune couverture médiatique ou de réseaux de soutiens. Ceux-là malgré leur passivité apparente luttent dans le quotidien pour survivre dans un contexte politique et économique de plus en plus incertain. Pour les maintenir loin de la politique, le régime n’exerce pratiquement plus de pression sur eux laissant au « miracle économique tunisien » le soin de le faire. D’ailleurs le nouveau massacre constitutionnel qui se prépare n’échappera malheureusement pas à l’indifférence de la majorité d’entre eux comme c’est le cas pour la polémique contre le port du voile. Alors le défit pour toute tentative visant à capter l’attention des tunisiens et obtenir leurs soutiens, semble résider dans la capacité de leur présenter un projet alternatif capable de les rassurer sur leurs avenirs. Parce que si les tunisiens sont conscients d’une chose c’est de l’incertitude de ce que leur demain sera fait. Peur de l’avenir qui les pousse à s’accrocher à ce qui existe par crainte de ce qui n’existe pas.
La religion de la politique
Mokhtar Yahyaoui Le hijab est en passe de devenir le symbole d’une lutte planétaire contre un autre aspect de la mondialisation. En France, en Angleterre, en Italie, aux USA et partout dans les sociétés occidentales le hijab est brandi en défit à un ordre mondialiste de pensée réclament le respect d’une diversité et le droit à l’autodétermination culturelle et la défense par un modèle vestimentaire d’une différence qui n’entend pas se dissoudre dans la référence dominant le processus de standardisation de la mondialisation. Par cet aspect, les luttes menées autour du thème du hijab et Nikab partout dans le monde sont à l’avant-garde des combats contemporains pour la liberté et contre la mondialisation dans ses aspects les plus controversés au nom de la domination d’un modèle unique de culture universelle qui relègue le reste de l’humanité en sous cultures arriérée et qui tend vers la suppression de toutes les diversités. C’est cette idée de sous culture qui fait qu’en occident on ne trouve aucun inconvénient à admettre des modèles vestimentaires plus frappant par leur opposition à son modèle. Ainsi des consumes traditionnels asiatiques et africains ne soulèvent aucune controverse parce qu’ils ne sont admis qu’en symbole de survivance de minorités en voie de disparition alors qu’il perçoit le modèle islamique comme une menace à sa domination culturelle. Ce phénomène n’est en réalité que la représentation concrète des véritables tensions qui divisent le monde contemporain et qui expliquent le pourquoi dans le cas du voile islamique ce symbole devient aux yeux des occidentaux le symbole d’idées subversives et de menaces qui mettent en péril sa sécurité et qui justifient l’exception de traitement qui lui est réservé au détriment des principes universels de respect des libertés individuelles et de la pensée. « Le véritable problème aujourd’hui n’est pas dans la religion des sociétés mais dans la religion de la politique qui leur est appliquée. » La contradiction que révèle le comportement occidental face au hijab par apport à ses principes fondamentaux de liberté de conscience et de libertés individuelles n’est pas le seul point à relever dans la défaillance de sa stratégie de domination culturelle planétaire. Dans les pays ou les femmes sont encore soumises à une vie de ghettos et privés des plus élémentaires des libertés qu’un individu doit être pourvu pour accéder au statut humain leur sort n’a jamais inquiété outre mesure les gens civilisé tant qu’il reste contenu dans les limites des frontières de leur pays. Ainsi des régimes autocratiques, qui continuent à faire contraindre leur société à des supplices moyenâgeux de domination pour perpétuer leurs statuts de dominants, sont des partenaires principaux de l’occident dans la lutte contre le terrorisme et dans sa stratégie de sécurité. Le véritable problème aujourd’hui n’est pas dans la religion des sociétés mais dans la religion des politique qui leur sont appliquées. La police de conscience qui chasse les femmes saoudiennes et ailleurs dans les rues et qui leur interdit de sortir sans être totalement couvertes d’un drap noir est la même police de la conscience qui chasse les femmes tunisiennes dans les rues de Tunis pour leur enlever leurs foulards. La religion dans tous les cas n’est que l’alibi pour persécuter des innocents suspectés de ne pas se soumettre aux ordres des dominants. Dans les discours de la propagande de chaque ordre de domination les plus abominables exactions massives commisent contre leurs citoyens son justifiés par la défense de leur religion. En Tunisie « les progressistes », dont une majeure partie considère encore que la religion n’est que l’opium des peuples, sont mal au point devant le double dilemme de ces provocantes pratiques de répression et la progression de l’adoption des signes de conservatisme religieux au sein de leur société. Leur dilemme est plus grand quand ils se trouvent obligés sous la pression de l’actualité d’apporter leur soutien à une frange de la société qu’ils identifient par son apparence extérieure comme leurs véritables adversaires. Quand on se trompe de questions on se trompe nécessairement de conclusion. Face au phénomène du retour du hijab la gauche est restée prisonnière de la formulation de la question faite par la dictature depuis Bourguiba. Au lieu de se convertir en Mufti et se faire entraîner dans le rôle controversé d’interprète de la religion auquel elle n’est pas adaptée la gauche aurait du se maintenir sur la question de principe qui consiste à répondre à la question de savoir si le port du hijab s’inscrit dans l’exercice des libertés fondamentales de l’individu pour ne pas se trouver objectivement dans le même camp idéologique avec la dictature comme elle l’est maintenant. Impliquée dans la tache de fournir une religion à la politique de la répression « les progressistes » se sont trouvé du même coup partenaires d’une politique d’éradication au nom du progrès et de la modernité. Cette alliance objective avec la dictature au nom du progressisme a été battue en brèche à l’occasion de la grève nationale de la faim pour les libertés il y a un an. Depuis la gauche est devisée, pour ceux qui se sont gardés de faire partie de cette action et de son comité de suivie, le travail commun avec les islamistes – en référence au parti Ennahdha interdit- est une alliance contre nature comme l’a stigmatisé le porte parole du pouvoir. En réalité, ce serait de la malhonnêteté d’accuser des opposants qui ont passés leur vies à faire face à tous les dérives du pouvoir depuis 50 ans d’être des alliés de la dictature, mais l’erreur serait plus grave encore d’occulter la contradiction de leur discours et leur manque effarant de vision d’avenir. Dans le douloureux choix dont ils sont confrontés ils n’ont l’option qu’entre deux religions : celui de la glèbe ou celui des seigneurs. Certains de l’autre camp n’ont pas hésité à franchir le pas pour dénoncer dans la vague de répression menée par le pouvoir une guerre menée contre l’islam et les musulmans en Tunisie. Que la religion fait l’objet d’une lutte acharnée cela ne fait plus aucun doute. C’est au nom de l’islam que le pouvoir maintient et renforce sa dictature depuis trois décennies comme c’est aussi au nom de l’islam que s’exerce la véritable contestation qui menace son hégémonie. L’argument fort avancé par la dictature et qui consiste à investir le pouvoir de la mission de faire face à toute utilisation de la religion à des fins politiques a servi en réalité à investir la dictature de l’exclusivité du rôle de senseur de religion. Nous avons tous pu constater au cour du mois de Ramadan l’attention particulière apporté par le pouvoir à la religion, même la répression du port du hijab été présenté au nom de la religion et les plus hauts dirigeants ont du sillonner le pays pour l’expliquer. Sans s’arrêter sur l’usage des mosquées et particulièrement la prière du vendredi pour des fins de propagande par le pouvoir par des imams qui sont de plus en plus des cadres du parti, la mobilisation du pouvoir pour expliquer la religion a atteint cette année un degrés sans précédent. A titre d’exemple 8000 manifestation religieuses ont été programmés dans le seul gouvernorat de Kairouan, dans le gouvernorat de Mahdia voisin 13 000 activité religieuse pour ramadan dont 5571 conférence et leçon de religion, 360 homélies de hadith et sur la vie du prophète, 7191 cercle coranique et 27 concours de récitation du coran1. Avec un ministre aux affaires religieuse au gouvernement et un délégué chargé de la religion dans chaque gouvernorat la religion n’est pas seulement exploitée à des fins politiques mais devient le dernier rempart de la dictature pour assurer sa survie. « C’est au nom de l’islam que le pouvoir maintient et renforce sa dictature depuis trois décennies comme c’est aussi au nom de l’islam que s’exerce la véritable contestation qui menace son hégémonie. » Mêlé au pouvoir la religion ne peut conduire au nom de l’extrémisme ou de la modération qu’à déguiser l’arbitraire dans les habits du sacré. Avant sa chute Saddam Hussein s’est converti en un guide religieux et a inscrit « Allah est grand » sur son drapeau chez nous aussi le problème ne concerne plus la religion des tunisiens mais la religion de la politique qui permet à la dictature de continuer à assurer sa domination. Par la politique de l’éradication de l’extrémisme, la campagne contre le hijab et la lutte contre le terrorisme le pouvoir mène des guerres aux moulins à vent que rien ne justifie concrètement sur le plan intérieur. Sa dernière campagne de ramadan contre les femmes voilé à au moins permis de dévoiler la nature de son agenda : la répression des tunisiennes et des Tunisiens n’est qu’un présent pour prouver son efficacité pour le rôle pour lequel il est maintenu et financé. 1- voir les détails sur le journal Echourouk du vendredi 22 septembre 2006 page 10
(Source : Article paru dans le « Libre Tunisien » N° 5 – Novembre 2006)
Lien : http://libre-tunisien.org/IMG/Le_Libre_Tunisien_No_5.pdf
Marzouki et le bazar de Tartarin