9 novembre 2006

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TUNISNEWS
7 ème année, N° 2362 du 09.11.2006

 archives : www.tunisnews.net


AISPP: Communiqué Reporters sans frontières: Tunisie – Déploiement d’un dispositif impressionnant pour empêcher un journaliste algérien de travailler Vérité-Action : Communiqué Tunisie Verte: Beit Hanoun, village martyr en Palestine AFP: Affaire Borrel: un des suspects d’assassinat prêt à s’expliquer (presse) Libre Tunisien: Editorial – Et une de plus ! Mokhtar Yahyaoui: La religion de la politique Le Soir» (Algerie): Marzouki et le bazar de Tartarin

 

Cliquez ici pour accéder au reportage exceptionnel de l’AISPP sur la catastrophe humanitaire des prisonniers politiques Tunisiens

Voir également les documents vidéo:

 

Le Cri De Détresse De La Famille Du Prisonnier Politique Fathi Issaoui  

Nouveau témoignage vidéo de l’AISPP sur les multiples condamnations pour les mêmes faits en Tunisie.

 (Source : www.nawaat.org )


 

Liberté pour Mohammed Abbou Liberté pour tous les prisonniers politiques   Association Internationale de Soutien aux Prisonniers Politiques 33 rue Mokhtar Atya, 1001, Tunis Tel : 71 340 860 Fax : 71 354 984 09/11/2006 Communiqué

 
L’AISPP a appris que le prisonnier d’opinion Mohammed Taïb, déféré en vertu de la loi sur le terrorisme et actuellement incarcéré à la prison de Mornag, avait subi des provocations le 5 novembre 2005 de la part du surveillant de sa cellule, le « cabrane », nommé

Saber Jazi, qui avait jeté le Coran dans les toilettes.

Comme l’administration de la prison avait infligé une punition (mise au cachot) indifféremment aux deux parties, ses codétenus, les prisonniers politiques Moncef Gmati, Mohammed Abid, Mahjoub Trabelsi, Sofiane Ghazali et Ghaith Ghazouani, observèrent aussitôt un jeûne de deux jours les 6 et 7 novembre et adressèrent une pétition à l’administration pénitentiaire, pour exiger que soit poursuivi en justice le surveillant de cellule Saber Jazi pour avoir profané le Coran

. Le président de l’Association Maître Mohammed Nouri  (traduction ni revue ni corrigée par les auteurs de la version en arabe, LT)


 

Reporters sans frontières 9 Novembre 2006  
TUNISIE

Déploiement d’un dispositif impressionnant pour empêcher un journaliste algérien de travailler

 
L’envoyé spécial du quotidien algérien El Watan, Meddi Adlène, s’est rendu en Tunisie le 1er novembre 2006 afin de réaliser une série de reportages et d’interviewer Moncef Marzouki, le président de la Ligue tunisienne des droits de l’homme. Dès son arrivée sur le sol tunisien, le journaliste a été suivi par des agents des services de renseignements et a dû se plier à des interrogatoires et des fouilles arbitraires. « Le quatrième mandat du président Zine el-Abidine Ben Ali s’inscrit dans la continuité des précédents. En Tunisie, les journalistes sont toujours étroitement encadrés et surveillés par les autorités et ne disposent d’aucune marge de man¦uvre pour informer librement. En général, les journalistes étrangers ne subissent pas de représailles physiques, mais les services de renseignements tunisiens déploient systématiquement un dispositif spectaculaire pour les intimider et les empêcher de faire leur travail », a déclaré Reporters sans frontières. « Toutefois les risques d’agression ne sont pas nuls. Le journaliste du quotidien Libération, Christophe Boltanski, avait été agressé et poignardé, le 11 novembre 2005, à proximité de son hôtel, sous le regard passif de policiers. Et de nombreux militants locaux des droits de l’homme, avocats et leurs familles sont victimes d’un véritable harcèlement », a rappelé l’organisation. Le journaliste algérien Meddi Adlène a été constamment suivi par un groupe de six policiers en civil dès son arrivée en Tunisie alors que des policiers se sont déployés autour de son hôtel. Ses moindres faits et gestes étaient épiés et ses déplacements surveillés par des agents en voiture et à moto. Leur but n’est pas de passer inaperçu mais au contraire d’intimider les interlocuteurs du journaliste pour qu’ils ne témoignent pas. Meddi Adlène s’est également rendu à Sousse (140 km de Tunis) pour rencontrer Moncef Marzouki. Un agent a pris place à ses côtés dans le taxi collectif qui le ramenait dans la capitale, et a passé plusieurs appels téléphoniques durant le trajet pour confirmer que le journaliste se trouvait toujours sous sa surveillance. La voiture a été arrêtée à deux reprises et ses occupants fouillés et interrogés. « Nous sommes habitués à avoir des problèmes en Tunisie, mais là, c’est vraiment allé très loin », a déclaré Fayçal Métaoui, rédacteur en chef d’El Watan. Au pouvoir depuis 1987, Zine el-Abidine Ben Ali est considéré par Reporters sans frontières comme l’un des 35 prédateurs de la liberté de la presse dans le monde.


Vérité-Action Communiqué  

 
Vérité-Action note avec satisfaction la libération de 54 prisonniers politiques tunisiens. Après plus de 15 années de prison, ils retrouvent, enfin, leurs familles et leurs enfants. Vérité-Action félicite les prisonniers libérés, leurs familles et leurs proches pour cet évènement. Elle espère que cette libération soit la fin du calvaire. Elle rappelle que des dizaines d’autres prisonniers politiques restent en prison parmi eux les leaders estudiantins Abdelkarim Harouni et Ajmi Ouirimi et l’avocat militant des droits de l’homme Me Mohamed Abbou. Des dizaines de jeunes sont, également, emprisonnés, victimes de la très controversée loi antiterrorisme. Vérité-Action appelle toutes les composantes de la société civile tunisienne à continuer le combat pour une Tunisie sans prisonniers politiques et rappelle que seule la promulgation d’une loi d’amnistie générale sortira le pays de la crise actuelle. Fribourg, le 08.11.2006 Pour Vérité-Action Mansour Ben Yahya Service de l’information


 « Tunisie Verte »  

BEIT HANOUN, VILLAGE MARTYR EN PALESTINE

Tunis le 9/11/2006
Encore une fois l’armée d’occupation israélienne envahit avec ses chars, soutenus par son aviation, le territoire palestinien à Gaza, sous prétexte d’éliminer les « activistes » c’est-à-dire les résistants. A Beït Hanoun et durant l’opération dite de l’automne, à chaque temps son invasion, le nombre innocent des victimes, est élevé surtout parmi les enfants, femmes et vieillards. 62 morts au premier jour et 20 d’une même famille le 8/11, 2 femmes fauchées dans un cortège de manifestants, l’âge des victimes varie de 4 mois à 75 ans.
Toute l’infrastructure de Beït Hanoun est détruite systématiquement, 220 maisons détruites entièrement et 35 partiellement et non habitables, une mosquée est rasée complètement. A Beït Hanoun, il n’y a plus de route ni de moyens de communication et d’électricité et la vie est devenue impossible. Durant cette campagne meurtrière, des terres agricoles et des petits jardins cultivés avec acharnement pendant des années sont dévastés. Mourir de bombes, de balles et de faim tel est le but de l’opération israélienne.
Et que dirons nous du monde civilisé, en montrant les images des massacres d’enfants et le sang qui coule dans les rues de Beït Hanoun et des flaques de sang dans les hôpitaux, les présentateurs des chaînes de télévision demandent à leurs téléspectateurs de ne pas trop regarder « les horribles images d’enfants blessés suite à l’incursion israélienne dans les territoires palestiniens pour légitime défense » !!!! Le peuple palestinien tout en soignant ses blessures et enterrant ses morts, restera debout et uni autour de son nouveau gouvernement d’union et son organisation l’OLP, car sa lutte est juste.
Nous, militants de « Tunisie Verte », déclarons notre soutien indéfectible au peuple palestinien pour son unité d’abord et son indépendance ensuite et nous croyons à sa longue expérience pour élargir ses moyens de lutte politique et approfondir sa réflexion autour de sa résistance qui doit aboutir à la création de son état indépendant. Nous appelons nos amis verts de par le monde particulièrement, de soutenir la lutte du peuple palestinien et la libération des milliers de prisonniers politiques et de faire une campagne pour une paix juste et équitable.
Le Coordinateur National de « Tunisie Verte » Abdelkader Zitouni

 


Affaire Borrel: un des suspects d’assassinat prêt à s’expliquer (presse)

 
AFP, jeudi 9 novembre 2006    PARIS – Le Tunisien Hamouda Hassan Adouani, un des deux principaux suspects de l’assassinat du juge français Bernard Borrel en 1995 à Djibouti, serait prêt à s’expliquer devant la justice française, a indiqué jeudi le quotidien français Le Monde, précisant l’avoir contacté par téléphone en Tunisie.  La justice française a délivré le 19 octobre des mandats d’arrêt internationaux contre Hamouda Hassan Adouani et Awalleh Guelleh, deux repris de justice considérés comme de possibles exécutants de l’assassinat du juge Borrel.  La juge d’instruction Sophie Clément, chargée de l’enquête, souhaite pouvoir comparer leurs ADN à des empreintes génétiques inconnues retrouvées sur le short du magistrat.  Je « suis prêt à répondre aux questions de la justice française (…) je ne suis pas en fuite, je veux bien qu’on examine mon ADN », a indiqué au Monde M. Adouani qui, selon le quotidien, est revenu s’intaller dans sa ville de naissance, Bizerte, en Tunisie.  Le corps à demi-calciné du juge avait été retrouvé le 10 octobre 1995 au bas d’une falaise, à 80 km de Djibouti, devant l’Ile du Diable.  Après avoir longtemps privilégié la thèse du suicide, l’enquête judiciaire française considère aujourd’hui qu’il s’agit d’un assassinat, en se fondant sur des expertises et des témoignages. La justice française avait délivré début octobre les deux premiers mandats d’arrêt du dossier Borrel à l’encontre du procureur de Djibouti et du chef des services secrets djiboutiens, pour une éventuelle « subornation de témoins ».


 

Editorial du Libre Tunisien N° 5 Novembre 2006 Et une de plus !  

Encore une commémoration dont on se serait passé volontiers. Encore une dont la Tunisie s’en passerait bien ! Une année supplémentaire sous la « biensurveillance » du régime Benalien que grand nombre de tunisiens auraient préféré passer sous d’autres cieux. Une célébration dont notre pays se passerait bien, mais qui semble pourtant de plus en plus déterminante pour son avenir. Au point de se demander si l’histoire du pays n’avancerait plus qu’au rythme de cette date fatidique. Et comment serait-il autrement alors que chaque année écoulée nous entraîne plus loin dans l’inconnu et nous renvoie à la figure les échecs du passé, la stagnation actuelle et les peurs de l’avenir. Chaque célébration de ce funeste anniversaire renvoie dos à dos régime en place et opposition et les met face à leurs devoirs manqués. D’un côté, un régime vieillissant, au pouvoir depuis maintenant 19 ans, déchiré par des luttes intestines qui, paradoxalement, loin de minimiser sa nuisance en amplifie les effets. Un pouvoir politique qui c’est transformé au fil des ans en un syndicat du crime organisé avec ses clans, ses familles et ses règlements de comptes. Des officines secrètes au sein du palais présidentiel aux intentions obscures et aux intérêts contraires à ceux du pays, milices privées au sein des forces de l’ordre à la solde de chacun des clans rivaux et une main mise sur tout ce qui peut ou pourrait rapporter de l’argent. Une telle déliquescence aux plus haut sommet de l’état qu’il en devienne presque impossible d’identifier clairement le rôle et le réel pouvoir de chacun des protagonistes et à leur tête le président lui-même. Le président qui, pour sortir de se bourbier, prépare un deal à la russe en préparant son poulain, l’actuel ministre de la défense, en lui offrant un tremplin constitutionnel sur-mesure. La partie se complique quand on sait que ce diplomate de carrière a été et pour plus de 20 ans loin de la politique intérieure et qu’il lui reste beaucoup à apprendre sur les nouveaux rapports de forces aux plus hauts sommets de l’état. Quant à la gestion des affaires courantes, celles qui n’apportent aucun bénéfice pécuniaire au tenants du pouvoir, elle est devenue l’affaire d’une horde de conseillers et technocrates aussi dépourvus de réels pouvoirs que de convictions politiques. Le plus souvent, produit du parti unique, véritable vivier de bons exécutants d’une politique absurde aux conséquences désastreuses. Face à ce régime, une opposition politique complè-tement absorbée par sa lutte pour l’existence, elle peine à renouveler ses idées et à proposer un véritable projet alternatif, capable de répondre aux véritables besoins des tunisiens et surtout capable de susciter chez eux le désir de l’entreprendre. Un manque d’inspiration qui dure depuis des décennies et qui semble s’aggraver avec le temps. Bien qu’en apparence l’opposition tunisienne semble plus visible pour les observateurs étrangers, elle reste en Tunisie inaccessible à une large majorité des tunisiens. Ce manque de visibilité et donc de popularité, n’est pas seulement imputable aux manquements des barons de l’opposition, le régime avec sa répression aussi redoutable qu’efficace, y est pour beaucoup, mais cela ne change rien aux faits. Le manque d’adhésion aux appels de l’« opposition démocratique » la prive d’un facteur déterminant dans son rapport de force avec le pouvoir en place. Le retour en Tunisie de Moncef Marzouki, bien qu’il soit à saluer, ne pourra malheureusement pas changer grand chose à la donne. Apres seulement quelques jours, il s’est résigné à ne plus quitter son domicile, ne supportant plus les attaques, indignes mais prévisibles, des sbires du régime. Que dire alors des tunisiens ordinaires qui eux ne disposent d’aucune couverture médiatique ou de réseaux de soutiens. Ceux-là malgré leur passivité apparente luttent dans le quotidien pour survivre dans un contexte politique et économique de plus en plus incertain. Pour les maintenir loin de la politique, le régime n’exerce pratiquement plus de pression sur eux laissant au « miracle économique tunisien » le soin de le faire. D’ailleurs le nouveau massacre constitutionnel qui se prépare n’échappera malheureusement pas à l’indifférence de la majorité d’entre eux comme c’est le cas pour la polémique contre le port du voile. Alors le défit pour toute tentative visant à capter l’attention des tunisiens et obtenir leurs soutiens, semble résider dans la capacité de leur présenter un projet alternatif capable de les rassurer sur leurs avenirs. Parce que si les tunisiens sont conscients d’une chose c’est de l’incertitude de ce que leur demain sera fait. Peur de l’avenir qui les pousse à s’accrocher à ce qui existe par crainte de ce qui n’existe pas.

 

(Source : Article paru dans le « Libre Tunisien » N° 5 – Novembre 2006)

 

La religion de la politique

Mokhtar Yahyaoui Le hijab est en passe de devenir le symbole d’une lutte planétaire contre un autre aspect de la mondialisation. En France, en Angleterre, en Italie, aux USA et partout dans les sociétés occidentales le hijab est brandi en défit à un ordre mondialiste de pensée réclament le respect d’une diversité et le droit à l’autodétermination culturelle et la défense par un modèle vestimentaire d’une différence qui n’entend pas se dissoudre dans la référence dominant le processus de standardisation de la mondialisation. Par cet aspect, les luttes menées autour du thème du hijab et Nikab partout dans le monde sont à l’avant-garde des combats contemporains pour la liberté et contre la mondialisation dans ses aspects les plus controversés au nom de la domination d’un modèle unique de culture universelle qui relègue le reste de l’humanité en sous cultures arriérée et qui tend vers la suppression de toutes les diversités. C’est cette idée de sous culture qui fait qu’en occident on ne trouve aucun inconvénient à admettre des modèles vestimentaires plus frappant par leur opposition à son modèle. Ainsi des consumes traditionnels asiatiques et africains ne soulèvent aucune controverse parce qu’ils ne sont admis qu’en symbole de survivance de minorités en voie de disparition alors qu’il perçoit le modèle islamique comme une menace à sa domination culturelle. Ce phénomène n’est en réalité que la représentation concrète des véritables tensions qui divisent le monde contemporain et qui expliquent le pourquoi dans le cas du voile islamique ce symbole devient aux yeux des occidentaux le symbole d’idées subversives et de menaces qui mettent en péril sa sécurité et qui justifient l’exception de traitement qui lui est réservé au détriment des principes universels de respect des libertés individuelles et de la pensée. « Le véritable problème aujourd’hui n’est pas dans la religion des sociétés mais dans la religion de la politique qui leur est appliquée. » La contradiction que révèle le comportement occidental face au hijab par apport à ses principes fondamentaux de liberté de conscience et de libertés individuelles n’est pas le seul point à relever dans la défaillance de sa stratégie de domination culturelle planétaire. Dans les pays ou les femmes sont encore soumises à une vie de ghettos et privés des plus élémentaires des libertés qu’un individu doit être pourvu pour accéder au statut humain leur sort n’a jamais inquiété outre mesure les gens civilisé tant qu’il reste contenu dans les limites des frontières de leur pays. Ainsi des régimes autocratiques, qui continuent à faire contraindre leur société à des supplices moyenâgeux de domination pour perpétuer leurs statuts de dominants, sont des partenaires principaux de l’occident dans la lutte contre le terrorisme et dans sa stratégie de sécurité. Le véritable problème aujourd’hui n’est pas dans la religion des sociétés mais dans la religion des politique qui leur sont appliquées. La police de conscience qui chasse les femmes saoudiennes et ailleurs dans les rues et qui leur interdit de sortir sans être totalement couvertes d’un drap noir est la même police de la conscience qui chasse les femmes tunisiennes dans les rues de Tunis pour leur enlever leurs foulards. La religion dans tous les cas n’est que l’alibi pour persécuter des innocents suspectés de ne pas se soumettre aux ordres des dominants. Dans les discours de la propagande de chaque ordre de domination les plus abominables exactions massives commisent contre leurs citoyens son justifiés par la défense de leur religion. En Tunisie « les progressistes », dont une majeure partie considère encore que la religion n’est que l’opium des peuples, sont mal au point devant le double dilemme de ces provocantes pratiques de répression et la progression de l’adoption des signes de conservatisme religieux au sein de leur société. Leur dilemme est plus grand quand ils se trouvent obligés sous la pression de l’actualité d’apporter leur soutien à une frange de la société qu’ils identifient par son apparence extérieure comme leurs véritables adversaires. Quand on se trompe de questions on se trompe nécessairement de conclusion. Face au phénomène du retour du hijab la gauche est restée prisonnière de la formulation de la question faite par la dictature depuis Bourguiba. Au lieu de se convertir en Mufti et se faire entraîner dans le rôle controversé d’interprète de la religion auquel elle n’est pas adaptée la gauche aurait du se maintenir sur la question de principe qui consiste à répondre à la question de savoir si le port du hijab s’inscrit dans l’exercice des libertés fondamentales de l’individu pour ne pas se trouver objectivement dans le même camp idéologique avec la dictature comme elle l’est maintenant. Impliquée dans la tache de fournir une religion à la politique de la répression « les progressistes » se sont trouvé du même coup partenaires d’une politique d’éradication au nom du progrès et de la modernité. Cette alliance objective avec la dictature au nom du progressisme a été battue en brèche à l’occasion de la grève nationale de la faim pour les libertés il y a un an. Depuis la gauche est devisée, pour ceux qui se sont gardés de faire partie de cette action et de son comité de suivie, le travail commun avec les islamistes – en référence au parti Ennahdha interdit- est une alliance contre nature comme l’a stigmatisé le porte parole du pouvoir. En réalité, ce serait de la malhonnêteté d’accuser des opposants qui ont passés leur vies à faire face à tous les dérives du pouvoir depuis 50 ans d’être des alliés de la dictature, mais l’erreur serait plus grave encore d’occulter la contradiction de leur discours et leur manque effarant de vision d’avenir. Dans le douloureux choix dont ils sont confrontés ils n’ont l’option qu’entre deux religions : celui de la glèbe ou celui des seigneurs. Certains de l’autre camp n’ont pas hésité à franchir le pas pour dénoncer dans la vague de répression menée par le pouvoir une guerre menée contre l’islam et les musulmans en Tunisie. Que la religion fait l’objet d’une lutte acharnée cela ne fait plus aucun doute. C’est au nom de l’islam que le pouvoir maintient et renforce sa dictature depuis trois décennies comme c’est aussi au nom de l’islam que s’exerce la véritable contestation qui menace son hégémonie. L’argument fort avancé par la dictature et qui consiste à investir le pouvoir de la mission de faire face à toute utilisation de la religion à des fins politiques a servi en réalité à investir la dictature de l’exclusivité du rôle de senseur de religion. Nous avons tous pu constater au cour du mois de Ramadan l’attention particulière apporté par le pouvoir à la religion, même la répression du port du hijab été présenté au nom de la religion et les plus hauts dirigeants ont du sillonner le pays pour l’expliquer. Sans s’arrêter sur l’usage des mosquées et particulièrement la prière du vendredi pour des fins de propagande par le pouvoir par des imams qui sont de plus en plus des cadres du parti, la mobilisation du pouvoir pour expliquer la religion a atteint cette année un degrés sans précédent. A titre d’exemple 8000 manifestation religieuses ont été programmés dans le seul gouvernorat de Kairouan, dans le gouvernorat de Mahdia voisin 13 000 activité religieuse pour ramadan dont 5571 conférence et leçon de religion, 360 homélies de hadith et sur la vie du prophète, 7191 cercle coranique et 27 concours de récitation du coran1. Avec un ministre aux affaires religieuse au gouvernement et un délégué chargé de la religion dans chaque gouvernorat la religion n’est pas seulement exploitée à des fins politiques mais devient le dernier rempart de la dictature pour assurer sa survie. « C’est au nom de l’islam que le pouvoir maintient et renforce sa dictature depuis trois décennies comme c’est aussi au nom de l’islam que s’exerce la véritable contestation qui menace son hégémonie. » Mêlé au pouvoir la religion ne peut conduire au nom de l’extrémisme ou de la modération qu’à déguiser l’arbitraire dans les habits du sacré. Avant sa chute Saddam Hussein s’est converti en un guide religieux et a inscrit « Allah est grand » sur son drapeau chez nous aussi le problème ne concerne plus la religion des tunisiens mais la religion de la politique qui permet à la dictature de continuer à assurer sa domination. Par la politique de l’éradication de l’extrémisme, la campagne contre le hijab et la lutte contre le terrorisme le pouvoir mène des guerres aux moulins à vent que rien ne justifie concrètement sur le plan intérieur. Sa dernière campagne de ramadan contre les femmes voilé à au moins permis de dévoiler la nature de son agenda : la répression des tunisiennes et des Tunisiens n’est qu’un présent pour prouver son efficacité pour le rôle pour lequel il est maintenu et financé. 1- voir les détails sur le journal Echourouk du vendredi 22 septembre 2006 page 10

 

(Source : Article paru dans le « Libre Tunisien » N° 5 – Novembre 2006)

Lien : http://libre-tunisien.org/IMG/Le_Libre_Tunisien_No_5.pdf

 


 

Actualités : LE REGARD DE MOHAMED BENCHICOU

Marzouki et le bazar de Tartarin

soirmben@yahoo.fr J’ai écouté parler deux hommes, cette semaine, le désespérant Yazid Zerhouni et le courageux opposant tunisien Moncef Marzouki. Et ce que j’en déduis n’est pas à l’honneur de nos élites : il se produit quelque chose de très sérieux au Maghreb, une sorte de réveil démocratique, dont l’Algérie semble non seulement étrangère mais, plus grave, de plus en plus exclue, par la faute de l’apathie générale et de la répression d’un pouvoir autoritaire, corrompu, grabataire, sourd aux nouvelles idées qui secouent la planète. Au Maroc, sous l’impulsion ou le consentement du jeune roi Mohammed VI, une nouvelle société civile voit le jour, avec ces jeunes hommes et ces jeunes femmes qui brisent des tabous séculaires, imposent des débats impensables, de la liberté de la femme à celle de la presse, lancent d’incroyables défis aux puissances de la régression sociale. C’est le pays tout entier qui paraît connecté à l’essor mondial. En Tunisie, où les choses sont moins mûres, un important mouvement contestataire pointe le nez, une “résistance civile qui utilise tous les moyens pacifiques pour imposer ses droits et libertés”, pour reprendre les termes de Moncef Marzouki. Le pouvoir de Ben Ali le sait depuis octobre 2005 et l’imposante grève de la faim menée, avec succès, par des opposants sous les caméras étrangères : la Tunisie de la dictature n’en a plus pour longtemps. Chez nous, tétanisés par le terrorisme intégriste et le gourdin des gouvernants, nous en sommes encore à nous taire devant les éclats de voix du pouvoir, à lui laisser l’initiative de nous débarrasser de l’islamisme en échange de notre silence, pour ne pas dire de notre obséquiosité, et à s’émouvoir, ensuite, qu’il marchande avec l’intégrisme sur notre dos. Les uns lui prêtent leur plume, les autres s’en font les bouffons. Nous avons le talent de brader un demi-siècle de luttes pour un plat de lentilles, de tourner magnifiquement le dos à notre responsabilité historique, nous avons le talent, plus pathétique, de nous acheter des réputations surfaites au bazar de Tartarin. On se plaît à polémiquer avec Yasmina Khadra et à s’émouvoir de débats enfantins à l’heure où se joue le destin d’un pays partagé entre un pouvoir corrompu et la charogne intégriste. Nous sommes fiers d’abdiquer notre fierté aux pieds de ces deux monstres hideux de la tragédie algérienne, de leur abandonner le soin de trouver un pacte entre eux, et de ne même pas nous en informer. Qui reprocherait au régime de Bouteflika, pendant ce temps, de profiter de l’aubaine ? C’est-à-dire de continuer de traiter une question de vie et de mort, la question du terrorisme et de l’intégrisme, par le mensonge de l’arracheur de dents et la fourberie du chevillard. Regardez-le qui s’amuse à agiter l’épouvantail intégriste au nez de la société pour la dissuader de bouger, de manifester, de revendiquer. Ecoutez-le mentir pour se donner, aux dépens de la République, les airs du pouvoir intraitable et responsable. Car, pendant que Yazid Zerhouni, d’une voix désabusée, nous donne de faux chiffres sur le nombre d’islamistes armés, les maquis se repeuplent, les attentats se multiplient et les négociateurs intégristes, confortés par le regain de violence, obtiennent de la République qu’elle se déculotte chaque jour un peu plus. Car enfin, M. le ministre, quand vous jurez, avec l’air docte du marabout devant sa boule de cristal, que 80% des hommes armés ont quitté les maquis depuis le référendum sur la Charte, cela sous-entend que les innombrables tueries d’aujourd’hui sont l’œuvre des 20% qui restent sourds à vos avances. Si peu d’hommes pour autant de boucheries ? Voilà qui devient ennuyeux. Vous placez l’opinion devant un dilemme inconfortable : donner crédit à la thèse du qui-tuequi ou se gausser de vos professions de foi. Pour ma part, n’étant pas encore gagné par les suspicions à la mode, je préfère encore rire de vos chiffres. Mais pour combien de temps encore ? Notre ministre devrait songer à contrôler sa vieille tentation pour la bêtise laquelle, il devrait enfin le savoir, consiste à avoir une réponse à tout. Justifier l’échec d’une entreprise politique par la menterie est un exercice fort périlleux. Il faut avoir de sérieuses prédispositions pour le canular. En bon policier, M. Zerhouni devrait savoir que le commissaire San-Antonio a dit qu’un politicien ne peut faire carrière sans mémoire, car il doit se souvenir de toutes les promesses qu’il lui faut oublier. Et il est déjà l’heure d’oublier vos illusoires engagements à rétablir la paix par la voie pétainiste. A quoi bon s’obstiner devant l’évidence ? Les maquis se sont reconstitués et les intégristes ont été remis sur selle. Il faut devoir, à présent, expliquer et s’expliquer plutôt que de s’adonner aux charmes des fables pour enfants. C’est votre devoir majeur devant les générations futures. Avant San-Antonio, Winston Churchill avait laissé cette sage définition à l’intention des postulants à la postérité : “Un bon politicien c’est celui qui est capable de prédire l’avenir et qui, par la suite, est également capable d’expliquer pourquoi les choses ne se sont pas passées comme il l’avait prédit.” Au lieu de cela, nos dirigeants s’enfoncent dans le discours autosuffisant, heureux de ne rencontrer aucun contradicteur qui mettrait à nu leurs mensonges, ravis d’évoluer seuls sur une scène désertée par les élites, les intellectuels et les partis d’opposition, s’adonnant à un vil négoce : leur survie contre la réhabilitation politique des intégristes. Allons-nous laisser plus longtemps un pouvoir corrompu négocier pour nous notre propre avenir ? Allons-nous laisser plus longtemps se dérouler sous nos yeux cet infâme assassinat du projet démocratique algérien ? Saurons-nous protéger nos enfants de l’inquiétante avancée des idées intégristes ? Un silence lâche s’accompagne toujours d’une douce résignation puis d’un coupable renoncement. On sait où commence l’abdication : par une manchette sur l’écrivain Anouar Abdelmalek, un petit appel au meurtre versé comme gage à de loyaux ralliements, ou une chaleureuse poignée de mains à Rabah Kébir. On ne sait pas où elle finit. Notre démission aurait de funestes conséquences pour les prochaines années. Qu’avonsnous à craindre de plus redoutable que le déshonneur ? Le combat contre le terrorisme intégriste est l’affaire de la société, pas du régime corrompu. Nous ne pouvons plus laisser le pouvoir instrumenter la violence pour sa propre survie. Utiliser le terrorisme pour briser l’essor de la société. Or, c’est précisément ce que dit Moncef Marzouki : “Les régimes arabes ne survivent que grâce à la violence, car sans le phénomène du terrorisme, ces régimes seront confrontés à leurs propres indigences.” (1) Et c’est là qu’intervient le cas Marzouki. S’il nous fallait une leçon de courage, prenons celle qui nous vient de Tunisie, de cet homme de 61 ans, chef d’un parti d’opposition non reconnu, qui choisit de quitter son exil en France où il est établi depuis cinq ans en tant que professeur de médecine, pour rentrer dans son pays et affronter, sur son terrain, la dictature de Ben Ali. Moncef Marzouki n’ignore rien de ce qui l’attend : le jour même de son arrivée à Tunis, il est convoqué devant le juge d’instruction pour répondre de l’accusation d’“incitation de la population à la désobéissance civile”. Que lui reproche-t-on ? D’avoir déclaré sur la chaîne Al Jazeera que “la seule riposte d’une population lassée de la répression et de la corruption est d’entrer dans une résistance civile en utilisant tous les moyens pacifiques pour imposer ses droits et libertés”. Pas moins. Marzouki ne se contente pas de jeter un pavé dans la mare à partir de l’Europe. Après cette tonitruante déclaration, il donne l’exemple et entre luimême en résistance, dans son pays. “Ici en Tunisie, mon pays, je suis encerclé, isolé, mais à partir du moment où j’ai lancé un appel à la résistance civique et pacifique, je ne pouvais plus rester à Paris”, dit-il au journaliste d’ El Watan qui l’a rencontré. Le régime de Ben Ali est dérouté par cet opposant qui le nargue sur son sol. Et qui, surtout, le pousse aux situations extrêmes. Marzouki s’engage à ne pas retourner en exil, affirmant son droit au sol et refuse de comparaître devant, dit-il, “une justice de simulacre pour répondre de violations de pseudo-lois édictées par un pseudo-Parlement et dont la seule finalité est d’habiller de légalité démocratique, la fourberie et la brutalité de la dictature”. Le régime lui ayant envoyé des voyous pour le corriger, il décide de ne plus sortir de son domicile et se déclare assigné de facto à résidence. “Je resterai donc dans ma maison encerclée par la police politique, jusqu’à un changement radical de la situation politique me permettant ainsi qu’à tous les Tunisiens de marcher librement dans les rues et d’exercer tous nos droits et libertés sans peur ni restrictions.” Cet homme a des vérités en tête et compte bien les dire. Il sait tout sur le régime de Ben Ali et sur la façon de conduire la Tunisie vers la démocratie. La Tunisie et le reste. “Le Maghreb ne peut se construire sans démocratie”, dit-il au journaliste d’ El Watan. Il sait que cela lui coûtera cher, mais il sait que la liberté a un prix qu’il faut savoir payer. Race nouvelle ? Méditons cet exemple si proche de nous.
M.B.
(1) Pour en savoir plus sur Marzouki, consulter son site Internet : www.moncefmarzouki. net, bloqué en Tunisie PS : Zoubir Souissi vient de publier un livre qu’il convient de ne pas rater. D’abord parce qu’il restitue la mémoire oubliée d’une Algérie récente, ardente et que notre confrère semble chanter avec des mots amers. Ensuite parce que l’ouvrage est l’œuvre d’un journaliste qui a autorité, par son parcours et son talent, à farfouiller dans les pires recoins de notre passé et qui ne se gêne pas pour le faire. La tête de l’orphelin mérite une caresse.  
(Source : « Le Soir» (Algerie), le 7 novembre 2006)


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