23 novembre 2007

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TUNISNEWS
8 ème année, N° 2741 du 23.11.2007

 archives : www.tunisnews.net
 

 

 


 C.R.L.D.H. Tunisie: La justice tunisienne poursuit et condamne des citoyens dont l’irresponsabilité pénale est avérée. C.R.L.D.H. Tunisie: Violences policières et instrumentalisations politiques dans les milieux estudiantins. AFP: La Tunisie sur la sellette devant le Comité de l’ONU contre la torture Mouwaten Rakib: 40 Conseillers à la présidence de la république tunisienne : Quel gâchis ! Larbi Guesmi : Réponse à l’article intitulé « Lettre ouverte à une femme voilée »  
Réalités: Un parti religieux en Tunisie ?

 


 

Comité pour le Respect des Libertés et des Droits de l’Homme en Tunisie

Membre du Réseau Euro méditerranéen des Droits de l’Homme

 

21ter rue Voltaire – FR-75011 PARIS  – Tel/Fax : 00.33. (0)1.43.72.97.34

contact@crldht.org / www.crldht.org

 

La justice tunisienne poursuit et condamne des citoyens dont l’irresponsabilité pénale est avérée.

 

             Lors de l’audience du 17 novembre 2007, la quatrième chambre criminelle du Tribunal de Première instance de Tunis,  présidée par le juge Mehrez Hammami, a rendu son jugement dans l’affaire 11089 qui a condamné 26 jeunes citoyens, accusés d’avoir commis les crimes punissables en vertu de la loi antiterroriste de décembre 2003,  à des peines d’emprisonnement variables de trois à quinze ans assorties d’un  contrôle administratif de plusieurs années.

 

             L’inculpé Mimoun Alloucha, 27 ans, qui se trouve depuis son arrestation et sa détention en prison dans un sale état en raison de la torture sauvage et des sévices sexuels qu’il a subis, des graves violations qui ont affecté encore plus sa santé mentale jugée atteinte par les professionnels depuis 2003 lors d’une expertise médicale autorisée par le tribunal et signée par un médecin chef de service des maladies psychiatriques qui l’a considéré irresponsable pénalement en raison d’un état délirant chronique et d’un manque de faculté de discernement et de jugement. Or cet inculpé se trouve condamné à 15 ans de  prison ferme et 15 000 DT d’amende !!

 

Le prisonnier Mohamed Amine Dhiab souffre également des mêmes perturbations  mentales, aggravées par le calvaire sans nom qu’il a dû subir pendant les séances de torture qui lui ont fait perdre à jamais la faculté de parler et se trouve depuis handicapé à vie puisqu’il ne peut plus marcher. Avant son arrestation, Mohamed Amine a été  suivi médicalement pour  troubles mentaux et a été précédemment relaxé dans une autre affaire  pour « Irresponsabilité pénale ».

 

Son procès s’ouvrira devant le tribunal de première instance de Tunis à partir du 1er décembre avec  vingt huit autres Tunisiens présumés terroristes inculpés de « complot contre la sûreté de l’Etat ». Ces prévenus membres du « groupe de Soliman » seront  jugés sur les affrontements sanglants qui ont eu lieu en décembre 2006 et janvier 2007, à Hammam-Lif et  à Soliman, à 30 km au sud de Tunis.

           Rappelons que pour ces 29 inculpés, dix chefs d’accusation ont été retenus contre eux et encourent la peine capitale. Il s’agit entre autres de : tentative d’attaques préméditées visant à renverser le régime, assassinat, maniement d’armes et d’explosifs et adhésion à une organisation terroriste….

 

           Mimoun Alloucha et Mohamed Amine Dhiab n’ont pas à être jugés alors que leur santé mentale est affectée et considérés comme irresponsables par des professionnels attitrés. Leur place est par conséquent dans un hôpital psychiatrique pour recevoir les soins nécessaires.

 

           Le CRLDHT considère que le jugement et la condamnation  de ce deux inculpés sont nuls et appelle à leur  relâchement sans délai afin qu’ils puissent se soigner.

 

            Il exige la poursuite des tortionnaires, coupables de crimes de torture ayant provoqué définitivement des handicaps profonds entraînant l’immobilité et la privation de l’usage de la parole.

 

Paris, le : 23/11/2007

 


C.R.L.D.H. Tunisie

 

Comité pour le Respect des Libertés et des Droits de l’Homme en Tunisie

Membre du Réseau Euro méditerranéen des Droits de l’Homme

 

21ter rue Voltaire – FR-75011 PARIS  – Tel/Fax : 00.33. (0)1.43.72.97.34

contact@crldht.org / www.crldht.org

 

 

Violences policières et instrumentalisations politiques dans les milieux estudiantins.

 

Le CRLDHT suit avec préoccupation la situation explosive dans l’université tunisienne en raison de graves violations et atteintes physiques suivies par des arrestations enregistrées sur un nombre de militants syndicalistes, membres de l’Union Générale des Etudiants Tunisiens (UGET) ainsi que des dirigeants de l’Union Nationale des Chômeurs diplômés.

 

            La crise a éclaté ce jeudi 15 novembre 2007 à la faculté des sciences humaines et sociales du 9 avril, à la suite de manifestations organisées par les deux structures indiquées pour célébrer le 17 novembre 2007, la journée internationale de l’Etudiant. La faculté  a été investie et l’immunité de l’enceinte universitaire violée par des brigades d’intervention, armées de gourdins et de  matraques, semant la terreur en son sein et provoquant des séquelles corporelles diverses sur un grand nombre d’étudiants. Le doyen de la faculté, M. Hmaîed Ben Aziza a également été victime de violences physiques et verbales. Quant aux étudiants, ils ont été pourchassés à la sortie de la faculté, dans les rues et quartiers avoisinants jusqu’aux hôpitaux  de Charles Nicole et Rabta où des blessés  se sont rendus pour se soigner. Le jeune Amir Hammami a été violemment extirpé du service hospitalier de Charles Nicole au vu et au su de l’équipe médicale et des malades, présents dans le service. Salem Ayari, Hafnaoui Ben Othmane, Kamel Boussâa et Jaber Meskini ont, quant à eux, dû quitter l’hôpital Rabta sous les coups et les insultes.

 

Le samedi 17 novembre au soir, plusieurs dizaines de la police politique, armés de matraques,  ont procédé au ratissage du centre ville de la capitale, à la recherche des dirigeants étudiants. Près d’une vingtaine a été kidnappée, violemment agressée et abandonnée dans la forêt du Belvédère.  Parmi eux, le jeune Salem Ayari, 1er coordinateur de l’Union Nationale des Chômeurs diplômés, Belgacem Ben Abdallah et Walid Azzouzi de la même structure. Les étudiants  Abderraouf Saïd, Slah Aouiti, Youssef Ben Moussa, Ahmed Sassi, Walid Mihoub,  Nasr El Hajji, Témime Daïkhi, Mehdi Daghouti, Kaïs Maztouri et Fouad Sassi, militants de l’UGET, ont eu le même sort.

 

Ces graves violations surviennent dans un climat de tension au sein de l’université tunisienne en raison de la grève générale des corps enseignants universitaires et chercheurs

décidée par la  Fédération Générale de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique pour les Lundi et Mardi 19 et 20 novembre 2007,  revendiquant l’amélioration du niveau de vie des universitaires et par la création d’une prime de dépenses pédagogiques de 300 dinars par mois pour l’ensemble des corps et des grades,  le doublement de la prime de rendement et la démocratisation de la gestion des institutions universitaires. Cette grève vient dénoncer l’attitude agressive du Ministère de l’enseignement supérieur qui fait la sourde oreille face à ces revendications légitimes ainsi que les mesures unilatérales prises par le ministère à propos de la révision en cours de la loi d’orientation de l’Enseignement Supérieur qui est entrain  de la présenter au Parlement dans sa version initiale malgré les amendements multiples  proposés.

Conscients que le combat des enseignants vise avant tout à l’amélioration du  rendement scientifique de l’Université Tunisienne et de son avenir, l’UGET a décidé de participer à cette grève nationale d’enseignants qui, d’après M. Sami Aouadi, secrétaire général du syndicat universitaire a été largement suivi avec un taux de réussite de 80 à 90%.

Ces agressions viennent exprimer un malaise réel de la part du pouvoir politique Tunisien face à cette synergie que concourent les différents acteurs de l’Université tunisienne, enseignants, diplômés et étudiants.

             Le CRLDHT dénonce avec vigueur l’usage systématique de la violence par les forces de police contre des étudiants et dirigeants syndicalistes qui usent de leurs droits fondamentaux à l’expression et à la manifestation  pacifique.

              Il affirme son soutien total à la cause des enseignants tunisiens et pour le respect du droit syndical.

              Il rappelle à l’Etat tunisien ses engagements de protéger les citoyens dans l’exercice de leurs  libertés fondamentales et exige la poursuite des commanditaires de ces violences.

Paris le : 23/11/2007


 

 

 

La Tunisie sur la sellette devant le Comité de l’ONU contre la torture

 

AFP, le 23 novembre 2007 à 14h00

 

GENÈVE, 23 nov 2007 (AFP) – Le Comité de l’ONU contre la torture a condamné la Tunisie pour le passage à tabac d’un militant des droits de l’Homme et a déclaré recevable la plainte pour torture et

mauvais traitements d’une franco-tunisienne, a-t-on appris vendredi de sources concordantes.

 

M. Ali Ben Salem, âgé à l’époque de 67 ans, a été roué de coups le 26 avril 2000 dans un commissariat de Tunis après avoir été arrêté alors qu’il accompagnait des journalistes venus soutenir leur confrère Tawfik Ben Brick. Celui-ci menait une grève de la faim pour protester contre la confiscation de son passeport.

 

M. Ben Salem, fondateur du Conseil National pour les Libertés de Tunis (CNLT) et de l’Association Tunisienne de Lutte contre la Torture (ALTT) avait été aspergé de gaz lacrymogène et roué de coups

jusqu’à ce qu’il perde connaissance. Des examens médicaux avaient ensuite diagnostiqué de graves lésions de la colonne vertébrale, un traumatisme crânien et des contusions.

 

Réuni en session à Genève jusqu’à vendredi, le Comité contre la torture, composé de dix experts indépendants, a estimé que les violences infligées au sexagénaire constituaient un acte de torture, selon un document auquel l’AFP a eu accès.

 

Les experts de l’ONU ont demandé à la Tunisie de mener une enquête immédiate et de punir les coupables.

 

Mme Saadia Ali, une franco-tunisienne habitant à Paris, âgée de 47 ans à l’époque des faits, a porté plainte devant le Comité de l’ONU pour avoir été rouée de coups jusqu’à l’évanouissement par un garde dans les geôles du tribunal d’instance de Tunis le 22 juillet 2004 après une altercation avec un fonctionnaire du tribunal.

 

Amenée ensuite de force devant une juge, celle-ci lui avait notifié une peine de trois mois d’emprisonnement avec sursis. Une fois libérée, Mme Ali avait constaté qu’elle avait été délestée de son argent et d’une bague. Un médecin urgentiste avait relevé de multiples ecchymoses et contusions ainsi qu’un traumatisme crânien, selon un document qu’a pu se procurer l’AFP.

 

Le Comité de l’ONU contre la torture a donné deux mois aux autorités tunisiennes pour enquêter sur les faits.

 

AFP

 


 

 

 Point de vue

40 Conseillers à la présidence de la république tunisienne : Quel gâchis !

Par Al Mouwaten Rakib

 

Dans aucun pays de ce monde, un service d’un Président de la république ou d’un roi ou d’un empereur n’a autant de Conseillers et de collaborateurs que celui de Ben Ali en Tunisie! Entre Ministre d’Etat Conseiller spécial, Ministre Directeur de cabinet, Ministre Conseiller, Premier Conseiller avec rang de Ministre, Conseiller principal avec rang de Secrétaire d’Etat, Conseiller avec rang de Secrétaire Général en plus du Secrétaire Général de la présidence avec rang de Ministre et autres Chargés de mission avec rang de Directeur général et PDG d’entreprises publiques avec rang de Conseiller principal et Directeur de la sécurité présidentielle avec rang de Premier Conseiller lui-même avec rang de Ministre, on ne comprend plus rien et on frise carrément le ridicule[1] !

 

J’ai recensé moi-même en tant que simple citoyen tunisien qui suit l’actualité, 40 Conseillers (avec rangs divers, Ministres, Secrétaires d’Etat…) que je peux vous nommer un par un ! Je sais en même temps qu’il y’en a d’autres cachés derrière les bureaux dorées et les couloirs feutrés du Palais de Carthage!

 

Chacun sait maintenant que la Tunisie est gouvernée par deux gouvernements, l’un officiel composé de simples « pions » et exécutants qu’on nomme « Ministres » et « Secrétaires d’Etat » et puis un deuxième gouvernement « officieux » qui lui détient les vrais pouvoirs et dirige le pays avec des Ministres et Secrétaires d’Etat qu’on nomme « Premier Conseiller » et « Conseiller principal »! On appelle ça de la « bonne gouvernance » en Tunisie ! Et on est même récompensé par les Rois du zèle pour cette bonne gouvernance issue de ces organigrammes et de cette architecture organisationnelle digne d’un ouvrage de référence de la Harvard Business School !!

 

Pour notre cher Président Ben Ali, de deux choses l’une : Ou bien il est super intelligent et il a bien compris avant tout le monde qu’en politique, il faut avoir le sens de « la délégation » et par suite il a nommé 40 Conseillers à qui il délègue les sous tâches de son travail titanesque, ou bien on est face à un Président ignorant et incompétent qui a besoin de 40 Conseillers pour lui expliquer le comment du comment!

 

Mais ce qui est le plus malheureux pour nous citoyens et pour notre pauvre pays, c’est que ces 40 Conseillers perçoivent des salaires (de Ministres et de Secrétaires d’Etat), des primes, roulent en berline avec chauffeur, sans oublier la gratuité du carburant (en même temps nous citoyens, subissons la hausse du prix de pétrole), le gardien et la bonne à la maison et la deuxième voiture avec chauffeur pour Madame la femme du Conseiller !

 

Au mieux,  la bonne gouvernance n’imposerait elle pas la suppression et le licenciement de 30 Conseillers et de créer à la place, des emplois pour au moins une centaine de diplômés du supérieur en chômage[2] ??!!

 

[1] Le plus ridicule de ces postes c’est celui du machiavélique Abdelaziz Ben Dhia qui (tenez vous bien !) est Ministre D’Etat, conseiller spécial, porte parole officiel de la présidence de la république ! A signaler qu’au Premier ministère on accumule aussi ces postes ridicules avec un prix spécial pour Mehdi Mlika, le neveu de Ben Ali, qui se fait « appeler » Ministre Premier Conseiller auprès du Premier Ministre !!!

 

[2] Le calcul est simple : admettons qu’en moyenne un Conseiller perçoit 4000 d par mois avantages et charges fixes inclus. Avec 30 Conseillers en moins, nous aurons 120.000 d par mois qui se libère du budget de l’Etat et qu’on pourrait utiliser pour créer de l’emploi à au moins cent diplômés avec même des salaires de 1000 d par mois. D’autant plus que ces fameux Conseillers ont atteint pour une majorité d’entre eux l’âge de la retraite depuis belles lurettes !

 

 

 

Lettre ouverte à une femme voilée

Par Foued Zaouche

 

Mon intention est extrêmement respectueuse et j’aimerais entamer un dialogue avec les femmes qui portent le voile, un dialogue fructueux, dans la dignité et le respect, comme celui que l’on peut avoir avec des esprits ouverts et intelligents. Si personne ne doute de la liberté individuelle de porter ou de ne pas porter le voile, il faut expliquer ce que peut signifier le port du voile islamique et ses conséquences sociales et juridiques.

 

Zyed Krichen, dans Réalités de la semaine dernière, a parfaitement posé la problématique dans son éditorial et dans son article qui relate les tribulations juridiques d’une enseignante en conflit avec son autorité de tutelle à propos du port du voile.

 

Je voudrais poser une seule question aux Tunisiennes qui ont choisi de porter le voile islamique, et cette question, je ne la poserais pas à l’Algérienne, ni à la Marocaine, ni à l’Egyptienne et certainement pas à la Saoudienne, car celles-ci ne disposant pas des mêmes droits, cela n’aurait aucun sens pour elles. La question est celle-ci : savez-vous qu’en décidant de porter le voile, vous renoncez volontairement à tous vos droits juridiques actuels car ceux qui vous inspirent sont pour l’application de la Charia qui fait de vous des mineures sur le plan juridique ? Ce qui signifie que vous ne pourrez plus ni voyager seule, ni disposer de la personnalité juridique qui vous permet d’avoir un compte en banque, ni commercer en toute liberté sans l’autorisation de votre mari ou de votre père. Vous retomberez sous l’emprise totale des hommes, ce qui représente une insulte à vos mères et à vos grands-mères, ces femmes admirables qui ont milité pour l’émancipation des femmes tunisiennes et lutté courageusement pour l’abandon du port du voile, une pratique qui était l’expression d’une soumission éhontée. Comme le dit très justement Zyed Krichen dans son éditorial, les textes coraniques sont beaucoup plus explicites sur la répudiation et la polygamie qu’ils ne le sont sur le voile. La femme tunisienne risque de se retrouver, à Dieu ne plaise, confrontée à de vieilles pratiques rétrogrades heureusement bannies de notre pays, pour son honneur.

 

Evidemment, la femme tunisienne peut me rétorquer que le fait de porter le voile est une affaire de croyance personnelle, un acte de liberté et qu’elle ne se sent pas engagée par toutes ces considérations sociales et politiques. Cela est l’expression d’une immense naïveté ou d’une rouerie calculée car ce qu’on appelle le voile islamique est l’étendard affirmé et évident depuis les années 80 d’une doctrine militante extrêmement organisée et d’une dangereuse efficacité, il suffit d’observer son action en Egypte où elle est devenue le terreau d’un prosélytisme effrayant à l’origine d’une chape de plomb culturelle qui s’est abattue sur ce pays, naguère si joyeux.

 

Et pour celles qui croient « avoir le beurre et l’argent du beurre », c’est-à-dire, porter le voile et conserver les droits que leur confère le Code du Statut Personnel, elles se trompent totalement. En choisissant de porter le voile islamique, la femme tunisienne s’engage dans une doctrine dont la principale revendication est de restaurer la Charia. Chaque Tunisienne qui le porte devient une militante active, parfois malgré elle, de cette idéologie extrémiste qui n’est pas prête à ce genre de concessions sous peine de disparaître et en rappelant le pouvoir exorbitant que donne la Charia aux hommes sur leurs compagnes, réduites à être des mineures « taillables et corvéables à merci ».

 

Alors, à celles-ci, à ces Tunisiennes qui croient conserver leurs droits tout en portant le voile islamique, je les implore de poser des questions, de demander aux Imams, aux docteurs de la religion et à tous ceux qui se targuent de recommander le port du voile comme une obligation divine. Demandez-leur si vous perdrez vos droits si, par malheur, la Charia était imposée dans notre pays et ce que cela signifierait pour les femmes. Et s’ils vous disent le contraire, demandez-leur ce que signifie alors le fait d’être islamiste si ce n’est pas pour appliquer la Charia. Il faut se méfier des belles promesses de ceux qui ne cherchent qu’à séduire… Renseignez-vous sur le statut juridique de la Saoudienne ou de l’Iranienne, même si celle-ci peut faire illusion car elle va à l’Université et conduit sa voiture. Demandez à cette dernière quel est son statut juridique réel, dans les faits ; elle vous racontera peut-être comment elle peut faire l’objet de vexations de n’importe quel homme qui trouverait son foulard mal ajusté, laissant apparaître quelques mèches coupables ou comment n’importe quel « tartempion » peut s’arroger le droit d’interpeller une femme dans la rue pour lui adjoindre de respecter la religion, du moins celle que son esprit borné a pu en comprendre.

 

Combien je suis sincèrement peiné par l’aveuglement de celles qui portent le voile car elles risquent de nous entraîner dans un aventurisme effrayant pour notre pays qui a tant besoin de toutes ses énergies pour gagner la bataille du développement. Comment concilier notre volonté d’être un pays de services, c’est-à-dire tolérant, ouvert et accueillant, avec une doctrine passéiste et moralisatrice qui ne peut fleurir que dans les pays pétroliers dont les rentes leur permettent de se passer des autres. Nous, nous avons besoin de toutes nos femmes et de tous nos hommes pour construire notre pays dans ce monde violent et cynique. La petite Tunisie, sans ressources d’hydrocarbures ni minières, a besoin de l’ensemble de ses potentialités œuvrant pour une dynamique de progrès et d’exigence.

 

Je ne doute pas de la conviction et de la sincérité de la majorité des femmes qui portent le voile… A elles, je voudrais dire que l’amour de Dieu est au delà d’une tenue vestimentaire et répéter ce que j’avais écrit dans un précédent article, ce n’est pas à la femme de se voiler mais à l’homme de voiler son désir, le seul coupable de cette aberration d’un autre âge.

 

Je voudrais clore ce énième article que je consacre au voile par l’expression sincère du respect que je porte à l’Islam, celui de l’Ijtihad, celui du dépassement de soi, celui de l’exigence personnelle. L’Islam n’est pas une idéologie politique. Nul ne peut juger mon action, je n’en suis comptable que par rapport à Dieu et à Lui seul. Ceux qui vous disent le contraire vous utilisent. Pour le reste, les lois de la République se chargent d’administrer notre vie terrestre dans le respect de la liberté qui s’arrête où commence celle de l’autre.

 

L’argument avancé par les islamistes, qui veulent faire du port du voile un simple acte de liberté individuelle qui ne concerne que son auteur, est trompeur. Ils devraient être plus explicites sur le rétablissement de la Charia, qui est l’essentiel de leur programme et sur ses conséquences sur le statut juridique de la femme tunisienne

.(Source : « Réalités », N° 1140 du 1er novembre 2007

 

 

Réponse à l’article intitulé « Lettre ouverte à une femme voilée »

Par Foued Zaouche, publié sur la revue « Réalité » le 1.11.2007

 

Mon intention est extrêmement respectueuse et j’aimerais entamer un dialogue avec les femmes qui portent le voile, un dialogue fructueux, dans la dignité et le respect, comme celui que l’on peut avoir avec des esprits ouverts et intelligents. Le dialogue sérieux et fructueux ne peut se faire qu’entre des personnes libres, alors que dans le contexte actuel, ni toi, ni les femmes que tu veux dialoguer avec n’êtes libres. Toi, bien que libre de corps tu ne l’es apparemment pas d’esprit car tu ne fais que l’éloge de la dictature et rien de plus. Et les femmes que tu veux dialoguer avec, bien que libres d’esprit et d’âme ne le sont pas quant à la possibilité de pouvoir s’exprimer. Le simple fait que tu évoque les termes « esprits ouverts et intelligents » montre bien quel respect tu as envers ces femmes ! Si personne ne doute de la liberté individuelle de porter ou de ne pas porter le voile Oses-tu dire ceci au maître de Carthage et lui demander de laisser le libre choix aux femmes de s’habiller comme elles le veulent ? Bien sûr que non. Alors que celles que tu considère implicitement comme n’ayant pas des « esprits ouverts et intelligents » elles l’ont fait depuis 1982 lors de la promulgation du maudit circulaire présidentiel 108 qui interdit le port du voile. Elles ont donné beaucoup et en donnent encore de leur personne morale et physique pour la liberté de la femme et pour le respect des Droits de l’Homme, il faut expliquer ce que peut signifier le port du voile islamique et ses conséquences sociales et juridiques. Il ne revient, ni à toi ni à personne d’autre au monde quelque soit son intelligence et son pouvoir, de remettre en question des instructions divines claires et nettes dans notre saint Coran. 59. Ô Prophète ! Dis à tes épouses, à tes filles, et aux femmes des croyants, de ramener sur elles leurs grands voiles : elles en seront plus vite reconnues et éviteront d’être offensées. Dieu est Pardonneur et Miséricordieux. – Al Ahzab.31. Et dis aux croyantes de baisser leurs regards, de garder leur chasteté, et de ne montrer de leurs atours que ce qui en paraît et qu’elles rabattent leur voile sur leurs poitrines; et qu’elles ne montrent leurs atours qu’à leurs maris, ou à leurs pères, ou aux pères de leurs maris, ou à leurs fils, ou aux fils de leurs maris, ou à leurs frères, ou aux fils de leurs frères, ou aux fils de leurs soeurs, ou aux femmes musulmanes, ou aux esclaves qu’elles possèdent, ou aux domestiques mâles impuissants, ou aux garçons impubères qui ignorent tout des parties cachées des femmes. Et qu’elles ne frappent pas avec leurs pieds de façon que l’on sache ce qu’elles cachent de leurs parures. Et repentez-vous tous devant Dieu, ò croyants, afin que vous récoltiez le succès. Annour.

 

Celui qui rejette ces instructions coraniques divines ou les entache du moindre doute est, de l’avis des savants de la nation, un mécréant « kafiron billahi wa rasoulihi ». Un conseil : évites de te mettre dans cette mauvaise posture à conséquences fâcheuses dans ce bas monde et dans l’au-delà. Si tu ne le savais pas tu es peut être excusé mais désormais tu ne l’es plus. Ne déclare pas la guerre à ton créateur car tu seras sans doute perdant et tu le regretteras tôt ou tard. Je conseille, je ne menace pas.

……..

 

Cela est l’expression d’une immense naïveté ou d’une rouerie calculée car ce qu’on appelle le voile islamique est l’étendard affirmé et évident depuis les années 80 d’une doctrine militante extrêmement organisée et d’une dangereuse efficacité, il suffit d’observer son action en Egypte où elle est devenue le terreau d’un prosélytisme effrayant à l’origine d’une chape de plomb culturelle qui s’est abattue sur ce pays, naguère si joyeux. C’est ton point de vue, tu peux dire ce que tu veux, mais le prouver…c’est une autre paire de manche. Depuis des années une campagne bien orchestrée est menée contre une partie du peuple tunisien dans le but de l’exclure de la scène politique. Faute de pouvoir la contrer avec des programmes de développement et avec des choix politiques et des valeurs on essaie de créer un amalgames en mélangeant toutes les tendances islamiques et en prenant de chaque le pire pour essayer de ternir l’image de face d’un adversaires politique (Ennahdha) dont les années et les faits ont prouvé sa tolérance et la justesse de sa cause

 

Et pour celles qui croient « avoir le beurre et l’argent du beurre », c’est-à-dire, porter le voile et conserver les droits que leur confère le Code du Statut Personnel, elles se trompent totalement. En choisissant de porter le voile islamique, la femme tunisienne s’engage dans une doctrine dont la principale revendication est de restaurer la Charia Quand la Charia était appliquée les Arabes et les Musulmans étaient à la tête des nations et ont gouverné, avec justice et aisance le monde entier. Le Code du Statut Personnel dont tu fais l’éloge humilie la femme jusqu’à ses droits les plus fondamentaux, à savoir son droits et sa liberté de s’habiller comme elle veut, d’enseigner, de s’instruire, de travailler…. Chaque Tunisienne qui le porte devient une militante active, parfois malgré elle !!!! Elle peut devenir militante active mais elle ne peut pas faire du commerce ou de la médecine ou enseigner ou… comme tu le prétendais plus haut ! En plus qu’est-ce que t’as contre l’activité d’une militante ? Maintenant, ce n’est pas toi et tes semblables, avec des propos pareils, qui veulent primer la femme et l’envoyer loin derrière et ne lui donner qu’un rôle secondaire dans la société? Quant au terme parfois malgré elle que tu utilises, ce n’est qu’un préjugé dicté par tes maîtres et rien de plus et des insultes supplémentaires aux femmes. Tu ne fais que répéter les blablabla que personne ne croit plus, de cette idéologie extrémiste qui n’est pas prête à ce genre de concessions sous peine de disparaître et en rappelant le pouvoir exorbitant que donne la Charia aux hommes sur leurs compagnes, réduites à être des mineures « taillables et corvéables à merci ». Dans la façon de voir se projette la façon d’être ! Tu fais probablement ça avec ta femme. La Charia a donné tous les droits à la femme et en a fait l’égale de l’homme sur tous les plans sociaux, culturels et juridiques… Elle a fait la différence seulement là où cette différence est inévitable et imposée par la nature de la femme ou de l’homme. À supposer que tu es marié, peux-tu me dire pourquoi as-tu choisit d’épouser une femme et pas un homme. À supposer que tu as des enfants, pourquoi ce n’était pas toi qui étais enceinte et qui a accouché et qui s’es occupé de l’enfant…. Un seul petit exemple, le verset coranique 35 du chapitre Al Ahzab : « Les Musulmans et Musulmanes, croyants et croyantes, obéissants et obéissantes, loyaux et loyales, endurants et endurantes, craignants et craignantes, donneurs et donneuses d’aumônes, jeûnants et jeûnantes, gardiens de leur chasteté et gardiennes, invocateurs souvent de Dieu et invocatrices : Dieu a préparé pour eux un pardon et une énorme récompense. » A œuvres égales récompenses égales ! Tu la trouves où cette justice ? Chez ton RCD qui empêche les femmes de s’habiller comme elles veulent et les privent ainsi d’un droit fondamental garanti par toutes les religions, les lois et les conventions et qui va jusqu’à les priver d’enseigner et de s’enseigner et de se soigner dans les hôpitaux publics ? La Charia que tu n’es pas content de voir appliquée a réservé tout un chapitre nommé « Annisaa= Les femmes » et l’un des versets de ce chapitre dit : « 124. Et quiconque, homme ou femme, fait de bonnes œuvres, tout en étant croyant… les voilà ceux qui entreront au Paradis; et on ne leur fera aucune injustice, fût-ce d’un creux de noyau de datte.»C’est la parole d’Allah, ose la critiquer !!

 

Au-delà de tout ça la demande actuelle de toute l’opposition en Tunisie, et à leur tête le mouvement Ennahdha que tu n’as cessé d’incriminer implicitement ou explicitement, a toujours été LA LIBERTE; à toutes et à tous. De quel droit, toi ou quiconque ose empêcher les femmes de s’habiller comme elles veulent ou empêcher tel ou tel parti d’exister et d’exercer librement et de s’adresser au peuple tunisien et lui présenter ses programmes et vouloir le convaincre de manière pacifique et démocratique pour avoir sa chance de le gouverner pour le promouvoir et le faire évoluer et non dans le but de voler ses biens et le mater et l’humilier ?

 

Alors, à celles-ci, à ces Tunisiennes qui croient conserver leurs droits tout en portant le voile islamique, je les implore de poser des questions, de demander aux Imams, aux docteurs de la religion et à tous ceux qui se targuent de recommander le port du voile comme une obligation divine. Demandez-leur si vous perdrez vos droits si, par malheur, la Charia était imposée dans notre pays et ce que cela signifierait pour les femmes. Et s’ils vous disent le contraire, demandez-leur ce que signifie alors le fait d’être islamiste si ce n’est pas pour appliquer la Charia.

 

Voici la réponse d’un Cheikh réputé pour son savoir, sa piété et son indépendance, ce n’est pas un lèche-botte comme plusieurs autres « savants », le Cheikh Yousseh Quardhaoui :

…En mon nom propre et au nom de tous ces gens, je regrette énormément ce que nous avons lu et entendu concernant l’orientation de la France vers l’interdiction de porter le voile à l’école pour les élèves musulmanes. C’est une orientation qui m’étonne beaucoup et que je condamne vivement en ce qu’elle contraint la femme musulmane à bafouer sa religion et à désobéir à son Seigneur, Qui dit dans Son Livre : « Et qu’elles rabattent leurs mantilles sur les échancrures de leurs vêtements » [1] ; « Ô Prophète, dis à tes épouses, à tes filles, et aux femmes des croyants de revêtir leurs mantes » [2]. Le port du voile est un devoir religieux pour la femme musulmane qui fait l’unanimité de toutes les écoles de jurisprudence islamique, qu’elles soient sunnite, chiite, zaydite ou abâdite. – Fatwa de Cheikh Quardhaoui.

 

Pour lire toute la fatwa dans son contexte activez le lien : http://www.islamophile.org/spip/article954.html

 

…….

 

Combien je suis sincèrement peiné par l’aveuglement de celles qui portent le voile car elles risquent de nous entraîner dans un aventurisme effrayant pour notre pays qui a tant besoin de toutes ses énergies pour gagner la bataille du développement. Combien je suis sincèrement peiné (pour reprendre tes termes) de ton ignorance et de la naïveté de ton analyse, toi qui prétend être ouvert et intelligent. Comment concilier notre volonté d’être un pays de services, c’est-à-dire tolérant, ouvert et accueillant, avec une doctrine passéiste et moralisatrice qui ne peut fleurir que dans les pays pétroliers dont les rentes leur permettent de se passer des autres. Nous, nous avons besoin de toutes nos femmes et de tous nos hommes pour construire notre pays dans ce monde violent et cynique. La petite Tunisie, sans ressources d’hydrocarbures ni minières, a besoin de l’ensemble de ses potentialités oeuvrant pour une dynamique de progrès et d’exigence. Propos mesquins et faussaires !! As-tu réagit un jour contre le harcèlement de ses femmes à l’égard desquelles tu montre une fausse pitié ou bien tu n’es pas au courant de ce qu’elles ont subit depuis 1982 ? Et à propos des ressources humaines de la Tunisie n’es-tu pas au courant de ce que subissent plusieurs centaines de Docteurs, Ingénieurs, Médecins, Professeurs qui croupissent dans les prisons ou qui sont contraints à l’exile et qui sont privés de servir leur chère patrie la TUNISIE ? Je cite l’exemple du Dr. Sadok Chourou en prison depuis 17 ans, Dr. Moncef Ben Salem, mathématicien de pointure internationale, privé d’enseigner depuis plus de 10 ans, l’ngénieur principal Abdelkarim Harouni qui vient d’être libéré de la prison et qui n’a jamais pu exercer son métier, Dr. Zyad Doulatli, Dr. Ahmed Labyadh, l’ ingénieur principal Hamadi Jebali, l’ingénieur Ali Larayedh… etc… etc… tous privés depuis des années d’exercer librement leurs métiers et soumis à un embargo au point que certains se sont trouvés obligés de se démerder n’importe comment, mais toujours honnêtement, pour gagner leur vie ! Qu’est-ce que t’en dis ? Ne sont-ils pas d’énormes compétences dont la Tunisie aurait pu profiter pleinement depuis des années. Manifeste toi courageusement et défends les intérêts de la Tunisie. Ou bien… les intérêts de la Tunisie tu les vois, comme tant d’autres, tel Bourhan Bsayes, dans l’incarcération de ses gens et leur éloignement de la scène politique sous n’importe quel prétexte ??

 

Je ne doute pas de la conviction et de la sincérité de la majorité des femmes qui portent le voile… A elles, je voudrais dire que l’amour de Dieu est au delà d’une tenue vestimentaire et répéter ce que j’avais écrit dans un précédent article, ce n’est pas à la femme de se voiler mais à l’homme de voiler son désir, le seul coupable de cette aberration d’un autre âge. Merci pour le conseil. Il y a quand même quelque chose de vrai là dedans. Je te le reconnais ! Mais la solution donnée par l’Islam est beaucoup plus juste et demande à l’homme comme à la femme d’assumer chacun ses responsabilités et de se comporter correctement. Lis les 2 versets qui suivent de Sourat Annour et admire la beauté de notre (la mienne comme la tienne) religion (il serait bien de le reconnaître) :

30.Dis aux croyants de baisser leurs regards et de garder leur chasteté. C’est plus pur pour eux. Dieu est, certes, Parfaitement Connaisseur de ce qu’ils font.

31. Et dis aux croyantes de baisser leurs regards, de garder leur chasteté, et de ne montrer de leurs atours que ce qui en paraît et qu’elles rabattent leur voile sur leurs poitrines; et qu’elles ne montrent leurs atours qu’à leurs maris, ou à leurs pères, ou aux pères de leurs maris, ou à leurs fils, ou aux fils de leurs maris, ou à leurs frères, ou aux fils de leurs frères, ou aux fils de leurs sœurs, ou aux femmes musulmanes, ou aux esclaves qu’elles possèdent, ou aux domestiques mâles impuissants, ou aux garçons impubères qui ignorent tout des parties cachées des femmes. Et qu’elles ne frappent pas avec leurs pieds de façon que l’on sache ce qu’elles cachent de leurs parures. Et repentez-vous tous devant Dieu, Ò croyants, afin que vous récoltiez le succès.

Convaincu ! Je te le souhaite de tout mon cœur.

…….

 

Il n’est dans l’intérêt de personne de continuer un discours faussaire qui vise à instaurer un amalgame trompeur où l’on mélange le tout pour montrer un adversaire politique comme étant un fanatique, un chauvin, un terroriste de la part de qui tous les malheurs peuvent arriver à n’importe quel moment … Arrêtez de se moquer du peuple tunisien et de le mettre sous tutelle et de décider à sa place. Cette campagne d’aveuglement ne mènera à nulle part et fait le symbole de l’échec de ses meneurs.

 

Nahdha est bien un parti politique pacifique et tolérant qui puise son idéologie dans l’Islam sans en prétendre être le représentant unique ou le porte parole et sa demande principale a, depuis toujours, été « LA LIBERTE; POUR TOUTES ET TOUS ET QUE LA DECISION REVIENNE AU PEUPLE TUNISIEN ». Nahdha veut exercer dans la légalité et rejette toute sorte d’exclusion ou d’exception. Le vrai défi consiste donc à laisser Nahdha s’organiser, s’exprimer et s’adresser librement au peuple tunisien et de laisser, par la suite, ce dernier dire son mot. En tant que membre de Nahdha (et j’en suis très très fier et attaché à vie) j’accepterai sans appel n’importe quel jugement du peuple tunisien émis dans la sincérité et la transparence.

 

Je profite de l’occasion pour saluer toutes les femmes tunisiennes qui luttaient depuis 1982 pour leur liberté et qui s’attachaient avec acharnement et ferveur à leur identité islamique. Qu’Allah les récompense pour leur combat honorable.

 

Un dernier mot : Je m’excuse si un terme a vexé un lecteur y compris M. Foued Zaouche.

 

Remarques :

Les propos commentés sont en italique et en gras

Pour consulter l’article de M. Foued Zaouche :

http://www.realites.com.tn/index1.php?a=detail1&art=19176

 

Larbi Guesmi – Neuchâtel / La Suisse, le 22.11.2007

__________________

 


 

Un parti religieux en Tunisie ?

Par Zyed Krichen   On parle de plus en plus dans les cercles “initiés” d’une probable légalisation d’un parti religieux. Certains médias ont même avancé des noms allant du secrétaire général aux membres potentiels du Bureau politique. Si l’on croit ces rumeurs persistantes, la Tunisie aurait dans quelques semaines deux nouveaux partis légaux: l’un d’extrême-gauche issu d’une scission dans la mouvance marxiste-léniniste et l’autre religieux modéré. * * * La multiplicité des expressions politiques et intellectuelles ne peut nuire à aucune société. Mais là il s’agit plutôt de l’organisation partisane d’une démocratie naissante que d’un débat intellectuel au sens strict du terme. Rappelons, d’abord, que la loi sur les partis politiques de 1989 interdit de fonder un parti sur des bases religieuses, ethniques et linguistiques. L’Islam et la langue arabe sont la propriété de tous les Tunisiens. Toute “privatisation” partisane de ces marqueurs identitaires serait contraire à la notion même de nation. Toutes les lois sont appelées à changer et à évoluer, mais la Tunisie a-t-elle intérêt à amender cette Loi sur les partis politiques ? Faisons un moment abstraction des calculs politiciens des uns et des autres. Pourquoi cette Loi autorise-t-elle la construction d’un “parti démocratique” et non pas celle d’un ”parti islamiste” ? La démocratie n’est-elle pas, elle aussi, la propriété de tous les Tunisiens ? Pourquoi permettre la privatisation partisane de la valeur “démocratie” et non pas celle d’“Islam” et de “langue arabe” ? Ce sont de véritable questions et on ne peut pas faire l’économie de ce débat. Une communauté nationale digne de ce nom partage un certain nombre de valeurs. Aucune de ces valeurs n’est figée dans le temps et dans l’espace. Toutes disent ce que nous sommes et non ce que nous étions. Les valeurs d’Islam et d’arabité n’échappent pas à cela. C’est-à-dire que les Tunisiens d’aujourd’hui, dans leur diversité, ont des façons propres de vivre leur islamité et leur arabité. C’est cela qui constituent nos marqueurs identitaires spécifiques. L’Islam dans lequel tous les Tunisiens se reconnaissent est l’Islam de nos parents, de notre mémoire commune et de notre quotidien. De même pour l’arabité. Nous ne vivons ni à l’époque d’Al Jahidh, ni encore moins celle de Sibawouayh. C’est en cela que l’identité est une appartenance. A l’instar de l’appartenance familiale ou tribale, elle ne peut pas être objet de dispute ou de surenchère. L’espace public où s’affrontent et s’opposent les différentes sensibilités politiques et idéologiques n’a pas de rapport avec ce que nous sommes mais avec ce que nous voulons être et les manières d’y accéder. Ce sont les réponses à ces deux questions qui fondent la légitimité d’un courant politique. L’Islam politique, dans son expérience historique majoritaire, a divisé les Musulmans sur ce qu’ils sont et non sur ce qu’ils aspirent à être au nom de ce qu’ils étaient censés avoir été. En portant la contradiction sur la définition même de l’homo-islamicus, les islamistes ont fissuré l’identité culturelle de nos peuples et contribué, sans le savoir peut-être, à les fragiliser davantage. Beaucoup d’âmes charitables nous disent que les islamistes ont évolué. Mais ont-ils évolué sur cela ? En d’autres termes, ont-ils renoncé à diviser les gens en fonction de leur rapport à un Islam transcendant ? Ont-ils renoncé à vouloir appliquer dans la cité idéale la Loi divine, c’est-à-dire les châtiments corporels et les règles du statut personnel de la chariaâ ? Les plus éclairés d’entre eux nous disent qu’ils continuent à se référer au Textes sacrés (Coran et Sunna) tout en les interprétant en fonction des exigences de notre temps. L’espace public deviendrait alors un espace théologique où les exégèses des uns s’opposeraient aux exégèses des autres. C’est une conception bien particulière de la vie publique. Reste une question majeure : peut-on concevoir une vie partisane dans notre pays sans aucune référence religieuse ? Cette question mérite un grand débat national. Le référentiel religieux existe dans notre vie sociale, le nier serait contraire au bon sens. Mais ce référentiel doit être limité et confiné dans des sphères particulières, sinon ce sera la perte de la religion et de la vie civique. La séparation entre valeurs religieuses et valeurs traditionnelles n’est pas nette chez nous. Un parti religieux pourrait être synonyme dans ce cas de parti de la tradition. Un parti conservateur, en somme, et qui n’aurait rien à voir avec l’islamisme politique. Cela revient à dire que les forces de la tradition auraient définitivement accepté de se séparer de l’activisme et confiner l’exigence religieuse à la seule sphère privée. La séparation entre la religion et la politique serait définitivement consommée. Dans ce cas se serait une véritable révolution culturelle. Mais nous pensons que ce débat, fondamental pour notre société, doit précéder toute forme d’institutionnalisation politique. Sinon, et pour rester dans les métaphores religieuses, on aura préparé la natte avant la mosquée.

 

(Source : « Réalités » (Newsmagazine hebdomadaire – Tunis), N° 1143, le 22 novembre 2007)

 

 


 

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