8 mai 2011

TUNISNEWS
11 ème année, N°4002 du 08.05.2011


Nahdha Statement onDeclarations of Mr Rajhi and Recent Events

Belga: Troubles en Tunisie: cinq postes de police et de la garde nationales brûlés

AFP:Nouveau face à face tendu à Tunis entre forces de l’ordre et manifestants

AFP:Les 500 passagers d’un bateau de réfugiés échoué à Lampedusa secourus

REVUE DE PRESSE

 

Nahdha Statement onDeclarations of Mr Rajhi and Recent Events

In the Name of God, MostBeneficent, Most Merciful

Tunis, 7 May
Following the declarations ofMr Farhat Rajhi and latest developments in the country, an-Nahdha announces:
1. Its concern over worryingdevelopments in our country, and its call upon the interim government to beopen with the people and to clarify the truth so as to reinstate calm and trustamong Tunisians and in their revolution and state institutions in order forpublic affairs to be managed with complete transparency and within legitimatestructures, far from hidden fronts or secret centres of power.
2. Its appeal to the interimgovernment to assume its full responsibility to undertake the necessary stepsto achieve the aims of our people’s revolution, accommodate the demands of theyouth and deprived regions in particular, and achieve a peaceful democratictransition.
3. Its renewed expression ofappreciation of our national army’s role in protecting the revolution,protecting lives, and defending our sovereignty and civil republican system,and expression of confidence in state institutions’ commitment to democraticvalues and respect for the people’s sovereignty.
4. Its re-affirmation of its rejectionof violations of the right to freedom of thought, expression and peacefulprotest, and its strong condemnation of the repression employed by securityforces in dealing with protesters and journalists, in a way that is reminescentof the methods of the previous regime, and its condemnation of allmanifestations of security and media excesses and any harming of thesafety of persons and properties.
5. Its appeal to all nationalparties, media, figures and organisations to exercise self-restraint and remainabove narrow calculations and to avoid the discourse of fear-mongering andprovocation of regional divisions that would threaten social cohesion andunity.
Rached Ghannouchi

Troubles en Tunisie: cinq postes de police et de la garde nationales brûlés


 
Mise à jour : dimanche 08 mai 2011 18h40
 
TUNIS – (Belga) Cinq postes de police et de la garde nationale ont été incendiés dans les troubles qui ont secoué notamment Tunis et sa banlieue samedi avant l’entrée en vigueur d’un couvre-feu nocturne, a-t-on appris dimanche auprès du ministère de l’Intérieur.
Des jeunes armés de couteaux, de chaînes, de sabres et de cocktails Molotov ont incendié des commissariats et des postes de la garde nationale dans les cités de Mnihla, d’Intilaka, d’Ibn Khaldoun, d’El-Mourouj V et dans la ville de Kasserine (centre-ouest de la Tunisie), a affirmé une source autorisée au ministère de l’Intérieur. Des pillages de magasins et de commerces ont également eu lieu samedi dans l’avenue Habib Bourguiba dans le centre de la capitale, au Kram et la Goulette dans la banlieue nord, a ajouté cette source. A la suite de ces violences, un couvre-feu a été décrété samedi à Tunis et dans sa banlieue après plusieurs jours de manifestations anti-gouvernementales. Il s’applique s’applique de 21H00 à 05H00 (22H00 à 06H00 GMT) pour une durée indéterminée. Depuis quatre jours, des manifestations anti-gouvernementales ont lieu à Tunis où de jeunes manifestants sont brutalement dispersés par un important dispositif policier, qui a recours à des tirs massifs de gaz lacrymogènes et des coups de matraques. « Des milices du parti de président déchu Ben Ali (le Rassemblement constitutionnel démocratique, dissous le 9 mars) payent des jeunes pour semer le trouble dans le pays », a affirmé à l’AFP une source proche du gouvernement sans vouloir donner d’autres détails. (MPK)

Nouveau face à face tendu à Tunis entre forces de l’ordre et manifestants


8/5/11 – 15 h 15 AFP – MONDE
Le coeur de Tunis était de nouveau le théâtre dimanche d’un face à face tendu entre manifestants anti-gouvernementaux et forces de police au lendemain de l’imposition d’un couvre-feu, a constaté l’AFP.
La police a fait usage de gaz lacrymogènes pour disperser les manifestants mais ceux-ci revenaient sans cesse à la charge.
Réunis sur les marches du théâtre municipal et sur les deux artères de l’avenue Habib Bourguiba dans le centre de Tunis, les manifestants qui étaient environ 200 ont entonné à plusieurs reprises l’hymne national.
Ils ont ensuite scandé des slogans hostiles à la police et les forces de l’ordre ont demandé au mégaphone aux manifestants « de rentrer chez eux » et « de s’éloigner de la voie publique » mais les manifestants ont de nouveau scandé « gouvernement dégage », « flics, bande de lâches ».
Les forces de l’ordre ont procédé à des tirs de gaz lacrymogènes et les manifestants se sont dispersés dans les rues et ruelles adjacentes avant de revenir par petits groupes sur l’avenue.
Un important dispositif policier était déployé avenue Bourguiba où un policier a arrêté deux motards dont l’un portait un couteau.
Un couvre-feu nocturne a été décrété samedi à Tunis et dans sa banlieue après plusieurs jours de manifestations anti-gouvernementales.
Le couvre-feu s’applique de 21H00 à 05H00 (22H00 à 06H00 GMT) pour une durée indéterminée. Les autorités ont justifié la mesure en affirmant que des pillages et violences s’étaient produits dans la capitale tunisienne et sa banlieue au cours des deux derniers jours.

Les 500 passagers d’un bateau de réfugiés échoué à Lampedusa secourus


 
 
parbbounenni@2011-05-08 – 12:09:24
 
AFP – Les 500 passagers d’un bateau chargé de réfugiés de Libye, qui s’était échoué pendant la nuit près du port de l’île de Lampedusa (Italie), ont été secourus, a indiqué dimanche à l’AFP un porte-parole des garde-cotes italiens.
« Nous avons réussi à sauver tous les passagers. Nous pensons qu’il n’y a pas de victime », a déclaré le porte-parole, Vittorio Alessandro.
Quelques-uns des réfugiés ont été légèrement blessés et ont été hospitalisés.
L’embarcation a heurté des rochers à l’approche du port de la petite ville italienne, située au sud de la Sicile, semant la panique parmi les passagers, pour la plupart des migrants venus d’Afrique sub-saharienne et d’Asie pour travailler en Libye, ainsi que des femmes et des enfants.
Les gardes-côtes sont immédiatement intervenus pour repêcher les passagers qui s’étaient jetés à l’eau et secourir ceux qui étaient restés à bord.
Les images télévisées ont montré des scènes dramatiques de réfugiés agrippés à des cordes pour remonter du bateau de pêche rouillé vers le rivage, et des hommes qui plongent pour les aider.
« Il y avait à peu près 500 personnes à bord. C’était difficile. Nos bateaux patrouilleurs ne pouvaient pas approcher car il n’y avait pas beaucoup de fond », a raconté Antonio Morana, un porte-parole des gardes-côtes, après l’incident qui s’est produit peu avant l’aube.
Un de ses collègues, Vittorio Alessandro, a affirmé à l’AFP que le bateau se dirigeait vers Malte, escorté par les gardes-côtes maltais, mais avait finalement été dérouté pour prendre la direction de l’Italie.
« Alors qu’il s’approchait du port de Lampedusa, il a viré soudainement vers des rochers. Il y avait une énorme panique à bord », a-t-il raconté.
Interrogé sur ce qui avait pu se passer, M. Morana a indiqué qu’une enquête était en cours mais qu’il pensait à une « panne du gouvernail ».
Dimanche, un autre bateau transportant quelque 800 migrants était arrivé à Lampedusa, premier port face aux côtes nord-africaines.
Samedi, des centaines de réfugiés fuyant la Libye et voyageant à bord de deux bateaux avaient déjà débarqué sur l’île de Lampedusa.
655 personnes, dont 82 femmes et 21 enfants, étaient à bord d’un premier bateau et 187, dont 19 femmes et un enfant, à bord du second, un bateau de pêche rouillé et surchargé.
Des milliers de réfugiés sont arrivés ces dernières semaines à Lampedusa. Il s’agit soit de Tunisiens, quittant leur pays pour chercher un travail en Europe, le plus souvent en France, soit de réfugiés fuyant la Libye, pour la plupart des migrants venus d’Afrique sub-saharienne et d’Asie du Sud-Est.
Le 6 avril, au moins 150 réfugiés somaliens et érythréens avaient trouvé la mort dans le naufrage de leur embarcation en provenance de Libye.
Une semaine plus tard, le 13 avril, deux femmes étaient mortes et une autre personne avait été portée disparue lors de l’échouage de leur embarcation surchargée sur une petite crique de l’île italienne de Pantelleria, située elle aussi entre Sicile et Tunisie.
 
 

Tunisie – L’élection de la constituante serait reportée à octobre ou novembre

Couvre-feu nocturne rétabli dans la capitale, manifestations réprimées, limogeage de Farhat Rajhi, de la présidence du Haut Comité sur les droits de l’homme après ses annonces sur un projet de « coup d’Etat » des «sahéliens ». La transition tunisienne se fait sous tension. Le dispositif pour aller vers la Constituante se met laborieusement en place. L’échéance de juillet pour l’élection de l’assemblée constituante pourrait être décalée de quelques mois. Le grand progrès réside dans l’adoption de la proportionnelle et de la parité.

Dans un entretien publié par le journal La Presse de Tunisie, M.Iadh Ben Achour, président du Conseil de l’Instance supérieure pour la réalisation des objectifs de la révolution, de la réforme politique et de la transition démocratique, estime que les élections pourraient être reportées au mois d’octobre ou novembre. La lenteur des discussions qui ont entouré l’élaboration de la loi électorale ont fait qu’elle ne sera promulguée que la semaine prochaine, avec deux mois de retard sur l’échéance prévue. Le délai entre cette promulgation et la date du 24 juillet prévue pour les élections est trop court. M.Ben Achour estime qu’il n’est pas suffisant pour préparer convenablement les premières élections libres de l’histoire du pays. « L’opération électorale devra être entourée de toutes les garanties nécessaires pour assurer sa totale réussite. Cette opération est compliquée et exige une logistique à la fois lourde et coûteuse. De l’établissement des listes des électeurs à la proclamation des résultats, en passant par le découpage des circonscriptions électorales, les bureaux de vote, le choix et la formation du personnel en charge de ces élections…plusieurs étapes sont, en fait, indispensables et cela nécessitera beaucoup de temps et d’effort ». Il estime « probable » un report de élections alors que la commission supérieure indépendante qui sera chargée de l’organisation des élections n’est pas encore constituée. « Demain lundi, nous procèderons au sein de l’Instance au choix de ses 16 membres parmi les 70 candidats présentés par les instances concernées». Il faudra encore deux à trois mois pour être fin prêt pour cette importante échéance. C’est pourquoi octobre ou novembre seraient mieux indiqués pour le déroulement des élections. La question est entre les mains du gouvernement de M.Béji Caïd Essebsi qui jugera de l’opportunité de la date » a-t-il indiqué.

 

Proportionnelle et parité

 

Outre l’élection ce 8 mai de 16 membres de la commission supérieure indépendante des élections parmi les 70 candidats proposés par les structures concernées, l’Instance, très occupée par la finalisation de la loi électorale, va à nouveau relancer les discussions sur un projet de « pacte républicain » liant l’ensemble des acteurs politiques du pays. Il s’agit, indique M.Ben Achour, d’une « convention, solennelle entre les différentes parties » qui ne devrait pas avoir « caractère coercitif ». « Les signataires s’engageront à respecter un certain nombre de valeurs communes à tous les Tunisiens. Et même s’il n’a pas une valeur juridique, l’engagement moral a autant de force que l’engagement écrit». Pour rappel, le débat sur l’exclusion des anciens cadres du Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD) de la candidature aux élections de la Constituante a été tranché par le gouvernement qui a décidé de la limiter à ceux qui ont exercé des responsabilités au cours des dix dernières années. Certaines propositions voulaient que cela s’applique à tous les responsables dans la direction du RCD durant les 23 ans de pouvoir de Ben Ali. M.Essebssi avait justifié la limitation à dix ans seulement en faisant valoir qu’il y avait des responsables du RCD qui ont également subi la répression de l’ancien régime. Une liste des « empêchés » de participation devrait être rendue publique. La Tunisie a également adopté le mode de scrutin proportionnel fondé sur des listes paritaires pour la Constituante. A l’heure où l’on évoque un « coup d’Etat » en cas de victoire islamiste, ces mesures sont clairement destinées à préserver les équilibres et à assurer une représentation large des tunisiens. La consécration du principe de parité homme-femme, une première dans le monde arabe – qui peut gêner les nouveaux partis – a été soutenue aussi bien par des partis de gauche que par le parti islamiste Ennahda.

Source: “Maghreb Emergent” Le 08-05-2011

Lien: http://www.maghrebemergent.info/actualite/maghrebine/3241-tunisie-lelection-de-la-constituante-pourrait-etre-reportee-a-octobre-ou-novembre.html


 

Radio Kalima dérange

Sihem Ben Sedrine rue dans les brancards !


 

 

«J’accuse la police politique et les lobbies des anciens Rcédistes… de faire la politique de la terre brûlée pour semer la terreur auprès des Tunisiens»- Sihem Ben Sedrine qui était l’objet d’une campagne de dénigrement depuis mercredi dernier a organisé une conférence de presse au siège de Radio Kalima pour donner sa version des faits.

On accusait, en effet, la rédactrice en chef de la station radiophonique, « d’avoir fomenté le complot ayant fait circuler l’interview tonitruante de Farhat Rajhi sur le web. Mieux encore d’avoir financé les deux journalistes ayant conduit l’entrevue avec l’ex ministre de l’intérieur ». Un résonnement pour le moins tiré par les cheveux, mais cela n’a pas empêché les journalistes et les responsables de la radio qui n’a pas encore obtenu son droit de fréquence, de faire entendre leur voix.

« La voie est libre et personne ne peut nous barrer la route ou nous obliger à rebrousser chemin. Cette répression qu’on subit quotidiennement ne peut que renforcer notre volonté et nous pousser à donner le meilleur de nous même pour l’avenir de notre radio et pour faire de la liberté d’expression en Tunisie un acquis. Il se trouve aujourd’hui que les anciennes têtes pensantes du régime de Ben Ali sont toujours là et sont en train de mener une contre –Révolution. Hier seulement, le streaming de la radio a été coupé puisqu’une attaque d’une technicité pointue a été organisée contre notre site. En même temps les informations diffamatoires ont circulé pour accuser Sihem Ben Sedrine d’être de mèche avec Farhat Rajhi. » commente Omar Mestiri le directeur de la radio qui continue « Nous n’accusons pas le gouvernement de transition encore moins le système de sécurité dans notre pays, mais plutôt les lobbies de l’ancien régime de Ben Ali qui ont le bras long et veulent faire régner un climat d’insécurité dans notre pays. Ils veulent à tout prix que la date des élections de la Constituante soit reportée. » Les conférenciers ont plusieurs fois montré, preuve à l’appui, que la police politique n’a pas été réellement dissous et que les voix libres sont aujourd’hui persécutées. « Nous subissons tous les jours des interrogatoires de personnes en tenue civile. On veut tout savoir sur les journalistes. Certains parmi nous ont même été menacés. Le comble est la situation dans laquelle se retrouve ma collègue Marwa Réquiq, la journaliste qui assurait une émission en direct depuis l’Avenue Bourguiba, mercredi dernier. Dès qu’elle a annoncé qu’elle travaille pour radio Kalima, elle a été violentée par une dizaine d’agents. La vidéo qui existe sur notre site fait foi. Actuellement elle est hospitalisée pour cinq points de suture et pour des bleus sur l’ensemble de son corps. », commente l’une des journalistes de la station radiophonique rebelle. Rebelle, précisément, pour la situation des journalistes qui en ont bavé de l’ancienne dictature depuis 2008. Ces derniers ne sont pas au bout de leurs peines puisque la répression continue et reprend de plus belle même après la Révolution. Mais aussi pour l’injustice à l’égard de la station de radio qui n’a pas encore son droit aux fréquences, affirme-t-on. A une question qu’on lui a posée, Zakia Hédiji qui travaille pour la station de radio et est membre de l’Instance Nationale Indépendante pour le secteur de l’Information et de la Communication depuis le mois de mars, elle nous a répondu qu’elle ne peut réparer cette injustice vu qu’elle doit faire son travail dans l’objectivité totale sans parti-pris même si elle a participé aux ateliers de travail de la commission. « J’accuse l’Instance Nationale Indépendante pour le secteur de l’Information et de la Communication et la personne de Kamel Laabidi qui à chaque fois reporte les procédures pour qu’on n’ait pas notre droit aux fréquences. » avance Omar Mestiri. Rappelons dans la foulée, que L’Instance nationale pour la réforme de l’information créée suite au décret-loi n°10 de l’an 2011 doit émettre un avis consultatif qu’elle transmet au premier ministère, qui par la suite prend sa décision pour l’obtention d’un visa en ce sens. « Le premier ministre n’a pas d’objections par rapport à cela et le blocage émane de ladite instance. Adel Gaâloul le secrétaire d’Etat en a informé Caied Essebsi qui a appelé Kamel Laabidi pour activer les procédures en vain. Cela montre que le lobby du système de Ben Ali fonctionne bien avec les anciennes têtes pensantes du régime déchu.» fait remarquer Sihem Ben Sedrine.

Et si radio kalima a choisi la parole pour obtenir ce qui lui revient de droit c’est qu’ils gardent pour des jours meilleurs la possibilité de faire entendre leur voix sur le plan international. « On ne veut pas y arriver même si on a la possibilité de le faire, car il est question de l’image de notre Révolution à l’étranger. » commente Sihem Ben Sedrine qui croit dur comme fer que si Ben Ali a conduit durant 23 ans le pays d’une main de fer, ses alliés sont toujours là et qu’un audit devrait être fait à l’ATCE pour démanteler un système mafieux des plus dangereux. Et si l’information juste et véridique est toujours bâillonnée et que les journalistes, les meilleurs, sont persécutés, c’est que la liberté d’expression demeure un combat permanent dans notre pays parce qu’elle loin d’être acquise.

Source: “Le Temps” Le 08-05-2011

Lien: http://www.letemps.com.tn/article-55754.html


 

L’épouvantail


 

 

Les dés sont jetés : le gouvernement provisoire, suivant en cela la Haute Instance, a fait son choix en matière de système électoral : le ‘scrutin de liste’ et la proportionnelle avec la répartition selon les plus grands restes. Il s’est laissé convaincre que ce système est le plus juste et, en même temps, qu’il donnera leurs chances aux petits partis tout en favorisant la constitution de grands partis au sein de la future Constituante de sorte que cette dernière sera à la fois assez diversifiée dans sa composition et évitera cependant un émiettement excessif des partis et les difficultés de formation de consensus qui risquent de s’ensuivre.

En d’autres termes, avec ce système, on aura à la future Assemblée nationale constituante, une composition équilibrée et en même temps, la possibilité de formation de majorités suffisamment stables pour garantir l’efficacité des délibérations. Les auteurs de ce dispositif électoral assurent même qu’il aura l’avantage de contribuer par avance à la formation au sein des futures assemblées législatives, de groupes de partis en nombre relativement réduit mais qui seront suffisamment solides pour garantir l’équilibre des rapports de force, la stabilité et l’efficacité du futur système constitutionnel.

… Trop beau pour être vrai! Il faut avoir présent à l’esprit le bon proverbe tunisien selon lequel ‘Qui calcule tout seul, sortira toujours gagnant ! pour se faire une juste idée des résultats probables des élections selon le système retenu.

Le point de départ de notre réflexion est le constat de l’existence d’un espoir nourri en secret par un grand nombre des militants de la gauche ou/et du centre-gauche de la Haute Instance que le système retenu permettra d’obtenir suffisamment de sièges à la Constituante pour contrebalancer la grande force de droite qu’est la Nahdha. Car, la Nahdha est l’épouvantail qui effraie tout le monde et que tout le monde doit chercher à abattre.

Ne faudrait-il pas réviser tous ces calculs et réévaluer les chances des uns et des autres aux futures élections, en les situant dans leur véritable contexte et en tenant compte de certaines de ses données contradictoires ?

Dans la chronique de ce dimanche, nous commencerons par la Nahdha : tout le monde est témoin de ce que, au vu de son nouveau discours, la Nahdha a notablement modéré sa doctrine politique en reconnaissant l’intouchabilité des acquis de la nation en matière de statut personnel et des droits de l’Homme et des libertés publiques, l’irréversibilité de l’évolution de la société moderne et de certains de ses fondements dont elle admet qu’ils s’imposent désormais à toutes les formations politiques qui désirent réellement être présentes sur la scène politique et y exercer une influence réelle. D’après tous ces éléments, on peut dire que ce mouvement a rompu avec un islamisme’ marqué par l’extrémisme et même la violence qui l’ont beaucoup desservi dans le passé et qu’aujourd’hui, il s’est d’une certaine manière ‘politisé’ et même modernisé, si l’on en croit certains de ses fondateurs dissidents. La Nahdha a même assuré qu’elle se rallierait volontiers à la dernière conquête de la femme tunisienne de la parité et de l’alternance en matière électorale.

Ces données sont certes fort encourageantes, mais elles ne doivent pas pour autant occulter certaines données qui peuvent avoir une influence négative sur le rôle et le poids réels de la Nahdha dans la future confrontation électorale.

D’abord, nombreux sont ceux qui ont mis en doute la sincérité de la Nahdha et même, qui ont mis l’accent sur son ambiguïté et sur le ‘double discours’ de ses chefs. Ces critiques mettent l’accent sur le fait que les prises de position de la Nahdha tendent, dans une certaine mesure, à être dictées par la conjoncture électorale prochaine mais qu’elles risquent fort de changer notablement, une fois que le loup sera rentré dans la bergerie.

Ensuite, en tenant des discours en apparence aussi conciliants et même avant-gardistes, la Nahdha a suscité beaucoup de divisions dans ses propres rangs et elle a entraîné la création de certains mouvements sécessionnistes qui défient l’organisation centrale et mettent en péril son unité et sa puissance. Le résultat pourrait en être que la Nahdha n’est plus une organisation fortement structurée et solidement tenue par ses dirigeants mais qu’elle se présente aujourd’hui plutôt comme une nébuleuse, composée d’un noyau assez compact, autour duquel il faut reconnaître qu’il s’est constitué toute une série de satellites qui, tout en gravitant sur son orbite, jouissent déjà d’une certaine autonomie. Ce qui n’exclut pas qu’à d’autres moments de la conjoncture politique, ces satellites peuvent se regrouper autour de l’institution-mère pour affronter ensemble les adversaires et peser de tout leur poids sur la décision politique.

Selon ce nouveau schéma, on n’est plus en présence d’une organisation unifiée et constituée dans une formation unique et compacte, qui s’appelle la Nahdha, mais plutôt d’un mouvement islamiste, composé de la Nahdha, noyau central, et de diverses formations appartenant à la même mouvance mais dont les attitudes sont déterminées en fonction de la conjoncture politique du moment. La conséquence pour la Nahdha, sur le plan de l’action politique, généralement, et sur le plan électoral, plus particulièrement, est un certain affaiblissement de son influence et aussi une certaine flexibilité et même une certaine tendance à l’opportunisme dans son activité politique.

Enfin, outre qu’elle semble menacée par le danger d’une dislocation de l’intérieur, comme il vient d’être dit, la Nahdha semble être affaiblie sous l’effet de facteurs de l’extérieur qui, s’ils ne l’affectent pas exclusivement, peuvent avoir des conséquences négatives pour elle, particulièrement dans la conjoncture électorale actuelle. Ici, il s’agit de la désaffection qui frappe les partis politiques, toutes tendances confondues, auprès de l’opinion publique tunisienne. Ces temps-ci, les partis politiques n’ont pas bonne presse dans notre pays. Les sondages d’opinion, pratique encore peu connue en Tunisie, certes, ont mis en évidence ce phénomène aux répercussions multiples, et qui affecte tous les partis politiques, qu’ils soient de gauche ou de droite, ou du centre.

Mais ce qui est plus frappant ici, c’est que cette méfiance est aussi vraie dans le cas de la Nahdha, mouvement politique qui, à la différence des nouveaux venus à la vie politique, dispose depuis longtemps d’une base populaire étendue, d’une fidélité et d’une allégeance dont la nature particulière renforce la solidité, d’une expérience politique beaucoup plus riche que celle de tous ses adversaires, et d’un ‘leadership’ bien visible et agissant. Les sondages ont montré que malgré tous ces atouts, la Nahdha ne fait pas exception aux yeux de l’électeur tunisien et qu’elle est souvent traitée de la même manière désinvolte ou même franchement agressive que les autres partis politiques. Dans de nombreux cas, et dans des contextes assez différents, ses rassemblements ont mal tourné, et ses orateurs ont été expulsés des lieux de réunion. Pire : l’icône de la Nahdha, nimbée de l’aura de la victime de l’exil imposé par l’ancien régime, et comptant sur ce capital de sympathie et de confiance accumulé pendant vingt-cinq ans de vie à l’étranger, n’a pas trouvé grâce auprès de ses fidèles. Seulement 4,6% des intentions de vote lui sont assurés, selon les derniers sondages. Ce qui est très surprenant, mais qui s’inscrit dans une réalité qui, elle, est beaucoup plus surprenante pour tout le monde politicien dans notre pays…

Compte tenu de tout cela, les spécialistes semblent d’accord pour situer le score de la Nahdha aux environs de 25% des votes, ce qui ramène ses prétentions au pouvoir à des dimensions très modestes. A défaut du soutien venant de la foi, la Nahdha devra donc compter sur sa diplomatie pour gagner les prochaines élections et sur beaucoup plus d’ouverture sur les autres partis pour être capable de prétendre utilement à l’exercice du pouvoir au sein de la future Assemblée constituante…

Ainsi va le monde, en matière politique…

Source: ”La Presse” Le 08-05-2011

Lien: http://www.lapresse.tn/08052011/28644/lepouvantail.html


 

Tout est fait pour que la Tunisie démocratique n’avance pas


 

 

Par Noureddine HLAOU

Au moment où le pays semblait se diriger vers un retour progressif à la normale… Au moment où l’on s’acheminait vers le processus des élections du 24 juillet 2011 pour l’Assemblée constituante, une flambée de violences a gagné de nombreuses régions du pays, plus particulièrement la capitale. Au moment où le gouvernement transitoire se démène pour faire revenir le pays à une situation sécurisée, de nature à tranquilliser les acteurs économiques, les hommes d’affaires, les investisseurs étrangers des pays frères et amis. Au moment où les responsables concernés multiplient les initiatives et les campagnes pour redonner confiance aux touristes en vue de revenir chez nous et redonner vie à ce secteur vital de la dynamique nationale. Aux moments où le système sécuritaire semble être remis sur les rails conformément aux nouvelles bases citoyennes, des forces occultes sont venus rallumer le feu un peu partout au risque de remettre la Tunisie à feu et à sang. Des citoyens, en apparence lambda, parlent qu’une « révolution, acte II » est en route. Des parties, politiques et politisées, font tout pour créer des clivages et passionner les débats. On l’a vu au sein de la haute Instance pour la réalisation des objectifs de la révolution, de la réforme politique et de la transition démocratique, devenue l’otage de certaines personnes qui, sans la moindre légitimité des urnes, ont tout fait pour imposer leur diktat selon des procédés contraires aux règles élémentaires du jeu démocratique. Au moment où le pays a des défis énormes à relever tels le chômage, le développement régional, le rétablissement de la sécurité et, plus particulièrement depuis plusieurs jours, faire face à la situation alarmante et dramatique à la frontière avec la Libye, les partis politiques se morfondent et calent sur l’article 15 concernant les personnes éligibles et l’Association des magistrats tunisiens – certes légitime en 2005, mais que personne ne peut affirmer avec certitude qu’elle est encore représentative six ans après – tient à ce qu’elle soit l’unique partie qui propose les candidats à l’Instance électorale. Au moment où le pays est plus fragile que jamais et que de bonnes volontés font tout pour construire, Farhat Rajhi est venu jeter de l’huile sur le feu en lançant avec une légèreté inouïe, des accusations gratuites et sans aucune preuve contre le Premier ministre, contre le général Rachid Ammar et l’institution militaire, contre les Sahéliens et contre l’homme d’affaires Kamel Ltaïef. Et c’est ce pavé jeté dans la mare par M. Rajhi qui a été un véritable détonateur d’une série d’incidents très graves un peu partout à travers le pays, ce qui a conduit à l’instauration du couvre-feu, d’abord dans le gouvernorat de Gafsa, puis dans le Grand Tunis. Pourtant, Béji Caïd Essebsi a tout fait pour redonner à l’Etat, même en cette période transitoire, une partie de son autorité, de son prestige et de son aura aussi bien à l’échelle nationale qu’à celle internationale. Mais les professionnels de la politique semblent avoir d’autres agendas prônant l’incertitude et le chaos, un climat qui justifie leur raison d’être. Quelques partis ont vite fait d’appuyer Rajhi dans ses dires et d’exprimer leur solidarité faisant preuve d’une grande légèreté et d’un manque de maturité politique. Mais voilà qu’à peine 48 heures, les masques sont tombés grâce, entre autres, à Tarek Mekki qui a eu le courage de prouver, documents à l’appui, que le prétendu « Monsieur Propre » n’en était pas un puisqu’en 2007, il faisant un éloge plat pour Ben Ali et au 7 Novembre. Et après le fameux « on m’a trompé » de Ben Ali, on a eu droit à un « on m’a piégé » de Farhat Rajhi, appelé, désormais, à rendre des comptes à la justice comme l’a clairement indiqué le communiqué du ministère de la Défense. Il faut dire que M. Rajhi a failli mettre le pays à feu et à sang par ses accusations et l’on se demande s’il était conscient de la gravité de ses propos ou s’il faisait le jeu de ses « commanditaires » ? Pourtant, logiquement, personne n’a intérêt à rallumer le pays, sauf ceux qui cherchent à retarder l’échéance des élections du 24 juillet 2011. Autrement dit, certains petits partis, et à leur tête le POCT de Hamma Hammami qui s’acharnent à faire reporter ce délai. Ainsi, au lieu d’aider le « soldat » Béji Caïd Essebsi, qui a eu le courage d’accepter de diriger le gouvernement transitoire à un moment fort critique de la post-révolution, on assiste à des manigances pour lui mettre les bâtons dans les roues. Résultat : une multiplication de manifestations sporadiques qui n’ont rien de marches pacifiques de protestation. Les manifestants qui sont généralement de l’ordre de quelques centaines, voire un millier, ont pris cette manie de parle au nom du « peuple », une notion noble, mais complètement banalisée. Autre phénomène inquiétant, ces marches ne semblent pas toujours innocentes et prennent des allures provocatrices et dangereuses dans le sens où cette foule de 150 à 200 personnes, massés des heures durant devant le Théâtre municipal, prend soudain de l’ampleur pour compter, en l’espace de quelques minutes, cinq ou six fois plus avec des mouvements par vagues dans des tentatives de forcer les barrages policiers. Des mots d’ordre circulent déjà sur Facebook pour une « révolution 2 » ou, pire encore, pour une désobéissance civile. Ce réseau communautaire, destiné, au départ, pour rapprocher les gens et fournir l’information en temps réel, est devenu un espace pour se diffamer les uns les autres, un espace pour se menacer les uns les autres, pour se lancer des accusations et pour émettre des incitations à la violence et à la haine dans l’impunité la plus totale. Et on se pose, de nouveau, la question : qui a intérêt à ce que la Tunisie bascule dans la confusion et l’anarchie ? Peut-on, pour de simples agendas politiques, compromettre la sécurité et la stabilité du pays ? Faut-il attendre jusqu’au jour où la trésorerie générale ne sera plus en mesure d’assurer le paiement des employés ? Faut-il attendre le jour où le pays sera paralysé suite aux braquages, aux sit-in, aux grèves et actes de pillage et d’incendies ? Peut-on obtenir, en l’espace de six mois, l’emploi intégral, les titularisations de tous les employés, les promotions pour tous, les procès à tous les mafieux, une démocratie parfaite ? Tout cela, en même temps que la gestion des affaires courantes, des tractations avec les responsables venant du monde entier et la situation humanitaire et militaire difficile à nos frontières avec le voisin libyen. On aurait bien aimé entendre la voix des partis concernant les problèmes au sud et leurs avis sur l’utilité des mouvements tournants. Qu’ils viennent s’exprimer clairement et assumer leurs responsabilités en nous disant ce qu’ils sont en train de faire pour calmer les esprits et apaiser les tensions. Car il faudrait plus qu’une baguette magique pour satisfaire toutes les revendications politiques, sociales et économiques tout en garantissant la vie sécuritaire. L’heure est plus que grave. Et tout un chacun est appelé, tout en restant vigilant quant à la protection des vrais objectifs de la révolution – et non pas les calculs étroits des partis – à se mettre à la tâche. Il y va de l’avenir de la révolution, il y va de notre souveraineté, il y va de la viabilité de la Tunisie et des Tunisiens. Cessons de jouer, tous, aux fins politiciens sans regarder les vrais défis auxquels le pays est confronté. Car, demain, il risque d’être trop tard !

Source: ”Business News” Le 08-05-2011

Lien: http://www.businessnews.com.tn/Tout-est-fait-pour-que-la-Tunisie-démocratique-n’avance-pas,519,24690,1


 

Le prestige de l’État : Témoignage sur les évènements du 6 mai sur l’Avenue H. Bourguiba


 

Par Shiran Ben Abderrazak

Aujourd’hui, je suis allé manger une crêpe sur l’avenue Bourguiba. Je viens d’arriver à Tunis après un mois d’absence. Je suis content d’être en Tunisie, pays nouvellement libéré de la peur, de la censure et de la violence arbitraire. Je suis avec un ami et on se balade.

On arrive devant le théâtre et on trouve un attroupement de jeunes et de moins jeunes, une cinquantaine de personne, qui scande des slogans anti-gouvernementaux, une manifestation populaire tout ce qu’il y a de plus bon enfant. Les slogans, ni violents, ni obscènes, ni agressifs, ni insultants, sont entrecoupés de moments où tous chantent Humat el Hima, notre hymne nationale dont nous sommes aujourd’hui plus que jamais si fier.

Les slogans expriment un mécontentement que je partage, c’est ainsi que nous restons aux environs du groupe, qui se déplace vers le terre plein central de l’avenue. La marche s’arrête devant un barrage des BOP, au niveau du métro. Les chants et les slogans continuent un petit moment, tranquillement, des gens se dispersent, il reste une vingtaine de personnes et puis tout à coup une voix dit quelque chose d’inaudible au travers d’un mégaphone, ensuite ?

Le chaos se déchaine… l’enfer se produit, un mouvement de foule m’emporte, je me retrouve saisi par des gens qui manquent de tomber, j’aide une personne à se relever, on me pousse vers l’avant, on me fait avancer plus que je n’avance, j’ai l’impression désagréable d’être porté par la foule. Tout à coup l’air devient irrespirable, de notre flanc gauche surgissent des formes sombres qui fondent sur des gens, des tonfas aux poings ils assènent très violemment des coups, je me met à courir, un BOP me prend en chasse, sur ma droite un compagnon d’infortune est également poursuivi, nous nous entrecroisons, repartons dans un sens diffèrent, ce qui fait trébucher mon poursuivant et perdre le nord au sien, je cours un peu plus vite, et là une grenade lacrymogène tombe à cinquante centimètre de moi, je ne vois plus rien, j’ai mal aux yeux, au nez, aux poumons, mais je sens bien que mon salut est dans la course, nous sommes nombreux à partir dans le même sens.

Arrivé dans la rue Atia, je m’apperçois que j’ai perdu mon ami. On s’appelle et je décide de retourner vers l’avenue pour le retrouver. De loin cela semble s’être calmé.

J’arrive sur l’avenue juste pour voir débouler des grosses motos sur lesquels sont juchés deux policiers en civils, les passagers sont armés de gourdins et cherchent à taper les gens qui ne les ont pas vu venir et qui les fuient.

Je finis par réussir à avancer sur l’avenue et j’arrive au niveau du café l’Univers au même moment qu’un autre homme. Face à nous arrivent des policiers cagoulés qui poursuivaient des filles en les tapant avec leurs pieds. L’homme qui était à mes côté lance un « Tahan » à l’encontre du policier qui tapait la fille, puis se faufille sous la grille du Café, espérant trouver un refuge. Je me jette dans l’immeuble qui jouxte le Café où se trouve mon ami et arrive à voir à travers la porte grillagée ce qui se passe à côté.

Le flic insulté essaye d’arracher la grille du Café, son comparse appelle des renforts en disant : « Il a traité ****** (nom du policier) de Tahan » Il force le serveur du café à ouvrir la grille (il me semble que le serveur s’est pris un coup puisqu’il refusait, mais je ne l’ai pas vu vraiment bien, par la suite il se tenait le nez avec un mouchoir). Là ils saisissent l’homme qui a insulté et le démolissent. Ils ne le tapent pas, non, ils ne le battent pas, non, ils sont cinq, surentrainés, contre un, ils ont des bâtons, des tonfas, des gourdins, et ils le démolissent, sous les regards impuissants de plein de gens…

Et nous n’avons rien fait, nous ne pouvions rien faire, nous étions paralysés, terrifiés à l’idée que ce soit nous. Et ils cognaient, cognaient, en l’insultant…

Ce fut un long moment, un moment tragiquement long… un moment horrible où l’impuissance est totale. Un moment où l’on se dit que rien n’a de sens… que ceux qui sont censé nous protégés sont en fait les voyous qui nous menacent. Et puis nous nous sommes réfugiés dans un appartement dans l’immeuble. De là nous sommes sorti sur le balcon et nous avons vu une grosse flaque de sang et l’homme étendu par terre inconscient et immobile.

Les Policiers cagoulés s’en sont allés comme ça, sans même un regard en arrière…satisfait et content…

Et là, les gens se sont regroupés autours du corps. Et j’ai vu ce qu’à été Tunis après l’attaque des milices, ce qu’est Tunis et la Tunisie quand la pourriture qui l’oppresse n’est pas là, un peuple bon et gentil, profondément pacifique, qui ne comprend pas la violence… un peuple qui est impuissant face à un déchainement de violence incompréhensible et gratuit… un peuple qui essaye de réagir, toujours dignement, toujours attentif à l’autre… j’ai vu une fille qui était rester enfermé à regarder la scène qui a failli se jeter sur les brutes, alors que moi j’étais là haut sur mon balcon à me terrer et à me demander qu’est ce que c’était que ce pays libéré de la peur, de la censure de l’oppression… voilà ce que j’ai vu… ils essayaient d’interpeler les policiers qui passaient pour leur demander de l’aider, aucun ne s’est arrêté, au bout d’un long moment ils sont allé sur la route et ont arrêté une voiture suppliant le chauffeur d’emmener la victime à l’hopital. Une fois la victime mise dans la voiture les flics en motos ont essayé de récupérer le corps, je ne sais pas ce qui s’est passé la voiture à fui avec le corps…

Et maintenant je lis que ce type est en fait un flic en civil qui a été attaqué par des manifestants, je lis ça sur le site d’une radio nationale… je lis un communiqué ministériel qui est un mensonge éhonté et une insulte à tout ce qui est humain… et maintenant je suis chez moi et j’ai peur à nouveau… j’ai peur et je pleure sur ma Tunisie qui est la propriété d’une mafia qui se prétend un État et qui nous considère tous comme du bétail… car ce qu’ils ont fait aujourd’hui c’est nous traiter comme du bétail récalcitrant… rien d’autre.

Source: “Nawaat” Le 06-05-2011

Lien: http://nawaat.org/portail/2011/05/07/le-prestige-de-etat-temoignage-sur-les-evenements-du-6-mai-avenue-bourguiba/


 

Révolution tunisienne, deuxième round ?


 

Un couvre-feu d’une durée indéterminée a été décrété à Tunis et dans sa banlieue. En cause : les pillages et les émeutes de ces derniers jours, motivées par une théorie du complot contre-révolutionnaire, elle-même popularisée par l’ancien ministre Farhat Rajhi…

La Tunisie connaîtrait-elle une nouvelle phase de sa révolution ? Un couvre-feu nocturne courant de 21 heures à 5 heures (22 heures à 06 heures GMT) a été décrété samedi soir à Tunis et dans sa banlieue. Une décision prise pour une durée indéterminée, et qui se justifie par plusieurs jours de violences et de pillages dans la capitale et sa banlieue, selon les ministères de la Défense et de l’Intérieur cités par l’agence officielle TAP.

Aucune déclaration du gouvernement n’a accompagné cette annonce. Le journal télévisé s’est même ouvert vendredi soir sur la situation sécuritaire à la frontière libyenne, et a complétement occulté les émeutes populaires secouant le pays suite aux déclarations de l’ancien ministre de l’Intérieur Farhat Rajhi, le 5 mai dernier. Lequel accusait le gouvernement de comploter pour la contre-révolution avec l’armée et l’ancien parti de Ben Ali (le Rassemblement constitutionnel démocratique, RCD).

Les militaires chassés à coup de pierre

Les 70 personnalités qui participent au « voyage du jasmin », organisé par l’Office national du tourisme tunisien pour le lancement de sa campagne de promotion qui met en avant, avec humour, la révolution tunisienne, risquent donc d’être servis. Depuis plus de 24 heures, des affrontements ont paralysé le centre de Tunis, certains quartiers périphériques de la capitale comme celui du Kram mais également plusieurs villes de l’intérieur du pays comme Sfax, Kairouan, Métaloui, où un couvre feu a également été instauré, et Kébili, où la population pourchasse les militaires à coups de pierres.

Les propos de Farhat Rajhi, qui n’apportait aucune preuve de ce qu’il avançait et a été démis de ses fonctions à la tête du Haut comité des droits de l’Homme et des libertés fondamentales (HCDHLF), ont donc eu beaucoup d’échos. De fait, sa théorie du complot semble apporter une réponse claire aux nombreuses interrogations qui agitent les Tunisiens à cause de l’absence de communication du gouvernement. Et les manifestants ont visiblement durci le ton en s’en prenant ouvertement aux forces de l’ordre, qui répliquent avec une violence jamais vue depuisla chute de Ben Ali, le 14 janvier dernier.

L’homme providentiel

À tel point que le gouvernement a dû présenter ses excuses suite à la violente répression d’une manifestation avenue Bourguiba, vendredi dernier à Tunis. Comme durant les semaines qui ont suivi le 14 janvier, au centre de Tunis, les commerces ont baissé leurs rideaux. Un match de football au stade de Radès a tourné à l’émeute. Des combats continuent à la frontière libyenne. Dans tout le pays, la situation est extrêmement confuse.

Se méfiant des manipulations, de nombreux Tunisiens s’interrogent sur le fait que ces turbulences ont empêché le déroulement à Tunis de la plus importante manifestation organisée contre les islamistes. Mais aussi sur une troublante coïncidence entre ces événements et le premier jugement rendu contre un membre de l’ancien clan au pouvoir : Imed Trabelsi, neveu de Leila Ben Ali, poursuivi pour usage de drogue et condamné à deux ans de prison ferme. Se pourrait-il qu’il y ait vraiment, tapi dans l’ombre, un « sauveur de la nation » prêt à profiter de l’instabilité actuelle de la Tunisie ?

Source : « Jeune Afrique » Le 08-05-2011

Lien : http://www.jeuneafrique.com/Article/ARTJAWEB20110508093155/gouvernement-justice-proces-tunisierevolution-tunisienne-deuxieme-round.html


 

La Tunisie fait sa révolution culturelle


 

En Chine, aujourd’hui, taper le mot « jasmin » sur le Web déclenche une alerte policière. En plein hiver, le printemps de Tunis a mis le feu à tout un escadron de dictatures. Et il y est ­parvenu à la tunisienne, comme on ne l’avait jamais réussi nulle part ailleurs : sans leader, sans idéologie et sans ­frénésie. La haine et les Tunisiens font mauvais ménage. En 1957, quand Habib Bourguiba a proclamé la naissance de la République, le dernier bey a simplement été prié de regagner un de ses palais et de s’y faire tranquillement oublier. Dire que Carthage s’offrait sacrifices humains et bains de sang au bord des mêmes lacs. L’esprit des lieux a changé. L’arme préférée, c’est la parole. Et depuis le 14 janvier, elle se déchaîne.

A Tunis, tout le monde s’exprime. Dans la presse, à la radio, à la télé, sur Facebook et Internet, dans les cafés et dans la rue, en famille, on débat sans arrêt partout. On se croirait à Paris, la capitale universelle des révolutions qui changent tout pour que rien ne change. Oubliez la Russie, la Chine ou l’Iran. Ici, au fond, le message est simple : la vulgarité de Ben Ali, sa voracité et son manque de culture salissaient le pays et nul ne regrette ce paysan mal dégrossi et sa camarilla de délateurs corrompus, mais le pays, lui, n’entend pas se transformer de fond en comble. Loin de là. Du reste, son éruption volcanique n’avait rien de politique. Les militants des partis n’ont joué qu’un rôle latéral. Les jeunes qui descendaient dans la rue ne se réclamaient jamais de leurs mots d’ordre ou de leur slogan. Passée par ­Internet, la « révolution du jasmin » est post-politique. Seuls les islamistes avaient un discours ­argumenté, les ­autres étaient entraînés par l’émotion.

Aujourd’hui, toutes lestendances donnent de la voix

Sous Bourguiba, on saisissait régulièrement des journaux mais tous avaient une étiquette et un propos ­particulier, de droite ou de gauche. Sous Ben Ali, on n’interdisait jamais ­aucun titre mais ils disaient tous exactement la même chose, c’est-à-dire rien ! Aujourd’hui, toutes les tendances donnent de la voix. Pour autant, personne ne prend de pari sur le résultat des élections du mois de juillet prochain. Deux instituts de sondage donnent environ 20 % au parti ­islamique Ennahda. Mais quelle valeur attribuer à des analyses encore balbutiantes ? La Tunisie laïque tient comme à la prunelle de ses yeux au statut des femmes ­imposé par Bourguiba et peaufiné par Ben Ali. Comme en Turquie, où il y a deux religions, l’islam et la laïcité, et deux prophètes, Mahomet et Atatürk, les Tunisiens entendent rester fidèles à l’islam et à Bourguiba.

Même la chaîne qatarie Al-Jazira n’emporte plus l’enthousiasme. On ne l’a pas quittée des yeux pendant les événements mais, à présent, on la soupçonne de moderniser la société arabe tout en l’islamisant. Peut-être, cela dit, ses idées rencontrent-elles plus d’écho à l’intérieur du pays, loin de la côte touristique et prospère ? C’est ce que redoutent les intellectuels que nous avons rencontrés dans la capitale. Enthousiastes, heureux, excités… et anxieux. D’autant que le mode de scrutin annoncé pour l’élection de la Constituante sera proportionnel. Un système très juste mais qui donne largement la parole aux extrémistes. Du coup, tout le monde retient son souffle. Brièvement ! C’est si bon de respirer enfin.

Source : « Paris Match » Le 08-05-2011

Lien : http://www.parismatch.com/Culture-Match/Art/Actu/Tunisie-revolution-jasmin-283483/


 

Les Tunisiens font plus confiance à Caïd Essebsi qu’à Farhat Rajhi


C’est l’un des résultats du sondage réalisé par le cabinet Sigma Conseil sur l’impact des récentes déclarations sur Facebook de Farhat Rajhi sur le «gouvernement de l’ombre» et le «projet de putsch de l’armée».

Interrogés à propos des personnalités en qui ils ont le plus confiance, les personnes sondées ont cité en premier lieu Béji Caïd Essebsi, le Premier ministre du gouvernement provisoire (39,5%) , suivi de Farhat Rajhi, ex-ministre de l’Intérieur (21,9%), Rachid Ammar, général de corps d’armée, chef d’Etat-major des armées et chef d’Etat major de l’armée de terre (20,9%) et, enfin, le faiseur de roi et homme de l’ombre, l’entrepreneur Kamel Eltaief (0,8%). 17% des sondés ont cependant affirmé n’avoir confiance en aucune de ces 4 personnes. Par ailleurs, 33,9% des sondés estiment crédibles les déclarations faites mercredi dernier par Farhat Rajhi, contre 33,1% qui ne les trouvent pas crédibles et 32,9% sans opinion. Ce qui traduit l’extrême perplexité de l’opinion tunisienne sur cette question. En revanche, une majorité de sondés considèrent que les déclarations de M. Rajhi sont contraires à l’intérêt du pays (62,3%), alors que 22% estiment qu’elles sont dans l’intérêt du pays et 15,7% sans avis. A quel degré êtes-vous d’accord sur le fait que l’armée doit intervenir dans la vie politique? En réponse à cette question, 48,5% se sont dit d’accord (31%) et tout à fait d’accord (17,5), contre 51,5 % pas d’accord (22,3) et pas du tout d’accord (29,2). Le seul élément du sondage aussi inattendu qu’inquiétant est celui relatif à l’«existence de régions tunisiennes qui œuvreraient dans l’ombre pour mettre le pays sous leur contrôle». Car 74% des sondés ont donné crédit à cette thèse, avancée par M. Rajhi en désignant la région du Sahel, contre 13,7% qui la contredisent et 12,3% sans opinion. Par ailleurs, 40,8 des personnes interrogées pensent que certains pays arabes ne soutiennent pas la transition démocratique de la Tunisie, contre 36,5% qui ne le pensent pas et 22,7% sans opinion. Si une majorité des sondés (68,3%) ont déjà entendu parler de Kamel Eltaief, contre 31,7% ne le connaissant pas, peu en revanche lui font confiance (0,8%). L’enquête, réalisée les 6 et 7 mai sur un échantillon de 504 individus appartenant aux 24 gouvernorats du pays, et avec la méthode d’administration Cati (interviews téléphoniques assistées par ordinateurs), présente un taux d’erreur maximal de 4.36%.

Source : « Kapitalis » Le 08-05-2011

Lien : http://www.kapitalis.com/fokus/62-national/3836-les-tunisiens-font-plus-confiance-a-caid-essebsi-qua-farhat-rajhi.html


 

Tribune : « Laïcité ? In chah allah ! »


 

Par Séverine Labat

A rebours des prophéties annonçant la mort de l’islam politique, la réalisatrice franco-tunisienne,Nadia El Fani, fait, avec d’autres, les frais d’un retour inattendu de l’obscurantisme dans une Tunisie pourtant tenue pour être le pays arabe le plus avancé en termes de laïcité.

En effet, tandis qu’en son temps,Habib Bourguiba s’autorisa à boire du jus d’orange en public durant le mois de ramadan, il ne semble plus permis, à quelques mois de la chute de Ben Ali, de revendiquer le droit à la pleine liberté de conscience, ni d’afficher ses convictions athées.

Après un talentueux « Ouled Lenine » (« Les enfants de Lénine« ) réalisé voici deux ans et relatant le parcours de militants communistes tunisiens, au nombre desquels son propre père, Nadia El Fani, qui a commencé sa carrière auprès, rien moins, de Jerry Schatzberg, Roman Polanski, Nouri Bouzid, ou encore Romain Goupil, nous revient avec un stimulant « Ni Allah ni maître » (projeté au Festival de Cannes le 18 mai).

Consécutivement à un reportage diffusé sur la chaîne tunisienne Hannibal TV, son nouveau film lui vaut, depuis quelques jours, l’ire d’un islamisme dont les déchaînements commencent à inspirer une crainte non feinte en Tunisie.

Plusieurs sites, plus ignominieux les uns que les autres, ont ainsi fleuri sur Facebook où cette courageuse jeune femme est représentée sous les traits du diable et autres créatures difformes. Affichant le portait d’Oussama Ben Laden en guise de photographie de profil, ses quelques 33 000 détracteurs n’hésitent pas à lui promettre les flammes de l’Enfer lorsque ce n’est pas, purement et simplement, « une balle dans la tête ».

 

Son crime ? Avoir simplement déclaré ne pas croire en Dieu ….

D’autres artistes, tels que le cinéaste Nouri Bouzid, ont également fait l’objet de menaces de mort de la part de militants du parti islamiste En-Nahdha. Ces derniers, à peine leur leader historique, Rached Ghanouchi, rentré d’exil, s’étaient illustrés en tentant de mettre le feu aux bordels de l’un des quartiers de la médina de Tunis. A quelques mois des élections à la constituante (24 juillet), se profile ainsi le spectre de sérieuses batailles politiques pour la défense de l’héritage bourguibien en termes de droits des femmes et d’une certaine conception de la laïcité.

*Séverine Labat, chercheur au CNRS et politologue

Source : « Le Nouvel Observateur » Le 08-05-2011

Lien : http://tempsreel.nouvelobs.com/actualite/les-revolutions-arabes/20110508.OBS2625/tribune-laicite-in-chah-allah.html


 

Tunisie/Farhat Rajhi : Au-delà des faits


 

Il semble fort improbable que les derniers événements violents à Tunis, soient liés stricto sensu aux déclarations de Farhat Rajhi, même s’il en a été l’étincelle. Cela ne le disculpe pas pour autant, de sa légèreté et le disqualifie certainement à prétendre au rang d’homme d’Etat. Néanmoins, sur le plan purement électoraliste, sa sortie a sûrement renforcé sa notoriété et même probablement sa popularité au moins auprès de la classe la plus populaire qui voit le monde en noir et blanc et qui attend des explications simples à des problèmes complexes… F. Rajhi n’y est pas allé par quatre chemins, il a tenu un discours approximatif, populiste, et doublement dangereux. Dangereux pour la cohésion nationale autour de l’armée et dangereux pour l’unité nationale en diabolisant une région alors qu’il aurait pu se limiter à diaboliser une classe politique corrompue, accessoirement issue d’une même région. Malgré tout, on ne peut faire porter le chapeau à F. Rajhi, concernant les événements de ces derniers jours, pour la simple raison que ces événements ont débuté bien avant sa déclaration sulfureuse, il n’en a été que le malheureux prétexte. En effet, cette bévue intervient après plusieurs « incidents » incompréhensibles et bizarrement, souvent tus par le gouvernement provisoire. – L’évasion de centaines de prisonniers, organisée par ceux-là même qui sont chargés de leur détention à savoir les responsables pénitentiaires – Les tensions entre gouvernement et haute instance concernant l’inéligibilité des RCDistes qui a mis le gouvernement sur la défensive – La grève des juges organisée par l’association des magistrats – Le scandale de la gestion par le gouvernement du dossier de Tunisie Telecom qui a vu la négation même, des principes fondamentaux de la gouvernance d’entreprise assumée en principe par le conseil d’administration et non par les syndicats – Les attaques de divers meetings politiques par de petites bandes de jeunes Mais surtout, surtout, – La mascarade du procès de Imed Trabelsi qui s’est présenté devant le tribunal dans une tenue incompatible avec son statut d’inculpé en état d’arrestation, et ce d’autant plus qu’il comparaissait devant le même juge complaisant qui l’avait relaxé dans l’affaire du yacht volé à Ajaccio en fabriquant lui-même de faux documents – Le ballet incessant au centre de détention de l’Aouina, non seulement des familles de la bande mafieuse, mais également des amis de leurs amis qui arrivent à toutes heures chargés de victuailles et même d’équipements électroniques. Cette série de faits a choqué la grande majorité du peuple tunisien qui s’est sentie encore une fois bernée et l’a vécu comme une énième provocation insupportable. La série n’est d’ailleurs pas finie avec la nouvelle annonce de grève des agents municipaux et avec le jugement à deux ans de prison d’Imed Trabelsi pour une affaire dont la peine maximale serait d’une seule année … la justice a accouché d’une souris après plusieurs mois d’instructions et ne finit pas de se ridiculiser (au profit de l’ancien régime qui attend son procès), en mettant en avant les délits mineurs de ces grands criminels et en ne traitant pas avec la plus grande célérité les affaires les plus consistantes ! Dans une période aussi délicate que celle-ci, la justice se doit d’être tranchante sans tergiversations et regagner le respect du peuple, celui-là même dont la justice est prononcée en son nom. Le scandale de la destruction de tout un quartier de La Goulette, si sensible, si exemplaire et si populaire par le nombre de victimes chassées de chez elles en pleine nuit avec la complicité de l’appareil officiel et parallèle de sécurité n’est t-il toujours pas à l’ordre du jour ? Last but not least, l’absence de concentration de la justice sur les affaires politiques liées à l’ancien régime, révèle une absence de vision sur la gouvernance de la justice dans un pays désormais instable et pourrait conduire à  » la privatisation » de la justice qui deviendrait plus expéditive. A cet effet, des mesures spécifiques plus radicales et à la hauteur des événements historiques que vit la Tunisie auraient pu être prises. Ainsi, la spécialisation d’un ensemble de tribunaux pour le jugement de toutes ces affaires liées à l’ancien régime réunis dans un seul lieu physique pourrait non seulement accélérer le processus transitionnel mais également rendre une meilleure justice afin que tous soient jugés en dehors des pressions populaires et selon les mêmes canons. De même l’amnistie pour tous les délits mineurs et la mise en liberté de tous les détenus provisoires qui ne représentent pas un danger à l’ordre public afin de désengorger les tribunaux et les prisons seraient une initiative participant au calme général. Il serait intéressant de chercher à comprendre qui aurait intérêt à bloquer le processus de transition démocratique et à qui profite l’instabilité sécuritaire et institutionnelle ? Sans être grand clerc, il est facile de penser que plusieurs groupes ont un intérêt manifeste à changer le cours des événements : – Les familles déchues qui rêvent de récupérer leurs privilèges, – La nomenklatura du RCD dissous qui est devenue inéligible et dont l’avenir est devenu incertain – Les divers groupes proches de l’appareil sécuritaire de l’ancien régime – Des politiciens en course, incapables d’affronter si rapidement le nouveau jeu démocratique et qui essayent de retarder les échéances tout en espérant améliorer leur positionnement politique. Il ne serait pas étonnant de découvrir que ces groupes, chacun séparément ou parfois se partageant les rôles, s’allient pour bloquer le processus de transition démocratique. Ainsi, les familles déchues et la nomenklatura du RCD dissous, financeraient des groupes proches de l’appareil sécuritaire de l’ancien régime, pas nécessairement les mêmes, dans une sorte de fuite en avant, juste pour échapper aux menaces immédiates et repousser l’échéance de leur déchéance, mais sans évaluer à leur juste mesure, les conséquences de leurs actions et ce d’autant plus que le sentiment d’absence de justice se généralise. Il nous reste à comprendre comment ces événements sont-ils organisés sur le terrain et qui en est le moteur opérationnel ? Mais n’est-ce pas là, le rôle du gouvernement, de sa police et surtout de sa justice. Si la majorité d’entre nous ne mette pas en cause l’intégrité de Béji Caied Essebsi, sa volonté de faire aboutir le processus transitionnel dans les meilleures conditions dans les délais convenus et sa dextérité à apaiser les forces vives de la nation, il n’en est pas moins vrai, que le processus d’affaiblissement de l’état commencé bien avant lui, continue sur sa lancée. Dans ces conditions, condamner les événements de ces derniers jours, ne reviendrait-ils pas tout d’abord à condamner le gouvernement et surtout sa justice ?

Source: “GlobalNet” Le 08-05-2011

Tunisie : A qui profite la sortie de l’ex-ministre de l’Intérieur ?


 

 

Bruits de bottes ou bruits tout court ? Le retour à la normale en Tunisie, à la faveur du redressement politique enclenché par legouvernement transitoire de Bejji Caïd Sebsi, ne semble pas être du goût de certaines parties qui gravitent autour du pouvoir.

A leur tête l’ancien ministre de l’Intérieur du premier gouvernement transitoire de Mohamed Ghannouchi, Farhat Rajhi, qui a lancé, mercredi dernier, un pavé dans la mare en dénonçant la préparation d’un « coup d’Etat militaire » en cas de victoire des islamistes aux élections de la future constituante le 24 juillet. « Si le mouvement islamiste Ennahda (Renaissance) gagne les prochaines élections, le régime sera militaire (…) », a-t-il mis en garde dans une vidéo postée sur Facebook dont il a confirmé la teneur jeudi sur la radio tunisienne Express FM.

Le « scoop » ou l’« intox » a fait l’effet d’une bombe dans la rue tunisoise. Plus de 200 personnes de ses partisans sont descendus dans la rue de la capitale jeudi et vendredi réclamer la tête de l’exécutif, en appelant, pas moins, à une « nouvelle révolution ». Lamanifestation a été violemment réprimée par les forces de sécurité témoignant de l’inquiétude générale provoquée par l’annonce de M. Rahji. Le gouvernement provisoire de Caïd Sebsi a vite réagi en dénonçant une « atteinte à l’ordre public » alors que le ministère de la Défense menace de recourir à la justice contre l’ancien ministre. « Ces propos représentent un grand danger pour la révolution du peuple tunisien et pour la sécurité du pays actuelle et future ». Et de poursuivre : « Ces déclarations demandent une analyse approfondie sur les motivations et les objectifs (de M. Rahji) et cela ne peut être fait qu’à travers la justice afin qu’aucune partie ne puisse à l’avenir jouer avec la sécurité du pays et les principes de la révolution».

A qui profite la sortie pour le moins intrigante de M.Rahji ? Face au tollé général causé par ses accusations, et les risques de dérapages sécuritaires, l’ex-ministre est curieusement revenu vendredi sur ses propos en appelant «au calme» juste avant la tenue d’une manifestation de soutien à Tunis relayée par Facebook. «J’ai appelé au calme sur des radios tunisiennes. Mes propos ne sont que des hypothèses dans l’absolu qui ne visaient à porter atteinte à personne et je ne suis pas responsable des interprétations de mes propos », a-t-il déclaré à l’AFP. Il affirme qu’il n’était pas « dans ses intentions de créer un climat de tension dans cette période particulière mais malheureusement j’ai été piégé par les deux journalistes (qui ont posté l’interview sur Facebook) qui m’ont enregistré sans m’avertir et en ne respectant pas ainsi l’éthique du leur métier », a-t-il affirmé.

Par ailleurs, et en guise de bonne volonté, le gouvernement a indiqué que les anciens responsables du gouvernement du président déchu Ben Ali, membres de son parti, le Rassemblement constitutionnelle démocratique (RCD) ne pourront pas être candidats aux élections du 24 juillet. « Les membres du RCD qui ont assumé des responsabilité ne pourront également pas se présenter », a précisé le porte-parole du gouvernement à l’issue d’une réunion du Conseil des ministres.

Source: ”Donne Ton Avis” Le 08-05-2011

L’aveuglement face au “Printemps arabe”


 

Par Par Xavier Raufer

Ce sont des spécialistes du marketing qui l’affirment : dans une société de l’information qui vante sans cesse sa « transparence » et sa « diversité », jamais le conformisme et le panurgisme n’ont été pire. Un ex fana d’Internet en vient même à dénoncer le « maoisme digital » et le « collectivisme en ligne » !

Venues d’obscures officines, des idées, des concepts, des opinions – mais en fait, de très directifs éléments de propagande – inondent la Toile avec la force d’un tsunami ; de là, ils contaminent les foyers et cerveaux connectés ; s’imposent enfin, avec la force de l’évidence. De fait, pourquoi séduire, pourquoi convaincre, pourquoi discuter – quand on dispose d’un rouleau compresseur ? Face à ce torrent univoque, les médias – et hélas et massivement, les médias français – sombrent désormais trop souvent dans l’angélisme, acceptent tout à l’instant comme la vérité du Bon Dieu, avalent servilement et sans réfléchir. Ainsi – et cela est immensément dangereux en matière de sécurité globale, car là est la source même de l’aveuglement – constate-t-on bien en effet (pour évoquer Houellebecq) l’immense extension d’un domaine, mais pas de celui de la lutte – tout à l’inverse, celui de l’envahissant domaine du convenu, de l’indiscuté car finalement indiscutable – de l’évident. Qui veut se mettre à contre-courant est à l’instant sermonné avec indignation. Il insiste ? Le voilà noyé sous le silence ou disqualifié. Ringard ! Comment ose-t-il ! Un fasciste, sans doute. Car le tsunami propagandiste Internet ne connaît qu’un seul registre : celui de l’adulation, de l’enthousiasme, du 100% Vrai, Beau et Bon.

La mondialisation ? Génial ! Grandiose. Mais, qu’en est-il de la « face noire de la mondialisation » ? Alarmiste ! Frileux xénophobe. Le traité de libre-échange nord-Américain (NAFTA) ? Superbe ! La liberté pour tous ! Le bonheur à petits prix. Mais l’explosion des cartels criminels… Au seul Mexique, les 15 300 assassinats dans les guerres de la drogue en 2010, n’est-ce pas la « face noire du Nafta » ? protectionniste ! Ennemi de la liberté ! La « Diversité » ? Mais plus les nations sont hétérogènes, plus la criminalité y exerce ses ravages ? Raciste ! Quelle honte !

Et maintenant, le « printemps arabe », sur le même registre.

En effet, parmi les présents contes de fées électroniques, le plus toxique est sans doute celui du « printemps des peuples arabes ». Non pas qu’il soit scandaleux que des asservis se libèrent, au contraire – mais en raison de l’oblitération totale, du lourd silence, pesant sur les graves dangers émanant de ce chaos en théorie libérateur. Sur ce sujet, la raison imposerait au médias la prudence. Que peut-il sortir de ce chaudron de sorcières ? Forcément, des manifestations du Souverain Bien ? Pas sûr, car de bien dangereuses évolutions s’y dessinent :

Le syndrome somalien : parmi les facteurs décisifs que la politiquement correcte propagande électronique ne veut ou ne peut pas voir, le tribalisme. Certaines des nations en cause sont factices, en fait de simples mosaïques de tribus et de clans, péniblement comprimées dans le carcan étatique par l’usage alterné du bâton (beaucoup) et de la carotte (parfois). Certes, il est consternant de voir des pays marcher à la trique (ou pire) ou par distribution de valises de dollars (au mieux) – mais quelle est l’alternative ? Une rousseauiste Helvétie, illuminée par les œuvres de Montesquieu – ou bien la Somalie ?

L’oubli de l’islamisme politique : la barque ben Laden coule, c’est un fait. Etait-ce la seule forme d’islamisme – de salafisme, même ? Non : il en est une autre, plus dangereuse car plus subtile et rusée, terriblement flexible : celle de l’Ikhwan, les Frères musulmans. Depuis la seconde guerre mondiale, bien des pouvoirs moyen-orientaux ont entrepris de jouer avec l’Ikhwan des jeux compliqués, genre billard à trois bandes ; notamment l’Egypte de Sadate, Israël, la Jordanie. Tous s’y sont brûlés les ailes. Israël y a perdu Gaza, et Sadate, sa vie. Aujourd’hui en Egypte, nous dit l’International Herald Tribune un peu dégrisé, la fête révolutionnaire est finie et « ce sont les mieux organisés qui tirent des marrons du feu ». Ces « mieux organisés », qui sont-ils d’après vous ? Et pas seulement en Egypte, car l’Ikhwan est présente et structurée en Syrie, en Jordanie et partout dans la péninsule arabe.

L’oubli du crime : en Egypte d’abord, le crime organisé explose violemment et sous toutes ses formes, enlèvements, braquages, barrages de routes, tous les jours, dans tout le pays. La police a disparu ; la population a peur. Les 80 millions d’Egyptiens commencent même à s’affoler. Bientôt surgira une exigence d’ordre. D’après vous, qui sera le mieux à même d’imposer cet ordre, et au nom de quoi ?

L’oubli du « Hezbollah global » : là est le plus sidérant. Washington, Londres, Paris – dans les capitales mêmes qui vitupèrent constamment Téhéran pour son programme nucléaire, on oublie, ou l’on feint d’oublier, l’existence de l’appareil mondial révolutionnaire-islamique suscité et structuré depuis quarante ans par le pouvoir iranien. Un appareil qui provoqua en son temps de sanglants attentats anti-israéliens jusqu’en Argentine. Un appareil qui a assassiné ses opposants dans le monde entier – et à Paris même. Et le Hezbollah global resterait passif à Bahreïn, à sa barbe, devant son nez ? Ne s’agit-il là vraiment, comme le serine la moutonnière médiasphère, que d’une affaire de sunnites repus et de chi’ites misérables ? Ou bien plutôt d’un premier domino qu’on entreprend de renverser ?

Tout cela se ferait d’autant plus aisément, que, comme l’ignorent sans doute les enthousiastes moutons médiatiques, il n’y a nulle hostilité sectaire entre Frères musulmans et Hezbollah global. Ils s’entendent depuis six décennies comme larrons en foire. Qui va plus loin que le buzz du jour ou que la dernière dépèche d’agence, découvre vite, sidéré, qu’en 1979, le premier timbre émis par la fort chi’ite république islamique d’Iran était à l’effigie du très sunnite Seyyed Qutb, l’idéologue le plus radical de l’Ikwan de l’après guerre…

Source: “JSS News” Le 08-05-2011

Lien: http://jssnews.com/2011/05/06/laveuglement-face-au-printemps-arabe/

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