Sauvez la vie de Mohammed Abbou Sauvez la vie de tous les prisonniers politiques Association Internationale de Soutien aux Prisonniers Politiques 33 rue Mokhtar Atya, 1001, Tunis Tel : 71 340 869 Fax : 71 351 831 Tunis, le 7/6/2006 Communiqué
Ce matin, monsieur Belgacem Chérif Naouar, détenu sous l’accusation de participation aux faits survenus à la synagogue de la Ghriba à Jerba en avril 2002, a comparu devant la quatrième chambre criminelle du tribunal de première instance de Tunis, présidée par le juge Tarek Braham, pour y répondre des accusations de participation à une bande de malfaiteurs ayant pour objectif la préparation et la commission d’attentats sur les personnes et les biens, la participation à la destruction préméditée et la détérioration des biens d’autrui au moyen d’un explosif ayant entraîné la mort d’êtres humains, la participation préméditée au meurtre d’êtres humains, la participation à la fabrication et à la détention d’explosifs sans autorisation.
A l’appel de l’affaire, la défense a attiré l’attention du tribunal sur le fait que le dossier de l’affaire ne contenait pas tous les procès verbaux : le procès verbal d’interrogatoire du juge d’instruction en présence d’un juge allemand et en présence de Me Béchir Sid en a été retiré ; lors de cet interrogatoire, l’accusé avait nié ce qui lui était imputé ; ce procès verbal était important dans la mesure où il était en faveur de l’accusé ; son retrait et sa non-présentation à la commission du tribunal relèvent d’une partialité criante et d’une volonté de condamner par avance l’accusé ; il s’agit d’une atteinte aux droits de la défense et aux droits légitimes de l’accusé.
Pourtant, le président de la commission du tribunal a refusé de répondre à la demande de la défense, sans même en référer aux autres membres de la commission du tribunal. La défense a alors annoncé son retrait ce qui n’a pas empêché le tribunal de poursuivre l’examen de l’affaire en passant outre la réquisition d’un avocat, en violation flagrante de l’article 141 du Code de procédure pénale.
L’interrogatoire et le procès de l’accusé se sont alors déroulés en un temps record. Le procès n’a pas duré plus de vingt minutes au grand maximum, en dépit de la gravité des accusations et alors que la peine encourue était la peine capitale.
Cette affaire a vu de nombreuses violations de la loi, lors des investigations et de l’instruction dont étaient absents les standards des procès équitables. Ainsi :
– L’accusé a été soumis aux plus atroces formes de torture, qui lui ont occasionné de nombreuses lésions corporelles. Il lui a été interdit de se soigner alors que son état de santé était dégradé. – Il a été gardé à vue pendant les investigations seize jours alors que la durée légale maximum prévue par la loi pour la garde à vue est de six jours. – Il est resté quatre années en détention préventive, alors que la durée maximum prévue par la loi est de quatorze mois. – L’accusé a été privé pendant plus de deux ans et demi de l’assistance d’un avocat, lors son interrogatoire par le juge d’instruction, qui a eu lieu en l’absence d’avocat, alors qu’il insistait pour pouvoir être assisté d’un conseil. Les avocats, pendant les périodes d’investigation et d’instruction, n’ont pu avoir accès au dossier, ni défendre leur client. – La détention arbitraire de tous les membres de sa famille, dont tous ses frères. – Le procès de l’accusé en l’absence de ses avocats en dépit de l’obligation de la présence d’un avocat en matière criminelle. – La mise de l’accusé au cachot individuel en isolement total du monde extérieur et ce, pendant plus de trois ans. – La marginalisation du rôle des avocats et l’interdiction qui leur a été faite de remplir leur mission aux différentes étapes de la procédure. – Le retrait d’un procès verbal du dossier, procès verbal dans lequel l’accusé niait les accusations dont il faisait l’objet. L’AISPP
– considère que le procès de Belgacem Chérif Naouar est inéquitable, qui n’a pas octroyé les garanties minima requises pour l’accusé. – Demande l’ouverture d’une enquête sérieuse sur la torture dont monsieur Naouar a été l’objet, et des poursuites contre ses responsables. – Exige que soient accordées les garanties légales à monsieur Naouar et que lui soit permis de se défendre, enfin que les avocats puissent remplir leur mission de défense. Le Président de l’Association Maître Mohammed Nouri (traduction ni revue ni corrigée par les auteurs de la version en arabe, LT)
Parti « Tunisie Verte »
Communiqué de presse à l’occasion de la journée mondiale de l’Environnement :
NON A L’ENERGIE NUCLEAIRE OUI AUX ENERGIES RENOUVELABLES
Tunisian court convicts accomplice in deadly 2002 suicide attack on synagogue
By BOUAZZA BEN BOUAZZA, Associated Press Writer Associated Press, le 8 juin 2006 à 02h08 TUNIS, Tunisia (AP) _ A court convicted an accomplice in the 2002 suicide attack on a historic Tunisian synagogue that killed 21 people _ mostly German tourists, judicial officials said. Belgacem Nawar, 44, was given a 20-year sentence Wednesday by the Tunis court _ the first conviction in the case in Tunisia. He is the uncle of Nizar Nawar, who died after ramming a gas-laden truck into the synagogue on the resort island of Djerba in April 2002. Tunisian investigators linked the attack to al-Qaida. Nawar was detained shortly after the attack, which killed 14 Germans, five Tunisians and two French citizens. Nawar, a welder from Djerba, said to have helped his nephew put a gas tank on the truck, was charged with complicity in murder and making explosive devices. Nawar could have faced the death penalty. His lawyers abruptly left the courtroom before the verdict to protest what they called an unfair and hasty trial. According to investigators, the attacker’s brother, Walid, had obtained a satellite phone that was used just hours before the attack to contact Khalid Sheikh Mohammed, the alleged mastermind of the Sept. 11, 2001, attacks on America who is now in U.S. custody. Nawar acknowledged having helped his nephew buy the truck, but said he had no idea what he planned to do with it or the modifications he would make to the vehicle. « I am in no way involved in this attack. I am innocent, » he said before the verdict. The only other convictions in the Djerba case were handed down last month in Spain, where the National Court delivered sentences of five years each to a Spaniard and a Pakistani for helping finance the attack. Associated Press
L’Unesco soutient la liberté d’expression et de presse dans les pays du Maghreb (responsable)
CASABLANCA (MAP) – M. Jaco Du Toit, conseiller pour la communication et l’information au Bureau de l’Unesco à Rabat, a exprimé, mardi à Casablanca, le soutien de l’Unesco au concept de la liberté d’_expression et de la presse qui se trouve au coeur de la société du savoir reposant sur le respect des droits de l’Homme. Intervenant à l’ouverture d’une conférence sur l’état de la liberté d’_expression en Afrique du Nord, organisée sous le thème »La liberté de la presse en Afrique du Nord », M. Du Toit a indiqué que l’Unesco tient à mettre en oeuvre des actions pour la promotion de la liberté de la presse dans les pays maghrébins et africains. Il a également fait part de l’intention de l’Organisation onusienne d’appuyer des réseaux nationaux et régionaux et de détecter les cas de violation des libertés de presse à travers notamment un réseau de veille. Pour sa part, le secrétaire général de Reporters sans frontières (RSF), M. Robert Ménard, a fait remarquer que les journalistes ne sont aucunement au-dessus des lois, rappelant, par ailleurs, que la situation de la liberté de la presse diffère d’un pays à un autre de la région, chacun ayant ses particularités et ses spécificités. Pour sa part, Mme Lotte Dalhman, de l’International media support (IMS) s’est félicitée de l’organisation de telles manifestations, appelant à redoubler d’efforts et de coordination pour la promotion de la presse dans la région. Après avoir donné un aperçu sur son organisation danoise, elle a plaidé pour le respect de la déontologie de la presse et pour un partenariat entre les différents acteurs de la presse de la région africaine et maghrébine. De son côté, M. Rohan Jayasekera, rédacteur associé de la revue »Index on Ceonsorship » et représentant le Groupe d’observation de la Tunisie (TMG) et International Freedom of _Expression Exchange (IFEX) a invité les différentes organisations de la région à travailler de concert pour la promotion du métier. Pour sa part, Mme Seham Bensedrine, Secrétaire Général de l »’Observatoire pour la liberté de presse, de l’édition et de la créativité », tout en se félicitant de l’organisation de cette conférence au Maroc, s’est réjouie de la marge élargie de liberté qu’offre le royaume aux journalistes marocains, en comparaison avec leurs confrères dans les pays de la région. Elle a également évoqué les irrégularités qui attentent, selon elle, à la liberté de la presse dans la région et la nécessité de consacrer le droit du citoyen à l’information. M. Younès Moujahid, Secrétaire Général du Syndicat national de la presse marocaine (SNPM) et M. Abdelhamid Amine, président de l’Association Marocaine des Droits de l’Homme (AMDH) ont, pour leur part, évoqué les différences entre les pays de la région en matière de liberté de presse, en dépit des points communs liés, selon eux, aux irrégularités et dépassements qui ne servent pas la promotion du secteur de l’information dans la région. Pour eux, la consolidation de la liberté d’_expression et l’instauration d’un modèle démocratique, à l’instar des pays développés, sont tributaires de la mobilisation sans faille des acteurs et professionnels du métier. M. Moujahid a, par la même occasion, tenu à rappeler le rapport publié par le SNPM, le 3 mai dernier, à l’occasion de la journée mondiale de la liberté de la presse, contenant des remarques relatives à la liberté de la presse, notamment, la problématique »des lignes rouges ». Le secrétaire général du SNPM a également estimé que la liberté d’_expression est liée aux rapports des forces qui nécessitent, selon lui, la contribution de tous les journalistes appelés à respecter la déontologie et les règles de la profession. M. Abdelhamid Amine, a, à cette occasion, passé en revue les étapes difficiles qu’a connues la presse marocaine ces dernières années, liées au code de la presse qui nécessite, selon lui une révision en conformité avec les normes internationales en vigueur. Les travaux devraient se poursuivre par des interventions de Mme Fatiha Benchicou, épouse du journaliste algérien M. Mohamed Benchicou, en prison depuis juin 2004, de M. Gamal Fahmy, du Syndicat des journalistes égyptiens, de M. Mohamed Zaidan (Libye), ainsi que d’autres invités. La séance de clôture sera marquée par la présentation du NAFEO, Network Africain pour la liberté d’_expression soutenu par l’Unesco et par une réunion à huit clos entre les participants nord africains sur la mise en place d’un groupe de travail sur la liberté d’_expression en Afrique du Nord. Cette rencontre de deux jours est organisée conjointement par l’Observatoire pour la liberté de presse, d’édition et de création (OLPEC), le Syndicat national de la presse marocaine (SNPM) et l’Association marocaine des droits de l’Homme (AMDH). (Source : l’agence officielle marocaine MAP, le 6 juin 2006 à 17:58:00 GMT)
Dr Abdellatif MAALEJ à l’honneur aux Etats-Unis d’Amérique dans «The contemporary who’s who of professionnals », l’ouvrage américain de référence
« L’Américan Biographical Institute » a récemment gratifié notre concitoyen, Dr Abdellatif MAALEJ Directeur à la Banque Internationale Arabe de Tunisie la « BIAT » en publiant sa biographie dans l’ouvrage annuel de référence « The contemporary WHO’S WHO of professionnals » tout en étant honoré par sa nomination en qualité de membre du comité de recherche des conseillers « The Research board of Advisors ». La distinction internationale attribuée par l’Américan Biographical Institute est destinée à élire une liste de personnalités émérites, de par le monde, ayant une influence sur notre société contemporaine par le biais de leurs travaux de recherches scientifiques et multidisciplinaires. Titulaire d’un Doctorat d’état en sciences Economiques de l’Université d’Amiens France, et diplômé de troisième cycle de l’université de Paris XII. Dr Abdellatif Maalej se distingue ainsi pour ses travaux de recherches et d’études publiés par les plus grands centres de recherches et de développement, principalement à Paris au centre de recherche pour l’étude des conditions de vie « CREDOC », dans la région Parisienne à Arcueil, au centre d’études des transports urbains le «CETUR, et « L’INRETS…), à l’équipe de recherche sur le système industriel « l’ERSI » rattachée au « CNRS » et dépendante de l’université d’Amiens et en Tunisie et plus récemment aux Etats-Unis en tant que membre du comité de recherche des conseillers. Dr MAALEJ, en plus de son profil universitaire, a bénéficié d’une expérience professionnelle riche et diversifiée, en tant que directeur des études et formateur à la Banque Internationale Arabe de Tunisie la « BIAT ». Ce profil de chercheur universitaire et de professionnel réputé dans une banque connue lui a permis de développer ses recherches en sciences cognitives, principalement, en matière de gestion des Ressources Humaines et de les concrétiser sur le terrain à travers notamment la mise en place à la « BIAT » de plusieurs projets et plus particulièrement un projet Pionnier et pilote en Tunisie, intitulé « la Gestion Par les compétences » dans le cadre d’une vision globale qui vise à développer la motivation et les compétences (techniques, comportementales et stratégiques) de tous les employés et assurer ainsi sa pérennité. Auteur d’une série d’articles relatifs à la gestion par les Compétences, Dr Abdellatif Maalej place « le Capital Humain » au centre de ses préoccupations et de ses recherches pour lui « il n’est de richesse que d’Hommes » l’Homme est au Cœur de la Dynamique favorisant l’ancrage d’une nouvelle culture celle de l’économie du savoir et de l’intelligence. En dehors de ses activités professionnelles et de recherches, notre compatriote enseigne à l’Ecole Supérieure de Commerce de Tunis depuis 1989 « ESCT ». Il est également Président du LIONS CLUB de Sidi BOU SAÏD (2006/2007) où il exerce l’activité de trésorier au sein de ce club depuis 2 années et membre de l’unité de recherche à l’institut national des sciences appliquées de technologie « l’INSAT ». Ainsi les différents articles Publiés depuis sept ans et relatifs « à la gestion par les compétences dans les banques Tunisiennes » constituent la première partie d’un livre intitulé « Le Management par les Compétences », qui sera élaboré en collaboration avec le professeur Mourad Ben Turkia, La sortie de cet ouvrage est prévue pour la fin de l’année en cours. Y.G (Source : « Le Temps » (Tunisie)du 8 juin 2006)
A la rencontre de l’Islam américain
Un Reportage De Hichem Ben Yaïche (*) Il est parfois nécessaire de rappeler certaines évidences. Le meilleur moyen pour connaître la réalité est de se confronter directement à elle. De nombreuses idées et interrogations m’avaient taraudé l’esprit avant d’arriver aux Etats-Unis d’Amérique pour un périple de vingt jours – les trois premières semaines de mai – dans ce pays-continent. Certes, cette durée est loin d’être suffisante pour tout savoir sur une société complexe, multiethnique, un véritable «laboratoire humain». Mais en sillonnant plusieurs Etats – Washington DC (district), Detroit (Michigan), Santa Fe (New Mexico), Seattle (Washington State) -, on capte nécessairement des signes, des images, des bribes de réalité…, lesquels finissent par forger une forte perception et, donc, par faire émerger une opinion. Le fil conducteur de ce séjour, dans cette découverte de l’Amérique, est une enquête sur l’Islam dans ce pays. J’avoue être arrivé sur le sol américain avec un certain nombre de clichés en tête. Les six premiers jours passés à Washington DC m’ont permis de vérifier par moi-même des informations sur cette Amérique de l’après-11 Septembre. En parlant avec des interlocuteurs divers et variés, j’ai pu tout de suite comprendre que l’Amérique est loin d’être «en bloc» derrière le président George Walker Bush. C’est aussi là où j’ai réalisé concrètement que les 48% qui avaient voté John Kerry, le malheureux candidat démocrate, ont soudain un visage et une réalité. Il suffit de discuter avec certains d’entre eux pour constater que Bush est moqué, critiqué, voire vilipendé. C’est un indicateur qui est loin d’être négligeable, dans un pays que je croyais claquemuré dans le bellicisme et la peur. On ne mesure pas suffisamment, ici, à l’intérieur des USA, l’effet catastrophique et dévastateur de la politique étrangère de Bush – Afghanistan, Irak, Israël-Palestine – qui a rendu l’Amérique détestable et haïssable, en ouvrant un boulevard à l’antiaméricanisme mondialisé. Des diplomates, des experts et des analystes… n’hésitent plus, aujourd’hui, à le dire et le faire savoir. Mais leurs avis ne pèseront pas encore lourd devant le complexe militaro-industriel et le pouvoir de l’argent, lesquels soutiennent Bush dans ses choix de la guerre. Mais cette prise de conscience et cette lucidité, notamment à la chambre des représentants et au Sénat, guettent les signes de faiblesse du leadership présidentiel, pour rendre impossible la vie de Bush au pouvoir. De ce point de vue, les élections législatives du mois de novembre prochain serviront de test grandeur nature pour infirmer ou confirmer cette hypothèse. Malgré le verrouillage institutionnel, et le fonctionnement «en meute» de son équipe, les 1 800 jours qui restent à terminer, Bush pourrait bien connaître le grand «déballage» des affaires mises sous le tapis sous son règne. Toujours, dans cette étape washingtonienne, une rencontre avec l’universitaire Sulayman S. Nyang, Américain d’origine gambienne – et auteur d’un livre incontournable «Islam in the United States of America» -, dessine la trame de l’Islam américain, le contextualise et lui donne ses dimensions passées et présentes. Cette entrée en matière est nécessaire pour appréhender l’ensemble de la problématique. C’est là où l’on se rend compte, qu’aux Etats-Unis plus qu’ailleurs, tout le spectre de la religion de Mohammed est représenté: sunnisme, chiisme, druzisme, ismaélisme… Toute l’orthodoxie, et même ses hérésies, est présente sur cette terre d’élection. Cela est, pour ainsi dire, normal, puisque les Etats-Unis sont avant tout une terre d’immigration, à nulle autre pareille. Cependant cet aspect est méconnu. Les immigrants, partis de leurs histoires individuelles, ont construit un pays où l’expression de l’individualisme est porté à l’extrême – c’est un legs de la culture protestante particulièrement. L’Etat, minimaliste dans ses structures, n’est là que pour servir les individus, et non le contraire. Ce pays, qui voue un amour fou pour l’argent – tout se mesure à cette aune-là – est paradoxalement le plus religieux au monde. Neuf Américains sur dix pratiquent leur foi régulièrement ! Ayant en tête toutes ces données de base, la visite au Centre islamique de Washington DC s’impose d’elle-même. Superbe mosquée avec minaret, située dans un quartier bourgeois de la ville, sur Massachusetts Avenue. La rencontre avec le Dr Abdullah M. Khouj (originaire de l’Arabie Saoudite), responsable du Centre, réduit le brouillard sur l’Islam US, en tout cas ne serait-ce que dans cette ville. Pour lui, les attentats malheureux du 11-Septembre, même s’il y a eu des moments très durs, ont «sorti cette religion de l’invisibilité» dans laquelle elle se trouvait. Beaucoup d’Américains, dont certains se sont convertis, ont e ssayé de comprendre l’Islam en lisant et se documentant sur ses fondements. Au lendemain des attentats, nous dit-il, les habitants du quartier étaient «venus spontanément en signe de solidarité et de soutien» aux musulmans d’Amérique. Un signal très fort, manière de dire: «pas de place à l’amalgame et à la confusion des genres» ! La capitale politique des Etats-Unis regroupe bien d’autres lieux de prière, centres ou ONG que j’ai pu visiter. Partout, on use de pédagogie et de clarté pour faire le point de la situation. Quelle que soit l’appréciation qu’on porte, la visite la plus étrange est celle à la Nation of Islam, du célèbre Farrakhan, leader noir américain; un véritable gourou. Cette branche de l’Islam US ressemble à une sorte de secte, où le culte de la personnalité est poussé à l’extrême. Malgré la chaleur de la rencontre avec Muhammed Abdul Khadir Muhammed (un Afro-Américain) et ses collaborateurs, cependant on reste sceptique quant à la forme de l’Islam pratiqué: un outil de contestation sociale de l’ordre blanc ! Comment l’interpréter sans se laisser prendre à une quelconque propagande ? Le clou du séjour à Washington demeure, sans conteste, la visite guidée à l’intérieur du Pentagone, y compris à la salle de point de presse utilisée par le faucon Donald Rumsfeld. Là, j’ai assisté personnellement, dans la chapelle du ministère de la Défense, coeur battant des armées américaines, à une prière islamique, regroupant certains fonctionnaires musulmans de ce ministère. C’est très émouvant de vivre ce moment en ces lieux très particuliers. Mais gardons-le seulement pour l’anecdote !… Detroit (Michigan), les Arabes-Américains en force ! Limitrophe avec le Canada, cette cité connue mondialement pour être le lieu géométrique de l’industrie automobile (American Motors, Chrysler, Ford, General Motors) est celle qui rassemble l’une des plus fortes concentrations d’Arabes-Américains. Dans cette ville, incroyablement sinistrée pour cause de délocalisations industrielles – des pans entiers d’immeubles désertés tombent carrément en ruines -, j’ai pu toucher du doigt un autre aspect de l’Islam US. Les musulmans sont installés plus exactement à Dearborn. Ecoles, lieux de prière, commerces…, tout est conçu pour que la communauté soit en harmonie avec sa foi… musulmane. Des multiples rencontres et conversations, c’est tout le parfum de l’Orient américain qui se déploie à travers cette ambiance. Certes, il y a l’Islam, mais parmi les Arabes-Américains de cette ville, on rencontre aussi nombre de chrétiens orientaux. L’Arab American National Museum est là pour nous le rappeler. Une histoire et un parcours judicieusement mis en valeur ! Pour créer une certaine unité de destin entre ceux-ci et ceux-là, ils ont réussi à privilégier des intérêts stratégiques, pour faire front commun, dans un pays où les lobbies (on écrit aussi lobbys) sont consubstantiels au pouvoir politique. Mais l’Islam américain est-il aussi «tranquille» qu’il en a l’air ? Malgré la tonalité globale positive et rassurante, certains m’ont parlé d’un incontestable «profiling» (fichage) pratiqué par les services de renseignements US. Muhannad Haimour, directeur exécutif de l’American Arab Chamber of Commerce est le premier à le signaler, et le dénoncer. Mais on en est loin du harcèlement présumé. En tout état de cause, cet «oeil» qui veille sur vous en permanence est loin d’être vérifiable à l’oeil nu, si je puis dire ! Les Arabes-Américains, musulmans et chrétiens, estimés à dix millions d’individus, sont la force montante de ce pays. L’élite se déploie à mesure de ses moyens… Elle se coule, sans perdre son identité, dans le moule américain. Le fameux American way of life ! Santa Fe (New Mexico), la mosquée du «bout du monde» ! Autre lieu, autre paysage. Santa Fe (la Sainte Foi, en espagnol) ressemble au sud de l’Espagne, l’altitude en plus (2 300 m): décor naturel montagneux, soleil, sublime luminosité, architecture mauresque. Ville des arts et de l’art de vivre. De nombreux millionnaires américains ont choisi cet endroit comme lieu de villégiature ou de retraite. Dans cette ville, une rencontre inattendue, avec un diplomate racé, aux manières aristocratiques, Peter Sebastian. A près de quatre-vingts ans, il a opté pour cet endroit pour sa ressemblance avec les pays du Maghreb. Il était en poste au Maroc et en Tunisie (1984-1987). Il est le meilleur guide pour explorer ce coin paradisiaque, et néanmoins un tantinet désertique. Il est d’origine allemande. «En 1941, je suis arrivé ici avec une chemise et quelques petites affaires en guise de bagages. Personnellement, j’ai vécu pleinement le ‘rêve américain’», me dit-il avec un français impeccable, ponctué de quelques mots d’arabe. Son tropisme pour le monde islamique est né de ses différents séjours dans certains pays arabes ou islamiques, «où j’ai appris à connaître le monde de l’Islam», confie-t-il. Cette connaissance «de l’intérieur» lui sert de viatique pour mieux interpréter les réalités géopolitiques de l’Orient notamment. Ses analyses sur la politique étrangère de Bush expliquent la lucidité de «ceux qui savent», grâce au vécu et aux acquis du terrain. Le poids des chrétiens sionistes (de farouches partisans du «Grand Israël»), le pouvoir du lobby juif, l’émergence des musulmans US… Sur tous ces sujets, il développe un point de vue d’expert ayant une grande acuité ! Il est à la retraite, mais continue néanmoins d’entretenir sa gymnastique intellectuelle en actualisant constamment ses dossiers de politique internationale. A Santa Fe, la communauté musulmane est minuscule par sa taille. Mohammed Ghweir, Palestinien d’origine – il fait aussi office d’imam – tente de la rassembler. Il est ingénieur de profession. La découverte la plus surprenante de cet itinéraire du Nouveau-Mexique, c’est la présence d’une mosquée qu’on pourrait appeler du «bout du monde». Elle a été construite dans les années 60 grâce à un don du premier ambassadeur marocain aux USA, el Mehdi Ben Aboud. Tombée en ruines, faute de fidèles, cette mosquée a été remise en l’état et réhabilitée, ces dernières années, par des Blancs américains convertis à l’Islam. Elle est située dans un domaine de plus de 1 300 hectares, près d’Abiquiu. Il faut emprunter une piste pour parvenir à cet endroit, loin de tout. Les plans de cette mosquée ont été conçus et dessinés par l’architecte égyptien, Hassan Fathi. Dix familles ont choisi d’y vivre et de faire vivre un Islam d’inspiration soufie. L’ambassadeur Peter Sebastian a été l’initiateur de ce pèlerinage du «Dar Al Islam» (un immense écriteau l’annonce ainsi aux visiteurs). En parallèle à la pratique religieuse, ce groupe de musulmans – des Blancs américains rejoints par d’autres – développe des activités d’initiation et d’exégèse sur le texte coranique, via une madrassa (école). Des champs à perte de vue sont cultivés pour faire vivre cette «communauté des croyants» totalement vouée à l’exercice de son culte. C’est proprement décoiffant ! Seattle, l’appel de l’Asie ! Dans cette ville de Boeing et de Microsoft, située sur un autre fuseau horaire – moins trois heures par rapport à Washington DC -, l’Islam est certes présent, mais on a affaire surtout à l’Asie version US. En effet, ici, les Asiatiques sont extrêmement visibles. Ils sont à l’aise dans leurs baskets d’Américains ! C’est une communauté qui perce et est à la mode. Le dernier chic est d’apprendre le chinois ! Dans cette sorte de «New York» en miniature, les musulmans sont atomisés par leur implantation. Des micro-communautés tentent tant bien que mal de s’organiser pour faire face à cet éclatement géographique. C’est l’imam de l’Islamic Center of Olympia qui nous le précisera lors d’une rencontre dans son lieu de prière. Autre scène vécue directement sur le campus de l’University of Washington (MSA UW), c’est la présentation par le Muslim Student Association d’une séance de «Da’aoua» (c’est le mot utilisé) sur son stand universitaire (1). Cette présence vise à initier les étudiants américains à l’univers de l’Islam. J’en ai même rencontré quelques jeunes convertis. Cela peut surprendre, mais aux Etats-Unis la religion est extrêmement présente dans la vie des gens. Dans ce pays, tous les schismes ont pignon sur rue ! Un phénomène difficile à comprendre pour un étranger de passage. Au terme de ce voyage, aux multiples rencontres, les Etats-Unis restent un modèle qui n’est pas transposable ailleurs. Certaines «recettes» pourraient être exportables, mais la diversité du pays et sa variété ethnique, une sorte de «nation des nations», lui servent, entre autres, de combustible pour ouvrir de nouvelles frontières et aller toujours de l’avant. C’est un pays où l’on s’arrête jamais ! Une chose est sûre, l’image de l’Amérique reste lourdement «plombée» par les choix de politique étrangère de l’Administration Bush. Le «bourbier» irakien est en train de dessiller les yeux d’un pays qui souffre et comprend mal pourquoi on lui voue cette détestation planétaire. Le changement de cap ne peut venir que de l’intérieur des USA. Cette démocratie est ainsi faite… (1) En Comparaison De Ce Que J’ai Vécu, l’Islam En France Semble Maltraité Et Malmené. Bien Sûr, Comparaison N’est Pas Raison. Mais Il N’empêche: En France, On Est Pris D’un Profond Malaise Devant Un Débat Où La Stigmatisation De Cette Religion Est Permanente ! Sources: · Council On American-Islamic Relations (Cair): Www.Cair-Net.Org · The Islamic Center Of Washington, Dc: Www.Theislamiccenter.Com · Nation Of Islam: Www.Noi.Org · Pentagone: Www.Osd.Mil Et Www.Defenselink.Mil · Ville De Santa Fe: Www.Santafenm.Gov · Muslim Student Association Islamic House: Www.Islamichouse.Org · Islamic Center Of Tacoma: Www.Islamiccenteroftacoma.Com – Dar Al Islam, Mosquée D’abiquiu: Www.Daralislam.Org (*) Hichem Ben Yaïche est diplômé en journalisme et titulaire d’une licence de Lettres modernes.
Ancien rédacteur en chef de la revue Méditerranée, ancien collaborateur de France 3 et de Radio-France internationale, où il participa à la création de la rédaction en langue arabe de cette chaîne. Il est l’auteur de nombreux analyses et articles sur le Maghreb et le Moyen-Orient. Il collabore, en tant que chroniqueur ou éditorialiste, avec le quotidien économique Diario Economico (Lisbonne), Arabies, Le Quotidien d’Oran (Algérie), L’Economiste (Tunisie)… Ces dernières années, il s’est particulièrement consacré à l’étude du « processus de Barcelone » (Euromed) et du « Grand Moyen-Orient » (GMO). (Source: Article publié par « Le Quotidien d’Oran » (Algérie), le 5 juin 2006)