8 juin 2006

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TUNISNEWS
7 ème année, N° 2208 du 08.06.2006

 archives : www.tunisnews.net


Association Internationale de Soutien aux Prisonniers Politiques: Communiqué Parti « Tunisie Verte »: Non a l’energie nucleaire oui aux energies renouvelables Parti du Travail Patriotique et Démocratique: Refus de récepissé pour  » Al Irada » Lettre adressée le sénateur Robert Bret au  Ministre français des Affaires Etrangéres suite au congrès (avorté) de la LTDH Liberation: La famille de Ben Ali en eaux troubles : Le yacht volé d’un banquier français retrouvé en Tunisie, aux mains du neveu du Président AP: Tunisian court convicts accomplice in deadly 2002 suicide attack on synagogue MAP: L’Unesco soutient la liberté d’expression et de presse dans les pays du Maghreb (responsable) Houcine Ghali: Assoiffé de pouvoir, Moncef Marzouki est pret a sassocier avec le diable Le Temps : Dr Abdellatif Maalej à l’honneur aux Etats-Unis d’Amérique dans «The contemporary who’s who of professionnals »

Le Quotidien d’Oran: A la rencontre de l’Islam américain

 

 

  Sauvez la vie de Mohammed Abbou Sauvez la vie de tous les prisonniers politiques   Association Internationale de Soutien aux Prisonniers Politiques 33 rue Mokhtar Atya, 1001, Tunis Tel : 71 340 869 Fax : 71 351 831   Tunis, le 7/6/2006   Communiqué  

Ce matin, monsieur Belgacem Chérif Naouar, détenu sous l’accusation de participation aux faits survenus à la synagogue de la Ghriba à Jerba en avril 2002, a comparu devant la quatrième chambre criminelle du tribunal de première instance de Tunis, présidée par le juge Tarek Braham, pour y répondre des accusations de participation à une bande de malfaiteurs ayant pour objectif la préparation et la commission d’attentats sur les personnes et les biens, la participation à la destruction préméditée et la détérioration des biens d’autrui au moyen d’un explosif ayant entraîné la mort d’êtres humains, la participation préméditée au meurtre d’êtres humains, la participation à la fabrication et à la détention d’explosifs sans autorisation.
A l’appel de l’affaire, la défense a attiré l’attention du tribunal sur le fait que le dossier de l’affaire ne contenait pas tous les procès verbaux : le procès verbal d’interrogatoire du juge d’instruction en présence d’un juge allemand et en présence de Me Béchir Sid en a été retiré ; lors de cet interrogatoire, l’accusé avait nié ce qui lui était imputé ; ce procès verbal était important dans la mesure où il était en faveur de l’accusé ; son retrait et sa non-présentation à la commission du tribunal relèvent d’une partialité criante et d’une volonté de condamner par avance l’accusé ; il s’agit d’une atteinte aux droits de la défense et aux droits légitimes de l’accusé.
Pourtant, le président de la commission du tribunal a refusé de répondre à la demande de la défense, sans même en référer aux autres membres de la commission du tribunal. La défense a alors annoncé son retrait ce qui n’a pas empêché le tribunal de poursuivre l’examen de l’affaire en passant outre la réquisition d’un avocat, en violation flagrante de l’article 141 du Code de procédure pénale.
L’interrogatoire et le procès de l’accusé se sont alors déroulés en un temps record. Le procès n’a pas duré plus de vingt minutes au grand maximum, en dépit de la gravité des accusations et alors que la peine encourue était la peine capitale.
Cette affaire a vu de nombreuses violations de la loi, lors des investigations et de l’instruction dont étaient absents les standards des procès équitables. Ainsi :
–         L’accusé a été soumis aux plus atroces formes de torture, qui lui ont occasionné de nombreuses lésions corporelles. Il lui a été interdit de se soigner alors que son état de santé était dégradé. –         Il a été gardé à vue pendant les investigations seize jours alors que la durée légale maximum prévue par la loi pour la garde à vue est de six jours. –         Il est resté quatre années en détention préventive, alors que la durée maximum prévue par la loi est de quatorze mois. –         L’accusé a été privé pendant plus de deux ans et demi de l’assistance d’un avocat, lors son interrogatoire par le juge d’instruction, qui a eu lieu en l’absence d’avocat, alors qu’il insistait pour pouvoir être assisté d’un conseil. Les avocats, pendant les périodes d’investigation et d’instruction, n’ont pu avoir accès au dossier, ni défendre leur client. –         La détention arbitraire de tous les membres de sa famille, dont tous ses frères. –         Le procès de l’accusé en l’absence de ses avocats en dépit de l’obligation de la présence d’un avocat en matière criminelle. –         La mise de l’accusé au cachot individuel en isolement total du monde extérieur et ce, pendant plus de trois ans. –         La marginalisation du rôle des avocats et l’interdiction qui leur a été faite de remplir leur mission aux différentes étapes de la procédure. –         Le retrait d’un procès verbal du dossier, procès verbal dans lequel l’accusé niait les accusations dont il faisait l’objet.   L’AISPP
–         considère que le procès de Belgacem Chérif Naouar est inéquitable, qui n’a pas octroyé les garanties minima requises pour l’accusé. –         Demande l’ouverture d’une enquête sérieuse sur la torture dont monsieur Naouar a été l’objet, et des poursuites contre ses responsables. –         Exige que soient accordées les garanties légales à monsieur Naouar et que lui soit permis de se défendre, enfin que les avocats puissent remplir leur mission de défense.   Le Président de l’Association Maître Mohammed Nouri   (traduction ni revue ni corrigée par les auteurs de la version en arabe, LT)

 


Parti « Tunisie Verte »

 

Communiqué de presse à l’occasion de la journée mondiale de l’Environnement :

 

NON A L’ENERGIE NUCLEAIRE OUI AUX ENERGIES RENOUVELABLES

   

Tunis le 05/06/2006   Nous avons été surpris par un campagne orchestrée par certains médias officiels et La Société Tunisienne d’Electricité et de Gaz (STEG) concernant l’utilisation de l’Energie nucléaire en vue de la production de l’électricité au cas où les énergies fossiles venaient à disparaître.   Le Parti « Tunisie Verte » tient à rappeler certaines vérités aux promoteurs de l’énergie nucléaire :   1/ La STEG n’est pas habilitée à mener une campagne de presse pour le nucléaire. Son rôle consiste à bien gérer le secteur de production et de distribution de l’énergie électrique et non à augmenter les dernières factures STEG (augmentation ressentie par les couches sociales les plus défavorisées)   2/ L’accident de TChernobyl de 1986 est encore présent dans les mémoires et où plus de 800.000 habitants ont été contaminés et plusieurs milliers de citoyens sont morts. Toute l’Europe a été contaminée par le nuage nucléaire de TChernobyl et personne n’a pu mesurer l’ampleur de cette catastrophe.   3/ Faut-il rappeler que si on veut remplacer dans le monde 10 % des énergies fossiles par l’énergie nucléaire, il faut construire plus de 1000 centrales nucléaires (actuellement il existe dans le monde 440 centrales nucléaires) et que la construction de ces centrales, dont le coût est extrêmement élevé, demanderait des décennies.   4/ Faut-il rappeler que les besoins énergétiques peuvent être satisfaits par une combinaison de différentes sources d’énergies renouvelables : installation de chaleur et d’énergie solaires, éoliennes, centrales hydrauliques et énergie de la biomasse.   5/ Faut-il rappeler que le développement rapide d’une industrie de l’énergie solaire constitue un pas décisif pour éviter les guerres dont l’enjeu serait l’accès aux matières premières si rares, tels le pétrole, le gaz ou l’uranium.   6/ Faut-il rappeler qu’en 2001, l’énergie nucléaire ne représente que 2.1 % de la consommation mondiale de l’énergie.   7/ Faut-il rappeler que la production de déchets hautement radioactifs ainsi que les coûts élevés pour l’élimination de ces déchets ne sont pas justifiés par rapport à la faible quantité d’énergie produite. L’énergie nucléaire est non seulement dangereuse et inutile, mais aussi coûteuse.   Le parti « Tunisie Verte » demande aux autorités l’abandon pure et simple de l’option nucléaire.   Le coordinateur National de « Tunisie Verte » Abdelkader Zitouni

Parti du Travail Patriotique et Démocratique
 

Refus de récepissé pour  » Al Irada »

Me Mohamed Jmour, porte-parole du Parti du Travail Patriotique et  Démocratique, s’est rendu ce jeudi 8 juin 2006 au ministère de  l’intérieur pour déposer,  conformément à l’article 13 du code de la presse, une demande de  publication  d’un périodique intitulé « Al Irada ».
Les services compétents du ministère ont refusé de recevoir le dossier  et de  délivrer le recépissé reglementaire.  
Il est à rappeler que la demande d’agrément du Parti du Travail  Patriotique  et Démocratique s’est heurtée le 29 avril 2005 aux mêmes écueils. Attaché au droit d’association et à la liberté de la presse, le Parti  du  Travail Patriotique et Démocratique poursuivra son combat pour le plein  exercice  de ses droits constitutionnels.
Paris, le 8 juin 2006 Parti du Travail Patriotique et Démocratique
 

Lettre adressée ce 6 juin 2006 par le sénateur communiste Robert Bret à Monsieur Philippe DOUSTE-BLAZY, Ministre français des Affaires Etrangéres

suite au congrès (avorté) de la LTDH

République Française Marseille, le 6 juin 2006   Monsieur Philippe DOUSTE-BLAZY Ministre des Affaires étrangères 37 Quai d’Orsay 75700 Paris   Monsieur le Ministre,   Ainsi que je l’ai fait avec Monsieur Christophe GUILHOU, votre Conseiller pour les Proche et Moyen-Orient, rencontré le 31 mai dernier dans le cadre de la délégation d’élus communistes reçue afin de lui signifier nos sentiments et intentions sur la situation palestinienne, je tiens à vous faire part de ma vive émotion face à la dégradation dramatique des libertés fondamentales en Tunisie.   Invité à assister, les 26 et 27 mai dernier, au 6ème congrès national de la Ligue Tunisienne des Droits de l’Homme (L.T.D.H.), j’ai pu constater que les autorités tunisiennes sont parvenues, une fois encore, à empêcher la tenue dudit Congrès.   Alors que le Gouvernement se défend de toute censure, il s’est réfugié derrière la justice pour expliquer que l’interdiction que se tienne le Congrès était consécutive à l’attente du jugement sur une affaire interne à la LTDH visant à satisfaire toutes les parties.   Et pour faire appliquer cette soi-disant décision de justice, le pouvoir en place n’a pas hésité, le samedi 27 mai, à organiser un véritable blocus de Tunis pour interdire la venue des délégués de province. Les policiers contrôlaient les voitures, les bus et les gares à partir d’un fichier des adhérents de la LTDH.   Ce blocus était complété par un imposant cordon de policiers en civil (accompagnés de quelques policiers en tenue) autour du siège de la ligue, rue Baudelaire, visant à y empêcher tout accès pour les délégués comme pour les invités étrangers. Je passerai sur les insultes et autres provocations gratuites mais violentes au demeurant.   …/…   Monsieur le Ministre, ces femmes et ces hommes membres de la LTDH, courageux, intègres, ont besoin de notre solidarité et de notre soutien, tout comme l’ensemble des forces de progrès muselé aujourd’hui par le pouvoir en place. Or, j’ai également pu constater, une nouvelle fois, l’absence de représentant de l’Ambassade de France.   Il est vrai que le Ministère de l’Intérieur tunisien avait adressé un courrier à toutes les Ambassades pour leur préciser qu’il ne pouvait garantir la sécurité des membres de leurs délégations qui décideraient de se rendre au Congrès de la LTDH. Mais pouvons-nous nous satisfaire de ce genre de menaces ?   D’autant que des diplomates représentants les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, la Belgique étaient eux présents à nos côtés, ainsi que deux membres de la Commission Européenne.   De surcroît, je tiens à vous préciser, qu’à plusieurs reprises, j’ai appelé l’Ambassade au numéro de portable que l’on m’avait communiqué en cas de problème. Chaque fois, je n’ai eu qu’une messagerie. C’est seulement le lundi 29 mai au matin, alors que j’étais rentré en France, que M. Jean-Pierre FILIU, Ministre Conseiller, m’a rappelé pour me dire qu’il venait de prendre connaissance de mes messages. Ce mauvais concours de circonstances pourrait prêter à sourire si la situation n’était aussi grave.   Au vu de ces éléments, j’estime qu’il serait opportun que la France prenne ses responsabilités et s’engage rapidement à faire respecter les clauses explicites relatives au respect des Droits de l’Homme et aux principes démocratiques figurant dans l’accord d’association qui lient l’Union européenne à la Tunisie.   Aussi je souhaiterai être informé de vos intentions en la matière.   Dans cette attente, Et vous remerciant pour l’intérêt que vous voudrez bien porter à la présente,   Je vous prie de croire, Monsieur le Ministre, à l’assurance de mes respectueuses salutations.   Robert BRET
 

(Source: Alerte électronique de la part de l’Association des Tunisiens en France (ATF) le 8 juin 2006 à 14:52:12 heure de Paris)

 


 La famille de Ben Ali en eaux troubles

Le yacht volé d’un banquier français retrouvé en Tunisie, aux mains du neveu du Président.

par J.G
QUOTIDIEN : jeudi 08 juin 2006 Zine Ben Ali a décidément bien des soucis avec sa famille et celle de sa femme, Leïla Trabelsi. Le dernier en date a été révélé, hier, par le Canard Enchaîné. Début mai, Princess, un yacht de 18 mètres de plus d’un million d’euros, appartenant à Bruno Roger, le PDG de la banque Lazard Frères, disparaît en pleine nuit du port de Bonifacio en Corse. «Après une halte en Sardaigne, il ne tarde pas à réapparaître en Tunisie, à Sidi Bou Saïd», raconte l’hebdomadaire satirique. La compagnie d’assurances de Bruno Roger, qui dépêche un enquêteur en Tunisie, va y découvrir le yacht repeint et son nouveau propriétaire : Imad Trabelsi, le neveu, à la médiocre réputation, de Leïla, la femme du président. Mis au courant, Interpol débarque à Sidi Bou Saïd et le yacht est saisi le 26 mai. Mardi soir, il y était toujours sous scellés. Citée par le Canard, l’ambassade de Ben Ali à Paris «confirme que le bateau est bien entré en infraction en Tunisie», mais «dément toute implication de la famille présidentielle». Discrétion. Ce n’est pas l’avis des policiers français chargés de l’enquête, ni même des autorités françaises. Mais, bonnes relations avec Tunis obligent, les négociations pour éviter de mettre en cause la famille élargie du chef de l’Etat vont bon train. En la matière, la proximité entre Bruno Roger et le président français pourrait s’avérer très utile. Roger, rappelle l’hebdomadaire, est« un généreux mécène du musée Branly, le bébé de Chirac, où l’épouse de Bruno Roger occupe un poste clé». De là à penser que le patron de la banque Lazard saura se montrer discret sur la mésaventure du Princess, il n’y a qu’un pas. A moins qu’Imad Trabelsi ne se soit déjà trop attaché à ce luxueux joujou. Des tractations seraient en effet en cours pour racheter le fameux yacht, quitte, murmure-t-on à Tunis, à ouvrir les portes de la Tunisie à la banque Lazard. Quatorze ans après la Couscous Connection ­ où Moncef, le frère de Ben Ali, fut condamné par contumace à Paris à douze ans de prison pour «trafic de drogue» ­, la famille du président tunisien semble ne rien se refuser. Transfert. La résidence de l’ambassade de Tunisie, qui se trouvait dans le même immeuble que l’ambassade rue Barbet-de-Jouy, dans le VII arrondissement à Paris, a ainsi été transférée dans le XVIe. L’ambassadeur a dû faire place nette pour les multiples séjours des familles du Président et de son épouse dans la capitale française.  

(Source : « Libération » (France), le 8 juin 2006)

URL: http://www.liberation.fr/page.php?Article=388483


Tunisian court convicts accomplice in deadly 2002 suicide attack on synagogue

By BOUAZZA BEN BOUAZZA, Associated Press Writer  Associated Press, le 8 juin 2006 à 02h08 TUNIS, Tunisia (AP) _ A court convicted an accomplice in the 2002 suicide attack on a historic Tunisian synagogue that killed 21 people _ mostly German tourists, judicial officials said.   Belgacem Nawar, 44, was given a 20-year sentence Wednesday by the Tunis court _ the first conviction in the case in Tunisia. He is the uncle of Nizar Nawar, who died after ramming a gas-laden truck into the synagogue on the resort island of Djerba in April 2002.   Tunisian investigators linked the attack to al-Qaida. Nawar was detained shortly after the attack, which killed 14 Germans, five Tunisians and two French citizens.   Nawar, a welder from Djerba, said to have helped his nephew put a gas tank on the truck, was charged with complicity in murder and making explosive devices. Nawar could have faced the death penalty. His lawyers abruptly left the courtroom before the verdict to protest what they called an unfair and hasty trial.   According to investigators, the attacker’s brother, Walid, had obtained a satellite phone that was used just hours before the attack to contact Khalid Sheikh Mohammed, the alleged mastermind of the Sept. 11, 2001, attacks on America who is now in U.S. custody.   Nawar acknowledged having helped his nephew buy the truck, but said he had no idea what he planned to do with it or the modifications he would make to the vehicle. « I am in no way involved in this attack. I am innocent, » he said before the verdict.   The only other convictions in the Djerba case were handed down last month in Spain, where the National Court delivered sentences of five years each to a Spaniard and a Pakistani for helping finance the attack.   Associated Press  

 

L’Unesco soutient la liberté d’expression et de presse dans les pays du Maghreb (responsable)

CASABLANCA (MAP) – M. Jaco Du Toit, conseiller pour la communication et l’information au Bureau de l’Unesco à Rabat, a exprimé, mardi à Casablanca, le soutien de l’Unesco au concept de la liberté d’_expression et de la presse qui se trouve au coeur de la société du savoir reposant sur le respect des droits de l’Homme.   Intervenant à l’ouverture d’une conférence sur l’état de la liberté d’_expression en Afrique du Nord, organisée sous le thème  »La liberté de la presse en Afrique du Nord », M. Du Toit a indiqué que l’Unesco tient à mettre en oeuvre des actions pour la promotion de la liberté de la presse dans les pays maghrébins et africains.   Il a également fait part de l’intention de l’Organisation onusienne d’appuyer des réseaux nationaux et régionaux et de détecter les cas de violation des libertés de presse à travers notamment un réseau de veille.   Pour sa part, le secrétaire général de Reporters sans frontières (RSF), M. Robert Ménard, a fait remarquer que les journalistes ne sont aucunement au-dessus des lois, rappelant, par ailleurs, que la situation de la liberté de la presse diffère d’un pays à un autre de la région, chacun ayant ses particularités et ses spécificités.   Pour sa part, Mme Lotte Dalhman, de l’International media support (IMS) s’est félicitée de l’organisation de telles manifestations, appelant à redoubler d’efforts et de coordination pour la promotion de la presse dans la région.   Après avoir donné un aperçu sur son organisation danoise, elle a plaidé pour le respect de la déontologie de la presse et pour un partenariat entre les différents acteurs de la presse de la région africaine et maghrébine.   De son côté, M. Rohan Jayasekera, rédacteur associé de la revue  »Index on Ceonsorship » et représentant le Groupe d’observation de la Tunisie (TMG) et International Freedom of _Expression Exchange (IFEX) a invité les différentes organisations de la région à travailler de concert pour la promotion du métier.   Pour sa part, Mme Seham Bensedrine, Secrétaire Général de l »’Observatoire pour la liberté de presse, de l’édition et de la créativité », tout en se félicitant de l’organisation de cette conférence au Maroc, s’est réjouie de la marge élargie de liberté qu’offre le royaume aux journalistes marocains, en comparaison avec leurs confrères dans les pays de la région.   Elle a également évoqué les irrégularités qui attentent, selon elle, à la liberté de la presse dans la région et la nécessité de consacrer le droit du citoyen à l’information.   M. Younès Moujahid, Secrétaire Général du Syndicat national de la presse marocaine (SNPM) et M. Abdelhamid Amine, président de l’Association Marocaine des Droits de l’Homme (AMDH) ont, pour leur part, évoqué les différences entre les pays de la région en matière de liberté de presse, en dépit des points communs liés, selon eux, aux irrégularités et dépassements qui ne servent pas la promotion du secteur de l’information dans la région.   Pour eux, la consolidation de la liberté d’_expression et l’instauration d’un modèle démocratique, à l’instar des pays développés, sont tributaires de la mobilisation sans faille des acteurs et professionnels du métier.   M. Moujahid a, par la même occasion, tenu à rappeler le rapport publié par le SNPM, le 3 mai dernier, à l’occasion de la journée mondiale de la liberté de la presse, contenant des remarques relatives à la liberté de la presse, notamment, la problématique  »des lignes rouges ».   Le secrétaire général du SNPM a également estimé que la liberté d’_expression est liée aux rapports des forces qui nécessitent, selon lui, la contribution de tous les journalistes appelés à respecter la déontologie et les règles de la profession.   M. Abdelhamid Amine, a, à cette occasion, passé en revue les étapes difficiles qu’a connues la presse marocaine ces dernières années, liées au code de la presse qui nécessite, selon lui une révision en conformité avec les normes internationales en vigueur.   Les travaux devraient se poursuivre par des interventions de Mme Fatiha Benchicou, épouse du journaliste algérien M. Mohamed Benchicou, en prison depuis juin 2004, de M. Gamal Fahmy, du Syndicat des journalistes égyptiens, de M. Mohamed Zaidan (Libye), ainsi que d’autres invités.   La séance de clôture sera marquée par la présentation du NAFEO, Network Africain pour la liberté d’_expression soutenu par l’Unesco et par une réunion à huit clos entre les participants nord africains sur la mise en place d’un groupe de travail sur la liberté d’_expression en Afrique du Nord.   Cette rencontre de deux jours est organisée conjointement par l’Observatoire pour la liberté de presse, d’édition et de création (OLPEC), le Syndicat national de la presse marocaine (SNPM) et l’Association marocaine des droits de l’Homme (AMDH).   (Source : l’agence officielle marocaine MAP, le 6 juin 2006 à 17:58:00 GMT)


OPINION

ASSOIFFE DE POUVOIR, MONCEF MARZOUKI EST PRET A SASSOCIER AVEC LE DIABLE

Houcine Ghali

Les chaleureuses félicitations et le vibrant hommage de Moncef Marzouki, président du CPR, parus sur Tunisnews le 8 juin 2006, à l’occasion du 25ème anniversaire de la création d’ENNAHDHA, ne laissent plus de doûte sur le machiavélisme de notre médecin pour parvenir à ses fins : le pouvoir. Dans son texte élogieux pour Ghannouchi et ses sbires, Marzouki a osé écrire : « Votre choix d’opter pour la démocratie, les droits de l’homme et la lutte pacifique pour imposer l’alternance au pouvoir ». Comme si l’application des normes du coran, du hadith et de la la chari’a permettait, à laquelle  Gannouchi et ses compagnons n’ont jamais renoncé permettrait une quelconque place aux droits de l’homme et une substentielle pratique démocratique.

Moncef Marzouki savait très bien que ce n’est pas le cas puisqu’il l’a démontré lui-même dans un article paru dans « Réalités » n° 73, du 5 juillet 1985, intitulé « Lettre aux islamistes : L’erreur et la faute du MTI », que je livre ici aux lecteurs de Tunisnews en les laissant juges des contradictions et de la mauvaise foi de Moncef Marzouki . Dans ce texte, Marzouki critique et refuse l’essence même des principes musulmans. Il raisonne en tant que laïc et homme de science. Il se refère à Marx et s’élève contre la soumission de la femme et la négation de ses droits. Or, il sait très bien, qu’au jour d’aujourdh’ui, ni Ghannouchi ni Ennahdha n’ont renoncé au statut précaire réservé à la femme.

Le voilà aujourd’hui faire volte face parce que Ghannouchi, en fin stratège, fait référence aux droits de l’homme et à la démocratie dans ses déclarations et dans le programme de son parti Ennahdha.

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« LETTRE AUX ISLAMISTES

L’ERREUR ET LA FAUTE DU MTI

 

Quand M. Ghannouchi dit que si les islamistes sont aujourd’hui là, c’est à cause de l’échec des laïcs (?) c’est à dire des socialistes et des nationalistes arabes des années 60 et70, j’applaudis des deux mains. Oui, c’est vrai, ce sont nos erreurs et nos échecs qui ont fait la litière de l’islamisme. Aussi notre propre procès doit-il être à la mesure de notre propre échec.

Néanmoins le raisonnement de M. Ghannouchi doit être poursuivi. Qu’est-ce qui a entrainé l’ émergence du socialisme et du nationalisme arabe dans les années 20 et depuis? Voyons, ce n’est pas l’incurie de l’islamisme? N’avions nous pas eu pendant des siècles le khalifat, la Chari’a et tout le saint tremblement? Et pourtant socialisme et nationalisme arabe sont allés nous chercher bien bas…dans la fosse du sous développement, et après tout on leur doit pas mal de modernisation. On m’abjectera: « Ca, ce n’etait pas le bon, le vrai, le réel islam ». Clin d’oeil entendu: « Tu vas voir comment je vais te l’appliquer moi, l’islam ».

Rendu méfiant depuis qu’on me serine cette chanson, c’est à dire depuis 14 siècles, je commence d’abord par éprouver de la gêne devant autant de prétention: « Nous, on le connais le vrai islam et nous on va enfin l’appliquer ». Puis si au moins je savais de quel islam il s’agit, celui des « shi’a » de la bourgeoisie de Fès, ou du prolétariat du Caire.

Problème n° 1

Nous avons en moyenne trois morts et une demi douzaine de blaissés par jour dans des accidents de la route. Puis il y a la pollution, l’énervement,etc…Em bonne logique islamiste, la solution devrait consister au retour aux sources: chameaux, mules, ânes, eux ne nous causent pas tant de pépins…Puis il y a la chamelle du prophète qu’il affectionait tant, et il y a toutes les sourates où ces bêtes sont citées, etc…Puis ce sont nos racines car, ces damnées bagnioles nous ont été importées par la civilisation du démon,etc…Absurde dira-t-on! Bien sûr. Aussi je dis qu’il faut élargir les routes, apprendre aux Tunisiens le code ( fusiller tous les conducxteurs de 404 bachées, mais ça je suis prêt à en discuter calmement ? ),etc…Bref, avancer, sans reculer. Or, j’affirme que tous nos problèmes sans exeption ne diffèrent en rien de celui-ci. Aussi ai-je toujours soutenu que leurs solutions ne résident pas dans un retour aux recettes qui ne nous ont pas mené bien loin, mais dans un saut qualitatif dans l’avenir. M’auriez-vous dit que vous exerciez pour l’avenir des idées dans l’esprit du coran, j’aurais marché, mais la lettre…Voyons.

C’est pour cela que, confiant dans la formidable puissance du cerveau électif, le problème intellectuel n° 1, reste t-il pour moi de chercher avec lui et en lui l’alternative, de comprendre les raisons de nos échecs, d’aller au delà de nos propres idées, d’inventer, d’imaginer une nouvelle interprétation, un nouveau code de conduite face à une réalité dont la complexité me donne le vertige, et que ces messieurs dames enferment magiquement dans deux phrases et trois incantations. Voici pour l’erreur.

Problème n° 2

Venons-en au problème de ces femelles, qui nous provoquent avec leurs cheveux au vent, et qui ont le culot d’exiger d’avoir des droits égaux à nous, sur leurs corps, leur dignité, l’héritage de leur père, et face au travail.

Donc, voyons tous ces problèmes causés par le fameux statut personnel qui protège les femmes pauvres contre la répudiation et la polygamie des hommes riches, qui donne aux deux sexes les mêmes droits devant le mariage, le divorce qui reste bien en deça de la justice qui voudrait qu’en matière d’héritage un être humain de sexe masculin soit égal à un être humain de sexe féminin.

J’avoue, j’ai beau regardé, je ne vois pas de problème. C’est vrai que moi en tant que professionnel de la santé, ce que je vois c’est la progression effarante des suicides de la jeune fille ( ailleurs le suicide réussi est adulte et masculin ) et le problème de ces petites filles de 10 ans travaillant 12 heures par jour devant un métier à tisser, ou comme bonne à tout faire qu’on s’empresse de brûler dans une bégnoire quand elle salit le tapis de Madame. Puis, voyez-vous, moi je suis un homme de mon temps. Fasciné par la révolution biologique qui se prépare, je sais que certains enfants de demain pourront avoir trois mères: celle qui a donné l’oeuf, celle qui a donné l’utérus oû s’est développé l’oeuf implanté et celle qui a allaité et aimé. C’est un abîme qui s’ouvre  devant nous. Les mutations technologiques guettet un droit essouflé, et vous voulez qu’on légifère face à ces nouveaux problèmes avec la shari’a? On aurait bien ri en Occident si quelqu’un se serait amusé à vouloir traîter des nouvaux défits en appliquant le droit romain. Il y a de quoi désespérer, mais moi j’ai décidé d’espérer contre toute logique.

Débattez tant que vous voulez du retour à la circulation chevaline, ça ne m’intéresse pas. Et ce monde qui avance, vous ne le ferez ni reculer, ni s’arrêter. Mais où est la faute, politique s’entend, dans tout ça? 

Dans une société où le problème est d’acquérir davantage de droits: droit à la démocrstie, droit à la justice sociale et régionale, droit à l’autonomie des institutions sociales: magistrature, presse,etc…Voilà un parti qui devrait en principe participer à la lutte  pour de nouveaux acquis et qui veut spolier la moitié des Tunisiens d’un certain nombre de droits élémentaires, qui leur a été accordé par le parti qui aujourd’hui s’interpose entre nous et le reste de ces droits élémentaires.

Bien mauvaise querelle cherchée à la société, sur un bien mauvais terrain, au bien mauvais moment! Reprenez-vous mes frères. L’essentiel est ailleurs. Donnons-nous plutôt la main pour acquérir ensemble ces droits qu’on nous refuse encore!

Ah! J’allais oublier: Marx (que je m’excuse bien bas de vous citer) affirme que les hommes ne choisissent pas leurs positions politiques et idéologiques en fonction d’idéaux abstraits, mais en fonction de leurs intérêts. Je ne fais pas exeption à la règle.

Si je suis pour le code du statut personnel et pour son amélioration, c’est que j’ai deux enfants, et que le « malheur » a voulu que toutes les deux soient des femelles.Or, j’aimerais toujours les avoir et respectées et surtout protégées par les lois de leur pays.

Eh oui Cheikh Mourou, vous m’excusez de ne point vous suivre,mais moi, mes gamines,je les aime oui…je les aime beaucoup, et c’est pour cela que je ne transigerai jamais sur leur sécurit.

 

 

Dr Abdellatif MAALEJ à l’honneur aux Etats-Unis d’Amérique dans «The contemporary who’s who of professionnals », l’ouvrage américain de référence

« L’Américan Biographical Institute » a récemment gratifié notre concitoyen, Dr Abdellatif MAALEJ Directeur à la Banque Internationale Arabe de Tunisie la « BIAT » en publiant sa biographie dans l’ouvrage annuel de référence « The contemporary WHO’S WHO of professionnals » tout en étant honoré par sa nomination en qualité de membre du comité de recherche des conseillers « The Research board of Advisors ».   La distinction internationale attribuée par l’Américan Biographical Institute est destinée à élire une liste de personnalités émérites, de par le monde, ayant une influence sur notre société contemporaine par le biais de leurs travaux de recherches scientifiques et multidisciplinaires.   Titulaire d’un Doctorat d’état en sciences Economiques de l’Université d’Amiens France, et diplômé de troisième cycle de l’université de Paris XII. Dr Abdellatif Maalej se distingue ainsi pour ses travaux de recherches et d’études publiés par les plus grands centres de recherches et de développement, principalement à Paris au centre  de recherche pour l’étude des conditions de vie « CREDOC », dans la région Parisienne à Arcueil, au centre d’études des transports urbains le «CETUR,  et « L’INRETS…), à l’équipe de recherche sur le système industriel « l’ERSI » rattachée au « CNRS » et dépendante de l’université d’Amiens et en  Tunisie et plus récemment aux Etats-Unis en tant que membre du comité de recherche des conseillers.   Dr MAALEJ, en plus de son profil universitaire, a bénéficié d’une expérience professionnelle riche et diversifiée, en tant que directeur des études et formateur à la Banque Internationale Arabe de Tunisie la « BIAT ».   Ce profil de chercheur universitaire et de professionnel réputé dans une banque connue lui a permis de développer ses recherches en sciences cognitives, principalement, en matière de gestion des Ressources Humaines et de les concrétiser sur le terrain à travers notamment la mise en place à la « BIAT » de plusieurs projets et plus particulièrement un projet Pionnier et pilote en Tunisie, intitulé « la Gestion Par les compétences » dans le cadre d’une vision globale qui vise à développer la motivation et les compétences (techniques, comportementales et stratégiques) de tous les employés et assurer ainsi sa pérennité.     Auteur d’une série d’articles relatifs à la gestion par les Compétences, Dr Abdellatif Maalej place « le Capital Humain » au centre de ses préoccupations et de ses recherches pour lui « il n’est de richesse que d’Hommes » l’Homme est au Cœur de la Dynamique favorisant l’ancrage d’une nouvelle culture celle de l’économie du savoir et de l’intelligence.   En dehors de ses activités professionnelles et de recherches, notre compatriote enseigne à l’Ecole Supérieure de Commerce de Tunis depuis 1989 « ESCT ». Il est également Président du LIONS CLUB de Sidi BOU SAÏD (2006/2007) où il exerce l’activité de trésorier au sein de ce club depuis 2 années et membre de l’unité de recherche à l’institut national des sciences appliquées de technologie « l’INSAT ».   Ainsi les différents articles Publiés depuis sept ans et relatifs « à la gestion par les compétences dans les banques Tunisiennes » constituent la première partie d’un livre intitulé « Le Management par les Compétences », qui sera élaboré en collaboration avec le professeur Mourad Ben Turkia, La sortie de cet ouvrage est prévue pour la fin de l’année en cours.   Y.G   (Source : « Le Temps » (Tunisie)du 8 juin 2006)  

A la rencontre de l’Islam américain

Un Reportage De Hichem Ben Yaïche (*)   Il est parfois nécessaire de rappeler certaines évidences. Le meilleur moyen pour connaître la réalité est de se confronter directement à elle. De nombreuses idées et interrogations m’avaient taraudé l’esprit avant d’arriver aux Etats-Unis d’Amérique pour un périple de vingt jours – les trois premières semaines de mai – dans ce pays-continent.   Certes, cette durée est loin d’être suffisante pour tout savoir sur une société complexe, multiethnique, un véritable «laboratoire humain». Mais en sillonnant plusieurs Etats – Washington DC (district), Detroit (Michigan), Santa Fe (New Mexico), Seattle (Washington State) -, on capte nécessairement des signes, des images, des bribes de réalité…, lesquels finissent par forger une forte perception et, donc, par faire émerger une opinion.   Le fil conducteur de ce séjour, dans cette découverte de l’Amérique, est une enquête sur l’Islam dans ce pays. J’avoue être arrivé sur le sol américain avec un certain nombre de clichés en tête. Les six premiers jours passés à Washington DC m’ont permis de vérifier par moi-même des informations sur cette Amérique de l’après-11 Septembre. En parlant avec des interlocuteurs divers et variés, j’ai pu tout de suite comprendre que l’Amérique est loin d’être «en bloc» derrière le président George Walker Bush. C’est aussi là où j’ai réalisé concrètement que les 48% qui avaient voté John Kerry, le malheureux candidat démocrate, ont soudain un visage et une réalité. Il suffit de discuter avec certains d’entre eux pour constater que Bush est moqué, critiqué, voire vilipendé. C’est un indicateur qui est loin d’être négligeable, dans un pays que je croyais claquemuré dans le bellicisme et la peur.     On ne mesure pas suffisamment, ici, à l’intérieur des USA, l’effet catastrophique et dévastateur de la politique étrangère de Bush – Afghanistan, Irak, Israël-Palestine – qui a rendu l’Amérique détestable et haïssable, en ouvrant un boulevard à l’antiaméricanisme mondialisé. Des diplomates, des experts et des analystes… n’hésitent plus, aujourd’hui, à le dire et le faire savoir. Mais leurs avis ne pèseront pas encore lourd devant le complexe militaro-industriel et le pouvoir de l’argent, lesquels soutiennent Bush dans ses choix de la guerre. Mais cette prise de conscience et cette lucidité, notamment à la chambre des représentants et au Sénat, guettent les signes de faiblesse du leadership présidentiel, pour rendre impossible la vie de Bush au pouvoir. De ce point de vue, les élections législatives du mois de novembre prochain serviront de test grandeur nature pour infirmer ou confirmer cette hypothèse. Malgré le verrouillage institutionnel, et le fonctionnement «en meute» de son équipe, les 1 800 jours qui restent à terminer, Bush pourrait bien connaître le grand «déballage» des affaires mises sous le tapis sous son règne.   Toujours, dans cette étape washingtonienne, une rencontre avec l’universitaire Sulayman S. Nyang, Américain d’origine gambienne – et auteur d’un livre incontournable «Islam in the United States of America» -, dessine la trame de l’Islam américain, le contextualise et lui donne ses dimensions passées et présentes. Cette entrée en matière est nécessaire pour appréhender l’ensemble de la problématique.   C’est là où l’on se rend compte, qu’aux Etats-Unis plus qu’ailleurs, tout le spectre de la religion de Mohammed est représenté: sunnisme, chiisme, druzisme, ismaélisme… Toute l’orthodoxie, et même ses hérésies, est présente sur cette terre d’élection. Cela est, pour ainsi dire, normal, puisque les Etats-Unis sont avant tout une terre d’immigration, à nulle autre pareille. Cependant cet aspect est méconnu. Les immigrants, partis de leurs histoires individuelles, ont construit un pays où l’expression de l’individualisme est porté à l’extrême – c’est un legs de la culture protestante particulièrement. L’Etat, minimaliste dans ses structures, n’est là que pour servir les individus, et non le contraire.   Ce pays, qui voue un amour fou pour l’argent – tout se mesure à cette aune-là – est paradoxalement le plus religieux au monde. Neuf Américains sur dix pratiquent leur foi régulièrement !   Ayant en tête toutes ces données de base, la visite au Centre islamique de Washington DC s’impose d’elle-même. Superbe mosquée avec minaret, située dans un quartier bourgeois de la ville, sur Massachusetts Avenue. La rencontre avec le Dr Abdullah M. Khouj (originaire de l’Arabie Saoudite), responsable du Centre, réduit le brouillard sur l’Islam US, en tout cas ne serait-ce que dans cette ville. Pour lui, les attentats malheureux du 11-Septembre, même s’il y a eu des moments très durs, ont «sorti cette religion de l’invisibilité» dans laquelle elle se trouvait. Beaucoup d’Américains, dont certains se sont convertis, ont e ssayé de comprendre l’Islam en lisant et se documentant sur ses fondements.   Au lendemain des attentats, nous dit-il, les habitants du quartier étaient «venus spontanément en signe de solidarité et de soutien» aux musulmans d’Amérique. Un signal très fort, manière de dire: «pas de place à l’amalgame et à la confusion des genres» !   La capitale politique des Etats-Unis regroupe bien d’autres lieux de prière, centres ou ONG que j’ai pu visiter. Partout, on use de pédagogie et de clarté pour faire le point de la situation.   Quelle que soit l’appréciation qu’on porte, la visite la plus étrange est celle à la Nation of Islam, du célèbre Farrakhan, leader noir américain; un véritable gourou. Cette branche de l’Islam US ressemble à une sorte de secte, où le culte de la personnalité est poussé à l’extrême. Malgré la chaleur de la rencontre avec Muhammed Abdul Khadir Muhammed (un Afro-Américain) et ses collaborateurs, cependant on reste sceptique quant à la forme de l’Islam pratiqué: un outil de contestation sociale de l’ordre blanc !   Comment l’interpréter sans se laisser prendre à une quelconque propagande ? Le clou du séjour à Washington demeure, sans conteste, la visite guidée à l’intérieur du Pentagone, y compris à la salle de point de presse utilisée par le faucon Donald Rumsfeld. Là, j’ai assisté personnellement, dans la chapelle du ministère de la Défense, coeur battant des armées américaines, à une prière islamique, regroupant certains fonctionnaires musulmans de ce ministère. C’est très émouvant de vivre ce moment en ces lieux très particuliers. Mais gardons-le seulement pour l’anecdote !…   Detroit (Michigan), les Arabes-Américains en force !   Limitrophe avec le Canada, cette cité connue mondialement pour être le lieu géométrique de l’industrie automobile (American Motors, Chrysler, Ford, General Motors) est celle qui rassemble l’une des plus fortes concentrations d’Arabes-Américains. Dans cette ville, incroyablement sinistrée pour cause de délocalisations industrielles – des pans entiers d’immeubles désertés tombent carrément en ruines -, j’ai pu toucher du doigt un autre aspect de l’Islam US. Les musulmans sont installés plus exactement à Dearborn. Ecoles, lieux de prière, commerces…, tout est conçu pour que la communauté soit en harmonie avec sa foi… musulmane. Des multiples rencontres et conversations, c’est tout le parfum de l’Orient américain qui se déploie à travers cette ambiance. Certes, il y a l’Islam, mais parmi les Arabes-Américains de cette ville, on rencontre aussi nombre de chrétiens orientaux. L’Arab American National Museum est là pour nous le rappeler. Une histoire et un parcours judicieusement mis en valeur ! Pour créer une certaine unité de destin entre ceux-ci et ceux-là, ils ont réussi à privilégier des intérêts stratégiques, pour faire front commun, dans un pays où les lobbies (on écrit aussi lobbys) sont consubstantiels au pouvoir politique.   Mais l’Islam américain est-il aussi «tranquille» qu’il en a l’air ? Malgré la tonalité globale positive et rassurante, certains m’ont parlé d’un incontestable «profiling» (fichage) pratiqué par les services de renseignements US. Muhannad Haimour, directeur exécutif de l’American Arab Chamber of Commerce est le premier à le signaler, et le dénoncer. Mais on en est loin du harcèlement présumé. En tout état de cause, cet «oeil» qui veille sur vous en permanence est loin d’être vérifiable à l’oeil nu, si je puis dire ! Les Arabes-Américains, musulmans et chrétiens, estimés à dix millions d’individus, sont la force montante de ce pays. L’élite se déploie à mesure de ses moyens… Elle se coule, sans perdre son identité, dans le moule américain. Le fameux American way of life !   Santa Fe (New Mexico), la mosquée du «bout du monde» !   Autre lieu, autre paysage. Santa Fe (la Sainte Foi, en espagnol) ressemble au sud de l’Espagne, l’altitude en plus (2 300 m): décor naturel montagneux, soleil, sublime luminosité, architecture mauresque. Ville des arts et de l’art de vivre. De nombreux millionnaires américains ont choisi cet endroit comme lieu de villégiature ou de retraite.   Dans cette ville, une rencontre inattendue, avec un diplomate racé, aux manières aristocratiques, Peter Sebastian. A près de quatre-vingts ans, il a opté pour cet endroit pour sa ressemblance avec les pays du Maghreb. Il était en poste au Maroc et en Tunisie (1984-1987). Il est le meilleur guide pour explorer ce coin paradisiaque, et néanmoins un tantinet désertique. Il est d’origine allemande.   «En 1941, je suis arrivé ici avec une chemise et quelques petites affaires en guise de bagages. Personnellement, j’ai vécu pleinement le ‘rêve américain’», me dit-il avec un français impeccable, ponctué de quelques mots d’arabe. Son tropisme pour le monde islamique est né de ses différents séjours dans certains pays arabes ou islamiques, «où j’ai appris à connaître le monde de l’Islam», confie-t-il. Cette connaissance «de l’intérieur» lui sert de viatique pour mieux interpréter les réalités géopolitiques de l’Orient notamment. Ses analyses sur la politique étrangère de Bush expliquent la lucidité de «ceux qui savent», grâce au vécu et aux acquis du terrain. Le poids des chrétiens sionistes (de farouches partisans du «Grand Israël»), le pouvoir du lobby juif, l’émergence des musulmans US… Sur tous ces sujets, il développe un point de vue d’expert ayant une grande acuité ! Il est à la retraite, mais continue néanmoins d’entretenir sa gymnastique intellectuelle en actualisant constamment ses dossiers de politique internationale.   A Santa Fe, la communauté musulmane est minuscule par sa taille. Mohammed Ghweir, Palestinien d’origine – il fait aussi office d’imam – tente de la rassembler. Il est ingénieur de profession.   La découverte la plus surprenante de cet itinéraire du Nouveau-Mexique, c’est la présence d’une mosquée qu’on pourrait appeler du «bout du monde». Elle a été construite dans les années 60 grâce à un don du premier ambassadeur marocain aux USA, el Mehdi Ben Aboud. Tombée en ruines, faute de fidèles, cette mosquée a été remise en l’état et réhabilitée, ces dernières années, par des Blancs américains convertis à l’Islam. Elle est située dans un domaine de plus de 1 300 hectares, près d’Abiquiu. Il faut emprunter une piste pour parvenir à cet endroit, loin de tout.   Les plans de cette mosquée ont été conçus et dessinés par l’architecte égyptien, Hassan Fathi. Dix familles ont choisi d’y vivre et de faire vivre un Islam d’inspiration soufie.   L’ambassadeur Peter Sebastian a été l’initiateur de ce pèlerinage du «Dar Al Islam» (un immense écriteau l’annonce ainsi aux visiteurs). En parallèle à la pratique religieuse, ce groupe de musulmans – des Blancs américains rejoints par d’autres – développe des activités d’initiation et d’exégèse sur le texte coranique, via une madrassa (école). Des champs à perte de vue sont cultivés pour faire vivre cette «communauté des croyants» totalement vouée à l’exercice de son culte. C’est proprement décoiffant ! Seattle, l’appel de l’Asie !   Dans cette ville de Boeing et de Microsoft, située sur un autre fuseau horaire – moins trois heures par rapport à Washington DC -, l’Islam est certes présent, mais on a affaire surtout à l’Asie version US. En effet, ici, les Asiatiques sont extrêmement visibles. Ils sont à l’aise dans leurs baskets d’Américains ! C’est une communauté qui perce et est à la mode. Le dernier chic est d’apprendre le chinois !   Dans cette sorte de «New York» en miniature, les musulmans sont atomisés par leur implantation. Des micro-communautés tentent tant bien que mal de s’organiser pour faire face à cet éclatement géographique. C’est l’imam de l’Islamic Center of Olympia qui nous le précisera lors d’une rencontre dans son lieu de prière.   Autre scène vécue directement sur le campus de l’University of Washington (MSA UW), c’est la présentation par le Muslim Student Association d’une séance de «Da’aoua» (c’est le mot utilisé) sur son stand universitaire (1). Cette présence vise à initier les étudiants américains à l’univers de l’Islam. J’en ai même rencontré quelques jeunes convertis. Cela peut surprendre, mais aux Etats-Unis la religion est extrêmement présente dans la vie des gens. Dans ce pays, tous les schismes ont pignon sur rue ! Un phénomène difficile à comprendre pour un étranger de passage.   Au terme de ce voyage, aux multiples rencontres, les Etats-Unis restent un modèle qui n’est pas transposable ailleurs. Certaines «recettes» pourraient être exportables, mais la diversité du pays et sa variété ethnique, une sorte de «nation des nations», lui servent, entre autres, de combustible pour ouvrir de nouvelles frontières et aller toujours de l’avant. C’est un pays où l’on s’arrête jamais !   Une chose est sûre, l’image de l’Amérique reste lourdement «plombée» par les choix de politique étrangère de l’Administration Bush. Le «bourbier» irakien est en train de dessiller les yeux d’un pays qui souffre et comprend mal pourquoi on lui voue cette détestation planétaire. Le changement de cap ne peut venir que de l’intérieur des USA. Cette démocratie est ainsi faite…   (1) En Comparaison De Ce Que J’ai Vécu, l’Islam En France Semble Maltraité Et Malmené. Bien Sûr, Comparaison N’est Pas Raison. Mais Il N’empêche: En France, On Est Pris D’un Profond Malaise Devant Un Débat Où La Stigmatisation De Cette Religion Est Permanente !   Sources:   · Council On American-Islamic Relations (Cair): Www.Cair-Net.Org   · The Islamic Center Of Washington, Dc: Www.Theislamiccenter.Com   · Nation Of Islam: Www.Noi.Org   · Pentagone: Www.Osd.Mil  Et Www.Defenselink.Mil   · Ville De Santa Fe: Www.Santafenm.Gov   · Muslim Student Association Islamic House: Www.Islamichouse.Org   · Islamic Center Of Tacoma: Www.Islamiccenteroftacoma.Com   – Dar Al Islam, Mosquée D’abiquiu: Www.Daralislam.Org   (*) Hichem Ben Yaïche est diplômé en journalisme et titulaire d’une licence de Lettres modernes.
Ancien rédacteur en chef de la revue Méditerranée, ancien collaborateur de France 3 et de Radio-France internationale, où il participa à la création de la rédaction en langue arabe de cette chaîne. Il est l’auteur de nombreux analyses et articles sur le Maghreb et le Moyen-Orient. Il collabore, en tant que chroniqueur ou éditorialiste, avec le quotidien économique Diario Economico (Lisbonne), Arabies, Le Quotidien d’Oran (Algérie), L’Economiste (Tunisie)… Ces dernières années, il s’est particulièrement consacré à l’étude du « processus de Barcelone » (Euromed) et du « Grand Moyen-Orient » (GMO).   (Source: Article publié par « Le Quotidien d’Oran » (Algérie), le 5 juin 2006)


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