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TUNISNEWS
7 ème année, N° 2238 du 08.07.2006
AP: Tunisie: le verdict du procès de la LTDH reporté à octobre
CIJ: Des juristes éminents débutent une audience sur les lois, les pratiques et politiques anti-terroristes au Maghreb
Le Temps :Parti Social Démocrate Libéral – Qui succèdera à Me Mounir Béji ?
Le Quotidien: Après la démission de Mounir Béji :Le prochain congrès se veut démocratique et sans exclusion
Le Journal: Congrès du Mouvement Ettajdid – Sur la piste d’un pole d’opposition democrate et progressiste
Le Journal: Milieu carcéral – «Quand le ciel bas et lourd pese comme un couvercle»
Le Figaro : Violences à Bagdad : les données confidentielles
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Tunisie: le verdict du procès de la LTDH reporté à octobre
AP | 08.07.06 | 16:43 TUNIS (AP) — Le tribunal de 1ère instance de Tunis a renvoyé samedi au 14 octobre prochain le verdict du procès intenté contre le comité directeur de la Ligue tunisienne des droits de l’Homme (LTDH) par des membres de cette organisation proches du parti au pouvoir, a-t-on appris de source judiciaire. Ce nouveau report prolonge de plus de trois mois le marathon judiciaire enclenché depuis septembre dernier à la suite d’une plainte déposée par une vingtaine de membres de la LTDH qui accusent la direction actuelle d”‘abus de pouvoir et de violation du règlement intérieur de la ligue”. Ils contestent les fusions “illégales” de sections opérées par le comité directeur dans le but, selon eux, de les en exclure. Alors que le président de la LTDH, Me Mokhtar Trifi, ne cesse de marteler que cette contestation est “noyautée” par le pouvoir dans le but de “mettre au pas” l’organisation, les autorités nient toute interférence dans cette affaire, parlant de “crise interne” à la Ligue. Dans un premier jugement en référé, le tribunal avait suspendu la tenue du congrès de la LTDH initialement prévu en septembre, en attendant l’examen de l’affaire au fond. Fixées au 28 mai dernier, en dépit de cette décision de justice, ces assises avaient été interdites par les autorités. Toujours est-il que le renvoi à octobre du prononcé du verdict devrait donner le temps à de nouvelles tractations en vue de rechercher une solution à cette crise. Selon l’un des plaignants, Me Chédli ben Younès, une initiative serait en cours dans ce sens, impliquant notamment d’anciens dirigeants de la LTDH.
AP
Des juristes éminents débutent une audience sur les lois, les pratiques et politiques anti-terroristes au Maghreb
Le Comité d’Eminents Juristes sur le terrorisme, la lutte contre le terrorisme et les droits de l’homme débute aujourd’hui la tenue d’une audition sous-régionale au Maghreb sur le terrorisme et les droits de l’homme. L’audience au Maroc fait suite à une série d’audiences tenues dans d’autres parties du monde, notamment en Colombie, en Australie, au Kenya et au Royaume-Uni. D’autres visites sont prévues aux Etats-Unis, au Canada, en Asie du Sud-Est, au Moyen-Orient, en Asie du Sud et en Fédération de Russie. L’audience à Rabat, organisée sous les auspices de l’Organisation Marocaine des Droits Humains (OMDH), une organisation affiliée de la Commission internationale de juristes (CIJ), fait partie d’une enquête indépendante conduite par huit juristes éminents nommés par la CIJ pour étudier l’impact global de la lutte anti-terroriste sur les droits de l’homme et l’état de droit. Deux membres du Comité d’Eminents Juristes,
les Professeurs Stefan Trechsel (Suisse) et Georges Abi-Saab (Egypte), examineront les expériences algériennes, marocaines et tunisiennes avec le terrorisme, les lois et politiques anti-terroristes, et leur impact sur les droits de l’homme et l’état de droit. Tout comme d’autres pays, ces trois états ont été l’objet d’actes terroristes. Deux d’entre eux ont été témoins d’actes terroristes envers des civils, alors que le troisième, l’Algérie, a vécu un conflit interne long de dix ans, caractérisé par de nombreux actes de terreur et de violence physique, souvent d’une très grande cruauté. Ces pays ont réagi, chacun à leur manière, à ces situations diverses par l’adoption de lois et de politiques qui représentent souvent des défis aux droits de l’homme. “Nous souhaitons entendre, directement de la part d’acteurs clés ici au Maroc, mais également de représentants d’Algérie et de Tunisie, quelle a été leur expérience avec le terrorisme et les mesures anti-terroristes et leur impact sur les droits de l’homme », a dit le Professeur Georges Abi-Saab, un juriste de renom international, ancien juge au Tribunal Pénal International pour l’Ex-Yougoslavie (TPIY) et membre du Comité d’Eminents Juristes. Durant les deux prochains jours, les deux membres du Comité d’Eminents Juristes écouteront des témoignages de la société civile, d’avocats, d’académiciens et de représentants gouvernementaux. Les éminents juristes se réuniront également avec des représentants du gouvernement marocain au cours de leur visite. « Personne ne doute que les états ont le devoir de protéger leur population contre des actes terroristes. Cependant, toute mesure anti-terroriste, prise par quelle qu’autorité que ce soit, doit être proportionnelle aux exigences de la situation et doit respecter, en droit et en fait, les droits des personnes en vertu du droit international des droits de l’homme et du droit international humanitaire. », a dit le Professeur Stefan Trechsel, juge au Tribunal Pénal International pour l’ex-Yougoslavie, ancien président de la Commission européenne des Droits de l’Homme et membre du Comité d’Eminents Juristes.
Background Le Comité d’Eminents Juristes est un organe indépendant, composé de huit juges, avocats et académiciens de renom international. Le Comité enquête sur l’impact des mesures anti-terroristes sur les droits de l’homme et l’état de droit et évalue si ces mesures sont justifiées à la lumière des menaces terroristes actuelles. Le Comité est composé de Georges Abi-Saab (Egypte), Arthur Chaskalson (Afrique du Sud), Robert K Goldman (Etats-Unis), Hina Jilani (Pakistan), Vitit Muntarbhorn (Thailande), Mary Robinson (Irlande), Stefan Trechsel (Suisse) et Raúl Zaffaroni (Argentine).
Membres du Comité présents au Maroc En Afrique du Nord, le Comité d’Eminents Juristes sera représenté par les Professeurs Georges Abi-Saab et Stefan Trechsel. Georges Abi-Saab (Egypte) est l’un des plus grands spécialistes de droit international public. Au cours de sa carrière, il a occupé la fonction de juge à la chambre d’appel du Tribunal Pénal International pour l’ex-Yougoslavie (TPIY) et pour le Rwanda (TPIR) et celle de juge ad hoc à la Cour internationale de justice. Il est actuellement membre de l’organe d’appel de l’Organisation Mondiale du Commerce.
Stefan Trechsel (Suisse), expert en droit pénal et en procédure pénale, a été pendant plus de 20 ans membre de la Commission européenne des droits de l’homme, dont il a également été le président. Il est en outre spécialiste des réformes juridiques et de la justice dans l’ex-Union soviétique et dans les pays de la Fédération de Russie.
Pour davantage d’informations concernant l’audience au Maroc, contactez Gerald Staberock (CIJ) au +41 79 377 54 46 ou au + 41 22 979 38 00, ou Amina Bouayach (OMDH) au +212 37770060. Pour davantage d’informations concernant le Comité d’Eminents Juristes, consultez le site web de la CIJ : www.icj.org
(Source: le site du CIJ, le 4 juillet 2006) URL: http://icj.org/article.php3?id_article=3969
Parti Social Démocrate Libéral Qui succèdera à Me Mounir Béji ?
Après le retrait de Me Mounir Béji de la présidence du Parti Social Démocrate Libéral (PSDL) la crise qui secoue se parti, depuis des années, va-t-elle, enfin, se dénouer et le congrès extraordinaire fixé pour le 15 juillet 2006, va-t-il avoir lieu et élire une nouvelle direction et surtout un nouveau président ? Dans le communiqué annonçant sa démission Me Mounir Béji souligne qu’il cesse d’assumer à partir du 5 juillet 2006 ses fonctions de président du parti. Cela veut dire qu’il n’a pas démissionné du parti mais de la présidence seulement. Et certains membres du parti sont pour l’honorer à l’occasion de la tenue du congrès. Mais Me Béji a annoncé qu’il va enfin se consacrer à sa famille et cultiver son jardin. Report Mais qui va succéder à Me Béji qui a passé 18 ans à la tête du parti ? Lors du dépôt des candidatures pour l’élection du bureau politique à l’occasion de la tenue du congrès extraordinaire, qui devait se tenir les 13 et 14 mai dernier et qui a été reporté pour des raisons d’ordre technique Mondher Thabet, Mohsen Nabli, Larbi Ben Ali et Boujomaâ Yahyaoui entre autres se sont portés candidats. Vont-ils se porter candidats de nouveau et penser en même temps au poste de président ? Ou bien y aura-t-il consensus sur un nom pour préserver l’unité et éviter les divergences qui n’ont pas cessé de secouer le parti ? Il est très tôt pour le dire et certains membres, après le retrait surprise de Me Béji sont pour le report du congrès fixé au 15 juillet 2006 “afin de mieux le préparer”. Néjib SASSI (Source : « Le Temps » du 8 juillet 2006)
Après la démission de Mounir Béji : Le prochain congrès se veut démocratique et sans exclusion
Après la démission annoncée de M. Mounir Béji, président du PSL, l’actuel Bureau politique prendra en charge les affaires courantes du parti, en attendant la tenue du prochain congrès qui se veut, selon le coordinateur du parti M. Boujemaâ Yahiaoui, démocratique et sans exclusion. Tunis – Le Quotidien La nouvelle de la démission de Mounir Béji de la présidence du PSL est tombée comme un couperet pour tous ceux qui suivent de près ou de loin l’évolution de ce parti sur la scène nationale. Il est certain aujourd’hui que beaucoup de choses vont changer dans la nouvelle configuration du PSL où les mécontents et les exclus mais aussi les membres actuels du Bureau politique vont se lancer dans une lutte pour la réorganisation de la vie au sein du parti et pourquoi pas pour la succession de Mounir Béji. Nous avons rencontré à cet effet M. Boujemaâ Yahiaoui, membre de l’actuel Bureau politique du PSL qui n’a pas caché sa détermination, en tant que coordinateur du parti, à tout mettre en œuvre pour concrétiser la réconciliation et ce à travers le retour des exclus et la réorganisation des élections conformément aux textes en vigueur. “En tant que coordinateur du parti, je lance un appel à tous les concernés de faire preuve de retenue et de réfléchir en prenant compte de l’avenir du parti sans esprit de vengeance et d’exclusion. Le PSL n’est pas en mesure de supporter d’autres secousses”, dit-il. Et d’ajouter “les textes en vigueur, régissant la vie du parti seront appliqués à la lettre”. M. Yahiaoui nous indique par ailleurs qu’il est important de jeter de nouvelles bases pour la réorganisation de la vie du parti. “Seule la légalité est en mesure de nous aider à mener la barque à bon port. Nous sommes en train de réunir toutes les conditions pour l’organisation d’un congrès démocratique et sans exclusion de quiconque. Notre devise n’est autre que la réconciliation. Nous allons prêter une oreille attentive à toutes les préoccupations de nos militants. Je réitère encore une fois mon appel à tous à rejoindre et à effectuer ensemble un travail sur de nouvelles bases”. Une question pourrait préoccuper plus d’un : “Quels sont les critères de dépôt de candidature pour la présidence du parti”? Pour M. Yahiaoui, seul le Comité de préparation du Congrès est en mesure de fixer les dates, le lieu et les critères pour la présentation des candidatures. “Le Comité sera doté d’un porte-parole officiel qui informera l’opinion publique du développement de la situation. Les autres comités du parti seront nuls et non avenus”, dit-il. Les exclus peuvent-ils postuler au premier poste du parti? M. Yahiaoui estime que beaucoup de membres actuels du Bureau politique répondent aux critères et que certains membres exclus (52) sont en mesure de prendre le relais. En attendant, les affaires du parti seront gérées par l’actuel Bureau politique jusqu’à la tenue du congrès. Lotfi TOUATI (Source : « Le Quotidien » du 8 juillet 2006)
Congrès du Mouvement Ettajdid SUR LA PISTE D’UN POLE D’OPPOSITION DEMOCRATE ET PROGRESSISTE
Par Samir SEDDIK Le congrès du Mouvement Ettajdid qui se tiendra, en principe, en décembre prochain, constituera le début de la concrétisation d’un vieux rêve de la gauche tunisienne : la construction d’un pôle d’opposition démocratique et progressiste. Une idée qui a germé dans les esprits de certains leaders de formations de gauche depuis les années 70, avant d’être reléguée au second plan sous l’effet des guerres de leadership sur lesquelles ont débouché les diverses tentatives de rapprochement entre les forces progressistes. Le débat à ce sujet n’a jamais vraiment faibli mais le rêve a été bel et bien mis en veilleuse. La question n’est revenue au centre du débat qu’après le «succès» qu’a connu l’alliance électorale baptisée «l’initiative démocratique» au sein de laquelle certaines sensibilités de gauche ont apporté leur soutien à la candidature du président du Conseil national du Mouvement Ettajdid, Mohamed Ali Halouani, aux élections présidentielles d’octobre 2004 . Cette première tentative unitaire réussie de l’histoire de l’opposition tunisienne, a encouragé les composantes de l’initiative démocratique à poursuivre le débat pour constituer le noyau dur d’un véritable pôle démocratique et progressiste. Depuis, un long chemin a été parcouru. A preuve : les tractations sur les modalités pratiques de la participation du Parti du travail patriotique et démocratique (PTPD) et des Communistes démocrates (CD), deux groupes de gauche non reconnus, ainsi que de quelques dizaines d’intellectuels indépendants, comme l’économiste Mahmoud Ben Romdhane, l’écrivain Hammadi Rédissi ou encore l’universitaire et ancienne présidente de l’Association des femmes démocrates, Sana Ben Achour, au congrès du Mouvement Ettajdid. Un grand meeting réunira en effet ces composantes de l’initiative démocratique, le 25 juillet, à Tunis, afin de trancher toutes les questions en suspens. Selon des sources proches du Bureau politique du Mouvement Ettajdid, qui constituera en quelque sorte la locomotive du pôle démocratique et progressiste, les deux dits groupes de gauche participeront au congrès en tant qu’«observateurs et amis» du parti. Réunis le 4 juin dernier à Tunis, les indépendants ne sont pas parvenus à raccorder leurs violons à ce propos. Ils restent partagés entre l’adhésion pure et simple à ce parti légal, représenté au parlement, qui a été construit sur les cendres du Parti communiste Tunisien, et la participation à titre d’observateurs. Quoi qu’il en soit, le congrès du Mouvement Ettajdid représente, de l’avis des observateurs avertis, une étape cruciale de la construction tant attendue du pôle démocratique et progressiste face au Rassemblement constitutionnel Démocratique (RCD) qui domine la vie politique en Tunisie. Toujours est-il que certains événements survenus sur la scène nationale ont été un véritable catalyseur pour ce retour du refoulé. Il s’agit essentiellement de la création, le 6 décembre 2005, d’un «Comité du 18 octobre pour les droits et les libertés». Ce comité regroupe des leaders de formations de gauche, comme Néjib Chebbi (Parti Démocratique Progressiste) et Mustapha Ben Jaâfar (Forum Démocratique pour le Travail et les Libertés) ainsi que des personnalités indépendantes et des islamistes. La réaction des partis de l’opposition à cette alliance souvent présentée comme contre nature, entre la gauche et les islamistes, ne s’est pas fait attendre. Des partis proches du pouvoir l’ont vivement critiquée. Mais la réaction la plus spectaculaire a été justement la création, le 4 janvier 2006, de cette «coalition démocratique et progressiste» dont les composantes ne sont autres que celles de l’initiative démocratique. Le principal mot d’arbre de cette coalition qui se veut l’embryon du pâle démocratique et progressiste, est «le refus de l’instrumentalisation et de l’exploitation de la religion à des fins politiques». Ainsi, l’opposition tunisienne s’est bipolarisée. Reste à savoir lequel des deux pôles aura un poids sur la scène politique nationale ? Le temps le dira… (Source : « Le Journal », N° 34 du Samedi 8 juillet 2006) URL: http://www.gplcom.com/journal/fr/article.php?article=564&gpl=34
Milieu carcéral «QUAND LE CIEL BAS ET LOURD PESE COMME UN COUVERCLE» (*)
Par Hella HABIB Souffrant d’un mal réel ou imaginaire, nous nous sommes forcément un jour trouvés face à nous-mêmes, confrontés à un sentiment confus, celui de nous sentir emprisonnés. Déjà, nous naissons et grandissons sous l’emprise d’une condition, d’un physique, plus tard d’une étiquette et d’un certain nombre de données imbriquées, que nous gérons tant bien que mal, appelées le destin. Baudelaire, dans sa condition de “poète tragique”, a profondément vécu cette forme d’emprisonnement et l’a exprimée, entre autres, dans le vers, célèbre, que nous avons adopté comme titre. Cette phrase résume en peu de mots, l’état d’âme du poète et sa perception de l’environnement qui l’entoure. Dans le poème “Spleen” dont est extrait le vers, nous rencontrons plus loin, le début d’une nouvelle strophe qui continue à développer la métaphore de l’emprisonnement agrandi à l’échelle naturelle, “quand la terre est changée en un cachot humide”. Aussi, un maître mot est lancé : “cachot” pour nous guider, par un lexique sans imagerie, à notre sujet. Pour l’approcher, nous n’aurons pas besoin de recourir à des envolées lyriques, il exprime une réalité tangible, d’un vécu sordide et d’une apparence laide, sans espoir et sans issue, la prison. C’est avec précaution et une certaine forme d’appréhension que nous tenterons de nous infiltrer dans le milieu carcéral qui est, par définition, angoissant, dérangeant, soulève des questions qui restent souvent sans réponse. Si un être humain se trouve, donc, un jour, privé de sa liberté; en prison, c’est que forcément, ou généralement, il a enfreint la loi et a reçu comme sanction punitive, une privation de sa liberté, dont la durée est mesurable à la gravité de l’acte commis. La question : Est-ce le meilleur moyen ? À en croire les statistiques quant aux taux de récidive et aux séquelles irréversibles occasionnées, il est permis d’en douter. Mais depuis que l’homme est homme, il n’a pas été trouvé de meilleures méthodes ni de formes plus répandues, que la prison, pour punir des personnes qui ont porté préjudice, de quelque forme que ce soit, à autrui et, ont, par conséquent, transgressé la loi. Aussi, une répartition de lieux et de conditions d’incarcération s’échelonne. Des centres de détention aux prisons pour criminels patentés, une différence de taille sépare les uns des autres. Egalement, entre le régime du cachot, obscur et exigu des mois, voire des années, et les cellules communes, où, malgré tout, quelques activités telles que lire et regarder la télévision sont permises, une promenade quotidienne est ménagée, la dissemblance est nettement perceptible. Aussi, partager ces intermèdes en communauté, représente une diversion face à l’ennui qui guette les détenus de toutes parts et au temps qui, vidé de son utilité, s’étale en longueur. Il est à se demander si punir un coupable en le privant de sa liberté, signifie également avoir tous les droits sur lui. Où s’arrêtent les limites de la loi pour voir surgir les droits des prisonniers ? Ont-ils seulement des droits à faire valoir qui protègent leurs entité physique et intégrité morale ? Peut -on priver quelqu’un de sa liberté tout en lui préservant sa dignité ? Ou bien cela dépend-il de la gravité du délit commis ? Nous pouvons, dans ce cas, donner libre cours à notre imagination en supposant qu’un voleur, ne s’étant attribué, à tort, que des biens physiques, ne devra être ni rossé de coups, ni privé de nourritures, ni humilié verbalement, et aura droit à un traitement “décent” en prison pour écoper sa peine. Un violeur, qui, lui, a porté atteinte à l’intégrité physique et morale d’une personne, mérite d’être, en retour, châtié au même degré. De sorte que les différentes vexations morales et physiques seraient de rigueur pour que la sanction soit à la hauteur de l’acte commis. Et ce, toujours dans la parfaite légalité du cadre juridique ! Non, au regard de la loi, et quel que soit le forfait, il est strictement interdit de recourir aux sévices corporels ou manipulations morales et psychologiques pour sanctionner. En plus de toutes les lois, chartes et conventions qui existent déjà, la communauté internationale s’est dotée en 2001 de la Cour Pénale Internationale (CPI) qui permet de poursuivre ceux qui pratiquent la torture, désormais considérée comme un crime. Et, quoique balbutiant, cet organe marque une évolution par rapport à la Convention des Nations Unies sur la torture, adoptée en 1984 et entrée en vigueur en 1987. Les 136 États qui l’ont ratifiée se sont engagés à adapter leurs législations et à poursuivre les contrevenants. En revanche, une condamnation à mort, en cas de crimes perpétrés, reste le châtiment suprême et juridiquement légal, pratiqué dans la plupart des juridictions dans le monde. Quand la peine capitale est en vigueur. Toujours est-il, que dans l’état actuel des choses, pour les écroués, une fois réunis dans un même moule carcéral, une seule loi s’applique à tous, sans aucune prise en compte de la spécificité de chaque cas et du traitement nécessaire qu’il requiert. Malgré quelques tentatives, timides, dans ce sens, lancées par les hommes de loi, des associations et certaines institutions médicales. Dans cette regrettable uniformisation dans les traitements, pourtant, persistent quelques anomalies : le favoritisme, avec son corollaire de toujours, la corruption ; une ligne de conduite qui sévit à grande échelle dans les prisons du monde entier. Les privilèges dont bénéficient certains prisonniers, varient selon les pécules qu’ils dispensent aux personnes vitales à leur bien-être ; les relations influentes de leurs famille et connaissances ; mais encore, et contre toute attente, selon la force de frappe du détenu, sa capacité à se défendre ou carrément à faire peur ; en outre, l’appartenance à certains quartiers de la ville réputés abriter de « grandes gueules », argument pouvant être d’un secours indéniable en prison. Aussi, le marchandage des paillasses, des cigarettes, les « négoces » pour se pourvoir une nourriture de qualité, ou pour une ration double, et même des pourboires concédés pour les droits de préséance aux cabinets de toilette, sont monnaies courantes dans ce milieu clôs, soumis, lui aussi, aux lois du marché noir. Quant au commun des mortels parmi les détenus, il est livré à son triste sort et aux longues attentes, comme, à titre d’exemple, quelques mois pour se voir attribuer un lit, ainsi qu’au bon vouloir du gardien de cellule, au détriment d’un règlement censé être équitable envers tous. Le prisonnier non pourvu d’atouts, est amené à végéter péniblement pour assurer sa survie, étant dans l’incapacité de s’imposer ou de soudoyer. Par ailleurs, se pose la problématique grave et généralisée du surpeuplement dans la plupart des prisons, à des degrés, certes. Une équation invariable de l’univers pénitencier, même dans les pays riches. La surpopulation carcérale génère, avec la donnée qu’elle impose, la promiscuité, des fléaux graves et ingérables, tels que la propagation de l’homosexualité, les viols, la terreur de la violence, la transmission des maladies contagieuses. Sans parler du manque d’hygiène, devenu norme vécue au quotidien. L’être humain dans cet espace glauque et fermé, n’est plus une entité, avec une pudeur à préserver, une intimité à protéger, mais un atome informe dans une masse compacte et malodorante. Pour l’anecdote, un détenu devra par exemple, dans certaines prisons, choisir dès le départ, s’il va dormir, à même le sol, sur le côté droit ou gauche, afin d’occuper le moins d’espace et permettre à un “co-détenu” de dormir lui aussi, collé à ses flancs. Ainsi, et après quelques années passées dans ces conditions, au sortir des prisons, la société reçoit et aura pour devoir de réintégrer des personnes aux capacités physiques sérieusement endommagées, aigries et endurcies, prêtes à rebasculer à la première invite, -ayant mieux assimilées les ficelles du «métier»-, ou alors de petites gens, courbées en deux, cassées en mille morceaux, à ramasser à la petite cuillère. Chez nous, et dans le but de réformer le régime carcéral, des mesures ont été prises suite à l’adoption des «lois des prisons 2001», avec un transfert de tutelle du ministère de l’Intérieur au ministère de la Justice et des droits de l’Homme. Seulement, avec de la bonne foi et une grande volonté, mais sous l’enseigne toujours clignotante des restrictions budgétaires, il reste difficile d’appliquer parfaitement la plénitude des lois adoptées. Rénover l’infrastructure pénitentiaire, n’est pas une mince affaire, et c’est par à coups de centaines de millions qu’il faudra arrêter les budgets ; en attendant, il est des solutions alternatives qui seraient en mesure de pallier aux lacunes actuelles et d’alléger beaucoup de peines, de sauver des vies, peut-être. Ces mesures se situent à plusieurs niveaux, mais il s’agit de mettre en œuvre les solutions instaurées par le programme des punitions alternatives, dont le président de la République a recommandé l’application. Ce programme aspire à alléger l’effectif de la population carcérale, tout en suppléant à la politique de sanctions systématiques, des options éducatives, certainement plus efficaces, pour la plupart des détenus. Ouvrir les prisons à la communauté associative et humanitaire, est également une démarche pouvant permettre aux détenus de préserver un contact permanent avec un aspect vivace et humain de la vie, grâce à l’entremise de personnes disponibles et disposées à soutenir les efforts de l’Etat déployés dans ce sens. Aussi, et surtout, former le personnel ayant pour lourde tâche de gérer le quotidien des prisonniers ; les surveillants, les gardiens et gardiennes de cellules…, en les dotant, à la base, d’une formation adaptée à leurs charges. Ces derniers, pourvus d’une marge de manœuvre parfois exclusive, en gouvernant des dizaines, voire des centaines de vies humaines, qui dépendent, pour assurer leurs besoins les plus élémentaires, de leur accord ou consentement subjectif. Il est facile d’imaginer après, les déviations psychologiques que peut procurer l’attribution d’un tel pouvoir, auquel s’ajoutent un niveau d’instruction limité et une situation matérielle précaire. Des ingrédients nourrissant le vice de la cruauté et la cupidité insatiable, que dévoilent, en long et en large, tant de films américains. Aussi, parmi les plaintes et doléances rapportées par les anciens et anciennes détenus, sur leurs conditions d’incarcération, celles se rattachant aux écarts du personnel surveillant, en occupent une large part. Finalement, la prison n’est plus à considérer comme le dernier rempart des laissés pour compte impénitents et parias incurables de la société, mais un passage transitoire, dur et cruel certes, dont l’objectif est de sanctionner pour redresser, éduquer pour favoriser une seconde chance, punir et permettre des jours meilleurs, mais certainement pas, détruire à jamais. Pour que nos prisons deviennent dignes de notre jeune Etat de droit et des institutions. (*) Baudelaire “Les Fleurs du mal” (Source : « Le Journal », N° 34 du Samedi 8 juillet 2006) URL: http://www.gplcom.com/journal/fr/article.php?article=567&gpl=34
Violences à Bagdad : les données confidentielles
Georges Malbrunot En juin, 1 300 attaques ont été perpétrées dans le grand Bagdad. Le Figaro s’est procuré des informations confidentielles sur l’insécurité dans la capitale. Trente à quarante rebelles ont été tués ou blessés hier lors d’une opération nocturne contre le quartier chiite de Sadr City à Bagdad, bastion des miliciens de Moqtada Sadr. Selon l’armée américaine, cette offensive, qui a permis l’arrestation d’un «chef rebelle», entre dans le cadre du plan de sécurité du premier ministre Nouri al-Maliki. Quinze autres personnes ont péri dans des attaques contre des mosquées à travers le pays. La plus sanglante a visé un lieu de prière chiite à Tall-Al-Banat (7 morts, 46 blessés) près de la frontière syrienne. EN MAI, les ministères de la Défense, de l’Intérieur et de la Santé recensaient 26 attentats à la voiture piégée dans Bagdad et sa périphérie, 65 explosions d’engins artisanaux, 2 attentats suicides et 60 attaques armées (à la grenade et au RPG), soit une moyenne de cinq actions violentes par jour. «Ces chiffres paraissent invraisemblables, affirme un expert des questions de sécurité, familier de l’Irak, ils indiqueraient une situation en voie d’apaisement.» Or, il n’en est rien. À Bagdad, la réalité est bien plus sombre. Selon des informations confidentielles de l’armée américaine, parvenues au Figaro, les chiffres pour les seules explosions d’engins artisanaux atteignent 260 en mai dans Bagdad élargi, et 120 pour les attaques au RPG ou à la grenade. Soit dix fois plus que les chiffres officiels. En juin, les attaques aux engins artisanaux n’ont jamais été aussi nombreuses : 170 au cours des quinze premiers jours. Apparition d’une nouvelle arme dangereuse Depuis l’invasion de l’Irak en avril 2003, les Américains minimisent le niveau de violence dans leur communication. Celle-ci est strictement contrôlée par les responsables du Pentagone. Une partie des informations est classifiée, donc inaccessible au grand public. Une autre est transmise à l’ONU, à certaines ambassades ainsi qu’à des sociétés de sécurité privées. Les responsables irakiens, quant à eux, se partagent les miettes, qu’ils relaient à la presse locale. Principale conclusion des statistiques : après l’attentat antichiite de Samarra en février, perpétré par la branche irakienne d’al-Qaida qui marque un tournant dans le déchaînement de haine, le nombre des attaques à l’engin explosif improvisé a pratiquement doublé. «Une nouvelle arme particulièrement dangereuse est apparue dans le sud d’abord, puis à Bagdad», explique au Figaro un haut responsable des Nations unies, qui requiert l’anonymat. Il s’agit d’une bombe, cachée par exemple dans un carton le long d’une route, qui contient trois mines antipersonnel surmontées – et c’est la nouveauté – d’un cône en cuivre capable de perforer des Humvee. Ce nouveau type d’armement serait fabriqué en Iran, pensent savoir des responsables étrangers à Bagdad. Depuis son apparition, la plupart des convois américains dans la capitale sont protégés d’une large parabole avant, pour provoquer l’explosion anticipée de la bombe qu’elle aura détectée. Cet équipement a permis de neutraliser en moyenne deux engins explosifs chaque jour (72 en mai). Mais ces bombes artisanales sont utilisées avec de plus en plus d’ingéniosité, s’inquiètent les experts. Et des dizaines de milliers de tonnes d’explosifs restent disponibles dans des dépôts de l’ancienne armée de Saddam Hussein. Les ressources en kamikazes candidats aux martyrs pourraient en revanche s’amenuiser. En juin en effet, la baisse des attentats à la voiture piégée s’est poursuivie, où 19 actions de ce type ont été répertoriées (contre 26 en mai). Des difficultés logistiques pour se procurer des véhicules piégés pourraient également expliquer ce recul. L’autre progrès concerne la baisse des tirs de mortier (zéro en mai) contre la «zone verte», la forteresse qui abrite l’ambassade américaine et les principaux ministères irakiens. Les troupes américaines parviennent désormais à détecter le tir à la source, en lançant un contre-mortier qui neutralise l’assaut. Malgré les risques d’infiltration de terroristes, cette amélioration de la sécurité de la «zone verte» a encouragé les Américains à en céder récemment une aile au gouvernement irakien, qui réclame davantage de souveraineté. Ces quelques avancées sont antérieures au plan de sécurité du premier ministre al-Maliki, basé sur un déploiement massif d’hommes armés aux barrages, mais dont les résultats paraissent limités, puisque, en juin, la moyenne quotidienne des attaques reste élevée (environ 45). Trois foyers de violence Les statistiques dessinent trois foyers de violence dans Bagdad : les quartiers périphériques à majorité sunnite d’al-Doura au sud, à l’ouest les environs de la mosquée d’oum al-Qoura, fief du comité des oulémas, et enfin, plus au nord, séparés par le Tigre, les quartiers Adhamyeh (sunnite) et Khadhamyeh (chiite). Tel est désormais l’état des lieux de la violence interethnique dans la capitale irakienne, auxquels il faut ajouter la route de l’aéroport et le bidonville chiite de Sadr City. Des zones mixtes dans lesquelles les tensions communautaires exacerbées conduisent les minorités à fuir. «C’est là par exemple où les Irakiens refusent les campagnes de vaccination à domicile proposées par l’ONU, craignant de recevoir un ennemi plutôt qu’un médecin», s’alarme ce haut responsable des Nations unies. Depuis février, «une attaque complexe» est perpétrée chaque jour à Bagdad. «Cinquante hommes participent parfois à de véritables opérations militaires, note l’expert. Dix véhicules peuvent être utilisés pour un enlèvement qui combinera un scénario d’embuscade, une explosion à distance et un dispositif d’assaut au RPG.» Ces attaques sont le plus souvent conçues et perpétrées par d’anciens membres de l’armée de Saddam Hussein. Mais les Américains cherchent à occulter ces performances du noyau dur irakien de la guérilla. Ils préfèrent communiquer sur les attentats suicides commis par des djihadistes étrangers, leurs ennemis du réseau terroriste al-Qaida. (Source : « Le Figaro » du 8 juillet 2006)
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