7 mars 2009

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TUNISNEWS

8 ème année, N° 3210 du 07.03.2009

 archives : www.tunisnews.net  

AFP: Tunisie : Amnesty réclame la liberté de circuler pour Mohamed Abbou AFP: Béchir:Tunis regrette le mandat d’arrêt Tunisia Watch: Tunisie: profond regret officiel et dénonciation de l’opposition à la suite du mandat d’arrêt de la CPI contre le président soudanais AFP:Tunisie : une ONG lance une université féministe pour les deux sexes AFP: Tunisie : froid et neige, distribution d’aide aux pauvres dans le nord-ouest Le Temps Suisse: L’Italie s’apprête à expulser un millier de clandestins El Watan: Kamel Belabed (Porte-parole du collectif des familles de harraga disparus en mer) « Des harraga sont détenus en Tunisie »


Liste actualisée des signataires de l’initiative du Droit de Retour : http://www.manfiyoun.net/fr/listfr.html Celles et Ceux qui veulent signer cet appel sont invités à envoyer leur: Nom, Pays de résidence et Année de sortie de la Tunisie sur le mél de l’initiative : manfiyoun@gmail.com


Tunisie : Amnesty réclame la liberté de circuler pour Mohamed Abbou

AFP 06/03/2009 LONDRES,   (AFP) – Amnesty International a réclamé vendredi la levée de l’interdiction de quitter le pays imposée selon l’organisation par la Tunisie à l’avocat dissident Mohamed Abbou. « Les autorités tunisiennes doivent immédiatement lever l’interdiction injustifiée de voyager imposée au défenseur des droits de l’homme et ancien prisonnier de conscience Mohamed Abbou, qui s’est vu refuser le droit de quitter le pays aujourd’hui (vendredi), pour la septième fois depuis sa libération de prison en juillet 2007 », a indiqué Amnesty dans un communiqué diffusé à Londres, où l’organisation a son siège. « Mohamed Abbou est pris en otage dans son propre pays dans ce qui semble être une campagne concertée par les autorités afin de sanctionner son travail en faveur des droits de l’homme », a déclaré Hassiba Hadj Sahraoui, directeur adjoint pour le Proche-Orient à Amnesty, cité dans le communiqué. Mohamed Abbou avait l’intention de se rendre à Londres pour participer à une conférence organisée par Amnesty International mais des officiers de sécurité au contrôle des passeports lui ont indiqué à l’aéroport qu’il n’avait pas l’autorisation de quitter le pays, selon l’organisation. « On ne lui a donné aucune explication et on lui a suggéré qu’il ne devrait pas à nouveau tenter de quitter le pays », ajoute Amnesty. Depuis sa libération de prison en juillet 2007, après avoir purgé deux ans d’une condamnation à trois ans et demi, l’avocat dissident a été interdit de quitter le pays « à plusieurs reprises », selon l’organisation. Mohamed Abbou avait été condamné en 2005 pour « publication d’écrits de nature à troubler l’ordre public » et « diffamation des autorités judiciaires et diffusion de fausses nouvelles ». Cette condamnation intervenait après la publication d’un article sur internet, dans lequel l’avocat défenseur des droits de l’homme comparait la torture pratiquée dans les lieux de détention en Tunisie aux sévices exercés par des Américains dans la prison d’Abou Ghraib, en Irak.

 


Béchir:Tunis regrette le mandat d’arrêt
 
AFP 07/03/2009 La Tunisie a exprimé aujourd’hui « son profond regret » suite au mandat d’arrêt lancé par la Cour pénale internationale (CPI) contre le président soudanais Omar el-Béchir, et appelé à suspendre son application. « La Tunisie exprime son profond regret à la suite du mandat d’arrêt émis par la Cour pénale internationale contre le président soudanais », écrit le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué publié par l’agence tunisienne TAP. Tunis, selon le communiqué, appelle à « suspendre l’application de cette décision de manière à aller de l’avant dans le processus du règlement de la crise de Darfour sur la base du respect de la souveraineté du Soudan et de son intégrité territoriale ». Se disant « préoccupée », la Tunisie considère la décision de la CPI comme « une menace pour la stabilité et la sécurité » du Soudan et pour les efforts visant à ramener la paix au Darfour. Deux partis de l’opposition parlementaire avaient dénoncé jeudi la décision de la CPI et appelé à la solidarité arabe contre les « visées colonialistes » et des risques de « démembrement » du Soudan. Omar el-Béchir est depuis mercredi sous le coup d’un mandat d’arrêt de la CPI pour crimes contre l’humanité au Darfour, région de l’Ouest du Soudan en proie à la guerre civile depuis 2003.

Tunisie: profond regret officiel et dénonciation de l’opposition à la suite du mandat d’arrêt de la CPI contre le président soudanais

« LaTunisie exprime son profond regret à la suite du mandat d’arrêt émis par la Cour Pénale Internationale (CPI) contre le président soudanais Omar Hassan El Bachir et fait part de ses préoccupations quant aux incidences de cette décision, en ce sens qu’elle constitue un précédent dangereux pour la souveraineté des Etats et une menace pour la stabilité et la sécurité de ce pays, ainsi que pour les conventions de paix, dont l’accord de paix globale et l’accord de paix sur Le Darfour.

Tout en soulignant les positions adoptées à ce sujet par la Ligue des Etats Arabes, l’Union Africaine et l’Organisation de la Conférence Islamique (OCI), laTunisie appelle à poursuivre les efforts et à ouvrir la voie, de nouveau, à l’Organisation des Nations Unies, la Ligue des Etats Arabes, l’Union Africaine et les médiateurs internationaux pour suspendre l’application de cette décision, de manière à aller de l’avant dans le processus du règlement de la crise du Darfour sur la base du respect de la souveraineté du Soudan et de son intégrité territoriale.» Rapporte l’agence officielle TAP citant Une source autorisée du ministère des Affaires étrangères.

Du coté des partis d’opposition tunisiens la dénonciation à été plus virulente du mandat d’arrêt délivré par la Cour pénale internationale (CPI) contre le chef d’Etat soudanais Omar el-. « Nous dénonçons les accusations de la CPI et sa décision de délivrer un mandat d’arrêt contre le président soudanais« , affirme le Parti de l’Unité Populaire (PUP, opposition parlementaire). « La décision de la Cour illustre la duplicité des Etats occidentaux et une volonté d’humilier la nation arabe« , ajoute-t-il dans un communiqué, affirmant que « l’unité et l’indépendance du Soudan sont visées« .

L’Union Démocratique Unioniste (UDU) a appelé à un « sursaut de solidarité militante » avec le Soudan confronté, selon lui, « à des visées colonialistes et au risque de son démembrement« . Cette formation lance une mise en garde aux régimes arabes accusés de passivité devant les « atteintes répétées contre des symboles de souveraineté« , rappelant notamment « l’assassinat » du président palestinien Yasser Arafat et le sort de l’ex-président irakien Saddam Hussein.

Le Parti Démocratique progressiste dénonce dans ce mandat d’arrêt « un acte qui s’inscrit dans une campagne de pression internationale contre le soudan visant sa souveraineté, son intégrité territoriale et ses richesse naturelles » le parti considère aussi que les décisions de la CPI resteront dépourvu de toute crédibilité tant que les crimes d’extermination dont fait l’objet le peuple palestinien et les criminels de guerre israéliens restent en dehors de sa portée.

Le mouvement Ennahdha (Interdit) a de son coté dénoncé dans ce mandat d’arrêt une opération de chantage dirigée par les grandes puissances conte le soudan et son président condamnant les deux poids deux mesure dans le traitement des affaires de crime de guerre et crime contre l’humanité par la CPI citant l’impunité cautionnée par la justice internationale pour les auteur des même crime en Irak, Afghanistan et dernièrement à Ghaza.

Les ONG tunisiens indépendants ont observé un silence total sur le sujet jusqu’à présent. (Synthèse TW)

(Source: « Tunisia Watch » le blog du juge Mokhtar Yahyaoui le 7 mars 2008)


Tunisie : une ONG lance une université féministe pour les deux sexes

 
AFP 07/03/2009
L’Association tunisienne des femmes démocrates (ATFD, indépendante) a annoncé le lancement d’une « université féministe », une  première du genre en Tunisie, à l’occasion de la journée mondiale des femmes. Baptisée « Ilhem Marzouki » du nom d’une sociologue pionnière du mouvement féministe, l’université se veut « un espace d’engagement en faveur de la cause des femmes », a indiqué Sana Ben Achour, présidente de l’ATFD. Ouverte aux jeunes des deux sexes, cette institution « non académique », se  propose de diffuser les droits humains universels et les valeurs d’égalité et de non-discrimination contre les femmes. Elle appliquera une « approche féministe » dans la formation de jeunes dans les domaines de la justice, de la santé, de l’économie, de l’éducation, des médias et des droits de l’Homme. Des cycles de courtes durées y sont prévus pour une formation théorique et pratique dispensée par des professionnels engagés et des universitaires hommes  et femmes, selon l’ATFD. Fondée il y a 25 ans, l’ATFD avait axé aussitôt son action sur la violence à l’encontre des femmes, à travers notamment l’animation d’un premier centre d’écoute pour femmes battues, avant de faire campagne pour l’égalité dans l’héritage. Cette ONG a reçu fin 2008 un prix des droits de l’Homme délivré en France et a reçu une donation de 15.000 euros pour son action contre « toutes les formes de violence et de discrimination à l’égard des femmes ». Les chiffres officiels font état de 20% de femmes battues en Tunisie, soit un million sur dix millions d’habitants, une estimation sous-évaluée selon des  experts. En novembre dernier, un numéro vert gratuit pour les femmes victimes de  violences conjugales a été mis en place par le ministère des Affaires de la Femme pour « améliorer les moyens d’écoute et de prise en charge ». Des services similaires sont rendus par des associations nationales qui proposent écoutes, conseils et parfois l’hébergement aux femmes confrontées à  la violence.


 

Tunisie : froid et neige, distribution d’aide aux pauvres dans le nord-ouest

AFP 06/03/2009 Une vague de froid s’est abattue vendredi sur la Tunisie avec pluies et chutes de neige sur les hauteurs du nord-ouest, région limitrophe de l’Algérie où les autorités ont acheminé des aides aux familles pauvres, apprend-on de source officielle. Des températures proches de zéro ont été enregistrées dans plusieurs régions avec des pluies orageuses accompagnées de vents dépassant parfois les 100 km/h, a indiqué l’Institut national de météorologie. Plusieurs centimètres de neige recouvraient vendredi les hauteurs d’Ain Drahem, Tabraka et le Kef (nord-ouest) et des vents de sable entravaient la visibilité sur les routes du sud désertique. Le mauvais temps devrait persister samedi avec des températures basses et des pluies, chute de grêles sur certaines régions et tourbillons de sable dans l’extrême sud. Pour la deuxième fois en moins d’un mois, les autorités ont fait distribuer des aides aux plus démunis parmi des habitants des zones montagneuses frontalières de l’Algérie. A la suite d’intempéries à la mi-février, des secours constitués de couvertures, vêtements et produits alimentaires ont été acheminés dans plusieurs zones touchées par le froid.


 

Migrations 

L’Italie s’apprête à expulser un millier de clandestins

Par Isolda Agazzi/InfoSud Depuis que Rome a signé un accord d’expulsion avec la Tunisie, plusieurs émeutes ont éclaté dans le centre d’hébergement de Lampedusa. L’ONU tire la sonnette d’alarme Trois cents clandestins viennent de débarquer à Lampedusa. Pourtant, cette petite île au sud de la Sicile avait été presque complètement délaissée par les candidats à l’immigration et les trafiquants: 1070 personnes y sont arrivées en janvier, douze seulement le mois passé. Une baisse qui semblait due au durcissement de la politique migratoire italienne. Fin janvier, le ministre de l’Intérieur, Roberto Maroni, a signé un accord avec son homologue tunisien, Rafik Belhaj Kacem, prévoyant la possibilité de renvois forcés, sur le modèle des accords conclus avec d’autres pays du Maghreb. Selon le HCR, 75% des personnes arrivées en Italie par la mer en 2008 ont déposé une demande d’asile et la moitié d’entre elles ont obtenu le statut de réfugié ou une autre forme de protection. Pour les autres, c’est l’expulsion. Selon les chiffres du Ministère de l’intérieur, 190 clandestins ont été rapatriés en février. Pour la plupart des Tunisiens, mais aussi des Algériens, Marocains et Egyptiens. Plus d’un millier de personnes sont en attente de renvoi. Depuis fin janvier, ces expulsions ont lieu du centre le plus connu et le plus sollicité, celui de Lampedusa. De «centre d’accueil et de premiers secours» (CDA), le bâtiment vient d’être transformé en «centre d’identification et d’expulsion» (CIE). Les conditions d’hébergement y sont devenues encore plus précaires: en février, 1200 personnes y étaient hébergées, alors que sa capacité maximale est de 850. Il n’en fallait pas plus pour mettre le feu aux poudres: plusieurs émeutes ont éclaté et le 18 février des Tunisiens ont brûlé une partie du centre.
Habitants «très remontés» Des ONG tunisiennes se sont rendues à Lampedusa la semaine passée, mais elles n’ont pas pu accéder au bâtiment. «Les habitants et le maire sont très remontés ­contre la présence du CIE, nous ­raconte le Genevois Jalel Matri, ­représentant du Centre national pour les libertés en Tunisie. Ils craignent que leur île ne devienne un Guantanamo bis. Il y a presque 1000 policiers pour 6000 habitants et les hélicoptères patrouillent en permanence. L’île est devenue une forteresse et le tourisme en pâtit fortement.» Le Groupe de travail sur la détention arbitraire, qui a présenté vendredi son rapport au Conseil des droits de l’homme, a visité l’Italie en 2008. Et son constat est sévère: dans les CDA, les étrangers sont, de fait, détenus jusqu’à ce qu’ils obtiennent l’attestation de demande d’asile – ce qui peut prendre un mois. L’Italie rétorque qu’elle fait ce qu’elle peut pour faire face à l’afflux massif de migrants – plus de 30 000 à Lampedusa en 2008, selon le Ministère de l’intérieur – et que les CDA prodiguent des soins médico-psychologiques et des conseils juridiques. Quant aux centres d’expulsion, les experts critiquent la détention fréquente des étrangers avec des criminels qui ont déjà purgé leur peine. «Les pays d’émigration défendent très mollement les droits des clandestins, regrette Abdel Wahab Hani, de la Commission arabe des droits de l’homme. Ils ne veulent pas compromettre leurs relations avec l’Europe.» (Source : « Le Temps » (Quotidien – Suisse), le 7 mars 2009)


Kamel Belabed (Porte-parole du collectif des familles de harraga disparus en mer)

« Des harraga sont détenus en Tunisie »

 
Kamel Belabed est le porte-parole du collectif des familles de harraga disparus en mer de la wilaya de Annaba. Dans cet entretien, il fait le point sur le traitement réservé par les pouvoirs publics à ce dossier brûlant, dénonce la criminalisation inique de l’émigration clandestine et prévient de toute surenchère électorale sur le dos des harraga.  Depuis maintenant deux ans, vous multipliez les démarches en vue de pousser les pouvoirs publics à prendre sérieusement en charge la « question harraga ». Peut-on faire le point avec vous sur les résultats concrets de ces démarches ?  Depuis deux ans, ce qu’il y a de positif est que l’on a réussi à poser correctement la problématique des harraga grâce, notamment, à nos amis de la presse. Avant, on parlait des harraga à tort et à travers et on ne cernait pas le phénomène. Donc, nous avons des données que l’on n’avait pas. Maintenant, en ce qui concerne la progression de notre démarche, notre préoccupation principale, ce sont les disparus en mer. Là, le problème reste entier. Nous l’avons soumis à certaines institutions de l’Etat, particulièrement le ministère des Affaires étrangères. Nous avons été reçus à deux ou trois reprises par un directeur central au niveau du MAE. Nous lui avons transmis des listes avec des noms de personnes à titre indicatif, parce que nous ne pouvons pas faire de recensement. Ces listes ont, cependant, le mérite d’expliquer l’ampleur du phénomène. Il y a deux ans, c’étaient quelques dizaines de harraga. En 2007, ils étaient quelques centaines et, aujourd’hui, il y a lieu de croire qu’ils sont des milliers.  La question des chiffres reste d’ailleurs problématique faute d’un recensement officiel de harraga. Ne pensez-vous pas que le dernier RGPH aurait pu inclure aussi la « population harraga » ?  Tout le problème est là. Nous avons toujours demandé à ce que l’Etat s’implique avec nous pour faire un recensement. C’était avant le dernier recensement national (Recensement général de la population et de l’habitat, ndlr). Dans le formulaire de recensement, on aurait pu ajouter une question sur les harraga et recueillir ainsi le nombre exact des personnes qui ont disparu en mer ou qui sont passées de l’autre côté. On aurait pu avoir des indicateurs fiables et on a raté cette occasion. Toujours est-il que ce recensement est une nécessité.  Outre vos démarches auprès des AE et autres départements gouvernementaux, vous avez également demandé à ce que la question des harraga fasse l’objet d’une enquête parlementaire. Est-ce que l’APN a répondu à votre requête ?  Cette histoire est presque aussi triste que la disparition de nos propres enfants. Tous les députés et sénateurs, le président de l’APN, le président du Sénat ont été saisis nommément et par écrit en vue de les sensibiliser sur ce drame. Nous n’avons reçu aucune réponse. Mais je dois reconnaître que nous avons eu l’appui de quelques députés de la région de Annaba, notamment M. Bouchareb et le sénateur M. Brahmi. Ils ont toujours été à nos côtés, mais ce n’est pas suffisant. Nous exigeons d’être reçus dans une assemblée nationale qui est la nôtre par les élus qui sont les nôtres pour pouvoir dialoguer et diagnostiquer ensemble le problème d’une manière tout à fait sereine. Au lieu de cela, on continue à déblatérer sur les harraga avec une légèreté déconcertante.  Les politiques de tout bord, à commencer par le président Bouteflika, ses ministres, les chefs de gouvernement successifs, tout le monde parle aujourd’hui des harraga. Mais sur le terrain, les jeunes continuent à prendre massivement la mer. Les politiques seraient-ils à ce point coupés des Algériens ?  Ils en parlent, ça c’est sûr, mais qu’est-ce qui a été fait concrètement ? Le président de la République a abordé le sujet. Il a initié cette conférence gouvernement-walis, on a été bien contents, bien que nous n’ayons pas été associés à la préparation de cette conférence. Mais après, en termes de résultats concrets, il n’y a rien eu. Par la suite, il y a eu les élections législatives. Tous les députés, tous les partis en ont fait leur leitmotiv, mais on n’a rien vu de concret non plus.
 Justement, nous sommes dans un contexte électoral et le thème des harraga va certainement s’inviter dans la campagne. Comptez-vous rencontrer les candidats pour leur soumettre vos doléances ?
 La chose que nous ne voudrions surtout pas faire c’est de cautionner cette surenchère électorale. Nous pensons qu’un responsable qui se hisse à la charge de député, de ministre ou de président de la République a le devoir de regarder ce qui se passe autour de lui. Le problème est connu. Maintenant, est-ce que ces gens-là ont suffisamment de capacité pour le gérer ?
 Lors de précédentes interviews, vous avez émis des présomptions faisant état de l’éventuelle détention de harraga algériens dans les prisons maghrébines, notamment en Tunisie. Avez-vous obtenu des informations fiables à ce propos ?
 Effectivement. Auparavant, nous avions des présomptions, mais aujourd’hui, nous avons des certitudes. Cela dit, l’Etat est mieux placé que nous pour enquêter sur le sujet. Quand nous avons demandé une enquête parlementaire, c’était pour inciter nos parlementaires justement à intervenir auprès de nos voisins pour pouvoir s’informer. Malheureusement, cette quête d’information n’a jamais été faite.
 Les autorités tunisiennes ne veulent pas coopérer…
 Je ne sais pas. C’est peut-être un écueil bureaucratique. Pendant ce temps, les familles continuent de se rendre quotidiennement en Tunisie à l’affût des nouvelles de leurs fils. En parlant de la Tunisie, il convient de citer le cas de 68 harraga partis il y a deux mois. Nous savons qu’ils sont en Tunisie, mais rien ne filtre. Nous avons eu la preuve formelle de leur détention, mais, officiellement, les gens ne veulent pas en entendre parler. Encore une fois, le problème est qu’on ne veut pas nous associer. Quand on a demandé le recensement, c’était dans l’intérêt général. Nous avons demandé le prélèvement de l’ADN des parents, parce que nous savons le problème de l’incinération qui se pose de l’autre côté. Sans recensement, on ne peut pas savoir combien il y a de ressortissants algériens enterrés à l’étranger. Nous sommes en droit de connaître la vérité concernant le sort de nos enfants.  On entend régulièrement parler de corps de harraga sur le point d’être incinérés dans les morgues espagnoles, italiennes ou autres. Avez-vous été approché à ce sujet ?  Nous avons pris connaissance incidemment d’un courrier envoyé par le gouvernement espagnol au ministère des Affaires étrangères et qui faisait état de 170 ou 171 dépouilles de harraga qui se trouvaient en Espagne. Ce courrier demandait aux autorités algériennes d’envisager le rapatriement de ces corps. Cela remonte à avril 2008 et je sais qu’aucune suite n’a été donnée à ce courrier. La réaction des autorités algériennes était « qu’est-ce qui nous prouve qu’il n’y a pas de Marocains ou de Sahraouis parmi ces corps ? » Pourtant, tout le monde sait que ces dépouilles ne peuvent pas être conservées éternellement dans une morgue. On a raté encore l’occasion de donner 170 corps à des mères qui auraient pu faire leur deuil. Il y a aussi le cas de cet imam d’Alicante qui parlait de 600 corps de harraga sur le point d’être incinérés. Là encore, rien n’a été fait. Pourtant, la solution est simple : nous sommes les concernés, nous sommes les malades, c’est nous qu’il faut diagnostiquer. D’où la nécessité des prélèvements ADN.  Que vous inspire la criminalisation de la « harga » ?  La loi, dans sa globalité, présente un contre-sens. C’est une loi qui est caduque dans la mesure où elle est incompatible avec des conventions internationales ratifiées par l’Algérie et qui portent sur la libre circulation des personnes ainsi que d’autres lois avec lesquelles elle est en contradiction. Maintenant, si on criminalise le passeur oui, il n’y aucun problème. Moi je me demande pourquoi on ne crée pas les conditions nécessaires pour permettre aux gens de circuler dignement ? Passez-moi le terme, cette loi sur la criminalisation des harraga est une « ânerie ». Certains députés l’ont même qualifiée de « loi clandestine » et ne se sont pas trompés. Elle a été concoctée dans des conditions ridicules. Elle ne nous concerne pas.
 A quand, M. Belabed, une association nationale autour de la « cause harraga » ?  Créer une ONG c’est possible, mais cela ne nous intéresse pas. Nous estimons que c’est à l’Etat de trouver le moyen de régler ce problème. Il n’a pas besoin d’une ONG. En Algérie, nous avons déjà trois organisations de défense des droits de l’homme. Les choses peuvent être inscrites dans ce cadre-là. Pourquoi créer une société des harraga ? Par Mustapha Benfodil
 
(Source: « El Watan » (Quotidien – Algerie), le 5 mars 2009)
 

 

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