7 juin 2009

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TUNISNEWS

9 ème année, N° 3302 du 07.06.2009

 archives : www.tunisnews.net  


L´Humanité: Gafsa-Nantes, la périlleuse fuite de trois Tunisiens L´Humanité: « Faites savoir ce qui se passe à Redeyef ! » L´Humanité: Libye : pris en charge par des militaires dès la frontière L´Humanité: Les camps de rétention  ou le retour en enfer L´Humanité: L’UE sous-traite sa guerre aux migrants Le Temps: Fumeurs précoces: Chez nous, ils commencent à l’âge de 13 ans !! Sadri Khiari: Obama aux musulmans : « Je vous ai compris ! »

Liste actualisée des signataires de l’initiative du Droit de Retour : http://www.manfiyoun.net/fr/listfr.html Celles et Ceux qui veulent signer cet appel sont invités à envoyer leur: Nom, Pays de résidence et Année de sortie de la Tunisie sur le mél de l’initiative : manfiyoun@gmail.com
 

 
La Fédération des Tunisiens  Citoyens des deux Rives (FTCR) 3, rue de Nantes – 75019 PARIS Tél : 01.46.07.54.04 – Fax : 01.40.34.18.15 – E-mail : ftcr2@wanadoo.fr – www.ftcr.eu                  INVITATION La Fédération des Tunisiens  Citoyens des deux Rives (FTCR) vous invite à une soirée  d’hommage à Feu TAHAR HAMMAMI Poète, universitaire et militant pour la démocratie en Tunisie, disparu le 12 Mai 2009 En présence des membres de sa famille Vendredi 12 Juin 2009 à 19 H 00 heures        à  l’AGECA 177  rue de Charonne 75011 paris (Métro Alexandre Dumas) Programme : – Présentation des œuvres de Tahar Hammami – Lectures de  ses poèmes par Kamal Bouajila et Kamal Ghali -Chant de son célèbre texte  « ANNAKHLOU YOUGHANNI » CHANT DES PALMIERS, composé et interprété par Mohamed Bhar.

Enquête Gafsa-Nantes, la périlleuse fuite de trois Tunisiens

Traqués par le régime de Ben Ali, ils ont rejoint l’Europe par la Libye. Récit d’une dangereuse odyssée qui illustre la violence des politiques migratoires européennes.   L’un a des cicatrices de balles dans le dos, un autre porte encore une énorme blessure au crâne. Ils sont arrivés à Nantes en octobre et en mai, au terme d’un long périple à travers la Tunisie, la Libye et l’Italie. Ces trois Tunisiens vivent aujourd’hui encore terrés et traqués. Ils ont accepté de raconter, bien sûr de façon anonyme, leur terrible odyssée.   Tunisie : les raisons d’une fuite   S. soulève son tee-shirt et montre deux cicatrices de balles, en bas du dos. C’était il y a bientôt un an, le 6 juin. Manifestations, répressions syndicales, intimidations : depuis plusieurs semaines et la révélation d’une affaire de corruption dans un climat de mise au ban de toute sa région, le bassin minier de Gafsa, où 40 % de la population est au chômage, la ville de Redeyef, où il vit, est en état de siège (voir ci-contre). Anecdote symptomatique du mépris des autorités pour la population de ces terres à quatre cents kilomètres au sud-ouest de Tunis, connues depuis le début du siècle pour être un bastion des revendications sociales en Tunisie, il venait justement de s’entendre dire à la sous-préfecture, où il était allé chercher du travail : « Mieux vaut encore prendre une corde et te pendre. » Ce jour-là, donc le 6 juin, « la police a lancé des bombes lacrymogènes sur des gens assis en terrasse et la population est descendue dans la rue. La police nous a tiré dessus, j’ai pris deux balles dans le dos. » À côté de lui, Hafnaoui Al-Maghzaoui, vingt-cinq ans, est tué d’une balle au poumon. Un second manifestant décédera de ses blessures. S, lui, est d’abord pris en charge par sa famille, dans une maison. Il est transporté une heure plus tard à l’hôpital de Redeyef, où les médecins, effrayés, expédient l’affaire au plus vite en le recousant sans même extraire les balles. Il est enfin soigné à l’hôpital de Gafsa, dans une chambre fermée à clé et surveillée par deux policiers. « J’avais l’impression d’être en prison… Par la suite, quand je suis sorti, des policiers stationnaient devant ma maison, m’insultaient dès qu’ils le pouvaient. Ma mère a eu peur que je me fasse arrêter : au début, elle ne voulait pas que je parte ; à la fin, c’est elle qui m’a demandé de fuir. » En septembre, il se décide à partir, et rejoint Ben Guardane à la frontière avec la Libye avec cinq autres habitants de Redeyef, après un périple dans plusieurs autres villes du pays pour éviter d’éveiller les soupçons.   Quelques mois plus tard, H. et Z. eux aussi fuient les répressions de Redeyef. « Nous nous sommes d’abord réfugiés dans la montagne à proximité. Nous étions deux cents environ, dispersés en petits groupes. Avant nous, d’autres étaient partis par la Libye. » Le 12 décembre, les premières condamnations du procès de 38 dirigeants du mouvement social de Gafsa tombent, avec des peines de six à dix ans ferme. « Nous avons alors décidé de partir, mais comme nous savions que nous étions recherchés, il fallait être vigilant. » Eux aussi utilisent un itinéraire complexe pour atteindre Ben Guerdane, et paient même un passeur pour franchir les vingt derniers kilomètres, en territoire tunisien, où se trouve un poste de police. (Source: “L´Humanité” (Quotidien – France) le 6 juin 2009)


Enquête

« Faites savoir ce qui se passe à Redeyef ! »

 

« Nous avons souffert pour venir ici mais notre problème est peut-être résolu aujourd’hui. Nous pensons à nos familles qui restent là-bas, alors s’il vous plaît, faites savoir ce qui se passe à Redeyef ! » Ils sont entre deux cents et trois cents originaires de Redeyef à vivre, cachés et sans papiers, à Nantes, qui entretient une relation de longue date avec le bassin minier de Gafsa et sa population. Surveillés en France, ils savent que leurs faits et gestes peuvent avoir des conséquences pour ceux qui continuent de subir la répression des autorités tunisiennes. Tout a commencé début 2008, quand une affaire de passe-droit dans les processus de recrutement de l’entreprise publique de phosphate a déclenché la colère d’une population dont 40 % est au chômage. Depuis, le cycle de manifestations-répressions n’a pas cessé. Le 6 juin, un jeune manifestant est tué par balle, un autre décédera de ses blessures, et plusieurs autres seront blessés. L’armée a été déployée dans la région pour contenir les manifestations. En décembre, les dirigeants du mouvement ont écopé de peines de six à dix ans de prison. Leurs mères et épouses qui tentent de les faire libérer et d’alerter sur leurs conditions de détention continuent de résister. Le 22 mai, les prisonniers ont été transférés à 300 kilomètres de Gafsa.   Un rassemblement de soutien aura lieu aujourd’hui, de 15 h à 19 h, à la fontaine des Innocents, à l’initiative d’un collectif d’associations.   A. R.  (Source: “L´Humanité” (Quotidien – France) le 6 juin 2009   International –  Article paru le 6 juin 2009   enquête Chronologie   w Décembre 2008. Le centre d’accueil de Lampedusa devient centre d’identification et d’expulsion ; les clandestins, qui n’y séjournaient que quelques jours, y sont désormais enfermés deux mois.   w 17 février 2009. Après l’annonce du rapatriement forcé de 107 Tunisiens en Tunisie, des émeutes éclatent au centre d’identification et d’expulsion de Lampedusa, qui prend feu.   w Début mai. Les clandestins de Lampedusa dont le délai de rétention arrive à terme sont transférés sur le continent. Le centre se vide.   w 7 mai. La marine italienne commence à reconduire directement en Libye les bateaux de clandestins qu’elle intercepte.   w 13 mai. Le Parlement italien ratifie un texte qui transforme en délit passible d’une amende de 5 000 à 10 000 euros l’entrée illégale sur le territoire italien et augmente la durée légale de rétention de deux à six mois.   w 250 à 300 Tunisiens ont été renvoyés en Tunisie au cours des derniers mois, selon le gouvernement italien.  (Source: “L´Humanité” (Quotidien – France) le 6 juin 2009)  


Libye : pris en charge par des militaires dès la frontière

 

À leur arrivée en Libye, à trois mois d’intervalle, S., H. et Z. vivent exactement la même expérience : « Les passeurs nous ont directement remis à des militaires libyens, là nous avons été frappés, fouillés, et si quelqu’un avait sur lui ne serait-ce qu’un petit couteau, il était tabassé pour éviter les résistances, raconte Z. Nous avons ensuite été comptés, et pendant ce temps, les militaires prenaient des notes sur des petits carnets. Les militaires nous ont répartis par petits groupes dans des maisons à une dizaine de kilomètres de la mer, dans la ville de Zouara. » Cette ville côtière de 300 000 habitants non loin de la frontière tunisienne est un des points de départ les plus importants des clandestins vers l’Europe. Là, S. aura droit à une sorte de « traitement de faveur » : « J’ai été logé avec dix-neuf autres personnes de Redeyef directement chez le chef des passeurs, celui qui est le propriétaire des bateaux, à la tête d’un grand réseau de rabatteurs. Il vit dans un château immense, avec piscine, qui coûte une fortune. Nous étions transportés dans des BM 645, des voitures qui n’existent même pas en Europe. Ce passeur connaît tout le monde à Redeyef, il connaît toute l’histoire de la ville. Et sachant ce que nous avons vécu, il nous a bien traités. » Après deux semaines de ce régime, le soir du départ, l’homme vient en personne leur faire ses adieux sur la plage. S. voyagera sans encombre jusqu’à Lampedusa, dans une embarcation de 16 mètres sur 16 avec 167 personnes à bord. À titre de comparaison, H. et Z., pris en charge par un autre passeur qui se fait appeler Hadj Kapo, étaient, eux, 375 sur le même type de bateau…   Pour chacun, la traversée se fait au même prix : 2 500 dinars tunisiens (1 275 euros). « Des gradés sont passés demander au passeur de l’argent, 100 dollars par personne : à Zouara, tout le monde est au courant de ce qui se passe avec les migrants. »   « Le jour du départ, nous venions de passer douze heures d’affilée dans une pièce, ils nous ont rassemblés sur la plage depuis les différentes maisons de Zouara. Et vers 3 heures du matin, nous sommes montés dans des Zodiac pour atteindre le bateau, à un kilomètre de la côte. À ce moment-là, pour éviter qu’on ne change d’avis, les passeurs nous ont prévenus que celui qui tenterait de faire demi-tour serait tué : ils ont toujours des armes sur eux. » Et justement, Z., qui a déjà travaillé comme marin pêcheur à Sfax, s’y connaît en bateaux. « Quand j’ai vu son état et le nombre qu’on était à bord, je me suis dit qu’on n’arriverait jamais à destination, et d’ailleurs, on est tombés en panne au bout de dix-huit heures. » Le capitaine était égyptien. « Comme il y a des accords d’expulsion entre l’Italie et l’Égypte, soit le capitaine se fait prendre, il est renvoyé en Égypte et il touche 10 000 dollars pour la traversée, soit il arrive à faire demi-tour sans se faire prendre, il ramène le bateau et touche trois fois ce prix : dans tous les cas, l’embarcation est rentabilisée. » (Source: “L´Humanité” (Quotidien – France) le 6 juin 2009)

Italie :

les camps de rétention

ou le retour en enfer

 

S. arrive le premier sur l’île de Lampedusa, le 16 octobre : « Je ne suis resté que six jours en centre de rétention et j’ai été bien traité, même si nous étions 1 700 dans le centre. Comme ils ont vu que j’étais blessé, ils m’ont même proposé de demander l’asile, mais j’ai refusé parce que je ne voulais pas rester en Italie et que j’ai besoin de revoir ma famille. Après, j’ai été transféré dans un autre centre, où je pouvais me déplacer librement. Là, j’ai reçu de l’argent qui m’a permis de venir jusqu’à Nantes. »   H. et Z., eux, arrivent un peu moins de trois mois plus tard à Lampedusa, le 9 janvier 2009. Entre-temps, le gouvernement italien vient de mettre en place de nouvelles mesures, qui changent radicalement leurs conditions d’arrivée en terre européenne. « Quand nous sommes tombés en panne, la marine italienne est venue nous secourir, nous étions à six heures des côtes. Sur le bateau, tout s’est bien passé, donc nous ne nous attendions pas du tout à ce qui allait nous arriver ensuite, explique Z. On avait fui la Tunisie, on retrouvait une autre Tunisie. » Jusqu’alors centre de premier accueil où les migrants ne restent que deux ou trois jours, le centre de Lampedusa est devenu centre d’identification et d’expulsion avec des délais de rétention officiellement limités à deux mois. « Nous étions jusqu’à 2 168 dans le centre et pendant treize jours nous avons dormi dehors. Comme il pleuvait, nous nous sommes abrités derrière un mur et on nous a donné une bâche, qu’il fallait tout le temps remettre en place parce qu’elle glissait. Pour manger, il fallait faire la queue pendant trois heures. » Z. a sur le front une énorme blessure mal soignée, conséquence d’un coup reçu pendant les émeutes de Redeyef. « Je n’avais même pas accès à la pharmacie pour prendre mes médicaments. » En février, des Tunisiens du centre qui ont le sentiment d’être moins bien traités se mettent en grève de la faim. « Nous étions plusieurs centaines, ça a duré trois jours. » L’épisode se transforme en émeute, et le centre prend feu. « La police a pris trente personnes au hasard dans la cour, et c’est tombé sur moi, explique H. Pendant vingt-quatre heures nous étions dans une cellule, et là on s’est fait tabasser à la matraque entre deux distributeurs. J’ai encore mal à l’épaule depuis ce temps. Ils nous disaient : “Tu vas voir que la police italienne, c’est pas la police tunisienne !”. » Le 2 mars, H. et Z. sont transférés dans un autre centre près de la frontière slovène. « Nous étions 44 à venir de Redeyef, ils nous ont mis dans ce qu’ils appelaient la “zone rouge” avec des gens qui avaient fait de la prison pour des délits graves au Maroc ou en Tunisie. » Humiliations et maltraitances se poursuivent. Jusqu’à leur libération, début avril, au terme du délai légal de rétention de deux mois… entamé le 6 février, tour de passe-passe administratif oblige.   Anne Roy  (Source: “L´Humanité” (Quotidien – France) le 6 juin 2009)  

Enquête

L’UE sous-traite sa guerre aux migrants

 
L’Europe ferme les yeux sur les graves violations des droits de l’homme commises en son nom à l’encontre des clandestins.   Début mai, le délai légal de rétention des clandestins détenus à Lampedusa est arrivé à expiration – peu avant que le Parlement italien ne vote son extension de deux à six mois -, et le centre s’est vidé. Mais faut-il s’en réjouir ? Depuis, l’Italie a mis en place de nouvelles dispositions et, le 7 mai, la marine italienne a renvoyé directement à Tripoli 257 migrants qu’elle venait de repêcher en mer, sans même passer par la case Lampedusa. Le gouvernement italien s’est félicité de ce « tournant historique ». Et les protestations des ONG sont restées sans effet. « Les migrants n’ont pas pu faire de demande d’asile politique car ils n’ont même pas été accueillis en Europe », a ainsi dénoncé Laura Boldrini, la porte-parole en Italie du HCR : la Libye n’a pas signé la convention de Genève sur les réfugiés et ne propose aucun dispositif d’accueil pour les réfugiés politiques. La convention de Genève, non, mais un contrat avec l’Europe, oui. 4 000 kilomètres de frontières, six voisins sur le continent africain… Devenue un des principaux points de passage avec l’Europe, la Libye monnaye cher pour devenir un des gardes frontières de l’Europe, qui en retour est peu regardante sur le sort réservé aux migrants dans les prisons libyennes et dans les camps de rétention « délocalisés » sur son territoire.   « Début 2006, rapporte la présidente du réseau Migreurop, Claire Rodier (1), le directeur du service italien d’information et de la sûreté de la République a décrit des centres de rétention libyens « nauséabonds », où sont jetés les clandestins ramassés « comme des chiens », « prévus pour 100 personnes, en accueillant jusqu’à 650, sans la moindre hygiène ». Le Réseau euroméditerranéen des droits de l’homme parle de « violences, maltraitance, enfermement, viols, tortures ». Mais, pour l’Union européenne, la guerre aux migrants n’a pas de prix. En février, à l’occasion d’un déplacement à Tripoli, la commissaire européenne chargée des Relations extérieures, a offert 20 millions d’euros à la Libye pour l’aider à mieux contrôler ses frontières. Et il est fort à parier que la question sera à nouveau au menu de la visite du colonel Kadhafi à Rome, le 10 juin.   Les accords avec la Libye ne sont qu’un pan de l’externalisation de la chasse aux clandestins, dont un des volets se situe… en Tunisie. Le pays est signataire de plusieurs traités avec l’Union, avec la France ou avec l’Italie. Et sans attendre la conclusion de nouveaux accords en cours de préparation, le ministre italien des Affaires étrangères, Franco Frattini, a déclaré début mai à Tunis que son pays était prêt à doubler le quota des travailleurs tunisiens pouvant émigrer légalement en Italie, actuellement de 4 000, en contrepartie d’une « coopération opération- nelle » dans la lutte contre l’immigration clandestine, et a fait état d’une « aide supplémentaire » de 50 millions d’euros au gouvernement tunisien destinée à favoriser la « réinstallation des rapatriés tunisiens ».   (1) « Un arrière-goût bulgare », revue Vacarme nº 41, automne 2007.   A. R.  (Source: “L´Humanité” (Quotidien – France) le 6 juin 2009)


Fumeurs précoces: Chez nous, ils commencent à l’âge de 13 ans !!

 Les Tunisiens fument leur première cigarette très tôt. Généralement, c’est à l’âge de 13 ans qu’ils commencent à en consommer et même abusivement, d’où la multiplication des maladies incurables telles que les cancers et les accidents cardiovasculaires. Nous sommes d’ailleurs classés premiers dans le monde arabe en termes de nombre de fumeurs, car un tiers des Tunisiens sont accros à cette substance. Un autre fait beaucoup plus alarmant est que 35 % de nos adolescents sont des fumeurs. Ils s’en accoutument dès leur jeune âge. Ce constat a incité le ministère de la Santé publique à les cibler davantage dans le cadre de son programme de lutte contre le tabagisme, en impliquant des jeunes actifs dans le tissu associatif dans ce processus. Preuve, ils ont participé hier au colloque national des organisations et associations investies dans le  programme national de lutte contre le tabagisme. Si quelques-uns ne sont pas accros aux cigarettes d’autres le sont. Conscients de ses dangers, ils manifestent une grande volonté à arrêter de fumer et même de conseiller leurs homologues voire les citoyens lors des campagnes de sensibilisation. Fumer la première cigarette à un âge précoce a certes des conséquences lourdes à court, moyen et long termes. Rares sont ceux qui sont conscients de ces risques et décident de s’en débarrasser à l’instar de Jamal jeune technicien. Agé de 19 ans, il fume depuis sept ans et ce en intégrant les enceintes du lycée. ” Mais bien avant cette date, nous étions mes cousins et moi, tentés par les cigarettes “, avoue le jeune. ” Nous fumions des bouts de papier enroulés “, ajoute-t-il en souriant. Ce fut des souvenirs d’enfance qui l’ont marqué. Mais cette expérience si banale soit-elle et dangereuse a évolué dans une deuxième phase en franchisant les portes du lycée. Jamal n’avait pas de difficultés à acheter les cigarettes chez l’épicier. ” 300 millimes étaient largement suffisants pour m’en approvisionner. Je les partage même avec mes camarades de classe “, enchaîne le jeune. Echappant à tout contrôle ou supervision d’adultes, le groupe trouvait un malin plaisir à fumer dès cet âge précoce. ” Même l’épicier n’a jamais hésité à nous vendre cette substance. C’est le profit matériel qui compte le plus pour lui  “, explique-t-il. Conscient des nocivités des cigarettes, Jamal a arrêté de fumer depuis juste un mois. ” Il faut dire que j’ai eu des problèmes de santé. J’étais même hospitalisé pendant une semaine pour soigner les maux de tête dus aux cigarettes “, rétorque le jeune technicien. Membre actif dans le Croissant Rouge, il est déterminé à sensibiliser les fumeurs quant aux dangers de la substance. Ce fut d’ailleurs l’objectif de sa participation au colloque.   Et le bénévolat D’autres bénévoles actifs dans cette organisation ont pris part au colloque pour prouver qu’ils sont partie prenante dans l’exécution du programme de sensibilisation contre les dangers du tabac. En revanche, peuvent-ils faire passer le message efficacement tout en étant fumeurs ? Aymen étudiant, il a été tenté à un âge très précoce par les cigarettes. Il a choisi de rompre avec cette mauvaise habitude depuis des années et surtout ” quand j’ai eu des problèmes de respiration “, d’après lui. Et d’ajouter ; ” Je me suis rendu compte de la gravité de cette substance quand j’ai commencé à pratiquer du sport. Je dois également cette décision à mon professeur d’éducation physique “. A l’instar de Jamal, Aymen est un membre actif dans le Croissant Rouge et s’apprête d’ailleurs à sensibiliser les jeunes par rapport aux risques du tabac durant cet été. ” Les colonies de vacances seront une occasion propice pour encourager les jeunes accros à arrêter et surtout inciter ceux qui n’en consomment pas à ne plus céder à la tentation “, témoigne-t-il avec détermination. Il est clair que nos jeunes sont conscients des risques des cigarettes. En revanche ils sont piégés par cette substance surtout quand ils ne sont pas encadrés suffisamment par les adultes. Ils se trouvent parfois obligés d’en consommer pour mieux s’intégrer dans le groupe. Notamment, Mohamed, étudiant a vécu cette expérience il y a des années. Mais il a pu résister et n’hésite pas à attirer l’attention de ses amis par rapport aux dangers des cigarettes. Il s’agit de son maître mot qu’il dit haut et fort. Non aux cigarettes.   Sana FARHAT   Engagement de la société civile Des organisations et associations ont manifesté hier leur engagement de contribuer efficacement dans le programme national de lutte contre le tabagisme et ce en signant une charte en présence des ministres de la Santé publique et de l’Education et de la formation ainsi que des représentants de la société civile. Cette démarche s’inscrit dans le cadre de la lutte contre le tabac qui est la cause principale de 90 % des cas du cancer du poumon ainsi que d’autres maladies graves et surtout incurables. Ce fléau touche les adultes, les jeunes et moins jeunes des deux sexes. D’ailleurs un tiers des Tunisiens sont accros aux cigarettes ce qui pèse lourd à la communauté. Mais l’Etat a déterminé un objectif ambitieux. Il envisage de réduire le taux des fumeurs à 25 % lors des cinq prochaines années. Une finalité certes légitime qui nécessite un engagement et surtout un plan d’intervention efficace. Etant donné qu’il reste difficile de changer les mentalités. (Source: “Le Temps” (Quotidien- Tunisie) Le 7 juin 2009)

 


Obama aux musulmans : « Je vous ai compris ! »

 

par Sadri Khiari On ne peut nier au nouveau président des Etats-Unis une certaine habileté. Il sait où nous avons mal. Il sait ce qui nous fait plaisir. Obama n’ignore rien de nous. Peut-être est-ce parce qu’il est noir et qu’il connaît les ravages de l’esclavage, de la colonisation et des inégalités raciales ; peut-être est-ce parce qu’il est un ancien musulman, que ses ancêtres étaient musulmans, qu’il a lui-même longtemps vécu dans des pays majoritairement musulmans ; peut-être est-ce tout simplement parce qu’il a de bons conseillers. Quoiqu’il en soit, il connaît les distorsions de notre fierté. Nous sommes fascinés par la modernité occidentale toute puissante ; nous aspirons ardemment à lui ressembler et nous la haïssons parce que nous savons qu’elle s’est construite en nous écrasant. La Modernité nous a tués et nous espérons qu’elle nous ressuscite. Nous sommes même disposés à nous suicider pour cela. Nous lui demandons seulement qu’elle reconnaisse nos mérites passées et, par conséquent, nos dispositions à avoir encore quelques mérites. Surtout le mérite d’être modernes, d’aller un jour sur la lune et d’avoir nos propres multinationales qui réduiront les peuples à la misère. Quitte à réjouir nos adversaires, reconnaissons-le : aujourd’hui encore, plus que de libération, nous rêvons d’« intégration ». Et Obama nous offre l’« intégration ». A condition, bien sûr, que nous renoncions définitivement à la libération. Quelle est la différence entre libération et intégration ? C’est simple. La libération consiste à libérer le monde des différentes formes d’oppression des peuples qu’a porté en elle et que continue de reproduire la Modernité. L’intégration, c’est boire du champagne hallal et en être fier. Voilà donc ce que nous promet le nouveau président des Etats-Unis si nous acceptons d’être sages. Voilà, au fond, ce que signifient toutes les paroles gentilles qu’il a prononcées en Egypte à l’égard de l’islam et des musulmans. Est-ce à dire qu’il n’y a rien de nouveau sous le soleil ? Certainement pas. Si nous n’avons pas la naïveté de croire que la personnalité d’Obama détermine la politique de Etats-Unis, il est clair que son discours du Caire met en lumière les nouveaux rapports de forces qui se dessinent depuis quelques années déjà. Leur fluidité mais aussi une certaine permanence. Dans le monde et aux Etats-Unis. Les deux étant inextricablement liés. Au Moyen-Orient, en Amérique et à l’échelle de toute la planète. Les trois ne pouvant être séparés. La Maison blanche réévalue ses priorités. Elle appréhende différemment ses propres enjeux. Elle balance ses stratégies. Son ambition ne cesse d’être hégémonique mais il est possible qu’elle en revisite les moyens. En tout état de cause, si Obama fait l’éloge de l’islam, c’est qu’il pense pouvoir aller à l’encontre d’une opinion américaine – et plus largement occidentale -, habituée depuis au moins une décennie à ne pas concevoir le musulman autrement que comme un terroriste potentiel. S’il n’hésite pas à contrarier les dirigeants israéliens, sans rien donner, il est vrai, aux Palestiniens, c’est qu’il pense désormais pouvoir le faire. Ou, au moins, tester les résistances au sein même des institutions américaines à une politique qui n’identifie plus les intérêts américains – ou plus largement encore occidentaux – aux intérêts de l’expansionnisme israélien. Rien n’est encore joué. Rien n’est stable. Les rapports de forces au sein même des dispositifs complexes de l’Administration américaine ne sont pas encore tranchés. Il n’est même pas sûr qu’Obama sache exactement où il veut aller et où il peut aller. Il semble espérer se détacher du foyer de tensions moyen-oriental pour avoir les mains libres ailleurs (Russie ? Chine ? Crise domestique étatsuniennes ?) mais rien n’indique encore s’il en a les moyens. Qu’il parle en bien de l’islam ne rompt que partiellement avec l’idéologie propagée par les néo-conservateurs républicains. A la guerre des civilisations prônée par ceux-ci, il substitue l’amour entre les civilisations. Mais le paradigme dans lequel il conçoit le monde est toujours celui d’un rapport conflictuel entre civilisations, prises comme des ensembles culturels immuables et homogènes. Les crises, les affrontements, les guerres ne seraient pas le produit d’enjeux politiques déterminés par des intérêts de puissances bien précis, mais le résultat d’une hostilité ou d’une incompréhension entre l’Occident et l’Islam. Sinon pourquoi ferait-il un discours aux musulmans ? Si l’islam est une composante majeure de l’identité palestinienne comme l’est également l’arabité, le dit conflit israélo-palestinien n’oppose pas musulmans et juifs ou « civilisation judéo-chrétienne », mais bien un Etat colonial et un peuple colonisé qui aspire à sa libération. Sa dimension mondiale, on ne le redira jamais assez, est celle d’une lutte des peuples dominés contre les institutions et les logiques impériales et coloniales. Sur la question palestinienne, puisque nous y sommes, prenons garde également à ne pas nous bercer d’illusions. Incontestablement, la Maison blanche expérimente une autre voie que celle qui a été suivie par la précédente administration américaine. Cette autre voie a-t-elle trouvé sa cohérence ? A-t-elle des appuis politiques suffisamment puissants ? Fera-t-elle long feu ? Quatre mois après l’accession d’Obama au pouvoir, il est encore difficile de le dire. Surtout, nous savons tous parfaitement que, dans le meilleur des cas, la nouvelle stratégie américaine qui se cherche n’aura d’autres objectifs que d’étouffer la résistance palestinienne. Les Etats-Unis exercerons peut-être des pressions sur le nouveau gouvernement israélien pour calmer ses ardeurs militaires, mais les pressions seront encore plus grandes sur les Palestiniens (et l’ensemble des pays arabes) pour qu’ils acceptent une nouvelle « offre généreuse », c’est-à-dire un micro-Etat, dépourvu des attributs majeurs de la souveraineté, sinon d’administrer une portion infime de la Palestine, sous la surveillance étroite des soldats israéliens. C’est ce qu’ils appellent la Paix. Contentez-vous de cela, diront-ils, parce qu’avec Netanyahou-Lieberman-Barak au pouvoir en Israël, ce pourrait être pire ! Remerciez Obama parce qu’avec Bush, ce n’est pas la Charte constitutive de l’OLP qui aurait été « caduque » mais la Palestine comme nation. Effectivement, il y a une différence entre le nouveau président et l’ancien. Bush, semblable en cela à Sharon, avait une stratégie très claire qu’on pourrait résumer en quelques mots bien connus : « Qui veut tuer son chien l’accuse de la rage ». Obama, lui, semble adepte d’une autre politique que l’on peut résumer ainsi : « Tout flatteur vit aux dépens de celui qui l’écoute » (qu’on ne nous parle pas de sa sincérité ou de son humanisme : dans l’Amérique d’aujourd’hui, un humaniste n’accède pas au pouvoir !). Vigilance, donc. Vigilance mais non pas désespoir. Car, si Obama a été élu, si Obama n’est pas Bush, c’est pour une raison et une seule : la stratégie bushienne a fait faillite. Plus exactement, les Etats-Unis ont perdu une, deux, trois batailles décisives. Et avec les Etats-Unis, Israël. En Afghanistan, en Irak, en Palestine, au Liban, les projets américains se sont écroulés. Tout le monde le reconnaît, aujourd’hui. Mais, ce qu’on oublie généralement de souligner, c’est que si l’Amérique a perdu ces batailles, c’est parce qu’elle s’est heurtée à la résistance des peuples. Si l’Administration américaine a tant de difficultés à s’unifier autour d’une nouvelle stratégie, c’est parce que la résistance des peuples ne faiblit pas. Si la contre-révolution coloniale mondiale est contrainte de trouver de nouvelles armes politiques, c’est parce que la force des armes ne suffit plus à contrer nos résistances. Nous sommes encore faibles, certes, mais bien moins faibles qu’auparavant. Obama nous achètera-t-il pour quelques « essalemou aleïkom » ?
 
(Source: “Les indigène de la Republique” le 6 juin 2009)
 

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