Tunisie: un ancien dirigeant islamiste de nouveau devant la justice
AP Samedi 6 décembre, 18h46 Moins d’un mois après sa libération, l’ancien président du mouvement islamiste tunisien Ennahdha (interdit), Sadok Chourou, a été de nouveau arrêté pour « maintien d’une association non autorisée », a-t-on appris samedi auprès de l’un de ses avocats, Me Samir Ben Amor. Le tribunal de première instance devant lequel il a été présenté a rejeté la demande de libération provisoire présentée par ses défenseurs, mais a accédé, en revanche, à leur requête de renvoi du jugement pour leur permettre de préparer leurs plaidoiries. La prochaine audience a été fixée au 13 décembre. Selon un communiqué transmis par les autorités à l’Associated Press, il est accusé d’avoir « repris ses activités au sein de cette organisation non autorisée en intensifiant ses contacts avec ses éléments et en parlant en son nom ». Il est considéré ainsi comme étant en violation de la réglementation régissant la libération conditionnelle. D’après Me Ben Amor, l’interpellation du dirigeant islamiste pourrait être motivée notamment par des déclarations faites à une chaîne satellitaire arabe qu’il n’a pas nommée. M. Chourou avait été condamné en 1992, en même temps que des centaines de militants et dirigeants d’Ennahdha, à la prison à perpétuité, pour des délits liés à son appartenance à ce « mouvement extrémiste dont le but était de commettre des agressions contre les personnes et les biens pour réaliser ses desseins », selon les autorités. Sa peine a été ramenée dans un premier temps à 30 ans de réclusion. Le 7 novembre dernier, date anniversaire de l’arrivée au pouvoir du président Zine El Abidine Ben Ali, il a bénéficié d’une mesure de libération conditionnelle parmi les 21 chefs islamistes encore en détention. AP
Hymne national tunisien contre pratique policière
Tunisie . Le procès des syndicalistes s’est ouvert hier à Gafsa, en présence de syndicats de plusieurs pays. Le procès des 38 inculpés du bassin minier de Gafsa, suite aux manifestations qui se sont déroulées depuis le mois de janvier dans cette région du Sud-Ouest tunisien, s’est ouvert hier. Bien que les 38 soient officiellement inculpés pour des délits de droit commun, la nature politique de ce procès ne fait aucun doute. Pourquoi, sinon, les autorités tunisiennes auraient-elles empêché de s’y rendre une délégation de l’Association tunisienne des femmes démocrates (ATFD) ? Cette audience, qui se tenait quelques jours à peine après la venue d’une délégation de personnalités françaises (voir l’Humanité du 3 décembre), a néanmoins mobilisé tout ce que la Tunisie compte de démocrates. Des représentants de syndicats français (CGT, CFDT, SUD, FO, FSU, UNSA…), algériens et marocains avaient même fait le déplacement. Les avocats tunisiens se sont particulièrement distingués. Une trentaine d’entre eux sont venus de Tunis, non sans mal, comme le raconte Karim à l’Humanité : « Nous avons été arrêtés à plusieurs reprises sur la route, à Kairouan, à Sidi Bouzid, puis à 30 km de Gafsa, et encore à l’entrée de cette ville. À chaque fois il nous a fallu batailler avec les policiers en refusant de présenter nos cartes d’identité, avant de pouvoir continuer notre chemin, les fonctionnaires du ministère de l’Intérieur n’ayant aucun argument à nous opposer. » En tout, ils étaient 92 avocats à venir représenter la justice – la vraie – dans un procès inique qui pourrait bien modifier les choses en Tunisie. Les 38 ont ainsi été rejoints par 6 autres personnes, recherchées pour les mêmes motifs et qui se sont présentées devant le tribunal accompagnées de leurs avocats, preuve que le combat est loin d’être clandestin, qu’il a débordé les frontières régionales, voire celles de la Tunisie entière. « Nous avons demandé la libération provisoire de tous les détenus, précise Karim. Nous avons également exigé des expertises médicales à cause des tortures subies par nos clients. Nous avons aussi insisté sur le nécessaire témoignage du ministre de la Santé publique, Mondher Znaydi – dont le nom apparaît dans le dossier -, ainsi que de celui de Bacem Jaouardou, haut fonctionnaire du ministère de l’Intérieur, un temps chargé des négociations avec les manifestants. » Alors qu’une interruption de séance était prononcée par le juge, l’un des principaux inculpés, Adnan Hadji, entonnait l’hymne national tunisien, rapidement suivi par ses camarades, malgré l’intervention musclée de la police qui menaçait de ne pas représenter les prisonniers devant le tribunal. Il faudra l’intervention de Mokhtar Trifi, président de la Ligue tunisienne des droits de l’homme (LTDH), pour convaincre le juge. Adnan Hadji vient d’ailleurs d’être renforcé dans ses convictions et dans son combat : l’Union générale des travailleurs tunisiens (UGTT) qui, sur la demande des instances locales tenues par les tenants du parti au pouvoir, le RCD du président Ben Ali, l’avait suspendu de ses fonctions, vient de le réintégrer à son poste syndical. Un acte qui a valeur de soutien total à la lutte d’Adnan Hadji, de Bachir Labidi, de Taieb Ben Othman et tous les autres syndicalistes incarcérés. Les avocats ont obtenu le report du procès au 11 décembre et la libération de huit prisonniers. P. B.
Le capitalisme raconté par un « indigène »
Romdhani Massoudi
Dans un village, un homme apparut et annonça aux villageois qu’il achèterait des singes pour 10 $ chacun.. Les villageois, sachant qu’il y avait des singes dans la région, partirent dans la forêt et commencèrent à attraper les singes. L’homme en acheta des centaines à 10$ pièce et comme la population de singes diminuait, les villageois arrêtèrent leurs efforts. Alors, l’homme annonça qu’il achetait désormais les singes à 15$. Les villageois recommencèrent à chasser les singes. Mais bientôt le stock s’épuisa et les habitants du village retournèrent à leurs occupations. L’offre monta à 20$ et la population de singes devient si petite qu’il devint rare de voir un singe, encore moins en attraper un. L’homme annonça alors qu’il achèterait les singes 50$ chacun !!! Cependant, comme il devait aller en ville pour affaires, son assistant s’occuperait des achats. L’homme étant parti, son assistant rassembla les villageois et leur dit : « Regardez ces cages avec tous ces singes que l’homme vous a achetés. Je vous les vends 35$ pièce et lorsqu’il reviendra, vous pourrez les lui vendre à 50$. » Les villageois réunirent tout l’argent qu’ils avaient, certains vendirent tout ce qu’ils possédaient, et achetèrent tous les singes. La nuit venue, l’assistant disparut. On ne le revit jamais, ni lui ni son patron ; que des singes qui couraient dans tous les sens.
De plus en plus de femmes islamistes radicales en France
Ces groupes radicaux séduisent d’autant plus facilement les jeunes qu’ils sont en rupture avec la société française mais également avec l’islam traditionnel des parents. Ap/Cosgrove Crédits photo : AP À Auxerre, une trentaine d’entre elles multiplient les propos antifrançais et antisémites. De loin, leur groupe est impressionnant. Une trentaine de femmes perdues sous leur niqab noire. Des silhouettes qui ne sont pas passées inaperçues à Auxerre, où ce groupe, qui se revendique du tabligh, une mouvance piétiste et fondamentaliste, a attiré l’attention de la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI). La mouvance radicale se féminise, à en croire les policiers. À Auxerre, ce groupe est particulièrement prosélyte, suivant la doctrine des tablighs, ces croyants qui entendent reproduire le mode de vie du prophète et vont au-devant des publics, notamment marginalisés, pour porter cet islam du pied de la lettre. À la sortie des écoles, ces femmes entièrement voilées abordent les mères de famille, proposent une éducation musulmane, engagent à rejoindre un groupe de lecture du Coran. Elles forment un groupe soudé et tourné contre l’Occident, décrit la DCRI. Ces femmes se réunissent pour vouer aux gémonies la France, les juifs, qu’il «faut anéantir» et parler de djihad. À leur tête, deux femmes, l’une marocaine, l’autre convertie, mèneraient ces actions, dans la mouvance d’un imam surveillé, el-Mouloudi Moutaa. «On observe une montée en puissance du féminisme islamique, avec son versant radical », confirme Bernard Godard, auteur des Musulmans de France (Robert Laffont). Les mouvements tablighs, mais aussi salafistes, tout aussi fondamentalistes, mais plus politiques, connaissent un succès croissant, avec la recrudescence des prêches enflammés, selon la DCRI. Notamment parmi les femmes, du Maghreb et d’Afrique noire, «ce qui est nouveau». Ni intégration ni émancipation Ces groupes séduisent d’autant plus facilement les jeunes qu’ils sont en rupture autant avec la société française qu’avec l’islam traditionnel des parents. « Ce n’est plus la génération des filles voilées qui avaient manifesté contre la loi sur les signes religieux à l’école, en agitant des drapeaux français », poursuit-il. Ces recrues gardent de leur jeunesse française les outils de la modernité, la revendication d’une place au même titre que les hommes. Elles s’investissent sur les forums Internet radicaux, organisent leurs propres manifestations. «Mais se fichent de l’intégration.» La plupart étaient «oppressées dans leur famille, marginalisées dans la société. Elles transforment leurs frustrations dans cet islam sectaire où l’on obtient facilement des bons points», analyse Antoine Sfeir, qui vient de publier une Lettre ouverte aux islamistes ( avec Ghaleb Bencheikh, chez Bayard). «La religion leur permet de s’affirmer.» Certaines de ces femmes radicalisées ont servi de boîtes aux lettres dans des réseaux terroristes démantelés. Mais leur extrême visibilité les écarte de l’action clandestine et vise la propagande, estime encore Sfeir. Car ces femmes s’attaquent à l’idée que l’émancipation occidentale serait un bienfait.
(Source: » Le Figaro » (Quotidient – France) le 7 décembre 2008 )