AP: Tunisie: les « snipers » bientôt devant la justice
AFP: Tunisie: création d’une commission électorale, vote sur le mode de scrutin
Tunisie: les « snipers » bientôt devant la justice
Tunisie – Les prières dans la rue interdites
Tunisie: création d’une commission électorale, vote sur le mode de scrutin
Tunisie: arrestation de 190 clandestins
Des visas « humanitaires » pour le migrants tunisiens, la France prend ses précautions
En accord avec les autorités tunisiennes, le gouvernement italien a décidé de délivrer des permis de séjour temporaires « humanitaires » aux immigrés tunisiens arrivés récemment sur la Botte. Ces visas leur permettront de voyager dans tous les pays de l’espace Schengen, a indiqué Roberto Maroni, le ministre de l’Intérieur italien. « Nous avons décidé d’octroyer des permis de séjour temporaires pour protection humanitaire qui permettront à ces migrants de voyager dans les pays de l’espace Schengen », a-t-il déclaré. Il a également précisé que « l’écrasante majorité des immigrés déclare vouloir rejoindre amis et proches en France ou dans d’autres pays européens ». Maroni a confirmé qu’il rencontrerait son homologue français, Claude Guéant, « pour définir un système d’intervention commune afin que France et Italie puissent impliquer tous les pays de l’Union européenne ». Le ministre italien a également précisé que ces permis temporaires ne concernaient que les migrants déjà arrivés sur le sol italien. Les nouveaux arrivants devront être rapatriés en Tunisie, selon l’accord passé entre Silvio Berlusconi et les autorités tunisiennes. Depuis la chute de Ben Ali et l’insurrection en Libye, l’Italie est confrontée à un afflux exceptionnel d’immigrants, plus de 22 000 débarquements.
Claude Guéant rappelle les conditions d’accueil
Face à ce probable afflux massif de migrants tunisiens en France, le ministre de l’Intérieur, Claude Guéant, a tenu à rappeler aux préfets, dans une circulaire, les conditions d’accueil des étrangers passés par un pays membre de l’espace Schengen. Elles sont au nombre de cinq. Ces ressortissants « peuvent effectuer en France des séjours n’excédant pas trois mois », mais ils doivent respecter certaines conditions. Ils doivent être en possession soit « d’un titre de séjour en cours de validité émis par un État membre (de l’espace Schengen), et de leur passeport », soit « ‘une autorisation provisoire de séjour en cours de validité, émise par un Etat membre, accompagnée d’un document de voyage émis par le même Etat membre. » En tout état de cause, « ces titres de séjours provisoires ne sont recevables que s’ils ont été notifiées à la Commission européenne par l’État-membre émetteur », insiste la directive. Outre ces documents, les étrangers concernés doivent « ustifier de ressources suffisantes », « ne pas constituer par leur présence en France, une menace pour l’ordre public », et « ne pas être en France depuis plus de trois mois ». En conclusion la circulaire précise qu’il « convient donc de vérifier si les cinq conditions sont toutes remplies. Dans tous les autres cas, les étrangers concernés sont remis (…) à l’État membre de provenance ». Chaque jour, la police arrête 40 clandestins tunisiens, à la frontière italienne. Elle les renvoie vers Vintimille, en Italie.
Source: ”La depeche” Le 07-04-2011
« Après la chute de Ben Ali, l’économie tunisienne reste sur le fil »
Trois ans de reportages et d’enquêtes sur la Tunisie, ou comment la description de la Tunisie de Ben Ali est nécessaire pour construire celle de l’après… Tel est l’objet de l’ouvrage du journaliste Pierre Puchot, « Tunisie, une révolution arabe », qui paraît ce jeudi chez Galaade Editions.
« L’explosion était inévitable » en Tunisie, résume Pierre Puchot, journaliste à Mediapart. Il publie ce jeudi un ouvrage qui compile ses contributions à ce site internet, intitulé Tunisie, une révolution arabe, chez Galaade Editions. « Le cycle s’est ouvert en 2008, au moment où Mediapart voyait le jour. Nous avons voulu retracer ce mouvement de fond » qui a mis fin au système Ben Ali.
Mirage plutôt que miracle économique, répression de mouvements précédents comme à Gafsa en 2008, multiples atteintes à la liberté d’expression et aux droits de l’homme, montée du clan Trabelsi au sommet du pouvoir et corruption rampante… Face à ce portrait peu reluisant de la fin de l’ère Ben Ali, Pierre Puchot souligne combien la France a « fermé les yeux ». Et à quel point il est crucial aujourd’hui qu’elle les rouvre, « pour mieux accompagner la révolution en cours et aider la Tunisie à émerger ».
Un exemple: le tourisme. « Au lieu de profiter aux Tunisiens et de les aider à s’en sortir, c’est une véritable dictature économique qui s’est organisée pendant des années, sous la direction des tour opérateurs. ‘Tout l’année, passez une semaine en Tunisie pour 300 euros, ou moins encore !’, clament-ils. Sans prendre en compte les coûts réels sur le terrain. Résultat: du travail au noir, des hôteliers qui font faillite et ne peuvent plus rembourser leurs crédits à l’Etat, la dette augmente, ajoutez-y une crise des matières premières et bientôt les gens n’ont plus de quoi s’acheter du pain… »
Comment sortir du cercle vicieux, alors que la Tunisie n’a pas de rente pétrolière sur laquelle s’appuyer, contrairement à l’Algérie par exemple? « En créant un office du tourisme tunisien qui tienne tête aux tour opérateurs », estime le journaliste, sur ce point précis. Et en général, « en faisant confiance aux Tunisiens dont la formation intellectuelle est impressionnante, en investissant durablement et en annulant la dette du pays ».
Pour l’heure, alors que la « révolution de jasmin » a entraîné tant d’autres pays dans son sillage, l’économie tunisienne reste sur le fil et nombreux sont les Tunisiens à encore faire le choix de l’exil, via Lampedusa, dans l’espoir d’une vie meilleure en Europe. Tout comme la révolution dont l’étincelle a eu lieu à Sidi Bouzid plonge ses racines bien plus loin que décembre 2010, comme le montre l’ouvrage de Pierre Puchot, la chute de Ben Ali n’a pas tout changé du jour au lendemain.
Le mythe du miracle économique
« Un temps considérée comme le bon élève d’un Maghreb en difficulté, la Tunisie se trouve aujourd’hui prise en tenaille entre la hausse des matières premières sur le marché mondial et les nouvelles difficultés rencontrées dans des secteurs clés comme celui du tourisme. L’opacité du régime et l’absence de libertés publiques encouragent l’immobilisme dans des pans entiers de l’économie.
Comme l’Égypte de Nasser, la Tunisie de Bourguiba avait construit la base de la paix sociale et de son économie en garantissant la stabilité du prix du pain, via un organisme étatique, la Caisse générale de compensation (CGC). Les boulangeries vendent le pain bien en dessous du prix du marché, donc à perte. À charge ensuite pour la CGC de compenser ce manque à gagner.
Ce système est toujours en place. Or la hausse continue depuis 2007 du prix des céréales sur le marché mondial alourdit une facture qui se montera à 650 millions d’euros en 2008 si le prix du blé se maintient au niveau actuel. Une situation très délicate pour le gouvernement, le souvenir des émeutes dites « du pain » en 1984 (les plus importantes que le pays ait connues) hantant la mémoire des partisans d’une indexation du prix du pain sur l’inflation.
Un autre secteur clé est en difficulté, celui du tourisme, qui pèse 7% du PIB et demeure vital au regard du nombre important d’emplois indirects qu’il suscite. La pression des tour-opérateurs est constante pour faire baisser les prix pratiqués par des professionnels tunisiens désunis entre lesquels la concurrence joue à plein. Au final, alors que la Tunisie peut se brader à 300 euros la semaine pour un séjour en hôtel cinq étoiles, à peine 40 % des recettes finissent dans les caisses des hôteliers. Là encore, la marge réalisée est insuffisante pour permettre la survie du secteur. L’État est contraint de multiplier les subventions et exonérations d’impôts. Et la dette publique a atteint quelque 4 milliards d’euros cette année.
Plus généralement, c’est l’ensemble du secteur privé qui peine à émerger. L’accord de libre-échange conclu avec l’Union européenne n’a pas eu les effets escomptés. « Cet accord est un échec, selon Abedljelil Bédoui, professeur d’économie à l’université de Tunis, car il n’a pas permis l’arrivée massive d’investissements directs étrangers (IDE). Les capacités productives de la Tunisie ont par conséquent peu évolué. Et le secteur privé demeure frileux et fragile. C’est le grand problème de la Tunisie: le taux d’investissement des entreprises est très faible pour un pays comme le nôtre. »
Pour Béatrice Hibou, chercheuse au Ceri, « un des noeuds du problème réside dans le système clanique des grandes familles tunisiennes proches du pouvoir qui accaparent les bénéfices des entreprises. Il y a une grande opacité autour des transactions et de l’attribution des marchés en Tunisie. Mais c’est surtout l’ensemble des relations économiques et les interdépendances entre les acteurs qui est en question, car le pouvoir peut jouer pour faire pression sur tel ou tel. En outre l’absence de libertés publiques rentre dans l’imaginaire des entrepreneurs, qui peuvent se dire: ‘Si on devient trop gros, on peut risquer de devenir une proie pour le régime.’ Tout cela ne contribue guère à ce qu’ils investissent ».
Structurellement affaiblie, l’économie tunisienne ne parvient pas à résorber un chômage favorisé par la flexibilisation du travail imposée par les nouveaux secteurs « off shore ». Officiellement 14 % de la population active est sans emploi. Les estimations de plusieurs économistes portent ce taux à 25%. Le gouvernement minore, selon eux, la volonté de travail des femmes et ne prend en compte que les travailleurs âgés de 18 à 59 ans, quand le montant insuffisant des pensions pousse nombre de retraités à demeurer sur le marché du travail, et que de plus en plus de jeunes de 15 à 18 ans cherchent à y entrer.
Dans ce contexte délicat pour les finances tunisiennes, le double phénomène du chômage et du clientélisme a provoqué cet hiver une révolte dans le bassin minier de Gafsa, situé au sud-est de la Tunisie. Le mécontentement des habitants de cette région traditionnellement frondeuse a touché jusqu’aux membres du RCD, le parti au pouvoir, et s’est propagé jusqu’à Tunis, poussant ainsi les autorités à déclencher un large mouvement de répression. »
[Article du 28/04/08, © Galaade Éditions, 2011]
La machine infernale du tourisme
« Djerba, Hammamet, Nabeul: la mer, le sable fin, les palmiers… L’hiver approche, l’envie d’ailleurs se fait sentir. Parmi les destinations les moins chères: la Tunisie. Et pourquoi pas? Nicolas Sarkozy et François Fillon y multiplient les voyages depuis 2007. Comme près d’un million de Français chaque année, vous vous préparez à réserver un petit séjour tout compris en hôtel-club sur la côte tunisienne.
Le régime de Ben Ali, une dictature? Ah! S’il fallait voyager uniquement dans les pays démocratiques, on ne bougerait pas de chez soi… Et puis, si cela peut rapporter un peu d’argent à ces pauvres Tunisiens…
Depuis le début des années 2000, c’est malheureusement l’inverse qui se produit: chaque voyage, chaque réservation, contractée à des prix de plus en plus discount, contribue un peu plus à rendre la vie impossible à plusieurs millions de Tunisiens.
Par quel système pervers ce que l’on pourrait juger comme un transfert de devises bienfaisant pour l’économie locale se transforme-t-il en une spirale infernale qui plombe l’économie d’un pays tout entier? « Pour fonctionner, le système touristique tunisien, qui reste très bas de gamme, s’est engagé dans une course à la baisse des prix, explique la chercheuse Béatrice Hibou. Cette baisse continue des prix est conduite sous la pression notamment des tour-opérateurs qui ne cessent de faire jouer la concurrence avec d’autres destinations. Les hôteliers ont trois ressorts : proposer des services de qualité de plus en plus médiocre, jouer sur les salaires, et ne pas rembourser les dettes contractées auprès des banques et de l’État. C’est le plus souvent ces deux derniers ressorts qu’ils utilisent, ce qui a un effet désastreux sur l’économie tunisienne, et sur les Tunisiens. »
Source : « L’express » Le 07-04-2011
Révolte dans le monde arabe: «Avec la révolution tunisienne, on retrouve une dignité»
INTERVIEW – Abdelwahab Meddeb, professeur et écrivain franco-tunisien, répond à «20 Minutes» à l’occasion de la sortie jeudi de son livre «Printemps de Tunis, la métamorphose de l’Histoire» (Editions Albin Michel)…
En tant qu’intellectuel, quel regard portez-vous sur les révolutions arabes?
Ce qui est fabuleux, c’est que cela a renforcé la nation, sans être porté par le nationalisme. En Tunisie, l’emblème de la révolution n’était pas une photo ou un fétiche, mais le drapeau national. En Egypte, en Tunisie, au Bahreïn, au Yémen ou en Syrie, à chaque fois le contexte est différent, et pourtant, tous les gens ont adhéré à quelque chose de commun: l’exigence de liberté, de justice et de dignité. Mais détruire une dictature est une chose, construire une démocratie en est une autre. Le passage de l’un à l’autre n’est pas automatique.
Vous écrivez que la révolution tunisienne a permis de restaurer «l’orgueil de soi»…
Aujourd’hui, on retrouve une dignité. Cet événement historique apporte un démenti définitif sur la médisance autour de votre propre appartenance –le fait d’être arabe. Il casse les stéréotypes, et l’idée que la liberté et la démocratie ne sont pas pour les Arabes. La révolution a aussi été l’occasion pour les gens de se refonder et de se redécouvrir. Ça a été une cure fabuleuse!
Vous pensez que cela a modifié le regard porté sur les Arabes?
Oui, par la force des choses. La dignité et le respect, ça se conquiert.
Que vous inspire le récent changement de cap de la diplomatie française face aux révolutions arabes?
Au départ, c’était lamentable.La France n’a pas bougé face à l’événement historique en Tunisie, d’où tout est parti. C’était une erreur et une défaillance consternante. Elle voyait cela comme si cela venait d’une autre planète, alors que la Tunisie est le pays le plus proche de la France -la langue et la culture française y sont très présentes. L’action de Nicolas Sarkozy en Libye est un geste de rachat. Que le drapeau français ait été célébré à Benghazi est énorme, et c’est un bonheur, pour moi. Cela réintègre la vision d’un Occident allié et non maléfique. Vous avez devant vous un franco-tunisien heureux. Ce n’est pas souvent.
Quelles leçons politiques peut-on tirer de ces révolutions?
En Egypte, où l’on cherche à construire une démocratie, les gens ont fait la queue pour voter au référendum constitutionnel le 19 mars. Alors qu’en France, l’abstention a été spectaculaire aux élections cantonales. Il faudrait donc que la France retrouve la jouvence de la démocratie. La deuxième leçon, c’est la nouvelle manière de faire de la politique inventée par la génération numérique. Elle a réussi là où les partis ont échoué, en se constituant en communauté provisoire, le temps de mener à bien une action précise, avant de se dissoudre. Si l’islamisme revient, elle se reconstituera. Ce phénomène nous pousse à nous interroger sur ce qu’il en sera de l’action politique future. Ces jeunes tunisiens sont dans une défiance envers les partis traditionnels, tout en étant politiques eux-mêmes. Ils sont en cela contemporains de la jeunesse française. On a beaucoup d’enseignements à prendre de la Tunisie. C’est peut-être comme ça qu’on retrouvera une jouvence politique en France.
Source : « 20 monutes » Le 07-04-2011
La Tunisie aux portes de la démocratie
La tâche est « difficile et risquée mais nous réussirons », assure Béji Caïd Essebsi. Le deuxième Premier ministre de l’ère post-Ben Ali, tout comme le président, Foued Mebazaa, se considèrent en contrat à durée déterminée jusqu’au 24 juillet, date à laquelle doit se dérouler l’élection d’une Assemblée constituante. Deux mois et demi après une révolution qui a donné le « la » dans le reste du monde arabe, la Tunisie avance doucement sur le chemin de la démocratie.
Après deux Premiers ministres et trois gouvernements, la nouvelle équipe au pouvoir ne comprend plus aucun ministre ayant servi dans le dernier gouvernement de l’ex-président Ben Ali. Le premier remaniement du Premier ministre Mohamed Ghannouchi -qui s’était séparé d’une partie seulement des ministres ayant servi sous Ben Ali -n’avait pas suffi à apaiser la colère des manifestants de la place de la Kasbah qui, jour après jour, reconduisaient leur sit-in sous les fenêtres du gouvernement. Car c’est tout un peuple qui redoute qu’on lui confisque « sa » révolution.
Satisfaits du nouveau gouvernement de transition, les partis politiques se préparent désormais à l’élection. La « nouvelle » Tunisie compte 49 partis légaux. Depuis la dissolution par la justice, le 9 mars, du puissant Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), le parti unique du président déchu, le ministère de l’Intérieur est assailli de demandes de légalisation en vue des prochaines élections. Pour autant, la marche vers la démocratie n’est pas encore terminée. « La révolution, ce n’est pas la démocratie, ce n’est que la première porte, résume Béji Caïd Essebsi. Il faut ramer pour aller à la démocratie. » Sur cette route, il n’exclut pas des « accidents de parcours », même s’il assure être vigilant.
Luttes d’influence
Parmi les menaces qui pèsent sur le pays, nombre de Tunisiens évoquent le fantôme du RCD. L’inquiétude est manifeste quant au risque de voir réapparaître l’ancien parti sous d’autres étiquettes. D’autant que l’ex-RCD, de par la puissance des structures dont il disposait, part avec une longueur d’avance face à de nouveaux partis politiques qui, à en croire l’actuel Premier ministre, « ne sont pas au meilleur de leur forme » pour se préparer au scrutin. La montée en puissance du mouvement islamiste Ennahda fait aussi partie des craintes. Sur ce parcours semé d’embûches, la Tunisie est partagée entre, d’un côté, une volonté d’aller vite et d’inscrire rapidement le pays dans la démocratie et, de l’autre, une crainte de ne pas être prête pour le rendez-vous clef du 24 juillet. Beaucoup évoquent déjà un report de cette échéance, qui serait impossible à tenir. Se greffe là-dessus une vraie bataille pour le pouvoir. La Tunisie, qui a été unie pour pousser dehors Ben Ali, découvre les luttes d’influence et les premiers ratés de la transition démocratique. Le 20 mars, la Haute Commission chargée de préparer les élections de juillet -qui doit établir un nouveau Code électoral et un projet de Constitution -n’a pas pu achever sa première réunion. Certains participants considéraient que sa composition était « incompatible avec les objectifs de la révolution et les aspirations du peuple tunisien ». Certains pensent que l’actuel pouvoir de transition la « noyaute ». La centrale syndicale UGTT exigeait aussi que la formation de la Haute Commission soit revue pour « représenter les régions, les sensibilités politiques et les jeunes sans exclusive et marginalisation ». Le président de la Haute Commission a finalement accepté de la remanier.
Source : « Les Echos » Le 07-04-2011
Tunisie : En visite à Kairouan, Caïd Essebsi a parlé sécurité
La sécurité, c’est la priorité des priorités, et c’est une responsabilité collective et non pas uniquement gouvernementale. C’est en substance le message délivré par le Premier ministre, Béji Caïd Essebsi, mercredi à Kairouan où il effectuait une visite de travail.
Il n’a pas caché que le phénomène d’insécurité suscite des inquiètes d’autant plus que de nombreuses entreprises sont menacées de fermeture, à cause notamment de la multiplication des manifestations de protestation.
Il expliquera aux représentants des partis politiques et des composantes de la société civile de la région que le gouvernement provisoire, qu’il dirige depuis un peu plus d’un mois, a entamé l’étude de la situation dans le pays et préparé un projet économique et social à court terme au profit des régions défavorisées, rapporte la TAP.
Parmi les mesures arrêtées dans ce projet, la garantie d’un emploi à 60 mille chômeurs, durant l’année en cours, dont 40 mille dès maintenant, afin de réduire le taux de chômage qui touche aujourd’hui 500 mille personnes dont 150 mille diplômés du supérieur.
M. Caïd Essebsi rappellera par la suite que ce projet comprend en outre des aides au profit de 180 à 190 mille familles nécessiteuses, et le programme « Amal » qui bénéficiera à 200 mille personnes.
De ce point de vue, les présents ont insisté sur la nécessité d’instaurer une corrélation étroite entre les dimensions économique, sociale, politique et sécuritaire, ainsi que sur la consolidation du rôle des médias dans les régions.
Par ailleurs, les spécificités et préoccupations en matière de développement ont également été évoquées au cours de cette visite. Tous les intervenants ont appelé à instaurer un équilibre entre les régions, soulignant l’impératif de demander des comptes aux personnes impliquées dans des affaires de corruption sous le régime du président déchu.
Source: “wmc” Le 07-04-2011
Tunisie/ Tarek Mekki : « Je cherche à désacraliser la fonction de Président »
Tarek Mekki qui a commencé à se faire connaître à travers des vidéos insérées sur Facebook, prône l’instauration d’une deuxième République. Il se dit contre les idéologies, et s’apprête à lancer son parti : « Pour l’instauration de la deuxième République ». Ce revenant du Canada est pour l’abolition du code du statut personnel, afin d’y substituer une charte des droits de la personne en Tunisie. Celui qui reconnait être un électron libre, conteste la légitimité du président par intérim, et propose de le remplacer par une instance militaire à l’égyptienne. Il s’oppose également à l’élection d’une assemblée constituante qui va nous mener, dit-il, « droit dans le mur ». Tarek Mekki a exprimé, à maintes reprises, son souhait de devenir Président de la République : « si je ne suis pas élu Président un jour, je ne vais pas m’arrêter de respirer ou de sourire, ce n’est pas une obsession chez moi. Je cherche à désacraliser cette fonction », dit-il. Entretien Qui est Tarek Mekki, voudriez-vous vous présenter à nos lecteurs ? J’ai 53 ans. Je me suis lancé en politique le 8 décembre 2006, avec l’apparition de mon site, « Tunisie deuxième République ». J’ai commencé à mettre en ligne des vidéos le 12 juin 2007. J’ai toujours prôné l’instauration d’une deuxième République. Je suis revenu le 23 janvier en Tunisie, après quelques années passées au Canada. Comment avez-vous attrapé la fibre politique ? Cette fibre, je l’avais depuis longtemps. Je suis issu d’une famille tunisienne normale qui considère que la politique est pour les autres, et non pour nous. Nous faisions partie de la majorité silencieuse. Personnellement, je n’étais pas d’accord. J’ai toujours appelé à la destitution de Ben Ali, un chef de mafia et un gangster avec qui, il n’y avait aucune négociation possible. Vous donnez l’impression d’être un électron libre ? Je demeurerai toujours un électron libre. Quel est votre credo politique, votre idéologie ? J’ai toujours considéré les idéologies comme une cage. Je suis anti-credo et anti-symboles. Le parti qu’on va créer, est un parti anti-idéologique, mais pragmatique. C’est un parti qui se proclame de l’identité nationale tunisienne musulmane qui est intouchable. Avec un programme adapté aux réalités historiques, géographiques et humaines de la Tunisie. Chaque pays a ses spécificités, ce qui est bon pour le Japon, n’est pas bon pour la Tunisie. La Tunisie est une entité unique qui a des spécificités régionales, dont il faut tenir compte. Si on la prend sur la carte, la Tunisie est un port doté d’un arrière-jardin naturel, avec une agriculture diversifiée : culture maraîchère, céréaliculture, arbres fruitiers, etc. Il faut, aussi, tenir compte de la nature désertique de la Tunisie. L’avenir de la Tunisie se trouve dans le désert. Il y a trois mille ans, depuis les Romains, le désert n’a jamais été exploité, selon une stratégie bien pensée, alors qu’il regorge de richesses. Il faut penser au développement du sud tunisien. On peut faire pas mal de choses, en menant une politique de lutte contre la désertification, ce sera le premier pas vers une Tunisie verte de Bizerte à Ras Jedir. Ca pourrait-être fait grâce aux énergies renouvelables. Car, l’après-pétrole, c’est le soleil et les énergies renouvelables. Quel est le modèle économique que vous prônez ? Il n’y aura pas de modèle économique, si on ne prend pas en ligne de compte le côté social. Ce sera donc une économie libérale. Il ne faut jamais oublier ce qu’était Carthage ; la mondialisation est partie historiquement de la Tunisie. Même, lorsqu’on voit des enfants jouer, ils jouent à des rôles commerciaux. La Tunisie est un pays de services, d’agriculture, de pêche et d’industrie agroalimentaire. La Tunisie a plus d’atouts qu’Abou Dhabi, et a toujours constitué un carrefour. Il faut avoir le courage d’exploiter ces richesses, en accompagnant cela d’une politique sociale pour qu’aucun Tunisien ne soit laissé sur le bas-côté. Vous croyez en la transformation de la Tunisie en pays développé. Si oui, combien de temps faut-il pour y arriver ? Le gouffre économique a besoin d’une dizaine d’années pour être comblé, mais les répercussions doivent se sentir dès la première année. Il faut, pour ce faire, se débarrasser des lourdeurs administratives et du complexe vis-à-vis du modèle économique mondial. La mondialisation, ce sont des pays émergents comme la Tunisie qui en profitent. Ne trouvez-vous pas que l’économie globalisée est basée sur des règles inégalitaires ? Bien entendu qu’il y a des règles inégalitaires. Mais, il faut jouer ce jeu, en essayant d’en tirer le maximum de profits. Là où nous en sommes, seule une économie libérale avec une dimension sociale pourrait marcher. Il faut savoir se débarrasser de la notion de l’Etat providence, car elle relève d’une culture dictatoriale, et de l’héritage colonial. Tous les Etats ont montré leurs limites. La Tunisie n’a pas de ressources comme l’Arabie Saoudite pour subvenir aux besoins des citoyens et leur permettre de réaliser leurs rêves. Vous vous apprêtez à soumettre une demande au ministère de l’Intérieur, pour la fondation d’un parti politique. Ce sera la synthèse de tout cela ? Oui, il s’agit du « mouvement pour l’instauration de la deuxième République ». Ces statuts garantissent un fonctionnement très démocratique, avec l’élection d’un secrétaire général pour un seul mandat de 4 ans, et d’un conseil national composé à parité d’hommes et de femmes. C’est un parti libéral qui croit à la cohésion sociale, au rôle de la femme dans une société moderne, car il y a des forces qui veulent régresser sur ce dossier. Il faut clore ce chapitre là. Je suis pour l’abolition du Code du statut personnel, pour le remplacer par une charte des droits de la personne en Tunisie. La personne pour moi est homme et femme. En 1956, il fallait faire le CSP. Il s’agit maintenant d’un acquis définitif, qu’on en parle plus. Je suis également pour l’abolition de la fête nationale de la femme du 13 août, car, c’est du non-sens de fêter la femme pendant un jour, pour que les 364 jours soient une corvée. Il faut passer au 8 mars à l’instar des pays développés, où l’on exprime notre appui aux femmes démunies et maltraitées. Quelle est votre évaluation de cette période transitoire ? C’est une période obligatoire, où les Tunisiens essaient de retrouver leur équilibre après s’être réveillé d’un coma qui a duré quelques décennies, et qui pourrait réussir si on refuse de tomber sous une autre dictature. Il faut savoir passer à une démocratie. La destitution de Ben Ali était un travail assez rude, mais le plus dur serait de bâtir une Tunisie démocratique, libre et confiante dans son avenir. Qu’en est-il du gouvernement provisoire, le trouvez-vous efficace ? On a l’impression que le gouvernement provisoire est tiraillé par des forces multiples. C’est au peuple tunisien de tracer la ligne à tout gouvernement, mais avec raison. On est tous d’accord pour éliminer les symboles de l’ancien régime, et traduire en justice les criminels qui ont tiré sur des Tunisiens. On est bien d’accord, également, que les voleurs de l’ancien régime rendent des comptes à la nation à travers une justice équitable. C’est là, le rôle du gouvernement transitoire, s’il veut réussir. Vous avez tenu des propos assez durs au sujet du Président par intérim, qu’est-ce que vous lui reprochez ? Je ne reconnais pas son autorité. Ce serait une bonne chose de déposer cet ex-numéro 2 du régime Ben Ali pour le remplacer par une instance militaire à l’égyptienne. Ce qui ne veut pas dire que cette instance aurait la latitude de diriger la Tunisie politiquement. Je préconise un conseil de présidence de 3 à 4 militaires, avec le gouvernement de Béji Caïd Essebsi qui fonctionne normalement. Ce serait très efficace. Foued Mebazaa s’appuie sur une légitimité populaire, pourquoi vous la lui contestez ? Je considère qu’on est au sommet de l’Etat avec une légitimité douteuse. On a suspendu la constitution et le parlement, je ne comprends pas pourquoi, il ne serait pas au chômage comme les autres parlementaires. Je ne suis pas dans le déni personnel, c’est une question politique ; mon but est le bien de la Tunisie. Vous émettez également des réserves sur l’élection d’une assemblée constituante ? Je ne l’ai jamais soutenue. Je pense qu’on va directement dans le mur avec cela. Mais, je dois me soumettre à ce que demande le peuple, ou plutôt à ce qu’on a chuchoté à l’oreille du peuple. On dit que la nouvelle constitution sera comme celle de 1959. Mais, ce n’est pas les mêmes conditions. La constitution de 1959 est une des meilleures au monde ; il faut la garder, en la requinquant. Mais, elle a été altérée par de multiples amendements… Il faut prendre l’original, c’est un bijou, et le moderniser. Une commission serait chargée de ce travail qui nécessite pas plus de 4 mois, et puis la présenter au suffrage universel. Avec la révolution du 14 janvier, les Tunisiens ont fait le brouillon, et les Egyptiens l’ont tiré au propre. Faire le brouillon est plus difficile que tirer au propre le brouillon des autres. Les Egyptiens sont assez subtils pour le comprendre. Vous comptez participer aux élections du 24 juillet prochain ? Je ne sais pas encore, les choses ne sont pas claires. Si vous souhaitez contribuer à la gestion des affaires du pays, vous ne pouvez pas rester en dehors du système ? Il vaut mieux rester en dehors des choses dont on est convaincu qu’elles sont maléfiques pour le pays. Et puis, il n’y a pas encore de texte qui fixe le cadre et la durée de cette assemblée. Sinon, vous comptez concourir aux présidentielles, si elles venaient à être décidées. Puisque, vous avez reconnu dès le départ que vous voulez être Président de la République ? C’est ce que les gens ont retenu, mais je ne me réveille pas le matin en pensant à cela. Ce n’est pas une obsession chez moi. Si je ne suis pas élu Président un jour, je ne vais pas m’arrêter de respirer ou de sourire. Moi, je cherche à désacraliser cette fonction, ce n’est pas une fin en soi. En Tunisie, on n’a jamais eu de Président. Bourguiba est le père de la nation, et ça a mal tourné après. Quant à Ben Ali, c’est un gangster, voire un Al Capone à la tête de l’Etat. On ne peut pas se comparer à Lula du Brésil, aux Présidents américains, ou français, bien que ces derniers soient assez monarques. Avec l’instauration de la deuxième République, je cherche la rupture, sans détruire ce qui a été fait. Il s’agit de prendre ce qui est bon, et se débarrasser de ce qui est mauvais. Il faut aussi qu’on arrive à décoloniser nos têtes, notre élite a toujours pris la France pour modèle. Bien que je ne sois pas anti-français, je dis que ce qui est bon pour la France, n’est pas bon pour nous.
Source : « GlobalNet » Le 07-04-2011
Economie-Tunisie: La situation se complique
Tunisie – La situation économique se complique. La Tunisie, qui était «à l’abri» autrefois des crises économiques internationales, se trouve aujourd’hui à l’épicentre du cataclysme, avec des perspectives de développement du PIB entre 0 et 1%. Le dernier communiqué de la Banque centrale (fin mars) dresse un bilan défavorable à la création d’emplois, avec une baisse de la consommation et des échanges, un recul du tourisme et de l’investissement, et surtout une situation inédite de certaines banques touchées par une vague d’impayés. Cela s’explique évidemment par le contexte exceptionnel par lequel passe le pays, mais qui permet à plusieurs économistes de dresser des perspectives optimistes pour l’avenir, une fois la situation politique stabilisée. Au niveau international, la conjoncture n’est pas moins incertaine. « Bien que la reprise de l’économie mondiale soit sur les rails (…), la hausse du prix du pétrole dans le sillage de l’escalade des tensions politiques au Moyen-Orient et le séisme et le tsunami au Japon induisent des révisions à la baisse de la prévision de croissance pour 2011 et 2012 », explique l’agence Fitch dans un rapport rendu public jeudi dernier. La croissance mondiale devrait être ramenée à 3.2% en 2011 contre 3.8% en 2010. De l’avis de certains spécialistes, le fléchissement de l’économie mondiale devrait être ressenti à partir du 4e trimestre de l’année en cours et se poursuivre jusqu’en 2012 et 2013. Cette situation inquiète les investisseurs et favorise un désendettement des Etats, des entreprises et des ménages. S’agit-il donc d’un nouveau cycle négatif pour l’économie aussi bien mondiale que nationale? Plusieurs indicateurs indiquent que c’est bien le cas. Les bourses des matières premières s’orientent de nouveau vers la hausse, les prévisions de croissance des principales économies mondiales sont révisées à la baisse, et il n’y a pas de signes précurseurs favorisant la sortie des investisseurs de leur réticence. Dans ce contexte, plusieurs opérateurs tunisiens s’interrogent sur les options de rebondissement à court et moyen termes, sans trouver de réponses aussi fermes que le degré d’enthousiasme qui anime les jeunes révolutionnaires. Car, en fin de compte, notre économie dépend largement de l’étrangerâ-‚: tourisme, investissement étranger, exportation, technologie, etc.
Source : « Afrique en ligne » Le 07-04-2011
Tunisie – Vérités et contrevérités de Abdelwaheb Abdallah
Il a été le principal acteur du verrouillage de la presse en Tunisie et l’un des bras droits les plus proches de Zine El Abidine Ben Ali. Abdelwaheb Abdallah, qualifié de Goebbels par tout observateur avisé de la scène médiatique et politique tunisienne, est sous les verrous si l’on se tient aux dernières informations provenant de sources officielles.
Son fils, Mehdi Abdallah, est sorti de son silence en publiant une longue lettre dans un journal en ligne tunisien.
Si le fils du « Goebbels » tunisien est tout à fait dans son droit, et c’est en son honneur, de défendre son père, il est de notre devoir de signaler les contrevérités que sa lettre contient d’autant plus qu’on ne doit absolument rien à son père.
En effet, et contrairement aux interviews données par le fils de Ali Seriati à Attounissiya, Haqaïq et Le Monde, où le lecteur avait droit aux questions contradictoires, la lettre de Mehdi Abdallah est publiée telle quelle induisant en erreur celui qui la lit.
Une lettre destinée à amadouer le public et à donner une image trop humaine d’un Abdelwaheb Abdallah qui a subi, à l’entendre, des injustices sous Ben Ali et après. Une image de quelqu’un de diabétique récemment opéré du cœur.
La justice fera son travail certainement et nous croyons fortement que toute chasse aux sorcières, en cette période, est à la fois inutile et contreproductive. Mais cela ne veut en aucun cas dire qu’il faut laisser la place aux contrevérités.
Qui peut nier que la piètre qualité de la presse tunisienne, aujourd’hui, est totalement l’œuvre de Abdelwaheb Abdallah qui a bouclé les médias de bout en bout à commencer par l’IPSI où l’accès se fait par défaut ?
Mehdi Abdallah dit que le statut de son père au RCD n’était qu’honorifique, mais oublie de signaler que c’est lui qui a inséré, sans les aviser au préalable, plusieurs noms sur la fameuse « liste des 64 » appelant Ben Ali à se représenter en 2014.
A l’entendre, son père n’a pas commis d’injustices. Nombreux sont pourtant les directeurs de journaux et rédacteurs en chef qui affirmeront le contraire et raconteront les multiples injustices et humiliations subies par Abdelwaheb Abdallah.
Mehdi Abdallah dit que son père n’a jamais tiré un quelconque avantage de ses positions tout au long de sa carrière politique. Qui a alors catapulté sa mère Alia Abdallah au poste de PCA de l’UIB puis au poste de PDG de la BT ? Nombreux sont les patrons de banques et hauts cadres de la BCT qui vous diront qu’elle ne mérite aucunement ces postes.
Il nous dit que le parcours politique de son père ne lui a jamais servi pour s’enrichir. Et le salaire de 340.000 dinars par an de sa maman ? 113 fois le SMIG.
Il dit que son père a été limogé en 2003 parce qu’un reportage diffusé au télé-journal de 20h de la Chaîne nationale, un plan de quelques secondes montrait Leïla Ben Ali moulée dans des vêtements cintrés.
Ce limogeage ne serait-il pas lié à une affaire de la banque française Société Générale dont le président international, Daniel Bouton, a été reçu le jour-même par Ben Ali suite à une intervention de l’Elysée ?
Mehdi Abdallah dit que son père a été évincé du palais de Carthage le 11 janvier 2011, alors que le 14 janvier au matin, il était encore à son bureau, comme nous l’indiquent nos sources.
Le 13 janvier au soir, et comme nous l’indiquent des sources à la télévision tunisienne, Abdelwaheb Abdallah a pris le téléphone pour appeler un haut responsable de la télévision et traiter de traitres ceux qui ont osé inviter Néji Bghouri et Bochra Belhadj Hamida (sur le plateau télé) et Slaheddine Jourchi au téléphone.
Nos confrères plus âgés ont certainement de quoi alimenter des livres s’ils désirent parler de Abdelwaheb Abdallah. Car ils savent parfaitement que, sans lui, la presse tunisienne n’aurait rien eu à envier à la presse marocaine ou algérienne, voire française ou américaine.
Entre ceux qui ont été censurés et menacés, ceux qui ont été empêchés d’avoir le visa de leur propre publication, leur propre radio ou leur propre télévision, ceux qui ont été acculés à émigrer, on en compte des centaines de ces journalistes qui, au vu de ce qu’ils ont subi, n’auront en aucun cas donné une libre tribune sans contradiction au fils de leur persécuteur pour le défendre !
Source: “Business News” Le 07-04-2011
Tamara Wittes : la stabilité et la prospérité de la Tunisie sont dans l’intérêt des USA
Enième visite de courtoisie d’un officiel américain depuis la révolution ou démarrage effectif de la coopération entre les deux pays ? Dr. Tamara Wittes, sous-secrétaire pour les affaires du Proche-Orient au Département d’Etat américain, et en courte visite en Tunisie a assisté à une table ronde avec des journalistes de la presse nationale, jeudi 7 avril 2011. Tamara Watts présente sa visite comme la continuité de celle de d’Hillary Clinton « qui était là pour apprendre ». Mme Watts est, quant à elle, là pour « écouter » les aspirations des Tunisiens et identifier leurs besoins. Etape primordiale dans l’optique de s’engager pour un partenariat gagnant gagnant où chacun trouvera son compte. De premières actions concrètes commencent à être proposées, affirme-t-elle en réponse aux critiques sur l’efficacité de l’administration américaine. Une délégation d’hommes d’affaires américains avait fait le déplacement en Tunisie pour étudier les possibilités d’investir. Une action proposée face à ce qu’elle a estimé être la première des préoccupations des Tunisiens : éviter la crise économique. Les intérêts américains sont clairs et indéniablement liés à la prospérité et à la stabilité de la région, Tunisie comprise, estime Tamara Watts. La leçon à tirer de cette révolution du 14 janvier est que les gouvernements doivent, dorénavant, répondre aux aspirations de leurs peuples, poursuit elle. « Les Tunisiens l’ont fait, les défis doivent être traités ». A la question principale et qui est à l’origine de sa visite en Tunisie, « comment pourrions-nous soutenir le peuple tunisien sur le chemin de la démocratie », Tamar Watts précise que cela dépendra des demandes des parties concernées : autorités, partis politiques, société civile… Les médias qui ont subi de plein fouet l’onde de choc, passant en 24 heures, du statut de presse muselée à libre, pourraient être assistés par exemple par la mise en relation avec des journalistes et des médias dans le monde qui sont déjà passés par cette expérience bouleversante. Concernant le montant de 20 millions de dollars octroyé par l’administration américaine à la Tunisie pour soutenir la transition démocratique et qui n’a pas encore été débloqué par le Congrès, Mme Watts rassure et explique ces tergiversations par les spécificités des processus démocratiques américains. Les Républicains ne s’opposent pas à cette décision, ajoute-t-elle tout sourire.
Source: “Business News” Le 07-04-2011
Tunisie: soyons justes envers celle qui a giflé Mohamed Bouazizi !
La gifle, historique à plus d’un titre, que Fadia Hamdi a donnée au feu (c’est le cas de le dire) Mohamed Bouazizi, martyr symbole de la révolution tunisienne, n’arrête pas de retentir et de faucher, jusqu’aux confins de la Syrie et aux portes du désert saoudien, après avoir détrôné deux indéboulonnables dictateurs arabes et menacé le règne de tant d’autres!Grand, par son impact et sa signification, ce soufflet, dont les raisons restent inconnues et alimentent encore la rumeur, voire l’intox, n’en continue pas moins d’étouffer l’écho d’une autre claque, que rien ne justifie,notamment avec le souffle de liberté et de légalité que connaît la Tunisie, à savoir la détention , soi-disant préventive mais ouvertement illicite, de Fadia Hamdi, agent de la police municipale de Sidi Bouzid.
Cette bonne femme, vouée ce jour à la vindicte populaire et à l’acharnement aussi illégal qu’immoral de l’appareil judiciaire tunisien, qui a participé, à sa façon, au déclenchement de la révolution tunisienne, ne mérite-t-elle pas un traitement ordinaire et juste, n’a-t-elle pas le droit à un procès équitable et transparent dans le cas où il est établi qu’elle ait commis une quelconque infraction.
Après tout, elle n’a égorgé personne ni perpétré un quelconque crime odieux. C’était juste une gifle, certes lourde de conséquences, mais sans commune mesure avec la poigne de la séquestration que subit Fadia Hamdi, au mépris de la législation nationale en vigueur et de toute moralité révolutionnaire. En outre, il est vraiment rarissime qu’on maintienne indéfiniment en détention préventive une personne coupable d’avoir décroché une gifle! Ce serait matière à jurisprudence!
Cette claustration a des relents de vengeance, une forme de représailles digne du goulag de Ben Ali. Un dommage collatéral de la révolution ? A moins qu’il s’agisse d’un réflexe par trop sexiste ! Ce n’est ni à la rue ni à l’opinion publique de faire la loi ou la justice et d’annoncer des verdicts quand bien même l’hypothétique débat de société que l’affaire suscite. La justice et la transparence sont les deux fleurons revendiqués, entre autres, par la révolution tunisienne. Ne nous trompons pas de combat, d’adversaire et de cible.
Même Mohamed Bouazizi qui s’était immolé pour protester contre l’injustice n’aurait jamais admis l’arbitraire et l’étranglement dont fait l’objet Fadia Hamdi. Il s’en serait assurément révolté ! L’esprit de la révolution tunisienne ne peut souffrir un tel piétinement en règle des Droits de l’Homme, de la primauté de la loi et de l’Etat de droit.
Soyons justes envers Fadia Hamdi, une citoyenne tunisienne qui a le droit d’être traitée en tant que telle et non comme une tunisienne de seconde catégorie, un sous-homme, une sorcière qu’on chasse ou une hérétique à brûler vive !
Soyons justes pour que la révolution triomphe sans dévorer ses objectifs et ses enfants !
Source : « Espace Manager » Le 07-04-2011
Témoignage : Hedia Kchouk, Adecco Tunisie
L’évolution politique de la Tunisie…
D’une manière générale, les perspectives sont positives. Le trajet sur la route de la démocratie sera difficile, mais l’existence d’une classe moyenne instruite et pluriculturelle sera le garde-fou d’un éventuel dérapage. Je ne pense vraiment pas que la Tunisie sera en mesure d’élire un président en 2011. On n’est vraiment pas prêt. Compte tenu de son expérience, tout le monde fait cependant confiance à l’actuel Premier ministre pour que se tiennent des élections libres et bien organisées.
La compétitivité future du pays…
Si les syndicats réclament que les salariés soient payés comme les Européens, toutes les entreprises vont faire leurs valises ! Si on tire trop sur la ficelle, elle cassera et ce sera dramatique pour la Tunisie. Mais sur ce sujet, je pense qu’il y a des garde-fous et l’actuel chef du gouvernement en fait partie.
L’état des investissements…
Des entreprises étrangères nous sollicitent pour des embauches. Des développements sont en cours de la part ‘investisseurs qui étaient déjà présents dans le pays. D’autres diffèrent leurs projets de développement. Les sociétés qui dépendent de l’hôtellerie souffrent énormément. La création de nouveaux projets de la part d’entreprises qui n’étaient pas implantées dans le pays est moins fréquente. Mais les indicateurs ne sont pas au rouge dans tous les secteurs d’activité. Nous ne sommes pas dans un scénario catastrophe, où tout se serait arrêté.
Source : « Les Echos » Le 06-04-2011
Tunisie. Larbi Nasra raconte l’épisode mouvementé de son arrestation
Dans un entretien publié aujourd’hui par ‘‘Afrik’’, le patron d’hannibal TV raconte les circonstances de son arrestation avec son fils Mehdi, le 23 janvier, et de leur libération le lendemain. Très instructif…
«J’étais au lit chez moi, je venais de rentrer de Paris après une opération du dos. Je reçois l’appel d’un de mes employés qui me presse de regarder la chaîne nationale, et là c’est le choc. Je vois le déroulé annonçant mon arrestation ainsi que celle de mon fils. Je me suis levé et en descendant de chez moi, je me suis fait cueillir par de nombreux policiers en cagoule, l’un d’entre eux m’a tiré très violemment par le bras, j’en ai gardé un bleu durant 10 jours. On m’a mis une cagoule sur la tête, et on m’a emmené au ministère de l’Intérieur (…) On m’a emmené seul, mon fils je ne l’ai vu que plus tard dans la soirée dans les locaux de la police criminelle (…) «Durant l’interrogatoire au ministère de l’Intérieur, et dès le départ en voiture, l’un [des agents] s’était approché de moi en me disant : ‘‘Ce n’est pas contre vous M. Nasra, c’est pour la confidentialité, le facebook et tout ça…’’ J’ai rien compris (…)
«C’était un dimanche, ils n’avaient pas le droit» «C’était un dimanche, ils n’avaient pas le droit. Quel procureur ou juge pouvait délivrer un mandat un dimanche alors que les seules arrestations en jours de repos se font pour le flagrant délit? Toute la procédure était vide de sens. En plus j’ai été accusé alors que j’étais encore chez moi. Normalement, je devais passer devant un juge d’instruction et être mis en examen pour que l’accusation me soit signifiée. Bref, une fois dans les locaux de la sureté de l’état, Ils m’ont posé des questions à dormir debout. Comment tu t’appelles, comment s’appelle ta femme, le nom de tes enfants, ils sont mariés ou pas, ou encore: où avez-vous caché les munitions… Je tombais des nues, déjà on m’accusait de complot et je ne savais pas qui étaient mes supposés complices, ils ne le savaient pas eux-mêmes; c’en était ridicule. Les agents ne savaient pas réellement pourquoi ils étaient là; ça se ressentait par leurs questions ridicules et leur attitude. Ils ont de l’expérience et ils ont compris qu’il n’y avait aucun fondement, «On ne m’a jamais parlé [de complot avec l’ancien président]. Et puis, la sûreté de l’Etat savait mieux que quiconque quelle était la nature de mes rapports avec Ben Ali; ils font des dossiers sur tout le monde. En fait, il n’y avait que moi au centre de tout; on ne m’a pas mentionné de complices. Et par dieu! Comment serait-il possible que je complote avec lui alors que j’étais en conflit avec le régime depuis des années, que je le contestais ouvertement sur ma chaîne le 13 janvier alors qu’il était encore président et que j’ai montré ses frasques par la suite? C’était vide de sens, et à propos du président déchu, je me demande, pourquoi ne lui a-t-on pas adressé ne serait ce que la moitié de l’accusation qu’ils m’ont collée, lui, il avait mal agi et on le sait. Et on lui reproche quoi? De la sortie illégale de devise!!! On vient m’accuser avec des prétextes bidon et des comploteurs inconnus alors que les vrais criminels courent toujours.
«On me propose de l’eau, mais n’ayant pas confiance, je refuse» «[L’interrogatoire] a duré un peu moins d’une heure. Je ne suis pas sûr d’avoir reconnu des gens, mais ce qui est certain c’est que c’était la police politique, (Amn Eddaoula). J’arrive donc cagoulé. On me propose de l’eau, mais n’ayant pas confiance, je refuse. J’avais très mal à la tête, on me tend alors des comprimés, je les sens puisque je ne peux pas les voir. Je sais que le comprimé doliprane 500 est rond et que le 1000 est cylindrique avec une coupe au milieu, ne reconnaissant pas les comprimés qu’on me tend, je fais mine de les mettre dans ma poche pour ne pas les vexer en disant encore non. On me lance alors ; « t’as pas confiance ? » je réponds que ce n’est pas la confiance qui règne puisque eux mêmes refusent que je les voie… Ils s’irritent et tournent en rond, ensuite on me transfère chez la criminelle à Elgorjani «Durant le trajet, [on m’a laissé la cagoule], mais une fois sur place la donne a changé, on me l’a enlevée, on m’a proposé à manger, mais j’ai encore décliné. Ils ont apporté du café, mais je n’en ai bu qu’après les avoir vu boire du même thermos. Puis ils ont posé leurs questions. Des questions sur mon curriculum vitae, ma femme et mes enfants.
«Nous agissions dans l’urgence et essayions de jouer notre rôle» «[Puis l’accusation] a changé; il ne s’agissait plus d’un complot armé. J’ai encore le PV, c’est à en rire. Une page et demi dont les ¾ parlent de ma femme et de ma famille, et le quart restant énonce une incitation à la haine et la diffusion de fausses informations. «Je ne sais pas exactement [de quoi ils parlent], mais par exemple durant les nuits de terreur, quand des citoyens effrayés signalaient dans le direct des snipers ou des agressions armées, nous appelions l’armée. On nous reproche de les avoir écoutés et passés à l’antenne parce que certains appels seraient des faux, mais ça c’est entre les citoyens et l’antenne. Nous, durant ces directs de 24h/24, nous prenions les appels au secours au sérieux et sollicitions l’armée pour sauver des vies. Nous agissions dans l’urgence et essayions de jouer notre rôle. Parfois nous entendions les détonations à l’antenne, donc pour nous c’était du sérieux. «A ce moment là, ils avaient pris conscience qu’ils avaient fait une grosse erreur et ils me sortaient un peu n’importe quoi pour justifier leur procédure, alors c’était tout et n’importe quoi. Fausses informations, excès de zèle… Ils étaient de plus en plus gênés et j’ai compris que mon arrestation n’allait pas durer.
«La procédure ne reposait sur rien. Je ne vais pas me taire!» «[Par la suite à El Gorjani], j’ai retrouvé mon fils et on a dormi dans un bureau en attendant que l’administration judiciaire rouvre le lendemain. On nous a dit le jour suivant à 9 heures du matin qu’on allait rencontrer le Procureur de la République, mais à 11h30 au lieu d’aller au palais de justice, on m’a raccompagné chez moi ! «C’était une mise en scène. D’ailleurs le procureur quand il a consulté le dossier a émis un non lieu pour absence de preuves. Deux jours après, le ministre de la Justice a qualifié l’affaire de dénonciation calomnieuse. La procédure ne reposait sur rien. Je ne vais pas me taire! «Comme je ne sais pas exactement qui a manigancé cette mise en scène, j’ai dit que je n’allais poursuivre personne. Pourquoi? Parce que je n’ai pas de noms précis, je suis quelqu’un de réfléchi et je ne fais rien dans la précipitation. J’ai convoqué des avocats spécialisés et on a déposé deux plaintes contre des institutions, l’une en dédommagement contre l’Office national de télédiffusion (Ont) pour interruption abusive de transmission alors que nous avions un contrat tout à fait respecté. L’autre plainte est contre la Tap, l’agence Tunis Afrique presse. De cette façon, je saurai qui est à l’origine du télex ou du télégramme qu’ils ont diffusé. Je pourrai ainsi poursuivre en justice la totalité des conspirateurs.»
Source : « Kapitalis » Le 07-04-2011
Pourquoi de nombreux Tunisiens souhaitent-ils s’investir dans la vie publique en indépendants?
La question mérite d’être posée. Pourquoi de nombreux Tunisiennes et Tunisiens qui souhaitent s’investir dans la chose publique préfèrent-ils aujourd’hui le faire en tant qu’indépendants ? Nous comptons pourtant à l’heure actuelle plus de cinquante partis. En outre, de nombreuses associations voient le jour. Plusieurs facteurs peuvent l’expliquer. D’abord, ce qui vient à l’esprit en premier lieu, la crédibilité des nouveaux partis qui ne semblent pas encore trouver grâce à leurs yeux. Ensuite, le manque de visibilité du paysage politique à plus ou moins moyen terme. Et enfin, pour certains, par crainte d’hypothéquer leur avenir politique ou tout simplement de se voir coller une étiquette endossée dans la précipitation de bonne foi tant ils souhaitent sincèrement et totalement s’engager pour une Tunisie future démocratique, égalitaire et où règnent les droits fondamentaux. Les Tunisiens ont portant compris le rôle qui doit être le leur pour contribuer à la construction de la Tunisie future post révolution du 14 janvier 2011. Ils n’ont jamais été aussi conscients du rôle qui leur incombe pour concrétiser la volonté du Peuple tunisien dans son ensemble et du sens que celui-ci a voulu conférer à son mouvement en terme de revendication de la Dignité dans toute son acception. En outre, depuis le 14 janvier, la démocratie et la justice sociale sont aussi au cœur des revendications du peuple tunisien toutes catégories et générations confondues et partout où ils se trouvent. Pourtant, les indépendants, qui s’inspirent de ces orientations que sont les objectifs de la révolution, ne cessent de s’interroger sur le meilleur moyen de concrétiser leur engagement. Le militantisme indépendant semble recueillir leur faveur, y compris au sein de structures partisanes. Ce qu’ils semblent chercher c’est un engagement incolore. Ce phénomène témoigne en réalité de la sincérité de leur engagement dans l’intérêt général du pays au delà de tout calcul d’ambition personnelle. Ils cherchent à faire entendre leurs voix et à partager leurs idées, convaincus que l’union fait la force. Comment tendre la main et accueillir cette force sociale des indépendants ? Une brève définition du militant indépendant nous situe sur ce phénomène. L’indépendant est celui qui n’est associé à aucun un parti politique. Il peut être aussi un ancien membre d’un parti mais qui a choisi de ne pas rester sous son label. Une autre catégorie est constituée d’indépendants appartenant ou s’appuyant sur un parti politique mais qu’ils ne doivent pas formellement le représenter et ne sont donc pas soumis à ses politiques. On peut donc conclure qu’un indépendant est une personne non affiliée à aucun parti politique ou celle membre d’un parti mais qui n’obéit pas à la discipline du parti restant libre de ses choix conformément à ses propres convictions. C’est donc la condition de quelqu’un qui ne dépend que de lui-même et des ses idées. Le militant indépendant qui souhaite donc garder une certaine autonomie et ne suivre que sa conscience, se garde de représenter des intérêts particuliers ou des groupements d’intérêt ou des milieux des affaires ou régionaux spécifiques. Il se veut le représentant des intérêts de la Nation prise dans son ensemble. Les structures partisanes seraient maintenant enclines à laisser une marge de manœuvre à ces « politiciens ». Les partis ont donc pris la mesure du poids des indépendants dans le paysage politique en Tunisie et de la nécessité de composer avec cette réalité. Ils ont compris qu’aux yeux des électeurs, les indépendants sont synonymes de la frange éduquée de la Population et de la jeunesse et constituent surtout le rempart idéal contre certaines dérives. Ils sont les porte parole du 5ème pouvoir (société civile) et de tous ceux qui ont bravé leur peur pour faire chuter l’ancien régime. Ce sont ceux qui continuent à militer pour une Tunisie meilleure au sein des associations citoyennes, humanitaires et/ou économiques, ceux qui continuent à défendre leur idéal social dans les espaces publics, ceux qui continuent à faire entendre leur voix et à faire pression pour voir se concrétiser leur rêve d’une Tunisie toujours meilleure. Les indépendants sont tous ceux qui ont décidé de participer activement à la vie publique, pour défendre leurs acquis et leurs idéaux, sans pour autant adopter une de couleur politique partisane. Ce sont toutes ces femmes, ces jeunes, ces intellectuels, ces artistes, ces économistes, ces juristes….et, tous ceux qui ont décidé de prendre leur destin en main, sans aucune étiquette politique, en mettant au profit de la patrie tout leur savoir faire et leur compétence pour construire la Tunisie de demain libre, démocratique et juste. Les militants indépendants sont tout simplement les combattants de la construction démocratique. Les partis et les structures partisanes existantes gagneraient à courtiser cette frange de la société tunisienne prête à s’investir dans la vie publique en attendant des jours meilleurs et une vue claire de notre paysage politique pour un engagement plus partisan. Les indépendants sont, en effet, assoiffés d’action pour contribuer au maintien de la Tunisie sur le bon cap, celui de la démocratie et des libertés et toujours souveraine et invulnérable.
Source : « Leaders » Le 07-04-2011
Ces menaces rampantes contre les acquis de la femme
Par Yosr GUERFEL AKKARI
La montée des mouvements intégristes interpelle et intrigue l’opinion publique en Tunisie. Notre pays est réputé pour son Islam modéré. Mais l’islamisme radical se faufile et s’intègre sans préavis dans la société tunisienne post-révolutionnaire. Profitant du climat d’insécurité, certains extrémistes prétextant l’Islam comme slogan surgissent de leurs carcans semant le trouble et le doute chez leurs concitoyens.
En tant que religion monothéiste, l’Islam appelle à la tolérance, à l’équilibre, à l’amour et à la paix. Aujourd’hui certains mouvements s’arrogent le droit de dicter leur volonté et d’imposer leur diktat et leurs conceptions rétrogrades d’un autre âge et d’une autre époque pour obliger les autres musulmans à suivre un modèle de vie iconoclaste où la femme tunisienne devient le principal antagoniste. L’Islam serait-il instrumentalisé à des fins politiques ? Qui se cache derrière ces extrémistes ?
Aujourd’hui la femme tunisienne est menacée. Avant-hier au centre ville, un groupe d’extrémistes religieux ont agressé un groupe de femmes les accusant d’être des mécréantes et leur ordonnant de rentrer chez elles. « Vous devez porter le voile (hijab), vous n’avez pas droit au travail », c’est sur ces termes qu’un vent de panique a semé dans la foule. Ces scènes deviennent de plus en plus fréquentes ces jours ci. « La fatwa » prend forme. Et loin de tout discours religieux raisonnable, mesuré et loin des principes même de l’Islam, cette bande d’extrémistes en font à leur tête et veulent imposer aux Tunisiens leurs convictions « religieuses ». Ont-ils oublié un principe élémentaire de l’Islam : « la Ikraha Fiddine » ou encore pas de contrainte en religion. A chacun sa moralité. Nul ne peut contraindre qui que ce soit de croire ou de pratiquer un culte.
Où va la société tunisienne ? C’est la question qui circule un peu partout. Entre laïcs, islamistes modérés, salafistes, athées…la société tunisienne s’enlise en l’hétérogénéité. Ceci dit, la pluralité et la différence ne veulent pas dire répression et coercition. Après la Révolution, les femmes tunisiennes se sentent de plus en plus menacées (au vu de cette série d’interdictions levées au nom de l’Islam) et s’inquiètent quant au sort de la femme tunisienne libre, émancipée, sur l’avenir du code de statut personnel, un acquis intouchable et dont l’essence même émane de l’exégèse du Coran et du Hadith qui ont érigé la femme à un rôle qui lui sied dans la société tunisienne et dans le monde arabe et islamique. Voilées ou non voilées, les femmes ont droit au respect, au travail et disposent de droits et d’obligations au même titre que les hommes. Et ce sont les principes même de la religion musulmane.
L’Islam considère la femme comme une créature semblable à tout point égale à l’Homme. La seule base de supériorité de l’homme par rapport à la femme serait la piété et la droiture. L’Islam appelle au respect mutuel entre l’homme et la femme et accorde une place privilégiée à celle-ci. D’ailleurs, Le Prophète Mohamed (Qu’Allah le bénisse et le salue) a dit : « Le meilleur d’entre vous est celui qui est le meilleur avec sa famille, et je suis le meilleur d’entre vous avec ma famille ». Il a dit aussi « Quiconque a deux ou trois filles ou sœurs et les traite bien entrera au Paradis ».
Concernant le travail de la femme, le Coran n’interdit pas à la femme le droit au travail. A l’époque du Prophète Mohamed (Que la Paix et la Bénédiction soient sur lui), les femmes étaient actives et travaillaient dans l’agriculture, dans l’Artisanat et même dans la médecine. D’ailleurs, la première femme du Prophète Mohamed (que la paix et la bénédiction soient sur lui), Khadija, fut une riche commerçante à la Mecque, elle prêta son concours au Prophète qui travaillait avec elle et l’a choisi comme époux. Il s’est marié avec elle sachant qu’elle est veuve et mère de trois enfants issus de deux précédents mariages. Le Prophète n’épousa aucune autre femme durant les 25 années de leur union. C’est dire que l’Islam n’interdit pas le droit au travail à la femme. Dans quels versets du coran puisent ces extrémistes religieux, l’interdiction du travail aux femmes. Pour le port du voile, à chacune sa conscience. L’islam est loin d’être rigide (dinou yosr ou leysa dinou osr). Il est inadmissible et hors de question donc d’instrumentaliser l’Islam pour des fins politiques. Intimider les femmes dans la rue, les insulter, les agresser et les accuser d’incroyantes, sont des pratiques qui n’ont rien à voir avec l’Islam.La religion musulmane se repose sur la tolérance et l’entente. La question qui se pose aujourd’hui est la suivante : Comment peut-on arrêter ce nouveau fléau qui guette la paix sociale du pays ?.
Source : « Le Temps » Le 07-04-2011