9 octobre 2011

TUNISNEWS
11 ème année, N°4119 du 09.10.2011
archives : www.tunisnews.net


CIDT-TUNISIE: Voici 20 ans que le supplicié Faysal BARAKAT attend justice

Parti du Travail Patriotique et Démocratique de Tunisie: Tunisie: Non à l’intimida​tion et à l’arbitrai​re

ALPHA BUS TUNISIE: Droit de réponse suite à la déclaration du porte-parole du le ministère du Transport le 05 Octobre 2011.

20minutes: Des islamistes tunisiens occupent l’université de Sousse

Tekiano: A-t-on vraiment besoin de leur Prix Nobel?

Le Post: Tunisie : La nostalgie Bourguiba, ça suffit !

Kapitalis: Tunisie. Les assassins de Fayçal Baraket courent toujours


CENTRED’INFORMATIONETDEDOCUMENTATIONSURLATORTURE

CIDT-TUNISIE

Association de citoyens du monde pour le droit des Tunisiens à ne pas être torturés

Membre du Réseau SOS-Torture de l’OMCT-Genève

 

Comité d’honneur :

M. JacquesFRANÇOIS

Mgr JacquesGAILLOT

Dr. HélèneJAFFÉ

M. Gilles PERRAULT

M. François DEVARGAS

Besançon, le 8 octobre2011

Président :

Jean-Marc MÉTIN

 

L’opprobre restera sur le général Zine Ben Ali et sur ses successeurs, année après année,

 

Voici 20 ans que le supplicié Faysal BARAKAT attend justice

 

Ni le comité contre la torture ni le gouvernement de transition n’ont osé accélérer le processus de rétablissement du droit et de réhabilitation de la victime, un pionnier de la Révolution. Comme prévu cependant, Faysal vient de terrasser Ben Ali dont la face est restée barbouillée de sang frais depuis deux décennies. Voici venu le moment tant attendu de Faysal dedans, Ben Ali dehors, en attendant le Comité contre la torture, en novembre 2011, et la Cour pénale internationale, ad vitam aeternam

Que l’on croie au hasard ou pas, ce cheminement vers le 20ème anniversaire a tout d’un réel compte à rebours. Reste que la justice n’est pas (encore) passée…

 

Pour cette occasion, voici les titres CIDT-TUNISIE qui illustrent sur la décennie le calvaire de la victime durant ces années de martyre. La bougie ne s’éteindra jamais :

 

8 octobre 2001

Jusqu’à ce que mort s’ensuive…

 

IL Y A DIX ANS, FAYSALBARAKAT

8 octobre 2002

Le gouvernement continue à nier …

 

IL Y A 11 ANS, FAYSALBARAKAT

8 octobre 2003

Tunis s’obstine à refuser toujours toute coopération avec le Comité contre la Torture :

 

IL Y A DOUZE ANS, FAYSALBARAKAT…

 

8 octobre 2004

Tunis joue letemps contre la vérité :

 

IL Y A TREIZE ANS, FAYSALBARAKAT…

 

8 octobre 2005

Pour que l’oubli ne profite aux tortionnaires :

 

IL Y A 14 ANS, FAYSALBARAKAT…

8 octobre 2006

FaysalBARAKAT aurait eu 40 ans cette année…

 

IL Y A 15 ANS, LA TERREUR PAR LA TORTURE ETAIT INSTITUTIONNALISEE

 

8 octobre 2007

L’affaire Faïsal BARAKAT toujours en cours, depuis 16 ans,

 

LE COMITE CONTRE LA TORTURE NE LÂCHE PAS L’AFFAIRE

 

8 octobre 2008

Pour une solidarité active avec la famille dans sa recherche de la vérité :

RELANCE DE L’AFFAIRE BARAKAT DIX-SEPT

ANS APRES SON SUPPLICE

8 octobre 2009

Développement capital inespéré dans l’affaire ; Faysal BARAKAT est toujours vivant,

 

LE GOUVERNEMENT TUNISIEN ACCEPTE LE PRINCIPE DE L’EXHUMATION JUDICIAIRE DU SQUELETTE DE LA VICTIME

 

8 octobre 2010

Stagnation incompréhensible du côté de Tunis et vain travail de sape des retournés,

 

LA VERITÉ SUR LA MORT DE FAYSAL BARAKAT SERA-T-ELLE CONNUE

AVANT LE 20èmeANNIVERSAIRE DE SA MORT ?

 

 

 

Khaled BEN M’BAREK, Coordinateur

Auteur des communications 14/1994 & 60/1996

 

 

Centre d’information et de documentation sur la Torture (CIDT-TUNISIE) Association Loi 1901

5A, rue Scaremberg F25000 Besançon. FRANCE. Tél./Fax : (33 3) 81 82 23 49 – E-mail : cidtunisie@free.fr

CCP N° : 6 458 94 X DIJON

 

 
Parti du Travail Patriotique et Démocratique de Tunisie
 
Communiqué

Tunisie: Non à l’intimida​tion et à l’arbitrai​re


 
Aujourd’hui, 8 octobre 2011, des policiers ont interpelé dans un café de Tunis le camarade Mohsen Khalfaoui et l’ont amené dans un commissariat.
 
Ils ont justifié leur action par une information qui leur serait parvenue sur une prétendue réunion « non autorisée » qu’aurait organisé Mohsen Khalfaoui.
 
A l’issue, de ce séjour au commissariat, le camarade, Khalfaoui a été relâché.
 
Il est à signaler que Mohsen Khalfaoui est membre du comité constitutif du PTPD depuis le 29 avril 2005, et qu’il occupe un poste de direction à la Fédération de la métallurgie affiliée à la centrale syndicale ( UGTT).
 
Le Parti du Travail Patriotique et Démocratique de Tunisie proteste vivement contre la tentative d’intimidation qui vise l’un de ses dirigeants historiques.
 
Il appelle l’ensemble des forces démocratiques à dénoncer les mesures d’intimidation et l’arbitraire qui rappellent les méthodes en vigueur pendant le règne de Ben Ali.
 
Tunis, le 8 octobre 2011.
 
Parti du Travail Patriotique et Démocratique de Tunisie
 

INVITATION

 

L’Instance Régionale Indépendante pour les Elections France Nord (Paris, Pantin, Strasbourg)est heureuse de vous convier à la Conférence de presse qu’elle donnera le mardi 11 octobre de 2011 à 11h au Consulat Général de Tunisie à Paris, 17-19 rue Lübeck 75016 Paris.

 

Connaissant votre intérêt pour la Tunisie et son processus démocratique, nous espérons pouvoir vous y rencontrer.

Vous trouverez en pièce jointe le Communiqué de presse qui détaille les points qui y seront abordés.

Contact presse : Houda Zekri : tél : 06 43 93 20 48 – courriel : hzekri.iriefrance1@gmail.com Houda ZEKRI Membre de l’IRIE France 1 Tél: 06 43 93 20 48 Courriel: hzekri.iriefrance1@gmail.com http://iriefrance1.blogspot.com/ Vérification de votre inscription: http://www.irie-france1.net/inhttp://www.irie-france1.net/inscription/ Profil facebook: IRIE-France 1 (Paris/Pantin/Strasbourg)


Des islamistes tunisiens occupent l’université de Sousse


 
Reuters Mis à jour le 08.10.11 à 21h18
 
Des islamistes tunisiens ont envahi samedi l’université de Sousse, dans le nord-est du pays, pour protester contre le refus d’inscription opposé par les autorités universitaires à une étudiante voilée.
 
«Le secrétaire général de l’université a été aggressé ce matin avec beaucoup de violence par un groupe d’extrémistes religieux», a déclaré Moncef Abdoul Djalil, doyen de la faculté de lettres et de sciences humaines de l’université de Sousse, une ville située à environ 150 km au sud de Tunis, sur la côte méditerranéenne.
 
Selon cet universitaire cité par l’agence de presse officielle TAP, quelque personnes ont manifesté devant la faculté de lettres avant d’envahir le bâtiment en brandissant des banderoles réclamant le droit des étudiantes à porter le niqab. «Cet incident grave a provoqué un mouvement de terreur et de panique dans les rangs des étudiants et des enseignants», a ajouté le doyen.
 
Des témoins ont raconté à Reuters qu’un important déploiement de forces de sécurité avait été mis en place après l’incident autour du bâtiment universitaire pour empêcher tout nouvel incident. La Tunisie, dont «la révolution de jasmin» a chassé du pouvoir le président Zine ben Ali le 14 janvier, organisera le 23 octobre des élections constituantes, premier scrutin dans la région depuis le déclenchement du printemps arabe.
 
L’affaire du « niqab » de Sousse illustre les tensions religieuses susceptibles de dominer les élections, qui opposent laïques et islamistes. Les islamistes modérés d’Ennahda pourraient arriver en tête au soir du 23 octobre. Sous le règne de Ben Ali, des milliers de personnes soupçonnées d’appartenir à un groupe politique islamiste ou qui observaient un islam strict ont été arrêtées. Le ministère de l’Education a décidé d’interdire le niqab, qui recouvre l’ensemble du visage, à l’université à compter du début de l’année universitaire.
 
(Source: 20minutes.fr le 8 octobre 2011)


Communiqué de presse ALPHA BUS TUNISIE

Droit de réponse suite à la déclaration du porte-parole du le ministère du Transport le 05 Octobre 2011.


 
Suite à la déclaration du porte-parole du Ministère du Transport du 05 Octobre 2011 concernant l’accident de l’autobus articulé ayant lieu le Mercredi 05 Octobre 2011, la compagnie «Alpha Bus Tunisie» souhaite apporter les précisions et clarifications suivantes :
 
Nul n’a le droit d’émettre un jugement sans avoir à l’appui des informations avérées, alors que le Ministère du transport a imputé la responsabilité de cet accident au fabriquant de bus alors qu’il n’y a aucun résultat d’enquête officielle prouvant ces incriminations, il est à noter que des témoins oculaires ont affirmé que la route était mouillée ce qui a causé la perte de contrôle du véhicule et a provoqué l’accident du dérapage du bus.
 
Il n’y a rien qui prouve que les accidents antérieurs avaient la même cause que ce dernier. En effet, chaque accident a ses propres causes et ses propres circonstances qui seront par la suite déterminés par les autorités compétentes, et jusqu’à maintenant, aucun rapport ni jugement n’a été prononcé pour condamner notre société et lui imputer la responsabilité.
 
Les spécifications des bus acquis par les sociétés de transport depuis 2001 sont strictement conformes aux cahiers de charges établis par le Ministère du Transport et certifiées par des spécialistes à l’échelle nationale et internationale. D’autant plus que plusieurs sociétés de transport locales et internationales utilisent les même bus, sans la présence de ces incidents.
 
La société Alpha Bus Tunisie et son partenaire, la société MAN sont à la disposition de toute organisation et structure judiciaire ou technique compétente pour procéder à des investigations et vérifications relatives à ce modèle d’autobus.
 
Enfin, Alpha Bus Tunisie dénonce la déclaration du le Ministère du Transport qui discrédite et touche à la réputation de la société sans preuve formelle et, en plus, en citant des noms des concurrents d’une façon non conforme aux règles professionnelles.


 

A-t-on vraiment besoin de leur Prix Nobel?


 

Par Mohamed Jebri

Le verdict du Prix Nobel est tombé. Lina Ben Mhenni, Wael Ghonim et tant d’autres instigateurs du printemps Arabe ont été «gentiment» ignorés. Même si l’historique de la distinction suédoise est quelque-part peu reluisant, on aura regretté que certains admins se délectent du résultat. Nos militants, ont-t-ils vraiment besoin d’un Prix Nobel?

C’est désormais officiel! Le verdict du comité de sélection du prix Nobel est tombé. Exit le printemps Arabe, et ses icônes aussi hétéroclites que controversées. La récompense a été attribuée au trio féminin Ellen Johnson-Sirleaf et Leymah Gbowee du Libéria et Tawakkul Karman du Yémen. Les récipiendaires gratifiées «Pour leur lutte non-violente pour la sécurité des femmes et leurs droits à une participation entière dans la construction de la paix» commente Wikipedia. Julian Assange, Lina Ben Mhenni, Wael Ghonim et Esraa Abdel Fattah, quand bien même pressentis pour cette distinction en sont restés pour leur frais. Pourtant, c’était bien les étoiles scintillantes des révolutions arabes. Dès lors, il y a lieu de se demander si le Prix Nobel de la paix avait déjà été historiquement révolutionnaire.

Quels sont les critères pour le prix Nobel de la paix?

Il est d’abord à remarquer que les récipiendaires ne sont pas sélectionnés à partir de critères préalablement définis. Les candidats sont, donc, choisis selon le contexte et l’intérêt que porte la communauté internationale sur les causes d’actualité. « Les nominations pour cette distinction sont le fruit de propositions argumentées et détaillées, émises par des membres d’Assemblées nationales ou des Congrès législatifs, des cercles de professeurs en université dans le domaine de la géopolitique, du droit et des sciences politiques, d’anciens lauréats du prix, des magistrats spécialisés dans le droit international et des conseillers spéciaux du Comité norvégien créé spécialement pour cette branche du Nobel. Chaque année, sur plusieurs centaines de propositions, 199 sont gardées avant qu’une série préalable de candidatures ne soit soumise aux jurés du prix qui établissent au printemps une liste finale de cinq noms ou groupe de noms et structures liés par une mêmeaction diplomatique. Le ou les lauréats sont élus après débats, discussions et votes clos en octobre», ainsi traduit Wikipedia le texte affiché sur le site officiel de l’Orgfanisation Nobel.

Le prix Nobel, vraiment révolutionnaire?

Il n’empêche. Historiquement, les personnalités à qui le prix Nobel de la paix a été décerné n’ont pas été cautionnées à l’unanimité par l’opinion internationale. On se souviendra en l’occurrence de Shimon Peres, actuel président de l’Etat sioniste consentant la continuité de l’implantation des colonies israéliennes dans la bande de Gaza enfreignant ainsi l’accord d’Oslo de 1993. Le même Peres refuse de relâcher les détenus palestiniens incarcérés en Israël. Par ailleurs, le président des Etats-Unis, Barack Obama, en moins d’un an de son entrée en fonction, a été couronné Prix Nobel de la paix «Pour ses efforts extraordinaires en faveur du renforcement de la diplomatie et de la coopération internationales entre les peuples» annonce le jury du Prix à Oslo. Alors même qu’en 2009, les troupes armées américaines ratissaient les terres d’Irak, de l’Afghanistan et du Pakistan. C’est dire que la distinction n’est pas totalement exempte du «deux poids, deux mesures».

Les détracteurs de Lina Ben Mhenni jubilent déjà et félicitent la Yéménite Tawakkul Karman pour sa sélection. Et à voir la levée de boucliers qu’a subie Lina, on serait même tenté de penser que le jury ait ignoré sa candidature pour apaiser les esprits sclérosés qui l’ont fustigé sur le Net. Dommage, surtout quand on se rappelle des paroles de Lina au moment où on l’a annoncée nobélisable : «Si je serai désignée par le jury, ce titre va récompenser l’effort de tous les jeunes qui ont participé à la Révolution» a-t-elle dit. Et peut-être qu’à défaut d’avoir reçu le Prix Nobel de la Paix, les admins des pages Facebook sont maintenant intronisés champions mondiaux du «tanbir».

Source: « Tekiano » Le 08-10-2011

Lien: http://www.tekiano.com/ness/20-n-c/4362-tunisie-a-t-on-vraiment-besoin-de-leur-prix-nobel.html


 

Tunisie : La nostalgie Bourguiba, ça suffit !


 

Ce n’est plus une commémoration, c’est une béatification. Saint-Habib, priez pour nous. L’Église Catholique n’en a pas fait autant pour Jean-Paul II que les ex-RCDistes ou caciques confits en dévotion qui sanctifient Habib Bourguiba en dieu de la victoire

Voilà même ces ex-Benalistes qui transforment les librairies en grottes de Lourdes avec des livres comme des ex-voto. Les miraculés ont accroché leurs cannes, leurs béquilles, leurs lunettes noires, leurs Sonotone, leurs carcasses d’ortolans même : « Grâce à lui, j’ai recouvré la vue… l’ouïe… la marche… le goût. » A chacun son miracle ré-exhumé avec plus ou moins de talent.

Personnellement, comme certains Tunisiens l’ont rappelé avec fidélité, j’ai noué pendant une partie de ma vie avec la Tunisie des liens qui ressemblent à des racines. J’ai accompagné toutes les phases de l’émancipation du peuple, je suis devenu un des confidents intermittents de Habib Bourguiba, le fondateur de la Tunisie moderne, qui avant de devenir un despote plus ou moins éclairé, a été l’inspirateur des grandes libérations comme celles de la femme.

« C’était au temps de l’espoir, au temps de la victoire. » Et nous voici dans le temps de la confiserie où la chanson de Gainsbourg, la Nostalgie, camarades, deviendra l’hymne obligatoire ; à moins que ce ne soit ce tube suranné du défunt Herbert Pagani, « puisque tu existes, tout est possible ici et maintenant » ; ou encore cette bluette qu’écrivit alors Barbara : ( Regarde/Quelque chose a changé/L’air semble plus léger/C’est indéfinissable […] Un homme/A ouvert le chemin/ Vers un autre demain […] Regarde/Au ciel de notre histoire/Dessine le mot espoir. > Allons, essuyons une larme de concert sur l’enthousiasme de notre jeunesse enfuie, quand nous clamions, nous aussi, en visant Zaba, ce peu élégant mais soulageant slogan : « Il l’a dans le cul ! » Ç’allait être notre tour bientôt mais, pour une fois que cela se passait dans ce sens-là, autant nous lâcher ! La reconquête du pouvoir, et sa conservation 33 ans durant, l’auront divinisé. Nous pleurons donc cette époque pourtant volontiers vouées autrefois aux gémonies. Le Rcd le célèbre, et se sert de sa stature pour souligner les petitesses de son… successeur. Un Pygmé au cerveau rabougri à en croire, par exemple. Mais voilà une icône qui peut leur revenir comme un boomerang, tant la comparaison n’est pas flatteuse pour… Zaba ! C’est aussi pour cela d’ailleurs qu’une partie, ceux qui ne supportent plus la vulgarité de l’ex-déchu, se réfèrent sans cesse à son prédécesseur désormais nimbé de majesté.

Source: « Le Post.fr » Le 08-10-2011

Lien: http://www.lepost.fr/article/2011/10/08/2608964_tunisie-la-nostalgie-bourguiba-ca-suffit.html  


Tunisie. Les assassins de Fayçal Baraket courent toujours


 

Par Zohra Abid

Jeudi matin, dans une petite salle archi comble au 3e étage du 26 rue d’Angleterre de Tunis, des hommes et des femmes sous le choc de ce qu’ils ont entendu. Des témoins et des avocats sont revenus sur la mort de Fayçal Baraket à l’âge de 25 ans. C’était le 8 octobre 1991 dans les caves du poste de police de Nabeul. Soutenue par des avocats et des Ong, la famille a porté plainte en 1994 auprès du Comité des Nations unies contre la torture (Cat). Entre-temps, les hommes de Ben Ali ont exercé des pressions sur les témoins. Puis détruit les archives pour classer définitivement les affaires de torture. Après le 14 janvier, il y a eu des démarches auprès du ministère de l’Intérieur. Sans suite.

Retour sur une période sombre

Avec la Mission Tunisie du Réseau euro méditerranéen des droits de l’Homme (Remdh), l’Organisation mondiale contre la torture (Omt) et l’Organisation contre la torture en Tunisie (Octt), le Conseil national des libertés en Tunisie (Cnlt) et d’autres ont répondu présents. Tous ont parlé du cas Fayçal Baraket, la plus ancienne plainte devant le Cat. En 2009, l’affaire est passée 4 fois devant le juge d’instruction de Grombalia, y compris après le 14 janvier. Et toujours rien. Les archives ont été détruites.

La mère du défunt, Khira El Materi, courbée sur ses soixante-dix ans, le regard perdu, dit que son seul souhait avant de quitter ce monde est de voir comparaître devant la justice ceux qui ont tué son aîné. «Pour me faire croire que Fayçal est en fuite, la police a arrêté et torturé pendant six mois son frère Jamel pour qu’il leur indique l’endroit où se cachait son frère. Un soir, à 2 heures du matin, on est venu m’annoncer la mort de Fayçal dans un accident de la route alors qu’il conduisait une voiture ivre mort. Là, j’ai compris le danger et leur vérité fabriquée», se souvient la maman du cher défunt, arrêté pour avoir distribué des tracts à la fac. Ce qui l’agace le plus, aujourd’hui, c’est que les meurtriers de son fils sont libres dans la nature.

Tortionnaires, magistrats, médecins…

«Pour identifier la cause de la mort, on nous a proposé dernièrement d’exhumer le corps de Fayçal et de le soumettre à l’autopsie. Désolée», ajoute la maman. Elle se justifie : «Comme on nous a menti sur sa mort avec la complicité des médecins, le prochain rapport va correspondre à celui qu’a conclu Ben Ali».

Appuyant cette même thèse, Me Radhia Nasraoui a passé en revue les circonstances atroces de la mort du jeune homme. Dans sa plaidoirie, l’avocate a même dénoncé les magistrats assermentés qui ont vendu leur âme au diable. «Attention, ce n’est pas terminé. Le ministère de l’Intérieur continue à torturer. Rappelez-vous de ce qui s’est passé à la Kasbah III. Il y a complicité entre l’appareil sécuritaire et le gouvernement actuel», a-t-elle enfoncé le clou

Omar Mestiri du Cnlt, soutenant Me Nasraoui, a rappelé, lui aussi, que toutes les énergies techniques et financières du temps de Ben Ali étaient destinées à étouffer la vérité et ça continue encore aujourd’hui.

«Nous avons remis à Farhat Rajhi, alors qu’il était ministre de l’Intérieur, des documents pour consulter les archives de son ministère. L’homme est parti et les archives ont disparu. Un expert allemand est venu pour faire un état des lieux. Il a découvert des murs fraîchement peints et aucune trace d’anneaux de torture», a-t-il renchéri. Selon lui, le gouvernement actuel continue à cacher la vérité et refuse de faire un effort pour éclaircir cette page noire de la Tunisie.

«Nous avons donné au Conseil de l’Ordre des médecins les noms des docteurs ayant validé la mort de Fayçal comme étant par accident. Je demande aux médias d’aller creuser dans cette affaire», a suggéré M. Mestiri, par ailleurs directeur de radio Kalima.

Me Oussama Bouthelja voit qu’il y a encore un black-out total sur les affaires de torture. «Les médecins qui se sont associés au régime de Ben Ali sont aussi des tortionnaires et ils doivent être jugés, tout comme ceux qui ont tué», lance l’avocat

Des techniques cruelles de torture

Lors de cette rencontre, plusieurs noms de médecins complices avec le ministère de l’Intérieur ont été évoqués. Les noms de juges aussi. Tout a été balancé.

Alors qu’on a monté de toutes pièces l’histoire de la mort de Fayçal, il y a eu, à cette époque-là, des témoins survivants. «Ce qu’ils nous ont fait est pire qu’à Guantanamo. Mis à poil, matraque enfoncée dans l’anus, interrogés après 2 heures du matin par des personnes ivres, suspendus en position de ‘‘poulet rôti’’, les testicules tirées par une ficelle, assis sur une bouteille et battus», raconte Mohamed Guesmi, qui était lui-même incarcéré à la même période. «Le soir où on a torturé jusqu’à la mort Fayçal, on m’a fait venir pour le voir dans une position humiliante, j’ai craqué. J’ai entendu dire un tortionnaire à son collègue de continuer, et que ce n’était pas assez. Le lendemain, j’ai appris qu’il était mort», raconte encore Mohamed Guesmi. Le récit à été confirmé par Toumi Hamrouni, un sociologue membre du mouvement Ennahdha. D’autres témoignages encore plus noirs ont suivi. Tous se rappellent, comme si c’était hier de leurs tortionnaires. «Le même tortionnaire (…) qui a tué Fayçal, dans la même place, avec la même méthode, a donné une semaine après la mort à Rachid Chammakhi. Nous étions là», a ajouté un autre.

Gouvernement démissionnaire ou complice ?

Selon Me Nasraoui : plus de 108 meurtres sous la torture dans les prisons. Ceux qui ont échappé à la mort sont aujourd’hui soit handicapés, soit détruits dans leur âme. «Nous voulons que justice soit faite. Nous comptons sur ce gouvernement pour qu’il y ait punition sinon il n’y aura pas de réconciliation, ni de transition vers la démocratie. Il faut qu’il y ait une volonté», insiste M. Mestiri. Pour la représentante du Cat, la Tunisie a longtemps violé les articles 12 et 13 de la Convention de Genève. «Une enquête impartiale sur les affaires de torture s’impose. Il faut réhabiliter les familles et les victimes. Pour rompre définitivement avec le passé, il faut punir, c’est indispensable pour la transition. Sinon la Tunisie ne changera pas», a-t-elle averti.

Source: « Kapitalis » Le 08-10-2011 Lien: http://www.kapitalis.com/fokus/62-national/6235-tunisie-les-assassins-de-faycal-baraket-courent-toujours.html  

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