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COMMUNIQUÉDE PRESSE Paris,le 4 mars 2011 TUNISIE : LA LIBERATION DES PRISONNIERS POLITIQUES ESTUN PREMIER PAS VERS LA JUSTICE
Le 2 mars 2011, lesderniers prisonniers d’opinion tunisiens, arrêtés voire condamnés et, le plussouvent, torturés pendant le régime de l’ex-président Ben Ali, ont été libérés.Ces libérations font suite à l’adoption d’une loi d’amnistie par le gouvernementtunisien, le 16 février 2011. Il s’agit-là d’un premier pas significatif versla justice, dont l’ACAT-France se réjouit d’autant plus que plusieursdizaines des prisonniers amnistiés, sont parrainées par l’ACAT, certains depuisde nombreuses années.
Les prisonniers de droit commun, des victimes parmi tant d’autres
Lesanciens prisonniers d’opinion sont loin d’être les seules victimes du régime deBen Ali.
Nombreuxsont en effet les prisonniers de droit commun qui ont été maltraités, voiretorturés, et condamnés à l’issue de procès iniques sur la base d’aveux obtenussous la torture. Selon Hélène Legeay, responsable des programmesMaghreb/Moyen-Orient à l’ACAT-France, « la grande majorité des personnessuspectées d’avoir commis un crime ou un délit de droit commun étaient, lors deleur interrogatoire au poste de police ou de la garde nationale, soumises à desinsultes, des gifles et des coups de pieds, voire torturées si elles refusaientd’avouer ce dont on les accusait ».
C’est le cas par exemple de Mohammed Zaied et Mohammed Jelouali, deuxressortissants français défendus par l’ACAT-France. Tous deux ont été arrêtésle 15 février 2008 par la police des douanes tunisienne et torturés jusqu’à cequ’ils avouent avoir participé à un trafic de stupéfiants. Ils ont étécondamnés à de lourdes peines sur la base de ces aveux et nourrissentaujourd’hui l’espoir de bénéficier d’un nouveau procès, équitable cette fois. Ces prisonniers de droitcommun ont, eux aussi, droit à la justice et ne doivent pas devenir les oubliésde la révolution.
La vigilance reste demise
À la quête de justicepour les victimes du passé s’ajoute le besoin immédiat de lutter contre les exactionsperpétrées aujourd’hui encore, aussi bien par des policiers en tenue que par cequi semble être des membres de la police politique. La Tunisie n’est qu’àl’aube de sa renaissance et, malgré le changement de pouvoir, la plupart desmagistrats et des policiers qui se sont rendus coupables ou complices detorture sont toujours en poste.
CONTACT Hélène Legeay Responsable des programmes Maghreb / Moyen-Orient
La FTCR a pris connaissance de la lettre de l’ATF au sujet de l’organisationdes « Assises de l’immigration Tunisienne ». Rappelons pour mémoire que cesassises en vue d’établir un cahier de doléances qui sera remis aux autoritésTunisiennes sont organisées par de nombreuses associations d’immigrés tunisiensen France (ATF-Paris, UTIT-Paris-Ile-de-France, le CRLDHT, la FTCR …)auxquelles se sont joints de nombreux comités, collectifs et associations dedifférentes villes et régions de France et même d’autres pays.
La FTCR pour sa part, a toujours par le passé eu le souci d’associerl’association des Tunisiens en France (ATF) dans toutes les initiatives quiconcernent les tunisiens et la Tunisie et plus particulièrement l’immigrationtunisienne. La FTCR en accord avec les autres associations a pris contactavec l’association sœur ATF en vue de l’associer, dès le départ, à cetteinitiative des « Assises de l’immigration tunisienne ». Malheureusement laréponse de l’ATF a, jusqu’à ce jour, été, de l’avis de tous les participants,une attitude de blocage et finalement de refus de signer l’appel. Nous regrettons sincèrement cette attitude négative car nous considéronsque la question des assises comme toutes les questions de l’immigrationtunisienne ne sont la propriété de personnes ni l’exclusivité d’aucuneassociation.
D’ailleurs notre démarche concernant ces assises se veut la plus large possibleet nous considérons que ces assises sont avant tout l’affaire de TOUS lesTunisienEs.
La FTCR réaffirme sa volonté de voir l’ATF ou toutes autres structures,associations, comités ou collectifs de TunisienEs en France et dans le mondeprendre toute leur place dans l’organisation et la réussite de ces assises dansl’intérêt de toute l’immigration tunisienne et de la Tunisie. Pourla FTCR Tarek ben Hiba, président Paris le 3 mars 2011
Par ce froid qui sévit dans le pays depuis la fin février, le port d’uncouvre-chef est d’un grand secours pour les têtes dégarnies. C’est pour cela,semble-t-il, que chez nous, deux chefs de partis d’opposition en mirent deux aulieu d’un, en allant tenir des réunions partisanes quelque part en Tunisie, làoù justement l’ambiance était surchauffée. Hélas, leur « casquette » doubles neleur servit pas à grand chose; et c’est heureux qu’ils soient rentrés avecleurs têtes sur les épaules. Mener une campagne électorale déguisée, qui plusest sous une double identité politique, ne passe plus désormais sans éveillerquelques soupçons, ni sans donner quelques frissons aux militants doublementmasqués! Dernière de la classe
Maya Jéribi est unemilitante démocrate connue. On lui doit beaucoup d’actions et de déclarationscourageuses du temps de Bourguiba et sous Ben Ali. Cependant, sa dernièreparticipation, sur le plateau de Nessma TV, au débat autour de la situation decrise que vit le pays, fut des plus décevantes. Elle a même inspiré à certainsobservateurs un parallèle surprenant et méchant avec le président déchu. Maya,Selon eux, patauge encore dans le noir sur certaines questions, en dépit de seslongues années de militantisme politique. Elle dit par exemple n’avoirpas compris pourquoi l’on n’a retenu de notre désormais ancienne constitutionque l’article 57 ; elle reconnaît ensuite qu’elle ne voit pas pourquoi l’onsouhaite que les nouveaux ministres du gouvernement provisoire soient interditsde participation aux élections et se demande encore pourquoi des groupes deTunisiens qu’elle qualifie de « fascistes » ont empêché son parti de tenir uneréunion sous la présidence de Mohamed Néjib Chebbi, alors ministre dans legouvernement de Ghannouchi. Pourtant, son interlocuteur principal, et pourlequel elle était spécialement envoyée, (il s’agit d’Abid Briki, porte-parolede l’UGTT) tenait un discours des plus clairs et des plus cohérents. Au lieu delui tenir tête intelligemment et de manière à convaincre le public destéléspectateurs avec des arguments aussi forts que ceux du responsablesyndical, Maya restait évasive et visiblement sans assurance. Elle a mêmetremblé et battit en retraite, lorsqu’ Abid Briki la menaça de poursuitesjudiciaires pour diffamation si elle continuait à porter contre Abdessalem Jraddes accusations infondées. Savoir raison garder
Ne valait-il pas mieux pour elle garder le silence sur les sujets délicats aulieu de s’enliser dans des terrains minés que les autres invités du plateau ontsu éluder ou seulement survoler. Elle a rarement abordé l’essentiel et s’esttrop dépensée dans des règlements de comptes auxquels elle était nettement mal préparée que ses, ou plutôt que son vis-à-vis Abid Briki. AhmedBrahim, lui, a évité l’affrontement avec le représentant de l’UGTT et préférajouer la carte de l’apaisement et de la concorde. Il fut d’une admirablehabileté. Ce ne fut pas le cas de Maya qui était lamentablement maladroite.Franchement, nous nous attendions à une meilleure prestation de sa part ; maisil semble que le sentiment de frustration, manifestement contagieux au sein deson parti, l’ait emporté mercredi soir sur la lucidité, le calme etl’intelligence de Maya Jeribi. Dommage ! Espérons tout de même qu’elle nemettra pas trop longtemps pour les retrouver ! BadreddineBEN HENDA (Source:« le Temps » (Quotidien – Tunis), le 5 mars 2011)
«Le président déchumérite d’être traduit devant la cour martiale pour haute trahison»
La Constitution en vigueur en Tunisie étant suspendue, le nouveau Premierministre tunisien estime qu’il faut dissoudre toute les institutions qui enrelèvent. Le nouveau Premier ministre tunisien Beji Caid Essebsi a annoncé ladissolution de la Chambre des députés et celle des conseillers (Sénat) lorsd’une rencontre avec la presse. (AFP) L’annonce de la suspension de la Constitution en vigueur en Tunisie implique ladissolution de toutes les institutions qui en relèvent, et ce jusqu’àl’élection d’une assemblée constituante le 24 juillet prochain, a déclarévendredi 4 mars le nouveau Premier ministre tunisien Beji Caid Essebsi lorsd’une rencontre avec la presse.
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Le Premier ministre tunisien accuse Ben Ali de “haute trahison”
Selon lui, il en est ainsi des deux chambres du Parlement, la Chambre desdéputés et celle des conseillers (Sénat). Le président intérimaire avait jugé “dépassée” la Constitutionplusieurs fois amendée par l’ancien président Zine El Abidine Ben Ali. Cette dissolution ne concerne cependant pas deux instances juridictionnellesconstitutionnelles, le tribunal administratif et la Cour des comptes, selon uncommuniqué de la présidence intérimaire diffusé par l’agence officielle TAP.
Vers une élection “en toute crédibilité et transparence” Par ailleurs, Beji Caïd Essebsi a avancé que le président de la République parintérim Fouad Mébazzaâ et les membres du gouvernement provisoire ne seprésenteront pas à la prochaine élection présidentielle pour garantir unscrutin “crédible”. Les ministres désireux d’être candidats sont libres de se retirer de l’actuelgouvernement, a-t-il noté. “Nous veillerons à ce que cette élection se fasse pour la première foisdans l’histoire de la Tunisie en toute crédibilité et transparence, ce quiconstituera un pas important vers la démocratie”, a-t-il dit. (Source:« Nouvelobs.com»,le 5 mars 2011)
(AFP)
De Taïeb MAHJOUB
TUNIS — Rassembléssamedi sur le complexe sportif d’El-Menzah, près de Tunis, des milliers depersonnes, se réclamant de la majorité silencieuse, ont fait entendre leurvoix: se remettre au travail, plus d’un mois et demi après la chute de Ben Ali.
“Construisons notre pays: Etudions, Travaillons”: tel est le credodes protestataires — cadres, étudiants, avocats, hommes d’affaires ouactivistes– qui se sont rassemblés une dernière fois samedi, comme il lefaisaient tous les jours depuis lundi après le travail.
Ce mouvement dit des “Tunisiens Indépendants” a été perçu comme uneréplique au sit-in des protestataires de la Kasbah, le quartier du gouvernementà Tunis, qui a levé le camp vendredi après l’annonce de l’élection en juilletd’une Assemblée constituante, sa principale revendication.
Sur la place de la Kasbah, les jeunes ont crié toute la semaine”Dégage!”, le mot fétiche du mouvement qui a fini par emporter ZineEl Abidine Ben Ali le 14 janvier, pour obtenir la démission (dimanche) duPremier ministre intérimaire Mohammed Ghannouchi. Samedi les protestaires d’ElMenzah ont répliqué par “Je m’engage”.
“Je n’en peux plus de ce +Dégage!+. Si chacun s’engage un peu, nousarriverons à faire avancer la Tunisie démocratique tant souhaitée”,déclare Raoudha Najjar, une experte en coaching, présente à la Coupoled’El-Menzah.
“J’ai bon espoir qu’on y arrivera même si le processus sera long”,ajoute-t-elle.
Une autre manifestante est plus “oecuménique”: “Le sit-in de laKasbah et le meeting d’El-Menzah se rejoignent”, dit Olfa Khalil Arem, uneconsultante en gestion d’entreprises. Dans la foule, la discussion s’anime, donnant lieu parfois à de vifs échanges.Certains sont venus en famille.
“On espère voir le pays se remettre au travail, arrêter ces sit-in et cesgrèves qui ont réduit à zéro le taux de croissance économique”, dit ununiversitaire qui a requis l’anonymat. Un orateur enflamme l’auditoire en scandant un slogan hostile au secrétairegénéral de la puissante centrale syndicale, l’Union générale des travailleurstunisiens (UGTT), Abdessalam Jrad, lui promettant le même sort que Ben Ali.
Chacun y va de sa diatribe: “Jrad a soutenu Ben Ali”, dit l’un. Unautre le soupçonne de “malversations”, alors qu’un troisième arboreune pancarte proclamant “Jrad = Honte”. L’ambiance reste malgré tout sereine: “Nous disons à ceux qui veulentfomenter des troubles que nous serons toujours vigilants”, lance unorateur.
“Nous ne nous taisons plus et nous accordons un préjugé favorable auprésident et au Premier ministre” intérimaires.
Dans un communiqué, les organisateurs du rassemblement écrivent emphatiquement:”Nous nous engageons tous (à reprendre) les études et le travail pourédifier la Tunisie de la liberté, de la justice et de la démocratie”.
Comme les protestataires de la Kasbah, ceux d’El-Menzah affirment “restervigilants pour préserver les acquis du pays et les principes de larévolution”. A la Kasba, la vie a retrouvé son cours normal. Des jeunes effacent lesderniers graffitis qui avaient transformé les façades blanches des bâtimentsgouvernementaux en une sorte de Mur de Berlin. Aant que tout ne disparaisse despassants prenaient des photos des derniers slogans avec leurs portables.
Signe de la normalisation, l’avenue Habib Bourguiba, épicentre de lacontestation, était particulièrement animée samedi. “Cafés-trottoirs”(cafés à terrasse) bondés et magasins ouverts. Le week-end dernier, c’était unchamp de bataille, les affrontements avaient fait 5 morts
(AFP / 05 mars 2011)
• La vigilance reste demise Hier après-midi, la Place de la Kasbah était en liesse : les jeunes dansaient,chantaient à la gloire de la révolution tunisienne qui a pu, en quelques jours,opérer un changement en profondeur en chassant le président de la République,en mettant fin aux activités du parti au pouvoir (le Rassemblementconstitutionnel démocratique), en dissociant le gouvernement de tout partipolitique et, enfin, en changeant le Premier ministre.
Plusieurs jeunes demandent également avec insistance la dissolution de lapolice politique qui était omniprésente et ne permettait pas de mener une viepolitique libre. Les demandes politiques sont donc confondues avec les demandessociales. Cette catégorie de la population veut tout à la fois et dans lesmeilleurs délais possibles. Car une grande partie de la population commel’affirme Marzouk “vit au-dessous du seuil de pauvreté alors qu’uneautre partie vit dans le confort”. Selon lui, dans ce système capitaliste,les chefs d’entreprise devraient améliorer les salaires de leurs employés pouraugmenter leur pouvoir d’achat et leur permettre ainsi d’acheter, ce quicontribue à dynamiser la vie économique et commerciale. Droits de l’Homme etlibertés individuelles Les relations entrecertains citoyens et la police doivent se baser désormais, dans cette èrenouvelle, sur la confiance. Car nombre de personnes ont des remarques voire descritiques à faire à propos de la police et ils citent des cas bien particulierscomme celui de K.C. dont le frère a été accusé à tort de détention et dedistribution de drogue et a été kidnappé avant d’être jugé et emprisonné. Lecomble, c’est que la police n’a pas saisi de drogue chez lui. Il demande à ceque son frère soit libéré pour retourner à son travail de chef boulanger.Message transmis à qui de droit. La confiance des citoyens vis-à-vis du gouvernement doit également être totalepour entamer, ensemble, la construction de la Tunisie dans tous les domainessur des bases solides et dans le cadre d’une politique claire, transparenterespectant les droits de l’Homme et les libertés individuelles. Aujourd’hui, les langues se sont déliées, tout le monde a quelque chose à dire,une remarque à faire, une proposition à formuler. Imed propose, par exemple, detransformer les anciennes cellules du RCD en des conseils de jeunes où ilspourraient s’y regrouper pour discuter et examiner leurs préoccupations. Ilsuggère également de ne pas vendre le patrimoine immobilier de l’ancien chef del’Etat, mais de le mettre à la disposition de l’Etat pour l’exploiter pour lesbesoins de ses services. Auteur: Chokri GHARBI
PARBERNARD DRÉANO (2 MARS 2011)
Responsable du Centre d’études et d’initiatives de solidarité internationale(CEDETIM), Bernard Dréano a parcouru la Tunisie, un mois après la chute duprésident Ben Ali. Il a accompagné le militant Mouhieddine Cherbib au tribunal,rencontré des avocats, des familles de martyrs et des syndicalistes de l’UGTT.Témoignage, en trois actes, sur une société démocratique en devenir.
14 février 2011. Zine el-Abidine Ben Ali a fui la Tunisie depuis un mois.
Un ami de la Ligue tunisienne des droits de l’homme (LTDH) est venu me chercherà l’aéroport de Tunis-Carthage. Nous allons directement au local de la Liguerejoindre le groupe qui doit partir pour Gafsa.
La villa qui abrite le siège de la Ligue est un lieu emblématique de larésistance à la dictature. La LTDH, fondée en 1976, n’a jamais cédé devant lespressions des pouvoirs de Bourguiba puis de Ben Ali, les intimidations etcensures, les emprisonnements ou l’exil de certains de ses responsables commeKhemaïs Chemmari, Khemaïs Ksila, Moncef Marzouki. La Ligue n’a cessé dedénoncer les atteintes au droit, la corruption, la répression et la torture demilitants politiques ou syndicaux, islamistes, communistes, sociaux-démocratesou libéraux. Entrer dans la villa de la Ligue, constamment surveillée par lapolice, c’était l’assurance d’être suivi, fiché, parfois interpellé… J’en aifait l’expérience.
Mais aujourd’hui, aucun flic à l’horizon. Aucun flic ? Pas tout à fait. Il y a,en civil, à l’intérieur du bâtiment quelques policiers. Ils sont venussolliciter des conseils pour créer un syndicat indépendant dans la police !
À l’intérieur, je retrouve avec émotion Mokhtar Trifi, président de la Liguedepuis 2000 (aucun congrès de la LTDH n’ayant pu se tenir depuis cette date dufait des pressions du pouvoir), et d’autres membres de l’organisation. Et lesexilés revenus au pays, Khémaïs Ksila, Kamel Jendoubi, le président du réseaueuro-méditerranéen des droits de l’homme, et bien sûr Mouhieddine Cherbib.
Mouhieddine, c’est pour l’accompagner que nous sommes là.
« À chaque révolution nous sommes heureux »
Le Comité pour le respect des libertés et des droits de l’homme en Tunisie(CRLDHT) voulait « profiter de cette occasion pour dénoncer ledysfonctionnement de la justice tunisienne sous le régime de Ben Ali et pourposer les questions de fond relatives à la réforme du système judiciaire afind’aboutir à une justice indépendante et impartiale en Tunisie ». Il a demandéque des « personnalités amies du peuple tunisien accompagnent notre amiMouhieddine » ; c’est le cas d’Alima Boumediene-Thiery, sénatrice de Paris(Europe Écologie les Verts), Gilles Manceron, vice-président de la Ligue desdroits de l’homme (LDH), Philippe Le Grand de la LDH Nantes, très actif dans lesoutien aux habitants de Redeyef, tout comme Michel Debon, du SGEN-CFDT et deSolidarité Laïque et Mgr Jacques Gaillot, ainsi que Daniel Feurtet, anciendéputé maire (PCF) de Blanc-Mesnil, deux militants de l’association destravailleurs maghrébins en France (ATMF) d’Argenteuil et de Mantes-la-Jolie, unmembre de l’Association des familles de prisonniers et disparus sahraouis(AFAPREDESA), un de l’Association maghrébine des droits de la personne auCanada, et moi-même en qualité de membre du Centre d’études et d’initiatives desolidarité internationale (CEDETIM).
Quand je la rejoins, cette petite délégation est déjà allée à Ras El Djebel,dans le nord du pays, rencontrer des acteurs de la révolution et des famillesde martyrs et a rendu visite à Bizerte à Ali Ben Salem, doyen des militants desdroits de l’homme tunisien et président de la section locale de la LTDH. Mais il est déjà temps de partir pour Gafsa. Cinq heures de route, un peu depluie. Une poignée de militaires aux carrefours de la ville assoupie maistranquille, l’hôtel Jugurtha presque vide de touristes…
Le lendemain matin, nous sommes entassés dans notre petit car et quelquesvoitures pour aller à Redeyef. Une militante de Gafsa commence à chanter «Kolli thwara wehna dayman farahin » (À chaque révolution nous sommes heureux…).Une chanson de Cheikh Imam, le barde égyptien des révoltes populaires arabesdes années 1970. Les jeunes d’aujourd’hui ont repris les thèmes des chanteurset poètes progressistes de ces années de feu. Et aussi de nouveaux ? Finjanvier, les jeunes venus du Sud (Gafsa, Sidi Bouzid, Kesrouane), qui sontmontés à Tunis, et leurs camarades tunisois qui les ont rejoints devant laKasbah (le siège du Premier ministre) pour réclamer l’expulsion des ministresbenalistes du premier gouvernement provisoire, ont composé un nouveau chant. Ettout le monde reprend cette sorte de Marseillaise de jasmin…
« Pas de guide, pas de président, république parlementaire ! »
Et ce sont d’autres chants patriotiques arabes qui nous accueillent à Gafsa.Une foule, principalement de jeunes, serrés les uns contre les autres, deuxmille personnes, peut-être plus, reçoit Mouhieddine et ses amis.
Nous montons sur le balcon où se trouve le siège du syndicat UGTT local (Uniongénérale tunisienne du travail), non sans fouler au pied un portrait de Ben Alidevenu paillasson. Adnane Hajii, le charismatique leader syndical, présentetour à tour sous les applaudissements les courageux avocats des inculpés de2008, les exilés Khémaïs Ksila et Kamel Jendoubi, Messaoud Romdhani, leresponsable de la LTDH de Kairouan, et bien sûr Mouhieddine, sa femme et safille qui l’accompagnent. Mouheddine introduit chacun des amis étrangers et cequ’ils représentent, et Jacques Gaillot dit quelques mots en notre nom : « QueRedeyef est belle en ce jour… »
Sous le doux soleil d’hiver, la foule n’a cessé de dialoguer avec le balcon.Les slogans sont clairs et forts : « La tête est tombée, il faut détruire lecorps de la dictature ! Pas de guide, pas de président, république parlementaire! »
Dans une large mesure, le mouvement du bassin minier de 2008 a été le premierépisode de la contestation du régime qui devait aboutir début 2011 à la chutede Ben Ali.
Une devise : « détermination, dignité »
L’exploitation du phosphate constitue l’une des principales ressourcesnaturelles exportées de la Tunisie, mais la population locale n’a jamaisbénéficié des retombées économiques de cette manne et les infrastructurespubliques sont minimales. La région est gravement polluée après un siècled’exploitation forcenée d’un des plus grands gisements du monde, et pour leshabitants aux dents souvent noircies par l’eau insalubre, l’espérance de vieest inférieure à la moyenne. Les réductions d’effectifs de la Compagnie desPhosphates de Gafsa ont provoqué chômage et précarité, tandis que sedéveloppaient corruption et favoritisme.
Le mouvement populaire du début de 2008, d’abord contre les injustices enmatière d’embauche, puis contre la situation générale, s’était donné pourdevise « détermination, dignité ». Tout a été mis en œuvre pour que lacontestation ne déborde pas dans d’autres régions : bouclage par la police, lesforces spéciales et les milices RCD (Rassemblement constitutionneldémocratique, le parti du pouvoir), censure intérieure et extérieure. Et lesefforts de journalistes et militants, français notamment, pour rendre comptedes événements à l’extérieur se sont heurtés au mur du silence des grandsmédias, notamment français. L’exemple de ce mouvement « large et non partisan, leplus mûr quant à sa revendication et ses formes de lutte qu’ait connul’histoire récente de la Tunisie » ne devait pas faire école.
Sur la tombe d’une des victimes des affrontements de 2008, la famille avaitinscrit « chahîd » (martyr). La police a gratté l’inscription, pour larecouvrir par la mention « défunt ».
« Quand le soleil est masqué par le brouillard et que le voile de l’obscurité aenveloppé le monde (…) à tout qui cherche et qui comprend il ne reste commechemin que les yeux des mots », chantait Cheikh Imam. Et nous, ce soir-là.
BernardDréano, Centre d’études et d’initiatives de solidarité internationale (CEDETIM)
| Publié le 05.03.2011,07h38 | Mise à jour : 23h43 De violents combats se poursuivent entre les insurgés et les partisans ducolonel Kadhafi. Les opposants au régime semblent contrôler l’estlibyen et tentent de progresser vers l’ouest. | Roberto Schmidt Les combats se sont poursuivis ce samedi entre les insurgés et les partisans ducolonel Kadhafi. Les opposants au régime libyen qui contrôlent l’est libyencontinuent de progresser vers l’ouest. De violents affrontements ont eu lieu àZaouïa, une ville côtière situé à 60 km à l’ouest de Tripoli, où les forcesloyalistes ont essayé de reprendre possession de la ville aux mains desinsurgés. Un «massacre», affirme un médecin, après avoir assisté à la nouvelleattaque des forces à la solde de Kadhafi. Témoignage confirmé par unejournaliste de la chaîne de télévision britannique Sky News sur place. Il y aeu «de nombreux morts», indique Alex Crawford, qui vu une foule «être prisesous le feu des militaires». Selon cette journaliste, les insurgés retranchésdans la ville, encerclée par les forces fidèles à Kadhafi, disposent de chars,de canons antiaériens, de missiles antichars, de lance-grenades RPG et defusils d’assaut. Sur le plan politique, le Conseil national créé par les représentants del’insurrection a tenu sa première réunion samedi à Benghazi, et s’est déclaré«le seul représentant de la Libye». Le récit des événements de samedi en Libye et dans le monde arabe : 22h30. Quelque 132 Egyptiens qui ont fui la Libye étaient en cours derapatriement samedi vers Le Caire à bord de deux avions de transport C-130 del’armée de l’Air américaine, a annoncé le département d’Etat à Washington. Lesdeux avions ont décollé de Djerba (sud de la Tunisie), précise le porte-parolePhilip Crowley sur son compte Twitter. Vendredi, les deux appareils onttransporté des couvertures, des bâches en plastique et des conteneurs d’eaupour les réfugiés qui fuient les combats en Libye et passent la frontièretunisienne. Ils devaient entamer samedi des rotations pour assurer l’évacuationde réfugiés, avait annoncé M. Crowley 22h30. Arrivée d’Alain Juppé au Caire. C’est son premier voyage officiel depuissa nomination au poste de ministre français des Affaires étrangères. Juppé estvenu soutenir une «transition démocratique» après la chute du présidentMoubarak. 22 heures. Un patrouilleur de la marine italienne a appareillé avec unchargement d’aide humanitaire destinée à Benghazi, bastion de l’insurrectioncontre le colonel Mouammar Kadhafi, dans l’est de la Libye. Ce patrouilleur, leLibra, transporte des tentes, 4 000 couvertures, des purificateurs d’eau, desgénérateurs et des trousses de premiers secours. 20h13. 136 Sénégalais ont été rapatriés par un avion de la compagnie SénégalAirlines. Un autre vol est prévu mardi, a indiqué à l’AFP une source auministère sénégalais des Affaires étrangères qui ne précise pas le nombre depersonnes attendues. Des milliers de ressortissants d’Afrique subsahariennesont en effet pris au piège du soulèvement populaire en Libye et préfèrent seterrer chez eux, sans ressources, menacés par les insurgés qui les assimilent àdes «mercenaires» payés par le régime. 20 heures. Un «massacre» a été perpétré à Zaouïa, affirme un médecin joint parl’AFP, après avoir assisté à la nouvelle attaque des forces à la solde deKadhafi samedi. 19h28. Selon la chaîne Al Arabiya, depuis Ben Jawad, des milliers d’insurgés sedirigent vers Syrte, la ville natale de Kadhafi, plus à l’ouest, pour prendrela ville. 19h24. Zaouïa est toujours encerclée par les chars des forces du colonelKadhafi. Toutes les communications avec l’extérieur sont coupées. Les insurgés,qui ont résisté à l’assaut des soldats craignent désormais une nouvelle attaquedans la nuit. 19h12. Le Conseil national mis en place par les représentants des insurgés dansl’est de la Libye est «le seul représentant de la Libye». Sonprésident, l’ex-ministre de la Justice Moustapha Abdeljalil, a fait cetteannonce lors d’une conférence de presse à Benghazi. Il a été le premier àdémissionner du gouvernement Kadhafi. 19 heures. Les insurgés libyens déclarent avoir abattu un avion de chasse dansla région de Ras Lanouf, comme l’a annoncé plus tôt le site du NouvelObservateur. «J’ai vu de mes propres yeux un avion abattu avec deux pilotesmorts. Ils étaient attachés à leurs sièges et l’un avait le crâne explosé», adéclaré à l’AFP Ahmed Harram, un partisan de l’opposition.
4h50. Le Vénézuela tente d’imposer sa médiation. Les pays membres del’Alternative bolivarienne pour les Amériques (Alba), un bloc antilibéral créépar Cuba et le Vénézuela en 2004, sont tombés d’accord vendredi soir à Caracaspour créer une commission internationale sur la crise libyenne. L’Alba compteparmi ses membres l’Equateur, les deux petits Etats caribéens deSaint-Vincent-et-Grenadines et Antigua et Barbuda, Cuba, le Vénézuela, laBolivie, le Nicaragua, le Honduras et la Dominique. «Il ne faut pas perdre unseul jour», a insisté le président vénézuélien Hugo Chavez.
LeParisien.fr
J.Cl. | Publié le 05.03.2011, 13h42 | Mise à jour : 23h11
| LP/HUMBERTO DEOLIVEIRA
Coup de tonnerre sur la présidentielle ? Selon un sondage réalisé parl’institut Harris Interactive pour «le Parisien» -«Aujourd’hui en France» àparaître ce dimanche, Marine Le Pen arrive en tête des intentions de vote aupremier tour de la présidentielle avec 23%. Elle devance Nicolas Sarkozy etMartine Aubry, crédités tous deux de 21%. Si le premier tour du scrutin se déroulait dimanche prochain, le scénario du 21avril 2002 serait même dépassé. Jean-Marie Le Pen était arrivé en secondeposition au premier tour après Jacques Chirac et devant Lionel Jospin.
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