TUNISNEWS
6 ème année, N° 2144 du 05.04.2006
Commission Arabe des Droits Humains: Appel pour sauver la vie du Professeur Moncef Ben Salem et sa famille Action urgente d’Amnesty International: Prisonnier d’opinion : craintes pour la sécurité La FIJ exprime sa « vive inquiétude » face à la mise au ban d’un journaliste en Tunisie Chahrazad Akacha: Lettre au secretaire general de la federation internationale des journalistes OLPEC: Tentative de mise à mort du Journal Hebdo Omar S’habou: N.C. H AFP: Washington proteste contre le “harcèlement” de l’opposition tunisienne AFP: Maroc: des prévenus soupçonnés de projets d’attentats en France et en Italie (police) AFP: Crash Tuninter: prochain accord avec les familles avant la reprise des vols AFP: L’Otan et ses sept partenaires méditerranéens se réunissent au Maroc Le Temps : Au Salon du livre de Paris: La Tunisie “ îlot de tranquillité” Jeune Afrique: Roger Bismuth : « Oui, il y a une exception tunisienne » Jeune Afrique: Faut-il faire confiance aux islamistes ?
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A CAT (Action des Chrétiens pour l’Abolition de la Torture),
A Antenne Jeunes d’Aix d’Amnesty International,
L La Ligue des Droits de l’Homme
Vous invitent
CONFERENCE-DEBAT
LA SITUATION DES DROITS HUMAINS
EN TUNISIE
Avec
Moncef MARZOUKI
Ancien Président de la Ligue Tunisienne des Droits de l’Homme
Vendredi 7 Avril à 17h30
A la Faculté de Droit d’Aix-en-Provence
Amphithéâtre David
Commission Arabe des Droits Humains
5 Rue Gambetta – 92240 Malakoff – France Phone: (33-1) 4092-1588 * Fax: (33-1) 4654-1913 E. mail achr@noos.fr www.achr.nu
International NGO in special Consultative Status with the Economic and Social Council of the United Nations
Appel pour sauver la vie du Professeur Moncef Ben Salem et sa famille
En marge des travaux de
Né en 1953, Prof. Moncef Ben Salem est père de quatre garçons et filles. Son curriculum est brillant, non seulement avec son Doctorat en Physique théorique ou son Doctorat d’Etat en Mathématiques, mais aussi comme Professeur conférencier en Tunisie, et membre et conseiller au niveau international dans de nombreuses institutions et publications scientifiques : Zentralblatt für Mathematik de Berlin, Math. Review de Michigan, Kuwait Foundation for the Advance of Science, l’Union des Mathématiciens et Physiciens Arabes, Université de Maryland, l’Union des Universités Francophones, le CNRS, l’ICTP de Trieste, etc.
On imagine à peine comment la présence d’une telle potentialité scientifique pouvait être ressentie négativement par les autorités tunisiennes et conduire celles-ci à la soumettre à toutes sortes d’exactions ! Ce qui l’a contraint, lui et sa famille qui a tant souffert elle aussi, à déclarer depuis le 30 mars dernier une grève illimitée de la faim. Grève de la faim pour dire : ça suffit ! Car il y a une limite à la patience et aux souffrances. Ce qu’il revendique n’est rien moins que ses droits légitimes pour réparer les injustices subies, le paiement de ses salaires gelés depuis 1987, la possibilité de reprendre ses recherches et son travail, la réintégration de ses enfants à l’Université, la fin des persécutions qu’ils subissent et la récupération de titres de voyages et de la liberté de circulation.
Nous, à
Paris le 5-04-2006
Violette Daguerre
Présidente de
Action urgente d’Amnesty International
TUNISIE
PRISONNIER D’OPINION CRAINTES POURMohammed Abbou (h), avocat et défenseur des droits humains
ACTION URGENTE
DOCUMENT PUBLIC MDE 30/010/2006 AU 75/06 ÉFAI
Londres, le 31 mars 2006
Le prisonnier d’opinion Mohammed Abbou observe une grève de la faim depuis le 11 mars 2006 afin de protester contre sa détention prolongée et le harcèlement dont il est victime de la part des autorités pénitentiaires de la prison d’El Kef. Le 30 mars, lors d’une visite que lui rendait sa famille, il a perdu connaissance et ses jours pourraient être en danger. Amnesty International demande sa libération immédiate et inconditionnelle. Lors de la visite que lui ont rendue ses proches, le 30 mars, Mohammed Abbou semblait très affaibli. Il était incapable de marcher ou de se tenir debout sans être aidé. Selon ses dires, des gardiens de la prison l’ont, plus d’une fois, réveillé au milieu de la nuit pour fouiller sa cellule. Il a confié à sa femme qu’après avoir exprimé sa volonté de ne pas partager sa cellule avec des prisonniers de droit commun, les gardiens de la prison l’ont roué de coups de pied et de coups de poing. Son matelas lui a, par ailleurs, été confisqué, si bien qu’il doit désormais dormir sur un lit en fer. Il a déclaré avoir reçu, à sa demande, la visite d’un médecin pénitentiaire aux alentours du 23 mars. Cependant, le médecin ne l’a pas examiné, ne lui a prescrit aucun médicament ni aucun traitement. Lorsque les gardiens de la prison ont réalisé que Mohammed Abbou se plaignait auprès de sa femme des mauvais traitements dont il était victime, ils ont interrompu la visite en baissant le volet qui sépare les visiteurs des détenus, obligeant ainsi Mohammed Abbou et ses proches à crier pour communiquer. Peu après, celui-ci s’est évanoui. Le 23 mars, ses proches étaient venus pour lui rendre visite, mais des gardiens de la prison leur avaient fait savoir qu’il était puni car il avait refusé de réintégrer sa cellule et ne pouvait, par conséquent, voir personne. Le 16 mars, la visite que lui rendait sa sœur avait été écourtée juste après que les gardiens de la prison eurent appris que la femme de Mohammed Abbou était à Genève afin de faire connaître la situation de son mari, avec d’autres militants des droits humains. Mohammed Abbou, avocat et défenseur des droits humains, a été condamné en avril 2005 à trois ans et demi d’emprisonnement, principalement pour avoir publié sur Internet deux articles critiques visant les autorités tunisiennes et dénonçant la torture dans son pays. Sa condamnation a été confirmée en appel en juin 2005 et il est actuellement incarcéré à El Kef, à environ deux cent kilomètres de Tunis où réside sa famille, ce qui rend les visites de ses proches difficiles. En novembre 2005, le Groupe de travail sur les détentions arbitraires des Nations unies a conclu que la détention de Mohammed Abbou était effectivement arbitraire et constituait une violation de l’article 19 de
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PRIÈRE D’INTERVENIR IMMÉDIATEMENT. APRÈS LE 11 MAI 2006, VÉRIFIEZ AUPRÈS DE VOTRE SECTION S’IL FAUT ENCORE INTERVENIR. MERCI.
Déclaration de Presse
Une rencontre constitutive de
La réunion constitutive s’est tenue en marge du Séminaire sur les Droits Humains dans les pays du Maghreb organisé par l’Association Marocaine des Droits Humains et qui a débattu de la situation déplorable des Droits Humains dans les pays maghrébins.
Quatorze associations des Droits Humains ont participé à la rencontre constitutive de
L’Association Mauritanienne des Droits Humains.
L’Association Marocaine des Droits Humains.
L’Organisation Marocaine des Droits Humains.
Le Forum Marocain pour
Le Conseil National pour les Libertés en Tunisie.
L’Association des Travailleurs Maghrébins en
L’Association de Défense des Droits de l’Homme au Maroc.
Le Comité pour
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Pour
(Source : le site pdpinfo.org, le 4 avril 2006)
PLATE-FORME CONSTITUTIVE DE
COORDINATION MAGHREBINE DES ORGANISATIONS DES DROITS HUMAINS
PLATE-FORME CONSTITUTIVE DE
Attendu, la détérioration de la situation des droits humains dans les pays du Maghreb, la répression et les persécutions visant les organisations et les défenseurs des droits humains ;
Attendu, la faiblesse de la coordination militante entre les organisations des droits humains Maghrébines, la dispersion des efforts déployés et le besoin pressant de mener un travail commun et de conjuguer les efforts,
Les organisations suivantes ont décidé :
L’ASSOCIATION MAURITANIENNE DES DROITS HUMAINS -MEMBRE-
L’ASSOCIATION MAROCAINE DES DROITS HUMAINS –MEMBRE-
L’ORGANISATION MAROCAINE DES DROITS HUMAINS–MEMBRE-
LE CONSEIL NATIONAL DES LIBERTES EN TUNISIE–MEMBRE-
LE COMITE POUR LE RESPECT DES LIBERTES ET DES DOITS HUMAINS EN TUNISIE–MEMBRE-
L’ASSOCIATION DES TRAVAILLEURS MAGHREBINS EN FRANCE–MEMBRE-
L’ASSOCIATION DE DEFENSE DES DROITS HUMAINS AU MAROC–MEMBRE-
LE FORUM MAROCAIN POUR
La constitution d’un cadre permanent de coordination ente elles : «
Le renforcement de la solidarité et de la coopération entre ses membres dans leur lutte pour la promotion et la protection des droits humains dans leur globalité ;
La mise en ½uvre de la solidarité et de la coopération pour la protection des défenseurs des droits humains conformément à
L’établissent de relations étroites avec l’ensemble des organisations démocratiques maghrébines qui encadrent la société la civile.
L’adhésion à
Toute organisation maghrébine des droits humains, indépendante du pouvoir et des partis politiques, respectant le référentiel susmentionné, les règles organisationnelles établies dans la présente plate-forme, est en droit d’adhérer à
La démission ou l’exclusion, du fait de l’atteinte portée aux buts et statuts de
Les modalités du parrainage, de l’approbation, de l’adhésion et de l’exclusion seront définies ultérieurement. Deux types de qualité de membres sont distingués au sein de la « Coordination » :
La qualité de membre de plein droit, est attribuée aux organisations fondatrices susmentionnées et à celles dont la qualité de membre de plein droit serait approuvée ultérieurement.
Les organisations membres de plein droit, participent, à ce titre, aux prises de décision de
La qualité de membre observateur, est attribuée aux organisations des droits humains qui ne satisfont pas aux conditions de la qualité de membre de plein droit. La qualité d’observateur confère le droit de participation aux prises de décision sans voix délibérative.
*LE CONSEIL DE
C’est l’organe suprême de décision de
La délégation de l’organisation ayant qualité d’observateur est représentée par son président ou son substitut.
Le Conseil se réunit une fois tous les deux (2) ans. Il est l’hôte des organisations ayant qualité de membre de plein droit, à tour de rôle. Il tient des réunions extraordinaires, en cas de nécessité.
Le Conseil délibère des rapports moral et financier de l’amendement des statuts et du règlement intérieur, s’il y a lieu, définit le plan d’action et désigne le Coordinateur Général et son adjoint
*LE BUREAU DE
Il se compose d’un membre désigné par chaque organisation ayant qualité de membre de plein droit.
Il se réunit, au moins, deux (2) fois par an, pour prendre les positions et les mesures qui s’imposent dans le cadre du programme d’action arrêté par le Conseil.
*LE SECRETARIAT ADMINSTRATIF DE
L’une des organisations des droits humains est chargée des tâches administratives et de la gestion financière des travaux de
La « Coordination », établit des relations permanentes avec les organisations des droits humains présentes à échelle régionale et internationale et dont ses membres font partie ou entretiennent des relations de coopération avec elles.
*Les finances de
Elles sont constituées :
Des contributions financières annuelles des membres ayant qualité de membre de plein droit et des membres ayant qualité d’observateur.
Des recettes des projets de partenariat dans le domaine de la protection et de la promotion des droits humains ainsi que des recettes des activités de
De l’aide et des dons, à condition de ne pas porter atteinte à l’indépendance et à l’orientation de
Le Bureau de
(Source : le site pdpinfo.org, le 4 avril 2006)
La FIJ exprime sa « vive inquiétude » face à la mise au ban d’un journaliste en Tunisie
05/04/2006
La Fédération Internationale des Journalistes a exprimé aujourd’hui sa vive inquiétude quant au sort du journaliste tunisien Slim Boukhdhir, qui a annoncé aujourd’hui une grève de la faim.
« Les autorités tunisiennes poussent les quelques journalistes indépendants dans leurs derniers retranchements, au prix d’une pression individuelle inconcevable » a déclaré Bertrand Ginet, responsable de Programme à la FIJ. « Ces individus font face à une campagne de harcèlement orchestrée méthodiquement et systématiquement, qui menace leur sécurité et leur intégrité physique et les empêche d’accomplir convenablement leur mission ».
Slim Boukhdhir, ancien journaliste à Akhbar El Joumhouria, et à Essarih, se voit depuis plusieurs mois contraint et forcé de vivoter au gré des piges ou en faisant des passages éclairs dans différents organes de presse. Le journaliste a été le correspondant d’Alarabya.net. Il travaille actuellement au quotidien Al Shouroukh, après un bref passage forcé par l’hebdomadaire Al Hadeth.
« J’ai été progressivement mis au ban de mon quotidien, aucun de mes articles n’ayant été publié depuis novembre 2005 ; mon salaire est gelé depuis février 2006 mais on refuse de me signifier officiellement mon licenciement » a indiqué M. Boukhdir. « Mon passeport a été confisqué et on me refuse l’attribution d’une carte de presse ».
La FIJ exprime sa profonde inquiétude quant à la réaction des autorités face à cette nouvelle grève de la faim, qui résume de manière dramatique l’évolution des pressions contre les journalistes depuis la fin du sommet mondial sur la société de l’information. Elle s’alarme des multiples pressions et menaces enregistrées contre des journalistes et leurs représentants au cours des derniers mois.
M. Boukhdir demande aujourd’hui le droit à la liberté d’expression, le droit au travail et le droit d’association.
La FIJ appelle les autorités tunisiennes à satisfaire ces demandes fondamentales et à permettre à Slim Boukhdir de reprendre son travail. Elle demande aux autorités de cesser le harcèlement continu des journalistes et de respecter les conventions internationales, et en premier lieu celles relatives à la liberté de la presse.
Pour plus d’information, veuillez contacter: +32 2 235 22 06
La FIJ représente plus de 500.000 journalistes dans plus de 110 pays
(Source : le site de la FIJ, le 5 avril 2006)
URL: http://www.ifj.org/default.asp?Index=3822&Language=FR
Tunis, le 05 Mars 2006
MONSIEUR AIDAN WHITE
SECRETAIRE GENERAL DE LA FEDERATION INTERNATIONALE DES JOURNALISTES
Je suis, Chahrazad Akacha, journaliste professionnelle Tunisienne depuis deux ans au Quotidien Arabophone Tunisien “Echourouk”, diplômée depuis trois ans de l’Institut de Presse et des Sciences de l’Information de Tunis, Ex-secrétaire Générale du Bureau Fédérale de l’Union Générale des Etudiants de Tunisie à cet établissement.
Actuellement activiste au Syndicat des Journalistes Tunisiens et membre de l’A.J.T., privée depuis trois mois de mon droit au travail (02 Janvier 2006), à cause d’un “refus” de travail de propagande politique qui n’engage pas la ligne éditoriale du journal mais les intérêts économique de son propriétaire, Ce qui m’a été demander à s’opposer catégoriquement à la déontologie du métier journalistique, aux Charles Internationales.
Mon refus de la falsification de la réalité du détournement de l’opinion publique à travers l’édition de fausses données (chiffres, témoignages…) à propos la situation de la Jeunesse Tunisienne depuis le 7 Novembre 1987.
Cette décision offensive de la part de l’administration du journal est parvenue comme aboutissement à une série d’harcèlements tel que ma privation de signer mes articles, ma réduction en Justice en Septembre 2005 pour une affaire provoque depuis que j’étais étudiante et responsable syndicale à l’I.P.S.I., et aussi un nombre d’arrestations policières injustifiées.
Et comme réaction de ma part à ces harcèlements, j’ai mené un Sit-in au siège du Journal le 2 Janvier 2006 que j’ai dissous à la suite de l’intervention du Président de l’A.J.T., qui était malheureusement inefficace et orientée.
Finalement, après vous avoir expliqué ma situation depuis en plus pénible, veuillez m’accorder votre soutien qui ne serait pas seulement à ma personne, mais aussi à tout les journalistes Tunisiens opprimés et privés de leurs droits d’_expression libre et indépendantes.
Mes salutations les plus respectueuses./.-
Chahrazad AKACHA
Journaliste Tunisienne Opprimée
Stratégies liberticides visant à museler la presse indépendante au Maroc et en Algérie
Tentative de mise à mort du Journal Hebdo
Tunis le 5 avril 2006
L’OLPEC est vivement préoccupé par les attaques récentes touchant la liberté de presse au Maghreb, particulièrement les graves atteintes qui ciblent les journaux et les journalistes indépendants et le rétrécissement de leur marge de liberté.
Au Maroc, après l’interdiction d’exercer durant dix ans à laquelle avait été condamné le journaliste Ali Lemrabet et les condamnations iniques de l’hebdomadaire Tel Quel et Al Ayam à des amendes exorbitantes, voici le tour maintenant du Journal Hebdomadaire de subir les effets du rouleau compresseur. Un modèle de stratégie «soft» de musellement, alliant désinformation et asphyxie financière, copié chez le « frère » tunisien, Ben Ali.
Le Journal Hebdomadaire vient de comparaître ce 4 avril 2006 devant
Cette « étude » a été présentée par le Journal Hebdomadaire comme étant « peu crédible et manifestement calquée sur les thèses officielles de la diplomatie marocaine. » Au cours du procès en première instance, où
Le déroulement du procès en appel ce 4 avril, était lui aussi entaché de graves violations des droits de la défense qui ont conduit les avocats du Journal à se retirer du procès « pour ne pas cautionner une mascarade de procès où le verdict était connu d’avance », selon Aboubaker Jamaï, le directeur du Journal Hebdo.
Tout a été organisé pour donner une forme judiciaire à la mise à mort d’un des rares journaux indépendants au Maroc coupable d’avoir transgressé les lignes rouges. Les intentions des autorités publiques marocaines à l’égard du Journal ont été clairement mises à nu lors de la fausse « manifestation populaire » organisée la veille du premier verdict du 16 février par les Services marocains.
En effet, le 14 février 2006, le Journal Hebdo faisait l’objet d’une autre manœuvre de lynchage public, orchestrée par les services du ministère de l’Intérieur. Dès le matin un cordon de sécurité formé par des agents du GUS (police urbaine) barrait l’entrée de l’immeuble qui abrite les locaux du Journal hebdomadaire à Casablanca, avec l’intention déclarée de « protéger » le journal face à une manifestation de protestation prévue « contre les mécréants qui ont sali l’image du Prophète », le périodique étant accusé d’avoir publié les fameuses caricatures du Prophète ; une information totalement mensongère. Quelques heures plus tard, des enfants, des mères de familles et des fonctionnaires de
Les deux chaînes de télévision publiques, 2M et TVM, diffusaient dans leur journal du soir des reportages sur ces « manifestations populaires », présentant le Journal comme étant « connu pour heurter l’opinion publique par ses positions contraires aux valeurs sacrées de notre pays » (2M), n’hésitant pas à manipuler des interviews enregistrées hors de ce cadre pour achever la mise en scène de la désinformation.
Par ailleurs, L’Algérie, s’illustre elle aussi depuis deux ans par un rétrécissement de l’espace de la liberté des journalistes et une tentative de mise au pas de la presse indépendante. Ce pays qui a vu fleurir durant la dernière décennie une presse relativement indépendante et plurielle, qui a fait la fierté de tous les maghrébins, recourt de plus en plus à l’asphyxie financière des journaux et à l’emprisonnement des journalistes.
En effet, pour la seule année 2005, on a recensé 18 condamnations à la prison ferme de journalistes pour délits de presse, dont le célèbre caricaturiste, Ali Dilem qui cumule 9 ans de prison ferme avec sa dernière condamnation en février dernier. Deux directeurs de journaux (Kamel Bousaâd et de Berkane Bouderbala) ont été récemment emprisonnés pour avoir publié les caricatures danoises controversées. Tandis que les directeurs des chaînes publiques Canal Algérie et A3 ont été limogés pour avoir également reproduit ces caricatures à titre d’information.
Le plus choquant est le maintien en prison depuis juin 2004 et en dépit de la détérioration grave de son état de santé, du directeur du quotidien Le Matin Mohamed Benchicou, ceci au moment où l’Etat algérien absout, par une loi d’amnistie, des milliers de personnes impliquées dans des crimes contre l’humanité.
L’OLPEC s’élève vigoureusement contre ces stratégies liberticides qui visent à museler la presse indépendante au Maroc et en Algérie.
– Il exige l’arrêt des poursuites injustes contre le Journal Hebdo ainsi que tous les autres journaux.
– Il demande aux autorités publiques de cesser les persécutions des journalistes et de respecter leurs engagements internationaux en matière de liberté d’_expression et notamment l’article 19 du pacte relatif aux droits civils et politiques.
– Il exige l’abrogation de la peine corporelle pour délit de presse.
– Il exprime sa solidarité aux journalistes emprisonnées ou persécutés au Maroc et en Algérie
– Il appelle tous les journalistes et les défenseurs de droits humains au Maghreb à agir pour défendre la liberté de presse dans tous les pays du Maghreb.
Pour L’Observatoire
La secrétaire Générale
Sihem Bensedrine
Hadda Abdelli privée de passeport
Passeport
Une correspondance est parvenue au journal El Maoukif, envoyée par l’ex-prisonnière politique Hadda Abdelli, qui habite à El Mourouj (gouvernorat de Ben Arous). Elle s’y plaint d’être privée de passeport en dépit des demandes qu’elle a présentées au Président de
(Source : El Maoukif du 31 mars 2006)
(Traduction ni revue ni corrigée par l’auteur de la version en arabe, LT)
“LA PERLE ” DU DEPUTE EUOPEEN DANIEL COHEN-BENDIT
lors d’un débat intéressant entre Tariq Ramadan et Daniel Cohn Bendit au Parlement européen le 29 mars 2006 on peuT entendre ce dernier dire à la 55ème minute:
“Ben Ali a sa place devant le Tribunal de
On peut écouter l’intégralité de la conférence sur: http://oumma.com/article.php3?id_article=1992
(Source: Alerte électronique d’un lecteur de TUNISNEWS, le 5 avril 2006)
N.C. H
Omar S’habou
Curieusement, c’est avec une certaine fierté que j’ai lu le compte rendu du point de presse du porte parole du Département d’ Etat américain du 3 avril 2006. Il y a été question de
Neila a fait feu de tout bois. Elle a remué ciel et terre pour ne pas se laisser écraser par la monstrueuse machine répressive. Une monstruosité qui atteint ces derniers jours un degré inimaginable et qui n’est pas autre chose qu’un signe de très grande nervosité…
Je considère qu’elle a réussi. Et je voudrais lui en rendre hommage. D’autant qu’elle n‘a jamais cherché à dissimuler ses préférences ni ses amitiés. Elle les assume : Autant son inclinaison pour une nouvelle présidence de Ben Ali en 2002 – pour la sauvegarde de la sécurité du pays qu’elle pensait menacée- que son refus de l’antiaméricanisme primaire. Ce qui confère à son combat d’aujourd’hui le punch du courage et l’éclat de la franchise. Je ne serais pas surpris de constater un jour que dans le cœur des militants tunisiens elle a rejoint la place de Sihem, Radhia, Naziha, Bochra, Khadija, Saida, Sana, Nadia et les autres…
Quant à l’évaporation de sa voiture, l’interrogatoire de quelques heures qu’elle a enduré, les photos atteignant à l’honneur de sa fille et les tracasseries contre son époux : ce sont des décorations. Des médailles. Elle peut les exhiber. Fièrement.
Washington proteste contre le “harcèlement” de l’opposition tunisienne
AFP, le 3 avril 2006
WASHINGTON – Les Etats-Unis ont protesté lundi contre le “harcèlement” à l’encontre des opposants tunisiens, notamment de la fondatrice du parti Libéral méditerranéen, Neila Charchour Hachicha.
“Les Etats-Unis s’inquiètent des récentes informations sur le harcèlement à l’encontre de militants et d’organisations de la société civile en Tunisie”, a déclaré un porte-parole du département d’Etat, Adam Ereli, au cours d’un point de presse.
“Nous sommes notamment préoccupés par la situation de Neila Charchour Hachicha et de sa famille (…) qui a été, à notre avis, visée injustement”, a ajouté le porte-parole, lisant un communiqué.
“Son mari a été condamné à 10 mois de prison pour une transaction immobilière datant de huit ans. Sa voiture a été confisquée. Des photos trafiquées d’un membre de sa famille ont été distribuées. Elle-même a été soumise à un long interrogatoire”, a-t-il précisé.
En outre, l’avocat Mohamed Abbou reste emprisonné depuis mars 2005 pour avoir publié une tribune hostile au président tunisien Zine El Abidine Ben Ali sur internet, a-t-il poursuivi.
Cela s’ajoute “aux difficultés faites aux organisations civiles, aux interférences dans leurs activités et aux récents efforts pour limiter la liberté d’__expression des partis de l’opposition légale”, a souligné M. Ereli.
“Nous encourageons le gouvernement tunisien à prendre des mesures conformes à ses intentions déclarées de lancer des réformes démocratiques”, a-t-il conclu.
Neila Charchour Hachiha, première Tunisienne à fonder un parti non reconnu, avait participé en janvier à Washington à une conférence sur le thème “Dissidence et réformes dans le monde arabe” organisée par le centre de recherche conservateur American Enterprise Institute.
AFP
Maroc: des prévenus soupçonnés de projets d’attentats en France et en Italie (police)
AFP, le 4.04.2006 à 18h47
RABAT, 4 avr 2006 (AFP) – Le groupe de huit Marocains et un Tunisien, arrêté en mars par la police marocaine, “planifiait des projets terroristes” en France et en Italie, selon un procès verbal de la police dont l’AFP a obtenu mardi une synthèse.
“Les neuf prévenus planifiaient des projets terroristes à Paris et à Bologne”, indique la synthèse de la police judiciaire qui s’appuie sur “l’audition des prévenus”.
“Une ligne de métro à Paris, un centre commercial et le siège de
A Bologne, en Italie, le groupe avait l’intention de préparer un acte terroriste contre une église qui abriterait des “portraits attentatoires au prophète Mahomet”, selon la synthèse.
La police ne mentionne pas dans son rapport avoir confisqué des armes, des explosifs ou tout autre objet susceptible d’être lié à ces projets d’attentat.
Le GSPC est un mouvement algérien islamiste qui opère entre le Sud algérien et le désert limitrophe notamment du Mali.
Les neuf prévenus ont été arrêtés et présentés le 24 mars devant le tribunal antiterroriste de Salé, près de Rabat, a-t-on appris lundi de source judiciaire.
Ils sont accusés d’avoir constitué “une bande criminelle en vue de commettre des actes terroristes.
Le Tunisien, Mohamed Benhedi Msahel, un homme de 37 ans, célibataire qui réside à Milan, serait le cerveau de ce groupe. Le Marocain Anouar Majrar, 31 ans, que les autorités françaises ont récemment extradé de France au Maroc et qui est jugé dans un autre dossier et l’Algérien Amir Laaraj, alias “Salim El Ouahrani”, en fuite, sont ses principaux complices, selon une source judiciaire.
Selon l’accusation, les trois hommes ont fait un voyage en Algérie pour rencontrer les dirigeants du GSPC.
AFP
Crash Tuninter: prochain accord avec les familles avant la reprise des vols
AFP, le 04.04.2006 à 18h01
TUNIS, 4 avr 2006 (AFP) – Un accord d’indemnisation avec les familles des victimes d’un accident, qui avait fait 16 morts l’an dernier près de
“Nous sommes proches de la signature d’un accord final pour l’indemnisation des familles et souhaitons clore au plus vite ce dossier pour reprendre nos vols”, a indiqué à l’AFP un responsable de Tuninter.
Techniquement Tuninter est prête à voler de nouveau en Italie, mais elle ne le fera qu’après la signature d’un accord avec l’association des familles des victimes, a ajouté ce responsable sous couvert de l’anonymat.
Le directeur général de la compagnie, Moncef Zouari, se trouve actuellement à Bari (Sicile) pour finaliser les négociations avec les avocats italiens, a-t-on indiqué de même source.
Seize personnes, en majorité italiennes, avaient été tuées et 23 autres blessées blessés le 6 août au large de
L’Otan et ses sept partenaires méditerranéens se réunissent au Maroc
Par Carole TAIX
AFP, le 05.04.2006 à 11h23
RABAT, 5 avr 2006 (AFP) – L’Otan et ses 7 partenaires méditerranéens se réunissent vendredi au Maroc, pour la première fois dans un pays arabe, afin d’approfondir leur coopération, lancée il y a une dizaine d’années.
“C’est un évènement de haut niveau, très significatif, parce que ce sera la première fois que le Conseil de l’Atlantique nord, tous les ambassadeurs, se réunissent à Rabat”, a indiqué lundi à Bruxelles le secrétaire général de l’Otan, Jaap de Hoop Scheffer, qui doit présider la réunion dans la capitale marocaine.
Les représentants permanents des 26 pays membres du Conseil de l’Alliance ainsi que les directeurs politiques des ministères des Affaires étrangères des 7 pays participant au “Dialogue méditerranéen” (Israël, Jordanie, Egypte, Tunisie, Algérie, Maroc et Mauritanie) prendront part à cette rencontre, selon un communiqué du ministère marocain des Affaires étrangères.
C’est la première fois que l’Otan organise une réunion à un tel niveau dans un pays du Maghreb ou du Proche-Orient. Un dîner est prévu jeudi soir pour les participants. Les débats se tiendront vendredi à huis-clos au siège du ministère des Affaires étrangères.
Il sera question “de l’avancement du Dialogue Méditerranéen et de notre coopération pratique et politique”, a indiqué Jaap de Hoop Scheffer, ajoutant qu’il y “aura certainement un volet politique et militaire”.
Cette réunion vise à “approfondir de manière concrète les relations politiques existantes depuis une dizaine d’années”, selon le communiqué du ministère marocain des Affaires étrangères.
Le “Dialogue méditerranéen” est un programme de coopération lancé en 1995 entre l’Otan et 7 pays du Maghreb et du Proche-Orient. Il n’a cependant jamais dépassé le stade des contacts informels, en raison notamment du conflit israélo-palestinien et des réticences de ces pays à se rapprocher de l’alliance militaire occidentale dominée par les Etats-Unis.
Les dirigeants de l’Alliance atlantique ont décidé de le relancer en juin 2004, à Istanbul.
La dernière rencontre entre l’Otan et les Sept s’est déroulée en février en Sicile, au niveau des ministres de
“Nous devons travailler à améliorer la perception de l’Otan” dans le Maghreb et le Proche-Orient, avait alors déclaré le sercétaire général de l’Alliance.
L’Otan qui multiplie les relations de partenariat à travers le monde, cherche à nouer des liens de coopération plus étroits avec le monde arabo-musulman.
S’il se heurte souvent aux réticences d’opinions publiques historiquement méfiantes à l’égard de l’alliance militaire occidentale, les dirigeants de la région, eux, ne cachent pas leur intérêt pour l’Otan.
Le Maroc, l’Algérie et Israël sont intéressés par la participation à l’opération “Active Endeavour” (Engagement actif) lancée par l’Otan en mer Méditerranée après les attentats du 11 septembre 2001.
Il s’agit de patrouilles en Méditerranée et dans le détroit de Gibraltar pour surveiller la circulation de navires marchands.
Le Maroc, auquel les Etats-Unis ont attribué le statut d’allié majeur hors Otan, “oeuvre de manière permanente à l’approfondissement du partenariat Otan-Dialogue Méditerranéen”, indique le communiqué du ministère des Affaires étrangères.
Il est “nécessaire de dépasser une approche strictement sécuritaire afin de s’attaquer aux véritables causes des défis contemporains à savoir, le développement économique et social”, précise toutefois le ministère marocain.
AFP
Roger Bismuth : « Oui, il y a une exception tunisienne »
PROPOS RECUEILLIS PAR UGO RANKL
Le président de la communauté juive de Tunisie répond aux questions de Guysen TV, l’agence de presse israélienne francophone.
A l’occasion de la réunion, au mois de janvier à Jérusalem, du Conseil des parlementaires juifs, Guysen TV, l’agence de presse francophone d’Israël, a rencontré Roger Bismuth, le président de la communauté juive de Tunisie, par ailleurs membre de
Guysen TV : Je vais vous poser ma question brutalement : quel avantage avons-nous à aider les Arabes ?
Roger Bismuth : Cela leur donnera de nous une image positive. Je ne vous apprends rien en vous disant que l’image négative des juifs ne date pas des Arabes. Elle date de deux mille ans, des chrétiens. Il faut que nous parvenions à modifier cette image. Ce sera moins difficile en Tunisie, parce que nous avons toujours développé d’excellentes relations avec ce pays, en dépit de quelques petits incidents survenus à la suite d’événements moyen-orientaux.
L’attentat de Djerba était-il un événement exogène ou autochtone ?
Complètement exogène. Je pense qu’un groupe, je ne peux pas dire s’il s’agit d’al-Qaïda ou d’un groupe similaire, a voulu porter un coup à
Les relations entre juifs et Arabes en Tunisie sont-elles vraiment aussi harmonieuses que vous l’espériez ?
Absolument. J’ai commencé à travailler en 1940, cela fait donc soixante-six ans. De toute ma vie, je n’ai jamais été confronté à un incident.
Pourquoi la Tunisie est-elle le pays le plus attaqué en France après Israël ?
C’est la discussion que j’ai eue avec le précédent ambassadeur de France, une semaine avant son départ. Il m’a posé une question sur l’antisémitisme. Je lui ai répondu que l’antisémitisme en Tunisie avait disparu avec l’indépendance. C’était un peu exagéré, mais la presse française, pour différentes raisons…
Que vous allez m’expliquer…
Lorsque l’ambassadeur m’a demandé : « Que pensez-vous de la démocratie en Tunisie ? », je lui ai répondu que je pensais simplement une chose : demandez à vos médias de nous lâcher les baskets, parce que vraiment, vous nous pourrissez la vie. Malheureusement, la presse tunisienne est très liée à la culture française et elle reprend beaucoup ce que disent les Français, lesquels disent parfois des choses qu’ils ne devraient pas dire. Même si nous avons quelques imperfections, ce n’est pas à eux de les dénoncer.
Si
Non, pas du tout.
À quand l’établissement de relations diplomatiques entre la Tunisie et Israël ?
Ce n’est pas l’existence d’Israël qui pose problème, ce sont les relations et les réactions interarabes. Les gens sont gênés de ce que va dire le voisin. La géographie est ce qu’elle est, nous avons les voisins que nous avons. Nous devons vivre avec.
Israël et la Tunisie peuvent-ils se rencontrer sur le terrain de la modernité ?
Je pense que nous partageons beaucoup d’idéaux communs, avec un peu plus de réussite d’un côté ou de l’autre. Quand nous avons ouvert le bureau israélien à Tunis [de 1996 à 2000], dans des conditions difficiles, j’avais plusieurs amis tunisiens qui venaient régulièrement aux réceptions que donnait Shalom Cohen, qui était à l’époque à la tête du bureau et est aujourd’hui ambassadeur au Caire. Nous avons la même volonté de développement. Je ne sais pas si vous êtes allé récemment à Tunis. Regardez la ville. Depuis cinq ou dix ans, les infrastructures sont absolument méconnaissables.
Vous êtes membre d’une nouvelle Chambre législative…
Elle s’appelle
La fonction des conseillers est-elle de faire passer des idées et des messages dans les hautes sphères du pouvoir, de défendre les dossiers ?
Pas tout à fait. Cela fonctionne vraiment comme le Sénat français. Les projets de loi passent devant
Comment définiriez-vous le président Ben Ali ?
C’est un homme que je respecte énormément parce qu’il a vraiment fait de
Peut-on vraiment parler d’exception tunisienne dans le monde arabe ?
Oui, je n’hésite pas à parler d’exception tunisienne. C’est une société très ouverte au progrès, à la modernisation. Ici, on fait beaucoup pour les enfants, les femmes, les familles… Et puis, les gens sont industrieux, commerçants. On a beaucoup développé le tourisme. Nous recevons 6 millions de visiteurs par an et aimerions arriver à 10 millions. Ce n’est peut-être pas pour demain ou après-demain, mais ça viendra.
(Source : « Jeune Afrique », N°2360 du 2 au 8 avril 2006)
Vers un pôle français en Tunisie
Dix mille Tunisiens sont inscrits cette année dans les universités françaises, soit 3 % du total des étudiants (360 000). Selon les prévisions, ce pourcentage ne sera plus que de 2 % en 2010, alors que les effectifs des universités avoisineront 490 000. Ce recul s’explique par le coût élevé des études en France et par les restrictions imposées à l’entrée et à l’inscription des étudiants étrangers. Pour y remédier, Tunis et Paris envisagent la création d’un pôle universitaire français en Tunisie axé sur les sciences et l’économie. Ses diplômes seront reconnus dans les deux pays.
(Source : « Jeune Afrique », N°2360 du 2 au 8 avril 2006)
Giscard et Bourguiba à l’IMA
L’Institut du monde arabe, à Paris, a organisé le 30 mars à l’occasion du 50e anniversaire de l’indépendance de
(Source : « Jeune Afrique », N°2360 du 2 au 8 avril 2006)
Médias : pluie de dollars
par RIDHA KÉFI
L’Initiative (américaine) de partenariat avec le Moyen-Orient (Mepi, en anglais) a lancé fin février un programme de financement de projets visant à renforcer les médias indépendants en Afrique du Nord (Algérie, Maroc, Tunisie et Égypte) et au Moyen-Orient. Objectif : offrir une assistance technique et matérielle aux organes de presse de la région « véhiculant un contenu objectif ». Les subventions seront octroyées pour une période de deux ans. Leurs montants varieront entre 100 000 et 1 million de dollars.
Dans le cadre du Mepi, un autre programme baptisé Mena Media propose des aides financières aux producteurs de télévision arabes indépendants qui souhaitent réaliser des émissions consacrées à « la consolidation de l’information libre ». Cette année, la somme totale allouée au programme s’élève à 150 000 dollars, qui seront répartis entre une dizaine de producteurs. Lesquels pourront recevoir jusqu’à 20 000 dollars, à condition qu’ils assurent eux-mêmes au moins 20 % du financement de leur production. Mena Media est copiloté par l’International Research and Exchanges Board (Irex) et Radio Amman. L’Irex est une organisation créée par le département d’État au lendemain de la guerre froide pour former des journalistes d’Europe de l’Est.
L’Irex vient parallèlement de lancer, en collaboration avec l’Usaid, une vaste enquête intitulée « Indicateur de durabilité des médias au Moyen-Orient et en Afrique du Nord ». Les premières enquêtes ont été menées au mois de mars en Algérie, en Tunisie, en Égypte et en Mauritanie auprès de groupes de journalistes et d’universitaires indépendants.
(Source : « Jeune Afrique », N°2360 du 2 au 8 avril 2006)
Kama Sutra arabe
Ce sont 500 pages de sensualité joyeuse que propose Malek Chebel dans son nouveau livre, Le Kama Sutra arabe. Deux mille ans de littérature amoureuse en Orient. L’anthropologue et psychanalyste algérien, auquel on doit déjà de nombreux ouvrages consacrés à la sexualité dans la civilisation islamique, y passe en revue tous les aspects de l’art d’aimer dans le monde arabo-musulman, de l’Inde au Maghreb, en passant par
(Source : « Jeune Afrique », N°2360 du 2 au 8 avril 2006)
Jackpot pour Tecom Dig
par ABDELAZIZ BARROUHI
La cession de 35 % du capital de Tunisie Télécom a donné lieu à une énorme surprise, le 29 mars.
Arrivé en tête au premier tour devant six autres soumissionnaires, l’opérateur français Vivendi Universal (VU) était donné grand favori pour le second. Contre toute attente, c’est Tecom Dig, son concurrent émirati, qui l’a emporté. Les représentants des deux sociétés ont eux-mêmes ouvert les plis contenant leurs offres. D’abord, celle de Vivendi : 2,76 milliards de dinars tunisiens (1,7 milliard d’euros), contre 2,44 milliards au premier tour (+ 13 %). Tout le monde retient son souffle. L’offre de Tecom Dig est de 3,052 milliards de dinars (+ 28,4 %) : jackpot !
Selon les experts, ce montant valorise 12 fois l’EBITDA* de Tunisie Télécom, soit sensiblement plus que lors de récentes cessions similaires. Par exemple, celles de Turk Telecom (10,2) et de Pakistan Telecom (10,4). Conseillé par le tandem Banque d’affaires de Tunisie (BAT)/Groupe Santander (Espagne), le gouvernement est indiscutablement parvenu à tirer les offres vers le haut.
En une seule opération,
L’arrivée de Tecom Dig, un petit opérateur disposant de moyens financiers considérables – il est conseillé par Crédit Suisse First Boston (CSFB) -, devrait contribuer à la modernisation de la gestion de Tunisie Télécom, lui procurer les moyens de son développement et l’aider à améliorer les services fournis aux usagers. Bien entendu, des représentants de la compagnie émiratie siégeront au conseil d’administration. Ils pourront nommer un directeur général adjoint et plusieurs directeurs. Dans un délai de quatre ans, Tecom Dig pourra en outre, s’il le souhaite, acquérir 16 % supplémentaires du capital et s’assurer la majorité absolue (51 %).
Membre de Dubai Holding, l’opérateur est adossé à la puissance financière de la famille régnante, les Al Maktoum, qui sont parvenus à transformer Dubaï en un centre d’affaires international, célèbre pour son aéroport, sa zone franche et sa cité de l’information (Dubai Media City). Son mégaport de Jebel Ali a donné naissance à un groupe étatique, Dubai Ports World, qui a acquis une cinquantaine d’autres ports à travers le monde. Les Émiratis seraient, dit-on, intéressés par un projet de port en eau profonde à Enfida, que les autorités tunisiennes envisagent de céder en concession.
(*) Earnings Before Interest Taxes Depreciation and Amortization, soit l’excédent brut d’exploitation, qui mesure la rentabilité d’une entreprise.
(Source : « Jeune Afrique », N°2360 du 2 au 8 avril 2006)
Faut-il faire confiance aux islamistes ?
PROPOS RECUEILLIS À CASABLANCA PAR HAMID BARRADA
Les Marocains se sont convaincus que le Parti de la justice et du développement (PJD) remportera les élections de 2007 et qu’il sera appelé au gouvernement. Mais est-il prêt à exercer le pouvoir, et qu’en fera-t-il ? Son secrétaire général s’explique.
Mektoub, c’est écrit : aux élections législatives de 2007, le Parti de la justice et du développement (PJD) sera porté triomphalement au pouvoir. Les arguments qui militent en faveur de cette hypothèse sont nombreux. En premier lieu, la future consultation devrait être transparente. En septembre 2002, déjà, la formation islamiste avait raflé 42 sièges, talonnant l’Istiqlal et l’USFP, alors qu’elle s’était délibérément abstenue de présenter des candidats dans toutes les circonscriptions. Depuis, elle a consolidé ses positions, œuvrant habilement sur deux registres : elle multiplie les interventions caritatives et sociales auprès du petit peuple et, parallèlement, les opérations de séduction en direction des nantis. Partout, ou peu s’en faut, les réticences et les préventions sont tombées. Au Maroc, les islamistes ne font plus peur, ils sont devenus fréquentables. On dit même que la route Médiouna, ce haut lieu de la bourgeoisie fassie à Casablanca, leur accorde ses largesses. Telle star de la société civile s’affiche avec eux en compagnon de route empressé…
Dans les salons de Rabat et de Casa, l’arrivée annoncée au pouvoir du PJD est au cœur de toutes les conversations. Un hebdomadaire divise équitablement sa couverture entre Mohammed VI et le Dr Saad Eddine el-Othmani, le leader islamiste. Son titre – « Vers un partage du pouvoir ? » – reste prudemment interrogatif, mais il est clair qu’une telle perspective lui paraît dans l’ordre des choses. Dans les discussions, aucune inquiétude, aucune angoisse apparente. À peine quelques voix, généralement féminines, expriment-elles, timidement, quelques préoccupations. Résignation ? Même pas. La date de l’arrivée au pouvoir du PJD en 2007 paraît avoir pris place dans le calendrier. Au même titre que le ramadan ou la fête du mouton.
Cette fatalité insidieuse, molle, rampante, n’ôte pas à l’événement sa charge politique, voire historique. Avec les islamistes au pouvoir, le Maroc ne sera plus le même. Il sera perçu différemment, au dehors et au dedans. C’est que le PJD n’est pas un parti comme les autres. L’islamisme, fût-il édulcoré, véhicule une vision du monde et un projet de société qui ne répondent pas exactement aux exigences de la modernité, grand dessein du règne de Mohammed VI. S’agissant des mœurs, de l’exercice des libertés quotidiennes ou de la gestion de l’économie touristique, les islamistes cultivent des mentalités et des positions enfouies dans l’archaïsme et la tyrannie. Ils montrent aujourd’hui patte blanche et cherchent sans cesse à rassurer, mais, à la première occasion, tsunami ou sortie du film Marock, leur idéologie refait surface, inchangée, avec une bonne dose de bêtise et de fanatisme.
Faut-il, malgré tout, faire confiance au PJD, comme le font semble-t-il les Marocains – aujourd’hui par jeu, distraitement, inconsciemment ; et demain, à leurs risques et périls ? Que penser de ce parti caméléon dont les talents d’adaptation et de séduction sont réels, mais qui ne possède visiblement pas les aptitudes et les compétences pour diriger un État moderne ? Et d’abord, est-il vraiment résolu à prendre le pouvoir ? S’est-il vraiment préparé à en assumer les responsabilités ?
À ces questions, le Dr Saad Eddine el-Othmani est bien placé pour répondre. Le secrétaire général du PJD reçoit volontiers les journalistes, se plie avec bonhomie à leurs demandes et va jusqu’à s’allonger sur un divan de psychanalyste pour laisser percer les profondeurs de son âme. Et afficher au passage ses excellentes intentions.
Notre rencontre a eu lieu fin février. Othmani m’a obligeamment rejoint à Casablanca et est arrivé à l’heure dite, accompagné de son seul chauffeur. Sans la meute qui escorte habituellement les leaders politiques dans leurs déplacements. Notre entretien a duré de 11 heures à 17 heures, seulement interrompu pour un rapide repas – une assiette de paella. Othmani médite sur chaque question et prend le temps d’élaborer – de composer plutôt – ses répliques en mobilisant les nuances de l’arabe et du français. Il s’efforce de trouver l’_expression juste mais aussi d’arrondir les angles, de gommer les aspérités, d’escamoter les contradictions. À l’entendre, tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil…
Mais il ne rassure pas pour autant. Tout au long de l’entretien, une interrogation a affleuré, surtout lorsque le chef islamiste a tenté d’éluder certaines questions essentielles à coup d’esquives commodes et presque puériles. Qui est au juste le Dr Saad Eddine el-Othmani ? Cache-t-il systématiquement son jeu ou n’a-t-il simplement rien à dire ? Bien entendu, il faut ici faire la part de la taqiya, cette stratégie de la dissimulation qui donne aux fidèles dans l’adversité le droit de recourir à toutes les ruses, de s’octroyer toutes les libertés, y compris celle d’embrasser la religion de l’ennemi pour mieux l’abattre. En outre, il semble bien que l’ascension du Dr Othmani s’explique moins par sa volonté propre que par les jeux de pouvoir au sommet du PJD. Comme il le suggère lui-même, il n’a pas conquis le poste de secrétaire général de haute lutte, il y a été propulsé à son corps défendant. Plus exactement, « désigner » le brave docteur a permis de renvoyer dos à dos Abdelilah Benkirane et Mostafa Ramid, deux islamistes purs et durs autrement plus redoutables. Coup double : on écarte deux rivaux et on montre l’islamisme sous son meilleur jour. Avec le Dr Saad Eddine el-Othmani à sa tête, le PJD a tout pour plaire. Il rassure, séduit et ratisse large. On lui donnerait le bon Dieu sans confession. Mais le pouvoir, mais le gouvernement du Maroc ?
Jeune Afrique : Rêvons un peu. Nous sommes en 2007, les élections législatives se sont déroulées convenablement et vous les avez remportées haut la main, rééditant l’exploit du Hamas en Palestine. Cette fois, le roi respecte la « méthodologie démocratique » et vous invite à former le gouvernement. Soit un gouvernement monocolore PJD, soit un gouvernement de coalition avec l’Istiqlal, l’USFP ou
Saad Eddine el-Othmani : Il n’y a pas de miracle, je ne crois pas à ces cent jours miraculeux. Les réformes doivent être préparées et, plutôt que de marquer une rupture, elles participent d’un processus. L’essentiel est de garder le cap sur nos priorités : améliorer la gouvernance, combattre la corruption, réformer l’administration…
Mais quelles décisions prenez-vous pour que les Marocains se rendent compte que le PJD est au gouvernement et, si possible, s’en réjouissent ?
Nous continuons d’être ce que nous sommes, c’est-à-dire proches des gens. Comme par le passé, nous entretenons un dialogue fructueux avec nos concitoyens pour connaître leurs préoccupations. Et, puisque nous sommes désormais au gouvernement, nous veillons à mieux les informer de la réalité des problèmes…
Donnez-moi une mesure, une seule, importante, symbolique qui montre que le nouveau Maroc est, avec les islamistes au pouvoir, différent du Maroc sans eux…
D’abord, la forme de gouvernement : ce sera un cabinet de travail, une trentaine de ministres, pas davantage. Je ne peux pas dire aujourd’hui ce qu’il fera en 2007, mais son action s’inscrira certainement dans la moralisation de la vie publique.
Vous prenez donc des mesures draconiennes contre la corruption…
Des mesures, oui ; draconiennes, non.
Oublions les cent jours. Vous êtes Premier ministre et vous vous apprêtez à présenter devant le Parlement votre programme pour la législature. Quelles en sont les grandes lignes en matière économique, par exemple ?
Nous poursuivons la politique d’ouverture sur le monde et nous maintenons les accords conclus. À vrai dire, le Maroc possède déjà un bon programme économique, mais il n’a pas été appliqué de façon efficace par les gouvernements qui se sont succédé. Ces derniers n’ont pas engagé les réformes nécessaires dans les domaines de l’administration, de la justice, de l’enseignement, etc. Un investisseur potentiel, qu’il soit marocain ou étranger, se pose forcément des questions. L’administration est-elle efficace ou corrompue ? La justice est-elle transparente ? Existe-t-il une main-d’œuvre qualifiée et performante ? Le nouveau gouvernement engage donc ces réformes. Ensuite, il s’attaque au système des rentes et des privilèges qui domine notre économie. Dans plusieurs secteurs, tels la pêche en haute mer ou les carrières de sable, on accorde des agréments à des gens qui n’ont pas les qualités requises. Il faut mettre fin à ces abus.
Et sur le plan social ?
Toute mesure économique a des répercussions sociales. Les changements touchant l’attribution des agréments permettront d’ouvrir les secteurs concernés aux classes moyennes, lesquelles sont de plus en plus paupérisées et frappées par le chômage. Il est possible de combattre le chômage grâce à une politique ciblée de coopération avec l’Europe. Celle-ci a besoin de main-d’œuvre qualifiée : infirmières, informaticiens… En répondant convenablement à cette demande, nous réduirons substantiellement le chômage.
À ce sujet, une politique d’émigration active et réfléchie est nécessaire. Je prends un exemple dans mon domaine : la santé. Il manque actuellement au Maroc neuf mille infirmières. L’Europe est également confrontée à des carences du même type. Si nous avions mené, depuis des années, une politique de formation adéquate, nous aurions été en mesure de donner du travail à des milliers de jeunes. Nous aurions couvert à la fois nos propres besoins et ceux de nos partenaires en Europe et même au Canada.
Souhaitez-vous une révision de la Constitution ?
Notre position est inchangée : nous sommes pour une réforme de
C’est dire, en bonne logique, que vous réduisez les pouvoirs du roi…
Le changement à cet égard est souhaité par toute la classe politique, et le roi lui-même y adhère. De toute façon, une telle réforme devra être menée dans un climat d’entente et ne donner lieu en aucun cas à des affrontements.
On imagine mal le roi se délester d’une partie de ses prérogatives, d’autant qu’il apparaît comme l’acteur majeur de la vie nationale en raison de l’évidente faiblesse des autres protagonistes, partis ou Parlement…
On exagère la faiblesse de la classe politique. La vie publique est plutôt animée, dynamique, surtout si on la compare à ce qui se passe dans certains pays équivalents. Depuis six ans, des réformes importantes ont été entreprises. Le changement illustre l’esprit du nouveau règne et il n’y a pas de raison qu’il ne concerne pas
En matière de mœurs, quels changements souhaitez-vous introduire ?
Je voudrais d’abord rappeler un principe : les questions de mœurs ne doivent pas relever du gouvernement, mais de la société elle-même. Même lorsqu’il s’agit de fléaux sociaux comme la toxicomanie ou la prostitution, on peut légiférer, mais les solutions réelles dépendent de la dynamique sociale, de la sensibilisation, de l’information, de l’éducation…
À vous entendre, une police des mœurs du genre de celle qui existe en Arabie saoudite n’a donc pas sa place au Maroc ?
Notre objectif est l’État de droit. Les autorités se doivent de respecter et de faire respecter la loi et rien que la loi.
Mais vous pourriez instituer une police des mœurs chargée de bastonner ceux qui ne s’empressent pas de répondre à l’appel du muezzin…
C’est inconcevable : la prière, comme toutes les obligations, est l’affaire de chaque musulman, qui agit en conscience. « Point de contrainte en religion », dit le Coran. « Religion » signifie ici foi, credo. Comme on ne peut contraindre quelqu’un à croire, il est a fortiori impossible de le contraindre à prier.
Qu’en est-il du voile ?
Affaire de liberté individuelle. Nous n’obligeons personne à le porter ou à l’ôter.
En 2000, vous avez été à la pointe du combat contre la réforme du statut de la femme. Deux ans plus tard, vous avez été favorable à
En 2000, il s’agissait d’un plan d’intégration de la femme au développement proposé par un secrétariat d’État, et non par le gouvernement. Nous l’avons combattu pour trois raisons. D’abord, son mode d’élaboration, qui excluait les acteurs politiques et sociaux, notamment les associations familiales. Ensuite, son absence de toute référence nationale, religieuse ou sociale. Enfin, son refus de considérer la famille comme une réalité fondamentale. Dans un premier temps, nous avions demandé une commission nationale pour examiner ce plan. N’ayant pas été écoutés, nous l’avons combattu et, finalement, notre position a été partagée par la majorité des Marocains.
Dans le cas de
Une loi sur l’héritage qui soit fondée sur l’égalité et tienne compte du fait que désormais beaucoup de femmes travaillent et exercent des responsabilités est-elle envisageable ?
Certes, mais en le faisant, on risque de perturber tout un système qui a sa logique et sa cohérence. Les évolutions sont nécessaires parce que les hommes et les femmes ne vivent plus dans les mêmes conditions, mais il faut veiller à ce que ces évolutions se fassent dans la concertation, de manière à tenir compte de notre culture et de notre religion.
Bref, si je vous comprends bien, le PJD au pouvoir ne provoque ni fracas ni rupture. La continuité l’emporte sur le changement. L’un des principaux objectifs de l’actuel gouvernement, c’est 10 millions de touristes en 2010. Maintenez-vous ce cap ?
Mieux, nous améliorons les conditions matérielles de sa future mise en œuvre. Aujourd’hui, celles-ci sont loin d’être satisfaisantes. Nos hôpitaux, par exemple, sont dans un état déplorable. Le touriste n’a pas intérêt à tomber malade chez nous ! De même, la valorisation de notre patrimoine, aussi bien naturel que culturel, laisse à désirer : les infrastructures font défaut et de nombreuses zones touristiques restent enclavées. Nous devrions nous intéresser en priorité au tourisme du troisième âge, qui se développe en Europe, de manière à offrir des structures d’accueil et des services adaptés.
Le tourisme est inséparable des plaisirs de la vie que proposent les boîtes et les bars. Interdisez-vous la consommation d’alcool ?
Aucune restriction pour les touristes, encore qu’il ne me semble pas que ce soit ce qui les attire au Maroc.
Et pour les musulmans ?
La loi interdit la vente d’alcool aux musulmans.
Mais elle n’est pas appliquée…
Je vous ai déjà expliqué que les changements souhaitables dans les mœurs relèvent de la dynamique sociale.
Moshe Dayan disait que les Arabes prévoient toujours la victoire et jamais la défaite. Nous avons longuement évoqué l’hypothèse du triomphe du PJD aux législatives en 2007. Considérons, si vous le voulez bien, le scénario inverse : votre parti est battu à plate couture. Une telle hypothèse est-elle plausible ?
En politique, il ne faut jamais rien exclure.
Craignez-vous la constitution d’un front commun : tous contre le PJD ?
Dieu merci, on n’a jamais rien vu de tel au Maroc. Nos relations avec les autres partis, sans exception, n’ont jamais pris cette tournure. Aujourd’hui plus qu’hier, cette conjecture paraît improbable. Au sein du Parlement comme dans les autres espaces politiques, nous avons des rapports cordiaux avec tous. Même nos adversaires se montrent courtois.
Laissons de côté les scénarios miraculeux ou catastrophiques pour n’écouter que la voix du réalisme : comment allez-vous gagner les élections ?
En nous y préparant tous les jours.
De combien de militants votre parti dispose-t-il ?
Nous comptons plus de dix mille adhérents. Les sympathisants rassemblés dans diverses organisations satellites (jeunesse, femmes, avocats, médecins, ingénieurs, etc.) sont un peu plus nombreux. Mais, vous savez, en politique, le nombre n’est pas tout. Un militant aguerri en vaut cent…
Vous semblez avoir le vent en poupe, vous devez recruter à tour de bras…
Oui, oui. Le vent en poupe ? C’est davantage une brise qu’une tempête !
Le nerf de la guerre ?
Nos moyens sont modestes, mais nous ne sommes pas pauvres. Notre financement provient de deux sources : l’État, d’abord, qui nous alloue comme à tous les partis une subvention proportionnelle à notre représentation au Parlement (42 sièges), soit 1,2 million de DH (environ 120 000 euros) par an. Ensuite, les contributions de nos parlementaires. Sur les 30 000 DH qu’ils touchent chaque mois, ils en versent 6 000 au parti, qui sont ensuite équitablement répartis entre les instances nationale et provinciales. Au total, le montant de ces contributions avoisine 1,4 million de DH par an. Il faut encore mentionner les contributions des adhérents (200 DH par personne et par an), qui vont aux structures locales.
Combien comptez-vous de permanents ?
Moins de trente, mais la plupart de nos parlementaires sont en fait des permanents.
Les rapports entre le PJD et le Mouvement pour l’unicité et la réforme (MUR) ne semblent pas clairs. Qui fait quoi ?
Vous vous trompez, tout est clair : le MUR est une association proche du PJD dont l’objectif premier est l’éducation et la prédication (da’wa).
On a l’impression que vous vous êtes répartis les rôles : le MUR, c’est l’orthodoxie islamiste pure et dure, et le PJD, la « bolitique », comme on dit en Algérie, c’est-à-dire la politique politicienne et la séduction…
Le MUR n’est pas le PJD et le PJD n’est pas le MUR.
Mais on trouve les mêmes dirigeants dans les deux organisations : Abdelilah Benkirane, Mohamed Yatim, Abdellah Baha…
Le secrétariat général du PJD compte vingt-cinq membres, dont trois siègent à la direction du MUR. Au niveau des adhérents, 30 % des membres du MUR militent au PJD.
Quel est le statut exact du quotidien At-Tajdid, que dirige Benkirane ?
Il est l’organe du MUR et non du PJD, mais il a beaucoup de sympathie pour nous.
Quand il écrit que le tsunami est une punition divine qui ne devrait pas épargner le Maroc en raison de la débauche qui, selon lui, y a cours, il parle au nom de qui ?
C’est l’opinion de l’auteur de l’article. Elle ne nous engage en rien.
Et quand le même journal fustige les festivals de musique ?
Je vous signale que le PJD dirige ou participe à la gestion de quelque soixante-dix communes qui organisent de multiples festivals. On peut être contre un festival sans être contre tous les festivals.
Que pensez-vous du Festival Gnawas-musiques du monde d’Essaouira, qui attire quelque trois cent mille jeunes venus de tout le pays ?
Nous l’avons condamné en 2003 avec d’autres partis, dont l’Istiqlal. La décision, de plus, a été prise à l’échelon local.
Et la campagne contre Marock, le film de Laïla Marrakchi ?
Nous avons seulement relayé la position de certains cinéastes, mais ce n’est pas parce qu’on n’aime pas un film que l’on est partisan de la censure.
Avez-vous vu le film ?
Je ne l’ai pas vu et je n’ai exprimé aucune opinion.
Quelle est votre position sur certaines dispositions mutilantes de la charia telles que l’amputation des voleurs (houdoud) ?
Elles ne figurent pas dans notre programme. Le mot « charia » prête d’ailleurs à confusion. Étymologiquement, il signifie « chemin », « voie », celle que les musulmans se doivent d’emprunter pour créer une société juste. Aujourd’hui, il renvoie à un ensemble de lois pénales devenues inapplicables.
Que signifie exactement la loi, pour vous ? Est-ce celle que vote le Parlement issu du suffrage universel ou celle que prescrit le Coran ? Celle du peuple ou celle de Dieu ?
La loi est la loi votée par le Parlement, sans la moindre ambiguïté. Quelle qu’en soit l’inspiration, la loi est finalement l’œuvre de l’assemblée des élus.
Pour en revenir à l’héritage, il est donc imaginable que le Parlement marocain, pour tenir compte de l’évolution de la société, vote une loi moins préjudiciable aux femmes…
Dans l’absolu, oui. Mais étant donné
Un parti a-t-il besoin de la bénédiction du Palais pour gagner les élections ? Ou peut-il l’emporter sans cette caution et même contre la volonté royale ?
Dans tous ses discours depuis six ans, Sa Majesté a affirmé sa volonté d’instaurer une démocratie où le meilleur gagne.
Il y a la position de principe et la réalité politique. Comme vous le savez, le Palais se réserve un rôle de régulation de la vie politique, voire du jeu électoral. Sous Hassan II, il l’exerçait de façon brutale : le ministère de l’Intérieur « faisait » les élections. Les choses ont beaucoup changé, mais la régulation n’a pas disparu, même si elle se manifeste de manière plus subtile. La « parole du Makhzen », l’influence, restent fortes…
Nous militons précisément pour réduire toute influence qui ne relève pas de la volonté populaire. Quant à la régulation, nous l’avons faite nous-mêmes. Avant le scrutin de septembre 2002, on parlait d’un probable raz-de-marée, on cherchait à faire peur en agitant le « péril islamiste ». Un an auparavant, prévoyant une telle situation, nous avons choisi une stratégie d’autorégulation. Pour tenir compte du précédent algérien, de la fragilité du processus démocratique au Maroc et de la nécessité d’opérer les changements par étapes. Bref, pour rassurer tout le monde, à l’intérieur et à l’extérieur. Nous n’avons donc présenté des candidats que dans 60 % des circonscriptions.
Mohammed VI, dit-on, ne vous aime pas. Ceux qui craignent l’arrivée du PJD au pouvoir voient en lui le dernier rempart…
Je ne sais pas sur quoi vous vous fondez pour prêter au roi de tels sentiments, mais j’ai tendance à croire exactement le contraire. Voici pourquoi : après les attentats du 16 mai 2003, certains – dont un ministre – ont publiquement réclamé notre dissolution, mais le roi s’y est refusé.
Au sein de la classe politique, écrit un journal, on se bouscule pour vous courtiser…
Il ne faut rien exagérer. Nous avons des relations normales avec tous les partis. Certains, comme les Forces citoyennes (FC) d’Abderrahim Lahjouji, sont plus proches de nous que d’autres.
Une alliance avec l’Istiqlal est-elle possible ?
Ce n’est pas envisageable tant qu’il fait partie de
Votre séduction n’épargne pas les socialistes…
Nous avons des amis partout.
Finalement, vos adversaires se comptent sur les doigts d’une seule main : le journaliste Jamal Berraoui, et deux titres, Al-Ahdath Al-Maghribiya et Tel Quel, qui vous sont très hostiles sur les questions de société.
Ces divergences sont normales et existent partout. Il faut seulement veiller à ce que les débats qu’elles suscitent ne dégénèrent pas en affrontements fanatiques et soient traités dans le respect de chacun.
On dit que vous avez bénéficié en 2002 des suffrages d’Al-Adl wal Ihsane, l’autre mouvement islamiste, qui, en boycottant le scrutin, vous a servi.
Je n’ai pas de raison de le croire.
Comptez-vous sur la réédition de cette situation en 2007 ?
Un parti a besoin de tous pour gagner.
Envisagez-vous des accords avec vos frères ennemis ?
Ce n’est pas à l’ordre du jour.
Et demain ?
C’est peu probable, car je ne les vois pas changer de position sur les élections de 2007.
Que pensez-vous des « visions » du cheikh Abdessalam Yassine ?
Elles reflètent la dimension soufie d’Al-Adl… On a affaire à un cheikh de confrérie (morchid, guide) qui accorde crédit à ces visions, les siennes comme celles de ses adeptes. Je n’ai pas à donner mon opinion, cela ne nous concerne pas.
Comment, en tant que psychiatre, interprétez-vous par exemple ce rêve où le Prophète glisse un cimeterre dans l’œuvre maîtresse de Yassine ?
Le cheikh ressent peut-être un besoin de légitimité. Et, pour l’acquérir, recherche la bénédiction du Prophète.
Dans une autre vision, le Prophète désigne un palais et dit au cheikh : « C’est pour vous. »
Puisque vous insistez, je dirai que ces rêves dénotent une certaine angoisse et un sentiment d’échec : on exprime à travers le rêve ce qu’on n’a pu accomplir dans la réalité.
Avez-vous autour de vous des équipes d’experts qui préparent les réformes ?
Nous sommes en train de le faire. Notre secrétariat général anime trois commissions : politique, organisation et affaires sectorielles (santé, éducation, énergie…). C’est cette dernière qui recherche des compétences et requiert leur concours.
On s’intéresse beaucoup à vous à l’extérieur, dit-on…
En effet. Au cours de ces deux ans, je suis allé en Italie, invité par l’Institut des affaires internationales et par No Peace Without Justice, une ONG que préside Emma Bonino. En Belgique, j’ai été reçu par un institut qui porte le même nom que l’italien. J’ai séjourné trois fois en Turquie, je suis allé aussi en Jordanie, en Algérie, à l’invitation du Hamas, ou plutôt Hams puisqu’il a changé de nom. J’ai dirigé une délégation qui a passé six jours en Espagne, où elle a rencontré des représentants des partis, des hommes d’affaires et des émigrés. Enfin, je dois me rendre dans les prochaines semaines en France et aux États-Unis.
Qui a pris l’initiative de ces rencontres ?
Le PJD.
En Turquie, le parti au pouvoir porte le même nom que le vôtre (AKP signifie, en turc, « Parti de la justice et du développement »). Qui a « copié » ?
Nous avons choisi ce label en 1998, eux en 2001.
Hasard ou inspiration ?
Tout ce que je sais, c’est qu’une délégation du Fazilet, l’ancêtre de l’AKP, nous a rendu visite en 1999.
Avez-vous des relations organiques avec vos homonymes turcs ?
Nous sommes un produit purement local.
Quel regard portez-vous sur le 11 septembre 2001 ?
C’est un acte terroriste que nous avons été les premiers au Maroc à condamner.
Et la guerre de Bush contre le terrorisme ?
C’est une autre forme de terrorisme que les Américains eux-mêmes commencent à dénoncer.
Que faire en Irak ?
Mettre fin sans tarder à l’occupation américaine.
Comment avez-vous réagi à la victoire du Hamas palestinien ?
C’est un événement important qui marque à la fois la victoire de la démocratie et de la stratégie de résistance à l’occupation. Le Hamas au gouvernement sera différent du Hamas dans l’opposition, et je n’exclus pas qu’il évolue vers la recherche d’un règlement de paix.
Votre cursus universitaire est curieux et peut-être unique : vous avez parallèlement suivi des études de médecine et de droit musulman. Comment concilier les deux ?
Deux policiers qui m’avaient interpellé à Casablanca, en 1981, avaient été surpris en regardant mes papiers : « Étudiant en médecine et à la faculté de charia, comment est-ce possible ? » L’explication est simple : mon père était un alim (ouléma) et notre maison était le rendez-vous des disciples de Mokhtar Soussi, vénérable figure du nationalisme dans le Sud. J’ai donc, très jeune, été imprégné d’études religieuses et j’ai acquis les fondements en la matière. Quant à la médecine, dès le secondaire, ma voie était tracée. Je n’ai jamais ressenti la moindre incompatibilité entre les deux disciplines.
Vous n’exercez plus…
J’ai achevé mes études de médecine en 1987. Entre 1988 et 1990, j’ai travaillé comme médecin généraliste à Oued Zem. Pendant cinq ans (1990-1995), j’ai suivi des études de psychiatrie à la faculté de Casablanca avant de travailler au Centre de Berrechid (1995-1998). J’ai cessé d’exercer quand j’ai été élu député, il y a cinq ans. Mais je compte reprendre du service dans une clinique privée, dès cette année.
Vous paraissez un peu perdu en politique…
Voici comment j’y suis venu. J’appartenais au MUR, qui, en 1996, avait décidé de rejoindre le Mouvement populaire constitutionnel démocratique (MPCD), le parti du Dr Abdelkrim Khatib. Avec trois frères, j’ai alors été désigné pour siéger à la direction de cette formation. L’année suivante, j’assistais à un colloque à Istanbul sur le thème « ramadan et santé » lorsque j’ai été nommé directeur du parti. En 1999, ce fut secrétaire général adjoint et, en 2004, le congrès m’a élu secrétaire général.
Vous avez 50 ans, l’âge des premiers bilans, et vous êtes entré en politique il y a dix ans : avez-vous fait le bon choix ?
La politique n’est pas tout. En m’y adonnant exclusivement, je me sentirais frustré de mes autres passions. Or j’ai très envie de contribuer à la réforme de la pensée musulmane et d’exercer mon métier de psychiatre.
Si le PJD remporte les élections en 2007, vous vous retirez ?
Au contraire, je serai obligé d’assumer mes responsabilités !
(Source : « Jeune Afrique », N°2360 du 2 au 8 avril 2006)