5 août 2007

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TUNISNEWS
8 ème année, N° 2630 du 05.08.2007

 archives : www.tunisnews.net


Comité des familles de prisonniers politiques: Communiqué Magharebia: Fin d’un séminaire de formation pour les militants des Droits de l’Homme à Tunis Afef JELASSI: Soleil, farniente et portes provisoirement verrouillées PANA: Les familles d’officiers exécutés réclament leur réhabilitation Le Monde: L’ombre du terrorisme irakien au Maghreb Le Figaro: Les Européens comptent sur les pays arabes pour acheter leurs armes


 
Comité des familles de prisonniers politiques Tunis, le 2 août 2007 Communiqué

 
Le CFPP informe que l’administration générale des prisons brime leurs enfants en les éloignant des domiciles de leurs familles, notamment : Mohammed Trabelsi, qui a été transféré à la prison du Kef, Maher Beziouche, de l’Ariana, transféré à la prison de Harboub à Médenine, Tarek Sakrafi, de Ben Gardane, transféré à la prison de Monastir, Saber Hosni, de Tunis, transféré à la prison de Borj Er Roumi à Bizerte, Ahmed Chotbouri, de Sousse, transféré à la prison de Borj Er Roumi à Bizerte, Anis Hedhili, de l’Ariana, transféré à la prison de Borj Er Roumi, alors que leurs affaires sont toujours pendantes devant la justice. Par ailleurs, le CFPP informe que des familles se sont rendues chez le président du Haut Comité des Droits de l’Homme et lui ont fait part de leurs doléances quant aux mauvais traitements infligés à leurs enfants, l’absence de soins, les agressions à répétition dont ils font l’objet, et la privation des droits garantis par la loi sur les prisons. Le comité rappelle les nombreuses agressions perpétrées sur des prisonniers politiques. Le prisonnier politique Oualid Saïdi a été agressé à la prison de Borj Er Roumi par l’agent dénommé Abdessalam, parce qu’il réclamait un lit pour dormir. De même, le prisonnier Ramzi Ben Saïd n’est pas traité alors qu’il souffre d’hémorroïdes et que le médecin a prescrit une intervention chirurgicale dans les meilleurs délais pour que son état n’empire pas. CFPP (traduction ni revue ni corrigée par les auteurs de la version en arabe, LT)


 

Fin d’un séminaire de formation pour les militants des Droits de l’Homme à Tunis

31/07/2007

Des responsables des Droits de l’Homme de l’ensemble du monde arabe se sont réunis à Hammamet pour un colloque de dix jours consacré à la formation aux Droits de l’Homme organisé par l’Institut Arabe des Droits de l’Homme. Ce colloque s’est terminé lundi 30 juillet.

Par Jamel Arfaoui pour Magharebia à Tunis – 31/07/2007

Le dix-septième séminaire annuel de formation des défenseurs des Droits de l’Homme de l’Institut Arabe des Droits de l’Homme (IADH) dans la région arabe s’est terminé lundi 30 juillet dans la ville tunisienne de Hammamet. Salhi Oussama, président de la Ligue Algérienne de la Pensée Juridique, a déclaré: « J’ai appris beaucoup de choses durant ce séminaire, qui nous a permis de nous familiariser avec les mécanismes des Droits de l’Homme et nous a présenté les moyens légaux qui nous permettront de répondre à nos adversaires dans ce domaine. »

A l’ouverture de ce séminaire de dix jours, Adam Abdelmoula, coordinateur régional de la Commission des Droits de l’Homme de Genève, a déclaré: « De telles formations sont importantes dans la région arabe, qui a besoin de spécialistes dans le domaine de la défense de ces droits. » M. Abdelmoula, diplômé du premier séminaire de l’IADH organisé il y a dix-sept ans, a déclaré à Magharebia: « Ces cours sont très importants pour donner aux défenseurs des Droits de l’Homme les moyens de leur action. Après l’expérience acquise par l’Institut, nous avons commencé à voir ses diplômés dans le monde entier, chargés de responsabilités importantes dans les organisations de lutte pour les Droits de l’Homme. »

Cette formation vise à familiariser les militants à la législation et aux chartes internationales relatives aux Droits de l’Homme, et à les former à définir le type et la nature des violations, ainsi qu’à parler avec les organisations internationales et les gouvernements des questions humanitaires survenant dans leurs pays.

Le programme de cette année bénéficiait du soutien des Nations-Unies et de la Fondation Ford, l’un des principaux parrainages de l’Institut, qui a formé plus de sept mille militants des Droits de l’Homme. Plus de vingt organisations arabes participaient à ces travaux.

Abdallah Ali Thabet, un militant saoudien indépendant, a déclaré: « J’ai pu très rapidement me familiariser avec tous les aspects juridiques et intellectuels dans le domaine des Droits de l’Homme. J’ai ainsi pu revoir nombre de concepts que j’avais mal interprétés. »

Avant le début de cette formation, Mokhtar Trifi, président de la Ligue Tunisienne pour la Défense des Droits de l’Homme, avait déclaré aux participants: « A l’issue de cette formation, vous connaîtrez l’étendue de l’importance de la maîtrise intellectuelle et juridique dans le domaine des Droits de l’Homme. »

Le président de l’IADH, Taieb Baccouche, a fait part de la détermination de son institut à assurer une formation très professionnelle et bien organisée. Il s’est dit fier de son institut, qui a réussi à « former des milliers de militants et de travailleurs dans ce domaine au travers de nombreux cours de formation — publics et privés, régionaux et nationaux —, ainsi qu’un grand nombre de personnes devenues elles-mêmes formatrices, dont beaucoup ont fondé des associations ou ont apporté leur soutien aux associations et aux institutions existantes. »

L’IADH est une organisation non gouvernementale arabe indépendante fondée en 1989 à l’initiative de l’Organisation Arabe des Droits de l’Homme, de l’Union des Avocats Arabes et de la Ligue Tunisienne de Défense des Droits de l’Homme, et avec le soutien du Centre des Nations-Unies pour les Droits de l’Homme. Cet institut a remporté le prix international de l’UNESCO pour l’Education aux Droits de l’Homme en 1992.

Magharebia
Édité sur Magharebia‎ (http://www.magharebia.com) ‎


Soleil, farniente et portes provisoirement verrouillées

Afef JELASSI
Alors que la majorité des confrères passent des vacances paisibles qui riment avec soleil et farniente, Monsieur le bâtonnier a décidé qu’il n’y aura pas de vacances, ni pour lui, ni pour le conseil national de l’Ordre et qu’il se penchera illico sur l’étude des dossiers épineux en suspens qu’il considère comme étant prioritaires. C’est une initiative d’autant plus louable que Monsieur le bâtonnier vient de sortir d’une campagne électorale pour le moins éreintante. Mais une question se pose : Une réforme dans le sens de la modernisation de la profession fait-elle partie des priorités de nos élus ? Avouons qu’ils sont nombreux les séminaires, colloques, tables rondes et autres rendez-vous professionnels qui avaient pour thème l’avocat et la modernité, l’avocat et l’Internet, la mondialisation et l’avocat…etc. Sommes-nous pour autant prêts à relever ces défis et à les gagner, le tout en gardant à l’esprit que le monde est en perpétuel mouvement et qu’il nous apporte chaque jour de nouveaux défis auxquels nous devons faire face à temps ? Sommes-nous conscients que la barre sera de plus en plus haute, que le processus de la modernisation a gagné une vitesse jamais atteinte auparavant, et que seuls survivront ceux qui se seront adaptés à temps ? Tous les barreaux du monde se préparent d’ores et déjà à ces nouveaux défis. Qu’en est-il chez nous ? Il y a aujourd’hui une sorte de perception ambiante, surtout parmi les jeunes, selon laquelle nous faisons le pied de grue dans le tunnel de l’Histoire, espérant apercevoir un bout de lumière. Et que nous ne le verrons pas tant qu’on refuse d’avancer. Des formations diverses sont de plus en plus travaillées par cette idée et pensent que les avocats ont des ambitions nouvelles pour lesquelles il faut se battre, ensemble, en commençant par marquer une volonté claire et sans équivoque en faveur d’une réforme. Mais pas de coup d’envoi dans l’horizon. Pourtant, il est grand temps que le barreau décide de se faire restaurer, non pas en adoptant des mesures cosmétiques qui servent de vitrine, mais des mesures fondatrices d’une renaissance syndicale et professionnelle associant ceux qui représentent l’avenir : les jeunes avocats. Les défis de la mondialisation et de la concurrence étant ce qu’ils sont, nos institutions ordinales ont, plus que jamais, le pouvoir de faire et de défaire l’avenir de la profession. Surtout le défaire, par simple léthargie. Elles ont cette responsabilité historique. Mais, ces questions, figurent-elles dans leur l’agenda ? Un nouveau mandat vient à peine de commencer et nous ne sommes pas là pour stigmatiser à l’avance. Nous disons simplement que nos concurrents sont à l’industrie, alors que nous sommes encore à l’artisanat. Et le temps passe. Plus vite que jamais. Or, nous constatons que le barreau est resté, jusque-là, hermétique à toute tentative de modernisation, et qu’il est extrêmement dénué en perspectives dans ce sens. Nous constatons également une corrélation systématique entre l’échec répétitif du barreau à se moderniser et l’existence d’une véritable « gérontocratie », conservatrice par définition, qui régit la profession. On aime à dire et à penser que l’avocature est une profession conservatrice, que les avocats sont par définition conservateurs etc. Mais, maintenant que déontologie, sens de la confraternité, et même perspectives d’avenir sont inexistants, on veut conserver quoi ? Mystère total car il n’y a plus rien à conserver en dehors du conservatisme lui-même, érigé en valeur. A ce propos, je vais vous raconter une anecdote véridique. A l’occasion des dernières élections, alors que j’étais en train de distribuer les CD de la campagne de ME TABIB, un confrère, d’un certain âge (ou d’un âge certain, comme vous voulez), m’a dit sur un ton très préoccupé et on en peut plus sérieux « Est-ce qu’un avocat a le droit de faire sa campagne électorale sur un CD ? » Pour ce monsieur, il est acceptable de faire une campagne électorale sur un support papier, mais pas sur un CD ! Le jeune avocat de base ne comprend pas pourquoi les choses n’évoluent pas. Il a l’impression que des forces plus ou moins obscures oeuvrent contre lui. Il n’a pas tort. La principale force qui œuvre contre lui est son propre manque de combativité. Les jeunes avocats veulent bien qu’on s’apitoie sur leur sort mais n’essaient pas de le changer. Ils ne réagissent pas alors qu’on les emmène droit dans le mur. De nombreux jeunes avocats se réfugient dans un silence total. Il faut que les jeunes réagissent et jouent le rôle qui est le leur et ce, en dépit de la volonté exprimée de certains gérontes de faire sombrer dans une béance absolue ce qui incarne l’espoir. On nous apprend dès notre entrée à la profession que nous sommes de mauvais avocats, des mineurs, des adolescents, que nos idées – de réforme ou autres- ne valent rien, on nous dit « la chose vous dépasse » (en arabe : echchay akbar menkom) etc. Cela reflète une volonté d’extermination et une tendance réductrice du rôle des jeunes avocats. Or, les solutions ne sont pas derrière nous mais devant nous. Il faut donc éviter les vieilles recettes, les idées vétustes et les visions séniles. On a longtemps bâillonné le jeune avocat. Il est temps qu’il s’exprime. Je me souviens d’une discussion que j’ai eue avec un avocat qui passe pour être l’un des « ténors » du barreau et que je ne nommerai pas, par simple bienveillance. Lors de cette discussion, je lui ai dit que les avocats doivent travailler ensemble pour un avenir meilleur de la profession. Il m’a dit textuellement : « Vous savez, j’ai décidé de prendre ma retraite dans cinq ans au plus tard. Alors, l’avenir pour moi c’est mes petits enfants ». J’ai pensé : Est-ce sur des avocats comme lui qu’on compte pour moderniser le barreau et résoudre les problèmes, surtout ceux des jeunes ? Vous savez autant que moi qu’ils sont nombreux ceux qui pensent comme lui, d’autant plus que généralement, ils ne manquent de rien de ce que l’argent peut offrir. Alors, livrés à eux-mêmes, les jeunes avocats avancent dans l’obscurité comme un bateau sans gouvernail. Voilà pourquoi je conjure mes confrères d’agir dans les plus brefs délais. Il faut que la majorité silencieuse, essentiellement composée de jeunes, sorte de son mutisme. Mais en attendant, quelle sera la position de nos institutions ordinales fraîchement élues par rapport aux questions de modernisation et de réforme ? Le moins qu’on puisse dire est que la composition hétéroclite des conseils élus ne permet pas d’être optimiste. En effet, la cohésion au sein de ces conseils à l’équilibre chancelant est manifestement poreuse. Ils portent donc le germe de leur propre blocage, car ils constituent un tissu qui risque de rétrécir au lavage, à moins que le bâtonnier, régulateur de la vie ordinale, réussisse cet exercice périlleux qu’est la pacification entre les uns et autres qui d’ailleurs n’ont pas de perspectives syndicales d’avenir différentes. La plupart ont surtout des desseins médiatiques ou politiques (parfois les deux) opposés. Les conseils ont un rôle éminent à jouer dans l’esquisse de la réforme. Mais, pour ce faire, ils ont besoin de l’apport des jeunes avocats. De même que « l’eau rend la terre fertile mais ne la fertilise pas », aucune réforme viable ne verra le jour tant que les jeunes avocats restent à l’écart. L’absence démissionnaire des jeunes avocats conduira le barreau dans l’abîme. Ce sont les jeunes qui donneront de la consistance à ce débat vaporeux qu’est la modernisation, et la profession en sortira gagnante, car seule la participation des jeunes construira des perspectives d’avenir à vocation réellement majoritaires. Dans le cas contraire, la modernité, la réforme, etc. seront de grands sujets de colloques qui ne serviront à rien sinon à se prendre en photo en offrant son meilleur profil et à passer des week-ends joyeux subventionnés par l’Ordre. Si les jeunes avocats sont apathiques et s’ils campent dans une position asthénique de repli et de frilosité c’est parce qu’ils pensent qu’ils ne pourront rien changer. Je leur dis : c’est une impression que nous avons mais elle n’est pas fondée. Nous constituons la majorité. Nous constituons l’avenir de la profession. Il faut que nos revendications soient écoutées. Etre jeune signifie aimer ouvrir les portes fermées. Nous ouvrirons celle-là même si elle est, pour l’instant, bien verrouillée. Confraternellement Source : www.chawkitabib.info
 

 

Les familles d’officiers exécutés réclament leur réhabilitation

Date : 03/08/2007 à 12:56:37 Nouakchott (PANA via Mauritanie-web ) – Les familles de quatre officiers passés par les armes le 26 mars 1981, suite à une tentative de coup d’Etat, ont écrit au président Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi, pour réclame leur réhabilitation, a appris vendredi la PANA de sources autorisées. Le chef de file de ces officiers, signale-t-on, est le colonel d’aviation Mohamed Ould Bah Ould Abdel Kader. Dans une lettre ouverte, les familles parlent « d’événements douloureux » et d’une affaire à laquelle elles ne donnent pas de connotation politique. S’exprimant au nom du collectif des familles, Ely Taleb Ould Mohamed Ould Abdel kader revendique notamment des précisions sur le lieu d’enterrements des officiers suppliciés, des assurances pour un accès libre à leurs tombes (qui se trouvent dans une zone militaire) et la réhabilitation des intéressés comme anciens officiers de l’armée nationale. Ces officiers, rappelle-t-on, ont été exécutés le 26 mars 1981 sous le régime de Mohamed khouna Ould Haidallah, avec Maaouya Ould sid’Ahmed Taya comme chef d’état major, suite à une tentative de coup d’état déjouée le 16 mars 1981. Ce sont : le colonel Mohamed Ould Bah Ould Abdel Kader, le colonel Ahmed Salem Ould Sidi, le lieutenant Niang Moustapha et le lieutenant Doudou Seck .


 

Analyse

L’ombre du terrorisme irakien au Maghreb,

par Jean-Pierre Tuquoi
 
Un nouveau groupe terroriste islamiste a fait récemment son apparition au Maghreb. Sous le nom d’Ansar al islam fi Sahara al bilad al mulazamin (les partisans du prophète au Sahara, le pays de ceux qui portent le voile), il a diffusé un premier communiqué vidéo, fin juin, sur Internet. Il y est question de guerre sainte contre l’Espagne, la France, l’Algérie, la Mauritanie, le Front Polisario (qualifié de « régime corrompu »), et, plus spécialement visé, le Maroc, dont le roi Mohammed VI est traité de « tyran » qui « apporte son soutien au tyran de l’époque, les Etats-Unis, (et) brandit l’étendard des croisés et des sionistes ».

 

Les Américains prennent la menace au sérieux. Entre la fin juin et le début juillet, trois responsables des problèmes de sécurité sont allés à Rabat : le directeur du FBI, Robert Mueller, celui de la CIA, Michael Hayden, et la conseillère du président Bush pour la sécurité intérieure, Frances Fragos Townsend. Les autorités espagnoles ont conseillé à leurs nationaux en partance pour le Maroc de « renforcer leur vigilance et d’éviter les endroits fréquentés ». En France, le Quai d’Orsay n’a pas fait de recommandation particulière.

Qui se cache derrière ce groupe terroriste dont le nom s’inspire d’un groupe éponyme toujours actif en Irak, où il est apparu il y a six ans avec, comme porte-drapeau, Abou Moussab Al-Zarkaoui, tué en 2006 lors d’un bombardement américain ? Les services de renseignement européens pensent que ses animateurs sont des islamistes marocains et algériens réfugiés en Espagne pour fuir la répression dans leur pays d’origine. Leurs collègues algériens, eux, se disent convaincus qu’il s’agit en réalité d’une branche de l’ex-Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC), active dans la bande sahélienne entre le Maroc, la Mauritanie et le nord du Mali.

Mais l’identité des terroristes est secondaire. Plus important est le phénomène dont ils témoignent : l’implantation au Maghreb de groupes terroristes qui jusqu’à présent privilégiaient l’Irak. Car il n’y pas quAnsar al islam. L’appel à former une « Internationale du djihad » remonte à près d’une année. Il est venu du numéro deux d’Al-Qaida, Ayman Al-Zawahiri, lorsque, en septembre 2006, il a invité le GSPC, le dernier mouvement armé encore actif en Algérie, à rejoindre Al-Qaida. En janvier 2007 c’était chose faite. Le GSPC se sabordait et devenait l’Organisation d’Al-Qaida au pays du Maghreb islamique. Seule donc la « filiale » sahélienne, si l’on peut dire, a fait défection et choisi de se rallier au groupe Ansar al islam plutôt qu’à Al-Qaida. Entre les deux groupes, il y a peu de différences.

Depuis la réorganisation terroriste, trois attentats kamikazes identiques par le mode opératoire – un véhicule bourré d’explosifs fonce contre l’objectif – ont fait des dizaines de victimes en Algérie. L’imposant Palais du gouvernement, siège de plusieurs ministères, un commissariat de police proche de l’aéroport d’Alger, et une caserne militaire dans l’est du pays en ont été les cibles. Tous les attentats ont été revendiqués par la branche algérienne d’Al-Qaida. Auparavant, ce type d’action était très rare en Algérie. Un seul attentat kamikaze d’envergure a été enregistré en Algérie pendant la « sale guerre » des années 1990.

En rejoignant la mouvance Al-Qaida, font observer les spécialistes occidentaux, les islamistes maghrébins peuvent espérer avoir accès à des sources de financement et d’approvisionnement en matériel nouvelles et à une expertise technique qui vont les rendre plus redoutables. L’autre risque est que les nouveaux franchisés d’Al-Qaida élargissent leur champ d’action et privilégient des cibles européennes ou anglo-saxonnes aux pays du Maghreb ou au-delà. A ce jour, les craintes se sont révélées vaines. Aucune filière d’argent ou d’approvisionnement en armes n’a été démantelée au Maghreb qui remonterait au Proche-Orient. Et aucun attentat récent en Afrique du Nord n’a visé une cible occidentale. Les faits ont aussi démenti ceux qui redoutent de voir les islamistes algériens, marocains ou tunisiens unir leurs forces. La coopération est embryonnaire même si un groupe terroriste a été démantelé en Mauritanie, où se côtoyaient trois Marocains, un Mauritanien et un Saoudien. Chacun campe chez lui et ignore son voisin, quitte à faire preuve d’improvisation. En témoigne le comportement suicidaire du groupe de kamikazes démantelé au printemps à Casablanca par les services de sécurité marocains. Cernés par la police, les jeunes djihadistes se sont donné la mort en évitant les victimes collatérales.

C’est davantage dans l’autre sens que joue « l’Internationale djihadiste ». Les islamistes maghrébins partent vers l’Irak et, dans une moindre mesure, la Somalie bien plus qu’ils ne reçoivent de l’extérieur aide et conseils. « Pour tous les djihadistes, la priorité actuelle, c’est l’Irak, pas le Maghreb », observe Fernando Reinares, spécialiste de l’islamisme au Real Instituto Elcano de Madrid. « Les actions internes ne constituent pas la priorité des islamistes maghrébins. La filière marocaine, par exemple, est active dans le recrutement pour des opérations extérieures au royaume. Une centaine de Marocains ont été repérés en Irak. Pour la plupart ce sont des exécutants, des goumiers en quelque sorte« , confirmait un universitaire marocain, Mohamed El Ayadi, lors d’un colloque de l’Institut français des relations internationales, à Paris.

Même si rien de tangible à ce jour n’accrédite l’idée qu’Al-Qaida et sa mouvance sont en train d’essaimer au Maghreb, l’idée demeure. Elle sert les acteurs à quelque bord qu’ils appartiennent. Les Etats-Unis la mettent en avant pour justifier le bien-fondé de leur combat contre le terrorisme international. Aux régimes marocains, algériens et tunisiens, elle permet de développer un appareil sécuritaire et un arsenal répressif qui heurte les défenseurs des droits de l’homme. Enfin, en exportant son label, Al-Qaida apparaît aux yeux de ses sympathisants comme l’adversaire unique des croisés, les Occidentaux.

Jean-Pierre Tuquoi
 
(Source : « Le Monde » (Quotidien – France) , le 31 juillet 2007)


Les Européens comptent sur les pays arabes pour acheter leurs armes

ARNAUD DE LA GRANGE.

Monarchies du Golfe et pays du Maghreb cherchent à diversifier leurs sources d’approvisionnement pour ne pas dépendre uniquement de Washington.

 

LES AMÉRICAINS ont le Pentagone ; les Européens, heureusement, ont le monde arabe. C’est en substance ce que disent les industriels de l’armement du Vieux Continent, qui ne bénéficient pas de l’effet d’échelle offert par la gargantuesque armée américaine. Pour les Français et les Britanniques, le Moyen-Orient est une bouffée d’oxygène vitale. Selon le Jane’s, les monarchies du Golfe ont consacré 35 milliards de dollars à leur défense en 2006. La région a représenté près de 30 % des ventes d’armes françaises sur la période 1996-2005, avec quelque 14,2 milliards d’euros de contrats. Les Émirats arabes unis, par exemple, ont acheté plus de chars Leclerc que l’armée française.  

 

Dans le Golfe, les temps incertains, avec le bourbier irakien et la menace iranienne, combinés aux fortes recettes pétrolières, laissent augurer de jolies opportunités. Au Maghreb, la compétition pour l’hégémonie politique régionale – avec notamment l’actif réarmement de l’Algérie – ouvre aussi des perspectives alléchantes pour les exportateurs d’armes.  

 

Les révélations de ces derniers jours, faisant état de futures ventes d’armes américaines d’un montant de plus de 20 milliards de dollars aux monarchies du Golfe, illustrent bien la tendance… « Ce qui est nouveau, mais qui est en fait un retour à la situation des années 1970-1980, c’est la volonté de diversification des pays arabes, explique Jean-Pierre Maulny, directeur adjoint de l’Institut des relations internationales et stratégiques (IRIS). Après la guerre du Golfe de 1991, les Américains raflaient tous les contrats. Aujourd’hui, le marché est à nouveau plus ouvert aux Européens. »  

 

Face au rouleau compresseur américain, les Européens doivent souvent sortir le grand jeu. « »Nous vous vendons ce que les Américains refusent de vous vendre* a souvent été un argument de négociation », confie un industriel. Washington n’exporte en effet que des versions dégradées de ses matériels. Ou garde un contrôle indirect par le biais de la maintenance, informatique notamment.  

 

Risques de réexportation  

 

Une politique qui pose des problèmes même avec d’étroits alliés. Le Japon vient de faire savoir son mécontentement face au refus américain de vendre son dernier chasseur F 22 Raptor. Les Britanniques ne digèrent pas que les Américains aient envisagé de garder pour eux les « codes sources » qui régissent tout le système d’armes du futur chasseur JSF. « C’est un argument très utilisé par les Russes, qui assurent, eux, qu’ils fournissent des versions complètes de leurs armements, explique un spécialiste, et ils reviennent d’ailleurs très forts dans tout le monde arabe. » Au grand dam de Washington et Tel Aviv, ils ont vendu des Mig 31E dernier cri à la Syrie. Et conclu d’énormes contrats – avions Mig et Soukhoï notamment – avec l’Algérie.  

 

« Dans le monde arabe, on joue toujours un peu avec le feu, explique Jean-Pierre Maulny, on vend à des pays peu démocratiques ou fragiles, ce qui est encore plus dangereux. » Les risques de réexportation ou de dissémination ne peuvent jamais être exclus. Même si les contrôles sont aujourd’hui beaucoup plus stricts : on n’en est plus aux temps de l’affaire Luchaire, au milieu des années 1980, quand des obus de 155 mm avaient été vendus à la Malaisie… qui ne possédait pas de canons de 155 mm. En fait, les munitions avaient abouti en Iran. « Ce qui va être fourni à la Libye est loin de pouvoir bouleverser l’équilibre régional et le régime de Tripoli n’a plus les mêmes méthodes qu’autrefois, commente Franck-Emmanuel Caillaud, président de l’Observatoire des industries stratégiques européennes (OISE) ; mais il y a toujours un petit risque de voir des missiles antichars ou antiaériens, des équipements de vision nocturne, terminer dans les mains d’une quelconque rébellion africaine… »  

 

Comme au Liban l’été dernier, quand les soldats israéliens ont trouvé aux mains du Hezbollah des lunettes de vision nocturne fournies par la Grande-Bretagne à l’Iran pour la lutte antidrogue. Ou des missiles antichars de dernière génération, apparemment vendus par la Russie à Téhéran ou Damas.  

 

Les Français ne sont qu’un acteur parmi d’autres sur le marché libyen. En mai, au cours d’une visite de Tony Blair, Tripoli et Londres ont signé un accord ouvrant la voie à des ventes d’armes, missiles antiaériens notamment. Comme l’a rappelé hier le ministre de la Défense, Hervé Morin, les Italiens, les Russes et d’autres sont sur les rangs.  

 

Les tentatives de l’après-guerre du Golfe de limiter les flux d’armements au Moyen-Orient semblent loin. À l’époque, les opinions publiques n’avaient pas compris que l’Irak ait pu être surarmé par tout le monde. « Les cinq plus grands exportateurs mondiaux – États-Unis, Russie, Grande-Bretagne, France, Chine – avaient entrepris de fixer des plafonds, rappelle Jean-Pierre Maulny, mais tout avait capoté fin 1992 quand Pékin s’était retiré, furieux de ventes d’armes américaines à Taïwan. » On espérait alors instaurer dans le monde arabe un équilibre stratégique par le bas. Aujourd’hui, on ne peut que souhaiter qu’il se fasse par le haut…

 

(Source : « Le Figaro » (Quotidien – France) , le 4 août 2007)

 


 

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