Fin d’un séminaire de formation pour les militants des Droits de l’Homme à Tunis
31/07/2007
Des responsables des Droits de l’Homme de l’ensemble du monde arabe se sont réunis à Hammamet pour un colloque de dix jours consacré à la formation aux Droits de l’Homme organisé par l’Institut Arabe des Droits de l’Homme. Ce colloque s’est terminé lundi 30 juillet.
Par Jamel Arfaoui pour Magharebia à Tunis – 31/07/2007
Le dix-septième séminaire annuel de formation des défenseurs des Droits de l’Homme de l’Institut Arabe des Droits de l’Homme (IADH) dans la région arabe s’est terminé lundi 30 juillet dans la ville tunisienne de Hammamet. Salhi Oussama, président de la Ligue Algérienne de la Pensée Juridique, a déclaré: « J’ai appris beaucoup de choses durant ce séminaire, qui nous a permis de nous familiariser avec les mécanismes des Droits de l’Homme et nous a présenté les moyens légaux qui nous permettront de répondre à nos adversaires dans ce domaine. »
A l’ouverture de ce séminaire de dix jours, Adam Abdelmoula, coordinateur régional de la Commission des Droits de l’Homme de Genève, a déclaré: « De telles formations sont importantes dans la région arabe, qui a besoin de spécialistes dans le domaine de la défense de ces droits. » M. Abdelmoula, diplômé du premier séminaire de l’IADH organisé il y a dix-sept ans, a déclaré à Magharebia: « Ces cours sont très importants pour donner aux défenseurs des Droits de l’Homme les moyens de leur action. Après l’expérience acquise par l’Institut, nous avons commencé à voir ses diplômés dans le monde entier, chargés de responsabilités importantes dans les organisations de lutte pour les Droits de l’Homme. »
Cette formation vise à familiariser les militants à la législation et aux chartes internationales relatives aux Droits de l’Homme, et à les former à définir le type et la nature des violations, ainsi qu’à parler avec les organisations internationales et les gouvernements des questions humanitaires survenant dans leurs pays.
Le programme de cette année bénéficiait du soutien des Nations-Unies et de la Fondation Ford, l’un des principaux parrainages de l’Institut, qui a formé plus de sept mille militants des Droits de l’Homme. Plus de vingt organisations arabes participaient à ces travaux.
Abdallah Ali Thabet, un militant saoudien indépendant, a déclaré: « J’ai pu très rapidement me familiariser avec tous les aspects juridiques et intellectuels dans le domaine des Droits de l’Homme. J’ai ainsi pu revoir nombre de concepts que j’avais mal interprétés. »
Avant le début de cette formation, Mokhtar Trifi, président de la Ligue Tunisienne pour la Défense des Droits de l’Homme, avait déclaré aux participants: « A l’issue de cette formation, vous connaîtrez l’étendue de l’importance de la maîtrise intellectuelle et juridique dans le domaine des Droits de l’Homme. »
Le président de l’IADH, Taieb Baccouche, a fait part de la détermination de son institut à assurer une formation très professionnelle et bien organisée. Il s’est dit fier de son institut, qui a réussi à « former des milliers de militants et de travailleurs dans ce domaine au travers de nombreux cours de formation — publics et privés, régionaux et nationaux —, ainsi qu’un grand nombre de personnes devenues elles-mêmes formatrices, dont beaucoup ont fondé des associations ou ont apporté leur soutien aux associations et aux institutions existantes. »
L’IADH est une organisation non gouvernementale arabe indépendante fondée en 1989 à l’initiative de l’Organisation Arabe des Droits de l’Homme, de l’Union des Avocats Arabes et de la Ligue Tunisienne de Défense des Droits de l’Homme, et avec le soutien du Centre des Nations-Unies pour les Droits de l’Homme. Cet institut a remporté le prix international de l’UNESCO pour l’Education aux Droits de l’Homme en 1992.
Soleil, farniente et portes provisoirement verrouillées
Les familles d’officiers exécutés réclament leur réhabilitation
L’ombre du terrorisme irakien au Maghreb,
Les Américains prennent la menace au sérieux. Entre la fin juin et le début juillet, trois responsables des problèmes de sécurité sont allés à Rabat : le directeur du FBI, Robert Mueller, celui de la CIA, Michael Hayden, et la conseillère du président Bush pour la sécurité intérieure, Frances Fragos Townsend. Les autorités espagnoles ont conseillé à leurs nationaux en partance pour le Maroc de « renforcer leur vigilance et d’éviter les endroits fréquentés ». En France, le Quai d’Orsay n’a pas fait de recommandation particulière.
Qui se cache derrière ce groupe terroriste dont le nom s’inspire d’un groupe éponyme toujours actif en Irak, où il est apparu il y a six ans avec, comme porte-drapeau, Abou Moussab Al-Zarkaoui, tué en 2006 lors d’un bombardement américain ? Les services de renseignement européens pensent que ses animateurs sont des islamistes marocains et algériens réfugiés en Espagne pour fuir la répression dans leur pays d’origine. Leurs collègues algériens, eux, se disent convaincus qu’il s’agit en réalité d’une branche de l’ex-Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC), active dans la bande sahélienne entre le Maroc, la Mauritanie et le nord du Mali.
Mais l’identité des terroristes est secondaire. Plus important est le phénomène dont ils témoignent : l’implantation au Maghreb de groupes terroristes qui jusqu’à présent privilégiaient l’Irak. Car il n’y pas qu‘Ansar al islam. L’appel à former une « Internationale du djihad » remonte à près d’une année. Il est venu du numéro deux d’Al-Qaida, Ayman Al-Zawahiri, lorsque, en septembre 2006, il a invité le GSPC, le dernier mouvement armé encore actif en Algérie, à rejoindre Al-Qaida. En janvier 2007 c’était chose faite. Le GSPC se sabordait et devenait l’Organisation d’Al-Qaida au pays du Maghreb islamique. Seule donc la « filiale » sahélienne, si l’on peut dire, a fait défection et choisi de se rallier au groupe Ansar al islam plutôt qu’à Al-Qaida. Entre les deux groupes, il y a peu de différences.
Depuis la réorganisation terroriste, trois attentats kamikazes identiques par le mode opératoire – un véhicule bourré d’explosifs fonce contre l’objectif – ont fait des dizaines de victimes en Algérie. L’imposant Palais du gouvernement, siège de plusieurs ministères, un commissariat de police proche de l’aéroport d’Alger, et une caserne militaire dans l’est du pays en ont été les cibles. Tous les attentats ont été revendiqués par la branche algérienne d’Al-Qaida. Auparavant, ce type d’action était très rare en Algérie. Un seul attentat kamikaze d’envergure a été enregistré en Algérie pendant la « sale guerre » des années 1990.
En rejoignant la mouvance Al-Qaida, font observer les spécialistes occidentaux, les islamistes maghrébins peuvent espérer avoir accès à des sources de financement et d’approvisionnement en matériel nouvelles et à une expertise technique qui vont les rendre plus redoutables. L’autre risque est que les nouveaux franchisés d’Al-Qaida élargissent leur champ d’action et privilégient des cibles européennes ou anglo-saxonnes aux pays du Maghreb ou au-delà. A ce jour, les craintes se sont révélées vaines. Aucune filière d’argent ou d’approvisionnement en armes n’a été démantelée au Maghreb qui remonterait au Proche-Orient. Et aucun attentat récent en Afrique du Nord n’a visé une cible occidentale. Les faits ont aussi démenti ceux qui redoutent de voir les islamistes algériens, marocains ou tunisiens unir leurs forces. La coopération est embryonnaire même si un groupe terroriste a été démantelé en Mauritanie, où se côtoyaient trois Marocains, un Mauritanien et un Saoudien. Chacun campe chez lui et ignore son voisin, quitte à faire preuve d’improvisation. En témoigne le comportement suicidaire du groupe de kamikazes démantelé au printemps à Casablanca par les services de sécurité marocains. Cernés par la police, les jeunes djihadistes se sont donné la mort en évitant les victimes collatérales.
C’est davantage dans l’autre sens que joue « l’Internationale djihadiste ». Les islamistes maghrébins partent vers l’Irak et, dans une moindre mesure, la Somalie bien plus qu’ils ne reçoivent de l’extérieur aide et conseils. « Pour tous les djihadistes, la priorité actuelle, c’est l’Irak, pas le Maghreb », observe Fernando Reinares, spécialiste de l’islamisme au Real Instituto Elcano de Madrid. « Les actions internes ne constituent pas la priorité des islamistes maghrébins. La filière marocaine, par exemple, est active dans le recrutement pour des opérations extérieures au royaume. Une centaine de Marocains ont été repérés en Irak. Pour la plupart ce sont des exécutants, des goumiers en quelque sorte« , confirmait un universitaire marocain, Mohamed El Ayadi, lors d’un colloque de l’Institut français des relations internationales, à Paris.
Même si rien de tangible à ce jour n’accrédite l’idée qu’Al-Qaida et sa mouvance sont en train d’essaimer au Maghreb, l’idée demeure. Elle sert les acteurs à quelque bord qu’ils appartiennent. Les Etats-Unis la mettent en avant pour justifier le bien-fondé de leur combat contre le terrorisme international. Aux régimes marocains, algériens et tunisiens, elle permet de développer un appareil sécuritaire et un arsenal répressif qui heurte les défenseurs des droits de l’homme. Enfin, en exportant son label, Al-Qaida apparaît aux yeux de ses sympathisants comme l’adversaire unique des croisés, les Occidentaux.
Les Européens comptent sur les pays arabes pour acheter leurs armes
ARNAUD DE LA GRANGE.
LES AMÉRICAINS ont le Pentagone ; les Européens, heureusement, ont le monde arabe. C’est en substance ce que disent les industriels de l’armement du Vieux Continent, qui ne bénéficient pas de l’effet d’échelle offert par la gargantuesque armée américaine. Pour les Français et les Britanniques, le Moyen-Orient est une bouffée d’oxygène vitale. Selon le Jane’s, les monarchies du Golfe ont consacré 35 milliards de dollars à leur défense en 2006. La région a représenté près de 30 % des ventes d’armes françaises sur la période 1996-2005, avec quelque 14,2 milliards d’euros de contrats. Les Émirats arabes unis, par exemple, ont acheté plus de chars Leclerc que l’armée française.
Dans le Golfe, les temps incertains, avec le bourbier irakien et la menace iranienne, combinés aux fortes recettes pétrolières, laissent augurer de jolies opportunités. Au Maghreb, la compétition pour l’hégémonie politique régionale – avec notamment l’actif réarmement de l’Algérie – ouvre aussi des perspectives alléchantes pour les exportateurs d’armes.
Les révélations de ces derniers jours, faisant état de futures ventes d’armes américaines d’un montant de plus de 20 milliards de dollars aux monarchies du Golfe, illustrent bien la tendance… « Ce qui est nouveau, mais qui est en fait un retour à la situation des années 1970-1980, c’est la volonté de diversification des pays arabes, explique Jean-Pierre Maulny, directeur adjoint de l’Institut des relations internationales et stratégiques (IRIS). Après la guerre du Golfe de 1991, les Américains raflaient tous les contrats. Aujourd’hui, le marché est à nouveau plus ouvert aux Européens. »
Face au rouleau compresseur américain, les Européens doivent souvent sortir le grand jeu. « »Nous vous vendons ce que les Américains refusent de vous vendre* a souvent été un argument de négociation », confie un industriel. Washington n’exporte en effet que des versions dégradées de ses matériels. Ou garde un contrôle indirect par le biais de la maintenance, informatique notamment.
Risques de réexportation
Une politique qui pose des problèmes même avec d’étroits alliés. Le Japon vient de faire savoir son mécontentement face au refus américain de vendre son dernier chasseur F 22 Raptor. Les Britanniques ne digèrent pas que les Américains aient envisagé de garder pour eux les « codes sources » qui régissent tout le système d’armes du futur chasseur JSF. « C’est un argument très utilisé par les Russes, qui assurent, eux, qu’ils fournissent des versions complètes de leurs armements, explique un spécialiste, et ils reviennent d’ailleurs très forts dans tout le monde arabe. » Au grand dam de Washington et Tel Aviv, ils ont vendu des Mig 31E dernier cri à la Syrie. Et conclu d’énormes contrats – avions Mig et Soukhoï notamment – avec l’Algérie.
« Dans le monde arabe, on joue toujours un peu avec le feu, explique Jean-Pierre Maulny, on vend à des pays peu démocratiques ou fragiles, ce qui est encore plus dangereux. » Les risques de réexportation ou de dissémination ne peuvent jamais être exclus. Même si les contrôles sont aujourd’hui beaucoup plus stricts : on n’en est plus aux temps de l’affaire Luchaire, au milieu des années 1980, quand des obus de 155 mm avaient été vendus à la Malaisie… qui ne possédait pas de canons de 155 mm. En fait, les munitions avaient abouti en Iran. « Ce qui va être fourni à la Libye est loin de pouvoir bouleverser l’équilibre régional et le régime de Tripoli n’a plus les mêmes méthodes qu’autrefois, commente Franck-Emmanuel Caillaud, président de l’Observatoire des industries stratégiques européennes (OISE) ; mais il y a toujours un petit risque de voir des missiles antichars ou antiaériens, des équipements de vision nocturne, terminer dans les mains d’une quelconque rébellion africaine… »
Comme au Liban l’été dernier, quand les soldats israéliens ont trouvé aux mains du Hezbollah des lunettes de vision nocturne fournies par la Grande-Bretagne à l’Iran pour la lutte antidrogue. Ou des missiles antichars de dernière génération, apparemment vendus par la Russie à Téhéran ou Damas.
Les Français ne sont qu’un acteur parmi d’autres sur le marché libyen. En mai, au cours d’une visite de Tony Blair, Tripoli et Londres ont signé un accord ouvrant la voie à des ventes d’armes, missiles antiaériens notamment. Comme l’a rappelé hier le ministre de la Défense, Hervé Morin, les Italiens, les Russes et d’autres sont sur les rangs.
Les tentatives de l’après-guerre du Golfe de limiter les flux d’armements au Moyen-Orient semblent loin. À l’époque, les opinions publiques n’avaient pas compris que l’Irak ait pu être surarmé par tout le monde. « Les cinq plus grands exportateurs mondiaux – États-Unis, Russie, Grande-Bretagne, France, Chine – avaient entrepris de fixer des plafonds, rappelle Jean-Pierre Maulny, mais tout avait capoté fin 1992 quand Pékin s’était retiré, furieux de ventes d’armes américaines à Taïwan. » On espérait alors instaurer dans le monde arabe un équilibre stratégique par le bas. Aujourd’hui, on ne peut que souhaiter qu’il se fasse par le haut…