TUNISNEWS
7 ème année, N° 2387 du 04.12.2006
CNLT: Graves violation des libertés de réunion et de circulation
C.R.L.D.H. Tunisie: ** Blocage des fonds de l’Association Tunisienne des Femmes Démocrates (ATFD) ** Le Forum Démocratique pour le Travail et les Libertés (FDTL) privé de journal ** Un Cinquième mandat pour le Général BEN ALI !!** Informations en bref.
Luiza Toscane: Pas de nouvelles… Mauvaises nouvelles – L’inquiétude de Monia Jelassi vire au cauchemar
La communauté Tunisienne au Qatar: A Son Excellence Monsieur le Président De La République Tunisienne. AFP: Tunisie : un parti d’opposition autorisé à publier un journal AFP: Italie : 50 clandestins interceptés en mer sur un voilier de plaisanceAFP: Finale CAF: Le docteur de l’équipe des FAR Rabat agressé à Sousse AFP: Tentative de suicide d’un Egyptien au centre de rétention de Marseille
Le Temps: 11ème congrès de l’Association des magistrats tunisiens – Modération, neutralité, transparence Le Temps: Entretien Fadhel Jaïbi, homme de théâtre “Je n’écris pas pour ceux qui font l’histoire, j’écris pour ceux qui la subissent…” |
Graves violation des libertés de réunion et de circulation
C.R.L.D.H. Tunisie
Comité pour le Respect des Libertés et des Droits de l’Homme en Tunisie
Membre du Réseau Euro méditerranéen des Droits de l’Homme
21ter rue Voltaire – FR-75011 PARIS – Tel/Fax : 00.33. (0)1.43.72.97.34
contact@crldht.org / www.crldht.org
FLASH-INFOS
** Blocage des fonds de l’Association Tunisienne des Femmes Démocrates (ATFD)
** Le Forum Démocratique pour le Travail et les Libertés (FDTL) privé de journal
** Un Cinquième mandat pour le Général BEN ALI !!
** Informations en bref.
Blocage des fonds de l’Association Tunisienne des Femmes Démocrates (ATFD) :
L’Association Tunisienne des Femmes Démocrates (ATFD) est l’une des rares associations indépendantes dans la Tunisie de Ben Ali. Le prix de cette autonomie est depuis, très cher payé puisque les autorités tunisiennes ont pris la décision de bloquer les fonds de cette organisation et par là de la paralyser et de mettre fin au rôle qu’elle joue dans la lutte démocratique et pour une citoyenneté effective pour les femmes tunisiennes.
Cette politique d’asphyxie économique a été appliquée depuis août 2002 à l’encontre de la Ligue Tunisienne de Défense des Droits de l’Homme (LTDH) lorsque le pouvoir a bloqué les subventions européennes qui lui ont été attribuées par Bruxelles au motif que la loi interdit l’utilisation de fonds étrangers par les associations «d’intérêt national» !! Cette mesure répressive a été en réalité un premier pas vers une marginalisation totale de la LTDH et une menace réelle de son existence.
Créée en août 1989, l’ATFD a été fondée par le mouvement autonome des femmes qui, depuis les années 1970, a eu à travers différentes expériences et structures et multiples courants féministes indépendants, des formes diverses d’expression. A l’instar des organisations nationales autonomes, l’ATFD se bat dans des conditions d’étouffement politique sans précèdent pour préserver son indépendance et garantir lune égalité totale et effective entre les sexes.
Depuis quelques jours, la Banque de Tunisie où se trouve le compte de l’ATFD, vient d’exiger qu’elle produise un certificat du ministère de l’Intérieur l’autorisant à disposer des fonds qui lui ont été virés par une ONG internationale depuis le mois de mai 2006. Ce virement correspond à la dernière tranche d’un financement d’un projet maghrébin pour l’égalité des femmes ; les deux premières ont été libérées sans le moindre incident. Or la loi exige seulement que l’association informe le ministère des fonds qu’elle reçoit, c’est ce que l’ATFD a fait en envoyant en septembre 2006 un courrier informant le ministère de l’Intérieur de ce virement. En vain.
Ce n’est pas la première fois que l’ATFD se voit confrontée à des telles mesures puisqu’en 2005, un virement envoyé par l’ONG Global human rights fund (GHRF) a été également bloqué.
Connaissant la nature dictatoriale de ce régime et sachant maintenant ce qui a suivi le gel des fonds alloués à la LTDH, notre crainte est que le même sort soit réservé à l’ATFD et que cette mesure n’est qu’un premier pas vers des décisions plus graves touchant l’organisation dans son fondement et son existence.
Le CRLDHT est consterné face à cette nième guerre annoncée à l’encontre des défenseurs des droits humains et leurs institutions respectives ; il exige la levée immédiate de ce blocage et l’arrêt de ce harcèlement sans fin des organisations indépendantes de défense des droits et notamment l’ATFD.
Il exprime à Mme Khédija CHERIF, présidente de l’association et toutes les militantes son soutien total face à cette injustice qui les frappe et lance un appel à tout le mouvement associatif régional et international de se mobiliser pour défendre la cause de ces femmes dans leurs luttes pour l’égalité et la dignité.
Le Forum Démocratique pour le Travail et les Libertés (FDTL) privé de journal :
Après huit ans de traversée du désert, le Forum démocratique pour le travail et les libertés (FDTL), parti politique d’opposition démocratique, dirigé par le Dr Mustapha Benjaâfar, vit depuis sa reconnaissance légale le 25 octobre 2002 la persécution en tout genre : Interdictions répétées de réunions, arrestations et emprisonnements des militants, surveillance continue du siège du parti, manœuvres de déstabilisation, violence et harcèlement des militants et des citoyens venant à la rencontre des responsables du parti ( Se référer aux communiqués du FDTL du 21/03/2004, 02/02/2005…).
Ces atteintes aux libertés interviennent en réalité dans un contexte de verrouillage sans précédent de l’action politique et frappent les véritables partis politiques qui ne disposent d’aucune marge de manœuvre puisque leurs sièges sont sous surveillance policière constante, leurs militants harcelés, leurs téléphones sous écoute permanente, privés d’accès aux espaces publics et de toute subvention publique ; Celle ci est considérée comme un don réservé aux partis dits “parlementaires” que le pouvoir récompense pour leur allégeance.
Le jeudi 16 novembre 2006, le Dr Mustapha Benjaâfar, secrétaire général du FDTL et le Dr Khelil Ezzaouia, membre du bureau politique, se sont déplacés au Ministère de l’intérieur pour enregistrer un avis concernant la publication du futur journal du parti, conformément à la loi en vigueur. Toutes les portes du ministère et du gouvernorat de Tunis leurs sont fermées et aucun responsable digne de ce nom n’ose se manifester ou même daigner répondre au téléphone ! Le message est donc clair. Le FDTL sera privé d’un journal comme moyen d’expression et un des droits les plus élémentaires d’un parti légal.
Le CRLDHT exprime sa consternation face à ces pratiques voyous qui n’en finissent pas et qui bafouent aussi bien la Constitution et la loi du pays que les droits fondamentaux des citoyens à l’expression et à la communication libre.
Il exprime au Dr Mustapha Benjaâfar et à tous les militants du FDTL son respect au combat qu’ils mènent pour l’instauration d’un Etat de droit digne de la Tunisie et de son peuple.
Un Cinquième mandat pour le Général BEN ALI !!
Comme prévu, et trois ans avant la date fatidique, les grandes manœuvres des élections législatives et présidentielles de 2009 ont été lancées. Un début d’offensive s’est mis en marche depuis quelques semaines orchestré par la chambre tunisienne des Conseillers (Sénat), la chambre des députés (le parlement) et l’Union tunisienne de l’industrie, du commerce et de l’artisanat (UTICA), qui ont exhorté le président Ben Ali à briguer un cinquième mandat à la présidence du pays en 2009 ! La presse aux ordres était là pour donner le ton et annoncer l’ouverture du festival électoral, et gare à celui qui ose le perturber.
Au pouvoir depuis novembre 1987, Ben Ali a organisé en mai 2002 un référendum afin de modifier la Constitution et supprimer toute limitation du nombre de mandats. Cette « réforme constitutionnelle » a instauré la présidence à vie, rendu impossible toute alternance démocratique et pacifique et assuré l’impunité du chef de l’Etat pendant et après l’exercice de ses fonctions. Après plus de 19 ans de pouvoir absolu, Ben Ali se met tôt en besogne pour bloquer toute perspective d’alternance du pouvoir et mettre la société toute entière devant le fait accompli.
Cette manœuvre survient dans un contexte de tension extrême fait de répression féroce des moindres manifestations pacifiques et le musellement de toutes les voix qui s’élèvent pour réclamer le respect des droits et des libertés.
Après avoir attaqué tous les espaces associatifs indépendants et anéanti la plupart d’entre eux à commencer par la Ligue tunisiennes des droits de l’Homme (LTDH), le Conseil National pour les Libertés en Tunisie (CNLT), le Conseil national de l’Ordre des avocats, l’Association des magistrats tunisiens (ATM), l’Association tunisienne des Femmes démocrates (ATFD) et l’Association tunisienne des Jeunes avocats (ATJA), de la même manière, il s’est tourné vers les partis politiques d’opposition et notamment ceux qui constituent le Collectif 18 octobre pour les Droits et les Libertés à savoir le Parti démocrate Progressiste (PDP), Le Forum Démocratique pour le Travail et les Libertés (FDTL), le Parti Communiste des Ouvriers de Tunisie (PCOT), le Congrès Pour la République (CPR)… pour leurs imposer le même traitement, sans oublier les plusieurs centaines de prisonniers politiques et d’opinion qui croupissent dans les prisons après avoir connu la torture et les mauvais traitements.
A cela s’ajoute une politique mafieuse marquée tout le long de ces 19 ans par la corruption, le népotisme, le pillage économique et l’injustice sociale.
Le CRLDHT refuse cet état de fait et considère que cette nouvelle domestication de la société est inacceptable ; il exhorte l’ensemble de l’opposition démocratique dans sa diversité et ses différences de faire face à cette manipulation gravissime. On ne peut pas réduire en cendres les espoirs de tous les démocrates tunisiens en un avenir meilleur parce qui leurs garantit le respect et le plein exercice de leurs droits et de leurs libertés…Affaire à suivre.
Informations en bref :
Des grèves de la faim un peu partout dans le pays :
Abdelhamid Jelassi et Bouraoui Makhlouf, en prison depuis plus de quinze années pour leur appartenance au mouvement de la Nahdha, sont en grève de la faim illimité depuis le 05 novembre pour exiger leur libération et protester contre les mauvaises conditions carcérales qui sont les leurs. Transférés dès le début de la grève, le premier à la prison de Messaadine et le second à la prison de Monastir, leurs états de santé se sont dégradés et les familles vivent dans l’angoisse en raison de l’obstination des prisonniers à poursuivre leur action et l’attitude irresponsable de l’administration pénitentiaire qui fait la sourde oreille.
Pour M. Hédi Ghali, il a arrêté sa grève le samedi 25 novembre, trois semaines après. Sa mère, Mme Badiâa Ghali âgée de 67 ans, ainsi que ses trois frères Fethi, Faouzi et Yasser, ont tous entamé le vendredi 30 novembre 2006 une grève de la faim de 24 h en solidarité avec leur fils Hédi, incarcéré depuis plus de 15 ans. La famille de Hédi Ghali demande l’amélioration de ses conditions carcérales et exige sa libération.
En même temps, M. Sami Amroussia, militant actif de la centrale syndicale étudiante l’UGET, poursuit sa grève de la faim depuis le 30 octobre 2006 pour protester contre son expulsion de son université en raison de ses activités syndicales et de sa condamnation à 2 mois de prison avec sursis. Le dimanche 03/12/2006, un grand nombre de personnalités et de défenseurs des droits humains ont accompagné, pendant 24h Sami dans sa grève de la faim en signe de solidarité et pour exiger son droit aux études. Il s’agit notamment de Maître Radhia Nasraoui, M. Moncef Marzouki, M ; Ridha Barakati, Mme Afef Bennacer, M. Fahem Boukaddous, M. Samir Tamallah, M. Ammar Amroussia, Mme Najet Hosni…
Quant à M. Abdelhamid Sghaïer, étudiant en troisième cycle, il a repris sa grève de la faim depuis plus de 15 jours pour protester contre sa privation de passeport et exiger son droit à la circulation.
Le 10ème congrès de la Fédération des Tunisiens pour une Citoyenneté des deux Rives (FTCR) :
Les 24 et 25 novembre 2006 s’est tenu à Paris le 10ème congrès de la Fédération des Tunisiens pour une Citoyenneté des deux Rives (FTCR), l’une des plus anciennes associations au service de l’immigration.
Les attaques répétés aux droits fondamentaux des immigrés et des réfugiés en France et en Europe ont été au centre du débat au sein du congrès qui a décidé de développer les luttes en faveur des droits fondamentaux des immigrés et mener les batailles nécessaires pour l’égalité des droits, aux côtés de ses partenaires traditionnels.
Le CRLDHT présente à M. Mohiedine Cherbib, l’un des fondateurs de la fédération depuis plus de trente deux ans et un militant infatigable de toutes les causes, élu nouveau président de la FTCR et à toute l’équipe dirigeante ses félicitations pour la confiance des délégués et les nouvelles responsabilités qui les incombent et leurs souhaite de la réussite dans leur lutte qui est aussi la nôtre.
Le 10ème anniversaire du CRLDHT :
Le CRLDHT fête les 15 et 16 décembre prochain ses dix ans de lutte pour les droits et les libertés en Tunisie.
Nous proposons de faire de cet anniversaire un moment de convivialité dans le cadre d’une soirée réception que nous organisons, le vendredi 15 décembre 2006.
Cette soirée sera dédiée à Me Abbou et à tous les prisonniers politiques en Tunisie.
Un hommage sera rendu à nos amis militants disparus : Ahmed Othmani, Manuel Brédier et Adel Arfaoui
Nous souhaitons en faire aussi un moment d’échanges et de réflexion avec nos amis et partenaires sur des préoccupations communes telles que les perspectives de l’action de notre Comité à travers deux ateliers qui se tiendront le samedi 16 décembre 2006 ;
Le premier atelier portera sur la problématique de la démocratisation en Tunisie et son articulation avec les acteurs des droits de l’homme.
Le second traitera du positionnement des acteurs de la société civile par rapport aux Accords d’association en termes d’approche et de stratégie au vu du bilan critique qu’ils tirent de l’expérience de ces dix dernières années en la matière.
Le programme en détails est publié à part.
Le CRLDHT
Le : 04/12/2006
Pas de nouvelles… Mauvaises nouvelles L’inquiétude de Monia Jelassi vire au cauchemar
A Son Excellence Monsieur le Président De La République Tunisienne.
Doha, 04 Décembre 2006 Nous venons par la présente vous adresser un nouveau cri d’alarme concernant la mise en jeu des intérêts de nos enfants élèves de l’école Tunisienne de Doha.
Monsieur, notre communauté à Doha a connu durant ces deux dernières décennies un intérêt spécial de votre part et on a toujours répondu présent à l’appel de l’intérêt national dans les diverses actions lancées par notre ambassade, or depuis la fermeture de cette ambassade pour aussi l’intérêt national on a continuer a exercer notre devoir dans ce pays d’accueil tout en gardant la bonne image de marque déjà acquise par notre colonie.
Monsieur, comme vous le savez on a eu la chance d’avoir une école dans ce pays et on a toujours œuvré pour son développement sous les commandements des ambassadeurs, mais depuis l’absence de notre ambassade cette école a pris un dérapage dangereux dans la gestion quotidienne et ce par les manœuvres du coordinateur général qui nuisent au statut de notre école et de notre communauté dont on pourra vous citer ci-dessous quelques-unes :
– Propos mensongères chaque semaine dans les quotidiens de la place qui mettent en cause la crédibilité de l’école et son image de marque (la dernière apparition en date du 03/12/2006 dans le quotidien Acharq d’une photo du coordinateur général avec une femme au comportement douteux connue dans l’entourage de notre communauté par ses relations louches)
– Recrutement récent sans critères de priorité sauf le piston d’un de ses mouchards qui les utilise dans des actes pourris et ce après avoir céder une institutrice a l’école Française en pleine période d’examens rien que pour plaire au Français sans tenir compte des intérêts de nos élèves.
– Création de clans au sein de l’école pour assurer ses intérêts.
– Mauvaise gestion des ressources humaines et financières de l’école avec la complicité du financier d’où un déficit inimaginable.
– Menaces des professeurs célibataires habitant l’école de les renvoyer des chambres de service tant qu’ils n’adhèrent pas à ses combines fallacieuses…
Monsieur Le Président tous les dépassements ont été remontes au premier responsable de l’organisation Tunisienne de l’éducation et de la famille l’organisme tutelle depuis longtemps mais en vain et celles qu’on vient de vous les énumérer ne sont que les récentes (après fermeture de l’ambassade) de ces faits nous vous demandons Monsieur le Président de bien vouloir ordonner une commission d’enquête et de réflexion afin de sauver notre bien chère école des mains de ce soit disant coordinateur général n’ayant aucun rapport avec l’éducation et l’enseignement ni par son niveau intellectuel ni par ses comportements illicites.
Veuillez agréer Monsieur Le Président nos profonds respects.
Au nom de la communauté Tunisienne au Qatar
Tunisie : un parti d’opposition autorisé à publier un journal
Italie : 50 clandestins interceptés en mer sur un voilier de plaisance
AFP, le 3 décembre 2006 à 18h12
ROME, 3 déc 2006 (AFP) – Cinquante immigrés clandestins ont été interceptés samedi soir en mer par les forces de l’ordre italiennes sur un voilier de luxe, au large des Pouilles (sud-est), a-t-on appris de la Garde des finances (douanes).
Les immigrés clandestins, 30 hommes et 20 femmes, dont une vingtaine de mineurs, ont déclaré être Irakiens. Selon leur témoignage, leur périple est passé par le Liban, la Turquie et la Grèce, mais ils n’ont pas précisé à quel moment les passeurs les ont fait grimper sur un voilier de luxe, plus précisément un modèle “Beneteau 50”.
“Le voilier bat pavillon américain, il mesure une quinzaine de mètres, il est même équipé pour disputer des régates”, a expliqué à l’AFP un responsable de la Garde des Finances de Lecce (Pouilles).
“Le plus vraisemblable est qu’il soit le butin d’un vol effectué par les passeurs”, a ajouté cette source.
Depuis plusieurs semaines, les forces de l’ordre assistent à une recrudescence des arrivées par bateau d’immigrés clandestins sur les côtes des Pouilles, alors que le phénomène avait quasiment disparu après les arrivées massives dues à la guerre du Kosovo.
Jeudi, deux immigrés clandestins qui tentaient la traversée entre la Tunisie et l’Italie en scooter des mers avaient été secourus par les garde-côtes alors qu’ils étaient en panne d’essence au large de l’île italienne de Pantelleria, au sud de la Sicile.
Généralement, les traversées ont lieu sur de minuscules embarcations ou sur de vieux chalutiers. La route la plus traditionnelle part du nord de la Libye pour s’achever 300 km plus au nord, sur la petite île de Lampedusa située sous la Sicile.
Coupe de la CAF – Sacre de l’Etoile du Sahel qui résiste aux FAR
Par Imed LAMLOUM
AFP, le 2 décembre 2006 à 21h19
SOUSSE (Tunisie), 2 déc 2006 (AFP) – Le club tunisien de l’Etoile du Sahel a remporté sa troisième Coupe de la Confédération africaine de football (CAF) en obtenant un match nul de haute lutte
(0-0) face au tenant du titre, les FAR (Forces armées royales) Rabat, en finale retour, samedi à Sousse.
L’Etoile du Sahel, déjà sacrée en 1995 et 1999, remporte la finale au bénéfice du but marqué à l’extérieur au match aller (1-1).
Les Tunisiens, qui ont dominé pratiquement toute la rencontre, ont résisté aux dernières attaques des FAR, malgré une fin de match agitée suite à un but refusé aux FAR dans le temps additionnel pour
un hors-jeu très contesté par le camp marocain.
Contraints d’inscrire au moins un but, les “soldats” des FAR étaient les premiers à l’attaque mais Mathlouthi, le gardien de l’Etoile, interceptait un centre dangereux de Loutfi (16) tandis que Ouaddouch tirait loin du cadre peu après.
“Les diables rouges” de l’Etoile répliquaient en contres et Gilson, d’un tir à ras de terre au milieu de la défense marocaine, obligeait El Jarmouni à une belle parade (21).
Narry était ensuite sur le point d’inscrire le premier but pour l’Etoile suite à un ballon dégagé hasardeusement par El Jarmouni, mais il tirait loin du cadre.
Fin mouvementée
Plus agressifs et plus en jambes, les Tunisiens prenaient ensuite le dessus et le même Narry gâchait le bon travail de Gilson sur le flanc droit, tirant nettement au dessus du cadre, en tentant un geste acrobatique.
De retour des vestiaires, l’Etoile maintenait le même rythme. El Jarmouni puis le poteau détournaient un joli tir sur coup franc de Nafkha (56) et peu après, Meriah tirait loin du cadre. La tête de Chikhaoui trouvait ensuite les bras d’El Jarmouni après un centre parfait de Nafkha.
Repliés en défense, les Marocains subissaient la pression en envoyant de longs ballons vers Loutfi, Ouadouch et El Bahri, totalement isolés en attaque. L’Etoile monopolisait encore la balle à dix minutes de la fin du match, sans toutefois inquiéter la défense marocaine très bien organisée, avant de resserrer les rangs pour conserver ce résultat synonyme de sacre.
Avec leur gardien venu prêter main forte en attaque, les FAR inscrivaient un but à l’ultime minute de la rencontre (90+5), refusé pour un hors-jeu qui provoquait la colère des visiteurs. Après une longue interruption du jeu suite à la contestation des Marocains, le match reprenait pour quelques instants avant le coup de sifflet final de l’arbitre intervenant au terme de douze minutes de temps additionnels
AFP
Finale CAF: Le docteur de l’équipe des FAR Rabat agressé à Sousse
AFP, le 3 décembre 2006 à 14h40
RABAT, 3 déc 2006 (AFP) – Boujemaâ Zahi, docteur de l’équipe marocaine des FAR Rabat, a été violenté par des policiers tunisienslors de la finale retour de la Confédération africaine de football (CAF), remportée samedi par les Tunisiens de l’Etoile du Sahel, a rapporté dimanche la presse marocaine. “Le lieutenant-colonel Boujemaâ Zahi, docteur des FAR, a été agressé par des agents de sécurité tunisiens alors qu’il protestait contre des injures d’un autre policier en civil”, a rapporté l’agence marocaine de presse Map.
Cet incident est survenu après le but du club marocain (90+5) refusé pour “hors jeu” par l’arbitre sud-africain Daniel Benett, a indiqué pour sa part la télévision nationale.
Cette finale a connu sur la pelouse une fin mouvementée quand des bagarres impliquant les joueurs des deux camps et des policiers ont éclaté au sujet de la validité du but, considéré comme “valable”
par les Marocains.
Si ce but avait été avalisé alors que les deux adversaires étaient à égalité (0-0) à Sousse, les FAR, tenant du titre, aurait conservé le trophée après avoir concédé à Rabat le nul (1-1) en
finale aller.
Le Français Henri Stambouli, entraîneur du club militaire des FAR, a estimé pour sa part après le match que ses joueurs ont réussi
à “secouer les filets du Sahel mais l’arbitre a refusé leur but. Je suis sincèrement déçu pour le public marocain de voir échapper le titre”.
Le club tunisien de l’Etoile du Sahel qui a réussi à conserver le match nul devant son public (0-0) a finalement remporté sa 3e Coupe de la CAF, l’emportant grâce au but marqué à l’extérieur.
AFP
Tentative de suicide d’un Egyptien au centre de rétention de Marseille
11ème congrès de l’Association des magistrats tunisiens
Modération, neutralité, transparence
Sous le signe de l’indépendance du pouvoir judiciaire comme garantie de la justice, l’Association des magistrats tunisiens a tenu, ce dimanche 3 décembre 2006, à Gammarth, dans la banlieue nord de Tunis, son 11ème congrès ordinaire, avec la participation de près de 1000 magistrats qui n’ont pas caché leur satisfaction d’entendre le ministre de la Justice et des Droits de l’Homme, M. Béchir Tekkari, à l’ouverture des travaux, affirmer l’attachement du gouvernement à ce principe, à travers sa consécration au moyen d’une panoplie de mesures concrètes et exemplaires par leur contenu et leur diversité.
Passant en revue ces acquis « qui ont fait de l’expérience tunisienne en matière de justice un modèle dans le monde », le ministre a signalé l’attention soutenue portée à l’amélioration de la situation matérielle et professionnelle des magistrats et à la modernisation de l’institution judiciaire de manière à élever son rendement au niveau des normes internationales.
A cet égard, le ministre a insisté sur le rôle dévolu à l’Association des magistrats tunisiens dans l’encadrement des préoccupations des magistrats et la recherche de solutions aux problèmes qu’ils peuvent rencontrer dans l’accomplissement de leur mission, soulignant en substance « qu’autant l’Association se montre proche de tous les magistrats, collant à leurs préoccupations et évitant d’être exploitée à des fins étrangères à ses nobles objectifs, autant nous sommes disposés à l’écouter avec la sollicitude requise et à donner suite à ses demandes.
Au nombre des nouvelles réalisations matérielles accomplies en faveur des magistrats, le ministre a annoncé, au milieu des applaudissements nourris de l’assistance, la prochaine ouverture du nouveau siège de l’amicale des magistrats, à côté du Palais de Justice de Tunis, conçu pour offrir un espace à la hauteur de la position des magistrats et toutes les prestations dont ils ont besoin, de même qu’il doit permettre aux magistrats de l’intérieur du pays d’y résider pour quelques jours, dans les meilleures conditions de confort, à des prix étudiés.
Il a, en outre, signalé, au milieu des applaudissements, le programme tendant à permettre à chaque magistrat l’acquisition et l’utilisation d’un ordinateur portable de manière à assurer davantage de diligence et d’efficacité au travail judiciaire, parallèlement au renforcement des moyens d’intervention de l’amicale et ses prestations, s’agissant, notamment, des loisirs et de la protection sanitaire au profit des magistrats et de leurs familles.
Dans son allocution de bienvenue, M. Khaled Abbès, président sortant de l’Association a notamment rappelé la haute sollicitude du Président de la République, Président du Conseil Supérieur de la Magistrature, envers ce corps de métier, lui conférant la place qu’il lui sied et veillant à lui préserver son autonomie. La sollicitude présidentielle, rappelle-t-il, se traduit par la révision de certains textes ce qui représente une garantie tant pour la magistrature que pour les justiciables.
Déroulement des travaux
Après la présentation du rapport moral et du rapport financier qui a suivi la cérémonie d’ouverture, les travaux se sont poursuivis par l’élection du bureau de présidence du congrès, composé de M. Mohamed Habib Youssef, Procureur Général près la Cour d’appel de Tunis, en qualité de président, et de MM. Tahar Seliti, président de la Chambre Criminelle à la même Cour et Néjib Maoui, Procureur de la République près le tribunal de première instance de Tunis, en tant que vice-présidents.
Il a été, ensuite, procédé, à l’élection des trois commissions du congrès, en l’occurrence la commission de rédaction, la commission de vote et la commission de dépouillement, avant de passer à la discussion du rapport moral et du rapport financier qui a très peu duré, trois participants seulement ayant pris la parole, de sorte que le rapport moral et le rapport financier, ont été, ainsi, vite adoptés à l’unanimité, ce qui a permis aux congressistes d’entamer tôt l’élection du nouveau bureau exécutif de l’Association, enjeu principal du congrès.
Au total, quinze magistrats ont présenté leur candidature au nouveau bureau exécutif qui se compose de sept magistrats issus des tribunaux de Tunis, Bizerte et Nabeul, conformément à un amendement apporté aux statuts de l’Association en juillet 2006, alors qu’il se composait, auparavant, de neuf membres dont sept magistrats issus des tribunaux de Tunis, Bizerte et Nabeul et deux magistrats des autres régions.
Salah BEN HAMADI
15 candidats
Quinze membres se sont présentés à l’élection du nouveau bureau exécutif de l’Association des magistrats tunisiens dont six du bureau sortant, à savoir Khaled Abbès, vice-président du tribunal de première instance de Manouba, Hassine Haj Messaoud, juge conseiller à la Cour des comptes, Chokri Ben Salem, vice-président du tribunal de première instance de l’Ariana, Riadh Gharbi, vice-président du tribunal de première instance de Tunis, Tarek Brahem, président de la Chambre criminelle au tribunal de première instance de Tunis, Adnane Hani, conseiller à la Cour de cassation.
Les autres candidats sont Tahar Ben Turkia, vice-président du tribunal de première instance de l’Ariana, Abdelkerim Soukni, conseiller à la Cour d’appel de Nabeul, Hatem Dachraoui, président du tribunal de première instance de Ben Arous, Khadija Mzoughi, juge cantonal à Carthage, Inès Moatter, juge de l’entreprise au tribunal de première instance de Tunis, Makram Médiouni, juge au tribunal de première instance de Tunis, Saber Bouati, juge cantonal à El Ouardia, Hatem Ben Ameur, juge rapporteur au tribunal foncier, et Hatem Hfaïedh, procureur général adjoint près le tribunal de première instance de Tunis.
Un autre membre du bureau exécutif sortant, remplissant les nouvelles conditions d’éligibilité, Mohamed Adel Ben Ismaïl avait présenté sa candidature mais il l’a retirée, il y a deux jours.
S.B.H
Les à-côtés
• Un message de considération aux magistrats tunisiens émanant du Président Zine El Abidine Ben Ali a été adressé aux congressistes et lu devant eux par le président du congrès. Les participants ont envoyé, à leur tour, un message de remerciements et de reconnaissance au Chef de l’Etat.
• Les participants et les journalistes ont noté la bonne organisation du congrès malgré le nombre élevé des congressistes, notamment en ce qui concerne les documents nécessaires qui étaient, abondamment disponibles et distribués, à temps, à tout le monde, ainsi que les badges de présence.
• L’élection des commissions s’est déroulée dans l’enthousiasme, tant beaucoup de congressistes voulaient en faire partie, s’agissant, en particulier, de la commission de vote et de la commission de dépouillement. Ainsi, 21 membres composaient la commission de vote et autant la commission de dépouillement, contre 8 pour la commission de rédaction. Pourtant, chaque candidat au nouveau bureau exécutif avait le droit de se faire représenter par deux observateurs, dans chaque commission.
S.B.H
Les septs élus :
Adnen Héni 529
Tarek Braham 519
hatem dachraoui 516
Khadija Mzoughi 417
Iadh Gharbi 381
Tahar Ben Turkia 371
Chokri Ben Salah 316
(Source : « Le Temps » (Tunisie), le 4 décembre 2006)
Entretien Fadhel Jaïbi, homme de théâtre
“Je n’écris pas pour ceux qui font l’histoire, j’écris pour ceux qui la subissent…”
Fadhel Jaïbi n’est pas seulement un metteur en scène, un réalisateur, un dramaturge, un théoricien, sans l’avouer il est comme Peter Brook, pour lui, le théâtre est une fin, le théâtre est aussi le moyen de faire parler la communauté, d’inquiéter, de donner un peu de quiétude…
Rideau ouvert donc durant une conversation avec Fadhel, qui ne cesse d’explorer les profondeurs et les ombres.
Rideau ouvert… actualité oblige… “Junun” aux JCC, qui devrait être diffusé bientôt et “corps-otages”, sa dernière création théâtrale, qui fait couler beaucoup d’encre…
Le Temps : “Junun” est sans doute la synthèse de votre travail, le spectacle, le film disent la folie, l’aliénation, la dépossession de soi, les conséquences catastrophiques de la collectivité institutionnelle ou familiale sur l’individu, sur sa liberté…
Fadhel Jaïbi : Nous ne faisons que continuer notre travail, Jalila et moi, nous sommes, vous le savez, héritiers d’une longue tradition aristotélicienne de l’art et nous mettons en scène des personnages mythiques, des héros atypiques. Nous puisons dans une mythologie quotidienne, fascinés par les personnages singuliers. Le théâtre doit donner voix aux damnés de la terre, à ceux qui sont maudits par les dieux, aux héros qui forcent l’identification, à ceux qui suscitent la catharsis, les personnages frappés du sceau, du destin, ceux qui s’identifient aux actes irréguliers des hommes. Pensez à Shakespeare, aux tragédies royales, aux personnages secondaires, aux fossoyeurs, aux mendiants, aux taverniers, aux fous.
Il y a auteur de nous des mères courage en pagaille, des Galilée en grand nombre…
Je n’écris pas pour ceux qui font l’histoire, j’écris pour ceux qui la subissent, j’écris pour ceux qui disent non, pour les immoraux, pour ceux chez qui le dérapage intervient à un moment ou à un autre.
• Ce dysfonctionnement est-il une rupture dans l’itinéraire des hommes, cette faille n’est-elle pas une des sources, un des lieux de votre travail ?
Ce dysfonctionnement est une folie, une démesure, une transgression, un au-delà de l’acte limite, c’est ça le meurtre, le suicide ; j’aime ceux que les conditions sociales, économiques et culturelles amènent à l’oppression, ceux qui paient le prix le plus exemplaire de ce refus, de ce rejet, de ce “niet” de l’ordre et du système. Ces “fous” deviennent des exemples dans un monde formaté, dans un monde qui vous pousse à la soumission, qui vous réduit, qui vous force à la démission. Voilà pourquoi Jalila et moi, sommes intrigués par les mystères que recèlent ces êtres. Notre théâtre les décline à l’infini, peu importe le sexe, les époques, les âges, les pays, ils peuvent s’appeler Bahja de Familia, Nun de Junun….
• Pourquoi avez-vous ce besoin de mettre en images, de filmer votre pièce de théâtre, comme si la scène ne suffisait pas…
Je suis à cheval entre cinéma et théâtre, comme les Bergman, les chereau, les Brook, je navigue entre deux modes d’expression, ce n’est ni le même code, ni le même mode d’expression… Je demeure une figure paradoxale, insolite dans le paysage audiovisuel arabe et tunisien. Du temps du nouveau théâtre avec Jazziri, nous vivions les réelles frustrations du cinéma, on y est venu pour sauver les œuvres théâtrales, pour les sauver de l’oubli. La télévision ne faisait pas son travail, ne fait pas son travail. Si nous étions tolérés au théâtre, nous étions interdits d’antenne. En 33 ans de carrière, en dehors de “Ghassalet Ennouader”, nous avons été tailladés, charcutés à l’écran.
• Aucune de vos œuvres théâtrales n’a été diffusée ?
“Junun” n’a pu être filmée, que grâce à Raouf El Basti, qui fut un directeur avisé. Il faut diffuser l’œuvre théâtrale, il n’y a pas de clivage entre les scénarios, les images fortes, intenses doivent être transmises du théâtre à la télé et de la télé au cinéma. Il faut cibler un auditoire important. On a fidélisé des milliers de spectateurs à travers des décennies. “Junun” a vu 100 000 spectateurs, le film amènera 10 fois plus, la télé 100 fois plus.
• “Junun” n’a pas été retenu en compétition durant les JCC ?
je me moque de la compétition, ce n’est pas ma tasse de thé, l’art n’a rien à faire avec une course de chevaux, le cinéma est ouvert à tout le monde. Quelle importance, premier ou deuxième, les qualifications sont des non-sens. Et puis nous ne pouvions pas participer puisque nous n’avions pas de copie 35 millimètres, la subvention n’a pas été versée dans sa totalité. J’espère, malgré tout, que ceux qui ont choisi ou choisissent, mettent en avant un cinéma courageux…
• Nous y venons… vous parlez sans doute de “Corps-Otages” qui a été présenté à l’Odéon en juin dernier… et qu’on vous a demandé de revisiter… dans le texte.
L’odéon invite tous les ans, de grosses pointures, c’est la première fois qu’une compagnie arabe et tunisienne est invitée. Georges Lavaudant, le directeur m’a proposé une carte blanche, l’odéon théâtre de l’Europe ne m’a donné aucune ligne de conduite, aucune conformation aux critères artistiques. Bien sûr, ils ne m’ont pas invité innocemment, ils connaissent mon travail et l’apprécient. Ils savent quel type d’engagement j’entretiens. J’aurais pu monter une énième version de Hamlet, de Médée ou du Bourgeois gentilhomme, mais quel était l’intérêt de flirter avec le théâtre occidental. Je veux faire et j’ai fait un théâtre d’auteur, je m’intéresse exclusivement au pays qui est le mien, j’enfonce les mêmes clous, je cherche les mêmes archétypes, je développe les mêmes caractères dans cette quête éperdue de la mythologie quotidienne, l’homo-tunisianus, être “artiste-citoyen dans l'” ici – maintenant “. L’Odéon est un moment de mon parcours, c’est loin d’être un tout.
• Le “tout” dont vous parlez serait la scène tunisienne ?
La scène tunisienne est la finalité de mon travail, la conscience tunisienne, le spectateur tunisien… je n’envisage pas de spectacle, qui ne soit pas tunisien… une Tunisie contemporaine… un spectacle au moment où la Tunisie fête ses 50 ans d’indépendance. le hasard fait bien les choses.
• “Corps-otages” a bénéficié de soutiens financiers…
L’Odéon a participé, l’IFC a donné un petit soutien, nous avons travaillé pendant 16 mois pour que cela voie le jour, j’ai répété avec une vingtaine de personnes… et le spectacle a connu le succès que vous avez vu, vous pouvez témoigner, vous étiez présente à l’Odéon. Nous n’avons eu aucune aide du ministère de la Culture.
De retour de Paris, l’envers de la médaille a montré le bout de son nez, le spectacle est passé, comme le veut la loi, par une commission dite d’orientation, c’était le 3 juillet… à ce jour nous n’avons pas de visa d’exploitation. Cette commission n’est que le maintien d’une haute surveillance de l’acte théâtral. On nous a demandé de supprimer des dates, des pages entières de texte. Nous n’accepterons pas que l’on porte atteinte à l’acte créateur, à la liberté de cet acte-là. On nous parle d’observations, mais de qui se moque-t-on ? Avez-vous déjà vu un éditeur imposer ses choix ou tronquer des textes ? On nous a parlé de jury… depuis quand, l’art et la science se comparent ?
• Ces observations ne sont-elles pas une espèce de garde -fou à ceux qui ne comprendraient pas sainement votre pièce ?
Mais que dites-vous là ! Nous ne mettons en danger ni les institutions, ni les personnes, nous ne sommes pas des hors-la-loi, pourquoi ne pas aller les choses par leur nom ? … Nous sommes prêts à discuter sur la base de l’explication, de la justification du bien-fondé de nos choix, de notre droit-citoyen de nous exprimer dans notre pays.
• “Corps-otages”, pièce mal comprise parlerait d’un pays imaginaire dit-on, quel avenir prédisez-vous à ce spectacle, n’allez-vous pas au contraire gagner en visibilité… ?
Pays imaginaire. Je n’ai pas à justifier ce genre de propos, le théâtre n’est pas du documentaire, c’est de la fiction, qui naît de la réalité et qui la transcende. L’acte poétique, et je ne vous apprends rien, ne procède pas du reality – show.
Picasso ne montre pas la réalité, il la traduit, la traite, la transcende, il ne l’invente pas. L’artiste est le dépositaire, le témoin, le sismographe du réel. Je suis désolé… je dois vous dire que “Corps-otages” procède d’une réalité qui existe ou à venir. Le tort du théâtre est sans doute d’anticiper sur une réalité.
• Les lendemains ne sont pas très radieux alors, Monsieur Jaïdi.
Le théâtre n’est pas une prophétie, il fait toujours acte d’anticipation.
Au sein même de ce travail, lisez les facteurs anticipateurs de cet avenir périlleux.
Nous conjuguons, nous juxtaposons, nous synthétisons par le seul moyen qui nous est donné… celui de l’art. Mon spectacle est la transposition lyrique, symbolique d’une réalité annoncée… Et puis, je ne comprends pas… “Making off” de Bouzid traite du péril intégriste, donc du même sujet, au nom de quoi autorise-t-on la projection de ce film et met-on toutes les réserves possibles et imaginables sur ma pièce ?
• “Le théâtre, écrit Peter Brook, n’est pas un lieu comme les autres, il est comme une loupe qui grossit l’image… il s’affirme toujours dans le présent… c’est ce qui le rend plus troublant…”. Le théâtre effraie…
Soyons sérieux, je vous en prie, le théâtre ne fait pas peur, il n’incite ni au désordre ni à autre chose. Cessons d’être manichéens, monolithiques, aiguisons notre regard avant qu’il ne soit trop tard. Serions-nous victime et bourreau à la fois ? Nous donnons à réfléchir, à émouvoir, le théâtre n’incite ni à haïr, ni à régler des comptes. Jalila et moi, nous nous inscrivons dans la ligne droite des philosophes, des libre-penseurs, pourquoi vous le rappeler ?
Nous faisons notre devoir de citoyen… nous donnons à voir, à comprendre et à réfléchir. C’est tout…
Notre conversation continue bien après… les liens invisibles de l’art, sans doute. Je quitte Fadhel, la ville est bruyante, me reviennent en mémoire les dernières phrases de Junun…
Elle : Et si tu étais mer, quel mer serais-tu ?
Nun : Mer révoltée, mouvementée, agitée, déchaînée…
Elle : Et si tu étais terre, quelle terre serais-tu ?
Nun : Désert étendu et montagne dressée.
Elle : Et si tu étais père ?
Nun : Irradiant, éblouissant, miséricordieux et clément…
Elle : Et si tu étais mot ?
Nun : Non – Tranchant, ferme et résistant…”
Entretien conduit par :
Marianne CATZARAS
(Source : « Le Temps » (Tunisie), le 4 décembre 2006)