Interdiction de la publicité politique à partir du 12 septembre
La publicité politique sera interdite à partir du 12 septembre 2011, a annoncé, hier, le président de l’Instance supérieure indépendante pour les élections, Kamel Jendoubi.
C’était lors de la rencontre périodique de l’Instance avec les représentants des partis politiques, rencontre consacrée à l’examen des conditions de candidature aux élections de l’Assemblée nationale constituante.
A cette occasion, Kamel Jendoubi a rappelé que le principal objectif de l’Instance est de garantir la transparence des élections et d’aplanir les difficultés devant les différents intervenants dans l’opération électorale.
S’agissant des conditions de candidature aux élections, Mourad Mouli, membre de l’Instance, a indiqué qu’il est nécessaire pour le candidat de répondre à plusieurs critères. Outre les conditions de l’âge (23 ans) et la qualité d’électeur, le candidat ne doit pas avoir assumé des responsabilités au sein du gouvernement de l’ancien président déchu, ou au sein du Rassemblement constitutionnel démocratique dissous. Sont exclus ceux qui sont inscrits sur la liste des « Mounachidine » (Ceux qui avaient appelé à la candidature de Ben Ali à l’élection présidentielle de 2014).
Pour ce qui est des listes candidates, Mourad Mouli a insisté sur la nécessité de respecter les principes de la parité et de l’alternance homme/femme. D’autre part, le nombre des candidats sur la liste doit être égal à celui des sièges de la circonscription concernée et chaque parti n’a droit qu’à une seule liste par circonscription.
Mourad Mouli a, par ailleurs, passé en revue les conditions techniques et formelles relatives à l’appellation des listes électorales. Il a expliqué que les commissions sectorielles pour les élections, à l’intérieur du pays, commenceront à recevoir les candidatures à partir de jeudi 1er septembre 2011, jusqu’à mercredi 7 septembre, avec la condition que la liste soit déposée par l’un des candidats ayant obtenu une procuration du président du parti ou par son adjoint. Celui qui dépose la liste doit recevoir un récépissé provisoire de dépôt.
Au cas où la liste répondrait aux conditions légales, la commission sectorielle pour les élections remettra un reçu définitif dans les quatre jours qui suivent le dépôt de la liste des candidats. Dans le cas contraire, la commission peut informer le chef de liste de la nécessité de combler les lacunes dans les délais impartis, a expliqué Mourad Mouli.
Le membre de l’Instance a passé en revue les procédures de retrait des candidatures pour les cas de retrait volontaire ou de décès, ainsi que les procédures de recours, auprès des juridictions territoriales compétentes, contre les décisions de l’Instance, qui doivent être effectuées dans un délai n’excédant pas les 4 jours après la notification de la décision de refus.
Les questions relatives à la légalisation de la signature des candidats, la procuration accordée au chef de liste par le président du parti, les délais fixés pour l’acceptation des candidatures et les conditions relatives aux appellations des listes ont suscité une grande polémique entre les représentants des partis.
La plupart des intervenants, à l’instar des représentants du parti El Majd, du parti de l’Union populaire républicaine (UPR) et de l’Alliance nationale pour la paix et la prospérité (Anpp) ont mis l’accent sur la nécessité de prolonger les délais de dépôt des candidatures qui coïncident avec les vacances de l’Aïd El Fitr et de la difficulté d’obtenir la légalisation de signature pour tous les candidats d’une liste.
D’autres participants ont proposé d’annuler la légalisation de signature et de la remplacer par l’apposition d’empreintes digitales.
Pour ce qui est de la condition de non-implication du candidat dans un crime attentatoire à l’honneur évoquée par le représentant du mouvement Ennahda, le secrétaire général de l’Instance, Boubaker Bethabet, a précisé que seuls les jugements définitifs rendus au sujet de tels crimes seront pris en compte.
(Source: “La Presse” (Quotidien – Tunisie) le 30 aout 2011)
Tunisie : les groupes religieux s’insurgent contre le Code de la Presse
30/08/2011
La dernière controverse en Tunisie porte sur les dispositions du Code de la Presse, qui limitent les discours politiques sur les lieux de culte.
Par Houda Trabelsi pour Magharebia à Tunis – 30/08/11
Les Imams tunisiens et les associations de sciences religieuses critiquent une loi qui restreint les discours politiques dans les mosquées. Un groupe d’associations religieuses a émis un communiqué en date du 18 août dans lequel il affirme que la législation « se caractérise par une nature répressive qui les empêche de participer à la vie publique ». Les associations indiquent que ce Code vise clairement les érudits, Imams et chercheurs islamiques, ajoutant qu’il vient imposer « un contrôle strict ». Cette déclaration soutient par ailleurs que les restrictions mentionnées sont « sans précédent, même sous l’ancien régime ». « Les articles 49 à 54 interdisent aux Imams, aux prêcheurs, aux enseignants et aux chercheurs en sciences islamiques d’exprimer leurs opinions et leurs positions concernant les affaires publiques du pays, en parlant spécifiquement des ‘lieux de culte, des sermons, de l’extrémisme religieux, des écrits, et de l’approbation du contenu de ces sermons’ dans les articles sus-cités », affirme le communiqué. Le groupe d’associations appelle les officiels à abolir les dispositions liées aux lieux de cultes et aux ordonnances religieuses, en raison de ce « qu’elles peuvent créer en termes de tensions et de haine, susceptibles de mener à la fitna et de menacer l’unité nationale ». Mais tout le monde ne partage pas le même point de vue. D’autres tunisiens ont ainsi salué la loi dans la mesure où elle empêche les responsables religieux d’avoir une influence sur les affaires politiques. « La loi ne met pas en cause la dawa (prêche) au nom de Dieu, ou au nom des valeurs de charité et du Bien : elle incrimine plutôt la calomnie, la diffamation, la honte qui suit la perte de l’honneur individuel, qui sont des pratiques incriminées par toutes les lois divines et humaines », déclare Thameur Zoghlami, membre du bureau exécutif du syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT). Il dit à Magharebia que le « Code neutralise les mosquées, les empêchant d’entrer en politique ou de faire campagne en faveur de partis ou d’individus ; quelque chose qui est conforme aux principes de l’Islam, qui confirme que les mosquées sont consacrées à Dieu seul ». « Un certain nombre d’organismes élus, comme le SNJT, ont pris part à l’élaboration de la loi, et cette démarche n’a pas été monopolisée par la Haute-Commission pour la Réalisation des Objectifs révolutionnaires, qui en retour représente la légitimité consensuelle », ajoute Zoghlami. Ikbel Gharbi, professeure d’anthropologie à l’Université Ez-Zitounia, explique que dans les premières années de l’Islam, les mosquées jouaient un rôle dans les affaires publiques et dans la politique. « Mais nous avons dorénavant d’autres lieux consacrés à cet effet, comme les partis, les associations, les organisations, les syndicats, et il est préférable que les Imams laissent les questions d’ordre politique aux spécialistes et aux lieux appropriés pour en parler », dit-elle. « Je pense que cela peut être difficile d’imposer aux Imams de ne pas parler des affaires publiques », ajoute-t-elle. « Mais ils doivent avoir l’éthique de ce discours et mettre de côté les conflits entre les partis politiques, ne pas soutenir un parti contre l’autre ». Elle indique aussi que les « mosquées et les religieux peuvent évoquer les affaires publiques, comme la citoyenneté, l’environnement, la paix, et autres sujets qui peuvent aider à disséminer la culture de la citoyenneté ». « Avant, je priais la plupart du temps à la mosquée », dit un fidèle, Saif Eddine Tajouri. « Mais depuis que l’Imam a changé et que le nouveau a commencé à montrer son soutien à un certain parti en essayant d’influencer nos pensées, j’ai arrêté de faire mes prières à cet endroit ». « Je vais chercher une autre mosquée où le discours est plus neutre et plus équilibré », conclut-il. (Source: Magharebia le 30 aout 2011) Lien:http://www.magharebia.com/cocoon/awi/xhtml1/fr/features/awi/features/2011/08/30/feature-03
Tunisie : les certitudes de Mestiri
Retiré de la vie politique depuis les premières dérives du régime Ben Ali, le chef de file de l’opposition démocratique sous Bourguiba fait un come-back remarqué. Et assène ses vérités sur l’après-révolution.
Intègre, lucide, respecté de ses amis comme de ses anciens adversaires, le chef de file de l’opposition démocratique sous Bourguiba est de retour sur la scène politique, qu’il avait quittée il y a plus de vingt ans. Le 22 juillet, Ahmed Mestiri a tiré un véritable coup de semonce en livrant son sentiment sur une situation postrévolutionnaire qui ne manque pas de zones d’ombre et où règne la confusion.
Dans une déclaration écrite qui a fait l’effet d’une bombe, Mestiri dénonce une « contre-révolution de l’intérieur et de l’extérieur qui se manifeste ouvertement » et évoque de l’argent – provenant de Ben Ali ou d’autres sources – « qui coule à flots » pour la financer ou alimenter les caisses de certains partis ou associations. À trois mois de l’élection de l’Assemblée constituante, le 23 octobre, il exprime, en outre, son « opposition » à la démarche du gouvernement provisoire du président, Fouad Mebazaa, et du Premier ministre, Béji Caïd Essebsi, qui, dit-il, « est de nature à compromettre l’avènement de l’État de droit et du régime démocratique à court et à long terme ».
Mais nombreux sont ceux qui sont restés sur leur faim à la lecture de cette déclaration. « J’y ai pesé mes mots pour ne pas être trop explicite dans certaines accusations, même si j’ai l’intime conviction que ce que je disais correspond à la réalité que nous vivons », nous a-t-il déclaré au cours d’un long entretien dans lequel il va plus loin et dévoile ses propositions. « Ma déclaration était un cri du cœur pour exprimer une véritable inquiétude, pour ne pas dire une angoisse, sur le sort de la révolution », explique-t-il.
Mestiri s’est rangé du côté de la révolution dès le 16 janvier. Juriste, il considère que la légitimité constitutionnelle a été balayée par la fuite de Ben Ali et qu’elle doit céder la place à la légitimité révolutionnaire. Il propose donc à Mebazaa la constitution d’un « Haut Comité national de salut public », une sorte d’autorité morale chargée de coiffer le gouvernement provisoire et qui serait composée de trois sages reconnus : lui-même, Ahmed Ben Salah et Mustapha Filali, tous trois anciens ministres de Bourguiba, les deux premiers étant passés dans l’opposition. La proposition est ignorée.
Questions sans réponse
Mohamed Ghannouchi, Premier ministre de Ben Ali, est à son tour « dégagé » par les jeunes révolutionnaires. Il est remplacé, le 27 février, par Béji Caïd Essebsi, président de la Chambre des députés il y a vingt ans, sous Ben Ali, et député jusqu’en 1994. « Des jeunes de la révolution sont venus me consulter à son propos, raconte Mestiri. L’un d’eux, un juriste, m’a demandé s’il était bon. J’ai répondu que je lui accordais un préjugé favorable, jusqu’à preuve du contraire. » Mais Caïd Essebsi, censé expédier les affaires courantes pour assurer le fonctionnement des rouages de l’État jusqu’aux élections, flirte, selon Mestiri, avec l’autoritarisme. Il « s’octroie » la plupart des pouvoirs exécutif et législatif, et « prend des engagements financiers extérieurs à long terme ».
Pendant ce temps, des bandes de criminels de droit commun, déguisés parfois en militants politiques, s’attaquent aux biens et aux personnes. Les questions de Mestiri fusent : 95 % des mouvements sociaux ne sont pas décidés par l’UGTT, la centrale syndicale. Qui donc les suscite ? Qui sont les personnes infiltrées dans les manifestations pacifiques ? Et ces sit-in sur les routes, qui les organise ? Qui est à l’origine de tout cela ? Pourquoi la police ne fait-elle pas son travail ? Pourquoi Samir Feriani, un officier de police qui a fait publiquement des révélations gênantes pour certains responsables du ministère de l’Intérieur, est-il poursuivi en justice ? Et puis où est l’assainissement [anticorruption, NDLR] ? Que fait la magistrature ? Allons-nous vraiment vers une Constituante ? Qu’allons-nous faire si nous n’obtenons pas au moins 50 % d’inscrits ? Jeter l’éponge ? Caïd Essebsi a-t-il le pouvoir réel ? Ou y a-t-il d’autres personnes qui prennent les décisions ? Et si ce que disait à ce propos Farhat Rajhi, ministre de l’Intérieur au lendemain de la révolution, était vrai ? Caïd Essebsi a toujours nié l’existence d’un gouvernement de l’ombre, mais l’opinion n’en continue pas moins de se poser la question.
Pour Mestiri, il y a désormais une absence de confiance dans le gouvernement provisoire. « Pendant vingt-trois ans, Ben Ali nous a roulés. Cette fois, avec Béji Caïd Essebsi, j’ai vraiment cru au changement. Mais, finalement, c’est comme si rien ne s’était passé. Je ne suis pas le seul à penser cela. J’ai donc repris ma liberté et je me présente comme une opposition légale. »
Faux débat
« Je suis un homme libre », clame-t-il. Il l’a toujours été. La première fois sous Bourguiba, en prenant la tête, à partir de 1971, du premier courant démocrate au sein même du parti unique, le Parti socialiste destourien (PSD). Exclu une première fois de celui-ci pour avoir dénoncé l’autoritarisme du Combattant suprême, il fonde, en 1978, le premier parti d’opposition démocratique, le Mouvement des démocrates socialistes (MDS). En 1987, il approuve le principe de l’éviction de Bourguiba par Ben Ali et le discours du 7 novembre, mais il va rapidement déchanter. Après les premières dérives antidémocratiques et les élections truquées de 1989, au cours desquelles le MDS est laminé, il démissionne du parti qu’il a fondé et cesse toute activité politique.
Après la révolution du 14 janvier 2011, il sort de sa réserve, fait confiance à Caïd Essebsi, son ancien compagnon de route, avant de déchanter à nouveau. Pour lui, le changement démocratique ne se conçoit pas sans la fin du système autoritaire. Aujourd’hui, Mestiri se tient informé en recevant chez lui des hommes politiques, des syndicalistes, des intellectuels, et surtout des jeunes qui ont participé à la révolution. Il a une affection particulière pour les familles des martyrs, en majorité modestes et originaires du fin fond de la Tunisie.
« J’étais vraiment choqué en écoutant leurs récits », confie-t-il après avoir participé à l’une de leurs conférences, au cours de laquelle elles ont reproché aux autorités de les avoir abandonnées. Et il en a tiré une leçon. « Le sentiment que j’ai eu, raconte Mestiri, c’est qu’il existe un fossé énorme entre le monde urbain et intellectuel, qui se perd dans de faux débats, et les gens du pays profond. Ces derniers me disent que ce sont les mêmes qui continuent à gouverner et qu’il ne faut pas attendre d’eux qu’ils fassent le changement… »
Le faux débat qui inquiète ce démocrate intransigeant est celui qui tourne autour du mouvement islamiste Ennahdha et de la laïcité. « Ben Ali avait conclu qu’il fallait éradiquer les islamistes, et on connaît le résultat, rappelle-t-il. Est-ce que la solution serait aujourd’hui de les exclure de la communauté nationale et de les confiner dans un ghetto ? Je suis absolument opposé à cette campagne obsessionnelle. Si quelqu’un n’aime pas Ennahdha, qu’il ne vote pas pour ce parti. »
Place aux jeunes
Il en est de même pour l’ex-parti au pouvoir, le Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD). Mestiri est contre toute chasse aux sorcières touchant la masse des ex-adhérents, qu’il ne faut pas confondre avec les ex-responsables, qui sont entre 3 000 et 5 000. « Cela dit, ajoute-t-il, si on est pour la révolution, on ne peut pas élire des gens qui sont contre. »
Mestiri, qui met par ailleurs la dernière main à ses Mémoires, achevés en 1996, mais dont la publication était prévue après le départ de Ben Ali, se concentre actuellement sur l’élection de la Constituante, prévue le 23 octobre. Selon lui, il ne faut pas limiter les prérogatives de la future Assemblée, comme le réclament plusieurs partis aux tendances peu démocratiques. « Une Assemblée constituante est souveraine pour fixer son ordre du jour et légiférer en attendant que la Constitution soit prête. Dès qu’elle débute ses travaux, la légitimité révolutionnaire s’arrête et c’est elle qui représente la souveraineté du peuple.
La prochaine Constituante doit prendre des dispositions claires pour déraciner le système dictatorial, de sorte qu’on n’y retombe pas dans quatre ou cinq ans. Il n’est pas question d’un régime présidentiel qui remettrait tous les pouvoirs entre les mains d’un seul homme. Il doit y avoir une séparation des pouvoirs et un équilibre entre les deux systèmes, présidentiel et parlementaire. »
« Je ne vais pas me présenter à l’Assemblée constituante », déclare Mestiri en réponse à une question sur ses projets. Briguera-t-il le poste de président transitoire de la République, lequel doit être désigné par la Constituante à la fin du mois d’octobre ? « Je ne suis candidat à rien du tout, rétorque-t-il. Je ne me présenterai pas à la Constituante, c’est tout ce que je peux vous dire. Je ne demande rien du tout. Attendons que l’Assemblée se réunisse. Désormais, c’est aux jeunes qui ont fait la révolution de prendre les choses en main. »
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Abdelaziz Barrouhi, à Tunis.
Tunisie – Maghreb: Lorsque la Libye attire déjà les convoitises!
Par Mohamed Farouk
La France et la Grande-Bretagne ont déjà initié une grande conférence internationale sur l’avenir de la Libye. Au programme, le “partage du butin de guerre libyen“, en quelque sorte. L’Italie, le Qatar et les Emirats Arabes Unis se bousculent également au portillon. La Chine et la Russie seraient les perdants pour avoir traîné les pieds dans leur soutien aux révolutionnaires. Mais les choses ne sont pas aussi simples. Beaucoup de paramètres rentreront en jeu le moment venu.
C’est parti. Paris accueille, donc, le 1er septembre 2011, une grande conférence internationale sur l’avenir de la Libye post-Kadhafi. L’annonce a été faite, le 24 août , par le président français, Nicolas Sarkozy, à l’issue d’un entretien avec Mahmoud Jibril, Premier ministre du Conseil national de transition de la Libye (CNT), l’organe politique des révolutionnaires, que la France a été la première à reconnaître.
Tout le monde devine le pourquoi de cette conférence, dont l’initiative est franco-britannique. Pour de nombreux analystes, en effet, les pays qui ont aidé les révolutionnaires en Libye à déloger le régime de Kaddafi –la France et la Grande-Bretagne en tête- souhaitent profiter amplement du gâteau libyen qui s’offre à eux.
Cela d’autant plus que les chefs du CNT ont annoncé que la récompense ira aux pays qui ont soutenu la révolution. Soit la France, la Grande-Bretagne, mais aussi d’autres pays comme le Qatar et les Emirats Arabes Unis, qui ambitionnent déjà, depuis quelque temps, d’avoir un rôle dans la région.
2% de la production mondiale
Des révélations faites par la presse britannique et américaine nous renseignent, à ce propos, sur l’engagement de ces pays. Qui, outre les bombardements successifs, qui ont affaibli les forces fidèles à Mouammar Kadhafi, ont fait bénéficier les troupes révolutionnaires de services importants en matière «de désignation de cibles, de coordination entre fronts terrestre et aérien, de fourniture d’armement et d’instruction » (voir à ce propos les révélations du Daily Telegraph du 25 août 2011 sur le rôle des SAS -Special Air Service- britanniques).
Et le butin de guerre n’est pas des moindres. En effet, outre la manne pétrolière (2% de la production mondiale et 1,6 million de barils par jour avant le déclenchement de la révolution), il s’agira de reconstruire des pans entiers d’un pays qui en a que trop souffert: routes, ponts, édifices, immeubles d’habitation…
Le pays offre, de plus, de grandes opportunités, aux dires de nombreux économistes, pour les investisseurs. Et ce quelle que soit l’activité: tourisme, agriculture, industrie… Pour un pays immense (1,7 million de kilomètres carrés) et une population estimée entre 6 et 8 millions d’habitants.
La France, qui a convoqué cette grande conférence sur l’avenir de la Libye, compte être un des principaux bénéficiaires de ce butin de guerre. D’autant plus que le président Sarkozy a en la matière, dit-on, une revanche à prendre.
Un contrôle total sur le pétrole libyen
Accueilli en grande pompe à Paris, en décembre 2007, par Nicholas Sarkozy, l’ex-leader libyen s’était carrément moqué du premier, fraîchement élu à la magistrature suprême.
Tous les accords signés, que ce soit au sujet de la fourniture du nucléaire civil à la Libye, l’achat par le régime de Kadhafi de 21 avions de transport Airbus et de 14 avions militaires Rafale, n’ont pas été honorés par la Libye.
Dans un récent débat initié par Russia Tooday, la chaîne satellitaire de télévision publique destinée à l’étranger, sur l’après-Kadhafi, un des commentateurs avait utilisé un jeu de mots combien révélateur: «Les Français veulent un contrôle total sur le pétrole libyen». Ajoutant qu’«un des premiers Français à s’être rendu à Benghazi en mars 2011 était un représentant de Total».
L’Italie, ancienne puissance coloniale qui a beaucoup d’intérêt en Libye, où elle ne compte pas moins de 130 entreprises dont l’ENI, société d’hydrocarbures, est solidement installée depuis 1959, a déjà marqué des points.
La rencontre entre le numéro deux du Conseil national de transition (CNT), Mahmoud Jibril, et le chef du gouvernement italien, Silvio Berlusconi, à Rome, le 25 août 2011, aurait déjà abouti à des accords.
L’Italie a annoncé qu’elle était prête au dégel de 350 millions d’euros (presque le double en dinars tunisiens) d’avoirs libyens pour parer aux urgences du pays. Un accord serait signé, par ailleurs, dans les prochains jours, à Benghazi pour fournir les quantités de gaz et d’essence nécessaires à la population, sans paiement immédiat. Et des accords ont déjà été pris pour «des aides en matière de formation de personnel médical et de militaires».
«Un comité d’entente entre le Conseil national de transition et le gouvernement italien sera formé, en outre, pour relancer la coopération bilatérale».
Réponse du berger à la bergère
La Chine et la Russie pourraient perdre beaucoup au change pour avoir traîné les pieds pour soutenir la révolution libyenne. Pour ne pas dire plus: des analystes soutiennent que ces deux pays ont tenté de bloquer les décisions de «la communauté internationale en faveur des révolutionnaires libyens».
Des voix libyennes se sont déjà élevées pour le signifier. Abdeljalil Mayouf, directeur de l’information de la compagnie pétrolière Agoco, aux mains des révolutionnaires, avait déclaré, lundi 22 août 2011, que «les opposants au régime de Kadhafi ne voyaient pas d’inconvénient à la présence d’entreprises occidentales, mais que la situation pourrait se révéler plus tendue avec la Russie, la Chine et le Brésil».
Réponse du berger à la bergère, côté chinois. « Nous espérons qu’après un retour à la stabilité, la Libye continuera de protéger les intérêts et les droits des investisseurs chinois, et nous espérons poursuivre nos investissements et notre coopération économique avec la Libye », a déclaré, le lendemain, Wen Zhongliang, directeur adjoint du département du commerce extérieur au ministère chinois du Commerce, pensant, sans le moindre doute, à l’approvisionnement de son pays, grand consommateur d’énergie, en pétrole.
Outre l’approvisionnement en pétrole, la Russie a, pour sa part, de grandes craintes pour le marché libyen.
Beaucoup d’eau coulera, d’ici là, sous les ponts
A en croire notre confrère français, Rue 89 (voir l’article de Marie Kostrz du 25 août 2011, «Libye: Quand la France jubile, la Russie désespère»), l’Agence russe d’exportation d’armement, Rosoboron Export, compte augmenter de 9,2 milliards de dollars (environ 12,5 milliards de dinars) le volume de ses livraisons en 2011, et ce malgré les pertes causées par l’embargo onusien sur les ventes d’armes en Libye: «A lui seul, a coûté 4 milliards de dollars (environ 5,5 milliards de dinars) aux fournisseurs russes».
A en croire, aussi, notre confrère, la Russie fait, cela dit, preuve d’une certaine «étroitesse». «Elle semble dubitative sur le printemps arabe, qu’elle associe aux révolutions des anciens satellites de l’Union soviétique. A l’époque, elles s’étaient plutôt soldées par des échecs».
On devine que d’autres pays croient perdre ou gagner après l’installation des révolutionnaires au pouvoir en Libye. Mais ce qui semble être une vérité aujourd’hui ne le sera pas automatiquement demain lorsque le train de la reconstruction du pays sonnera.
Outre le fait que beaucoup d’eau coulera, d’ici là, sous les ponts, des paramètres comme la géopolitique, les pressions que ne manqueront pas de faire des acteurs –les Chinois et les Russes- qui pèsent sur l’échiquier mondial et… la proximité semblent essentiel dans ce jeu où tout se négocie. La Tunisie, qui a offert l’hospitalité à des milliers de Libyens, devrait être, à ce titre, un bénéficiaire. Ceci dit, entre les Arabes il y a toujours des surprises. Et donc, si la Tunisie n’était pas associé à l’effort de construction de son voisin du sud-est, cela ne devrait pas étonné outre mesure, et ce d’autant plus que le gouvernement de transition a “trop“ tardé avant de reconnaître le Conseil national de transition libyen… Et même si elle a ouvert une représentation commerciale à Bengazi depuis fin juin 2011. Mais espérons que ça ne sera pas le cas… Sinon ce serait une grande injustice et un énorme gâchis!
Le président Sarkozy l’a déjà compris. Il a convié la Chine, la Russie et le Brésil au rendez-vous du 1er septembre 2011. En faisant la déclaration suivante: « Notre intention, c’est très clairement d’inviter nos amis chinois, nos amis russes, nos amis brésiliens, les Indiens“. Ce qui veut tout dire.
(Source: “Webmanager center” le 30 aout 2011)
Préparatifs de la réunion du comité de suivi et de coordination maroco-tunisienne prévue en septembre prochain à Rabat
Le secrétaire d’Etat tunisien aux Affaires étrangères, Redouane Nouisser, et l’ambassadeur du Maroc en Tunisie, M. Najib Zerouali ont tenu, lundi à Tunis, une séance de travail consacrée aux préparatifs de la réunion du comité de suivi et de coordination maroco-tunisienne prévue en septembre prochain à Rabat.
Lors de cette séance de travail, qui s’est déroulée en présence de responsables du ministère tunisien des Affaires étrangères, l’accent a été mis sur les meilleurs moyens de coordonner l’action commune lors de cette réunion qui aura lieu le 21 septembre sous la présidence de Mme Latifa Akharbach, Secrétaire d’Etat auprès du ministre des Affaires étrangères et de la Coopération et son homologue tunisien M. Redouane Nouisser.
Le comité de suivi abordera dans sa prochaine réunion plusieurs sujets ayant trait à la coopération bilatérale dans la perspective de la prochaine session de la Grande commission mixte marocco-tunisienne qui se réunira au Maroc, a indiqué M. Najib Zerouali dans une déclaration à la MAP.
Mme Latifa Akharbach avait effectué, en juillet dernier, une visite de travail en Tunisie au cours de laquelle elle a eu des entretiens avec le ministre des Affaires étrangères tunisien, Mohamed Mouldi Kéfi et le secrétaire d’Etat tunisien aux Affaires étrangères.
Elle a été également reçue par le Premier ministre tunisien, Béji Caïd Essebsi, à qui elle a transmit une proposition du chef de gouvernement marocain relative à la tenue de la 17ème session de la Grande commission mixte marocco-tunisienne avant la fin de cette année 2011.
MAP
Tunisie : Entre la 404 d’Ammar et Fiat 500 de Mouammar
Plus que jamais, la 404 bâchée est valorisée. Et il parait qu’elle fait mieux que notre Ammar arrive à s’en servir mieux que le fait Mouammar de sa Fiat 500. Son concepteur, Gioacchino Acampora doit aller se rhabiller. On le sait désormais : La 404 d’Ammar à réussi là où la Fiat 500 de Mouammar à échoué.
Malgré les mérites de sa révolutionnaire Fiat 500, le colonel Kadhafi n’a pas pu résister à la révolte populaire. Il semblerait même qu’avec sa 404 bâchée, notre Ammar réussit là où Mouammar échoue. Le cabriolet italien séduit, certes, avec sa panoplie de gadgets. Mais qu’on ne s’y trompe pas, c’est du clinquant. La tire, bien que rutilante n’a gardé de son flamboiement que les zéros de son compteur. Le Guide, n’ayant encore jamais embarqué dans bagnole, a dramatiquement fini sa carrière en bougnoule fuyant. La rage des insurgés, a eu raison de l’apparat du despote, fut-il bien appareillé.
Pourtant, notre Ammar arrive à faire des prouesses avec une vieille guimbarde démodée. La 404, malgré ses vétustes rouages et son moteur enroué tient encore la route sans désemparer. La bâche, temporairement levée après le 14 Janvier a été derechef déroulée sur le Web. C’est que le Net exige la propreté, rétorqueront les plus avisés. Et Ammar, même en version postrévolutionnaire, n’accepte pas la nudité. Sa bagnole, bien qu’énergivore et polluante ne fera pas partie des reliques appelés à disparaitre dans le grand-ménage qu’il a lui-même ordonné. Les émanations carbonées de sa voiture sauront à tout jamais asphyxier les internautes dévergondés.
Kadhafi, lui, ne connait même pas comment démarrer sa Capri : «Deux ans plus tard, en apprenant la chute du tyran, Gioacchino Acampora a pour la première fois osé contacter les autorités libyennes au sujet du véhicule. D’après lui, il serait « juste » de les informer de la manière de le faire fonctionner» rapporte Le Point.fr. Et c’est peut-être à cause de son indifférence à l’égard de sa Fiat 500 que le colonel est désespérément pourchassé. Alors que notre Ammar, habitué déjà sillonné les quatre coins de la toile sous l’ère Zaba, continue de le faire impunément au regard de quelques textes de lois.
Mohamed Jebri
(Source: “Tekiano” le 30 aout 2011)
http://www.tekiano.com/net/7-web-2-0/4213-tunisie-entre-la-404-dammar-et-fiat-500-de-mouammar.html