C O M M U N I Q U E
Quand la police a recours à la violence pour faire taire les opposants
Publié le 30 septembre 2009
” On n’a plus le droit à la parole en Tunisie. Quand on ose critiquer le régime dans les médias étrangers, on nous punit en nous agressant physiquement. De telles pratiques sont devenues monnaie courante. Plus besoin de jeter les gens en prison de nos jours », commente Radhia Nasraoui, jointe par Reporters sans frontières, dont le mari, Hamma Hammami, également opposant, vient d’être agressé à l’aéroport de Tunis, le 29 septembre.
” J’étais venue chercher mon mari à l’aéroport. Il revenait de France, où il avait donné le 25 septembre dernier une interview sur Al-Jazeera, dans laquelle il avait critiqué le régime, l’organisation de l’élection du 25 octobre et la situation des droits de l’homme en Tunisie. Ses propos avaient été repris sur France 24 le lendemain soir.
” J’étais venue en taxi, parce que les quatre roues de ma voiture avaient été crevées dans la nuit. A mon arrivée, j’étais un peu intriguée de constater un barrage de police filtrant les personnes entrant dans l’aéroport. Je me suis dit : “Ils sont un peu tendus, ils craignent peut-être que des militants ne viennent accueillir Hamma. Dans le hall, j’ai constaté qu’il y avait plus de policiers que de voyageurs, alors j’ai téléphoné à mon mari pour l’informer. Il m’a alors dit qu’il passait la douane et qu’il était suivi.
“Ensuite, j’ai essayé à plusieurs reprises de l’appeler, mais en vain. L’aéroport commençait à se vider. C’est alors que j’ai vu Hamma arriver, la bouche en sang, les lunettes cassées, des ecchymoses sur le visage, entouré d’une vingtaine de policiers qui continuaient à le frapper et à l’insulter. J’ai hurlé, mais il n’y avait plus de touristes dans l’aéroport. Un policier s’est approché de moi, m’a arraché le portable des mains et l’a violemment lancé.
“On est rentrés chez nous et on a appris que les autorités tunisiennes avaient déclaré à France 24 que Hamma était rentré chez lui sans encombre.”
Radhia Nasraoui est avocate et défenseuse des droits de l’homme en Tunisie. Son mari, Hamma Hammami, ancien directeur du journal Alternatives, interdit par les autorités, est le porte-parole du Parti communiste des ouvriers tunisiens.
Reporters sans frontières
Lien:
http://www.rsf.org/Quand-la-police-a-recours-a-la.htmlChoukri Selmane : le dénouement
Associated Press, le 30 septembre 2009 à 12h36
AJACCIO (AP) — Le procès des auteurs présumés du vol de trois yachts s’est ouvert mercredi devant le tribunal correctionnel d’Ajaccio, en l’absence des principaux intéressés, a-t-on constaté sur place.
Les deux neveux par alliance du président tunisien Zine El Abidine Ben Ali ne se sont pas rendus à l’audience. Ils pourraient en effet être jugés en Tunisie en vertu d’une convention judiciaire entre les deux pays.
Une seule personne soupçonnée d’avoir servi d’intermédiaire entre les voleurs de yachts et leurs commanditaires est incarcérée dans ce dossier, en France.
Les deux neveux du président tunisien, Moaz et Imed Trabelsi, sont soupçonnés d’avoir commandité le vol de trois yachts, un en Corse et deux sur la Côte d’Azur en 2006. Le bateau de l’ancien président de la banque Lazard, Bruno Roger, avait été retrouvé maquillé dans le port de Sidi Bou Saïd, près de Tunis, et lui avait été restitué.
A l’ouverture de l’audience mercredi matin, le ministère public a demandé que les ressortissants tunisiens puissent être jugés ultérieurement dans leur pays, ce que le président du tribunal a accepté en raison des accords judiciaires bilatéraux. Toutefois,aucune date n’a été fixée pour ce procès.
Deux avocats des autres prévenus poursuivis dans ce dossier ont protesté contre la disjonction des cas des deux neveux du président tunisien. Me Antoine Sollacaro a dénoncé “une justice à plusieurs vitesses” et “des arrangements judiciaires dont la France ne ressort pas grandie”.
Trafic de yachts: le parquet demande la disjonction des poursuites contre des neveux de Ben Ali
Ajaccio – Un trafic de yachts entre la France et la Tunisie en procès
Deux neveux par alliance du président tunisien Zine El Abidine Ben Ali sont soupçonnés d’avoir participé à ce trafic. Huit personnes doivent comparaître ce mercredi devant le tribunal correctionnel le 30/09/2009 Huit personnes suspectées d’avoir participé à un trafic de yachts entre la France et la Tunisie, dans lequel deux neveux par alliance du président tunisien Zine El Abidine Ben Ali sont aussi soupçonnés, doivent comparaître mercredi devant le tribunal correctionnel d’Ajaccio. L’affaire avait été renvoyée, fin août, à la demande d’une partie des avocats des prévenus et des parties civiles. Une seule personne, soupçonnée d’avoir mis les commanditaires et les voleurs en relation, a été maintenue en détention. Soupçonnés d’être les commanditaires du vol de trois yachts, un en Corse et deux sur la Côte d’Azur en 2006, deux neveux par alliance du président Ben Ali, Imed et Moaz Trabelsi, pourraient, en vertu d’une convention judiciaire franco-tunisienne, être jugés dans leur pays. La séparation des procédures est dénoncée par les défenseurs de certains prévenus français. En raison de la confusion qui entoure cette affaire, le procureur de la République d’Ajaccio, Thomas Pison, doit dès l’ouverture de l’audience apporter des éclaircissements sur les procédures en cours. L’affaire avait éclaté avec le vol en mai 2006 du yacht d’un ancien président de la banque privée Lazard, Bruno Roger, à Bonifacio, à l’extrême Sud de la Corse. Une enquête privée menée par les assureurs du navire avait permis de retrouver celui-ci dans le port de Sidi Bou Saïd, une banlieue huppée du Nord de Tunis. Le “Beru Ma” qui avait été maquillé et repeint, avait été discrètement restitué à son propriétaire, un proche de Jacques Chirac. L’enquête publique avait ensuite permis d’établir que ce vol était lié à ceux de deux autres navires de luxe à Cannes et au Lavandou, et une dizaine de personnes avaient été interpellées. (D’après agence) Lien: http://tf1.lci.fr/infos/france/justice/0,,4822443,00-un-trafic-de-yachts-entre-la-france-et-la-tunisie-en-proces-.html
Ajaccio Un procès en l’absence des “commanditaires”
Dans quelques années l’affaire des yachts volés en Méditerranée fera sans doute un très bon scénario de film policier. Tous les ingrédients y sont. Les bateaux de luxe, les paysages enchanteurs, des malfrats côtoyant une jet-set (plutôt bling-bling) de pays émergents et des relations internationales entre la France et l’un de ses anciens protectorats qui demeurent quelque peu délicates.
L’affaire démarre le 5 mai 2006 par le vol, sur le port de Bonifacio, du Beru Ma. L’affaire n’est pas inédite en Méditerranée. Mais il semble que, cette fois, les malfaiteurs ont fait une erreur de cible. Le bateau appartient à Bruno Roger, cogérant de la banque d’affaires Lazard, ami de Jacques Chirac (alors président de la République) et proche de Nicolas Sarkozy (alors ministre de l’Intérieur). Et tandis que la gendarmerie débute ses investigations, une deuxième enquête, parallèle, est en cours, menée par le détective de la société Generali, assureur du yacht.
Très peu de temps après les faits, le périple du navire est retracé. Le bateau est retrouvé par ce détective dans le port de Sidi Bou Saïd, en Tunisie, grossièrement maquillé après une escale en Sardaigne. Surprise, deux autres unités sont découvertes au même moment : Le Dolphin IV dérobé dans le port de Cannes et le Sedo, escamoté au Lavandou.
Deuxième surprise, le Beru Ma appartient désormais à Imed Trabelsi (neveu par alliance du président tunisien Ben Ali). En fait toutes les pistes convergent vers les deux frères Imed et Moez Trabelsi.
Mais tandis que le Beru Ma (et lui seul) est restitué à son propriétaire, s’engage une bataille diplomatico-judiciaire qui ne trouvera, semble-t-il, pas d’épilogue aujourd’hui.
Disjonction prévue
Après divers échanges entre les juges français et tunisiens et quelques chausse-trappes procédurales, le juge Jean-Bastien Risson finit par se rendre en Tunisie pour signifier leur mise en examen aux neveux du président Ben Ali.
Cependant on sait déjà que l’on s’achemine vers une disjonction de leur cas. Sur les neuf autres prévenus, huit devraient comparaître ce matin, le neuvième, habitant la Tunisie, devrait faire l’objet d’un mandat d’arrêt international.
Le 21 août dernier, alors que le procès devait se tenir à Ajaccio, les avocats de la défense étaient tous montés au créneau, refusant que les « lampistes » subissent les foudres de la justice alors que les « commanditaires » n’étaient pas inquiétés.
Il y a un mois déjà le bâtonnier Antoine Sollacaro avait qualifié ce procès de « grand Barnum » et Me Jean-Michel Mariaggi s’insurgeait contre « un monument d’hypocrisie judiciaire ».
Le ton est donné et même si le procureur Thomas Pison précise que la disjonction n’empêchera pas que l’on juge les frères Trabelsi ultérieurement, il semble d’ores et déjà clair que les débats seront enflammés.
Isabelle Luccioni
(Source : le site du journal « Corse Matin », le 30 septembre 2009)
Lien : http://www.corsematin.com/ra/corse/214221/ajaccio-un-proces-en-l-absence-des-commanditaires
Tunisia: Flash Floods DREF Operation No. MDRTN003
TUNESIEN -Das Idyll täuscht. Hinter der demokratischen Fassade herrscht Zine el-Abidine Ben Ali seit Jahrzehnten über Tunesien . Nun will er sich erneut zum Präsidenten wählen lassen.
Das inszenierte Paradies
Von Iskra Jedid, Tunis
Leise schlagen die Wellen an die Ufersteine und spülen dabei Sandburgen weg. Ein heisser Sommertag neigt sich dem Ende zu. Familien und junge Paare spazieren entlang der gepflasterten Strandpromenade von La Goulette, einer kleinen Hafenstadt im Norden Tunesiens . Es duftet nach Jasmin. Hier scheint die Welt in Ordnung zu sein. Nur die uniformierten Polizisten mit den Schlagstöcken wollen nicht richtig in das harmonische Bild eines tunesischen Sommerabends passen. Wie fest gepflanzte Bäume stehen sie alle zehn Meter entlang des Boulevards. Ihre scharfen Blicke fixieren die PassantInnen und lassen eine unangenehme Ahnung aufsteigen.
Rafik* ist ein 26-jähriger Filmstudent. Aufgewachsen ist er in einem lauten Quartier der Medina, im Süden der Hauptstadt. Er ist ein gewöhnlicher Jugendlicher, der die Verhältnisse seines Landes besorgt beobachtet. «Gerade jetzt, kurz vor den Präsidentschafts- und Legislaturwahlen im Oktober, ist die Unsicherheit der Regierung besonders deutlich zu spüren», sagt er. Sie manifestiere sich in der immer hemmungsloser werdenden Einschüchterung und Unterdrückung der Bürger. Vor allem, wenn diese auch nur eine leise Kritik an der Regierung wagen. Besonders Anwältinnen, Journalisten und Menschrechtsaktivistinnen werden vom autoritären Regime als Gefahr für das tunesische System empfunden und stehen somit in der Schusslinie.
Die Rechtsanwältin Radhia Nasraoui reiste Ende Juni an eine Konferenz nach Genf, um über die Menschenrechtssituation in ihrem Heimatland zu diskutieren. Bei der Rückreise nach Tunesien wurden sie und ihre zwei Begleiter an der Grenze aufgehalten. Sie mussten eine Leibesvisitation über sich ergehen lassen, ihre Computer wurden inspiziert, auf den Boden geworfen und beschädigt. Ein Sicherheitsbeamter verrenkte Radhia Nasraoui den Arm. Ihre Begleiter wurden ins Gesicht geschlagen, beschimpft und während mehrerer Stunden am Flughafen festgehalten. «Die Einschüchterungen sollen die Bürgerinnen und Bürger davon abschrecken, über Missstände zu sprechen oder sich sonst irgendwie gegen die polizeistaatliche Regierung zu wehren», sagt sie.
Ewiger Präsident
Nasraoui amtet als Präsidentin der Organisation für die Bekämpfung der Folter in Tunesien . Immer wieder gerät sie ins Visier der tunesischen Behörden, doch dank ihrer Bekanntheit ist sie relativ gut geschützt. Sie spricht langsam. «Die Folter wird geheim praktiziert und öffentlich abgestritten», so Nasraoui. Deshalb seien dieses Thema und alles, was mit Menschenrechten irgendwie in Verbindung stehe, für die tunesischen MachthaberInnen unangenehm. Weil der Menschenrechtsaktivist Mohammed Abbou mit Artikeln im Internet die Praxis der Folter in Tunesien angeprangert hatte, verbrachte er drei Jahre im Gefängnis. Wer Kritik an der Regierung äussert, bezahlt einen hohen Preis.
Seit über zwanzig Jahren herrscht Zine el-Abidine Ben Ali über das Land der Jasminblumen. Im Oktober möchte er sich zum fünften Mal zum Präsidenten wählen lassen. Durch Änderungen an der Verfassung hat er die Amtszeitbeschränkung aufgehoben. In weiten Kreisen der Bevölkerung wird er verächtlich «der Präsident minus drei» genannt, weil er drei Jahre vor Abschluss wegen schlechter Leistungen von der Schule verwiesen wurde.
Der 73-jährige General, der seine militärische Ausbildung in den USA absolviert hat, weiss, was es für eine Fassadendemokratie braucht. Dabei gilt es, die Illusion einer dynamischen Demokratie zu inszenieren und nach aussen zu tragen, um über die absolutistischen Verhältnisse im Innern des Landes hinwegzutäuschen. Dieses System aus Rhetorik und künstlichem Pluralismus macht Schule: Auch Marokko und Algerien folgen dem tunesischen Beispiel der getarnten Selbstherrschaft und versteckten Repression.
Sorgfältige Kontrolle
Immer wieder hält Ben Ali sogar die Fahne der Menschenrechte hoch. Als er kürzlich eine Rede hielt, sagte er: «Unsere Politik steht im Einklang mit den Menschenrechten. Wir unterstützen alle möglichen politischen Parteien, Organisationen und Vereinigungen.»
Der politische Pluralismus existiert jedoch nur in Ben Alis Rhetorik und in Form künstlich geschaffener Konstrukte: In diesem kleinen nordafrikanischen Land gibt es offiziell acht anerkannte Oppositionsparteien und über 9000 nichtstaatliche Organisationen (NGO). Ein Beispiel: «Jeunes médecins sans frontières» steht in keinem Zusammenhang mit der fast gleichnamigen internationalen Organisation. StaatsbeamtInnen steuern die Phantomorganisation, die weder eine eigene Basis hat noch Mitgliederversammlungen abhält. Ihr Zweck besteht ausschliesslich darin, die echte Organisation im Land zu konkurrenzieren.
Ein weiteres Beispiel: Als die grüne unabhängige Partei Tunisie verte gegründet wurde, beeilte sich die Regierung, diese zu verbieten und stattdessen die Parti des verts zu fabrizieren. Echte Oppositionsparteien sind verboten. Die tunesische Opposition ist paralysiert: Sie ist entweder illegal oder verliert sich in einer wirkungslosen Scheinexistenz.
Der Student Rafik zeigt mit dem Finger auf einen pompösen Wolkenkratzer im Zentrum von Tunis . Egal wo man sich in der Stadt gerade aufhält, dieser auffällige Gebäudekomplex ist fast immer auszumachen. Er ist der Hauptsitz des Rassemblement Constitutionnel Démocratique (RCD), Ben Alis Partei. Sie dominiert die politische Landschaft. Das Hochhaus mit den siebzehn Stockwerken erinnert mehr an ein profitables Unternehmen als an ein Parteibüro. Der Einfluss der RCD reicht in alle Staatsorgane.
Die Regierung überwacht die Schritte der BürgerInnen sorgfältig. Das geschieht entweder offensichtlich durch uniformierte PolizistInnen, so wie in La Goulette, oder durch Zivilpersonen. «Alle wissen, dass sie permanent kontrolliert werden», sagt Rafik. Telefongespräche werden abhört, E-Mails abgefangen. Überall, wo das Alltagsleben stattfindet, lauern Spitzel: Taxifahrer, Zeitungsverkäuferinnen und auch die eigenen NachbarInnen sammeln fleissig Informationen für das Innenministerium. Über Politik spricht deshalb niemand auf offener Strasse, oder nur hinter vorgehaltener Hand.
Auch viele Internetseiten sind gesperrt. «Besonders für uns Jugendliche ist es frustrierend, auf YouTube und Dailymotion verzichten zu müssen. Wir können nicht einmal Musikvideos anschauen», sagt Rafik. Sie hätten mittlerweile herausgefunden, wie die Zensur mithilfe eines Proxyservers umgangen werden kann. Doch es sei sehr umständlich. Der Zugang zum sozialen Netzwerk Facebook sei ebenfalls lange gesperrt gewesen. Laut Gerüchten soll die Tochter des Präsidenten die Plattform für sich und ihre FreundInnen entdeckt und den freien Zugang durchgesetzt haben. Seither formieren sich Gruppen auf Facebook, welche die «Befreiung von der Zensiermaschine Ammar» fordern und sich virtuell für den «Traum eines freien Tunesien » einsetzen (vgl. Kasten links unten).
Die Medienlandschaft steht vollständig unter dem Diktat der Staatspropaganda. Jeden Morgen grinst der Präsident auf der Aufschlagseite der staatlichen Zeitung «La Presse». Das Blatt ist voller Lobeshymnen für den Staatschef. Informationen über die reellen Tätigkeiten der Regierung bleiben den LeserInnen verwehrt: Staatsbesuche werden blumig beschrieben, doch von abgeschlossenen Verträgen oder laufenden Verhandlungen steht nichts.
Einen unabhängigen Blickwinkel einzunehmen, gelingt nur wenigen Zeitungen, wie «Al-Maoukif» oder «Attariq Aljadid». Sie berichten kritisch – immer wieder werden deshalb Ausgaben konfisziert. Dass diese Blätter nicht ganz verboten werden, gehört zur Strategie der Regierung, die eine vielfältige Medienlandschaft vortäuschen will. Das hat auch Rachid Khechana, Chefredaktor von «Al-Maoukif», erkannt: «Die wenigen unabhängigen Zeitungen werden immer dann vorgezeigt, wenn die Regierung sich gegen Zensurvorwürfe wehren möchte. Sie würde uns gerne schliessen, doch das würde ihrem Ruf im Ausland schaden.»
Aufstand in Gafsa
Der Polizeistaat stösst mit seinen repressiven Methoden jedoch auch auf Widerstand. In Reyedef, einer Bergbauregion im südwestlichen Gafsa, kam es letztes Jahr zu heftigen Protesten. Auslöser für die Unruhen waren die ungerechten Einstellungsverfahren der staatlichen Phosphatgesellschaft in Gafsa, dem wichtigsten Unternehmen in der Region. Hier beträgt die Arbeitslosigkeit bis zu vierzig Prozent. Besonders betroffen sind junge HochschulabsolventInnen. Nachdem bekannt wurde, dass neu zu besetzende Arbeitsstellen an Verwandte von Betriebsleitungsmitgliedern vergeben worden waren, eskalierte die Situation.
«Als die Revolte ausbrach, wollten wir nach Gafsa fahren, um die Demonstranten zu unterstützen, doch alle Wege aus der Hauptstadt waren blockiert», erzählt Rafik. Die Ausschreitungen dauerten mehrere Monate. Dabei wurden drei Menschen getötet, zahlreiche verwundet und mehrere Hundert DemonstrantInnen festgenommen. In Massenprozessen wurden sie teilweise zu Gefängnisstrafen von bis zu zehn Jahren verurteilt. Bei Rafik und seinen FreundInnen haben die Ereignisse von Gafsa einen tiefen Eindruck hinterlassen: «Sie haben gezeigt, dass wir nicht alles mit uns machen lassen», sagt er.
Das alles geschieht in einem Land, das von der EU als Musterbeispiel für «stabile Wirtschaft und erfolgreiche Entwicklungspolitik» angeführt wird. Die EU, allen voran Italien, Deutschland und Frankreich, hat einen Anteil von fast achtzig Prozent am tunesischen Handelsvolumen. Frankreichs Präsident Nicolas Sarkozy und Ben Ali pflegen eine langjährige Freundschaft. Zum französischen Nationalfeiertag im Juli drückte der tunesische Staatschef seine «tiefe Zufriedenheit über die traditionelle Beziehung» zu Frankreich aus und hoffte «auf eine weiterhin fruchtbringende Zusammenarbeit» zwischen den beiden Staaten.
Ausserdem gilt Tunesien im europäischen Raum als touristisches Paradies. Mehr als sieben Millionen Touristen pilgern jedes Jahr ins tunesische Sonnenland. Auch Schweizer Reiseagenturen werben mit auffälligen Strassenplakaten für «Traumferien im nahen Tunesien ».
* Name geändert.
Medien in Tunesien
In Tunesien sind Zeitungen wie «Le Monde» oder «Libération» verboten. Das gilt auch für Oppositionszeitungen, sogar für jene der offiziell zugelassenen Oppositionsparteien, sowie alle Websites von Menschenrechtsorganisationen wie Amnesty International und Human Rights Watch. Die Schweizer Websitewww.swissinfo.ch steht seit dem Weltinformationsgipfel im Jahr 2005 unter Zensur. Damals kritisierte der Bundesrat offen die Menschenrechtssituation in Tunesien . Nach diplomatischen Bemühungen der Schweizerischen Botschaft in Tunesien wurde die Seite im Jahr 2007 zwar wieder aufgeschaltet, kurz danach jedoch wieder gesperrt. Bis heute blieben Anfragen der Botschaft unbeantwortet und der Zugang blockiert.
Wahlen 2009
Am 7. November 1987 gelang Zine el-Abidine Ben Ali ein «medizinischer Staatsstreich»: Ein ärztliches Gutachten diente ihm dazu, seinen Amtsvorgänger Habib Bourguiba als regierungsunfähig zu erklären und die Macht zu übernehmen. Seitdem ist er Präsident und wurde offiziell immer mit weit über neunzig Prozent der Stimmen gewählt. Seine Machtpartei RCD dominiert seit Jahrzehnten die politische Landschaft Tunesiens . Sie verbucht die Mehrheit aller Sitze in der Abgeordnetenkammer. 25 Prozent der Sitze werden an die Oppositionsparteien vergeben. Diese stehen entweder der Regierung nahe oder haben keinen Einfluss. Eine Ausnahme bildet die Partei Ettajdid mit drei Sitzen. Anfang Oktober möchte sich Ben Ali zum fünften Mal zum Präsidenten wählen lassen.
(Source: „Die Wochenzeitung“ (Hebdomadaire – Suisse), N° 39 du 24 septembre 2009, page 13)
Lien : http://www.woz.ch
liberté de la presse au Maroc, le quotidien Akhbar Al Youm suspendu
le 30 Septembre, 2009
Décidément, les pouvoirs en place dans les pays du Maghreb n’aiment pas du tout la presse et multiplient les atteintes à la liberté d’expression. Le quotidien marocain arabophone Akhbar el youm vient d’en faire les frais. La cause: La parution d’une caricature du prince Ismail, cousin du roi Mohamed VI, en relation avec la célébration d’un mariagepar la famille royale à Rabat.
Son numéro du weekend 26 et 27 septembre a été saisi et la police a posé des scellés à son siège, à Casablanca, interdisant au personnel l’accès aux locaux. Cela fait suite à la décision du ministère de l’Intérieur de poursuivre le quotidien en justice pour “non respect dû à un membre de la famille royale”. Une disposition du code de la presse.Le Groupe de Travail sur la Liberté d’Expression en Afrique du nord « WGFENA » qui condamne cette atteinte, estime que cette disposition doit être réformée car elle ouvre la porte à des interprétations qui peuvent entraver la liberté de la presse, et que la décision des autorités de fermer le siège du journal est entièrement contradictoire avec la loi puisque le code de la presse ne la prévoit pas.Le WGFENA exprime son indignation suite à la convocation du directeur de la publication, Taoufiq Bouachrine, pour être interrogé mardi soir par la police judiciaire à Casablanca.
Rappelons qu’en août, les hebdomadaires Tel Quel (francophone) et Nichane (arabophone) ont été saisis pour avoir publié un sondage sur la monarchie. Des actions en justice sont également en cours à l’encontre de plusieurs journalistes, accusés d’avoir publié, récemment, une “fausse information” sur la santé du roi Mohammed V.
L.M
(Source:”Le Matin dz” le 30 sept. 09)
Lien:
http://www.lematindz.net/news/2789-liberte-de-la-presse-au-maroc-le-quotidien-akhbar-el-youm-suspendu.html
Israël cherche une parade aux vives critiques de l’ONU sur la guerre de Gaza
De Charly WEGMAN (AFP) – le 30 sept. 09
JERUSALEM — Embarrassé, Israël cherche une parade diplomatico-judiciaire aux pressions internationales déclenchées par le rapport très critique de la commission onusienne du juge Richard Goldstone, l’accusant de “crimes de guerre” durant son offensive dans la bande de Gaza fin 2008.
Selon un haut responsable israélien, le Premier ministre Benjamin Netanyahu a procédé mercredi à des consultations ministérielles sur la création d’une commission d’enquête israélienne indépendante sur le conflit de Gaza.
M. Netanyahu pourrait proposer de créer cette commission jeudi à l’occasion d’une réunion du cabinet, a précisé la radio publique.
Interrogé par l’AFP, Mark Regev, le porte-parole de M. Netanyahu, n’a ni démenti ni confirmé ces informations.
Le ministre des Affaires sociales, Yitzhak Herzog, a pour sa part suggéré de mettre sur pied une instance chargée de traiter des conséquences juridiques internationales du rapport Goldstone.
“Les acteurs et les règles du jeu ont changé. Il faut créer un organisme étatique qui puisse gérer les effets du rapport Goldstone qui nous plonge dans une situation nouvelle au niveau international”, a-t-il affirmé à la radio.
M. Herzog a accompagné mardi le ministre de la Défense Ehud Barak en Grande-Bretagne où ce dernier a été menacé d’arrestation à la suite d’une requête d’un groupe d’avocats représentant des Palestiniens devant le tribunal de Westminster à Londres. La requête a été rejetée.
M. Barak était ministre de la Défense au moment de l’offensive israélienne contre la bande de Gaza, du 27 décembre 2008 au 18 janvier 2009, qui a fait plus de 1.400 morts palestiniens, selon des sources médicales palestiniennes.
“N’importe quel Palestinien peut porter, n’importe où dans le monde, des accusations à tort et à travers contre nous. Il est temps que le bureau du Premier ministre, les ministères de la Justice, de la Défense et des Affaires étrangères s’entendent pour prendre les devants”, a plaidé le ministre du Commerce et de l’Industrie, Binyamin Ben Eliezer.
“Le juge Goldstone a fixé les risques auxquels Israël est exposé en demandant que son rapport soit transmis au Conseil de sécurité de l’ONU, qui pourrait ensuite le confier à la Cour pénale internationale (CPI) de La Haye”, a expliqué à l’AFP Ruth Lapidot, professeur de droit à l’Université hébraïque de Jérusalem.
“Si le rapport est effectivement transmis au Conseil de sécurité, Israël n’aura alors pas d’autre recours que de compter sur le veto d’un des Etats membres de cette instance”, a-t-elle souligné.
Selon le professeur Lapidot, Israël devra par ailleurs tenter de convaincre les pays étrangers de renoncer à poursuivre ses ressortissants non protégés par l’immunité diplomatique. Elle a spécifiquement mentionné la Grande-Bretagne, l’Espagne et la Belgique qui défendent le principe de compétence universelle.
Pour Mme Lapidot, le meilleur moyen pour Israël de couper court à une éventuelle vague de procès intentés à l’étranger contre ses ressortissants serait de créer une commission d’enquête indépendante.
“Ce serait le parfait antidote, lavant Israël de toute responsabilité en tant qu’Etat pour d’éventuelles bavures graves commises à titre individuel par des militaires à Gaza”, renchérit Roland Roth, expert israélien en droit public.
Pour le juriste Ouriel Reichman, Israël “serait ainsi en mesure non seulement d’assurer son droit à l’autodéfense contre le terrorisme mais aussi le respect des règles éthiques de la guerre et de la morale juive”.
Etre français d’origine arabe en 2009
La publication, le 24 septembre, du témoignage de Mustapha Kessous, journaliste au “Monde” en butte au racisme ordinaire, a suscité un nombre record de réactions, sur Lemonde.fr et par courriel : encouragements de lecteurs “horrifiés”, réflexions et récits personnels. Voici des extraits.
SUR LE WEB
“Quelqu’un de bien”
Refus à l’entrée des discothèques, difficultés à trouver un appartement ou un travail malgré mon diplôme d’ingénieur, tout ça je l’ai vécu. Mais le plus pernicieux, le plus écoeurant, ce sont toutes ces remarques du quotidien, qui n’ont l’air de choquer personne et qui suscitent le silence dans le meilleur des cas. Un soir, lors d’une fête d’entreprise, on me présente au directeur en tant que nouvelle recrue. Mon responsable donne mon nom à consonance arabe et s’empresse de préciser : “Mais ne vous inquiétez pas, c’est quelqu’un de bien.” Après deux ans passés dans la même entreprise, certains collègues continuent d’écorcher mon prénom et m’appellent Leïla. A croire que j’ai plus une tête à m’appeler Leïla que Lylia. Aujourd’hui, j’attends mon premier enfant et j’hésite à lui donner un prénom typé. J’ai peur qu’il n’en souffre.
Lylia Kateb
Jeûner dans une société d’assurances
Je travaille dans une société d’assurances et mes horaires ne me permettent pas de rentrer chez moi le midi. Pendant le ramadan, je jeûne. Il m’est donc arrivé de rester à mon poste de travail pendant ma pause. Bien sûr, je ne suis pas la seule, beaucoup d’autres employés restent à leur bureau pour déjeuner. Et pourtant ma manager m’a fait comprendre que ce n’était pas parce que je ne mangeais pas que j’avais le droit de rester dans les locaux. J’ai accepté de me plier à cette règle à la condition qu’un rappel général soit fait à l’ensemble du personnel. Apparemment, tous les Blancs pouvaient jusqu’à présent transgresser cette règle sans être inquiétés, mais quand il s’agit d’une beur, ça devient grave !
Fatima Samra
J’ai de la chance, je suis blanche
Je me nomme Mariam, et une fois mes études achevées, j’ai recherché du travail pendant des mois en envoyant mon CV sans photo. Je n’ai jamais reçu aucune réponse. Je ne comprenais pas, j’avais de bonnes références et j’étais diplômée avec les félicitations du jury. Et puis j’ai fini par ajouter une photo d’identité sur ledit CV et l’ai renvoyé aux mêmes adresses. Dans les dix jours qui ont suivi, j’ai obtenu deux entretiens ! Durant l’un d’eux, l’homme qui me recevait a avoué m’avoir appelée à cause de la photo. Normal, je suis blanche. Mon prénom est arabe, mon nom passe-partout, ma mère est française de souche et mon père d’origine libanaise.
Mais j’ai de la chance, je suis bien blanche avec les cheveux raides alors même si je me nomme Mariam, les gens en me voyant ne pensent pas que je suis musulmane.
Mariam Houdrouge
Le racisme ordinaire
La difficulté de témoigner sur le racisme ordinaire est que tout témoignage est… ordinaire, entendu mille fois, et ne choque plus. Ce qui me révolte aujourd’hui, c’est quand j’entends mes amis me dire d’arrêter la victimisation, qu’il faut que j’évolue, que je me fais des idées, que Brice Hortefeux a un humour particulier mais qu’on en fait tout un plat.
Thierry Velnon
Un nom imprononçable
Ma peau est blanche, mon nom est noir. Depuis des années, je porte le nom de mon mari, africain. A la recherche d’un travail, j’ai galéré pendant des mois, car mon patronyme inspirait la méfiance. De guerre lasse, j’ai fini par me présenter sous mon nom de jeune fille. J’ai trouvé un poste assez rapidement, ma particule a bien aidé. Quelques jours plus tard, le contrat signé, mon supérieur a pris connaissance de mon nom d’épouse, présent sur certains papiers. Il a froncé les sourcils, m’a regardé et a lancé : “C’est quoi, ça ? Beeuuuuuu…” écorchant mon nom, imprononçable selon lui.
Catherine M’Boudi
Crédit refusé
Ma soeur, alors âgée de 20 ans et salariée depuis son apprentissage, avait demandé un crédit à sa banque pour acheter une voiture. Tout était bon, pas besoin de fixer un rendez-vous, juste un dossier à remplir et à signer. Quand elle a demandé à ce que le crédit soit également au nom de son fiancé, d’origine kabyle et avec un prénom et un nom à consonance nord-africaine, on lui a dit qu’il serait bon malgré tout de convenir d’un rendez-vous… Et le crédit leur a finalement été refusé.
Francelyne Brun
COURRIELS
Il a fallu que je parte…
Vous avez trouvé les mots justes pour exprimer/justifier la colère et la haine qui m’ont fait quitter la France il y a de cela quatre ans. J’ai 27 ans, je suis docteur en sciences de gestion, “lecteur” en marketing à l’université de Witwatersrand (Johannesburg, Afrique du Sud).
Cependant, comme vous le décrivez si bien dans votre article, peu importent les titres et autres accréditations, je suis noir et voilà ce qui compte en France. Education, travail, amour, transport, logement, loisir…, le racisme latent de la société française a toujours été là pour me rappeler ma différence.
Père noir français, mère blanche française, carte d’identité française, prénom français, modes de pensée français, sens de l’humour français ! La liste est longue mais n’a pas d’importance, car Noir en France, je n’y serai jamais français. Pour me sentir français, il a fallu que je parte. Emigrer. Comme mon père quarante ans plus tôt, mais dans la direction opposée. Nos certitudes étaient les mêmes : ça ne peut pas être pire qu’ici. Il fuyait la pauvreté, je fuyais le racisme.
Depuis quatre ans, je vis en Afrique du Sud. Ici, la race, le racisme ils connaissent. Un cauchemar mais une réalité, alors ils en parlent et essayent, tant bien que mal, de gérer ça. C’est pas évident, mais au moins ils ne se cachent pas derrière une Constitution, qui comme en France, se veut assimilationniste. Le problème existe alors réglons-le.
Ici, je suis respecté, j’existe ! A chaque fois que je rentre en France, la même question revient : “Quand rentreras-tu ?”. La plupart du temps, je réponds que je ne rentrerai jamais. Après l’Afrique du Sud, j’aimerais aller au Brésil, à Singapour ou aux Etats-Unis… pas la France. Mais après tout, la France reste mon pays. La France reste mon pays. Si difficile à écrire, si difficile à y croire… Mon pays ?
Alors oui, je rentrerai sûrement un jour en France. Je rentrerai le jour où la société française regardera le problème racial droit dans les yeux et admettra qu’elle a échoué dans sa mission intégratrice. Le jour où la France abandonnera son “modèle assimilationniste” paternaliste et raciste et sera enfin prête à offrir l’égalité à ses minorités.
Voilà, je ne rentrerai en France que le jour où ce pays (m’)offrira l’égalité !
Guillaume D. Johnson Johannesburg (Afrique du Sud)
Courir après les rôles
Ça a commencé quand j’ai pris mes premiers cours de cinéma et de théâtre à une fête organisée par l’école. Un grand Blanc m’a insulté, et m’a dit de retourner de là où je venais. Bien sûr on s’est battu, il a frappé le premier. Là déjà, on vous fait bien ressentir votre différence. J’ai passé le concours pour intégrer le conservatoire, j’ai été très bien noté et on m’a dit de continuer, ce que j’ai fait. J’ai fait l’Ecole de Café-théâtre, le Cours Florent, l’Atelier Damien Acoca.
Et je suis épuisé, épuisé parce que j’en ai marre de courir après les rôles. On ne me propose que de la figuration, et encore de temps en temps un petit rôle de voyou de beur de banlieue, de terroriste ; mais un vrai rôle de cinéma jamais.
Ma mère ne comprend pas, elle trouve que je ne fais pas trop arabe ; j’ai des yeux verts et je suis blanc de peau. Il aurait fallu que je m’appelle Pierre et que je change ce que je suis. Même un agent ne veut pas de moi. Quand j’ai fait les agences on m’a dit qu’il y en avait trop. Trop de quoi ? “D’Arabes”… En tous les cas ce n’est certainement pas à la télé et au cinéma qu’il y en a, car je ne les vois pas ; je dois être aveugle.
Pourquoi doit-on toujours nous poser la même question quand on nous voit pour la première fois. Vous êtes de quelle origine ? Max Gallo quand il écrit un livre, on ne lui demande pas de quelle origine il est. Je suis fatigué de devoir toujours justifier de ce que je suis. Alors je vais certainement arrêter de chercher un rôle que je n’aurai jamais, car je suis né dans la mauvaise famille, la mauvaise banlieue, et le mauvais pays. Dois-je émigrer pour réussir, et changer ma couleur de peau pour être accepté ?
Ladoui Djiab (La Courneuve – Seine-Saint-Denis)
Un seuil élevé de tolérance
Je suis ravi de voir que vous avez accepté de traiter finalement le sujet du racisme du point de vue de la personne qui subit (…). Il fallait qu’un journaliste du Monde s’exprime pour que le sujet devienne crédible. Par ailleurs, je trouve son témoignage touchant et j’ai envie de lui dire qu’il n’est pas le seul à subir ses humiliations quotidiennes.
Le vrai problème du racisme en France est le seuil élevé de tolérance aux atteintes racistes faites ouvertement et quotidiennement aux Noirs et aux Maghrébins. A chaque fois que je discute avec des amis blancs, et quelle que soit leur posture intellectuelle antiraciste, je sens très bien que le sujet est plus que secondaire pour eux. Ils me font souvent comprendre, sans pour autant l’expliciter, que mes propos sont presque exagérés, et peut-être que j’en fais trop parce que je suis arabe.
Quand on a 30 ans, il est très difficile de supporter ces injustices. Que dire de nos enfants ? Comment encaissent-ils ces humiliations et violences dirigées conte eux ? La police et la justice ne sont-elles pas complices de ces pratiques racistes ? Quand un Français non blanc pourra-t-il sortir dans la rue, aller en discothèque, parler avec un policier, adresser sa candidature à un job, passer un entretien d’embauche, sans se demander si son nom, sa religion, sa couleur de peau n’allaient pas encore lui jouer un sale tour ? La réponse est : ce n’est pas pour demain.
Imed Ben Abderahmane (Paris)
Les chercheurs aussi
Je me suis senti réconforté et un peu moins seul en lisant vos expériences qui s’apparentent plus que fortement aux miennes. Je m’appelle Tayeb Aiouaz, je suis chercheur et malgré la culture et l’éducation dont se prévaut le monde de la recherche, j’ai découvert à ma grande déception que ce que l’on appelle le “racisme ordinaire” n’a pas non plus épargné le milieu de la recherche. Il serait temps et peut-être intéressant de décliner ce racisme ordinaire dans plusieurs catégories professionnelles. Quant à moi, j’ai dû m’exiler pour continuer mes recherches notamment en Allemagne, aux Etats-Unis, et présentement aux Pays-Bas pour éviter ces freins dans la vie de tous les jours.
Tayeb Aiouaz Utrecht (Pays-Bas)
Contrôles
Je vous remercie de votre témoignage qui pose des questions très pertinentes et qui est également un témoignage de votre courage. J’y suis particulièrement sensible non pas parce que j’aurais moi-même subi des remarques de ce genre : mon prénom et la couleur de ma peau m’en protègent, justement. Non, si j’y suis sensible, c’est parce que depuis presque un an, je travaille à l’université de Turin et que je fais très fréquemment le voyage entre Paris et Turin (ma compagne travaillant à Paris). J’assiste donc aux très nombreux contrôles d’identité effectués sur la ligne TGV Paris-Milan – justifiés prétendument par des lois de lutte antiterroriste, mais qui ne servent qu’à aller à la pêche aux sans-papiers – et au comportement bien souvent déplorable, quand il n’est pas carrément raciste, de nombreux policiers, français ou italiens, à l’égard de passagers qui n’ont pas la “bonne” couleur de peau. Si par hasard s’y ajoute le fait que la personne n’a pas des papiers absolument en règle, c’est le tutoiement immédiat et descente du train.
Je profite parfois du passage des policiers pour les questionner sur le cadre législatif dans lequel ils mènent ces contrôles. Un jour, j’ai expliqué à un policier que, faisant ce trajet de manière quasi hebdomadaire, j’allais inévitablement finir par oublier mes papiers et je lui ai demandé ce qui allait alors m’arriver. Il m’a répondu que cela dépendait, par exemple, si j’avais une carte de bibliothèque en France, cela irait sans doute, car de doute façon ils travaillaient “au feeling”… Je ne saurais vous décrire le malaise qui m’avait alors saisi et qui revient systématiquement lorsque je vois la police aux frontières pénétrer dans le wagon. C’est en somme la honte de bénéficier d’une situation si confortable quand d’autres subissent l’injustice, tout cela pour un nom et une couleur de peau.
Alexis Saurin (Turin – Italie)
Le déni
Je suis noire, réunionnaise, de branche “française” bien plus ancienne que nombre de familles à “visages pâles” (humour !). En ce qui me concerne, au téléphone, c’est le contraire, j’appuie sur “Camille”, et oublie “Aldea”.
Quant aux entrées dans les endroits branchés, je suis toujours accompagnée de mon cher époux “blanc”, ça aide…
Quand je parle des préjugés qui pourrissent la vie au quotidien, je vois bien l’agacement chez certains de mes amis, alors je préfère balayer le sujet, et en même temps mes angoisses pour mes enfants (car j’ai 42 ans).
Ça m’a fait du bien de lire votre article, car le déni de la réalité du racisme existe. Normal, chacun a ses soucis, chacun va au plus vite, on formate, on juge, car on n’a pas le temps. Vous-même Mustapha, vous avez déjà eu des préjugés, comme moi. Alors positivons ! Vous, vous montrez votre carte de presse, et moi, je parle sans accent, je rassure les gens, et je dis que j’habite à Balma, comme avant à Bois-Guillaume…
Une amie me disait dernièrement, argumentant sur les victimes des préjugés, que l’on se moquait de ses enfants parce qu’ils portent nom à particule, mais, ai-je répondu à ma copine blonde aux yeux bleus : il s’agit de jalousie pas de racisme et on ne peut pas dire que le Blanc moyen soit “jaloux” de l’Arabe ou du Noir. Parfois, j’ai envie de chanter et de faire une danse tribale et de dire aux plus sots : “attention, je suis noire et je vais tous vous bouffer”, mais je n’arrive pas à prendre l’accent qui va avec.
En même temps, il faut rappeler qu’il existe des gens qui ne voient pas la couleur ni le prénom, ni le nom à particule, ce sont les esprits les plus ouverts… Il faut pouvoir s’entourer de ce cocon pour affronter les parasites, qui sont le plus souvent des “péquenauds” méfiants, qu’il faut éduquer ou “apprivoiser” (…), plutôt que des racistes purs et durs (allez, il faut s’en persuader, c’est bon pour le moral !!!)
Camille Simal Aldea Balma (Haute-Garonne)
(Source : « Le Monde » (Quotidien – France), le 30 septembre 2009)
Nucléaire: Ahmadinejad défie de nouveau les grandes puissances avant Genève
De Aresu EQBALI (AFP) – le 30 sept. 09
TEHERAN — Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad, adoptant toujours un ton de défi sur le nucléaire, a affirmé mercredi que son pays sortirait indemne de la réunion de Genève quelle qu’en soit l’issue et dénoncé les exigences d’un accès au nouveau site d’enrichissement.
Ces déclarations surviennent alors que le négociateur en chef du dossier nucléaire iranien Saïd Jalili s’est rendu à Genève en affichant son intention d’aborder de manière “positive” les négociations cruciales jeudi avec les six grandes puissances, liées au programme nucléaire controversé de l’Iran.
“Les négociateurs peuvent sûrement adopter la politique qu’ils veulent, mais cela ne nous causera aucun dommage”, a dit M. Ahmadinejad cité par l’agence iranienne Fars. “L’Iran s’est préparé à toutes les situations et notre nation a appris durant les 30 dernières années à tourner toute situation en sa faveur”.
Les révélations le 25 septembre sur un deuxième site d’enrichissement d’uranium en Iran ont jeté une ombre sur la réunion de Genève qui sera dirigée par M. Jalili et le diplomate en chef européen Javier Solana, en présence de représentants du groupe 5+1 (Chine, Etats-Unis, France, Russie, Royaume-Uni, Allemagne).
Selon le président ultraconservateur, les discussions de Genève, les premières du genre depuis 14 mois, sont aussi “une occasion exceptionnelle pour les Etats-Unis et certains pays européens de rectifier leur façon de traiter avec les autres nations”.
Il s’en est pris aux dirigeants de pays qui ont exigé un accès rapide de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) au nouveau site d’enrichissement d’uranium, en cours de construction dans une zone montagneuse au sud de Téhéran.
“Les dirigeants de ces pays ont commis une erreur historique en faisant des commentaires sur la nouvelle usine. Après cela ils ont dit que l’Iran devrait autoriser l’accès au site le plus tôt possible. Mais qui êtes vous pour dire quoi faire à l’agence et à l’Iran?” a-t-il dit selon la télévision d’Etat.
C’est le groupe 5+1 qui a appelé l’Iran à ouvrir à l’AIEA son nouveau site.
L’Iran, qui insiste sur le caractère civil de son programme nucléaire et estime comme son droit “souverain” d’acquérir la technologie nucléaire civile, a ensuite annoncé que le site serait placé sous supervision de l’AIEA et qu’il “informerait prochainement” cette agence du calendrier de son inspection.
Les Occidentaux, qui en revanche voient leurs soupçons sur les ambitions militaires nucléaires de l’Iran renforcés après les révélations sur l’existence du nouveau site d’enrichissement, ont brandi la menace de nouvelles sanctions et répété que l’option militaire demeurait sur la table.
L’uranium enrichi sert de combustible pour les centrales nucléaires mais entre également, à un degré d’enrichissement très élevé, dans la fabrication de la bombe atomique. L’Iran est sous le coup de trois résolutions de l’ONU assorties de sanctions pour son refus de suspendre l’enrichissement.
Pour le directeur général sortant de l’AIEA, Mohamed El Baradei, l’Iran est “du mauvais côté de la loi” pour ne pas avoir déclaré ce nouveau site “le jour où il a décidé de commencer la construction”.
Parlant à des journalistes à l’aéroport de Téhéran, M. Jalili, réputé proche de M. Ahmadinejad, a affirmé se rendre à Genève “pour cette négociation avec une approche positive. J’espère qu’elle sera aussi l’occasion pour les autres” d’adopter cette même approche.
Un conseiller de M. Ahmadinejad, Ali Akbar Javanfekr, a mis en garde contre tout recours à “la force et à l’intimidation” lors des discussions.
Yémen : Etat en voie de disparition
30/09/2009 | Jeune Afrique | Par : Patrick Seale
Activisme séparatiste dans le Sud, rébellion chiite dans le Nord, déclin de la production pétrolière, croissance démographique galopante… Le pays d’Ali Abdallah Saleh est au bord de l’implosion.
Au pouvoir depuis plus de trente ans – il dirige le Yémen du Nord depuis 1978 et l’ensemble du pays depuis 1990 –, le maréchal Ali Abdallah Saleh se bat pour sa survie politique. Assailli de toutes parts, il se retrouve dans la pire situation qu’il ait jamais connue.
Nombre de problèmes auxquels il est confronté plongent leurs racines dans l’histoire chaotique du pays, en particulier le renversement de l’imamat zaydite par un coup d’État « républicain » en 1962 et l’union, en 1990, entre le Yémen du Nord, dirigé par le Congrès général du peuple d’Ali Abdallah Saleh, et le Yémen du Sud, socialiste. Une union qui ne sera pas un franc succès. Et pour cause : peu après sa proclamation, près de 1 million de travailleurs yéménites étaient expulsés d’Arabie saoudite à cause du soutien apporté par leur pays à l’offensive de Saddam Hussein contre le Koweït.
Ce sérieux coup porté à un pays déjà très pauvre eut pour conséquence d’étendre un peu plus la misère. En 1994, le Sud tenta de faire sécession par les armes, mais la guerre civile s’acheva, au terme d’un effroyable bain de sang, sur la victoire du Nord et l’occupation, le 7 juillet, d’Aden, la capitale du Sud. Ce sont les ressentiments nés de cette guerre, et qui couvaient sous les cendres, qui ont éclaté au grand jour et conduit à une nouvelle explosion.
D’aucuns diront que l’histoire a rattrapé le maréchal, aujourd’hui littéralement assiégé. Car le Sud clame de nouveau sa volonté de faire sécession et de créer un État indépendant, sous le leadership d’Ali Salem al-Beid, ancien président du Yémen du Sud. À la pointe du combat séparatiste, le soi-disant Mouvement de mobilisation pacifique sudiste, qui n’est clairement pas aussi pacifique que le suggère son nom. De fait, le Sud s’est préparé à une nouvelle confrontation. Cet été, le pays a été le théâtre de violentes manifestations contre le gouvernement de Sanaa, qui a répondu par une répression particulièrement brutale.
Au moins 100000 déplacés
Autre ennemi du pouvoir central, au moins aussi dangereux, Abd al-Malik al-Houthi, chef d’un mouvement rebelle du Nord qui lutte contre les autorités de Sanaa depuis 2004. Le premier leader des insurgés, Hussein al-Houthi, un parent d’Abd al-Malik, fut tué dans les premiers mois de la rébellion. Le président Saleh s’est juré d’écraser le mouvement, accusant les Houthi de vouloir détruire la République pour restaurer l’imamat zaydite. L’expédition punitive – l’opération Terre brûlée – qu’il a organisée au début de septembre a abouti, selon Aboudou Karimou Adjibade, représentant de l’Unicef au Yémen, à l’exode de 100000 personnes, dont une majorité d’enfants. Le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) a pour sa part évalué à 35000, pour les seules deux dernières semaines d’août, le nombre d’habitants de Saada, place forte de la rébellion, qui ont dû fuir leur foyer. Le Programme alimentaire mondial (PAM), qui a acheminé par avions 40 tonnes de biscuits, a du mal à accéder aux déplacés en raison des combats. Les troupes gouvernementales, appuyées par l’aviation et l’artillerie, ont essayé d’ouvrir la route de Saada, bloquée un temps par les rebelles, qui contrôlent toujours les montagnes surplombant la ville. Les affrontements, qui auraient fait un très grand nombre de morts, constituent la pire explosion de violence depuis la guerre de sécession de 1994.
Bien que les Houthi soient zaydites – une branche de l’islam chiite –, on ignore s’ils aspirent vraiment à restaurer l’imamat zaydite ou s’ils ne font que se soulever contre les discriminations économiques et les traitements injustes dont ils s’estiment victimes de la part de Sanaa. Ce qui est sûr, c’est qu’ils réclament un certain degré d’autonomie.
Dans tous les cas, le conflit menace d’impliquer des puissances extérieures. Le ministre yéménite de l’Information, Ahmad al-Lawzi, a ainsi accusé indirectement l’Iran de soutenir les Houthi, alors que l’armée loyaliste affirme avoir mis la main sur des armes de fabrication iranienne – dont des mitrailleuses, des missiles courte portée et des munitions. L’Arabie saoudite s’inquiète du fait que le conflit peut fournir à l’Iran l’occasion d’étendre son rayon d’influence tout près de ses frontières. Téhéran, de son côté, toujours soucieux de la sécurité des communautés chiites, appelle à un règlement pacifique du conflit.
Ces soulèvements dans le Sud et dans le Nord surviennent dans un contexte particulièrement difficile pour le président Saleh et son gouvernement. La production pétrolière – 320000 barils par jour – est en déclin, la chute des cours de l’or noir ayant frappé le pays de plein fouet. Sous l’effet d’une croissance démographique de 3 %, la plus élevée du Moyen-Orient, le nombre d’habitants devrait passer de 18 millions aujourd’hui à 35 millions en 2029, aggravant un peu plus la situation économique et sociale. Problème national récurrent, la culture du qat, une drogue à laquelle beaucoup de Yéménites sont dépendants, continue de faire des ravages. Principale activité commerciale du pays, elle occupe 145000 hectares de terres, contre 80000 il y a dix ans, et constitue un important poste de recettes pour l’État, mais également une source de corruption endémique impliquant aussi bien certaines des plus hautes personnalités que de nombreux agriculteurs.
Une aubaine pour Al-Qaïda
Enfin, comme si cela ne suffisait pas, le Yémen semble avoir attiré des cellules d’Al-Qaïda, dont celle responsable de l’attaque contre l’USS Cole dans le port d’Aden, en octobre 2000, qui fit dix-sept morts parmi l’équipage américain. De nombreuses personnes soupçonnées d’être des agents d’Al-Qaïda furent arrêtées et emprisonnées, mais, en février 2006, vingt-trois d’entre elles, dont les auteurs présumés de l’attentat contre l’USS Cole, réussissent à s’échapper via un tunnel débouchant sur une mosquée des alentours. Parmi les évadés, Nasser al-Wahayshi, 33 ans, ancien secrétaire d’Oussama Ben Laden, dont on pense qu’il est le chef d’Al-Qaïda au Yémen. Selon plusieurs sources, les cellules yéménite et saoudienne de la nébuleuse djihadiste auraient fusionné pour former Al-Qaïda dans la péninsule arabe, ce qui alarme les agences de contre-terrorisme, en Amérique et ailleurs, qui redoutent de voir le Yémen devenir un refuge pour les islamistes radicaux.
Le pays d’Ali Abdallah Saleh pourrait avoir besoin de la médiation des États voisins – dont les pays du Golfe, l’Arabie saoudite et même l’Iran – pour l’aider à résoudre ses conflits internes. Mais il a surtout besoin d’une aide d’urgence en matière de santé, d’éducation, de développement économique et de création d’emplois. Cette année, l’Agence américaine d’aide au développement international (USAid) a versé 24 millions de dollars au Yémen, une somme dérisoire en regard des milliards de dollars gaspillés par les États-Unis dans des guerres inutiles et perdues d’avance.
(Source:”Jeune Afrique” le 30 sept. 09)
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