30 août 2007

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TUNISNEWS
8 ème année, N° 2655 du 30.08.2007

 archives : www.tunisnews.net

 

AFP: Terrorisme : un Tunisien interpellé à Roissy à son retour d’Ethiopie AFP: Pétrole: la Tunisie prévoit le forage de 75 puits d’ici 2011 Abdel Wahab Hani: Le stalinien Goujat bombardé à la tête de la Radio-Télévision nationale Le blog « Débat Tunisie »:TUNISIE : Le débat Confisqué La Presse: Décès du Pr Mohamed Souissi – Un savant hors pair

Jeune Afrique : Ça swingue en Tunisie AFP: L’influence du lobby juif aux Etats-Unis au coeur d’un nouvel ouvrage Reuters: Irak – Enquête du Pentagone sur des détournements d’armes US AFP: Goodbye, Lénine? Des vestiges soviétiques renaissent dans l’Arctique Reuters: Turquie: valeurs morales et laïcité plutôt que charia ? Reuters:Le président Gül approuve le gouvernement réformateur turc Le Monde : Analyse – bdullah Gül, nouvelle ère en Turquie Le Monde :Révélations sur le contenu des accords conclus entre la France et la Libye


Terrorisme : un Tunisien interpellé à Roissy à son retour d’Ethiopie

 

 
AFP, le 30 août 2007 à 14h13   PARIS (AFP) Un islamiste présumé expulsé d’Ethiopie a été interpellé jeudi matin vers 7H00 après son arrivée à l’aéroport de Roissy avant d’être placé en garde à vue à la Direction de la surveillance du territoire (DST), a-t-on appris de source judiciaire. L’homme, âgé d’une vingtaine d’années, Ayoub Sfaxi, de nationalité tunisienne, avait été arrêté début 2007 par l’armée éthiopienne alors qu’il fuyait le bombardement d’un camp d’entraînement de combattants islamistes, proche de la frontière somalienne dans lequel il se trouvait, selon la même source. Il avait été arrêté avec d’autres personnes qui fuyaient ce camp de la milice des tribunaux islamiques somaliens, une entité proche d’Al Qaida, a-t-on précisé de même source. Il a refusé l’expulsion vers son pays d’origine la Tunisie. L’homme était en possession d’un titre de séjour français et les autorités éthiopiennes ont donc décidé de l’expulser vers la France. La section antiterroriste du parquet de Paris a confié l’enquête à la DST qui conduisait la garde à vue jeudi matin dans ses locaux. Cette garde à vue devrait permettre aux enquêteurs français de décider si le suspect peut intéresser ou non la justice française. Ayoub Sfaxi qui s’est rendu en Ethiopie via plusieurs pays arabes en septembre 2006, résidait en France lorsqu’il a été condamné par défaut à Tunis en 2004 pour « activités subversives liées à l’usage d’internet ». Le tribunal de première instance de Tunis l’avait condamné à une peine de 26 ans et 3 mois de prison pour des faits datant de 2001-2002. La justice tunisienne lui reprochait, ainsi qu’à six jeunes prévenus âgés de 18 à 22 ans et un autre homme résident en Suède, de faire partie d’un groupe dénommé « Les brigades du Prophète », originaires de Zarzis (sud) et ayant pour objet la préparation d’attentats à l’explosif. Parmi les prévenus figuraient quatre lycéens accusés d’avoir volé des substances supposées servir à la confection d’un engin explosif dans le laboratoire de leur lycée, après avoir glané des recettes sur internet.
 

Pétrole: la Tunisie prévoit le forage de 75 puits d’ici 2011

AFP, le 30 août 2007 à 12h45

 

TUNIS – Le gouvernement tunisien prévoit le forage d’environ 75 puits de pétrole et l’octroi de 44 permis de prospection d’hydrocarbures entre 2007 et 2011, a-t-on appris jeudi auprès du ministère tunisien de l’Industrie, de l’Energie et des PME. 

Quinze puits devraient être forés par an et huit permis de prospection d’hydrocarbures seront accordés chaque année, a-t-on précisé de même source.

 

En Tunisie, où trois nouveaux gisements en moyenne sont découverts chaque année, les réserves pétrolières sont estimées à 425 millions de tonnes, selon les chiffres officiels.

 

Les autorités tunisiennes ont multiplié ces dernières années l’attribution des permis de recherche d’hydrocarbures pour tenter d’augmenter la production nationale, après l’épuisement des principaux gisements du pays.

 

Petit producteur, ce pays exporte annuellement 2,5 millions de tonnes de brut et importe plus d’un million de tonnes pour une production estimée à 3,4 millions de tonnes équivalent pétrole (2006).

 

Ses recettes à l’exportation ont atteint 815 millions d’euros au cours du premier semestre 2007, soit une augmentation de 45,9% par rapport à 2006, grâce au retour à l’exploitation de petits gisements jugée trop coûteuse auparavant, selon l’Institut National de la statistique (INS).

 

La Tunisie avait concédé en juin à Qatar Petroleum, pour deux milliards de dollars, la construction et l’exploitation durant 30 ans d’une raffinerie à Skhira (Sud-Est) d’une capacité de 120.000 barils/jour.

 

Les compagnies américaines détiennent 38% des parts du marché tunisien de la production et de l’exploration d’hydrocarbures, viennent ensuite les entreprises européennes, canadiennes et arabes.

 

 


 

 

Le stalinien Goujat bombardé à la tête de la Radio-Télévision nationale

 
Par : Abdel Wahab Hani
awhani@yahoo.fr
 
 
Le propagandiste Moncef Gouja (Goujat : Homme grossier, mal élevé, manquant totalement de savoir-vivre, dit le dictionnaire français) s’apprête à rentrer à Tunis pour y prendre les reines de l’établissement de la Radio Télévision Tunisienne ERTT, dans les jours qui viennent.
 
Ce marxiste léniniste d’obédience stalinienne dans les années 70 et 80, a rallié le général Zine El Abidine Ben Ali le lendemain du coup d’Etat du 7 novembre 1987. Il criait alors sa joie à Paris en répétant machinalement et comme dans une extase: « Ô camarades… C’est le grand soir de la Révolution », en paraphrasant le grand leader et fondateur de l’Union Soviétique, le révolutionnaire Vladimir Illitch Lénine, prononcé au sujet de la révolte russe de 1905, que le révolutionnaire observa avec intérêt depuis son exil genevois.
 
Le stalinien a été l’un des premiers « marxistes de droite » (terme que nous préférons à « gauche » puisqu’une telle attitude n’a rien à voir avec les valeurs de la vraie gauche) à être coopté pour occuper des postes importants dans les rouages clefs du flicage des populations et les services de propagande et de désinformation. Services sociaux consulaires, organes de propagande « extérieure », direction des organes d’information « du parti et du gouvernement »…
 
Son avant dernier poste fut non moins celui de Directeur de l’organe arabophone du parti au pouvoir, Al-Hurria, où il aura régné en petit dictateur corrompu et avide d’argent, des privilèges (accordés à toute sa famille) et de pouvoir absolu. Son fils « pigiste » d’occasion à la plume « sportive » minable fut payé mieux que le journaliste le plus chevronné de la maison. Son épouse, esthéticienne « à l’ancienne » de la Première Drame, avait fait explosé le compteur téléphonique. Les factures de son traiteur et ses faramineux bons d’essence, ainsi que ses dépenses extravagantes ont ruiné les finances du journal. Il avait laissé une ardoise bien salée à ses successeurs et la simple prononciation de son nom dans les couloirs de cette rédaction évoque les cauchemards les plus horribles.
 
Son avant avant dernier poste fut la Direction générale de la SNIP, société gouvernementale éditrice du quotidien, gouvernemental, La Presse de Tunisie. Purge des meilleurs journalistes,comme au bon vieux temps soviétique, renvoi des critiques littéraires et artistiques qui ne plaisent pas au goût de la Première Drame, amie de sa femme, flicage de la rédaction, mouchardisme journalistique, désinformation érigée en ligne éditoriale, courtisanerie nauséabonde, Editos donnant la nausée…
 
Son dernier poste éphémère a été celui de Consul général de Tunisie à Paris, ce qui a fait de lui le personnage le plus important de la haute fonction consulaire tunisienne.
 
A Paris, il réussi à piétiner sur les prérogatives puis bloquer l’action de son supérieur hiérarchique, l’Ambassadeur Raouf Najjar, pourtant ancien ministre de la jeunesse, des Sports, de l’Education et de la Formation. Nombreuses sont les manifestations où l’Ambassadeur de la République fut prié, par on ne sait quel cabinet noir, de s’éclipser au profit de son Consul ! Une première dans l’histoire de la République .. Lassé des intrigues et des desseins sataniques de son Consul général, l’Ambassadeur Najjar décide enfin de demander son rappel à Tunis!
 
Le Ministre de la Propagande décide, en bon gestionnaire des affaires de sa protectrice-protégée, alors de rassurer la Première Drame en nommant à Paris, l’un de ses proches, en la personne du minable Mohamed Bouchiha, chef parachuté d’un parti de décor.
 
Pire, le Gouja(t) se prend pour « Dieu », ou plus précisément le « Fils de Dieu ». Dans ces nombreuses opérations de charme auprès des décideurs français, il évoquait son admiration pour son mentor et maître à penser, le Ministre de la Propagande, aujourd’hui patron de la Diplomatie de propagande.
 
On comprend mieux qui soutient le Goujat et qui le propulse à l’encontre de la répulsion qu’évoque son nom dans tous les milieux, y compris ceux du parti au pouvoir et des ministères et directions par où  il est passé.
 
A l’un de ses interlocuteurs, gêné par les méthodes staliniennes d’un autre âge qui persistent dans les médias tunisiens, le Goujat soulève « des difficultés de démocratisation du secteur, comme de l’ensemble de la vie politique, liées à l’inertie du parti destourien » (sic!) et que « Monsieur (sic!) Abdallah (lire le Ministre de la Propagande, qui a laminé la presse tunisienne) est un homme d’ouverture, un vrai démocrate » (sic!)
 
Le Goujat se réfère plus au Ministre de la Propagande qu’à l’actuel chef de l’Etat ! « Il parle comme un Ministre de Monsieur Abdallah », son « Dieu », dira de lui un professionnel des médias sous couvert de l’anonymat.
 
A Paris, ce stalinien avide de pouvoir, de gloire et d’argent, sans réelle conviction, multiplie les opérations de charme, les déplacements inutiles et les dîners et soirées dignes des fastes des mille et une nuit, ses extravagances au café des célébrités du Fouquet’s, en plein Triangle d’Or, à l’intersection de la très chic Avenue des Champs Elysées et du très cher Georges V, collé à sa résidence hyper luxueuse, le tout aux frais du contribuable tunisien.
 
Détesté par le personnel du Consulat général, inconnu de la plus part des 500.000 tunisiens recensés en France, dont ils ne s’est jamais intéressé d’ailleurs, décrié par les associations de la « colonie tunisienne » en France, ce stalinien s’est permis le luxe d’entrer en conflit ouvert avec l’influant patron du « parti » en France, tant il se sent soutenu par l’Homme fort du gouvernement qui se prépare au « grand soir de la Révolution », celle qui mènera le Ministre de la Propagande au Palais de Carthage.
 
Le compte y est presque: L’ami de longue date, le stalinien Moncef Goujat, à la tête de la Radio et de la Télévision tunisienne, un empire contrôlant toutes les chaînes, nationales et régionales, de Radio et de télévision; Ridha Bouguezzi AbAbiste de longue date contrôlant la RTCI (Radio Tunis Chaîne Internationale); Mohamed Gontara, l’attaché de presse bombardé récemment à la tête de la SNIP, contrôlant la presse gouvernementale et son influent quotidien francophone La Presse de Tunisie; l’ex communiste Abdeljelil Bouguerra, bombardé, sans aucune compétence journalistique, à la tête de l’édition arabe Assahafa, l’ex communiste et nouveau porte drapeau de la droite marxiste Mongi Zidi, sans aucune compétence autre que la courtisanerie et le tbandir, à la tête de Al-Hurria, organe arabophone du parti au pouvoir.
 
Tous ces responsables ont la double « compétence », des ex-communistes, staliniens, maoïstes et même polpotistes et Enver Khodgistes pour certains, doublé d’un dévouement sans retenue à, l’égard du Ministre de la Propagande.
 
Le dernier arrivé, Mongi Zidi, pourtant âgé tout juste de 45 ans, s’est illustré par un Edito « Le discours de la Méthode », parue le 26 août 2007 comparant la dernière interview, convenue, accordée par le chef de l’Etat au journaleux véreux Melhem Karam, de Al-Hawadedh (Liban), au « discours de la Méthode » du grand philosophe de la rationalité, René Descartes, au célèbre sociologue allemand Max Weber et à l’illustre philosophe marocain Abdallah Laroui…
 
Quelques semaines auparavant, Sadok Chaabane, plusieurs fois Ministres, Président du Conseil économique et social, idéologue du régime et ami du Ministre de la Propagande, affirmait, sans rougir, devant l’Université d’été du RCD (parti au/du pouvoir), à Mahdia le 27-07-2007, lors sa conférence sur « les 7 défis d’avenir » (Le chiffre 7 est une obsession chez la courtisanerie):
Le paysage politique est en pleine mutation, et c’est toute la force du Rassemblement constitutionnel démocratique que d’avoir été… au centre d’une recomposition qui rafraîchit plus et davantage notre Démocratie. (…)
 
(Le RCD) entend bien s’adjoindre tous les talents, d’où qu’ils viennent, non pas pour faire comme avant mais pour faire différemment. Car il ne s’agit plus de  répéter le passé, mais  de créer et de saisir l’avenir pour que cette participation accouche des choix clairs et cohérents qui permettraient une mise  en œuvre réussie de la République de demain  (..) afin que la démocratie sorte renforcée. (…)
 
… réfléchir sur les moyens à même de faire gagner au parti la sympathie de la société civile locale et surtout comment drainer les organisations internationales à implanter des filiales en Tunisie. (…)… Voici le but suprême pour lequel des staliniens de toutes les obédiences, de « l’Ambassadeur » Samir Labidi, au « Consul général » Moncef Goujat, ont été recrutés..
 
Moncef Goujat à la tête des Radios et Télévisions publiques, dont le siège nationale de l’ERTT à Tunis est le bâtiment public le plus protégé du pays, tant il symbolise le pouvoir, veut dire clairement que le Ministre de la Propagande a réussi à placer ses pions dans les organes les plus importants et les plus sensibles et décisifs en cas de vacance du pouvoir. Il pourra ainsi modeler l’opinion à sa guise et se frayer un chemin pour Carthage, sans grandes résistances.
 
Un pacte semble être scellé entre la « belle »-famille présidentiel des Trabelsi, convaincu du veto national, régional et international les frappant d’outracie, le Ministre Baas Dir-Cab présidentiel (Ahmed Yadh Ouedrni) et le Ministre de la Propagande (AbAb Ettabbou Stayyech) pour partager le pouvoir et propulser le dernier à la tête du pays.
 
Pendant que ce dernier voyage partout et reçoit beaucoup, se donnant la stature d’un Homme d’Etat, l’actuel chef de l’Etat est relégué à un second plan, se contentant de figurer, quelques minutes à la télé, à la tête de réunions sans grand intérêt entouré.. des membres des conseils généraux des différents gouvernorats (..), alors que son Ministre de la Propagande se montre avec des Chefs d’Etat et des Hommes d’Etat de premier rang.
 
Même les très officiels « hauts émissaires » des chefs d’Etat étrangers ne sont plus reçu par le Chef d’Etat en exercice, mais.. par son Ministre de la Propagande (..). D’où l’importance des organes de propagande qui ne cessent de gonfler les activités de leur Ministre et protecteur et de minimiser toutes les autres, au point de les rendre ridicules..
 
L’arbre, toxique certes, de Goujat, ne doit pas cacher la forêt infeste de AbAb Ettabbou Stayyech, qui règne en Maître absolu sur l’échiquier de « la succession compliquée en Tunisie », pour reprendre la formule de l’Edito de Pierre Rousselin dans Le Figaro du 13 juin 2007.
 
Si le pays ne s’y prend pas à temps, on aura un nouveau bail de dictature, pire que celle qui s’écroule devant nos yeux, « une dictature à visage humain », comme le fut celle de tous les régimes staliniens. Les tunisiennes et les tunisiens sont capables de mettre en échec les desseins de l’Impératrice « des derniers jours » (Aakher Ezzman) et de son apprenti dictateur et ses Goujats petits dictateurs faiseurs de dictateurs..
 
Paris, le 30 août 2007
Abdel Wahab Hani
 
 
 
Jeudi, 30 août 2007, info-Tunisie, officiel

Nouvelles nominations dans le secteur audiovisuel

 
Dans un communiqué publié, jeudi, le ministère de la Communication et des relations avec la Chambre des députés et la Chambre des conseillers annonce la nomination de MM. et de Mme :
– Moncef Gouja : Président-directeur général de l’Etablissement de la télévision
– Mansour M’henni : Président-directeur général de l’Etablissement de la radio
– Zouheir Guembri : Directeur de la chaîne « Tunis 7 »
– Hamadi Arafa : Directeur de la chaîne « Tunisie 21 »
– Mouldi Hammami : Directeur de la Radio nationale
– Ridha Bouguezzi : Directeur de la chaîne internationale (RTCI)
– Nébil Meddeb : Directeur de Radio-Monastir
– Ezzeddine Amri : Directeur de la Radio culturelle
– Olfa Chargui : Directrice de Radio-jeunes
 

 


 

TUNISIE : Le débat Confisqué Par -Z-  

 
ACTE 1 La situation de la Tunisie désole mais excite l’intellect. J’ai pris ma plume aujourd’hui, pour tenter d’exposer à ma manière les composantes d’une totalité complexe résultant d’une situation politique particulière. Je puise mes réflexions  des préjugés sociaux émanant de mon contexte familial, d’opinions politiques défendues par des étudiants de mon âge, des jugements émis par ce que l’on pourrait appeler les « petits gens ». Aussi des situations personnelles, des drames familiaux, qui complètent le puzzle à une échelle plus réduite, mais qui semblent découler d’une même structure générale dont il me faudra par ce modeste essai révéler les tenants et aboutissants. Le constat que j’ai pu tirer des ces témoignages c’est que notre pays se désagrège et se clive. Mon hypothèse est que l’absence d’un vrai débat public entre citoyens constitue la source de cette division : La confiscation du dialogue fait que des différences sociales liées à des facteurs objectifs (niveaux de revenus, croyances, origines régionales) se muent en frontières symboliques étanches entre groupes sociaux. Ce phénomène de décomposition expose les uns et les autres aux fantasmes et à la méfiance mutuelle. Le repli sur soi qui s’en suit joue en faveur du régime qui ne craint plus la menace d’une fusion des masses. Dans la suite de cette analyse, je brosse un portrait de certaines « identités remarquables ». Je distinguerai quelques dualités qui se recoupent et qui ne forment pas des identités figées. Ainsi opposerai-je les « occidentalisés » des « islamisés ». Les « roturiers » des « bourgeois ». Aussi distinguerai-je certains statuts ou positions sociales qui créent des communautés mystifiées et reconnues comme telles. Ainsi en est-il de l’élite économique proche de la famille du président. Leur nombre pourtant limité ne suffit pas à minimiser l’impact symbolique que cette petite caste porte sur l’ensemble de la population tunisienne. Ajoutons à cette caste royale, celle de ses janissaires : les policiers, appelés « Hakem », substantif singulier qui signifie l’ « Ordonnateur ». Leur nombre est difficile à estimer, puisque certains d’entre eux ne portent pas d’uniforme et se fondent dans la masse pour la contrôler. On peut aussi identifier la catégorie des « intellectuels » (faute d’une meilleure traduction du mot « mot’thaqqef ») reconnus comme tels. Ils se divisent en deux groupes  qui se côtoient et qui se confondent au grès des opportunités. Les uns faisant le jeu du régime par leur participation à la propagande, les autres, plus discrets concentrent leurs efforts sur tout ce qui ne traite pas directement de la politique tunisienne. Les deux restent cependant  méfiants envers l’Islamisme et l’impérialisme occidental. Occidentalisés et Islamisés Ce qui les unit, c’est leur perméabilité à un mode de vie et à un système de pensé hérités en grande partie par des sources exogènes au pays. Ce sont les mondialisés pour le meilleur ou  pour le pire. Ils adoptent par procuration  des idées, des modes de consommation et prennent positions sur  des conflits planétaires oblitérant souvent leurs luttes quotidiennes et leurs revendications citoyennes. Ils sont les usagers invétérés du même instrument d’information : la Télévision. Ce qui les différencie ce sont les clefs qu’ils emploient. Les uns ouvrant les portes des canaux arrivant de cultures dites occidentales, les autres ouvrants ceux provenant du moyen orient. Bien entendu il s’agit de vases communicants. On peut être l’un et/ou l’autre. (on pourra parler d’une certaine schizophrénie) Ce phénomène pourrait s’apparenter à celui d’une colonisation culturelle, sauf qu’à la différence de celui-ci, il n’est pas unipolaire, non subi mais relativement choisi mais dans une marge très étroite de possibles. La télécommande est l’organe qui permet de choisir entre telle ou telle influence. Il est évident que la télévision n’est qu’un maillon parmi tant d’autres de la chaîne complexe d’influences qui conditionnent le positionnement idéologique d’un individu. Peut être même qu’elle n’est que l’outil de la manifestation de choix déjà arrêtés et définis. On ne peut pas négliger cependant le pouvoir inducteur de ce meuble vivant qui trône au milieu des salons tunisiens et qui constitue souvent la seule source d’information et de divertissement dans un pays où le débat public a été pris en otage par la propagande. Certains choix anodins, tels que celui de mettre en favori certaines chaînes plutôt que d’autres, pour des raisons d’affinités linguistiques et culturelles, conditionneront des choix moins anodins, tels que son mode vestimentaire ou ses positions idéologiques. Ces influences traduisent un vide culturel et politique que le tunisien trouve urgent de remplir par le premier modèle qui se présente à lui. D’où l’absence d’esprit critique et de l’abandon de soi au modèle. Les islamisés résument le monde à la menace occidentale incarnée par les Etats-Unis. La religion leur fournira des grilles de lectures binaires par lesquelles ils classeront l’Occident dans la catégorie du mal et l’Orient idéalisé de l’époque du prophète comme la catégorie du bien suprême qu’il faudra restaurer. (Le fameux « choc des civilisations » de Huntington semble opérer) Chacun à son échelle tentera de s’exprimer en défendant des idées ou en adoptant des comportements dictées par des imams cathodiques. Ainsi, la Foi se présentera pour eux comme une protection contre un mal-être politique et comme un argument pour affirmer une identité mise à mal par la détérioration du niveau de vie et par les injustices sociales. Ils imputeront plus facilement leurs malheurs aux américains et aux « sionistes » qu’au gouvernement en place. Cela dit, quelques soient les raisons qui ont poussé à un retour en masse à la religion, qu’elles soient bonnes ou mauvaises, on doit s’interroger sur le résultat de ce choix et de ses conséquences. Peut être en émergera-t-il une nouvelle vision de la société plus juste et plus fraternelle ? Faute de débat publique, nous ignorons le projet, s’il y en a, de cette tendance sociale. De l’autre côté, nous avons les occidentalisés. Ceux-ci adoptent d’une manière ostentatoire des codes importés d’Europe et craignent tout en restant arrogants dans leur ostentation, la menace intégriste qui plane dans l’aire. Ils iront jusqu’à défendre le régime en place et se refuser à des élections libres par peur de voir les islamistes l’emporter (ce qui est très probable). Ils établissent une échelle de valeur en fonction de la teneur en « occidentalité » de l’objet ou de la personne jugée. Ainsi, une idée serait juste si elle est exprimée en bon français. (n’oublions pas que la France reste le vis-à-vis tunisien de  ce que l’on nomme occident). Un spectacle serait forcément « artistique » s’il venait d’Europe. Dans les domaines plus techniques la référence occidentale s’impose par elle-même confortant une certaine illusion selon laquelle tout ce qui émane de ces pays est bien, beau, vrai, en bref authentique. Mais cette confiance aveugle envers tout ce qui porte l’essence occidentale (car il s’agit bien d’essence) réveille un complexe de colonisé. Ainsi le tunisien  occidentalisé ne manquera pas de rappeler la décadence,  ou l’impureté de l’occidental (souvent incarné par le touriste). Il méprisera leur supposée liberté sexuelle qu’il confondra avec certaines pratiques perverses. Il les accusera à tort ou à raison de racisme au moindre manquement de respect. C’est pour cela que tout occidentalisé, est souvent un islamisé en puissance. Car arrivant à un certain seuil de méfiance envers la prétendue dépravation occidentale, celui-ci pour s’en protéger peut virer brusquement de bord. Le 11 Septembre et la débandade américaine fut le catalyseur de cette tendance. Il est cependant impossible de voir un islamisé changer de bord car il s’agirait d’un recul puisqu’il est déjà occidentalisé. Le sens du progrès allant vers cette Islamisation mondialisée de la société Tunisienne. Roturiers et Bourgeois Cette analyse ne s’appuie pas sur des chiffres ni sur des études universitaires. Il s’agit simplement de repérer des clivages visibles à l’observateur que je suis. L’objectif étant de trouver une nouvelle nomenclature pouvant servir à de futures études plus approfondies. Je pars du principe que l’expérience empirique constitue un préalable à la connaissance. Le découpage en classes sociales s’applique sans trop de peine à la société tunisienne. Celle-ci ne fait pas exception à la règle, elle est hiérarchisée, dans laquelle certains profitent d’autres. Il y a une sorte de différence de potentiel qui permet de faire tourner le moteur. La ville est le lieu où cette exploitation reste la plus visible. On la voit dans les foyers des familles aisées, dans la rue, dans les bureaux et dans les usines. Ceux que j’appelle roturiers, constituent cette population polyvalente qui migre d’un lieu d’exploitation à un autre, d’un secteur d’emploi à un autre. Entre deux embauches elle s’improvise un étalage dans un marché. L’Etat a décidé de son sort, ou plutôt il l’a abandonnée à son propre sort en la défiscalisant et en la lâchant dans une jungle hostile. Les employeurs alignent selon leurs intérêts de classe les salaires qu’ils lui attribuent. Tout semble conspirer pour que cette catégorie démunie ne prenne jamais conscience de sa situation et qu’elle voit rarement ses enfants prendre « l’ascenseur  social » malgré l’obligation et la gratuité de l’enseignement. Elle se retrouve retranchée dans des quartiers populaires où la débrouille, l’improvisation, le vivre au jour le jour se constituent en véritable philosophie du quotidien. Le silence des syndicats corrompus, l’absence de représentation politique par un parti,  expose ses protagonistes aux chants des sirènes barbues. Leur interprétation de la situation d’exploités s’exprimera en terme de résignation religieuse, une sorte d’Islam sauveur. Ils n’accuseront pas le système économique d’être la cause de cette injustice, mais plutôt la dépravation morale de la société tunisienne. Livrés à eux-mêmes pour subsister, ils s’adonnent à leur échelle aux mêmes pratiques immorales de corruption et de prédations. Ils se sentent à leur tour salis et voient dans le rachat religieux un argument de plus pour s’adonner à un Islam expiateur. Pour ceux qui décident d’agir, ce sera aussi en termes religieux et c’est sur eux que les discours salafistes trouvent écho. Ils seront tentés de partir au djihad en Irak ou ailleurs pour combattre non pas le capitalisme mondialisé (si l’on s’accorde qu’une partie de leurs malheurs vient de cela), mais le Satan occidental. Cet Islam vengeur se présente encore une fois comme un succédané qui détourne l’individu de la vraie lutte et l’envoie vers des terrains vagues où il n’aura pour ennemis que des ombres. Quant aux bourgeois, chefs d’entreprises, professions libérales, particuliers, propriétaires terriens, ils font et sont la richesse du pays. Leur rôle est déterminant pour l’économie et se trouvent plus ou moins appuyés par l’Etat. Ils profitent souvent à leur insu d’une situation d’inégalité sociale qui leur permet d’économiser beaucoup d’argent sur le dos de leur petite main-d’œuvre docile. Ils se permettront sans peine de bafouer les droits élémentaires de leurs employés qui, le plus souvent, travaillent au noir. L’absence de syndicats efficaces permet à certains chefs d’entreprises de passer outre certaines conventions collectives en matière d’hygiène et de sécurité. Je ne m’aventurerai pas plus dans la description d’une situation que je juge d’une manière synthétique. Je ne doute cependant pas de la multitude d’exemples que je pourrai trouver pour étayer mes propos. Cela dit on constate, devant cet état de fait, que les bourgeois -témoins de l’inégalité sociale dont ils sont les premiers bénéficiaires-  se targuent de la générosité et de la patience qu’ils ont envers ces petits gens. Ils vont jusqu’à se considérer comme les bienfaiteurs de la société par leur « prise en charge » de la main d’œuvre. Dans cette illusion de charité, ils attendant beaucoup plus de leurs employés. Ils se trouvent alors très vite déçus du manque de qualification et répondront à cette situation générale par une persécution adressée à la personne. Lorsque, lassés de voir partout cette médiocrité, ils préfèrent l’expliquer par l’incompétence de la race arabe (reproduction du discours de l’ex-colonisateur)  plutôt que d’analyser le système éducatif et la faille structurelle de la politique sociale en général. Je ne veux pas dire par cela, que le bourgeois manque d’esprit et d’intelligence, mais que dans ce qui constitue sa culture politique -que l’Etat est sensé laisser diffuser- il n’existe pas de discours pertinent concernant la question.  Ce manquement à la culture du débat l’expose à des explications simplistes non constructives. Pour ces mêmes raisons il cèdera à la rumeur et aux fantasmes. La caste de la famille du président produira en lui une sorte de dégoût fasciné. Il voit en elle la source de corruption de tout le pays. Il l’accuse (et les faits le vérifient) de s’ingérer dans toute les affaires porteuses ce qui, pour notre bourgeois,  signifie: l’impossibilité de dépasser un certain seuil de progrès ou alors se vendre au Diable. Le Diable étant souvent une source de fascination, il se présentera pour ceux qui ont décidé de s’y soumettre, un gage de réussite sociale et de pouvoir. L’élite économique proche de la famille du président Caste, tribu, mafia ou simplement famille du président qui par sa situation a profité du pouvoir pour s’enrichir au détriment des entreprises tunisiennes (publiques et surtout privés). J’ignore si une étude sur la question a été réalisée pour mesurer leur impact économique sur les différentes catégories sociales. Peut être que pour les travailleurs, la situation d’exploités est restée la même (elle ne peut pas être pire) et que ce sont les petits bourgeois qui crient au loup le jour où ils ont compris qu’à leur tour ils sont menacés d’injustice. Cependant, ce que l’on peut noter c’est l’impact psychologique négatif que cette domination produit sur l’ensemble de la population. Il crée un climat généralisé de corruption, d’injustice et d’inégalité. La colère qui s’en suit, si on en croit certains, atteindra une température de fusion qui aura peut être le mérite d’unir enfin le peuple tunisien contre un ennemi fantomatique. Mais si l’on regarde de près, on verra que cette énergie est dépensée discrètement (en famille et entre amis) dans la description du mal : on énumérera les exemples de sa manifestation, on l’illustrera en blagues et en histoires de harem qui révèlent le « génie » du peuple et son acuité. Quant à une quelconque stratégie d’action, le même qui criait au scandale se trouve muet. Tout se passe comme si l’on ait décidé du mal pour n’avoir pas à décider du bien (J.P Sartre) Ou alors on projette le bien dans des abstractions religieuses et idéologiques. L’accaparation par l’Etat du débat public au profit de la propagande amplifie en négatif les rumeurs et la mystification du mal. Même si les tunisiens ne sont pas dupes de la propagande qu’ils identifient sans peine ils restent néanmoins sujets à des interprétations et des propositions aussi mystiques que le mal qui les range. Le retour à la religion se présentera donc souvent comme le remède contre cette contamination généralisée. Ce cas précis explique que l’islamisation en Tunisie (réponse abstraite, à un problème concret) n’est pas seulement un phénomène de pauvre, mais aussi un phénomène bourgeois. Cet Islam est à la fois sauveur et expiateur mais rarement vengeur comme dans le cas des classes inférieures. Il est sauveur dans la mesure où le projet intégriste s’imposera pour certains de ces bourgeois comme une protection contre l’immoralité de cette caste et de la société toute  entière atteinte par ce fléau. Il est expiateur dans la mesure où beaucoup d’entre eux, ayant choisi le camp du « diable » se sont à leur tour salis les mains. Directement ou indirectement la corruption a fini par les atteindre eux aussi. Elle leur est devenue une pratique courante qui ne cesse de les culpabiliser mais qu’ils ont appris à ménager par le rachat religieux. La population policière : Fonctionnaires de l’Etat, sous-payés, ils rattrapent la précarité de leur salaire par les avantages en nature et en argent qu’ils tirent du pouvoir de la fonction. (je ne parle pas des hauts gradés qui exercent leur profession avec plus de conviction) Gardiens de l’Ordre, ils en restent les garants dans la mesure où ils l’utilisent rigoureusement pour améliorer leur situation économique. Ceux qui ne portent pas l’uniforme ; « les civiles », sont dévoués à une autre mission : le contrôle. Existe une 3ème catégorie, moins visible : celle des citoyens soudoyés : Employés, étudiants ou simplement chômeurs, qui  un jour sous la pression, ou pour des intérêts personnels se retrouvent à travailler pour le compte du ministère de l’intérieur. Les plus séditieux, pour échapper à la torture, s’adonnent à la délation. Ils balanceront leurs amis ou les intégreront comme eux dans les rangs. Il s’en suit, que tout civil est potentiellement un agent de l’Etat. C’est pour cela que l’on ne parlera pas politique avec l’Autre. Cette suspicion peut aller jusqu’à supposer contaminée sa propre famille. Ce phénomène de cooptation peut s’avérer limité en nombre, mais c’est encore une fois son impact psychologique qui prend le dessus et qui donne l’illusion d’une infiltration généralisée. Le citoyen tunisien s’autocensure pour ne pas courir de risque. Il croit que les murs ont des oreilles. Il préférera débattre et s’exprimer sur des sujets moins compromettant, tel que le foot ou la guerre en Irak. « Les intellectuels » Par «intellectuels» je désigne cette petite élite visible qui œuvre dans le monde des médias et de l’information. Je ne parle pas de certains universitaires ou des libres penseurs dont l’impact sur la population est quasi inexistant. «L’intellectuel» en Tunisie est un statut plutôt qu’une attitude, d’où les guillemets. Si l’on se réfère à l’affaire Dreyfus qui a fait émerger la figure de l’intellectuel incarné par Zola, grâce à son texte « j’accuse ! », on est loin, aujourd’hui en Tunisie de trouver une pareille attitude libre et dénonciatrice. La prise en otage de la presse tunisienne donnerait pourtant beaucoup d’eau au moulin de l’intellectuel authentique qui pourrait contre cette mascarade généralisée écrire en grand caractère, « J’accuse » ! Ce que je considère comme argument suffisant pour une telle dénonciation ce n’est pas tant l’incompétence du régime, c’est d’abord ce consensus aveugle en faveur du gouvernement. Combien même ce gouvernement serait performant, ce consensus à lui seul est une raison suffisante pour un « j’accuse !». Si une telle réaction ne s’est pas manifesté c’est pour deux raisons intriquées : – Le régime censure et punit la contestation, c’est un fait prouvé que je n’illustrerai point d’exemples. – Les intellectuels sous la menace se sont corrompus et ont construit un appareil idéologique compatible avec la propagande. Deux attitudes différentes découlent de cet état de fait : Une attitude active qui assumera pleinement cette position en soutenant délibérément le régime. (un échantillon du quotidien La Presse illustrera abondamment mon propos). Ses protagonistes useront de leur inauthenticité intellectuelle pour filtrer les arguments qui justifient leur position et verront dans la critique objective les signes d’un complot visant à déstabiliser la Tunisie tout entière. Se sentant partie prenante du régime, la pensée devient pour eux un outil de militantisme plutôt qu’un outil de pédagogie. Leur compromission ne leur offre point d’autre choix que celui d’aller jusqu’au bout et d’être encore plus royalistes que le roi. Les faits jouent en leur faveur : Le régime a effectivement réussi à hausser le niveau de vie et à contrer l’extrémisme. Pourquoi donc le critiquer ? Selon eux, les pays occidentaux qui signalent le manque de Liberté d’expression en Tunisie ou l’absence de démocratie emploient des schémas qui ne s’appliquent pas à la « réalité » tunisienne. Ces critiques selon nos « intellectuels » sont donc ethnocentriques (car la démocratie et la liberté sont des valeurs occidentales) et donc colonisatrices. Et c’est là encore où les faits continuent à jouer en leur faveur, puisque les Etats-Unis en brondissant l’argument de la démocratie, ont effectivement colonisé l’Irak. En effet, leur filtre intellectuel leur permettra de puiser largement dans les erreurs et les crimes de l’occident pour décrédibiliser certains idéaux universels. Leur usage des concepts se limitera à sa manifestation concrète plutôt qu’à sa définition abstraite. Ainsi le mot Démocratie ne se définira pas comme un idéal de concertation mutuelle ou de délibération publique, mais comme un système politique occidental destiné à favoriser l’exploitation et l’impérialisme. Ils ne manqueront pas de citer toutes ses contradictions depuis l’exploitation des esclaves par les Grecs (ces inventeurs de la démocratie), jusqu’à Bush et sa guerre en Irak (au nom de la Liberté). Tout en reconnaissant les avancées sociales et technologiques de l’Occident ils les imputeront aux qualités intrinsèques de sa population disciplinée et mûre. Ils opposeront ces vertus à ceux des arabes, intrinsèquement indisciplinés et donc incompatibles avec une quelconque gouvernance de type non despotique. Et là encore l’Histoire toute entière semble conspirer avec eux pour donner raison à leur thèse, puisque l’humanité ne nous a toujours pas offert une démocratie arabe. A cette attitude active j’oppose l’attitude passive adoptée par le reste des « intellectuels » qui déploient toute leur énergie à divertir le peuple et à disserter sur les faits divers. Leur pensée déjà réduite s’autocensure dès qu’elle affleure certains thèmes sensibles. Ils sont alors frappés de mutisme quand il s’agit, dans des champs aussi divers que la culture ou le sport de dénoncer certains dysfonctionnements liées à la corruption, ou au népotisme. La télévision tunisienne est un bal masqué dans lequel on danse, on chante, on joue au foot, et lorsqu’on est sérieux on loue le gouvernement et on le remercie pour la fête. Le seul mérite de cette mascarade entretenue par ces pseudos intellectuels, c’est que tout tunisien aujourd’hui identifie clairement la propagande. Son inconvénient c’est la perte de repère qu’elle suscite. Le citoyen se trouve exposé à tous les vents et peut se trouver victime malgré lui d’une autre propagande encore plus aliénante. Je ne reviendrai pas sur le phénomène d’Islamisation lié à cette prise en otage du débat public. Dans ce portrait sombre que je brosse du paysage intellectuel tunisien, j’oublie certainement d’évoquer les vrais intellectuels dont la plupart vivent à l’étranger. Ces derniers, libres penseurs, ne jouent malheureusement pas de rôle actif du fait de leur absence et de leur manque de visibilité. Conclusion Dans ce portrait de la Tunisie, il manque certainement une grande partie du paysage. L’idée générale de cet essai étant de montrer que l’accaparation du débat par le régime ouvre la porte aux fantasmes et aux mythes et  que chaque fragment de la société selon ses particularités accroche aux mythes qui lui conviennent. Il est évident que dans cette analyse je procède  d’une manière synthétique et cela pour des raisons purement pédagogiques. Il y a, bien entendu, des individus aux parcours singuliers qui contredisent mes schémas. Cette grille de lecture ne veut pas figer la réalité tunisienne, elle permet seulement de construire un discours qui se veut pertinent pour un éventuel projet sociétal. Cependant , et pour terminer sur une note optimiste, le vide politique lié à ce que j’appelle « la prise en otage du débat public» est une occasion à saisir pour en amorcer de nouveaux tout  en prenant garde à ceux qui en profitent pour assouvir leurs intérêts particuliers. Les Tunisiens ont au moins compris que le message de la propagande est vide. Ils l’ont identifié et ils l’ont même neutralisé. Mais cela ne suffit pas. Il faut maintenant réfléchir à un projet concret et réalisable qui puisse nous unir. Je ne possède pas de compétence en la matière, mais j’observe des initiatives individuelles  sur la toile qui me semblent aller dans le bon sens. Malgré la censure du régime, des foyers de débats émergent un peu partout et font circuler des idées constructives qui feront peut être boule de neige. Une conscience politique se prépare par le canal du web… (Source : Le blog « Débat Tunisie », le 28  août 2007) Lien : http://www.debatunisie.canalblog.com/

 

 


 

 


Décès du Pr Mohamed Souissi

Un savant hors pair

• Mathématicien, astronome, historien des sciences, docteur en langue et littérature arabes, enseignant, fervent militant pour la culture scientifique et auteur de plusieurs termes scientifiques  en arabe

Avec le départ du professeur Mohamed Souissi, décédé à Tunis le 24 août,  à l’âge de 92 ans, la Tunisie vient de perdre un éminent savant, mathématicien, historien des sciences, militant pour la culture scientifique et fervent défenseur de la langue arabe en tant qu’outil de la science et de l’innovation.

 

A la fois physicien, mathématicien, astronome et docteur en langue et littérature arabes, le Pr Souissi, né le 21 février 1915 à Dar Chaâbane, peut être considéré, à juste titre, comme l’un des génies de la science en Tunisie au cours du XXe siècle.

 

Mu par une foi inébranlable en l’apport des sciences pour le progrès de nos sociétés arabes et musulmanes, il  a consacré sa vie à prôner le message de la rationalité.

 

Auteur prolifique, il jouissait d’une notoriété qui grandissait avec la percutance de ses idées, en Orient comme en Occident. Avec 46 années passées sur les estrades des lycées et des amphis jusqu’à sa retraite en 1985, le Pr Souissi était aussi un fin pédagogue qui a laissé une empreinte indélébile dans la carrière de ses élèves et disciples.

 

Après des études primaires à Dar Chaâbane sanctionnées en 1927 par le certificat (mention Très bien), le regretté rejoint le collège Sadiki et y  décroche en 1934 son Bac (1ère partie) en tant que major de promotion puis la 2e partie du Bac au lycée Carnot de Tunis en 1935 (section philo en juin et section math en octobre).

 

A Paris, où il s’est inscrit à la Sorbonne, il prépare des certificats en physique, en mathématiques et en astronomie puis il  y décroche en 1948 son Capes d’arabe et en 1958 l’agrégation. Ce n’est qu’en 1969 qu’il soutient, à la Sorbonne, avec la mention Très honorable, sa thèse de doctorat d’Etat en langue et littérature arabes, «la langue des mathématique en arabe avec un lexique de près de 2.000 termes scientifiques (en français — traduite en arabe et éditée par l’Académie «Beït El Hikma» de Tunis en 1989). Avec pour résultat, entre autres, la création de plusieurs termes mathématiques en arabe.

 

Membre de plusieurs institutions scientifiques prestigieuses, arabes, africaines et européennes, le Pr Souissi a présidé également plusieurs colloques scientifiques tunisiens et internationaux et produit des dizaines d’articles originaux publiés dans plusieurs revues scientifiques prestigieuses ainsi que des ouvrages de références dont bon nombre ont été consacrés à l’annotation d’écrits scientifiques de savants arabes et musulmans du Moyen-âge.

 

Connu pour son militantisme en faveur de la culture scientifique, inauguré dès les années 1930, il a marqué la vie intellectuelle tunisienne de 1945 à 1947 en publiant une série d’articles dans ce sens dans la célèbre revue de l’époque Al Mabaheth (fondé par Mohamed El Bachrouch et dirigée à l’époque par Mahmoud Messadi).

 

Titulaire du Prix de l’innovation culturelle qu’il a reçu le 7 novembre 1997, le Pr  Souissi a fait l’objet d’un vibrant hommage de «Beït El Hikma» le 8  novembre 2000, organisme qui a également édité  une importante sélection de ses travaux, précédés d’une biographie assez détaillée et une préface de la plume du Pr. Abdelwahab Bouhdiba, président de ladite académie.

 

Plus cité par les revues scientifiques que par les médias, la cité des sciences l’avait invité le 7 avril 2006 à discourir sur les savants tunisiens et leur apport à l’humanité, séance qu’il avait animée avec le chercheur Abdelhadh Ben Mansour, un des plus grands  spécialistes du manuscrit en Tunisie.

Foued ALLANI

 

(Source : « La Presse » (Quotidien gouvernemental– Tunis), le 30 août 2007)

 

Ça swingue en Tunisie

 

Un vent nouveau souffle sur la scène musicale tunisienne. Ils sont jeunes, passionnés et bien décidés à imposer leur style. Eux, ce sont les trois frères Gharbi, à l’origine du groupe musical Les Garby’s. Mais ne leur dites surtout pas qu’ils font partie de la nouvelle vague de chanteurs. « On joue de la musique depuis toujours », vous rétorqueraient-ils. Natifs de Bizerte, au nord de la Tunisie, Sami (36 ans), Anis (33 ans) et Lotfi (26 ans) sont tombés dedans quand ils étaient petits. Adolescents, ils étaient fans des Beatles, des Scorpions et du groupe de rock Queen. Aujourd’hui, leur style musical s’apparente à la World Music. Entendez toutes les musiques du monde. L’objectif étant de ne pas se limiter à un seul genre.

« L’important pour nous n’est pas d’être pop ou rock, mais de délivrer un message », explique Sami, l’aîné et le meneur de la bande. Car l’originalité de ce groupe réside bien là : ils sont engagés et le font savoir. Les tourments de la vie, la complexité de l’être humain, les amours impossibles sont leurs thèmes de prédilection. Et s’ils privilégient la musique occidentale, Les Garby’s restent profondément attachés à leur culture arabo-musulmane. Une bonne partie de leur répertoire est teintée de rythmes orientaux. En anglais, en français ou en dialecte tunisien, leurs chansons sont devenues en l’espace de sept ans – leur premier concert date de 2000 – incontournables sur la scène musicale nationale.

 

Une scène qui a connu beaucoup de bouleversements ces dernières années. On peut situer le début des changements en 1983, date de naissance de la Troupe nationale de musique. Cette initiative avait donné une impulsion significative à la création musicale, permettant l’émergence d’interprètes comme Sonia M’barek, Saber Rebaï ou encore Nawal Ghacham. Par la suite, de nouvelles tendances de métissage et de musiques improvisées ont vu le jour à la fin des années 1990 avec de nombreux compositeurs-interprètes tels que Dhafer Youssef, Anouar Brahem ou encore Fawzi Chekili, le pionnier du jazz en Tunisie.

 

Un autre courant a fait évoluer le paysage musical. Underground et très engagé, ce nouveau style s’est développé notamment grâce au groupe Neshez, autour de Heykal Guiza et Skander Bouassida. Né en 1998 à Tunis, le collectif Neshez a créé la surprise avec des rythmes empruntés à une palette de cultures musicales très variées comme le reggae, le rock, le ska, mais aussi le malouf. Une autre tendance, plus électronique celle-ci, est représentée depuis 2003 par le groupe Zemeken (contraction de zemen, le temps en arabe, et de meken, le lieu).

 

Cette effervescence a inspiré de nombreux jeunes groupes comme le duo Samsa, lauréat du premier prix des groupes lors du Festival de la musique tunisienne 2007. Fruit de la rencontre entre deux artistes, Sana Sassi et Skander Guetari, l’univers de Samsa oscille entre la musique orientale et occidentale. Il est question d’amour, de tristesse, de révolte et de courage. Dans un autre registre, le groupe X-Tension s’adresse à la jeunesse tunisienne. Les membres de ce collectif, Balti, Nigro et R2M, revendiquent leur originalité avec un mélange de reggae, de R’n’B et de rap. Leur style – une musique entièrement composée par ordinateur et un son à mi-parcours entre l’occidental et l’oriental – veut ratisser large. Mais pas question de surfer sur la vague des rappeurs violents aux textes agressifs traduisant le mal de vivre de la jeunesse. Le message de X-Tension est résolument positif.

 

Si la tendance est aujourd’hui clairement aux groupes, certains n’hésitent pas à se démarquer en se lançant seuls dans l’aventure. C’est le cas de la jeune chanteuse Amel Mathlouthi qui, après deux ans passés au sein d’un groupe, décide en 2002 de démarrer sa carrière solo, munie de sa seule voix et de sa guitare. À 25 ans, cette passionnée de musique et de théâtre compte déjà plus d’une quarantaine de concerts à son actif. Et, malgré son jeune âge, Amel a des idées bien arrêtées sur la profession. Précision préventive : « Je n’aime pas les étiquettes, je ne veux pas qu’on m’enferme dans telle ou telle catégorie musicale. »

 

À 10 ans, Amel écrit sa première chanson. Et, après de nombreux textes rédigés et chantés en anglais, elle composera sa première chanson en tunisien (« Khaief ») en 2004, affirmant que chacun se doit de s’exprimer dans sa langue. Son répertoire est un savant mélange de musique occidentale, celtique et de rock’n roll. Ses idoles s’appellent Joan Baez et Bob Dylan. Amel reste néanmoins une fan du célèbre chanteur tunisien Cheikh al-Afrit et de la cantatrice juive Habiba M’sika. Avec une sensibilité à fleur de peau, la jeune fille chante tout ce qui la révolte, dénonçant d’une voix naturelle et envoûtante les injustices du monde et les contraintes de la société.

 

Et les artistes ne sont pas les seuls à bouger. Du côté des autorités, on s’active aussi. Une consultation nationale sur la musique débutée en octobre 2006 et achevée à la fin de mars 2007 a permis de faire le point sur les réalisations et les efforts à entreprendre dans les domaines de la collecte du patrimoine musical, de la production, de la diffusion et de la promotion d’une musique innovante et moderne. Objectif : généraliser l’enseignement musical. Alors, en avant la musique !

 

(Source : « Jeune Afrique » (Magazine hebdomadaire – France), N° 2433 du 26 août au 1er septembre 2007)

 
 
 

Apprendre à chanter

 

Dans le domaine de l’enseignement musical, la Tunisie a beaucoup progressé depuis la fin des années 1990, grâce notamment aux initiatives de quelques musicologues formés en France comme Mourad Sakli et Mohamed Zinelabidine.

 

La création de cinq instituts supérieurs de musique implantés sur l’ensemble du territoire, à l’instar de l’Institut supérieur de Sfax, et le lancement d’une vingtaine de festivals internationaux sont les preuves d’une évolution dans ce domaine.

 

Sans oublier l’ouverture d’une unité de recherche doctorale en musicologie destinée à promouvoir une connaissance approfondie de cet art. 

 

(Source : « Jeune Afrique » (Magazine hebdomadaire – France), N° 2433 du 26 août au 1er septembre 2007)

 

 
 


 

L’influence du lobby juif aux Etats-Unis au coeur d’un nouvel ouvrage

AFP, le 30 août 2007

 

Par Luis TORRES DE LA LLOSA

 

NEW YORK, 30 août 2007 (AFP) – Un livre à paraître prochainement et écrit par deux professeurs américains remet en question la politique de soutien diplomatique et militaire des Etats-Unis envers Israël, et relance la question du rôle des Etats-Unis au Proche-Orient.

 

« Le lobby israélien et la politique étrangère américaine » (« The Israel Lobby and US Foreign Policy ») est le fruit des réflexions de deux influents spécialistes de sciences politiques, John Mearsheimer de l’Université de Chicago (Illinois, nord) et Stephen Walt de Harvard (Massachusetts, nord-est). L’ouvrage doit sortir en librairie mardi 4 septembre.

 

Ce livre est dans la droite ligne d’un de leurs articles publié l’an dernier et qui avait créé un virulent débat: les auteurs estiment que le soutien à Israël n’est pas basé sur des raisons stratégiques ou morales, mais s’explique par la pression des lobbys juifs, des groupes chrétiens fondamentalistes et des néo-conservateurs favorables aux idées sionistes.

 

Cela a pour conséquence, selon MM. Mearsheimer et Walt, une politique américaine déséquilibrée au Proche-Orient qui a conduit à la décision d’envahir l’Irak et de menacer l’Iran et la Syrie, au prix d’une sécurité fragilisée pour le monde occidental.

 

« Israël n’a pas le poids stratégique que les Etats-Unis mettent en avant. Israël a pu avoir un poids stratégique pendant la Guerre froide, mais il est devenu un handicap grandissant maintenant que celle-ci est terminée », écrivent les auteurs.

 

« Le soutien inconditionnel à Israël a renforcé l’anti-américanisme dans le monde, a contribué à alimenter le problème de terrorisme pour les Etats-Unis, et a affaibli les liens avec des alliés en Europe, au Proche-Orient et en Asie », ajoutent-ils.

 

Selon les deux professeurs, « soutenir le traitement infligé aux Palestiniens par les Israéliens a renforcé l’anti-américanisme dans le monde et a presque certainement aidé les terroristes à recruter

de nouveaux volontaires ».

 

Abraham Foxman, directeur de la Ligue contre la diffamation (Anti-Defamation League) a qualifié le livre de « récit biaisé et insidieux du conflit israélo-arabe et du rôle des soutiens d’Israël aux Etats-Unis », dans une interview à l’AFP.

 

« Chaque élément de la politique américaine par rapport à ce conflit est exagéré, comme si les Etats-Unis étaient seulement du côté d’Israël et que leur politique était le simple produit du lobby d’Israël », estime-t-il.

 

Dans un ouvrage à paraître le même jour, M. Foxman contredit de manière virulente la thèse des deux universitaires. Son titre: « Les

mensonges les plus meurtriers. Le lobby d’Israël et le mythe du contrôle juif » (« The Deadliest Lies. The Israel Lobby and the Myth of Jewish Control »).

 

MM. Mearsheimer et Walt soulignent l’aide militaire et économique de trois milliards de dollars reçue chaque année par Israël – soit plus que tout autre pays.

 

Ils notent aussi le soutien diplomatique apporté par Washington: entre 1972 et 2006, les Etats-Unis ont mis leur veto à 42 résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU qui critiquaient la politique d’Israël, et ont contribué à maintes reprises à en affaiblir d’autres en brandissant la menace du veto.

 

Abraham Foxman contre-attaque en arguant que l’amitié entre les deux pays va dans les deux sens et que les Etats-Unis ont aussi bénéficié de cette relation.

 

Dans la conclusion de leur livre, Mearsheimer et Walt prônent un changement de politique envers Israël.

 

Mais à un peu plus d’un an de l’élection présidentielle, les universitaires estiment tout à fait improbable que cette question soit posée pendant la campagne électorale.

 

« La seule question sur laquelle il n’y aura aucun débat est la question sur l’opportunité pour les Etats-Unis de continuer à soutenir inconditionnellement Israël », affirment-ils.

 


 

Irak – Enquête du Pentagone sur des détournements d’armes US

Reuters, le 30 août 2007

WASHINGTON, 30 août (Reuters) – L’inspecteur général du Pentagone se rendra la semaine prochaine avec une équipe en Irak pour enquêter sur des soupçons d’utilisation par des combattants kurdes d’armes américaines contre la Turquie, a déclaré mercredi le département de la Défense.

 

« Depuis janvier, les services de l’inspecteur général enquêtent minutieusement sur des cas d’armes non répertoriées ainsi que sur des allégations d’armes qui tombent dans de mauvaises mains », a déclaré le porte-parole Geoff Morrell.

En juillet, l’ambassadeur de Turquie aux Etats-Unis avait affirmé que les dirigeants kurdes détournaient des armes destinées aux forces de sécurité irakiennes au profit de combattants du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).

 

L’armée a parallèlement lancé deux enquêtes sur d’éventuelles fraudes impliquant des milliers de contrats de sous-traitants en Irak et au Koweït après l’inculpation de 20 employés civils et militaires de l’Army pour corruption.

On ignore l’étendue de la fraude, mais un responsable de l’armée a qualifié le problème d’important.

 

Plus de 18.000 contrats d’un montant total estimé à trois milliards de dollars ont été attribués par l’armée américaine depuis l’invasion de l’Irak au printemps 2003.


Goodbye, Lénine? Des vestiges soviétiques renaissent dans l’Arctique

AFP, le 30 août 2007

 

Par Pierre-Henry DESHAYES

 

BARENTSBURG (Norvège), 30 août 2007 (AFP) – Le territoire est norvégien mais ce sont une statue de Lénine et la faucille et le marteau que l’on remarque ici. Dans une communauté minière témoin

d’une grandeur soviétique révolue, la Russie affiche sans vergogne son appétit retrouvé pour l’Arctique.

Anachronique et, diraient certains, déplacé, le village de Barentsburg est depuis 1932 une enclave russe en plein coeur de l’archipel du Svalbard. Même si ces lieux sont officiellement sous juridiction de la Norvège, aucun de ses 500 habitants n’est originaire du pays scandinave, ni même n’en parle la langue.

Pour le visiteur, le bureau de La Poste norvégienne, noyé au milieu des pancartes en caractères cyrilliques, est le seul signe tangible de cette souveraineté.

Ici ou là, on repeint les vieux bâtiments, on remplace leurs vitres brisées, on répare la voirie, on collecte les ferrailles rouillées sous le regard indifférent d’un buste de Lénine qui trône obstinément depuis des décennies sur la place centrale.

Tombé en déliquescence après l’implosion de l’URSS, le village jalonné de fresques de travailleurs triomphants reprend progressivement des couleurs, signe du regain d’intérêt de la Russie pour l’Arctique et son potentiel de ressources naturelles.

Bon an mal an, le filon de Barenstburg ne régurgite guère que 120.000 tonnes d’un charbon de médiocre qualité. Mais, pour la compagnie minière d’Etat Arktikugol Trust, la remise en état de la bourgade participe visiblement d’une stratégie de reconquête. « Nous pouvons poursuivre la production jusqu’en 2020 », affirme Boris Nagayk, le bedonnant directeur de la compagnie sur place. « Mais nous avons une autre mine à Grumant (…) qui pourrait être rouverte en 2010 », ajoute-t-il tandis que derrière lui un vraquier charge du charbon pour l’Espagne.

Séparé de Barentsburg par quelques dizaines de kilomètres, le filon de Grumant, actuellement à l’abandon, dispose, selon lui, de réserves suffisantes pour être exploité une cinquantaine d’années.

Après être tombée à 300 habitants, la population de Barentsburg pourrait ainsi tripler dans les années qui viennent. Seuls neuf enfants y vivent à présent mais l’objectif déclaré est, désormais, de faire également venir les familles des « gueules noires ».

Cette présence russe est rendue possible par le Traité de Paris de 1920 qui a attribué le Svalbard à la Norvège. Le texte garantit aux ressortissants des Etats signataires un droit égal à la pratique d’activités minières ou commerciales. Il interdit aussi toute présence militaire sur l’archipel.

Selon l’US Geological Survey, l’Arctique abrite un quart des réserves de pétrole et de gaz naturel restant à découvrir sur la planète.

Côté norvégien, on accueille sans crispation ce réveil russe qui s’accompagne d’initiatives autrement spectaculaires telles que la pose d’un drapeau russe à plus de 4 kilomètres à la verticale du pôle Nord ou le déploiement tous azimuts de bombardiers stratégiques.

Pour les Scandinaves, il faut seulement y voir la manifestation d’une marge de manoeuvre financière retrouvée grâce à l’envolée du cours des matières premières dont la Russie est riche.

« Nous sommes plutôt relax sur cette question », confie le

ministre norvégien de l’Aide au développement, Erik Solheim, à l’AFP. « Au plus fort de la Guerre froide, il y avait 3.000 Russes au Svalbard contre seulement 1.000 Norvégiens ». Aujourd’hui, le rapport de forces est inversé avec environ 1.800

Norvégiens pour 500 Russes et Ukrainiens.

Surdimensionné, l’héliport de Barentsburg, qui arbore encore le marteau et la faucille, témoigne de cette présence russe autrefois massive.

A Longyearbyen, chef-lieu de l’archipel essentiellement peuplé de Norvégiens, on met l’accent sur les relations de bon voisinage. « Nous avons plein d’échanges culturels », explique, tout sourire,

Per Kyrre Reymert, un conseiller du gouverneur local. « Ils viennent ici, ils dansent, ils chantent et ils nous mettent la raclée aux échecs et nous, nous allons là-bas, nous chantons, nous dansons et nous prenons une leçon au badminton ».

 

AFP


Turquie: valeurs morales et laïcité plutôt que charia ?

Reuters, le 30 août 2007

 

Par Tom Heneghan

 

Paris (reuters) Pour les tenants d’un islam politique axé sur la promotion démocratique des valeurs musulmanes plutôt que sur la proclamation de la « charia », l’élection d’Abdullah Gül à la présidence turque est une victoire, estiment les experts du monde musulman.

 

Selon eux, la question n’est pas de savoir si l’AKP, le parti issu de la mouvance islamiste auquel appartiennent M. Gül et le premier ministre Tayyip Recep Erdogan, vise à l’établissement d’un

Etat islamique. Ils estiment que le parti a déjà abandonné cet objectif, préférant favoriser une démocratie laïque qui respecte les libertés individuelles, y compris la liberté de croyance.

 

« Démocrates-musulmans »

 

Ce groupe de « démocrates-musulmans » conservateurs – comme il y eut des démocrates-chrétiens au lendemain de la Seconde Guerre mondiale en Europe occidentale – est apparu dans les années 1990,

après l’échec de l’Iran à exporter l’islam radical en tant que force politique, estiment les experts.

 

Plusieurs analystes espèrent voir la Turquie servir de modèle aux islamistes arabes, dont beaucoup rêvent de prendre le pouvoir dans leurs pays pour y imposer une stricte application de la loi coranique. Toutefois, le relativement long passé laïque de l’histoire turque a créé dans le pays un climat bien spécifique qu’on ne retrouve nulle part ailleurs au Moyen-Orient.

 

« Il ne s’agit pas de la charia, mais des grands enseignements moraux de l’islam », estime Faouaz Gerges, historien du Moyen-Orient à l’université de Bronxville, dans l’Etat de New York. « Les islamistes arabes n’ont pas été capables de dépasser leur obsession de la charia pour fonder un Etat islamique », a-t-il ajouté.

 

« Les avertissements de l’armée turque selon lesquels l’AKP menaçait la laïcité établie par Mustafa Kemal Atatürk dans les années 1920 n’étaient qu’un leurre », estime Jenny White, spécialiste de l’islam politique turc à l’université de Boston.

 

Elites rivales

 

« Les tensions en Turquie ne se jouent pas entre laïques et islamistes, mais entre deux élites rivales, dans un jeu à somme nulle où le succès de l’un diminue le pouvoir et les richesses de l’autre », a-t-elle déclaré.

 

Plusieurs analystes ont noté, dans le discours inaugural de M. Gül, les louanges répétées envers Atatürk et l’engagement à respecter la laïcité et la démocratie, autant de phrases que n’aurait pas prononcées un islamiste de la vieille école.

 

Bavière et Pologne

 

Selon Olivier Roy, islamologue français de renom, la démocratie turque dirigée par l’AKP est comparable aux démocraties bavaroise ou polonaise, où l’influence de l’Eglise catholique demeure encore assez forte.

 

Pour John Voll, historien de l’islam à l’université Georgetown de Washington, de nombreuses personnes oublient qu’il est possible de croire à la séparation des institutions politiques et

religieuses tout en étant à titre personnel un fervent croyant.

 

« Nous voyons, avec MM. Gül et Erdogan, l’émergence d’un islam politique non-étatique. Ce ne sont peut-être pas des laïques kémalistes traditionnels, mais ils ne sont pas non plus des fondamentalistes wahhabites traditionnels », a-t-il déclaré. Mustafa Akyol, journaliste à Istanbul, défend vigoureusement M. Gül dans les colonnes du « Turkish Daily News ».

 

« Les taliban afghans ou les dirigeants islamiques iraniens donnent de bonnes raisons de se demander si les islamistes peuvent être des démocrates tolérants, mais l’exemple turc montrent qu’islamisme et démocratie ne sont pas nécessairement mutuellement exclusifs. La Turquie montrera qu’il est possible d’être moderne tout en restant musulman », fait-il valoir.

 


Analyse Abdullah Gül, nouvelle ère en Turquie
 
par Sophie Shihab Il est difficile de surestimer l’importance de l’accession à la tête de l’Etat turc, en toute conformité avec les règles démocratiques et conformément à la constitution du pays, d’un pro-européen éprouvé, issu du mouvement islamiste. Clôturant quatre mois de crise politique ouverte, l’élection au Parlement, mardi 28 août, d’Abdullah Gül à la présidence de la République « laïque et démocratique » de Turquie marque un tournant historique, ouvrant de grandes chances pour la Turquie et toute la région, soulignaient des commentateurs locaux. Il y a quatre-vingt-cinq ans, Mustafa Kemal Atatürk créait, sur les ruines de l’empire ottoman, siège du califat, une nation turque que ses héritiers ont maintenue, en s’appuyant sur l’armée, dans un cadre de laïcité autoritaire et nationaliste. La Constitution adoptée après le radical coup d’Etat militaire de 1980 enracinait ce système, toujours parlementaire, mais avec une présidence de l’Etat dotée de forts pouvoirs, en plus de ses fonctions honorifiques. C’est ce fauteuil, qui était autrefois celui d’Atatürk, qu’occupe désormais, pour la première fois, un homme qui, dans sa jeunesse, aspirait au retour du califat. Des représentants du courant religieux et conservateur du pays profond, longtemps réprimé, ont certes pu, à partir de 1950, détenir diverses fonctions de pouvoir, dont la présidence avec Turgut Özal à la fin des années 1980. Mais c’est la première fois qu’un parti représentant ce courant, l’AKP – Parti de la justice et du développement, issu d’une scission moderniste en 2001 du vieux parti islamiste turc -, domine sans conteste, non seulement le Parlement et le gouvernement, mais aussi la présidence, chargée de les contrôler. Il reste aux vieilles élites kémalistes et à leurs partisans, qui ont manifesté par millions au printemps contre la première candidature d’Abdullah Gül, bloquée par les militaires qui le soupçonnent d’avoir un « agenda islamiste caché », à faire confiance à ces généraux qui jurent de rester les gardiens de la laïcité et de l’unité du pays. Mais face aux 47 % des voix obtenues par l’AKP aux élections législatives du 22 juillet, avancées pour dénouer la crise, et à sa majorité de 61 % au Parlement, l’armée ne peut plus que s’incliner, elle qui se veut l’âme de la nation, respectueuse de la démocratie. Quitte à limiter désormais ses interventions à ses déclarations épisodiques et à des boycottages de cérémonie officielle. Un tel retrait de l’armée de la vie politique, sans précédent en Turquie, est facilité par le nouveau climat de tolérance qui semble gagner le pays, bouleversé, il y a peu encore, par des assassinats politiques, par les menaces d’intervention militaire contre les Kurdes d’Irak et autres passions nationalistes attisées par le « camp laïc », qui agitait aussi la perspective d’une « saoudisation » du pays si l’AKP accédait à la présidence. Des ténors de ce camp appellent maintenant à tourner la page pour aider M. Gül à tenir sa promesse d’être le président neutre de tout le pays. Lors de l’inauguration du Parlement, les nouveaux élus kurdes nationalistes ont démonstrativement serré la main de leurs ennemis du parti d’extrême droite. Et le premier ministre Recep Tayyip Erdogan s’est excusé d’avoir suggéré à un éditorialiste – dont l’article disait qu’il ne reconnaîtra pas un président « moustachu qui se gratte le ventre », c’est-à-dire à l’image des Turcs du peuple… – de quitter le pays. Une description au demeurant déplacée pour l’économiste parfait anglophone qu’est M. Gül, que même les « laïcs » seraient heureux de voir les représenter à l’étranger… si ce n’était le foulard islamique porté par son épouse. Laquelle a démenti avoir demandé à un styliste viennois de lui proposer une coiffe « modernisée », un sujet dont les médias locaux se sont emparés, délaissant quelque peu – autre signe d’apaisement – les sujets qui divisent le pays. COMPROMIS OU « GRAND COMBAT » Il se confirme ainsi que ces divisions furent beaucoup plus le fait des rivalités de pouvoir entre anciennes et nouvelles élites, alors que la population démontre quotidiennement qu’elle a appris à vivre sa diversité, femmes voilées et découvertes se côtoyant souvent dans les mêmes institutions, les mêmes quartiers voire les mêmes familles. Comme toute nouvelle élite, les cadres de l’AKP ont certes encore des pesanteurs – en témoignent des incidents mis en épingle par les médias, tels le « risotto cuisiné au vin » qui indigna un ministre lors d’un dîner officiel, ou les abus de religiosité dans certaines écoles, que l’armée dénonce dans ses communiqués. La compétence manque souvent aussi chez ces cadres provinciaux, mais la direction de l’AKP y veille : M. Erdogan a ainsi fait élire sur ses listes des dizaines de professionnels libéraux venus d’autres horizons, améliorant ainsi sensiblement le niveau général du Parlement, qui en avait grand besoin. Un progrès d’autant plus nécessaire que cette nouvelle assemblée sera appelée à proposer une nouvelle Constitution, comme le réclamaient en vain depuis des années tous les démocrates du pays. Une Constitution « civile » répondant aux critères européens à la place de la « Constitution militaire » comme est décrite l’actuelle. Ce qui promet encore de vifs affrontements avec l’armée et les tenants de l’orthodoxie kémaliste. Mais beaucoup de tenants de celle-ci, membres du Parti républicain du peuple (CHP), qui reste le premier parti d’opposition, semblent décidés à rompre avec sa direction figée dans un nationalisme anti-occidental, pour former enfin un parti réellement social-démocrate, indispensable à l’enracinement de la démocratie dans le pays. La réussite de ce projet permettrait aux historiens, à l’avenir, de qualifier « l’époque ouverte le 28 août 2007 d’ère du compromis entre laïcs et religieux, où le voile islamique fut toléré mais jamais imposé, où la Turquie devint plus forte, plus riche et plus démocratique », a estimé l’éditorialiste Mehmet Ali Birand. Son échec, par contre, pourrait, selon lui, marquer le début du « grand combat » entre ces deux composantes de la Turquie, qui deviendrait si faible qu’elle ne pourrait plus résister aux pressions nationalistes kurdes et finirait comme un des « pays divisés » de la région. Un scénario-catastrophe aux yeux des Turcs, souvent obsédés par la menace de désintégration de leur pays. Mais le scénario du succès serait aussi bénéfique pour l’Europe et toute la région, si des partis islamistes, du pourtour méditerranéen par exemple, parvenaient, en évoluant à l’exemple de l’AKP, à forcer l’ouverture politique dans leurs pays respectifs. (Source : « Le Monde » (Quotidien – France), le 30 août 2007)

 


 

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