3 décembre 2006

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TUNISNEWS
7 ème année, N° 2386 du 03.12.2006

 archives : www.tunisnews.net


AISPP: Communiqué LTDH section de Bizerte: Communiqué Slim Bagga : Derive barbouzarde a Sousse – Moncef Marzouki, assigné à résidence Luiza Toscane: Rencontre avec Monia et Mariam Jelassi Dehliz: Au secours … Alyssa Le Temps (Suisse): La Tunisie ou la servitude consenti The news (Pakistan): The veil and the niqab

 
Liberté pour Mohammed Abbou Liberté pour tous les prisonniers politiques Association Internationale de Soutien aux prisonniers politiques 33 rue Mokhtar Atya – 1001 Tunis Tél Fax : 71 354 984 e-mail : aispptunisie@yahoo.fr 2 décembre 2006  
Communiqué  
 
Monsieur Abdelhamid Sghaïer, étudiant en troisième cycle (mathématiques) à la fac de sciences de Tunis et membre de l’AISPP a mis un terme à sa grève de la faim samedi 2 décembre 2006 après avoir obtenu son passeport. Abdelhamid Sghaïer avait commencé deux grèves de la faim illimitées, la première du 13 octobre au 2 novembre 2006 et la seconde du 18 novembre au 2 décembre 2006 pour exiger son passeport et protester contre le procès dont il fut la victime et qui a débouché sur sa condamnation à une amende de cent dinars. Il a été accusé d’avoir agressé un agent de la Sûreté, mais la raison véritable de son procès est qu’il avait protesté contre l’interdiction faite aux étudiantes voilées de pénétrer à l’Université. Le président de l’Association Maître Mohammed Nouri (traduction ni revue ni corrigée par les auteurs de la version en arabe, LT)


 
Ligue Tunisienne pour la Défense des Droits de l’Homme, section de Bizerte 75 rue Ferhat Hached, 7001 Bizerte Tel : 72 435440
Communiqué
 
Bizerte, le 25 novembre 2006 Le 20 novembre à dix heures du soir, à Menzel Bourguiba, une brigade de policiers a investi le domicile de monsieur Mohammed Naceri, le menaçant et lui promettant de mettre sa maison sens dessus dessous car il avait donné des noms à ses enfants, qui ne pouvaient que trahir son intention terroriste, à savoir : Kabil, Okba, Hossein et Hassan. Les agents de la sûreté ont semé la terreur au sein de la famille Nacéri et de tout le voisinage, la rue menant au domicile des Nacéri ayant été bouclée. L’objectif de cette « moudahama » et de la fouille était d’arrêter le fils, Monsieur Kabil Nacéri, ex prisonnier politique contre lequel avait été prononcée une condamnation de trois ans, à compter du 1er mars 2003 et de cinq ans de contrôle administratif. Il avait fait l’objet d’une libération conditionnelle le 2 novembre 2005 après avoir effectué deux ans et huit mois d’emprisonnement. Après sa libération, il avait été contraint d’émarger quotidiennement au poste de police, et de signaler tous ses déplacements aux agents de la sûreté, sans aucune considération pour ses horaires de travail qui ne correspondaient pas aux conditions préjudiciables imposées par la police et il avait demandé à l’administration d’en tenir compte. Mais la police avait refusé d’exaucer ce souhait et avait menacé de le renvoyer en prison s’il ne respectait pas ses injonctions. Kabil les a informés qu’il était prêt à respecter la décision du juge uniquement et qu’il refusait les mesures policières extra-judiciaires visant à l’humilier et à l’affamer, considérant la prison comme un moindre mal face à cette « libération » provisoire révoltante. Lorsqu’il avait à nouveau été arrêté pour « désobéissance à la procédure légale», il avait été détenu un mois et le tribunal avait conclu à non lieu. Pourtant, peu de temps après, il avait été arrêté à nouveau et déféré devant le tribunal pour la même accusation et le tribunal avait prononcé un non-lieu une nouvelle fois. La police, elle, n’avait pas fini de harceler Kabil, bien que le juge eût innocenté ce dernier. Il fut pourchassé et sa famille, terrorisée. Ses parents eurent pour seul recours l’appel aux institutions humanitaires et de droits de l’homme, les exhortant de les sauver de l’arbitraire policier. La section de Bizerte de la LTDH : Dénonce ces pratiques illégales et appelles les autorités concernées d’en finir avec ces comportements graves. Demande que soient respectées les décisions judiciaires, notamment dans l’affaire de Kabil Nacéri, enregistrée sous le matricule 5567. Pour le comité de section Le Président Ali Ben Salem (traduction ni revue ni corrigée par les auteurs de la version en arabe, LT)

Ajourd’hui le 03.12.2006, depuis 4 heure du matin, des forces de la police ont encerclé ma maison sise à Rue 8 Juillet au kef. Par la suite des voitures de la police m’ont suivi jusqu’à environ 3 kilomètres en dehors de la ville du kef, puis m’ont obligé à m’arrêter. Ils ont encerclé ma voiture de tous les côtés et m’ont empêché de poursuivre ma route. Un officier supérieur est parmi les forces de l’ordre qui me tient en otage ! On m’a rien demandé jusqu’à l’écriture du présent communiqué.
 
Larbi Guesmi Pour Maître Najib Hosni / Par téléphone apparemment sous écoute car constamment interrompu.


Tunis, le 03 décembre 2006

Une histoire banale !

Hier matin, vendredi 2 décembre 2006, en sortant de chez moi j’ai découvert l’arbre qui ornait l’entrée de mon garage gisant par terre après avoir été abattu à l’aide d’une hache au cours de la nuit. J’ai porté plainte contre « x » au commissariat de Slimène (route de la plage). Ce matin, c’est une autre surprise, non moins désagréable, qui m’attendait ; deux voitures et cinq agents de la police politique (El Irchède -les renseignements-) postées devant la maison. Je découvre, subitement, que je suis en résidence surveillée, avec interdiction de n’aller nulle part ! Une histoire banale, sans doute, dans un pays sans Histoire ! Fathi Chamkhi Porte parole Raid Attac Tunisie
 
(Source: Lea liste de diffusion de Raid Attac Tunisie le 3 decembre 2006)

 


 

 

 

A l’occasion du 58ème anniversaire de la déclaration universelle des droits de l’homme

Vérité-Action organise

le samedi 9 décembre 2006

Un rassemblement sous le thème :

 « Agir pour les libertés en Tunisie »

Devant la poste du  Mont-Blanc à Genève

De 14h à 16h

&

Un stand d’information

sur la situation actuelle des libertés et des droits de l’homme en Tunisie

Lieu : A la place du Mollard

De 11h à 18h 

Nous invitons tous nos amis, nos compatriotes, les ONGs de défense des droits de l’homme, les membres et repr

é sentants d’organisations et d’instances internationales ainsi que les médias à nous rejoindre le 9 décembre pour manifester leur soutien à la société civile tunisienne et appeler à  plus de libertés en Tunisie

Pour tout renseignement nous contacter par t

él au 0797032611 ou par email. info@verite-action.org

 

 


 

DERIVE BARBOUZARDE A SOUSSE

Moncef Marzouki, assigné à résidence

Par Slim Bagga

Certains  observateurs de la chose publique en Tunisie n’ont cessé de me rebattre les oreilles ces dernières semaines soutenant que le régime tunisien a très bien voire très finement manoeuvré au lendemain du retour de Moncef Marzouki au pays. Selon ces âmes bien pensantes, le docteur Marzouki n’est revenu en Tunisie que pour y provoquer le pouvoir, y être jeté en prison afin que l’on parle de lui.

 

D’autres compatriotes sous informés considèrent quant à eux que ce retour a eu lieu sans que l’intéressé ne soit inquiété. Et pour cause, il est chez lui à Sousse. Comme si le fait d’être chez soi était un signe de jouissance de sa propre liberté en Tunisie.

 

Je ne vais pas revenir sur les événements malheureux qui ont accompagné ce retour: ils ont été largement couverts par « L’Audace » du mois de novembre ainsi que par la presse internationale, à la différence de notre presse nationale muette et aux ordres.

 

Je voudrais juste dire ici et informer l’opinion publique que Moncef Marzouki est assigné de facto  à résidence. Ce qui s’est passé dans la nuit de samedi à dimanche, ainsi que le dimanche dans la matinée donne une idée sur l’imposture du régime « manoeuvrier », ses sempiternels mensonges et sa persistance à ne gouverner qu’avec le harcèlement, l’intimidation et la lâcheté.

 

Déjà, depuis quelques semaines, l’on empêchait les visiteurs de Moncef Marzouki de quitter la capitale pour se rendre à Sousse. Samedi, dans la soirée, un déploiement impressionnant de policiers en tenue et en civil (environ une quarantaine) bloquent le passage d’une voiture à 200 mètres de la villa de Moncef Marzouki.  5 personnes étaient à bord dont Me Abderraouf Ayadi et l’infatigable octogénaire Ali Ben Salem, l’avocat Samir Ben Amor etc. Moncef Marzouki dut alors quitter sa demeure, demanda des explications en vain à la police. Tout ce monde se regroupa dans la voiture jusqu’à 1 heure du matin quand les barbouzes leur permirent d’intégrer la villa. Ils étaient en effet tous prêts à passer la nuit dans la rue.

 

Rebelote dimanche matin: la voiture a disparu, et la police renforcée. L’un des hôtes de Moncef Marzouki, sorti acheter du pain n’a pu réintégrer la maison. Lorsqu’ils sortirent tous ensemble en vue de rentrer à Tunis, le docteur Marzouki les accompagnant aussi dans la capitale, il en fut empêché.

 

Selon la police, les visiteurs peuvent repartir sur Tunis, mais pas Moncef Marzouki. Une autre femme s’est présentée pour le menacer de plainte pour harcèlement sexuel. Tous les coups de fil que nous avons reçu et que reçoit l’intéressé font état d’une ville de Sousse quadrillée à l’abord du domicile de Moncef Marzouki.

 

Pourquoi autant de frilosité et de nervosité au sujet d’un seul homme? Comment un pouvoir serein et fort comme il se plait à se qualifier lui-même agit-il de manière aussi scandaleuse?

 

De jour en jour, ce régime perd les pédales. Au lieu de sanctionner les voleurs de yachts et d’automobiles qui déshonorent le pays, Ben Ali et ses sbires continue d’emprisonner la liberté…


 

 

*Rencontre avec Monia et Mariam Jelassi

par Luiza Toscane

 

Abdelhamid Jelassi est l’un des plus anciens prisonniers politiques en Tunisie. Il a été arrêté en avril 1991 et a été condamné en août 1992 par le tribunal militaire de Bouchoucha à l’emprisonnement à perpétuité.

 

Torturé, maltraité, ballotté de prison en prison, il n’a cessé de se battre pour ses droits élémentaires et sa libération. Il est en grève de la faim depuis le 5 novembre dernier, mais depuis le 11 novembre,

l’administration pénitentiaire refuse à son épouse le droit de lui rendre visite. Celle-ci n’a plus aucune nouvelle du prisonnier. Et son inquiétude, qu’elle partage avec sa fille Mariam, âgée de quinze ans,

qui n’a jamais connu son père, redouble.

 

*Monia, le 5 novembre, votre mari a commencé une grève de la faim. Il était alors à la prison de Mehdia avec d’autres prisonniers. Que s’est-il passé ensuite ?*

 

– je lui ai rendu visite le 11 novembre 2006 ; il était encore en grève  de faim. Le 13 novembre après une discussion avec le directeur du prison  il était transféré à la prison de Messaadine et Bouraoui Makhlouf à la  prison de Monastir (c’est ce que B.MAKHLOUF a dit à sa femme lors de sa  visite le 14 novembre à la prison de Monastir )

 

*Ainsi vous n’avez plus de nouvelles depuis le 11 novembre. Que craignez-vous particulièrement ? Est-il malade ?*

 

– C’est vrai, je suis allée à la prison de Messaadine à deux reprises : le 18 novembre et le 25 novembre, mais l’administration m’a refusé la  visite. Je n’ai même pas reçu de lettre ; tant que je n’ai pas vu mon  mari je peux tout craindre même le décès surtout que c’est la sixième  grève de faim en trois ans : la plus longue a duré quarante sept jours  et la plus courte a duré dix jours. Au cours de la dernière grève, il a  eu des crises de reins. Donc on peut s’attendre à tout.

 

*Vous vous êtes adressée à plusieurs reprises au Comité supérieur des Droits de l’Homme ?*

 

– j’ai contacté la comité supérieur des droits de l’homme le 20 novembre  2006, la standardiste m’a dit que je dois prendre un rendez-vous pour  pouvoir parler au téléphone à Monsieur Zakaria Ben Moustafa et la  secrétaire qui devrait indiquer ce rendez-vous n’est jamais à son bureau.

Mon beau-frère est allé au siège du comité le 21 novembre, mais il n’a  pas pu entrer parce que ce n’était pas le jour d’accueil des citoyens.

 

*Quelle a été la réponse de la Croix Rouge à vos demandes ?*

 

– J’ai contacté la Croix Rouge dès la première semaine de la grève de  faim. Ensuite je l’ai contactée le 20 novembre et le 27 novembre pour  demander son intervention et j’attends encore la réponse.

 

*Quel message votre fille Mariam et vous-même souhaitez lancer à l’opinion publique internationale ?*

 

– Monia Jelassi : Apres toutes ces longues années sûrement que ma fille et moi avons pleins de souhaits et de paroles à lancer à l’opinion publique internationale mais on résume nos souhaits en un seul mot : LA LIBERTE.

– Mariam : j’ai droit à voir mon père sans que des barreaux de fer nous séparent ; j’ai droit à discuter, à jouer avec mon père sans que les yeux des gardiens surveillent tout mouvement et contrôlent toute parole ; j’ai droit à vivre avec mon père et ma mère en vraie famille.

 

Veuillez accepter tous nos remerciements.

 

Propos recueillis par Luiza Toscane le 28 novembre 2006

 

(Source : www.reveiltunisien.org, le 30 novembre 2006)


Quand la police tunisienne surveille les journalistes

Jean-François Julliard et Hajar Smouni

 

En Tunisie, il n’y a plus de journalistes emprisonnés. C’est une bonne nouvelle. Les arrestations sont rares et les condamnations tout autant. Mais le harcèlement à l’égard de la presse est toujours une réalité. Plus subtil, plus discret, il est d’une redoutable efficacité et permet aux autorités de maintenir un contrôle étroit sur la presse d’opposition et les médias internationaux.

 

Les journalistes étrangers sont pris en charge dès leur arrivée à l’aéroport de Tunis-Carthage par des agents de la très officielle Agence tunisienne de communication extérieure (ATCE). Cet établissement public, créé en 1990, relève directement du Premier ministre. Il fournit guides et interprètes à la presse étrangère et garde un œil en permanence sur la circulation des reporters à l’intérieur du pays.

 

La plupart des journalistes étrangers qui ont séjourné en Tunisie font état des mêmes pratiques : présence policière importante devant l’hôtel et filatures systématiques lors des déplacements à pied ou en voiture. Cette surveillance est volontairement visible. Le but n’est pas de faire peur aux reporters mais de les empêcher de travailler en inquiétant leurs sources. « Si nous parlons à la presse étrangère, nous savons que nous aurons des problèmes », expliquent de nombreux Tunisiens.

 

Pour les journalistes locaux, la situation n’est pas si différente. La surveillance est de mise. Abdallah Zouari, ancien journaliste de l’hebdomadaire Al Fajr, emprisonné pendant onze ans et aujourd’hui placé sous contrôle administratif, n’est pas libre de ses mouvements. Des policiers surveillent en permanence son domicile, et l’accès aux publinets (points d’accès publics à Internet) de sa ville lui est refusé.

 

De la même manière, après avoir passé quinze ans dans les geôles tunisiennes, le directeur d’Al Fajr, Hamadi Jebali, est victime de nouvelles brimades de la part des autorités. Depuis sa sortie de prison, le 26 février 2006, les toits et les terrasses des maisons voisines ont été réquisitionnés par des agents de police pour pouvoir contrôler ses allées et venues et l’espionner dans son intimité. M. Jebali leur a demandé à plusieurs reprises de mettre un terme à cette surveillance, mais il s’est vu rétorquer qu’il pouvait appeler la police !

 

Et le 5 novembre dernier, la police politique a obligé le propriétaire de la salle des fêtes, où devait se dérouler le mariage de sa fille, à mettre un terme aux célébrations. Des agents ont contrôlé l’identité de tous les invités et relevé les plaques d’immatriculation de leurs voitures. Par la suite, les rues attenantes au domicile du journaliste, où la fête devait se poursuivre, ont été fermées, empêchant l’arrivée de l’orchestre et du traiteur.

 

(Source : leblogmédias, le 2 décembre 2006)

Lien : http://www.leblogmedias.com/le_blog_mdias/2006/12/quand_la_police.html

 

 

Au secours … Alyssa

 

Le liban est incontestablement le pays arabe le plus « vivant ». Il ne cesse de nous éblouir par l’originalité, le dynamisme et la grande culture de son élite et de sa population.

Le paysage libanais tranche nettement avec la morosité et l’insipidité dégagées dans les autres pays arabes. Le liban est un oasis dans un désert stérile et étouffant.

 

Allongés devant nos postes de télévision, branchés sur les chaînes satellitaires de New TV, El Manar ou Al Jazeera, les téléspectateurs du Caire, de Rabat et surtout de Tunis ne peuvent qu’être subjugués par ce flot d’images et de débats multicolores conçu et réalisé par des libanais. Réellement, on ne peut admettre, avec une mentalité de subordination et d’impuissance façonnée depuis des lustres par des médias unidirectionnels à la solde de régimes ignorants et corrompus,  que cette animation, cette vivacité et cette effervescence sont générées dans un pays arabe.

 

Les méga manifestations organisées après l’agression israélienne et actuellement contre le gouvernement de Senioura (plus du quart de la population) ne peuvent que nous enfoncer davantage dans notre égarement et nos contradictions. On est pénétré par des sentiments de fierté souillés par des marques de honte et de petitesse.

 

On est fier que ces images nous parviennent, cette fois, d’un pays arabe et non du monde occidental rompu, faut il l’avouer, à ce genre d’expression. Le message véhiculé est pourtant simple: les arabes et les musulmans ne sont pas aussi bornés et sanguinaires que ne cessent de propager leurs régimes avec la bénédiction de certains occidentaux et qu’avec des conditions réelles de liberté, ces peuples peuvent charrier des valeurs humaines authentiques et  participer positivement à l’émancipation d’un monde meilleur.

 

Ces images nous procurent également des sentiments de honte, de jalousie et de petitesse difficilement maîtrisés. Rien qu’en observant le paysage désolant de la scène publique tunisienne, entre autres, on ne peut que déplorer notre déchéance civilisationnelle et notre retard culturel.

N’est-il pas catastrophique que personne ne puisse « rêver » de voir ces images à Tunis alors que le pouvoir y est de loin plus corrompu, plus monolithique et plus docile aux agendas des puissances étrangères que celui du Liban?

N’est-il pas honteux que dans certains groupements de contestation (mouvement du 18 Octobre, par exemple), les forces de l’ordre, souvent plus nombreuses que les manifestants, ne rechignent devant aucun moyen de répression et d’humiliation pour disperser les poignées de militants?

N’est-il pas dramatique qu’au lieu de poursuivre les délinquants, les faussaires et les criminels que des policiers s’acharnent, dans la rue et dans les bus, sur des filles et femmes, sans défense, pour leur enlever des foulards et couvre-têtes en énumérant ensuite les « réalisations extra naturelles » consenties en faveur de la réligion et des musulmans?

N’est-il pas déshonorant qu’un régime use de moyens les plus bas (dons et pots de vins aux syndicalistes de l’enseignement secondaire) pour anéantir des grèves de certains corps, bloquer les activités des partis et associations et harceler les militants (LTDH, AISPP, CNLT, CPR, AJA, PDP…) ?

N’est-il pas tragique qu’un régime qui ne cesse de nous matraquer par ses performances démocratiques contourne les lois et les décrets qu’il a lui-même institués pour s’approprier le pouvoir jusqu’à la mort?

 

Ces interrogations ne constituent qu’un grain de sable dans un désert tunisien morne et inculte.

 

Que ces appels interpellent Alysssa en la poussant à reconquérir Ifriquya en l’arrosant de brises de …liberté et de …dignité. On suffoque.

 

DEHLIZ

 


 

 

La Tunisie ou la servitude consentie

Une étude minutieuse du régime de Ben Ali, «dictature douce» où le silence est le prix à payer pour le confort collectif.

 

Antoine Bosshard

 

De quelle sorte de dictature parlons-nous quand nous évoquons la Tunisie? Dans quel type de régime faut-il donc ranger ce «bon élève» du tiers-monde, bien noté par les grandes institutions financières internationales?

 

En abordant, en priorité, la question par le fonctionnement de l’économie, Béatrice Hibou, chargée de recherches au CNRS, choisit une voie originale – et très certainement la plus parlante. Spectrographique, dépourvue de tout a priori idéologique, son analyse n’en est que plus stimulante. Révélatrice surtout de l’extrême complexité du jeu que se jouent autorités et population, où, note-t-elle, «les pratiques de répression sont indissociables d’autres pratiques, notamment celles destinées à inclure la population, à satisfaire au mieux ses besoins, à garantir sa sécurité». Les unes étant en quelque sorte inséparables des autres.

 

Quadriller, maquiller, verrouiller: la formule, qui désigne les recettes du pouvoir tunisien, est d’un opposant au régime du président Ben Ali. Elle dit bien une réalité où l’encadrement policier – un agent pour 67 à 112 habitants! – est un record absolu. Un quadrillage complété par l’action des cellules du parti, le Rassemblement constitutionnel tunisien, d’associations et d’une pluie d’agents de toutes sortes qui maintiennent, au jour le jour, la population sous surveillance. Un parti auquel chacun se voit tenu de s’affilier pour obtenir emploi, papiers, allocations et subventions diverses. Les plus modestes peuvent y trouver les moyens d’une ascension sociale.

 

On ne s’étonnera pas que Béatrice Hibou commence son examen par la question du crédit, et du maintien, dans le système bancaire, de créances douteuses. Apuré, mais en partie seulement, celui-ci laisse subsister des pratiques de non-remboursement, maquillé dans les bilans. Dans la mesure où l’on sait que le soutien de l’Etat est indéfectible, comme son contrôle sur le système et les débiteurs. Etat prêteur, Etat garant, il entretient un enchevêtrement des relations où «les consommateurs et les entrepreneurs se voient permettre leurs arriérés et leurs créances douteuses tant qu’ils ne quittent pas cette économie politique et les relations qui sont associées».

 

Le système tunisien apparaît donc comme un échange incessant de services, offerts par l’Etat, et un public dont on attend la docilité au pouvoir: endettement, fiscalité, aide sociale, il se tisse, jour après jour, une trame, où l’individu n’est pas forcément perdant, au contraire.

 

Mme Hibou a pris le soin d’étudier minutieusement l’attitude des Tunisiens à l’endroit de l’autorité: «Les acteurs que j’ai étudiés, note-t-elle, ne conçoivent généralement pas leur situation en termes de répression ou de soumission.» Mais cette résignation face au «prix à payer» – une expression qui revient souvent chez eux – amène une immense majorité à se réfugier dans la vie intime, faute d’espace public où s’exprimer. Quant à ceux qui osent rompre ce consensus massif – les islamistes, les défenseurs des droits de l’homme, les opposants – ils en paient, logiquement, le prix fort.

 

La présidence enfin. Ben Ali appartient au club sélect de ces dictateurs autour de qui s’est organisé un culte de la personnalité qui prend parfois un tour comique, tel le chiffre 7 – son chiffre fétiche. L’auteur remarque aussi que l’homme est à la source de toutes les décisions, importantes ou dérisoires, qui sont à prendre. Personnalisation extrême que connut déjà le Zaïm de la nation, Bourguiba. Mais qui ne peut s’exercer sans le concours de ses intermédiaires. Ils sont légion.

 

Béatrice Hibou, «La Force de l’obéissance, économie politique de la répression en Tunisie», La Découverte, 362 p.

 

(Source : « Le Temps » (Suisse), le 1er décembre 2006)

Lien : http://www.letemps.ch/template/opinions.asp?page=6&article=195174

 

Le journal « Le Monde » (France) avait déjà publié une critique de ce livre le 17 novembre dernier :

 

Critique

La Tunisie, douce dictature ?

Florence Beaugé

 

Si l’on passe outre le style très universitaire de cet ouvrage, parfois un peu redondant, La Force de l’obéissance offre sans doute l’une des meilleures radiographies du « système Ben Ali ». Béatrice Hibou, chercheuse au Centre d’études et de recherches internationales de Sciences Po (CERI), démonte les rouages de l’exercice du pouvoir et de la domination dans la Tunisie de l’après-7 novembre 1987, date du « coup d’Etat médical » du premier ministre de l’époque, Zine El-Abidine Ben Ali, contre le « père de la nation », Habib Bourguiba. La démonstration est minutieuse, sans manichéisme, ce qui la rend d’autant plus convaincante.

 

Qu’est-ce qui autorise simultanément contrôle et sécurité économique, surveillance et création de richesse, « miracle économique » et répression ? L’auteure passe à la loupe l’attitude des individus à l’égard de l’autorité, de la hiérarchie, de l’obéissance, autant que de la liberté et de l’insoumission, de l’acceptation et de l’adhésion. « Ce dernier point est fondamental. Les acteurs que j’ai étudiés ne conçoivent généralement pas leur situation en termes de répression ou de soumission, souligne l’universitaire. Leur appréciation (est) à la fois plus subtile et moins explicite, et pas seulement en raison de la peur. »

 

Les mécanismes perçus de l’extérieur comme contraignants sont en réalité souvent recherchés, car ils offrent à la fois protection, enrichissement et sécurité. Ainsi, la servitude devient-elle « tolérable, acceptable et même désirable », comme l’expliquait déjà La Boétie dans son Discours de la servitude volontaire (1576).

 

C’est surtout à partir de l’analyse du fonctionnement de l’économie que ces mécanismes d’assujettissement peuvent être mis au jour en Tunisie. L’endettement, la fiscalité, la gestion des privatisations mais aussi l’organisation de la solidarité et de l’aide sociale créent des processus de dépendance mutuelle entre dirigeants et dirigés.

 

Faut-il voir dans la surconsommation de la population tunisienne une contrepartie construite par le pouvoir pour s’assurer la paix sociale et l’absence d’engagement politique ? Si contrat social il y a, en Tunisie, il prend la forme de la défense d’un ordre social. A l’instar de ce qui se passait à Rome ou dans l’Ancien Régime français, « un compte est perpétuellement ouvert entre le débiteur et le créancier », et il n’est jamais clos tant que ces relations de dépendance sont acceptées.

 

La défense de ce pacte est consolidée en Tunisie par un « quadrillage méticuleux ». Y contribuent de multiples acteurs, à commencer par le parti-Etat, le Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), les milliers de cellules du parti et de petites associations qui agissent comme des intermédiaires du pouvoir central.

 

La prédation, la mise en coupe réglée de l’économie et l’absence de liberté de parole seraient-elles « le prix à payer » pour la stabilité du pays ? Beaucoup de Tunisiens ont intériorisé cette idée, en échange, souvent, d’une grande souffrance. Ceux qui ont eu à subir brimades et intimidations – islamistes, opposants, intellectuels – s’enfuient dans un « exil intérieur » en s’interrogeant sur leurs fautes éventuelles. Le « pays du jasmin », cette « si douce dictature », lui, continue en Europe de faire office de bon élève, voire de modèle. Avec l’essai de Béatrice Hibou, on comprend mieux pourquoi.

 

 

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LA FORCE DE L’OBÉISSANCE, ÉCONOMIE POLITIQUE DE LA RÉPRESSION EN TUNISIE de Béatrice Hibou. La Découverte, 362 p., 29 €.

 

(Source : « Le Monde » du 17 novembre 2006)

 

Qui est Mme Béatrice HIBOU ?

 

Chargée de recherche

CERI / CNRS

hibou@ceri-sciences-po.org

 

 

Béatrice Hibou est diplômée de l’Institut d’Etudes Politiques (IEP) de Paris et a obtenu un doctorat en économie politique à l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales, Paris. Elle a été membre de la rédaction de Critique internationale de 1998 à 2003 et de Politique africaine. Elle enseigne l’économie politique des réformes dans les pays en développement à l’IEP de Paris. Elle est membre fondateur du Fonds d’Analyse des sociétés politiques (FASOPO) depuis 2003.

 

(Source : la page dédiée à Mme B. Hibou sur le site du CERI, visité le 3 décembre 2006)

Lien : http://www.ceri-sciencespo.com/cerifr/cherlist/hibou.htm

 

Pour acheter le livre :

 

La force de l’obéissance : Economie politique de la répression en Tunisie (Broché)

de Béatrice Hibou

 

Broché: 362 pages

Editeur : Editions La Découverte (24 août 2006)

Collection : Textes à l’appui

Langue : Français

ISBN: 2707149241

Prix éditeur: EUR 29,00

 

 

Présentation de l’éditeur

 

Les violations des droits de l’homme et l’absence d’opposition politique dans les dictatures font régulièrement l’objet de critiques. Ce que l’on connaît moins, c’est le fonctionnement intime de ces régimes, les mécanismes par lesquels des populations entières se trouvent durablement assujetties. C’est ce travail de dévoilement qu’a entrepris Béatrice Hibou. A la croisée de deux traditions intellectuelles, l’économie politique wébérienne et l’analyse foucaldienne, elle analyse, à partir du cas de la Tunisie, les modes de gouvernement et les dispositifs de l’exercice concret du pouvoir. Elle montre comment ces dispositifs façonnent les modalités de l’obéissance, voire de l’adhésion. L’auteur fait émerger les rationalités des mécanismes d’assujettissement à partir de l’analyse de l’économie tunisienne. Elle explique ainsi comment l’économie d’endettement, la fiscalité, la gestion des privatisations, l’organisation de la solidarité et de l’aide sociales créent des processus de dépendance mutuelle entre dirigeants et dirigés. La répression et le contrôle policier apparaissent alors moins centraux que les arrangements, les accommodements, les petites ruses calculées, les compromissions au jour le jour, les instrumentalisations réciproques garantissant la légitimation quotidienne du régime. Bien au-delà du seul cas tunisien, cet essai dérangeant fait comprendre comment se perpétuent les régimes autoritaires. Il permet aussi d’éclairer les mécanismes de domination à l’œuvre dans les États que l’on considère comme démocratiques.

 

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Table des matières

 

LE POUVOIR A CREDIT

Créances douteuses

La dépendance par l’endettement

L’ADHESION ENCADREE

Un quadrillage méticuleux

Le travail normaliseur de l’appareil bureaucratique

NEGOCIATIONS ET CONSENSUS : LA PUISSANCE DES  » DOUCEURS INSIDIEUSES « 

Entre conflictualité cachée et recherche permanente de compromis

L’accommodement négocié

Les contours du pacte de sécurité tunisien

SURVEILLER ET REFORMER

Le réformisme : un  » bon dressement « 

Des réformes à perpétuité, succès du réformisme

 

Recherches et travaux de Mme B. Hibou sur le Maghreb

(Source : la page dédiée à Mme B. Hibou sur le site du CERI, visité le 3 décembre 2006)

Lien : http://www.ceri-sciencespo.com/cerifr/cherlist/hibou.htm

 

 


The veil and the niqab

By Dr Farrukh Saleem Does the Quran require women to wear a niqab? Does the Holy Quran require women to wear an all-enveloping, Saudi-style outer garment that hides all but eyes? To be certain, there are 177 Ayahs about women in the Quran (verses that have the word ‘women’ in them). Not one requires women to wear a niqab. Not one requires women to cover themselves in an all-enveloping outer garment. Not one requires seclusion for women. Does the Quran grant Muslim women fewer rights — with regards to marriage, divorce, dress code, civil rights, legal status or education — than Muslim men? No, the Quran does not. Yes, the Quran recommends both males (al Quran 24:30) and females (al Quran 24:31) to dress modestly but there is no uniform Islamic clothing. Muslim women in Indonesia — the largest Muslim population in any one country — wear skirts the hemlines of which vary from being as high as the lower thigh or as low as the ankles. Muslim women in Istanbul wear skirts and mini-skirts with a hemline as high as the upper thigh (some 20 cm or more above knee level).At the other end of the spectrum, the Taliban regime (1996-2001) required women to wear an all-enveloping outer gown to be worn over the usual shalwar kameez. Not to forget that the Taliban administered beating with thin sticks at the ankles for wearing burqas that were ‘too short’ and granted far fewer rights to Muslim women than men — in marriage as well as divorce, civil rights, legal status and education. The operative Quranic term in 24:30 and 24:31 is modesty; first for men and then for women. The definition of modesty changes with time and varies regionally. A skirt in the heart of Lahore will be immodest. An all-enveloping ‘batman-style’ burqa in the heart of Paris will also be immodest and thus against the prescription of Quran. Question: Are Turkish Muslim women less Muslim than Afghan Muslim women? Muslim Tunisia, the 25th largest Muslim-majority member-state of the OIC, is fighting its own ‘war over the veil’. For the record, Tunisia is 98 per cent Muslim, while Pakistan is 97 per cent Muslim. In Tunisia, Decree 108  »forbids the full veil (niqab) as well as the less restrictive head covering (hijab) in public places.’ According to President Zine el Abdine bin Ali, niqab as well as hijab are « imported forms of sectarian dress » (an obvious reference to the role of Saudi-style Wahhabism in North Africa). In a recent speech, President Zine el Abdine said: « Tunisia remains faithful at all times to its true religion of Islam — the religion of moderation, openness, tolerance, and constructive dialogue. It is imperative to differentiate between imported sectarian dress and authentic Tunisian clothing. The substitution of foreign dress for Tunisian clothing is a clear and open repudiation of national identity. Sectarian dress should be rejected just as immodest dress is rejected. » Decree 108 may have gone too far. Niqab is not indigenous to Pakistani Muslim society and neither is a mini-skirt. Shouldn’t they both be rejected with the same degree of persistence? For Pakistan, niqab is an imported form of sectarian dress and symbolises the growing role of Saudi-style Wahhabism in Pakistan. To be sure, niqab has nothing to do with the religion of Islam. Someone intelligent once said: « Islam is in the heart of the believer, not in the piece of cloth wrapped in various fashions based on cultural practices. »  

The writer is an Islamabad-based freelance columnist. Email:farrukh15@hotmail.com

 

(Source: www.thenews.com, (Pakistan) le 3 décembre 2006)

Lien : http://www.thenews.com.pk/daily_detail.asp?id=34149

 

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