14 avril 2011

TUNISNEWS
10 ème année, N°3978 du 14.04.2011


AFP: Tunisie: 18 actions en justice intentées contre Ben Ali

AP:Tunisie: nouvelle incarcération d’un haut responsable de l’ancien régime

AFP: La France refuse d’accepter les Tunisiens qui passent par l’Italie


REVUE DE PRESSE

Tunisie: 18 actions en justice intentées contre Ben Ali


AP 14/04/11 17:24
TUNIS (AP) — Le président tunisien déchu Zine El Abidine Ben Ali fait l’objet de 18 actions en justice pour « complot contre la sûreté de l’Etat, homicide volontaire, usage et trafic de drogues », a fait savoir le ministre tunisien de la Justice Lazhar Karoui Chebbi.
Dans un entretien accordé à la télévision nationale et rapporté jeudi par l’agence officielle TAP, M. Chebbi a par ailleurs noté qu’un dossier juridique était en cours de constitution en vue d’obtenir l’extradition de M. Ben Ali, qui a fui en Arabie Saoudite en compagnie de son épouse Leïla.
Il a également indiqué qu' »Interpol était en train de pourchasser les autres membres de la famille de l’ancien président et de ses proches qui sont en état de fuite afin de les arrêter ».
Le ministre de la Justice a par ailleurs annoncé qu’une délégation officielle tunisienne se rendrait prochainement en France, au siège d’Interpol à Lyon, afin d’accélérer l’opération d’exécution des mandats internationaux portant sur le gel des avoirs de l’ancien chef d’Etat et de sa famille.
Il a fait état de contacts « probants » engagés à cet effet avec des délégations représentant la Suisse, les Etats-Unis et le Canada, où s’est réfugié l’un des beaux-frères de l’ex-président, Belhassen Trabelsi. AP

Tunisie: nouvelle incarcération d’un haut responsable de l’ancien régime


De The Associated Press – Le 14 avril 2011
TUNISIA, Tunisia — Abderrahim Zouari, ancien ministre et dirigeant du Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), l’ancien parti au pouvoir en Tunisie, a été incarcéré mercredi, selon une source judiciaire citée par l’agence officielle TAP.
Il a été incarcéré après son interrogatoire par le juge d’instruction près le tribunal de première instance de Tunis, selon la TAP, qui ne précise pas les chefs d’inculpation retenues contre le prévenu.
Plusieurs fois ministre, notamment de la Justice, des Affaires étrangères et du transport, Abderrahim Zouari vient s’ajouter aux anciens dirigeants du régime Ben Ali incarcérés ces dernières semaines.
Parmi eux figurent deux influents conseillers du président déchu, Abdelaziz Ben Dhia et Abdelwahab Abdallah, l’ancien ministre de l’Intérieur Rafik Belhaj Kacem et l’ex-président du Sénat Abdallah Kallel. Ce dernier fait depuis plusieurs années l’objet d’un mandat d’amener à la suite d’une plainte déposée en Suisse par une Tunisienne qui l’accuse de tortures du temps où il était ministre de l’Intérieur.
Tout en se défendant d’être partisan de la chasse aux sorcières, le Premier ministre du gouvernement transitoire, Béji Caïd Essebsi, s’est dit à plusieurs reprises attaché à ce que « la justice suive sereinement son cours » et se prononce « en toute indépendance » contre toute personne dont la culpabilité aura été prouvée. AP

La France refuse d’accepter les Tunisiens qui passent par l’Italie


AFP / 14 avril 2011 15h45
BRUXELLES – Le Premier ministre français François Fillon a réaffirmé jeudi le refus de son pays d’accepter les migrants clandestins tunisiens qui arrivent en passant par l’Italie et l’île de Lampedusa, malgré les appels répétés de Rome à davantage de solidarité.
 
« Il faut d’abord que les règles s’appliquent », a-t-il prévenu à l’issue d’une rencontre avec le président de la Commission européenne José Manuel Barroso à Bruxelles.
 
« Il n’y a aucune règle qui prévoit l’accueil sur le territoire européen et la libre circulation des immigrants économiques clandestins », a-t-il rappelé.
 
« Une grande partie des ressortissants tunisiens qui sont arrivés en Italie, n’ont pas vocation, comme certains le proposent, à être répartis dans les différents pays européens, ils ont vocation à retourner dans leur pays », a-t-il affirmé.
 
M. Fillon a rappelé que son pays faisait déjà un effort beaucoup plus important que l’Italie en matière d’octroi du droit d’asile.
 
« Je veux simplement faire remarquer que la France est le deuxième pays au monde en matière d’asile derrière les Etats-Unis, c’est plus de 50.000 personnes qui chaque année demandent asile en France, et 10.000 en Italie », a-t-il dit.
 
Le chef du gouvernement a rappelé que la France était disposée à mettre en place « des moyens plus efficaces » pour des patrouilles en Méditerranée afin de bloquer les embarcations arrivant de Tunisie.
 
Il a aussi critiqué le système actuel qui voit l’Agence européenne de surveillance des frontières, Frontex, acheminer les Tunisiens interceptés en mer sur l’île italienne de Lampedusa.
 
« Il serait plus intelligent de les ramener directement en Tunisie », a-t-il plaidé, en soulignant aussi à nouveau que Paris souhaitait conditionner l’aide européenne à la Tunisie « à une bonne coopération avec le gouvernement tunisien sur le retour de ces immigrés clandestins » chez eux.
 
M. Barroso a soutenu la France sur ce point. « Nous avons le droit de protéger nos frontières, nous ne pouvons pas tolérer l’immigration clandestine illégale, nous devons lutter contre les réseaux criminels », a-t-il soutenu.
 
Le président de l’exécutif européen s’est rendu à Tunis mardi pour plaider en faveur de la réadmission par le pays de ses ressortissants arrivant illégalement en Europe.
 
« Il n’est pas dans l’intérêt des pays tiers qu’il y ait en Europe un débat sur ces questions sensibles » de l’immigration clandestine car « certaines forces populistes, extrémistes cherchent à profiter de ces problèmes », a-t-il mis en garde.
 
Dans le même temps, il a invité Paris et Rome à régler leur querelle sur le sort des immigrés tunisiens – quelque 25.000 sont arrivés ces dernières semaines en Italie – en préservant l’espace Schengen sans frontières.
 
« C’est vraiment un acquis extraordinaire que nous avons » avec Schengen, « donc il faut faire attention, c’est pourquoi il faut appliquer des règles Schengen de façon stricte », a dit M. Barroso.
 
La plupart des immigrés tunisiens arrivant en Italie veulent aller en France, forts d’un permis de séjour temporaire délivré par Rome. Paris y est hostile et refuse ceux dont les titres ne respectent pas les règles de la convention de Schengen.
 
Celle-ci stipule qu’ils doivent également disposer d’un passeport en règle et de ressources suffisantes pour pouvoir séjourner puis repartir dans leur pays.
 
Un sommet entre les deux pays est prévu le 26 avril à Rome.

Grandes écoles : l’Élysée organise un concours parallèle réservé aux juifs pratiquants

Des établissements prestigieux ont été sommés d’adapter leurs épreuves écrites prévues en pleine Pâque juive.

Par Marie-Sandrine Sgherri
 
Selon le site Mediapart, l’Élysée a demandé à ce que des épreuves parallèles aux concours de certaines grandes écoles soient organisées à destination de candidats juifs pratiquants. En effet, les dates du concours commun Mines-Ponts, mais aussi de ceux de certaines écoles de commerce ou encore de l’ENS Cachan, se déroulent au moment de la Pâque juive, la semaine prochaine. L’organisation proposée par le Château est particulièrement abracadabrantesque : les candidats concernés devant rester confinés toute la journée du 20 avril au moment officiel de l’épreuve jusque dans la nuit où ils pourraient à leur tour composer. Rebelote le 26 avril. Le scénario est tordu. La publicité de ce concours réservé aux juifs pratiquants étant inenvisageable, on se demande bien comment les personnes intéressées auraient pu être averties, sauf par les autorités religieuses.
 
La semaine dernière, une source dans le milieu des grandes écoles avait alerté Le Point.fr de pressions qu’elle subissait pour organiser une telle session d’épreuves. Contrairement à ce qu’affirme Mediapart, la demande émanait bien de la communauté juive. Le rabbin Haïm Korsia, aumônier général de l’armée de l’air et proche de Nicolas Sarkozy, a utilisé son entregent pour faire avancer sa cause. Nous l’avions eu au téléphone la semaine passée, mais il avait nié le rôle de l’Élysée en la matière, se contentant de reconnaître avoir demandé un changement de date qu’on lui aurait refusé. « C’est le prix à payer pour sa foi », avait-il conclu. Sollicités aussi par Le Point.fr, les organisateurs du concours Mines-Ponts, la direction de Supélec, comme celle de l’école d’ingénieurs ENSTA avaient soit refusé de répondre aux questions, soit nié les interventions élyséennes.
 
D’après Mediapart, c’est un haut fonctionnaire du ministère de l’Enseignement supérieur, choqué du procédé, qui a révélé l’intervention de la Présidence de la République.
 
(Source: Le Point.fr – Publié le 12/04/2011 à 20:24 – Modifié le 12/04/2011 à 20
Lien: http://www.lepoint.fr/societe/grandes-ecoles-l-elysee-organise-un-concours-parallele-reserve-aux-juifs-pratiquants-12-04-2011-1318561_23.php

La France refuse d’accepter les Tunisiens qui passent par l’Italie


 

Le Premier ministre français François Fillon a réaffirmé, ce jeudi, le refus de la France d’accepter les migrants clandestins tunisiens qui arrivent en passant par l’Italie et l’île de Lampedusa.

«Il faut d’abord que les règles s’appliquent», a-t-il prévenu à l’issue d’une rencontre avec le président de la Commission européenne José Manuel Barroso à Bruxelles.

Et d’ajouter : «Il n’y a aucune règle qui prévoit l’accueil sur le territoire européen et la libre circulation des immigrants économiques clandestins. Une grande partie des ressortissants tunisiens qui sont arrivés en Italie, n’ont pas vocation, comme certains le proposent, à être répartis dans les différents pays européens, ils ont vocation à retourner dans leur pays.»

«Il serait plus intelligent de les ramener en Tunisie»

M. Fillon a rappelé que son pays faisait déjà un effort beaucoup plus important que l’Italie en matière d’octroi du droit d’asile. «Je veux simplement faire remarquer que la France est le deuxième pays au monde en matière d’asile derrière les Etats-Unis, c’est plus de 50 000 personnes qui chaque année demandent asile en France, et 10 000 en Italie», a-t-il dit.

Le chef du gouvernement a aussi critiqué le système actuel qui voit l’Agence européenne de surveillance des frontières, Frontex, acheminer les Tunisiens interceptés en mer sur l’île italienne de Lampedusa. «Il serait plus intelligent de les ramener directement en Tunisie», a-t-il plaidé.

«Nous avons le droit de protéger nos frontières»

M. Barroso a soutenu la France sur ce point. «Nous avons le droit de protéger nos frontières, nous ne pouvons pas tolérer l’immigration clandestine illégale, nous devons lutter contre les réseaux criminels», a-t-il soutenu.

Dans le même temps, il a invité Paris et Rome à régler leur querelle sur le sort des immigrés tunisiens – quelque 25 000 sont arrivés ces dernières semaines en Italie – en préservant l’espace Schengen sans frontières.

Celle-ci stipule qu’ils doivent également disposer d’un passeport en règle et de ressources suffisantes pour pouvoir séjourner puis repartir dans leur pays.

Source:”Ouest France” Le 14-04-2011

Tunisie: 18 actions en justice intentées contre Ben Ali


 

Le président tunisien déchu Zine El Abidine Ben Ali fait l’objet de 18 actions en justice pour « complot contre la sûreté de l’Etat, homicide volontaire, usage et trafic de drogues », a fait savoir le ministre tunisien de la Justice Lazhar Karoui Chebbi.

Dans un entretien accordé à la télévision nationale et rapporté jeudi par l’agence officielle TAP, M. Chebbi a par ailleurs noté qu’un dossier juridique était en cours de constitution en vue d’obtenir l’extradition de M. Ben Ali, qui a fui en Arabie Saoudite en compagnie de son épouse Leïla.

Il a également indiqué qu' »Interpol était en train de pourchasser les autres membres de la famille de l’ancien président et de ses proches qui sont en état de fuite afin de les arrêter ».

Le ministre de la Justice a par ailleurs annoncé qu’une délégation officielle tunisienne se rendrait prochainement en France, au siège d’Interpol à Lyon, afin d’accélérer l’opération d’exécution des mandats internationaux portant sur le gel des avoirs de l’ancien chef d’Etat et de sa famille.

Il a fait état de contacts « probants » engagés à cet effet avec des délégations représentant la Suisse, les Etats-Unis et le Canada, où s’est réfugié l’un des beaux-frères de l’ex-président, Belhassen Trabelsi.

Source : « Le Nouvel Observateur » Le 14-04-2011

Où en est la Tunisie?


 

Où en est le Tunisie, trois mois après la chute le 14 janvier dernier de Zine el-Abidine Ben Ali?

Le dictateur

Depuis sa chute le 14 janvier dernier, Zine el-Abidine Ben Ali est en exil en Arabie Saoudite avec sa femme. Le gouvernement de transition a demandé son extradition, mais a essuyé un refus. Plusieurs membres de sa garde rapprochée ont été arrêtés. Sa police politique et le parti qu’il dirigeait, le Rassemblement constitutionnel démocratique, ont été dissous. Les proches collaborateurs de l’ex-dictateur ne pourront se présenter aux prochaines élections qui doivent avoir lieu en juillet.

L’armée

Maillon faible du régime Ben Ali, l’armée occupe une place spéciale dans le coeur des Tunisiens, qui lui font davantage confiance qu’à la police. Pour le moment, l’armée n’assume pas de rôle politique.

Les droits de la personne

Naguère muselée, la presse est redevenue libre. Le nombre de partis politiques a explosé en trois mois. Ils sont maintenant 50. Les premières élections libres post-Ben Ali devraient avoir lieu le 24 juillet. Des manifestations ont lieu presque tous les jours. À l’occasion, l’armée et la police utilisent des gaz lacrymogènes pour disperser les foules.

Les islamistes

Bannis sous Ben Ali, les islamistes prennent doucement leur place sur l’échiquier politique tunisien. Le parti Ennadha présentera des candidats aux élections. Plusieurs experts s’attendent à ce qu’ils remportent un nombre important de sièges.

L’économie

C’est à ce chapitre que le bât blesse. Les récents événements ont ralenti l’économie tunisienne, fortement dépendante du tourisme. Plusieurs militants estiment que le gouvernement de transition n’a rien fait pour s’attaquer aux problèmes de chômage et de pauvreté dans les régions centrales du pays. Pourtant, ce sont ces deux facteurs qui sont à l’origine de la révolution tunisienne.

Source:”Cyberpresse” Le 14-04-2011

La Tunisie cible les touristes algériens


 

Le ministère du Commerce et du Tourisme s’apprête à lancer une campagne sur le marché algérien en vue de la saison d’été, qui coïncide cette année avec le mois de ramadan. Ce qui n’arrange rien…

La campagne, qui ciblera les médias algériens, aura pour objectif de réconforter les Algériens sur la situation sécuritaire en Tunisie.

Selon le ministre du tourisme, l’action est décidée suite à la baisse de l’affluence des touristes algériens de 37% depuis le début de l’année.

Les autorités du secteur espèrent pouvoir attirer plus de 350.000 touristes algériens durant les mois de juin et juillet 2011, contre une moyenne de 400.000 touristes dans la même période auparavant. Avec la chute brutale du marché libyen, à cause de la guerre civile dans ce pays, la préservation du marché algérien semble impérative.

La campagne a prévu aussi une participation à la Foire du tourisme qui se tient à Oran du 12 au 15 avril courant et à celle d’Alger du 18 au 21 avril.

Le ministère a mobilisé 250.000 dollars par les campagnes publicitaires en Algérie.

Dans le même cadre, et pour éviter aux touristes algériens les difficultés du voyage par voie terrestre, le ministère du Commerce et du Tourisme a entamé le 5 avril dernier des négociations avec des partenaires algériens pour l’ouverture d’une ligne maritime entre les ports algériens et tunisiens.

Le nombre de touristes algériens est, en moyenne, 1 million par an. Ils génèrent des recettes de 288 à 432 millions de dollars.

Source: ”Kapitalis” Le 14-04-2011

Afek Tounes, le parti des « cols blancs » tunisiens fait sa présentation


 

Le parti politique Afek Tounes a organisé, jeudi 14 avril 2011, un petit-déjeuner débat afin de se présenter aux médias.

Emna Menif, porte-parole du parti, a indiqué que ce mouvement est constitué par un groupe de patriotes réunis par une même volonté de servir le pays et d’asseoir une authentique démocratie que la Tunisie mérite. Son slogan est «solidarité et développement pour la dignité de tous».

Ce groupe conçoit le débat politique autour des programmes et non des idéologies et s’appuie sur deux principes pour «bâtir une Tunisie nouvelle démocratique, moderne et développée qui garantit la dignité, l’équité et l’égalité des chances». Le premier principe est que chaque Tunisien détient une compétence et une expérience, lui permettant de contribuer à l’édification d’une nouvelle Tunisie, qu’il faut rassembler pour ouvrir de nouveaux horizons au pays, d’où le nom Afek Tounes. Le second est que la démocratie, la stabilité et le progrès sont indissociables de la justice sociale, du respect des libertés fondamentales et d’une gouvernance saine faisant appel à des compétences intègres.

Afek Tounes œuvre à la mise en place d’un Etat de droit qui met fin à la corruption, l’impunité et le clientélisme et qui réalisera les aspirations légitimes du peuple à la protection sociale, à la santé et à un logement digne. Les citoyens devraient être représentés, dans leur vision par des instances nationales et régionales dotées de moyens financiers conséquents et qui connaîtront leurs spécificités et leurs besoins. Le parti veut également réaliser une très forte croissance économique pour éradiquer la pauvreté, atteindre le plein emploi et consolider la classe moyenne.

Concernant la constituante, le parti pense qu’il est primordial que la durée de son mandat soit limitée dans le temps et que sa proposition soit soumise à une approbation populaire. Il propose, en outre, d’adopter le calendrier suivant : 14 janvier comme date d’un référendum pour se prononcer sur la nouvelle constitution et le 25 mars 2012 comme date pour des élections législatives et présidentielles.

Ainsi, le mouvement appelle au maintien des articles 1, 5 et 6 de la constitution de 1959, à l’instauration d’un régime qui asseoit la stabilité gouvernementale et s’appuyant sur l’indépendance et l’équilibre des pouvoirs, fondé sur des contrepouvoirs puissants et des mécanismes de contrôle, à l’instauration d’un Conseil constitutionnel fort et indépendant et à soumettre tout amendement de la constitution à référendum.

Concernant la relation entre l’Etat et la religion, pour Afek Tounes, la Tunisie est une république dont la langue est l’arabe et la religion l’islam, un Etat civil et citoyen. Le parti soutient la séparation entre la religion et l’Etat, avec la création d’un espace public sur la base du respect des libertés fondamentales et universelles, sur les principes de démocratie et de tolérance, avec une cohabitation pacifique sans exclusion et d’un espace privé qui permet l’épanouissement de l’individualité. C’est dans l’espace public que se conçoit le débat politique sans référence au religieux alors que la sphère privée est réservée à exercer son culte sans interférence du politique.

Le financement du parti est actuellement assuré par ses adhérent jusqu’à la mise en place d’une loi régulant ce point.

Questionner par Business News sur son orientation politique, Emna Menif a indiqué que son parti est libéral et progressiste, qui prône une économie de marché régulé par l’Etat mais qui défend les droits sociaux, comme la couverture sociale, un salaire convenable et l’amélioration du niveau de vie.

Notons que parmi les membres du Bureau politique : Mohamed Louzir (président du parti), Sami Zaoui (coordinateur général), Emna Menif et Ali Koôli (porte-paroles), Olfa Raja Meziou Baccour (présidente de la commission programme du parti), Mustapha Mezghani, slim Zeghal, Kais Sellami, Neila Charchour Hachicha, etc.

Source: “Business News” Le 14-04-2011

« Dégage ! » : la pub récupère la révolution en Tunisie


 

Les quatre boîtes de thon, dont une gratuite à 9,95 dinars : l’offre se veut imbattable. Révolutionnaire. « Dégage la vie chère ! », vante d’ailleurs l’affiche de la chaîne de supermarchés où « les promotions font leur révolution ». En Tunisie, le dictateur délogé, la rue calmée, les slogans révolutionnaires ont quitté les pancartes des manifestants pour les panneaux publicitaires.

En route pour la liberté », tente d’insuffler une marque de voitures française pour vendre un modèle qui vient d’arriver sur le marché. « La révolution du design » vante un autre constructeur qui utilise les mêmes ficelles publicitaires que son concurrent.

Mais le secteur qui surfe le plus sur la sémantique révolutionnaire est celui-là même qui a servi d’appui à la rebellion : Internet et son corollaire, la téléphonie mobile.

« Le peuple veut Tunisiana », entend-on sur les ondes des radios, détournement du slogan fétiche « le peuple veut que le gouvernement dégage » pour cet opérateur de téléphonie mobile. Même stratégie de communication pour un concurrent qui fait passer des pleines pages avec sur fond rouge des silhouettes noires de manifestants, bras en l’air et signes de victoire, brandissant des pancartes stylisées : « Internet libre », « Facebook », « Twitter ».

Le groupe a même régionalisé ses offres promotionnelles, en fonction des difficultés sociales locales : six mois d’ADSL gratuits pour les gouvernorats de l’Ouest, les régions défavorisées d’où est partie la révolution, trois mois seulement pour les gouvernorats de l’Est, qui faisaient l’objet de toutes les attentions financières du temps de Ben Ali.

D’autres marques enfin s’éloignent du lyrisme révolutionnaire pour jouer sur la peur. Comme cette société de systèmes de sécurité qui propose des mini-caméras de surveillance : « 8 000 évadés de prison toujours en liberté, la protection n’a pas de prix !!! »

Source:”Le Monde.fr” Le 14-04-2011

Le grand ménage tunisien


 

Plus de deux mois après la chute de Ben Ali, de profonds bouleversements touchent une presse discréditée. Résultat : de nombreux amateurs s’improvisent journalistes sur le Net afin de construire un nouvel espace démocratique.

Les Tunisiens n’oublieront jamais le 14 janvier 2011 ; leurs médias non plus. Pris de court mais libérés du verrouillage imposé par la dictature de Ben Ali, ces derniers ont tenté d’opérer leur révolution en quelques heures. Un exercice si difficile qu’ils cherchent encore leur ligne éditoriale. Les héros de cette révolution, dont aucun leader d’opinion n’a émergé, sont les réseaux sociaux, symbole d’une nouvelle manière de rapporter l’information. Facebook et Twitter ont si bien relayé l’activisme des Tunisiens, notamment des jeunes, qu’on a pu lire sur les murs de Tunis : « Merci Facebook ».

Dans cette mouvance, les contradictions du 14 janvier ont fait naître de nouveaux médias. « Après la révolution, le manque d’information était flagrant. Nous les cherchions dans les médias étrangers. Il nous a semblé que la révolution commençait à échapper aux jeunes, qui y avaient largement participé. Nous avons investi ce vide », déclare M’Hamed Turki, l’un des fondateurs dusite des Jeunes Indépendants démocrates. Malgré un nom qui claque comme celui d’un parti politique, M’Hamed Turki réfute totalement l’appartenance à un quelconque mouvement et regroupe une douzaine de jeunes sans aucune formation journalistique : étudiants, ils viennent d’horizons aussi divers que la médecine ou le droit. Mais tous sont conscients que « c’est maintenant que se joue la construction démocratique du pays ». Ils ont uni leurs compétences et se sont accrochés à leurs claviers pour transmettre, en toute objectivité, de l’information recoupée. Très critique vis-à-vis des médias classiques, les JID font entendre la voix des jeunes et de la société civile.

« Avec près de 50 nouveaux partis politiques, les Tunisiens perdent leur latin face à la tour de Babel du monde politique et sont perplexes face aux échéances électorales. Les JID leur offrent un espace de débat autour de questions majeures comme celles concernant le régime parlementaire, la laïcité, la démocratie. C’est un tremplin d’information et d’idées ciblant les indépendants et démocrates de 18 à 35 ans », poursuit M’Hamed Turki, étudiant en médecine par ailleurs. Au sein des JID, les tâches sont si nombreuses qu’il est déjà question de recrutement. « On lance une version arabe des textes importants. Nous cherchons aussi des chroniqueurs et des éditorialistes, car, pour alimenter le site, il ne suffit pas d’être persévérants. Il faut que nous puissions relayer toutes les opinions. Cependant, on est tous bénévoles et jusqu’à présent on y va de notre poche pour les dépenses », explique non sans enthousiasme M’Hamed Turki.

Pour initier aux méandres de la politique et pour trouver des financements, les JID se constituent en association et entament un travail de terrain en direction des régions et des jeunes encore trop indécis. Vulgariser l’information, essentiellement politique, s’adresser à la jeunesse, sensibiliser aux enjeux, à travers un espace qui lui est familier, internet, c’est aussi le choix qu’ont fait Khelil Ben Osman, Heykel Djerbi et Talel Ben Ghorbal avec un média social citoyen, fhimt.com. Ce nom, qui signifie « j’ai compris » en arabe, souligne l’intention du site tout en étant un clin d’œil au dernier discours de Ben Ali qui avait repris à son compte le « Je vous ai compris » de De Gaulle et qui lui avait valu pour toute réponse un « Dégage » unanime. Khelil Ben Osman en est convaincu : livrer de l’information en ligne, sur le modèle du site français Owni, qui a aidé WikiLeaks à publier des documents concernant la guerre en Irak en octobre dernier, tout en recourant aux contributions les plus diverses « permettra d’accéder à la connaissance, de développer l’esprit critique pour que la vérité et l’information soient expurgées de toute manipulation ».

Chasse aux sorcières. À l’opposé des JID, les fondateurs de fhimt.com sont des professionnels, entre autres, du marketing digital et entendent mettre à profit leur savoir-faire en la matière pour générer des revenus à même de financer le site. Cependant, eux aussi estiment que le tissu associatif est incontournable pour créer une réelle communauté autour d’idées porteuses pour l’avancée de la démocratie. Mais, dans un espace en révolution, les médias traditionnels tunisiens sont désormais en butte aux critiques et sommés de se remettre en question dans une atmosphère assez délétère. La presse écrite a du mal à se débarrasser de réflexes conditionnés par vingt-trois années de bâillonnement. Mais, à sa décharge, elle affronte aussi la fonte des revenus publicitaires. De ce fait, les pigistes sont mis à l’écart au profit des journalistes contractuels, et les nombreuses contributions gratuites de citoyens souhaitant s’exprimer compensent une production plus faible.

La révolution a également induit une chasse aux sorcières qui tend à faire des journalistes de la presse, publique et privée, des suspects quant à leur proximité avec l’ancien régime. La presse numérique n’est pas épargnée et les retournements de veste sont mis au pilori. Du coup, elle se cantonne à couvrir l’actualité sans pour autant utiliser son impact et son immédiateté pour évoquer les questions qui dérangent. Le changement de cap de la télévision a été le plus remarquable. En vingt-quatre heures, Nessma TV est passée de chaîne de divertissement à chaîne d’information, l’ancienne TV7, devenue « la nationale », a troqué le mauve contre un rouge patriotique de bon aloi, et Hannibal TV a pris une tonalité plus populiste que populaire. Cependant, cette télévision new look est aussi objet de polémiques : on reproche aux chaînes de favoriser le sensationnel au détriment de l’information et de tenter de se racheter une virginité par rapport à leur mutisme précédant le 14 janvier. Par ailleurs, les chaînes privées ont dû composer avec l’électrocardiogramme plat des revenus de la publicité. Certaines, comme Nessma TV, ont revu leur organigramme et comprimé leurs coûts tout en demandant à leur personnel d’être solidaire pour négocier un virage aussi délicat qu’historique alors que la télévision nationale continuait d’émarger normalement sur son budget.

L’image, extrêmement censurée avant la révolution, a eu autant sinon plus que les mots un rôle actif dans la couverture des événements. « Il y avait un vrai besoin d’informations sur ce qui se passait à l’intérieur du pays. Certaines vidéos ont atteint 2 000 vues, quelques heures seulement après leur mise en ligne », affirme Sophia Baraket, photographe professionnelle et promotrice d’un projet d’agence de presse, Tunisia Reporters Agency. Elle fédère autour d’elle des journalistes aux compétences reconnues comme Olfa Riahi et Sofiène Chourabi et travaille à donner à son projet une visibilité au niveau des médias locaux et internationaux sans en avoir toutefois défini le cadre de fonctionnement.

La révolution a ouvert également des perspectives au photographe Nicolas Fauqué, auteur, depuis 2005, de la plus importante banque d’images sur la Tunisie, avec 17 000 clichés en ligne, financée en propre. Il travaille en collaboration avec d’autres photographes tels qu’Amine Landolsi, Fethi Belaid et Mohamed Hammi. « Il y a une très forte demande d’agences de presse étrangères et il était important d’être réactif et d’opérer une mutation, d’autant plus facile que la base existait. Maintenant, il faut de la régularité pour enrichir et mettre à jour le contenu, car tout va très vite actuellement », affirme Nicolas Fauqué, qui vient de couvrir les visites de Hillary Clinton et de Ban Ki-moon à Tunis. « Aujourd’hui, j’essaie d’intégrer au maximum d’autres signatures, mais les jeunes hésitent à collaborer avec une agence photo, car ils n’intègrent pas de partager avec l’agence le prix demandé pour un cliché. Ceux qui sont plus aguerris acceptent le principe », explique-t-il.

Dans cette refonte des médias, la palme revient toujours à internet. Les oies du Capitole des réseaux sociaux ont révélé les attentes du public et comblé les déficits de l’information durant les émeutes populaires. Aujourd’hui, elles continuent. Désormais, les citoyens devenus journalistes s’expriment, même s’ils créent une certaine cacophonie où info et intox rivalisent de rapidité. La révolution web 2.0 a ancré des habitudes que de nouveaux médias professionnels rééquilibreront en créant un modèle économique original avec des levées de fonds qui font appel au soutien de la société civile plutôt qu’à la publicité.

Source : « Jeune Afrique » Le 14-04-2011

Tunisie: Ghannouchi un danger pour le tourisme, ou le tourisme un danger pour Ennahdha


 

Par Amed Djait

Dans une récente interview accordée à une radio nationale, le cheikh Rached Ghannouchi a dévoilé les contours de ses ambitions, entre autres pour le tourisme tunisien. Tout un programme! Selon sa définition, le tourisme est «le fait de voyager dans, ou de parcourir pour son plaisir, un lieu autre que celui où l’on vit habituellement»… Voyages et plaisirs, des mots qu’il faut redéfinir selon le concept du cheikh qui en vient rapidement à l’essentiel: interdire l’alcool et adapter les unités hôtelières tunisiennes aux besoins de touristes musulmans. Il ne reste aux professionnels du secteur du tourisme en Tunisie qu’à se réjouir. Ils rêvaient de mise à niveau hôtelière, le cheikh Rached taille dans le vif. Il propose plus, une mise à niveau à son goût.

Pour le parti Ennahdha, le secteur du tourisme offre «des potentialités de développement considérables». Et justement, son approche consiste en «la restructuration des unités hôtelières pour pouvoir cibler des marchés prometteurs, notamment asiatiques et islamiques». Qu’à cela ne tienne! Ces nouveaux marchés pour la destination tunisienne «ghannouchienne» ont réalisé des chiffres édifiants qui augurent de très bonnes perspectives. Ils se passent de commentaires.

Selon les statistiques de l’ONTT, nous avons reçu en 2007, 37.788 ressortissants des pays Moyen-orientaux. En 2008, ce chiffre est passé à 41.833 pour retomber à 40.284 en 2009. Par nationalités, la Tunisie a enregistré par exemple l’arrivée de 726 Yéménites, 1.026 Soudanais, 6.633 Saoudiens et 7.199 Iraniens… Mais qu’est-ce à dire? Ces chiffres que l’on conteste depuis toujours, viennent d’un autre temps. Du temps d’avant la révolution et des futures élections qui porteraient Ennahdha avec pareils programmes économiques au pouvoir.

Si l’on s’en tient aux sept millions de touristes qui fréquentent actuellement la Tunisie, et selon les propositions de Rached, au mieux nous ne perdrons qu’à peine trois millions d’Européens. Au pire, les deux millions de touristes Libyens et Algériens qui, voyant la destination devenir, pour le moins que l’on puisse dire, austère, ne viendraient plus.

Mais rassurons l’industrie touristique tunisienne, cette vision du tourisme pousserait aussi ceux qui boudaient la destination à la choisir. C’est juste le profil de la clientèle qui changerait. Cela fait des lustres que l’on appelle à la diversification des marchés, sans succès! C’est exactement ce que prône Rached. Il serait alors juste question de mettre des avions sur les marchés cibles comme l’Iran, le Pakistan, l’Indonésie ou l’Arabie Saoudite…

Commencer par acheter des avions et nous serions alors engloutis par la demande pressante d’une clientèle acquise et dans l’attente de produits «hallal» originaux «made in Tunisia». Des hôtels sans mixité, sans alcool, sans discothèques, des piscines, des spas, des hammams pour femmes et enfants et d’autres pour hommes…

Il va de soit que cette mise aux normes a un coût. Seul hic, c’est que le temps de faire cette révolution, il risquerait d’y avoir de nouvelles élections démocratiques qui balaieraient les projets «ghannouchiens» pour la Tunisie et son tourisme. Un million et demi de Tunisiens vivent du tourisme et le temps que ce gros chantier se concrétise, ils risqueraient de refaire une autre révolution. Celle-là sera celle de la faim.

Pour le moment, il convient d’identifier les besoins des touristes plus «vertueux» que l’on va «marketer». Les vacances à l’étranger sont aussi synonymes pour eux de plaisirs interdits dans leurs pays. S’ils aiment autant flâner à Paris ou à Londres, ce n’est pas uniquement pour la culture et la qualité de services. La Tunisie n’est pas suffisamment intéressante en matière de shopping, de casinos ou d’hôtels luxueux. Elle n’est pas aussi assez permissive, pour que des clients qui fréquentent des destinations comme Dubaï, l’Egypte ou la Thaïlande. Et pour cause!

Souvent en référence, Rached Ghannouchi cite le modèle turc et on ne peut alors que s’y pencher. Accueillant près de 30 millions de touristes, une nette augmentation du nombre de touristes issus du Moyen et Proche-Orient est incontestable.A titre indicatif, la Turquie reçoit plus d’un million d’Iraniens et s’outille pour répondre aux attentes d’un tourisme islamique en expansion.

On comprend d’ailleurs aisément qu’il soit important pour la destination d’absorber une partie des 20 milliards de dollars que dépensent les touristes des pays du Golfe selon certaines études. Pour y répondre, la Turquie possède des atouts et des outils exceptionnels comme une des compagnies aériennes les plus compétitives qui soit. En termes d’offre hôtelière, la Turquie affiche certes plus de 26 hôtels islamiques mais sur un total de 2.500 structures hôtelières. Récemment, le premier hôtel pour nudistes dans un pays musulman y même a été ouvert et les nuits d’Istanbul de Bodrum sont célèbres pour l’alcool qui y coule à flots. Ce ne sont pas les trois millions de touristes allemands qui se rendent sur les plages d’Antalya tous les ans qui resteraient sans bière!

Le tourisme est le plus gros business qui soit, et alors que la majorité des pays du monde s’évertue à se créer une image de destination touristique, la version telle que revue et corrigée by Rached chercherait à priver la Tunisie de cette manne capitale pour notre pays. Entre le trou gigantesque que provoqueraient ces choix dans les caisses de l’Etat et plonger une bonne frange de sa population dans la dépression et le chômage, il n’y a qu’un pas.

Si l’on venait à interdire l’alcool aussi progressivement que le souhaite Rached, on enregistrerait une perte de 200 millions de dinars de taxes que prélève l’Etat sur l’alcool. Comment les remplacer? Peut-être par la «baraka» ou «la rouzoutta».

Pour le moment, la vision de ghanouchienne a des arguments que la raison n’a pas ou plutôt des arguments que ni la raison ni le tourisme n’auront.

Source:”wmc” Le 14-04-2011

La diplomatie tunisienne : présent et avenir


 

Lors de la dernière rencontre-débat entre M. Béji Gaied Essebsi, premier ministre du gouvernement provisoire et les membres de l’instance supérieure pour la réalisation des objectifs de la révolution, les discussions ont porté sur un nombre de dossiers entre autre, la réforme devant toucher notre politique étrangère. Le premier ministre a rappelé rapidement les règles et les traditions de cette politique sans faire de commentaires sur la situation actuelle de notre diplomatie qui a perdu beaucoup de sa crédibilité au cours de ces dernières années. I) Notre diplomatie sous la dictature Ceux qui se sont habitués, dans le passé, à une diplomatie tunisienne pragmatique et réaliste sur la scène internationale ont été surpris après 1987 de constater la dégradation continue de celle-ci. Dès son accession au pouvoir, le président déchu avait tenu à limiter le rôle de deux importantes institutions dans la gestion des affaires du pays, à savoir l’armée et la diplomatie. Pour ce faire, il avait exercé un contrôle strict sur les cadres de ces deux institutions. A ce propos, il ne faisait aucune confiance aux diplomates tunisiens formés du temps de l’indépendance. La nomination à un poste diplomatique était devenue surtout une sorte de prime de fidélité qu’on octroyait aux hommes liges du président indépendamment de toute autre considération et des directives avaient été données aux ambassadeurs pour ne prendre aucune initiative avant d’obtenir l’autorisation du ministère et même de la présidence. A ce sujet, le dictateur s’était attaché à créer graduellement une nouvelle classe de diplomates dont le rôle primordial était de mener des campagnes de propagande portant sur les succès de son régime. Avec le départ en retraite de diplomates de l’ancienne garde et la mise à l’écart de plusieurs autres, les plus importants postes étaient offerts à des proches du président et de sa famille. La majorité de ces personnes provenaient de diverses professions qui n’avaient aucune relation avec la diplomatie. Mieux encore, en signe « d’ouverture démocratique » du régime vis-à-vis de partis dits d’opposition, quelques uns de leurs militants étaient nommés à des postes d’ambassadeurs.Tous ces abus avaient abouti à des bavures commises par ces nouveaux fonctionnaires qui n’avaient aucune expérience en matière de relations internationales. Ainsi, notre diplomatie avait commencé à perdre de sa crédibilité et de son prestige.

Cette situation avait engendré des sentiments de frustration et de malaise parmi les cadres du Ministère, dont le dévouement au service de la patrie restait exemplaire. D’ailleurs, certains avaient été mis à l’écart c’est-à-dire « au frigidaire » avant même l’âge de la retraite. Ce fut notamment le cas de ceux qui avaient osé élever la voix pour protester contre les injustices commises à leur égard. Signalons à ce sujet que nos diplomates et agents consulaires sont depuis longtemps classés parmi la catégorie de diplomates les moins rémunérés dans le monde et surtout en comparaison avec leurs collègues maghrébins. Aujourd’hui après la révolution, il est temps d’engager une profonde réflexion sur l’avenir de notre diplomatie et les réformes urgentes à entreprendre. Il faut beaucoup de courage et d’originalité pour définir des réformes devant s’inspirer de nos priorités en matière de développement économique et social. Il est impératif de procéder à une révision des objectifs de notre diplomatie selon les données actuelles de la coopération internationale et à la lumière des leçons apprises dans le passé. Il ne s’agit pas tant de concevoir une nouvelle approche que de répondre d’abord à une simple question à savoir quel est I’ état actuel de nos relations sur le plan sous-régional, régional et international qui ont été en quelques sortes endommagées sous l’ancien régime. Pour tout cela, notre diplomatie ne doit pas seulement connaître une simple réforme, mais subir une révision profonde.

Il faut signaler encore un fois que notre place sur la scène internationale avant 1987 n’avait rien de comparable avec la situation actuelle. Ainsi, en raison des violations continues des droits de l’homme dans notre pays, l’Europe avait presque tourné le dos à la Tunisie, alors que la presse européenne ne parlait plus que des dérapages de l’ancien dictateur. Depuis des années, les USA n’accordaient plus d’importance à notre rôle sur la scène internationale par comparaison avec ses relations avec le reste des pays arabes (Depuis Bush père, en 1989, Ben Ali n’a pas mis les pieds à la Maison blanche). D’ailleurs, nos relations avec ces pays se caractérisaient par une froideur et presque une ignorance mutuelle. Ainsi la Tunisie n’était plus invitée qu’occasionnellement à participer à des réunions inter-arabes intéressant les problèmes de la région. A l’exception de relations plus ou moins tièdes avec la Libye, l’Algérie et le Maroc, I’ancien dictateur ne semblait guère intéressé à jouer un rôle quelconque sur le plan international. A vrai dire le « roi était nu » car le monde entier était au courant des pratiques de ce président assoiffé de pouvoir absolu et responsable de crimes de corruption et de pillage de l’économie tunisienne. Il brillait par son absence de la plupart des sommets et réunions des chefs d’état arabes, africains, non-alignés, francophones et des Nations-Unies. Les quelquefois où il avait eu le courage d’y participer, c’était souvent pour une seule journée, juste pour assister à la cérémonie d’ouverture. D’ailleurs, les responsables des institutions onusiennes se sont plaints que la voix de la Tunisie se soit tue et n’offrait plus de nouvelles idées ou de suggestions constructives comme par le passé. II) Quelques grandes lignes de réforme de notre diplomatie La Tunisie doit retrouver, aujourd´hui, la place qui lui revient sur la scène politique internationale. L´avantage de notre pays, c´est qu’elle dispose d´un capital humain de haut niveau en plus de cadres compétents qui maîtrisent le secteur de la technologie et de l´information (TIC). De plus, notre révolution a suscité un grand espoir et rallumé une flamme éteinte depuis longtemps à savoir l´amour de la patrie. Nous voilà donc libérés des séquelles de la dictature. Aussi notre diplomatie a l´image du dynamisme de notre jeunesse peut-elle à nouveau s’illustrer. Quelle nouvelle diplomatie et quelles réformes devons-nous entreprendre pour marquer notre retour dans la scène internationale qui a connu plusieurs mutations ? Peut-on concevoir une coopération active et pragmatique avec le reste du monde, en commençant par les pays arabes ? Apres la révolution, la Tunisie peut compter sur l’immense capital de sympathie pour ne pas dire la confiance accordée par plusieurs pays à la Tunisie pour reconstruire son économie et continuer sa marche vers le progrès, bien qu’il faille ne pas se faire trop d’illusions sur les bons sentiments que nourrissent les uns et les autres à l’égard de notre pays. En politique, il n’y a que les intérêts qui régissent les relations entre pays. La Tunisie doit ainsi donner une priorité absolue à consolider ses relations avec tous les pays du Maghreb. La stabilité de ces pays dépend de leur niveau de coopération et de politique solidaire pour faire face à tous les problèmes intérieurs et extérieurs. Cette coopération doit inclure entre autres la lutte contre les mouvements extrémistes mais également la définition d’une position unifiée dans leurs relations aussi bien avec l’Europe qu’avec le reste du monde. II faut commencer par éliminer d’abord tous les facteurs de suspicion mutuelle. Maintenir le statu quo ne sert l’intérêt d’aucun pays mais contribuerait à retarder le développement de la région entière. Les pays maghrébins ont besoin de stabilité politique pour des raisons claires à savoir assurer un développement humain durable. Dans ces conditions tous les efforts peuvent être concentrés sur les projets de développement en faveur des couches sociales défavorisées et la répartition équitable des fruits de la croissance. La Tunisie doit améliorer sa coopération avec l’ensemble des pays du Golfe et les encourager à participer activement à des projets de reconstruction de notre économie en leur accordant des garanties raisonnables. Notre pays dispose déjà de lois qui offrent des avantages appréciables et une infrastructure routière et portuaire moderne. A ce sujet, il est important de rappeler qu’aujourd’hui diplomatie et développement sont des priorités qui vont de pair et agissent de façon indissociable. C’est pour cette raison que pour attirer les investissements étrangers surtout dans le secteur de nouvelles technologies et accroître les échanges commerciaux, il faut se prévaloir d’une main d’oeuvre hautement qualifiée. Tout cela implique une réforme de notre système d’éducation toute en lançant divers programmes de formation de jeunes cadres travaillant dans les secteurs de biens et de services. A ce sujet, l’encouragement du tourisme avec ces pays du Golfe, vu la richesse de notre culture, ne peut que drainer des ressources financières importantes. Il s’agit de lancer des campagnes de publicité ciblées en vue d’offrir un produit qui tient compte de leurs habitudes et traditions. La Tunisie située sur une terre africaine doit joue un rôle de plateforme ouverte, liant L’Afrique au reste des continents. Il faut remarquer qu’à ce jour, la Tunisie n’a pas fait l’effort nécessaire pour développer ses relations commerciales, techniques et culturelles avec la majorité des pays africains. Bien sûr, il faut avoir « les moyens de sa politique» toutefois la Tunisie peut jouer un plus grand rôle dans le domaine de la coopération technique en envoyant un plus grand nombre d’experts vers ce continent. A ce sujet on doit s’intéresser en plus des pays francophones aux pays Anglophones comme I’Afrique du sud, la Namibie, la Tanzanie, le Nigeria…etc. Il ne faut pas oublier que la Tunisie bénéficie d’un grand prestige à cause de I’aide qu’elle avait octroyée à tous ces pays durant leurs luttes nationales contre le colonialisme. Il est indéniable que la Tunisie surtout après la révolution du 14 janvier peut prétendre occuper une place géopolitique particulière dans la région méditerranéenne. Notre développement économique et social doit effectivement bénéficier d’une attention particulière de la part de l’Europe et surtout les pays situés au nord de la Méditerranée. Il est possible qu’on peut apprendre beaucoup de l’expérience de certains pays émergents surtout la Turquie, la MalaisIe, le Brésil et I’Inde. L’exemple de Singapour? pays qui possède très peu de ressources naturelles et qui se classe parmi les pays développés, est à méditer. Il n’y a pas de miracles sauf celui d’imaginer une approche réaliste, et créative en s’appuyant sur une administration moderne libre de toutes les entraves de contrôle et des carcans de la paperasse. On ne peut oublier l’importance de développer notre coopération avec les USA avec lesquels, on entretient des relations historiques et traditionnelles de plus de deux siècles. Ce pays peut nous aider surtout à former plus de cadres dans ses universités et nous assister pour accéder aux nouvelles technologies de l’information. Certaines sociétés multinationales américaines doivent être encouragées à créer dans notre pays des centres de recherches et des pôles de transfert de technologies. Le rôle grandissant qu’occupe la Chine dans l’économie mondiale et l’accroissement de ses échanges commerciaux avec tous les partenaires, doivent nous inciter à renforcer nos relations avec ce pays et à bénéficier de son soutien en matière d’assistance scientifique et technologique. Il est utile de se pencher sur l’étude de I’expérience chinoise et à cette occasion on doit se préparer à développer l’enseignement de la langue chinoise et à s’ouvrir beaucoup plus sur la culture de ce pays. On vit aujourd’hui dans un monde semblable à un village ouvert à tous, aussi l’élargissement de nos représentations et missions diplomatiques et économiques dans les pays émergents de I’Asie et de l’Amérique latine ne peut que profiter a notre économie par la diversification de nos marchés et le développement de notre industrie touristique. Ce n’est pas de moindre importance, que de souligner notre longue histoire de coopération avec les organisations des Nations Unies. Pour cela on est appelé à initier une meilleure approche pour améliorer ces relations avec toutes les institutions, politiques et financières internationales. Nos cadres qui ont servi dans cette organisation ont été un exemple de compétence et de dévouement. Rappelons à ce sujet le rôle prestigieux joué dans les instances internationales par des personnalités tunisiennes comme Mongi Slim, Mahmoud Mestiri et Mohamed Ghrab. Aujourd’hui, d’autres tunisiens et tunisiennes continuent à servir cette organisation avec le même ardeur et efficacité. La Tunisie n’a cessé de militer pour la paix internationale et participe activement au maintient de cette paix par l’envoi de plusieurs contingents militaires dans plusieurs pays victimes de guerres civiles. Il reste que pour tout cela, il faut procéder à une réforme réaliste pragmatique de notre diplomatie en commençant par la réorganisation administrative de tous les services du Ministère des affaires étrangères. Il est temps de penser à préparer dans l avenir une nouvelle génération de diplomates capables de percevoir les exigences des nouveaux défis dans les relations internationales. La performance de nos diplomates va dépendre également de la confiance qu´ont doit leur accorder dans le respect de leurs droits à un niveau de vie décent qui est une exigence pour représenter dignement notre pays. Finalement il ne faut pas oublier que nos diplomates ont donné dans le passé la preuve de leur compétence, ce qui a contribué à assurer la sécurité de notre pays et le développement de notre économie. Ils ont réussi à offrir une image fascinante de notre civilisation et de nos valeurs reflétant ainsi l´humanisme d’une société ouverte depuis la nuit des temps sur toutes les cultures et croyances dans le monde. Salah Bourjini *Universitaire, Ancien Résident Coordonnateur / Représentant des Nations Unies Ancien Haut fonctionnaire, UNDP (N.York ).

Source: “Leaders” Le 14-04-2011

Sept propositions pour renforcer les 17 mesures gouvernementales de soutien à l’économie tunisienne


 

Par Hichem Jouaber*

Une révolution n’a certes pas de prix, mais elle a un coût. Le coût de la nôtre commence à être élevé au vu des derniers chiffres sur la conjoncture économique tunisienne. Il est temps de se mettre au travail, d’arrêter les revendications corporatistes et individuelles à court terme, autrement nous allons vers la ruine et nous risquons de tout perdre y compris le sang de nos martyrs. C’est avec ces quelques mots que j’ai souhaité commencer cet article car les chiffres de la conjoncture économique de la Tunisie post révolution démontrent l’urgence de la situation et le besoin pressant d’agir pour retrouver rapidement ces points de croissance nécessaire pour créer des emplois et dynamiser l’économie. L’activité du tourisme, poumon de notre économie, a vu les nuitées à fin février s’effondrer de plus de 60% entraînant une baisse de 40% des revenus du secteur. Quand aux investissements et aux créations d’entreprises, il est évident que la confiance des investisseurs étrangers a baissé puisque les IDE enregistrent une contraction de 22% et il est évident que le retour des IDE ne se fera pas de si tôt compte tenu du climat considéré toujours instable par les investisseurs étrangers. Les demandes de création d’entreprises sur Janvier et février se sont rétractées de presque 9% par rapport à la même période de l’année dernière. Le chômage quant à lui n’a pas cessé d’augmenter pour atteindre 600 000 demandeurs d’emplois aggravé par les fermetures d’entreprises, le retour de Libye et la baisse des activités parallèles avec ce pays. Ces quelques faits tangibles doivent sonner les sirènes d’alarme et nous inciter à nous mettre au travail, à ouvrir les horizons et à faire du redressement de notre économie un des objectifs majeurs au même plan que celui de bâtir notre future démocratie, nos futures institutions et notre future république. Serge July écrivait dans un de ses éditoriaux « Dans les révolutions, plus qu’à d’autres moments, le temps perdu non seulement ne se rattrape jamais mais devient un facteur violemment hostile », le temps nous est donc compté et appelle à une réaction immédiate pour se prévenir de ce type de risques. La première réaction serait de stopper toutes ces revendications individualistes, corporatistes et régionalistes et ces grèves sans fin qui empêchent nos usines de tourner, nos administrations de fonctionner et nos services publics de rendre ce que l’on attend d’eux. Même si ces revendications traduisent l’océan d’injustices dans lequel nous avons baigné pendant des décennies, tout demander, tout de suite et d‘un coup n’est pas réaliste car à l’impossible, personne n’est tenu. Il va de la survie de notre révolution de savoir être patient, de gérer les priorités et de ne se concentrer, en ces temps difficiles, que sur les cas les plus injustes et les plus urgents de nos compatriotes. Mirabeau ne disait-il pas « Le meilleur moyen de faire avorter la révolution, c’est de trop demander. » La seconde serait d’appuyer le programme de relance à court terme que le gouvernement provisoire a concocté pour relancer l’économie. Ce plan qui comprend 17 mesures dont les plus importantes sont la création de 60 000 emplois, le soutien à 200 000 personnes, le soutien aux entreprises en difficulté, la mise en place de plans de financement régionaux ainsi que l’encouragement des micro crédits pour les particuliers et pour les PME. Ce plan est ambitieux et traduit la limite à court terme des moyens disponibles dans le cadre de l’exercice budgétaire actuel, cependant je me suis permis ci-après de lister sept autres propositions d’actions que les secteurs public et privé tunisiens peuvent lancer conjointement pour le renforcer d’avantage et augmenter ainsi son impact : 1- Libérer des fonds publics par l’introduction partielle en bourse de 30 à 40% du capital de certaines entreprises étatiques à caractère non stratégique, en particulier les sociétés hôtelières, les sociétés immobilières et industrielles. Cette proposition présentera également l’avantage de doper la place boursière de Tunis et de dynamiser le flux des échanges et la création d’emploi pour les diplômés de la finance. Cette privatisation partielle doit être réservée à l’actionnariat populaire tunisien avec un plafonnement du niveau de prise de participation individuelle et obligatoirement placée sur un compte d’épargne en actions auprès d’une banque tunisienne. Cette opération permettra en plus, de développer une culture économique auprès de nos concitoyens, culture et pratique longtemps confisquées par une minorité de personnes pas toujours honnêtes de surcroît. Le revenu de cette privatisation partielle ainsi libéré servira à créer un fond souverain tunisien réservé au développement de projets créateurs d’emplois dans les zones défavorisées de la Tunisie. 2- Lancement d’un emprunt national ouvert à tous les tunisiens de l’intérieur et de l’extérieur qui servirait à financer les projets d’infrastructure en Tunisie. La participation à cet emprunt sera soumise à un strict contrôle pour ne pas permettre à l’argent sale d’être blanchi par ce biais. Les souscripteurs à cet emprunt ne peuvent être que des personnes physiques déclarées, ayant une intégrité prouvée. 3- L’incitation par des avantages fiscaux à la création de Business Angels pour développer, en relation avec l’enseignement supérieur, des start-up dans les domaines scientifiques, biotechnologiques et les nouvelles technologies. 4- La valorisation des biens immobiliers du RCD pour, soit les transformer en pépinières abritants les jeunes start-up pour alléger ainsi leurs charges d’exploitation, soit pour les vendre et apporter les revenus ainsi générés au financement de projets créateurs d’emplois. 5- L’encouragement, par des avantages fiscaux, à la transformation d’une partie de l’épargne disponible des tunisiens pour l’orienter vers le financement des projets à caractère écologique créateurs d’emploi (énergies renouvelables, cultures biologiques, transformation des déchets, recyclage, …) 6- La réorientation des lignes de crédit aujourd’hui disponibles dans le cadre du plan de mise à niveau en fonction des critères et des orientations formulés dans mon précédent article publié sur ce site. 7- Instaurer une taxe de 1 à 2% sur les plus-values financières, sur les ventes de tabac et d’alcool ainsi que sur les revenues de l’industrie et la distribution pharmaceutique pour financer les projets de construction et d’équipement des hôpitaux dans les régions défavorisées. Ces propositions sont facilement chiffrables et réalisables, elles impliquent à la fois l’état et les tunisiens et ne font appel ni aux aides ni aux investisseurs étrangers en cette période ou ces derniers se font rares. Je souhaite terminer par deux citations que je trouve parfaitement de circonstance, celle d’Alice Parizeau dans son livre, Rue Sherbrooke Ouest : «On fait des révolutions quand le peuple n’a rien à perdre et tout à gagner » et celle de Victor Hugo dans les Misérables quand il écrit : « Les révolutions sortent, non d’un accident, mais de la nécessité ». Maintenant que nous y sommes, faisons le maximum pour réussir notre révolution.

Hichem Jouaber Ingénieur de l’Ecole Nationale des Ponts&Chaussées ’87, titulaire d’un DEA d’intelligence artificielle de l’Université Paris VI ’87 et d’une maîtrise de mécaniques appliquées de l’Université de Tunis ‘83. Actuellement directeur des systèmes de production et de la supply chain du groupe Valeo et précédemment vice-président de Gemini Consulting au sein de la practice Stratégie & Organisation Industrielle

Source: “Leaders” Le 14-04-2011

Tunisie – Un juge met en garde contre le danger et l’illégalité de la saisie des biens de la famille Ben Ali


 

Tout le monde a entendu parler du fameux décret n°13 paru au Journal officiel (JORT) en date du 14 mars 2011 puisqu’il préconise la saisie des avoirs mobiliers et immobilier acquis après le 7 novembre 1987 et qui appartiennent à l’ancien président Ben Ali, à son épouse Leïla Ben Ali, à ses enfants, à ses gendres, à sa famille et à ses belles familles ainsi qu’à certaines personnes ayant occupé des hauts postes au sommet de l’Etat et dont les noms sont inscrits sur la liste annexe au décret.

La proclamation de ce décret et la publication de cette liste a, déjà, suscité des remous et des critiques. Certains estiment que la liste est incomplète et que d’autres personnes devraient y figurer. D’autres pensent qu’elle est illégale dans le sens qu’elle découle d’un décret dont l’institution même est illégale.

Ce décret suscite, également, plusieurs questions d’ordre procédural et juridique étant donné les brèches qu’il comporte et qui pourraient déboucher sur des résultats contraires à ceux escomptés et donner lieu à des difficultés quant à la récupération des avoirs, notamment auprès des pays étrangers.

Dans une interview réalisée par Abdelwaheb Belhadj Ali d’« Al Ousbouî », le juge, Imed Hazgui, magistrat au Tribunal administratif et représentant de l’Etat, répond aux problématiques et aux points d’interrogations soulevés par le décret n°13.

Tout d’abord, le juge estime que le décret, comme il est publié au JORT, ne fait aucune référence ni mention du chapitre 28 de la Constitution et de la loi n° 5 de l’année 2011 à propos de la procuration accordée au Président de la République par intérim pour la proclamation des décrets ; ce qui lui enlève, à la base, toute légalité et fait croire à une précipitation dans la prise d’une décision qui s’avère, finalement, à connotation politique.

A cela s’ajoute, précise le juge, que le décret 13 est entré en vigueur le 14 mars 2011, soit un jour avant l’entrée en vigueur du décret 14 autorisant le président de la République par intérim à bénéficier des prérogatives d’ordre législatif. Il y a clairement donc un vice de forme.

Mais le plus important, toujours selon le juge, est que ce décret constitue une ingérence flagrante du pouvoir exécutif dans les prérogatives de pouvoir judiciaire dans le sens où les sanctions pénales relèvent uniquement de la compétence de la magistrature.

En effet, toute sanction pénale nécessite, au préalable, un jugement pénal à l’encontre de la ou des personnes concernée(s) par la mesure de saisie. Or la justice est encore en train d’instruire les affaires dans lesquelles seraient impliquées les personnes en question, mais rien n’indique que les procédures judiciaires aboutiraient à leur condamnation.

D’autre part, le même décret stipule la saisie de tous les biens et avoirs acquis après le 7 novembre 1987 par les personnes mentionnées dans la liste sans faire la distinction entre les biens acquis d’une manière légitime et ceux qui ne le sont pas, c’est-à-dire obtenus par des moyens détournés ou suite à un abus de pouvoir.

En effet, indique le juge, le lien de parenté, direct ou par alliance, n’est pas suffisant pour établir l’acquisition illégitime de ces biens, ce qui ne peut être affirmé ou infirmé que par le biais des instructions et des procédures judiciaires, seules aptes à trancher dans ce genre de situations.

Le juge Hazgui estime que le décret 13 ne mentionne aucune instance de recours à laquelle pourraient se diriger les personnes touchées par cette mesure de saisies, ce qui est inadmissible dans un pays où on veut bannir les injustices et instaurer les fondements d’un régime et d’un système basés sur le respect de l’Etat de droit et des institutions. Ce qui est, aussi, contradictoire avec tous les principes constitutionnels et les conventions internationales auxquelles la Tunisie a adhéré.

Ce qui est encore plus étonnant, selon le juge est que 54 ans après la loi 1957 portant sur les saisies, une autre loi est proclamée sur la même question, mais de moindre valeur et moins équitable.

Le juge Imed Hazgui pense que ce n’est pas avec ce genre de textes que la Tunisie va avancer sur la voie de la justice et instituer l’Etat de droit et qu’il reste persuadé que l’Assemblée constituante, qui aura des prérogatives législatives en plus de l’élaboration de la nouvelle Constitution, ne votera pas ce genre de textes de loi.

Il demeure convaincu, également, que les Etats amis et concernés par la récupération des avoirs à l’étranger ne collaboreront pas avec la Tunisie, surtout que ces Etats ont évoqué, dès l’avènement de la Révolution en Tunisie, l’obligation de traiter toutes les affaires selon des procès transparents et équitables et dans le cadre d’une justice indépendante.

Le danger de ce type de procédures, qui se font en dehors de la légalité judiciaire, est ce mauvais signal donné aux investisseurs étrangers ou encore aux pays où se sont réfugiés la famille Ben Ali qui pourront faire valoir ces illégalités pour protéger leurs intérêts là où ils sont.

La solution ? Elle réside, selon le même juge, dans la révision des dispositions de ce décret 13 de façon à faire distinguer entre les biens acquis d’une manière légale ou non.

C’est pour toutes ces raisons invoquées que le juge Hazgui considère la proclamation du décret 13 comme étant une décision, plutôt, politique, loin de tout souci de faire triompher la justice et de procéder d’une manière plus équitable pour tous, abstraction faite des couleurs politiques.

Source: “Business News” Le 14-04-2011

La Tunisie d’après Ben Ali se cherche encore


 

Tension sociale et économie en berne

Parallèlement au processus révolutionnaire qui a démarré en décembre dernier, se superposent de nombreuses revendications sociales, qui ont toujours cours. Grèves, sit-in et autres mouvements apparaissent encore quotidiennement. “Des conflits sociaux ponctuels continuent d’éclater, rappelant l’ampleur des préoccupations sociales, explique Béligh Nabli, directeur de recherches à l’Institut des recherches internationales et stratégiques. L’attente est forte dans la population en général, et de la part de la jeunesse en particulier.”

L’effervescence, qui agite la société civile, contraste avec l’économie du pays qui connaît des difficultés considérables. “Une révolution a un coût financier, au moins à court terme, poursuit le spécialiste. Actuellement, la période d’instabilité affecte certains secteurs clefs de l’économie comme le tourisme, vital au regard du nombre d’emplois indirects qu’il suscite. À cela s’ajoutent deux éléments conjoncturels : la hausse des matières premières et la gestion de la crise en Libye qui grève les importants échanges commerciaux entre les deux pays.”

Mais tout n’est pas si noir au pays du jasmin. La fin du système généralisé de corruption sera un argument extrêmement positif au niveau économique. “La Tunisie montre un visage très attirant aujourd’hui, du point de vue du développement, avec de nombreux projets. On est actuellement dans une phase de recherche d’investisseurs mais ce n’est pas évident dans cette période de mobilisation sociale. Il ne peut pas y avoir de réponse immédiate”, estime Didier Le Saout, spécialiste des mouvements sociaux au Maghreb. Un paysage politique plus que flou

Le départ de Ben Ali le 14 janvier a ouvert la voie à la liberté d’expression et au multipartisme. Des acquis non négligeables pour les citoyens qui peuvent dorénavant participer à la vie démocratique. En quelques semaines, une cinquantaine de formations politiques ont vu le jour et tentent de se structurer alors que se profile l’élection de l’Assemblée constituante le 24 juillet. “Il y aura un premier élément de clarté à l’issue des élections mais certains partis considèrent que la période est bien trop courte pour mener campagne. S’ancrer dans la population prend du temps et sur ce point, la proximité de l’échéance électorale est plus favorable aux partis déjà organisés. Et notamment à l’ex-RCD (l’ancien parti présidentiel dissous par la justice le 9 mars, ndlr) ou plutôt ses organisations satellites qui continuent à fonctionner”, juge Didier Le Saout. Une hypothèse qui, si elle se confirmait, pourrait ramener la Tunisie à une nouvelle période de mobilisation politique et d’opposition selon le spécialiste. Non, le printemps arabe n’a pas encore totalement fleuri en Tunisie.

Source:”ledauphine” Le 14-04-2011

Création de l’Association Tunisienne de la Culture Amazigh


 

“Pour faire connaître les traditions berbères en Tunisie”

La date du 10 avril 2011, est une date à ne pas oublier par les Amazigh, puisqu’elle a signé la 1ère réunion des amazighs tunisiens après la révolution dans le cadre d’un congrès national historique. Ce congrès a réuni des tunisiens d’origine berbères en provenance de Gafsa, Gabès et des Amazighs du Massif de Matmata, Tamezret, Zeraoua et Taoujout…

La population berbère tunisienne a longtemps été réprimée au point qu’il n’existe pas de statistiques officielles concernant le nombre exact de berbères en Tunisie. Néanmoins, le chiffre de 1% de la population totale de locuteurs Amazighs, soit aux alentours de 100.000 individus, est avancé par les autorités.

Cette réunion a débouché sur la création de « l’Association Tunisienne de la Culture Amazigh » présidée par Khadija Ben Saidaine. Cette association aura pour objectif la valorisation et le développement du patrimoine de la culture berbère tunisienne. Elle visera également à protéger les coutumes et les traditions amazighes ainsi que le maintien des caractéristiques architecturales des villages berbères authentiques.

Source: “Tunivisions” Le 14-04-2011

Qui se cache-t-il derrière la page facebook du ministère de l’Intérieur ?


“Nouvelle équipe, nouvelle politique de communication”

L’une des petites révolutions sur la scène politique aura été sans conteste la création de la page facebook du ministère de l’Intérieur qui compte aujourd’hui plus de 175 322 membres. Qui l’aurait cru diraient certains… Sa charte de modération et d’engagement serait « d’informer les internautes sur l’action du Ministère dans le cadre de sa mission et de favoriser le débat public». Autrefois opaque, ce ministère avait fini par créer cette page afin d’y publier les informations les plus importantes avant tous les autres médias. Grâce à ce premier pas, un pont avec les milliers de Tunisiens connectés sur ce réseau social semble en construction pour réduire l’écart qui sépare les citoyens de l’établissement censé s’intéresser, d’une manière bénéfique, à leurs affaires. Lors d’un entretien avec l’attaché de presse du ministère M. Neji Zhiri, ce dernier nous a confié qu’il était celui qui avait proposé cette initiative et qu’il en a été beaucoup critiqué finissant, heureusement, par avoir gain de cause. On a rencontré les membres de la cellule d’information et de communication, notamment les deux collaborateurs de M. Zhiri, dont l’un est ingénieur en informatique et l’autre journaliste. Dans leur bureau, l’ambiance était conviviale, loin de l’image austère qu’on pouvait s’imaginer de cet endroit. L’attaché de presse, très efficace et un tantinet stricte au travail, pressait ses nouveaux employés affectés depuis à peine deux mois, pour publier, écrire tel ou tel article…. Ainsi, grâce à cette page, on aurait les informations avant même que la TAP en parle puisque c’est cette équipe qui serait responsable de relayer les nouvelles aux médias principaux, entre autres la chaine nationale. L’administrateur de la page nous a confié qu’il ne se limite pas aux choses techniques ou à la publication des articles seulement mais que des statiques se faisaient derrière allant jusqu’à lire les commentaires des facebookers pour savoir s’ils avaient apprécié telle ou telle décision ministérielle ou information mises en ligne. Leur source principale de ce qui est transmis serait la direction générale de la sûreté nationale. Travaillant parfois le soir et le Weekend, ils avouent que, certes, ce travail est fatigant cependant à les voir en œuvre, on peut constater que ce ministère-qualifié naguère de terroriste-subit une réforme progressive notamment grâce à la régénération de ses effectifs.

Source: “Tunivisions” Le 14-04-2014

Tunisie. La guerre des notaires et des avocats aura lieu


Par Sami Ben Slama*

Révolution pour tout un peuple, butin à partager pour quelques uns. Le holdup intégral des avocats sur les prérogatives des notaires s’inscrit dans cet esprit d’usurpation.

Un grand peuple a, en ces jours historiques, fait sa révolution et la poursuit. Une révolution d’une ampleur telle que certains ont en perdu la raison. Si des contre-révolutionnaires vivent ces jours dans le plus grand malheur ayant presque tout perdu, d’autres nagent dans le bonheur et l’hystérie totale. Ils sont même très occupés à partager des dividendes, à s’arracher des trésors de guerre et à compter les acquis certains et à venir.

Le partage des fruits de nos malheurs Pour tout un peuple, pour son élite et pour sa majorité silencieuse, qui n’a jamais eu aucune occasion de s’exprimer librement, le fil des événements est très difficile à suivre. Le peuple «veut» une assemblée constituante élue et non désignée, un régime parlementaire, une cour constitutionnelle, l’alternance, l’indépendance de la justice, la démocratie, la liberté, la vraie… Et ce peuple, qui a fait la révolution, n’appartient ni aux partis, ni aux organisations, il n’appartient en fait à personne. Il est donc parfaitement inadmissible et immoral de s’approprier nos souffrances et notre lutte sous la dictature depuis l’indépendance pour se partager les fruits de nos malheurs. C’est que ces derniers jours, une opération très louche a été organisée pour faire passer un projet des plus dangereux. Et pour faire diversion, quelques manœuvres ont bien sûr été nécessaires: il faut bien se positionner. Mais l’objectif s’est précisé de jour en jour. Je ne parle pas ici des revendications politiques que nous soutenons sans réserve. Nous avions déjà, avec l’accord de notre association nationale, formulé des propositions dans un communiqué dans ce sens en date du 19 janvier 2011 boycotté par toute la presse (cherchez pourquoi !), et qui ont été empruntées par quelques partis de la place; nous les remercions. Je parle plutôt de ces manœuvres partisanes visant l’appropriation exclusive du domaine de compétences internationalement reconnu pour les notaires par le Conseil de l’ordre des avocats. Un conseil, qui par des propositions inadmissibles rendues publiques depuis quelques jours et refusés par de nobles confrères dans cette profession que nous estimons, vise tout simplement et ouvertement le holdup intégral de nos prérogatives.

Tunisie, l’eldorado de l’acte sous-seing Tout simplement, ces messieurs très habiles en termes de partage, ayant commandé nos jeunes révolutionnaires et étant leur chefs incontestés, veulent s’emparer du butin. Pour les opportunistes de tous bords et dans le brouillard levé par les recommandations des institutions de Bretton Woods. Institutions qui, depuis 2004, dans un rapport ‘‘Doing business’’ de la Banque mondiale, ridiculisé depuis par les notaires du monde entier, attaquent férocement l’acte authentique et en ces temps de profondes transformations, il fallait agir et très vite. Leur projet étant de faire de la Tunisie un eldorado pour l’acte sous-seing privé coupable de tous les abus passés et même à venir. L’acte sous seing privé que les avocats monopolisent et qu’ils veulent renforcer en Tunisie malgré sa faiblesse flagrante, ses lacunes inqualifiables et son manque de fiabilité, est une menace réelle pour notre sécurité juridique et notre économie nationale. Il ne présente aucune garantie réelle pour le citoyen ou l’investisseur, car il favorise aussi bien le blanchiment d’argent, que la corruption, le blanchiment des terrains, la fraude fiscale, et la liste est longue. Tous les actes qui ont permis au dictateur déchu et à ses bandes de malfaiteurs d’acquérir en toute légalité des centaines et peut-être des milliers d’immeubles appartenant à l’Etat ou aux particuliers ou sans propriétaires ont pris la forme d’actes sous seing privé. Le notariat, une institution millénaire qui a refusé, lors de l’occupation française, l’appropriation d’immenses parties du territoire tunisien dont les terres agricoles fertiles par les colons, a justement été puni et sévèrement par l’introduction du sous seing privé dans notre système juridique par le colonisateur français. Le sous-seing privé ne profite réellement qu’à un nombre infime d’avocats véreux, exécutants notoires de tous les désirs d’appropriation des mafiosi qui nous gouvernaient. Il ne profite nullement aux avocats jeunes ou vieux et aux propres et intègres d’entre eux, puisque la totalité des gros contrats sont monopolisés et depuis longtemps par ceux qui veulent aujourd’hui une distribution immédiate des dividendes de la révolution.

L’imposition de la tutelle insoutenable des pouvoirs publics Les notaires tunisiens qui, dans leur écrasante majorité, ont défendu les droits du peuple tunisien, sous le protectorat et sous la dictature, et qui ont refusé de rédiger ces actes en dehors de la loi, ont été punis par le dictateur déchu par le viol de leurs prérogatives au profit des avocats. Ces derniers, ou certains d’entre eux, revendiquent aujourd’hui la rédaction de tous les actes juridiques comme si le ministère et sa justice leur appartenaient. Il leur appartenait avant, sans doute, puisqu’ils ont réussi à interdire aux Tunisiens d’exercer leur droit à recourir à l’acte authentique dans les actes relatif aux fonds de commerce, pour ne citer que cet exemple d’atteinte flagrante aux droits fondamentaux du peuple tunisien. Eux qui n’ont aucune légitimité ni aucune compétence particulière dans le domaine de la rédaction des contrats. Et qui se distinguent par leur absence totale de neutralité vis-à-vis des parties et des compétences réelles des notaires et leur neutralité imposée par la loi… Ils veulent en ces jours d’allégresse détruire le notariat, base essentielle d’une réelle sécurité juridique. Nous notaires tunisiens, indépendants depuis toujours des partis et du régime, faisons partie de cette majorité qui n’est plus silencieuse et qui ne le sera plus jamais. D’ailleurs, on n’a jamais été vraiment silencieux, puisque, de tous temps et sous tous les régimes, notre profession a subi des opérations d’enclavement et l’imposition de la tutelle insoutenable des pouvoirs publics par le biais du ministère de la Justice.

Une noble profession affaiblie par les services Aujourd’hui, cette noble profession veut se libérer après avoir été affaiblie depuis des dizaines d’années par un noyautage systématique avec l’introduction d’éléments incompétents pour la plupart, sans aucune formation juridique, proches des services ou récompensés pour services rendus en son sein. Ils ne représentent qu’une infime et infâme minorité aujourd’hui. Le notariat tunisien, malade du fait de son régime juridique dépassé et archaïque, mais jeune et dynamique, regorge de compétences mondialement reconnues. Depuis quelques années, il lutte pour son émancipation et sa modernisation refusée par les pouvoirs publics. Et en ces jours heureux, il lutte pour sa survie. Car de sa survie dépend la sécurité des transactions dans notre cher pays. De sa survie, dépend l’investissement surtout étranger. Aucun investisseur habitué à l’acte authentique chez lui ne risquera ses intérêts en Tunisie en ayant recours au sous seing privé indigne de sa confiance puisque handicapé et dangereux par rapport à l’acte authentique. Nous sommes aujourd’hui à la croisée des chemins et il faudrait vraiment choisir. Choisir entre rester sous-développés, vulnérables et dominés ou préserver et moderniser le pays tout entier et le notariat en particulier pour la sécurité du peuple tunisien et la sauvegarde de ses intérêts et de ses droits dans une approche mondialement reconnue. Une approche efficace pour lutter contre l’engorgement des tribunaux, l’inflation des budgets réservées à la justice, la fraude fiscale, les atteintes aux droits des citoyens et aussi pour la diminution du coût général de la réalisation d’un droit. Efficace aussi pour favoriser la croissance, l’investissement, la protection totale de toutes les transactions, le recouvrement d’énormes sommes dû à l’enregistrement perdues à jamais avec le sous seing privé. Un sous seing privé omnipotent ne peut que nuire au peuple tunisien et à ses intérêts vitaux.

Abandonner l’esprit corporatiste et penser à l’avenir du pays Le président, le premier des ministres, le ministre de la Justice doivent abandonner tout esprit corporatiste et penser réellement à l’avenir du pays, tous les hommes politiques silencieux ou impliqués dans cette aventure doivent y penser sans calculs et dans l’intérêt de la nation. Le notariat tunisien a présenté depuis le 28 avril 2010 un projet révolutionnaire qui permet, entre autres points forts, de fournir des emplois à entre 5.000 et 7.000 jeunes diplômés du supérieur et même plus et des milliers de postes de stages rémunérés sans contraintes pour le budget de l’Etat, la profession supportant seule le coût final de cette entreprise. Ce projet n’a pas abouti car les responsables d’alors ne pensaient qu’à leurs intérêts particuliers. Mais maintenant, comment pourront-ils défendre l’indéfendable, la mauvaise gouvernance? Le notariat tunisien tends la main à sa chère patrie et veut participer à bâtir un Etat moderne, fort et juste. Pour cela, il faudrait que le notaire juge de paix, représentant unique de la justice préventive et rédacteur unique de tous les contrats, retrouve et recouvre son domaine exclusif. Les avocats pourront toujours revendiquer leurs droits légitimes en leur domaine de compétence naturel. L’option soutenue par certains de détruire le notariat et de le piétiner au profit d’avocat révolutionnaires à outrance dans leurs «mounachadat» et revendiquant la gloire surtout la nuit du 14-Janvier pour la plupart est néfaste. Et faire subir à ce grand peuple l’imposture dirigée de pas si loin par les Américains, apôtres du sous seing privé et ennemis de l’acte notarié, est indiscutablement une atteinte très grave aux droits du peuple tunisien, dont celui de se protéger en ayant recours à l’acte authentique. Le peuple saura se défendre et ce sera alors pour nous tout un programme. Mais ce que je dois dire, au nom de tous les notaires, c’est que nous, notaires tunisiens, forts et unis, ne serons prêts à aucune concession et quel qu’en soit le prix. Et nous lutterons comme toujours pour le bien du citoyen et pour préserver tous ses intérêts et pour faire réussir cette révolution. Et nous serons toujours les gagnants de ce combat qui parait à première vue inégal. Car nous avons acquis et depuis longtemps l’amour de ce peuple qui reconnait et apprécie notre apport dans les villes, les villages, le désert et les montagnes de notre cher pays. Grâce à un maillage territorial inégalable et indispensable, nous serons toujours proches de lui. Ce peuple veillera comme toujours à analyser les différents points de vue et il saura discerner le bon du mauvais, l’utile du dangereux et il prendra toujours le parti de ceux qui ont toujours préservé ses intérêts sans calculs, ni arrières pensées. Ce peuple n’est pas dupe et il suit avec intérêt toutes les manigances et il sait discerner les complots et sera toujours à la hauteur de sa nouvelle image de peuple révolutionnaire. Une révolution d’une ampleur mondiale, et respectée par tous les peuples de la planète. Le notariat tunisien, qui s’est distingué par des prises de position historiques et par une vision stratégique de l’avenir de notre pays, a refusé les trois commissions, rejeté l’atteinte délibérée au domaine de compétence des magistrats et réclamé l’indépendance totale de la justice. Il a aussi demandé l’instauration d’un Haut conseil de la justice et exigé d’en faire partie. Il avortera toutes les manœuvres et réussira certainement dans sa mission délicate, malgré les coups et les trahisons. Nous, notaires tunisiens, nous continuerons, malgré les écueils et les coups bas, et quand nous rétablirons le notariat dans ses droits et nous le ferons, l’avenir de notre grand peuple et de notre pays sera meilleur.

* Notaire et membre de la commission de développement et de réforme juridique de l’Association nationale des notaires (Ann).

Source : « Le temps » Le 14-04-2011

Ben Brik président (14)

 


  

Témoignage prémonitoire sur la révolution Nous publions depuis mercredi 30 mars, et quotidiennement, le livre de Taoufik Ben Brik intitulé «Ben Brik président». C’est un ouvrage écrit en 2002 sous la dictature de Ben Ali et qui constitue un témoignage prémonitoire sur la révolution tunisienne. Tous mes gens sont bien joli-jolis, proprets et sentent le bonbon. A peine ont-ils un nom. Ils ne se fâchent pas et me suivent comme des oies. Qui aurait jamais cru que tous ces Tunisiens jappent comme Jacob, le patient de Jehovah? Mon peuple est un trésor, en or. Un peuple inégalé qui applaudit et dort. Une langue-de-chat trempée dans un bol de lait. Un peuple contrefaçon qui m’aime à ma façon. Un peuple de oum traki nass mlah, bon enfant et con. Un peuple de Ouled Ahmed: Heureux de notre sort Heureux de nos gouvernants Ils ravalent les paroles au fond de la gorge Pour qu’ils s’en étranglent… Heureux d’un siècle qui luit … et de l’autre qui s’éclipse me voilà avec mes deux cornes de cocu. Ils sont pareils à une vieille horloge qui n’indique plus l’heure mais qui ne s’arrête pas non plus, une horloge aux aiguilles faussées, au cadran aveugle, dont la sonnerie rouillée reste silencieuse, une vieille horloge continuant d’émettre son tic-tac et à coucouler sans que cela veuille rien dire. Un mannequin empaillé, exposé de la sorte pendant des siècles comme un avertissement: voilà le sort qui attend les têtes de Turcs. Un lapin qui accepte de tenir le rôle que prévoit pour lui le rituel et reconnaît que le loup est plus fort. Il devient timide, peureux, il fuit, creuse des terriers au fond desquels il se cache quand le loup rôde dans les parages. Et il supporte la menace. Il sait quelle place lui est assignée. Il y a peu de chance qu’il provoque le loup. Tout ce dont il a besoin, c’est de devenir heureux d’être un lapin. Qu’est-ce que j’ai fait, moi? Presque rien, mais pas rien. De la supercherie. J’ai toujours été un arnaqueur, j’aime créer du faux-semblant. Comme au poker, le plus important c’est le bluff. On pensait que j’avais un full aux as dans la main. Que je l’aie ou pas, qu’est-ce que cela peut faire? L’important, c’est qu’on le croie. Avec ou sans, j’ai réussi. Ce n’est pas bidon. Je ne suis pas un ogre de basse-cour. Je suis un croqueur de …, voilà tout. Pour que les gens te disent amen et courbent l’échine, le mieux, c’est d’attaquer là où ça fait le plus mal. T’as déjà encaissé un coup de genou dans les … pendant une bagarre? اa te coupe le souffle! Y a rien de pire! اa te pompe jusqu’à la dernière flaque. Les déchets de la société, les pitoyables qui se démènent pour leurs voisins, je leur réserve le coup du berger. Je commence par lécher le…, passe aux…., remonte au… Je me dépense sans compter et j’évite toujours de toucher le … Puis je prends le…, l’enfonce au tiers de la longueur, appuie à petits coups de dents et je jouis. Après je creuse la peau avec ma langue, et j’arrache ses… en les aspirant tour à tour dans ma bouche et les recrache et les laisse pendre comme ça mouillés et bizarres au bout de leurs cordons et se balancer sur son …. Et lui, l’imbécile, il est là. Il a très mal mais plus mal encore à la vue de sa propre castration. Il ne peut plus se résoudre à toucher son matériel. Il hurle de désespoir. Il ne peut plus voir mon visage, le visage de l’architecte de son impuissance. Les trous rouges dans son… luisent comme des lampes. Comme s’il y avait un feu plus profond que le feu de la douleur. On aimerait pouvoir dire qu’Allah punit ceux qui font de telles choses mais on sait que les hommes qui ont derrière eux de mauvaises actions jouissent du confort, meurent en paix et sont enterrés avec honneur. Vous devez comprendre que l’ogre existe bel et bien. Le mangeur de … Qu’il n’a pas disparu et ne disparaîtra jamais. On ne peut dire d’où viennent de tels hommes ni où ils risquent d’apparaître. Tout ce qu’on peut dire, c’est qu’ils existent. Je sais que si le mal que je fais est suffisamment atroce, les hommes ne protesteront pas. Que les hommes ont juste assez d’estomac pour les petites bavures et que ce sont les seules auxquelles ils opposent une résistance. Combien acheter la façon de vivre d’un homme? Combien payer pour ce qu’est un homme? اa coûte combien de ne pas laisser un homme se balader à sa guise? J’ai dit: Pas question d’avoir le droit d’être des hommes. Durant un siècle et une année, les Tunisiens ont accepté les joies de la paix du palais et nul autre que moi ne sait à quel point je n’ai rien fait. Je ne les ai pas divertis. Je ne suis pas chamane. Je n’ai pas de calumet de paix. Je n’ai jamais prétendu avoir un bâton qui fend l’est de la mer du Milieu ou un vaisseau qui s’abat sur le pont-levis de San Francisco. Je ne me souviens pas avoir soutenu le ciel pour qu’il ne tombe pas sur leurs têtes. Je n’ai pas besoin de vous montrer du doigt, d’accuser… J’ai le génie de l’insinuation. Avec moi vous avez toujours l’impression d’avoir commis tous les crimes de jalousie, de convoitise, de paranoïa… Je ne vous ai pas marqués au fer rouge. Je ne vous ai pas attachés comme un poulet rôti. Tout ce que j’ai fait, moi, c’est de vous assister. Je collecte de la semoule, du sucre, du thé, du café, de l’huile, des souliers, des pantalons, des caleçons, du savon, des couvertures et je les distribue aux jeunes couples qui traversent une mauvaise passe. Un coup discret frappé à la porte. Le panier enrubanné. Les deux jeunes gens tellement transportés de joie qu’ils sont incapables de proférer un son. Le mari bouche bée. La femme qui pleure sans honte. J’examine le logis d’un œil critique. Je leur promets de leur faire parvenir de l’argent pour acheter… quoi donc? Mais un logis réglementaire. Je dépose le panier au milieu de la pièce. Et quand je me vois envoyant à la ronde des baisers, en souriant d’un sourire niais, ils sont tellement grisés par ma bonté qu’ils restent cloués. Et voilà le jeune couple définitivement à la merci de la charité. Et maintenant qu’il est bien tard, que je suis devenu vieillard, qui viendra être le pillard? A qui reviendra ce prêt-à-porter, ce peuple figue de barbarie épluchée? Au type qui croit que les hommes sont nés égaux comme les dents d’un peigne? Pas question! Mon successeur, c’est l’enfant prodigue, je lui déblaie la route de la gloire. C’est mon assassin. En attendant le baiser de la mort, la montagne ne bouge pas.Caïn, qu’as-tu fait de ton père? Il a crevé mes yeux et a épousé sa mère. Malheur. Et les Anciens prédisent: «Les murs tomberont, le faucon effrayé s’envolera du gantelet blanc, la flamme s’éteindra dans la lampe de bronze, et la fille du capitaine sera brûlée dans le poêle. Leur mère a dit: «Vivez…» Il leur faut maintenant souffrir et mourir». Au mariage du loup, l’eau gagne la semoule, de la coquille est sorti un hibou gris et, sur le dos des chiens, des selles ils ont mis. Ya sallek wa ya sellek.

Source:”Le Quotidien” Le 14-04-2011

La présence de Slim Chiboub dérange les Tunisiens aux Emirats : «Il n’ose pas se montrer en public…»

 


  

Aux Emirats, la colonie tunisienne est fort intéressée par ceux appartenant au régime déchu, qui ont choisi de s’y exiler, à l’image de Slim Chiboub, actuellement à Abou Dhabi. De notre envoyé à Dubaï, Kamel ZAIEM Les Tunisiens qui vivent aux Emirats sont très contents de ce qui se passe dans leur pays. Ils ont fêté à leur manière la Révolution du 14 janvier bien que, là-bas, on n’apprécie pas les manifestations qui bénissent une quelconque révolution ou appellent à la révolte. Même son de cloche Il y a eu beaucoup de membres des familles Ben Ali et Trabelsi qui ont atterri aux Emirats après le 14 janvier. Actuellement, certains y sont encore dont Slim Chiboub, l’ancien président de l’EST et du CNOT, qui réside à Abou Dhabi. Nous avons essayé de le repérer, mais il s’est avéré qu’il ne se montre presque jamais en public et qu’il ne prend pas le risque de fréquenter des lieux qui attirent la colonie tunisienne. Aussi bien à Abou Dhabi qu’à Dubaï, où il se rend régulièrement, les Tunisiens sont «agacés» par sa présence bien qu’ils n’aient jamais essayé de l’approcher ou d’aller lui faire savoir qu’ils n’apprécient guère qu’il soit là. A travers ce reportage, nous avons recueilli l’opinion de quelques ressortissants tunisiens à Abou Dhabi ou à Dubaï, et l’impression générale qui s’y dégage ne surprend point: «Personnellement, je ressens beaucoup de frustration en voyant ce type circuler et mener le même train de vie ici à Abou Dhabi comme si de rien n’était. C’est avant tout un membre du clan Ben Ali et il doit être jugé pour tous les torts qu’il a causés au pays et aux citoyens. J’aimerais bien le croiser pour lui faire entendre mon opinion, d’une manière ou d’une autre, afin d’apaiser ma frustration et je souhaite de tout cœur le voir devant un tribunal en Tunisie», déclare M. Raouf Chihi, un résident tunisien à Abou Dhabi. Pour M. Helmi Landoulsi, le même sentiment de mécontentement envahit les Tunisiens à Dubaï: «Je ne peux pas être fier de la présence de Chiboub ici, sachant qu’il a pleinement profité de son lien de parenté avec le président déchu pour arriver à ses fins et faire du mal à beaucoup de personnes et au sport en Tunisie. Franchement, je ne souhaite pas le voir en face de moi, car, je ne suis pas sûr de me contrôler et de garder mon sang-froid. C’est un type qui mérite d’être jugé aux côtés des autres criminels de l’ère Ben Ali et j’espère de tout cœur le voir un jour connaître le sort qu’il mérite». Le même son de cloche revient sur toutes les langues. M. Hédi Sdiri, le président de la fédération internationale de boxe arabe, passe la plupart de son temps aux Emirats, là où il est en train d’organiser des galas de champions du monde qu’il aurait aimé mettre sur pied en Tunisie «اa fait de longues années que je subis les injustices des décideurs du sport en Tunisie, dont essentiellement Abdelhamid Slama qui m’a toujours empêché de servir mon pays. Quant à Slim Chiboub, je sais bien qu’il fut un «dictateur» en matière de sport et je partage le même avis des Tunisiens qui vivent ici à Dubaï ou à Abou Dhabi et qui se sentent frustrés ou déshonorés. En Tunisie, grâce à cette révolution, justice doit être faite pour préserver le droit de tout citoyen». D’autres Tunisiens n’hésitent pas à nous révéler leur «souhait» de croiser Chiboub et de le «remercier» à leur façon: «Je souhaite bien le voir ici à Abou Dhabi, et là je réglerai bien mes comptes avec quelqu’un qui a construit sa fortune en faisant du mal à ses concitoyens et en imposant son pouvoir de gendre de Ben Ali». Hamdi Ouni, un entraîneur exerçant depuis quelques années à Dubaï, ne sort pas du lot: «Je ne me sens pas fier du tout de sa présence parmi la colonie tunisienne aux Emirats. Elle nous gêne car il s’agit d’un symbole de la peu glorieuse époque de Ben Ali et je serai beaucoup plus réconforté en sachant qu’il a quitté les Emirats. De toute façon, il le sait très bien et il n’ose pas se montrer en public, car il craint, à raison, la réaction de ses compatriotes». C’est là l’avis des Tunisiens sur cette présence gênante de Chiboub là où huit mille de nos compatriotes vivent et travaillent. Ils sont très fiers de cette révolution et ils veulent y contribuer, et c’est normal qu’ils ressentent une telle frustration en voyant des membres du clan de la bande des Ben Ali et Trabelsi mener la belle vie à Abou Dhabi, Dubaï et d’autres émirats.

Source: ”Le Quotidien” Le 14-04-2011

Insécurité, braquages, ordures, grèves sauvages. Ça en fait trop !


 

De quoi parlent les simples citoyens, ceux qui n’ont pas accès aux divers médias ? Nous sommes allés vers ces anonymes qui forment la majorité de la population et ils nous ont raconté leurs peurs et leurs espoirs…

 

Les questions qui reviennent le plus souvent sont relatives aux montagnes d’ordures, puis vient la sécurité avec la multiplication des braquages en plein jour, tandis qu’une majorité rêve d’un retour au calme et la fin des désordres et des revendications excessives.

Depuis plusieurs semaines, Tunis rappelle Naples ou Palerme au temps où ces deux villes croulaient sous les ordures ménagères, sans que les pouvoirs publics n’apportent de solution définitive au problème. Aucune rue n’échappe à ce phénomène, jusqu’à la maison de la culture Ibn Rashiq, encerclée par un bouillon de culture microbienne.

 

Pas d’accord définitif

 

La porte de France, passage obligé des touristes vers les souks, est également obstruée par des tas d’immondices qui sont loin de sentir le jasmin. Dans certaines rues piétonnes, comme la rue de Marseille, les commerçants ont uni leurs efforts et ont mis la main à la poche pour nettoyer cet espace de restaurants et de boutiques. Ils ont en effet loué un camion et quelques ouvriers pour tout nettoyer, moyennant la somme de trente dinars, alors que le prix ne dépassait pas les vingt Dinars pour enlever les déchets de construction.

Selon les affirmations du secrétaire général adjoint de l’UGTT, Abid Briki, sur une radio tunisienne, la grève des éboueurs devait prendre fin lundi dernier. Mais des difficultés de dernière minute ont empêché l’accord tant attendu par les tunisois. La reprise du travail et la levée des montagnes immondices qui jonchent la capitale et ses cités alentour ne sont donc pas pour tout de suite.En effet, deux questions restent à régler : celle de la mise en œuvre de l’accord et la date de son entrée en application.

Autre préoccupation majeure des Tunisiens : les braquages qui deviennent de plus en plus fréquents et qui se font en plein jour, en plein centre ville et dans des rues passantes ! Ils peuvent survenir dans les bus, les métros ou à l’entrée d’un immeuble. Ils ont lieu souvent avec des menaces, mais ils peuvent tourner à l’agression physique si l’on résiste un peu…

 

Deux portables en une semaine !

 

Un jeune homme à l’aspect frêle se plaint : « j’ai été braqué deux fois dans la même semaine dans le quartier de Lafayette, en début d’après midi. La première fois deux jeunes voyous m’ont pris mon portable et vingt dinars et la seconde fois, deux autres m’ont arraché un second portable que je venais d’acheter. Depuis, je n’ose plus sortir seul de la maison, je me fais accompagner par mon frère ou par un voisin… »

Le pire, c’est qu’il y a parfois des policiers tout près, mais qui refusent d’intervenir. Une dame à qui un jeune voyou a volé son porte monnaie raconte sa mésaventure : « j’ai sorti mon porte monnaie pour payer un commerçant ambulant, mais avec une rapidité fulgurante, un jeune d’à peine quinze ans me l’a arraché des mains et s’est enfui. Un policier tout proche a vu la scène, mais n’a pas levé le petit doigt pour le rattraper, arguant que ce n’est pas sa mission… »

 

Grèves sauvages

 

Plus généralement, nombre de nos concitoyens nous ont signalé divers points qui les préoccupent, notamment les grèves et les désordres qu’elles occasionnent. Un retraité raconte : « j’ai été à la poste pour retirer ma maigre pension, mais ils faisaient la grève. Je suis un ancien fonctionnaire et je comprends qu’il y a des problèmes de précarité de l’emploi. Mais ce n’est pas le moment de faire des revendications excessives. Lorsqu’on aura élu un nouveau gouvernement, on pourra revendiquer dans la légalité… »

Et c’est vrai que pratiquement tous les secteurs ont été touchés par des grèves sauvages. Nous nous sommes rendus mercredi matin à la place Mohamed Ali, siège de l’UGTT et là une foule hétéroclite criait toutes sortes de slogans. A la fenêtre, un syndicaliste de Tunisie Télécom haranguait la foule à l’aide d’un haut parleur portatif, critiquant à tout va les responsables de cette institution, mais aussi le gouvernement, le système, le premier ministre…

Et c’est justement ce type de revendications à tout va qui commence à soûler bon nombre de Tunisiens, à l’image de ce groupe de travailleurs manuels, réunis pour une pause café : maçons et peintres en bâtiment ont un avis définitif sur la situation. L’un d’eux résume la situation : «les Tunisiens devraient apprendre à travailler d’abord, et à revendiquer ensuite. Or on ne voit que des gens qui revendiquent sans jamais travailler sérieusement. L’Etat ne peut pas faire de miracles… »

Comme quoi, on peut avoir un niveau scolaire modeste et faire une analyse logique et sensée…

Source: “Le Temps” Le 14-04-2011

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