29 janvier 2008

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TUNISNEWS
spp8 ème année, N°  2806 du 29.01.2008

 archives : www.tunisnews.net


 

Vérité-Action: Tunisie: Deux ex-prisonniers politiques décédés en une semaine

AISPP: Infos en continu AFP: La Tunisie en libre-échange avec l’Europe pour les produits industriels Afrik.com: Ben Ali veut-il vraiment faire respecter les droits de l’homme en Tunisie ?  Interview de Souhayr Belhassen Arab Press Network: Ben Brick, le journaliste errant Babelmed : «Je ne partirai pas», de l’écrivain tunisien Taoufik Ben Brick – Un guide iconoclaste du «vrai Tunis» Hmida Ben Romdhane: La plume et les ciseaux AFP: Courriers de la CEDH à un détenu censurés: la Pologne condamnée à Strasbourg AFP: Le Portugal rejette les accusations sur le transfert de détenus à Guantanamo

 


Vérité-Action

 

Tunisie:

Deux ex-prisonniers politiques décédés en une semaine

 

Genève, le 29 Janvier 2008

 

A peine quelques jours après le décès d’Ahmed Bouaziz emporté par un cancer contracté et mal soigné en prison, deux autres ex prisonniers, victimes de la vengeance aveugle du régime tunisien, se sont éteints cette semaine.

 

Monsieur Mongi Ayari, âgé de 54 ans, père de 4 enfants, est décédé le jeudi 24 janvier 2008 aussi victime d’un cancer. Il a été emprisonné à plusieurs reprises dont 13 ans à partir de 1992. Il a quitté la prison en 2004. Jugé lors des procès de la décennie noire des années 90, il a été victime du cancer, comme c’est le cas pour les autres prisonniers malades laissés sans soins et dans des conditions d’emprisonnement inhumaines, de la négligence médicale et de la volonté de destruction de l’être humain.

 

Le même jour, le jeudi 24 janvier 2008, un autre ex-prisonnier, victime du même mal est parti. Monsieur Tahar Chedli, âgé de 57 ans, père de 4 enfants.

 

Les autorités pénitentiaires tunisiennes avaient refusé de donner des soins à plusieurs reprises pour ce genre de cas ou de les transférer dans des hôpitaux. Plusieurs prisonniers ont été libérés après qu’un avis médical les donnés comme mourant, tel été le cas de feu Lotfi Idoudi et récemment celle de feu Hachemi Mekki.

 

De sources de confiance en Tunisie, nous apprenons que les ex prisonniers politiques suivants sont atteints de maladies chroniques:

1. Mr. Ali Zouagui, souffre du cancer de la prostate, il a été différé devant un juge la semaine passée pour un jugement prononcé en 1992 et pour lequel il a payé des dizaines d’années d’emprisonnement.

2. Mr. Ali Guiloufi, souffrant de leucémie.

3. Mr. Fathi Ouergui, soufrant de 9 maladies dont le cœur, l’asthme et le dos.

4. Mr. Aïssa Amri, soufrant de 6 maladies différentes.   

 

Ces ravages de cancer dans les rangs des ex-prisonniers laissent poser des questions concernant l’origine de ce mal qui frappe particulièrement ces ex-prisonniers.

 

Vérité-Action présente ses condoléances aux familles Ayari et Chedli, à leurs proches et amis et à la Tunisie toute entière.

 

Vérité-Action appelle le régime tunisien à son devoir de se conformer au droit international et au droit tunisien et de prendre en charge le soin des prisonniers et des ex-prisonniers et à arrêter cette politique de vengeance à l’encontre des opposants politiques.

 

Vérité-Action rappelle que des dizaines d’ex-prisonniers et de prisonniers souffrent de maladies diverses et qui nécessitent des soins et des appuis matériels et moraux. Il est temps de mettre fin à cette politique de laisser pour comptes.

 

 

Service de l’information

Source: www.verite-action.org

Mail to : info@verite-action.org

 


 

Liberté pour tous les prisonniers politiques Liberté pour Abdallah Zouari, le journaliste exilé dans son propre pays

Association Internationale de Soutien aux prisonniers politiques 43 rue Eldjazira, tunis e-mail : aispptunisie@yahoo.fr Tunis, le 28 janvier 2008

Infos en continu

La première chambre criminelle du Tribunal de Première Instance de Tunis, présidée par le juge Hédi Ayari a examiné aujourd’hui, lundi 28 janvier 008 l’affaire n°14235 dans laquelle sont déférés Aymen Hakiri, Adam Boukedida et Heulmy Rtibi, accusés d’adhésion sur le territoire de la République à une entente ayant fait du terrorisme un moyen de concrétiser ses objectifs, ainsi que Nasreddine Aloui, accusé de ne pas avoir signalé aux autorités concernées les faits, les informations et les renseignements en sa possession à propos d’infractions terroristes, en application des articles 13 et 22 de la loi du 10 décembre 2003 de « lutte contre le terrorisme ». La commission de la défense était composée de Maîtres Samir Ben Amor et Abderraouf Ayadi. Le juge a décidé, après la lecture de l’acte d’accusation, de repousser l’examen de l’affaire au 22 février 2008 pour l’interrogatoire des accusés et les plaidoiries. Cette même chambre a décidé de renvoyer l’examen de l’affaire dans laquelle sont déférés Salem Mezhoud et Mourad Bousnina au 15 février 2008 et de considérer Ce renvoi comme le dernier. […] Pour la commission de suivi de procès Le secrétaire général de l’Association Maître Samir Dilou (traduction d’extraits ni revue ni corrigée par les auteurs de la version en arabe, LT)


 

C.R.L.D.H. Tunisie

Comité pour le Respect des Libertés et des Droits de l’Homme en Tunisie

Membre du Réseau Euro méditerranéen des Droits de l’Homme

 

21ter rue Voltaire – FR-75011 PARIS  – Tel/Fax : 00.33. (0)1.43.72.97.34

contact@crldht.org / www.crldht.org

 

INVITATION

 

Dans le cadre de rencontres politiques animées par les différents acteurs tunisiens sur l’échéance de 2009, le CRLDHT organise pour la troisième fois depuis le début de l’année 2008, une nouvelle

 

Rencontre avec

 

 

M. Néjib CHEBBI,  directeur du journal El Mawkef, ex-secrétaire général du Parti démocrate progressiste (PDP).

 

et

 

M. Ayachi HAMMAMI, défenseur des droits humains et membre du comité du 18 octobre pour les droits et les libertés

 

Ces rencontres constituent des moments privilégiés de réflexion et d’échange sur la situation politique actuelle et future, en rapport avec les prochaines élections présidentielles et législatives en Tunisie.

A cette occasion, le CRLDHT vous invite, toutes et tous, à prendre part au débat organisé :

 

 

Le Samedi 2 février 2008 à partir de 19h00 au 21 ter, Rue Voltaire

75 011 Paris

 

 


 

 

LA PREMIERE RADIO LIBRE EN TUNISIE

            www.radio6tunis.net 

P R O G R A M M E  D E  L A  S E M A I N E

     – Bourguiba:les droits des femmes.
  – Environnement:l’après Bali.
  – 26 Janvier:30 ans aprés qu’est ce qu’il en reste
  – L’info des libertés: en arabe.
  – L’info des libertés: en français.
  – Musique douce: orientale et occidentale.
Bonne écoute L’équipe d’animation radio6tunis 


 

La Tunisie en libre-échange avec l’Europe pour les produits industriels

 

AFP, le 28 janvier 2008 à 19h08

 

TUNIS, 28 jan 2008 (AFP) – La Tunisie est entrée en 2008 dans une zone de libre-échange avec l’Union européenne pour les produits industriels, dernière étape d’un processus progressif de franchise engagé en 1996, a indiqué lundi le ministre tunisien de l’Industrie Afif Chelbi.

 

La Tunisie devient ainsi le premier pays de la rive sud de la Méditerranée a avoir achevé les différentes étapes de la mise en place d’une zone de libre-échange avec l’Union européenne”, a-t-il

indiqué lors d’une conférence de presse conjointe avec le ministre du Commerce Ridha Touiti.

 

Les deux ministres ont souligné le succès du processus étalé sur douze ans (1996-2007) conformément à l’accord d’Association conclu entre l’UE et la Tunisie en 1995 et entré en vigueur en 1998.

 

M. Chelbi a évoqué une “étape historique” réussie de la modernisation du tissu industriel, réalisée avec l’appui de l’UE, et durant laquelle la Tunisie a gagné un point de croissance en moyenne par an.

 

Ce succès est illustré par “la performance” de deux secteurs clés de l’économie tunisienne, le textile et les industries mécaniques et électriques.

 

Les exportations textiles sont passés de 2 milliards de dinars à plus de 5 milliards en 2007, alors que les recettes du secteur mécanique-électronique ont augmenté de 100% pour atteindre 5,2 milliards en 2007 (1 dinar = 0,6 euro).

 

Globalement, la Tunisie a quadruplé la valeur de ses ventes en Europe (4 milliards de dinars) alors l’importation de produits communautaires a triplé, soit un taux de couverture de plus de 98% en 2007, selon M. Chelbi.

 

Le volume des investissements directs étrangers s’est multiplié par sept, le nombre d’entreprises créées en partenariat avec l’Europe est passé de 40 à 160 par an, plus de 2.000 unités européennes opèrent actuellement en Tunisie.

 

La concurrence asiatique et les coûts élevés de production en Europe ont attiré plus d’entreprises en délocalisation, “la qualité et les courts délais” avantageant la Tunisie, géographiquement proche de l’UE, a-t-il affirmé.

 

La Tunisie ambitionne de doubler l’investissement européen d’ici 2011 soit 2 milliards de dinars, dont 800 millions dans l’industrie.

 

 

Les droits de douane supprimés seront remplacés par des taxes locales, les prix des biens importés de l’UE seront maintenus au même niveau pour les consommateurs tunisiens.

 

Les produits tunisiens ont un accès libre au marché communautaire depuis 1989 et l’UE a engagé 946 millions d’euros pour l’accompagnement du processus tunisien entre 2002-2006.

 

Le ministre du Commerce a annoncé le démarrage de négociations avec l’UE sur la libéralisation sur l’agriculture et les services en prélude au libre-échange intégral en 2012.


Ben Ali veut-il vraiment faire respecter les droits de l’homme en Tunisie ? Interview de Souhayr Belhassen, présidente de la Fédération internationale des droits de l’homme

 

 par Awa Traoré Le président tunisien a déclaré la semaine passée qu’il désirait promouvoir les droits humains dans son pays. Souhayr Belhassen, à la tête de la Fédération internationale des droits de l’homme, craint « un effet d’annonce ». Précisions de cette militante tunisienne, qui revient également sur les droits de l’homme en Afrique.

 « Nous nous proposons d’œuvrer à développer davantage le système des droits de l’Homme et des libertés fondamentales dans notre pays afin de conforter nos choix nationaux en la matière », a déclaré le chef de l’Etat tunisien Zine El Abidine Ben Ali jeudi dernier, alors qu’il recevait les vœux du corps diplomatique. Est-ce le début d’une ère nouvelle dans le pays maghrébin, régulièrement épinglé pour non respect des droits humains ? Souhayr Belhassen le voudrait bien, mais elle en doute. La présidente de la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH), interviewée lundi, explique à Afrik pourquoi. La vice-présidente de la Ligue tunisienne des droits de l’homme revient également sur deux de ses priorités de sa mandature : l’égalité des sexes et la protection du droit des migrants.

 

Afrik.com : Que pensez-vous de l’annonce du président tunisien de prendre des mesures institutionnelles en faveur de la promotion de droits de l’homme ? Souhayr Belhassen : Je voudrais dire que c’est un signe positif, mais je crains fort que ce ne soit qu’un effet d’annonce car de telles annonces ont déjà été faites à plusieurs reprises. Cette fois, ce qui est nouveau, c’est qu’il parle de donner plus d’autonomie et de pouvoir au Comité supérieur des droits de l’Homme et des libertés fondamentales qui, on le sait, est le genre d’institutions nationales qui sont là pour soigner l’image extérieure d’un pays. Il serait question que le Comité puisse désormais visiter les prisons, recueillir les plaintes… une tâche que remplissait la société civile à travers la Ligue tunisienne des droits de l’homme – empêchée de travailler depuis deux puisqu’elle ne peut tenir son congrès. Je crains que la mesure du président ne serve qu’à retirer de façon formelle le rôle joué par la Ligue tunisienne. Je crains par ailleurs que l’annonce du président ne soit une façon pour lui de préparer le passage devant le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies en avril et la prochaine visite du président français Nicolas Sarkozy.

 

Afrik.com : Où en sont les droits de l’homme en Tunisie ? Souhayr Belhassen : Nous sommes le 28 janvier. Le procès dit de Soliman passe demain en appel. En première instance, deux islamo-terroristes qui avaient monté le coup d’Etat de janvier dernier ont été condamnés à la peine de mort. C’est une première et nous craignons que cette peine ne soit appliquée. Nous avons envoyé un avocat-observateur au nom de la FIDH et du barreau de Paris pour assister au procès en appel, qui a été mis en place avec une rapidité incroyable : dix jours après la condamnation. Par ailleurs, des étudiants (syndicalistes, ndlr) ont été arrêtés il y a une dizaine de jours à Tunis mais aussi à Sousse, une ville côtière. Des cas de torture sont aussi rapportés.

 

Afrik.com : La création du premier syndicat des journalistes tunisiens est-elle une bonne nouvelle pour la liberté de la presse ? Souhayr Belhassen : Nous l’avons encouragé car il est indépendant. Mais vu l’environnement répressif et fermé, il lui sera difficile d’agir. Il faut vraiment être solide pour lutter contre la censure. Les journalistes qui ont formé ce syndicat sont jeunes… Mais j’attends de voir ce qu’il en est pour juger sur pièce.

 

Afrik.com : Que prône la FIDH pour faire respecter les droits de l’homme en Tunisie ? Souhayr Belhassen : Qu’on libère les activités de la Ligue tunisienne des droits de l’homme – qui fait l’objet de 33 procès – qu’elle puisse tenir son congrès, qu’elle puisse fonctionner normalement. Nous demandons la reconnaissance et la liberté d’exercer du Conseil national des libertés de Tunisie, qui fait un travail extraordinaire depuis dix ans, de l’Association contre la torture, de l’Association des prisoniers politiques et de toutes les autres associations de terrain indépendantes. Nous demandons également que les partis reconnus puissent siéger au parlement.

 

Afrik.com : L’un de vos principaux combats est l’égalité des sexes… Souhayr Belhassen : Nous sommes à la veille d’une réunion importante au niveau international. La question de la femme est prioritaire et je souhaite porter cette revendication issue de nos organisations membres. Il faut qu’on puisse au niveau africain et arabe qu’on puisse poser la question de la femme sans la pollution qui l’entoure, notamment au niveau culturel. Les droits de la femme sont universels et doivent être respectés. Il s’agit du droit pour le droit. Nous menons dans le monde une grande campagne pour obtenir l’application de la Convention des Nations unies sur l’élimination des discriminations à l’égard des femmes (Cedaw). Les régimes arabes qui l’ont ratifiée l’ont pratiquement vidée de son sens. Nous encourageons les associations de femmes à approcher les gouvernements et les parlementaires afin de faire respecter la Cedaw.

 

Afrik.com : Une autre de vos priorités est la protection des droits des migrants… Souhayr Belhassen : Avec nos 155 ligues dans une centaine de pays, nous avons des partenariats Nord-Sud, Sud-Nord, Sud-Sud. Entre le Sud du Sahara et la Libye, nous voyons comment réguler les flux migratoires. Nous réfléchissons, nous enquêtons, nous dénonçons, élaborons des plaidoyers. Lors d’un séminaire à Doha (Qatar, ndlr) sur l’Asie et les pays du Golfe, nous avons analysé et élaboré des recommandations pour que les pays émetteurs et récepteurs de migrants s’organisent au nouveau social et économique, entre autres pour empêcher l’esclavage moderne.

 

Afrik.com : En parlant de migrants, la Libye a récemment annoncé qu’elle allait expulser tous les clandestins de son territoire. Quelle est votre position ? Souhayr Belhassen : Nous avons dénoncé très sérieusement tout ça. Régulièrement, la Libye fait ce genre d’annonce et généralement elle renvoie les Subsahariens, les Maghrébins et les Moyen-Orientaux par vagues entières. Les pays de main-d’œuvre dont les ressortissants sont en Libye protestent mollement ou craignent de protester parce que Tripoli exerce un chantage : elle fait pression sur les pays voisins en les menaçant de renvoyer leurs ressortissants s’ils n’agissent pas comme cela lui convient.

 

Afrik.com : La mondialisation est aussi l’une de vos préoccupations. Que pensez-vous des Accords de partenariat économique entre l’Europe et les pays ACP (Afrique, Caraïbe, Pacifique) que certains chefs d’Etats et artistes dénoncent ? Souhayr Belhassen : Il était dans l’intérêt de l’Europe et des pays ACP de passer ces accords. Il est vrai qu’ils fragilisent les économies, qui ne sont pas assez solides pour affronter les produits européens. Mais il y a un bémol : beaucoup de pays africains n’ont pas installé la bonne gouvernance, n’ont pas lutté contre la corruption, n’ont pas fait d’efforts et ont profité de l’aide internationale pour installer un régime corrompu. C’est aussi une constatation qu’il faut faire. Il n’est donc pas si évident que les APE soient condamnables à 100% : il y a des efforts à faire des deux côtés.

 

(Source : « Afrik.com », le 29 janvier 2008)

Lien : http://www.afrik.com/article13486.html


Ben Brick, le journaliste errant

Arab Press Network

 

Ecrivain et journaliste tunisien, Ben Brik fait ses premières armes dans La Presse Soir, un journal gouvernemental. Son ton est jugé trop libre et il n’y fera donc pas long feu. Il collaborera ensuite au Maghreb, hebdomadaire suspendu depuis.

 

Ben Brik ccommence alors ce qu’il appelle son errance journalistique. Ben Brik écrit dans divers médias étrangers et récolte au passage des distinctions internationales et des harcèlements judiciaires dans son pays.

 

Le 22 janvier dernier, il devait quitter Tunis et se rendre à Alger pour présenter son tout nouveau livre, Je ne partirai pas, paru aux Editions Chihab en Algérie, mais effectivement il ne partira pas. Pour éviter un incident diplomatique, la rencontre littéraire, organisée par le centre culturel français et la maison d’édition algérienne, est annulée. A cette occasion, APN a interviewé cet agitateur qui voudrait être le « Maradona du journalisme tunisien ».

 

APN : Vous avez récemment déclaré que l’Algérie devenait un duplicata de la Tunisie. Aviez-vous en tête la situation de la liberté de la presse?

Taoufik Ben Brik : Je pensais à la liberté tout court. Il était illusoire de penser que l’Algérie puisse devenir un jour un pays libre avec à la tête du pays un Bouteflika et des généraux qui maintiennent le pays sous une chape de plomb. L’Algérie est une contrefaçon de la Tunisie où au moins la situation ne prête pas à ambiguïté. Le régime algérien permet par exemple à Al Watan de s’exprimer un peu mais dès que quelqu’un, comme Mohamed Benchicou, va plus loin, on le met en prison.

Comme dans tous les pays arabes, la liberté n’a existé que dans les temps préislamiques. Je ne dis pas que la religion y soit pour quelque chose mais je pense que les raisons à cela tiennent à la géographie plutôt qu’à l’histoire. Nous sommes au sud de la liberté.

 

APN : Est-ce en raison du contenu de votre ouvrage que vous n’avez pas pu vous rendre en Algérie ou est-ce plus votre passé que l’on vous reproche?

TB : C’est la solidarité entre régimes arabes qui s’exprime. Les autorités tunisiennes ont demandé à leurs homologues en Algérie de ne pas autoriser ma venue. Bouteflika a lui-même dit que je n’étais pas le bienvenu en Algérie.

 

APN : Dans quels journaux parvenez-vous encore à vous exprimer aujourd’hui?

TB : Je suis un journaliste errant. J’écris là où je peux dans les colonnes des journaux qui me permettent d’écrire. Sachant que même les journaux français se referment de plus en plus. Même le directeur de Charlie Hebdo a dit de moi qu’il n’aimerait pas être mon rédacteur en chef. Mes articles ont été publiés dans plusieurs journaux français mais au bout d’un moment on n’en veut plus… après tout la Tunisie, qui n’a pas de pétrole, n’est que quantité négligeable en termes géopolitiques. Quant à la presse panarabe, elle ne veut pas prendre le risque en me publiant d’être confrontée à la censure. C’est pourquoi j’écris parfois des livres mais ils sont interdits en Tunisie.

 

APN : Comment voyez-vous l’évolution de la situation?

TB : Je crois que je vais mourir avant que mes enfants n’aient pu vivre un zeste de liberté. Je ne suis pas pessimisme mais le plus réaliste du monde.

 

(Source : « Arab Press Network », le 25 janvier 2008)


 

«Je ne partirai pas», de l’écrivain tunisien Taoufik Ben Brick

Un guide iconoclaste du «vrai Tunis»

 

«Je ne partirai pas!» Taoufik Ben Brick lance, dans son dernier ouvrage paru récemment à Alger, un énième défi au régime tunisien. Depuis sa grève de la faim en 2000 contre l’arbitraire policier, une main discrète le pousse fermement vers les portes de l’exil. Mais à «ces villes hostiles, à ces pierres tombales» que sont Paris ou Le Caire, il préfère Tunis, son Tunis particulier. Et bien qu’il s’y sente «comme un parrain dans une prison sicilienne», il n’a aucune envie de s’expatrier.

 

«Je ne partirai pas » n’est pas pour autant un pamphlet. C’est un guide touristique iconoclaste. Tunis s’y écrit par bribes, en de courts chapitres qui sont autant de scènes de la vie quotidienne et de rêves éveillés que suscitent les noms des rues, des restaurants, des tripots et des mets. La vieille ville cesse d’être une carte postale. Elle fleure certes le jasmin mais elle empeste aussi les «intestins de mouton», ce plat traditionnel, exquis et malodorant, qu’on déguste une pince à linge sur les narines en guise de masque à gaz.

 

Dans le beau Sidi Bou Said, on boit du mauvais Mornag et, dans les vapeurs de l’alcool, on lit des romans décadents et on blasphème. Les nouveaux quartiers pauvres, sur les murs desquels on s’étonnerait de ne pas voir affichées des consignes de sécurité, ont leur vie secrète. Il suffit pour sentir leur poésie déliquescente de les arpenter avec l’audace forcée du journaliste. Leurs légendes, nées du néant de l’anarchie urbaine, n’en semblent pas moins aussi anciennes que les légendes de Carthage.

 

Taoufik Ben Brick s’attelle ainsi à déceler le leurre dans la vérité et la vérité dans le leurre. Le journaliste en lui s’est fait le guide de l’écrivain. Il le promène, l’œil fureteur dans les dédales de l’opulence ou de la misère. Il donne à ses envolées poétiques, enthousiastes ou désespérées, l’éclat de la réalité nue : celle des magasins de l’avenue Bourguiba, symbole grossier de l’aliénation marchande des classes moyennes, ou des flaques d’eau noire de Hay El Akrad qui, «sans les cris des enfants, serait un parfait goulag».

 

Et lorsque le journaliste se fait discret, l’écrivain reprend la liberté de son imaginaire. Tunis devient alors un écho littéraire d’autres villes impossibles, Istanbul, Lima ou Kiev, et Taoufik Ben Brick un conteur nourri de la sève de Nazim Hikmet et de Mario Vargas Llosa. Toutes les capitales du monde ont leurs magnifiques mirages. On les aime toutes autant qu’on les méprise.

 

«Tunis carbure à l’optipessimissme»

 

Dans la description que fait l’auteur de Tunis, de ses cafés, de ses rues, de ses banlieues cossues ou paumées, se glisse une poignante nostalgie. Non pas celle des temps immémoriaux où l’aristocratie citadine cultivait l’art du raffinement culinaire, mais celle d’un temps plus prosaïque, le temps des zerdas insouciantes, lorsqu’«il fallait plus de cent ans pour épuiser un siècle».

 

«La dernière fiesta à Tunis fut un enterrement. Le jour qui se leva sur les invités du Palais de Carthage n’éclaira que des visages de cire.» Ce jour-là fut un 7 novembre 1987, lorsque Zine El Abidine Ben Ali a pris le pouvoir et entrepris de «mutiler l’organe le plus précieux des Tunisois, la langue». Depuis, «plus de cris ni de chuchotements, juste des grognements de muets». La dictature a éclipsé la Dolce Vita d’antan. Elle a aussi éclipsé les lettres et les arts. Ils ne sont plus qu’un souvenir d’artistes oubliés, alcooliques, comme Salah Khmissi, dont on ne célèbre plus la mémoire que dans les toilettes d’un bar, par un graffiti anonyme.

 

Aujourd’hui, malgré le discours laïciste officiel, «les moquées dévorent les bars». La peur de la police envahit les esprits, car «quand on frappe à votre porte à 6 heures du matin, on sait que ce n’est pas le laitier». Mais il ne faut pas se fier aux apparences, prévient Taoufik Ben Brick: «Il suffirait d’un rien pour que l’aimable paysage de la place de la Monnaie devienne un enclos exaspéré où gronde la foule».

 

Cet état d’esprit intermédiaire entre le sommeil et la veille, entre la révolte et la résignation est ce que l’auteur appelle l’«optipessimisme». Il est lui-même un optipessimiste. Il vit à El Manar, banlieue aseptisée, où l’on passe ses journées à tondre le gazon et à parler de voitures. Il s’y meurt d’angoisse et d’ennui mais, comme chaque Tunisois, «il garde mille colères disponibles dans son ventre» et elles l’aident à survivre.

 

 Yassin Temlali

 

(Source : « Babelmed », le 28 janvier 2008)

Lien : http://www.babelmed.net/Pais/Méditerranée/�je_ne.php?c=2383&m=34&l=fr


La plume et les ciseaux

Hmida Ben Romdhane

 

Chers ami(e)s,

 

La censure frappe à nouveau au journal La Presse, et cela devient réellement intenable. Le 17 janvier 08, un article sur la tournée du président américain au Moyen Orient et au Golfe a été censuré. Il vous a été envoyé à temps et beaucoup d’entre vous ont exprimé leur étonnement et leur incompréhension qu’un tel article puisse être interdit de parution. Pour ceux qui n’ont pas reçu cet article intitulé “En attendant le jugement de l’histoire”, ils peuvent le consulter ci-dessous dans ce blog.

 

Le 26 janvier 08, c’était le tour d’un autre article de tomber victime des ciseaux de M. Mohamed Gontara, directeur de La Presse. Cette fois, il ne s’agit pas de Bush, mais d’Israël. Cela fait 22 ans que je commente l’actualité internationale au journal La Presse, et jamais on ne m’a fait comprendre que l’un ou l’autre des mes centaines d’articles écrits sur la politique israélienne était trop dur pour Israël. L’article censuré ne parle même pas des crimes, bien réels et trop nombreux d’Israël, mais analyse les erreurs historiques de ce pays et son encouragement dans la persévérance dans l’erreur par le soutien systématique prodigué aux différents gouvernements israéliens par les différents gouvernements américains.

 

Comme vous le constaterez, en lisant cet article ci-dessous, il n’y a ni insultes ni contre-vérité, mais de l’analyse pure en me basant sur des faits historiques bien réels. Si la critique est jugée par certains un peu incisive, je peux vous assurer qu’elle est un peu trop molle par rapport aux critiques au vitriol signées quotidiennement par des journalistes israéliens contre la politique de leur pays, comme Uri Avnery (dont les articles peuvent être consultés au: http://www.counterpunch.com / ) ou encore Gideon Levy et Amira Hass (dont les articles acerbes contre la politique de leur pays peuvent être consultés au: http://www.haaretz.com ).

 

D’un autre côté, des centaines, des milliers peut-être, de journalistes américains, critiquent de manière cinglante la politique américaine. Par rapport à eux, mes critiques de la politique américaine sont réellement molles. Il n’y a qu’à voir ce qu’écrivent William Pfaff, Paul Krugman, Maureen Dowd, Bob Hertbert, Ron Suskind, Paul Craig Roberts, Jeffrey St. Clair etc. Googlez leurs noms et vous verrez l’extraordinaire férocité avec laquelle ils commentent les erreurs politiques de l’actuelle administration américaine. La question qui se pose est : pourquoi, quand il s’agit de commenter la politique israélienne et américaine, les journalistes israéliens et américains bénéficient d’une liberté substantielle, et nous à La Presse, on se voit dénier ce droit et cette liberté par un directeur qui persiste à vouloir exercer son “pouvoir régalien”?

 

Il est à rappeler ici que M. Gontara est journaliste puisqu’il a sa carte professionnelle qui, par ailleurs, vient de lui être renouvelée pour l’année 2008. Mais on ne peut s’empêcher de constater que dès son arrivée à la tête de La Presse, il a troqué la plume du journaliste contre les ciseaux du censeur. Quand il a censuré mon premier article (celui-là est le quatrième), je suis allé m’enquérir de la raison. Brandissant ses ciseaux de censeur, M. Gontara m’a répondu en ces termes: “Moi, Monsieur, j’ai un pouvoir régalien dans ce journal”.

 

Moi personnellement, j’aurais fait contre mauvaise fortune bon cœur et accepter ce “pouvoir régalien” s’il était utilisé pour le bien du journal, pour l’élévation de son niveau et l’amélioration de son contenu. Mais hélas, la qualité de notre journal se dégrade de jour en jour et je n’émets là aucun jugement subjectif, mais c’est l’avis de tous ceux, et ils sont nombreux, que moi et mes collègues avons entendu évaluer La Presse. 

 

Même dans les cercles officiels, l’évaluation du contenu et du niveau de notre journal est négative. Il y a quelques semaines, le ministre de la communication et des relations avec le parlement, M. Rafaa Dkhil, était invité à une réception organisée par La Presse à l’Hôtel Africa. Dans l’allocution qu’il a prononcée, le ministre n’a pas caché son amertume face à la dégradation de la qualité et du niveau de La Presse. Il a donné l’exemple de “la couverture” par La Presse des débats budgétaires de décembre dernier à l’Assemblée.

 

Cette “couverture” a affirmé M.Rafaa Dkhil était d’une qualité très médiocre, loin derrière celle de tous les autres journaux de la place. Inutile de dire que La Presse du lendemain n’a reproduit aucune des critiques émises par le ministre à l’égard de notre journal. Pire encore, aucun journaliste de La Presse n’a été autorisé à écrire un article sur la réception en l’honneur de nos anciens collègues retraités. “Non, je passe la TAP”, a tranché M.Gontara.

 

Une réception organisée par notre journal où tous les journalistes de La Presse étaient présents et le directeur décide arbitrairement de publier une dépêche de l’Agence Tunis Afrique Presse. C’est une honte que les journalistes de La Presse n’ont jamais vécue auparavant et n’ont toujours pas digéré.

 

Chers amis, je vous prend à témoin de l’arbitraire du directeur de La Presse. Si vous trouvez dans mon article le moindre écart, la moindre phrase censurable, n’hésitez pas à me le faire remarquer. Je compte sur vous pour l’effet boule de neige. Faites suivre l’article censuré et le texte qui l’accompagne à toutes vos connaissances. Je souhaite vivement que cet article censuré soit lu par le maximum de responsables dans ce pays, non pas par désir vaniteux d’être lu, mais pour qu’ils voient le niveau absurde et ubuesque que peut atteindre la censure dans notre journal qui, comme l’a dit M. Rafaa Dkhil, aurait dû être la locomotive qui tire l’information vers les hauteurs. Mais hélas! La Presse continue de s’enfoncer chaque jour un peu plus.

 

(*) Hmida Ben Romdhane (Hammam Chatt – Tunis), Journaliste à « La Presse de Tunisie » depuis 1986. Diplôme de 3éme cycle en sciences politiques à la Sorbonne.

 

(Source : le blog « Aire Libre » du journaliste Hmida Ben Romdhane, le 27 janvier 2008)

Lien : http://www.lastas.blogspot.com/


 

Courriers de la CEDH à un détenu censurés: la Pologne condamnée à Strasbourg

 

AFP, le 29 janvier 2009 à 14h25

 

STRASBOURG (Conseil Europe), 29 jan 2008 (AFP) – La Cour européenne des droits de l’Homme a condamné mardi la Pologne pour avoir censuré deux lettres qu’elle avait elle-même adressées à un

détenu.

 

En détention provisoire pour des délits criminels présumés, Dariusz Stepniak se plaignait d’avoir reçu en 2004 deux courriers de la CEDH dont les enveloppes portaient la mention “censure”. Il dénonçait une violation du respect du droit à la correspondance par les autorités pénitentiaires.

 

La Cour “n’a pas d’autre alternative que de penser que les deux lettres ont été ouvertes et lues” par autrui, observe l’arrêt qui reproche aux autorités de ne s’être appuyées sur aucun article de la loi polonaise pour justifier leur “ingérence” dans le droit au respect de la correspondance.

 

Les juges de Strasbourg ont attribué 500 euros au plaignant pour préjudice moral.

 

L’article 8 de la Convention européenne des droits de l’Homme indique qu’il ne peut y avoir ingérence d’une autorité publique dans le respect de la correspondance “que si elle est nécessaire à la sécurité nationale, à la sûreté publique ou à la protection des libertés d’autrui”.

 


 

Le Portugal rejette les accusations sur le transfert de détenus à Guantanamo

 

AFP, le 29 janvier 2009 à 14h56

 

LISBONNE, 29 jan 2008 (AFP) – Le gouvernement portugais a rejeté mardi les conclusions d’un rapport d’une ONG britannique, selon laquelle le Portugal aurait contribué au transfert de plus de 700

prisonniers vers le camp américain de Guantanamo, à Cuba. “Naturellement, nous rejetons les conclusions de ce rapport”, a déclaré le secrétaire d’Etat aux Affaires européennes Manuel Lobo

Antunes à l’agence de presse Lusa, dans une première réaction du gouvernement au rapport rendu public mardi par l’ONG Reprieve.

728 des 774 prisonniers qui sont passés par le camp de Guantanamo, situé sur l’île de Cuba, ont transité par le Portugal, indique l’ONG, qui dit se fonder sur des données officielles portugaises, ainsi que sur des informations du département américain de la Défense et des témoignages de prisonniers.

“Nous manifestons notre condamnation, notre rejet et aussi notre indignation”, a ajouté M. Lobo Antunes, soulignant que “le gouvernement portugais a fourni toutes les informations dont il dispose, en toute transparence”.

“La majorité des cas évoqués concernent le survol du territoire portugais par des appareils qui transporteraient –et cela n’a pas été prouvé– des détenus”, a-t-il déclaré. “Aucun élément n’indique que le Portugal a agi de façon illégale”, a conclu M. Lobo Antunes, se référant aux conclusions de

la commission d’enquête du Parlement européen, qui s’est penché sur cette affaire en décembre 2006.

 

AFP

 


 

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