28 janvier 2008

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TUNISNEWS
spp8 ème année, N°  2805 du 28.01.2008

 archives : www.tunisnews.net


Afrik.com: Terrorisme en Mauritanie : trois Maghrébins et un Mauritanien arrêtés

AFP: La Tunisie en libre-échange avec l’Europe pour les produits industriels

Reuters: Latécoère pourrait renforcer sa production en Tunisie

AFP: Obsèques à Amman du dirigeant palestinien historique Georges Habache

AFP: La pression monte en Mauritanie pour rompre les relations avec Israël

AFP: La Russie a livré la totalité du combustible nucléaire de Bouchehr à l’Iran

Me Kamel Chaabouni: sauvons les enfants de Felloujah en Irak !

Mizaanoun:

La réunion de  Crawford. 

ELKHADRA: « Un monde sans Islam » de Graham E. Fuller


Terrorisme en Mauritanie : trois Maghrébins et un Mauritanien arrêtés

Les autorités veulent mettre fin à l’influence des « étrangers porteurs d’idées salafistes »  

Deux Tunisiens, un Libyen et un Mauritanien ont été arrêtés ce week-end, en Mauritanie, en raison de leur proximité présumée avec les milieux terroristes salafistes. Dans le même temps, quatre personnes suspectées d’avoir aidé les assassins des quatre touristes français retrouvés morts près d’Aleg, le 24 décembre dernier, ont été inculpés par la justice. lundi 21 janvier 2008, par Zaïre Djaouane Avec Panapress, Nouakchott Au moins trois personnes d’origine maghrébine et un Mauritanien, considérés comme proches de la mouvance terroriste salafiste, ont été arrêtés ce week-end par la police mauritanienne, rapporte dimanche Al- Akhbar, un journal mauritanien proche des milieux islamistes modérés. Ces arrestations, confirmées par les services de sécurité, touchent des individus adeptes « d’une idéologie extrémiste », dans le cadre d’une campagne « visant la mise aux arrêts de tous les étrangers porteurs d’idées salafistes ayant des liens avec les jeunes Mauritaniens proches des milieux djihadistes », précise la même source. Selon Al-Akhbar, les individus arrêtés sont Naim Carboni, un Mauritanien qui étudie les sciences religieuses dans une école coranique, Wail Houssein (Tunisie), Abdel Kerim Karaoui (Tunisie) et Youssef Mohamed Makhzoum (Libye). Les services de police nationaux n’établissent toutefois pas un lien formel entre eux et les auteurs présumés de l’attentat qui a coûté la vie le 24 décembre dernier à quatre touristes français, près d’Aleg (260 km au sud-est de Nouakchott).

Quatre inculpations et quatre non lieu Quatre personnes suspectées d’avoir aidé les assassins des touristes français ont été inculpées ce dimanche de « fourniture de moyens logistiques permettant à des auteurs d’un acte terroriste de fuir et de se soustraire à la justice », selon une source judiciaire citée par l’AFP. Le procureur du tribunal de Nouakchott a requis un mandat de dépôt contre Moustapha Ould Abdel Kader, dit « Abou Said », soupçonné d’avoir commandité l’attaque, et Taki Ould Moulaye Ould Sinni, propriétaire de la voiture à bord de laquelle les assaillants ont gagné les lieux du crime. Il a recommandé le placement sous contrôle judiciaire du chauffeur qui avait conduit les assassins jusqu’au fleuve Sénégal, après qu’ils ont commis leur forfait, et du piroguier qui leur avait permis de le traverser. Quatre autres suspects ont en revanche bénéficié d’un non lieu pour « manque de preuves », dont deux femmes. Il s’agit de la cousine du troisième auteur présumé de l’attaque, Maarouve Mohamed Habib, en cavale et pour lequel Interpol a diffusé dimanche un avis de recherche international, et de l’épouse d’« Abou Saïd ». Extradés de Guinée-Bissau le 11 janvier dernier en compagnie de trois autres Mauritaniens soupçonnés de leur avoir « porté assistance », Mohammed Chabarnou (26 ans) et Sidi Ould Sidina (20 ans), deux des présumés auteurs des assassinats, sont actuellement placés en garde à vue et entendus par la Sûreté d’Etat.

(Source: Afrik.com le 21 janvier 2008)


La Tunisie en libre-échange avec l’Europe pour les produits industriels

TUNIS – La Tunisie est entrée en 2008 dans une zone de libre-échange avec l’Union européenne pour les produits industriels, dernière étape d’un processus progressif de franchise engagé en 1996, a indiqué lundi le ministre tunisien de l’Industrie Afif Chelbi. « La Tunisie devient ainsi le premier pays de la rive sud de la Méditerranée a avoir achevé les différentes étapes de la mise en place d’une zone de libre-échange avec l’Union européenne », a-t-il indiqué lors d’une conférence de presse conjointe avec le ministre du Commerce Ridha Touiti. Les deux ministres ont souligné le succès du processus étalé sur douze ans (1996-2007) conformément à l’accord d’Association conclu entre l’UE et la Tunisie en 1995 et entré en vigueur en 1998. M. Chelbi a évoqué une « étape historique » réussie de la modernisation du tissu industriel, réalisée avec l’appui de l’UE, et durant laquelle la Tunisie a gagné un point de croissance en moyenne par an. Ce succès est illustré par « la performance » de deux secteurs clés de l’économie tunisienne, le textile et les industries mécaniques et électriques. Les exportations textiles sont passés de 2 milliards de dinars à plus de 5 milliards en 2007, alors que les recettes du secteur mécanique-électronique ont augmenté de 100% pour atteindre 5,2 milliards en 2007 (1 dinar = 0,6 euro). Globalement, la Tunisie a quadruplé la valeur de ses ventes en Europe (4 milliards de dinars) alors l’importation de produits communautaires a triplé, soit un taux de couverture de plus de 98% en 2007, selon M. Chelbi. Le volume des investissements directs étrangers s’est multiplié par sept, le nombre d’entreprises créées en partenariat avec l’Europe est passé de 40 à 160 par an, plus de 2.000 unités européennes opèrent actuellement en Tunisie. La concurrence asiatique et les coûts élevés de production en Europe ont attiré plus d’entreprises en délocalisation, « la qualité et les courts délais » avantageant la Tunisie, géographiquement proche de l’UE, a-t-il affirmé. La Tunisie ambitionne de doubler l’investissement européen d’ici 2011, soit 2 milliards de dinars, dont 800 millions dans l’industrie. Les droits de douane supprimés seront remplacés par des taxes locales, les prix des biens importés de l’UE seront maintenus au même niveau pour les consommateurs tunisiens. Les produits tunisiens ont un accès libre au marché communautaire depuis 1989 et l’UE a engagé 946 millions d’euros pour l’accompagnement du processus tunisien entre 2002-2006. Le ministre du Commerce a annoncé le démarrage de négociations avec l’UE sur la libéralisation sur l’agriculture et les services en prélude au libre-échange intégral en 2012. (©AFP / 28 janvier 2008 19h07)


Latécoère pourrait renforcer sa production en Tunisie

 

Reuters, le 28 janvier 2008 à 13h04

 

TOULOUSE, 28 janvier (Reuters) – Latécoère  n’a pas souhaité commenter jeudi un article de La Dépêche du Midi selon lequel l’équipementier aéronautique envisagerait de construire une nouvelle usine en Tunisie.

« Nous pouvons seulement vous dire que nous organisons lundi prochain une conférence de presse à 10h00 GMT afin d’évoquer la future stratégie de notre groupe », a indiqué à Reuters Jean-Pierre Robert, directeur de la communication de l’équipementier aéronautique, l’un des principaux fournisseurs d’Airbus.

« Nous avions été mis au courant de ce projet d’installation en Tunisie par la direction et nous ne pouvons que regretter ce choix », a réagi de son côté Marc Berger, délégué CGT. Les syndicats avaient espéré qu’un site en France serait retenu.

Selon La Dépêche du Midi, qui cite des sources proches du dossier, la future usine tunisienne pourrait employer, à terme, un millier de personnes et serait spécialisée dans la fabrication de pointes avant pour Airbus.

« Ce chiffre de 1.000 emplois nous parait un peu gros mais pourquoi pas ! Ce qui est sûr, c’est que cette usine devrait bénéficier d’un transfert de charges de l’activité pointes avant, réalisée jusqu’ici sur le site de Méaulte », a estimé Marc Berger.

Latécoère a été sélectionné en décembre pour racheter auprès d’Airbus deux sites de production, celui de Méaulte et celui de Saint-Nazaire, dans le cadre du plan Power 8 lancé par l’avionneur européen. Le projet de la principale filiale du géant aéronautique EADS  prévoit la cession d’autres

sites sur le Vieux Continent et la suppression de 10.000 postes.

L’usine de Méaulte continuerait d’être spécialisée dans la fabrication de pointes avant mais serait plus spécifiquement tournée vers la fabrication de celles du futur A350 d’Airbus, un avion à doter de matériaux composites, a expliqué le délégué CGT.

Latécoère possède déjà deux usines en Tunisie ainsi que des unités de fabrication en République tchèque et au Brésil.

« Cette politique de délocalisation devrait s’amplifier encore dans les années à venir, a déploré le syndicaliste, le site de Méaulte n’est pas menacé mais nous sommes beaucoup plus inquiets en ce qui concerne le site de production de Toulouse qui emploie 300 personnes environ. A terme, il ne devrait plus rester à Toulouse que les bureaux d’études ».

Vers 11h55 GMT, le titre Latécoère reculait de 2,69% à 16,15 euros à la Bourse de Paris.

 

REUTERS


 

 

Obsèques à Amman du dirigeant palestinien historique Georges Habache

AFP, le 28 janvier 2008 à 12h26

 

 

AMMAN, 28 jan 2008 (AFP) – Près de 500 personnes ont participé lundi à Amman aux obsèques de Georges Habache, fondateur du Front populaire de libération de la Palestine (FPLP), le mouvement auteur des premiers détournements d’avions dans le monde.

 

Les obsèques du dirigeant, décédé ce week-end à Amman, à l’âge de 82 ans, ont été marquées par une bousculade à l’intérieur de l’église grecque orthodoxe du quartier de Sweifieh, une trentaine de

personnes ayant tenté de monter jusqu’à l’autel en arborant des drapeaux palestiniens et du FPLP ainsi que des portraits géants de Habache.

 

Le prêtre est intervenu pour appeler au calme dans l’église. Dix membres des forces de Badr, des forces palestiniennes de l’OLP basées en Jordanie, en uniforme mais sans armes, montaient la

garde autour du cerceuil exposé au centre de l’église et recouvert du drapeau palestinien, rouge, blanc, noir et vert.

 

Le président palestinien Mahmoud Abbas s’était fait représenter par le président du Conseil national palestinien (CNP) Sélim Zaanoun.

 

Habache devait être enterré ensuite au cimetière chrétien de Sahab (sud-est d’Amman).

 

Georges Habache est décédé samedi à l’hôpital d’Amman où il avait été admis dix jours plus tôt pour des problèmes cardiaques.

 

Né à Lydda (aujourd’hui Lod, en Israël) en 1925, il était malade depuis plusieurs années et avait décidé en 2003 de vivre en Jordanie, pays d’origine de son épouse.

 

Le président Abbas a présenté samedi son décès comme « une grande perte pour la cause palestinienne » et annoncé un deuil officiel de trois jours.

 

Avocat intransigeant du nationalisme palestinien, tribun révolutionnaire enflammant ses auditoires par son charisme, Georges Habache avait fondé le FPLP, basé à Damas, à la fin de l’année 1967,

se faisant ensuite constamment réélire secrétaire général de ce mouvement qui, dès sa naissance, devint une des composantes essentielles de la résistance palestinienne.

 

Le FPLP fut aussi l’auteur des premiers détournements d’avions et d’attentats notamment contre des appareils de la compagnie israélienne El Al, de sabotages d’oléoducs et d’attaques d’ambassades israéliennes.

 

Pédiatre diplômé de l’Université américaine de Beyrouth en 1951, Georges Habache avait animé en 1974 le « Front du refus » face aux pays arabes favorables à un compromis avec Israël et avait dénoncé

comme « capitularde » l’attitude  adoptée par la délégation palestinienne à la conférence de Madrid (1991).

 

AFP


La pression monte en Mauritanie pour rompre les relations avec Israël

AFP, le 28 janvier 2008 à 15h45

 

 

NOUAKCHOTT, 28 jan 2008 (AFP) – Le président de l’Assemblée nationale de Mauritanie, un de rares pays de la Ligue arabe à avoir des liens diplomatiques avec Israël, a appelé à « reconsidérer » des relations qualifiées de « honteuses » avec l’Etat hébreu, accentuant ainsi la pression sur les autorités.

C’est la première fois qu’un responsable mauritanien demande, officiellement et à ce niveau du pouvoir, de « reconsidérer » ces relations, établies en 1999.      Le président de l’Assemblée,

Messaoud Ould Boulkheir, est la troisième personnalité de l’Etat après le chef de l’Etat et le président du Sénat.

« Gaza est endolorie par les massacres de ses fils et par le bouclage, ce qui requiert des députés et du peuple mauritanien de demander au gouvernement de reconsidérer les relations honteuses

avec une entité qui tue nos frères, qui occupe leurs terres et les maintient sous le bouclage », a-t-il déclaré.

Ses propos ont été rapportés lundi par l’Agence mauritanienne d’informations (AMI). Il s’exprimait en arabe dans un discours prononcé dimanche à l’ouverture d’une session extraordinaire de l’Assemblée.

Cet appel intervient après de nouvelles tensions nées du blocus de la bande de Gaza par Israël depuis le 17 janvier, ce qui a provoqué des coupures d’électricité et des pénuries de produits de base, obligeant des centaines de milliers de Palestiniens à se rendre en Egypte pour se ravitailler.

Considérée comme un carrefour entre le Maghreb et l’Afrique subsaharienne, la République islamique de Mauritanie qui compte plus de 3 millions d’habitants, est un des rares pays de la Ligue arabe,

avec l’Egypte et la Jordanie, à entretenir des relations diplomatiques avec Israël.

 

AFP


La Russie a livré la totalité du combustible nucléaire de Bouchehr à l’Iran

 

AFP, le 28 janvier 2008 à 07h28

 

TEHERAN, 28 jan 2008 (AFP) – La Russie a livré la totalité du combustible destiné à la future centrale nucléaire iranienne de Bouchehr en acheminant lundi le huitième chargement, a rapporté l’agence officielle Irna.

 

« Avec l’arrivée du dernier chargement, la Russie a livré la totalité des 82 tonnes du combustible nucléaire, avec un degré d’enrichissement (de l’uranium) allant de 1,6% à 3,6%, ainsi que les équipements subsidiaires de la centrale de Bouchehr », a dit l’Organisation de la production et du développement de l’énergie nucléaire, dans un communiqué cité par Irna.

 

La Russie a commencé ses livraisons le 17 décembre 2007. Au total, huit chargements sont arrivés en Iran.

 

Le ministre iranien des Affaires étrangères Manouchehr Mottaki a affirmé fin décembre que la centrale de Bouchehr de 1.000 Mgw « démarrerait avec une capacité de 50% l’été prochain ».

 

Mais un porte-parole du constructeur russe Atomstroïexport a dit que Bouchehr « ne serait pas lancée avant fin 2008 ».

 

Après la livraison du premier chargement de combustible, la Russie avait estimé que l’Iran n’avait plus besoin de poursuivre son enrichissement d’uranium, un message repris par le président américain George W. Bush.

 

Les Etats-Unis et d’autres pays soupçonnent Téhéran de poursuivre des ambitions nucléaires militaires sous couvert de son programme civil. L’Iran refuse de suspendre ses activités d’enrichissement d’uranium, insistant sur le caractère pacifique de ce programme.

 

Les membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU (Chine, Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Russie) et l’Allemagne se sont mis d’accord la semaine dernière à Berlin sur un projet de

résolution renforçant les sanctions internationales pour forcer l’Iran à arrêter l’enrichissement d’uranium. Mais Téhéran a dit ne pas vouloir céder.

 


  SAUVONS LES ENFANTS DE FELLOUJAH EN IRAK !

 

Le quotidien britannique  » The Independant  » rapporte dans son édition du lundi 28 janvier 2008 , qu’une vingtaine d’enfants meurent tous les jours dans l’hôpital de Felloujah en Irak faute de soins, de médicaments et d’équipements hospitaliers.

 

Au moment où le peuple tunisien et sa frange intellectuelle se targuent de  » soutenir  » le peuple irakien frère dans son calvaire résultant de l’occupation américaine, qui a suivi son calvaire sous le régime baasiste de Saddam Hussein, et dont celui-ci est le principal responsable, nous ne pouvons rester passifs, nous tunisiens.

 

Ceux qui comme moi, ont soutenu l’invasion américaine car elle a apporté une certaine démocratie à l’Irak, et ceux qui s’y sont farouchement opposés. Nous ne pouvons regarder passivement des enfants innocents mourir faute de soins, nous devons faire quelque chose. Mettons en pratique nos slogans creux et aidons le peuple irakien et ses enfants.

 

Pour ce faire, j’appelle le gouvernement tunisien à charger le Croissant Rouge Tunisien de la mission de sauver les enfants de Falloujah. Il s’occupera d’affréter un avion, via le Koweït, afin d’amener les enfants en souffrance dans l’hôpital de cette ville, meurtrie par les terroristes, et les évacuer sur les hôpitaux tunisiens.

 

J’appelle aussi tous les citoyens tunisiens et tout particulièrement ceux qui font tant de bruit sur l’occupation américaine et ceux qui soutiennent la dite  » résistance  » irakienne à prendre à bras le corps et à se mobiliser afin de sauver les enfants de Falloujah.

 

J’appelle aussi le gouvernement tunisien à accorder l’asile politique à leurs familles ainsi qu’à tous les enfants qui ont perdu leurs parents. Les chrétiens d’Irak ne sont pas en reste, la Tunisie, qui se dit terre de tolérance, encore un slogan creux, doit accorder l’asile à tous les chrétiens irakiens qui le demandent. Les chrétiens d’Irak sont la cible des terroristes islamistes en Irak, leurs églises sont attaquées et détruites et leurs membres lâchement assassinés.

 

De notre part, les citoyens, et surtout ceux qui fustigent l’occupation américaine de l’Irak, et qui malheureusement soutiennent objectivement les islamistes et les terroristes d’al-Qaïda, doivent mettre la main dans le portefeuille et verser une contribution de quelques dinars au Croissant Rouge Tunisien, appelé à se charger d’une mission de sauvetage des enfants de Falloujah. Pour ma part, je mets à la disposition du CRT la somme modique de mille dinars tunisiens.

 

Me Kamel Chaabouni

 

Paris 28 janvier 2008

Kamelchaabouni@yahoo.fr

 


 

La réunion de  Crawford. 

(Ce que signifie la légalité internationale aux yeux de l’Administration américaine.)

 
Par : Mizaanoun   Deux organisations américaines «Center for public Integrity » et « Fund for indepence in journalism » viennent de publier une longue étude dans laquelle ils ont recensé, pour la période qui s’étend entre le 11 septembre 2001 et 2003, au moins 935 mensonges de l’Administration Bush pour justifier l’invasion de l’Irak[1]. L’étude intitulée « Faux prétextes » est largement documentée et on peut bien consulter sur internet. L’ensemble de ces affirmations et déclarations mensongères sont réparties principalement sur les quatre personnages de l’Administration. La grande part revient au président Georges W.Bush. Le reste se les partagent le vice président Dick Cheney, Condoleeza Rice et Colin Powell. Pour conclure, les auteurs de l’étude se demandent pourquoi, le Congrès  n’a jamais ouvert une enquête et accusent les médias – à part quelques mea-culpa – d’avoir largement contribué à valider tous ces mensonges.   Probablement le plus gros de tous ces mensonges est celui qui a été cuisiné au cours de  la réunion qui s’est tenue dans le Ranch de la famille Bush à Crawford au Texas et le sommet à trois qui s’est tenu à 48 heures de l’invasion de l’Irak aux Açores et dont voici les détails :   Le rapport officiel de  la réunion tenue entre deux des trois personnages de premier plan à l’époque, Georges W. Bush et José Maria Aznar, l’ex chef du gouvernement espagnol, durant les préparatifs de guerre contre l’Irak et fait public au mois de septembre dernier[2], révèle  à quel point le premier incarne le gangstérisme le plus terrifiant de l’histoire au niveau planétaire et le deuxième  celui du  mépris total et non moins terrorisant des lois et des droits des peuples. Le contenu de cette réunion constitue un document historique exceptionnel qui vaut bien  la peine d’être reproduit tel qu’il a été publié précédé du prologue suivant du rédacteur[3]:   « Quatre semaines avant l’invasion de l’Irak, qui va se produire dans la nuit du 19 au 20 mars 2003, Georges W. Bush avait publiquement maintenu ses exigences à Saddam Hussein en ces termes : Le désarmement ou la guerre. Mais à porte fermée, Bush reconnaissait, que quoi qu’il arrive, la guerre était bien décidée. C’est le point de non retour. Durant une longue conversation privée avec le président du gouvernement espagnol à l’époque, José Maria Aznar, célébrée le samedi 22 février 2003 dans le ranch familial, de Crawford au Texas, Bush laissait bien clair, que le moment de se débarrasser de Saddam Hussein était venu. Il ne reste  plus que deux semaines et nous serons fins prêts militairement. Nous serons à Bagdad à la fin de mars  disait Bush à Aznar.   Dans le cadre de ce plan, Bush avait finalement accepté, le 31 janvier 2003, à la suite d’une entrevue avec le premier ministre britannique Tony Blair, d’introduire une manœuvre diplomatique, c’est-à-dire, essayer de faire voter une seconde résolution au Conseil de Sécurité des Nations Unies. L’objectif, à travers cette nouvelle résolution, consisterait à ouvrir une voie légale à la guerre unilatérale que les États-Unis se préparaient à engager avec 200.000 militaires qui se trouvaient déjà dans la région et qui n’attendaient plus, pour passer à l’action, que l’ordre du Commandant suprême des forces armées, Georges W. Bush.   Bush était bien conscient des difficultés internes de Tony Blair et n’ignorait pas non plus celles d’Aznar. Seulement sept jours avant cette réunion dans le ranch de Crawford, trois millions de personnes avaient manifesté, dans toutes les grandes villes d’Espagne, contre la guerre. C’est pourquoi Aznar avait-il jugé utile de faire remarquer à Bush la nécessité de compter avec son soutien : Nous avons besoin d’aide pour faire face à notre opinion publique, disait Aznar. Ce à quoi Bush va   répliquer : Ne t’en fais pas la résolution sera rédigée de la meilleure manière à vous donner pleine satisfaction sur ce point. Quant à moi le contenu m’est égal, disait-il. Ce, à quoi Aznar a répondu : ce texte nous permettra de le faire souscrire par beaucoup de gouvernements qui seront en même temps des co-auteurs. Ainsi donc Aznar, en accord avec Blair, offre une couverture européenne à Bush. Le rêve d’Aznar de raffermir des relations avec les États-Unis, semblables à celles du Royaume Uni était sur le point de devenir une réalité.   Aznar accompagnée de sa femme, Anna Botella, avait commencé le voyage aux États-Unis le 20 février. En route il fait escale à Mexico et tente de persuader vainement Vicente Fox à donner son appui à Bush. Le 21 le couple accompagné des collaborateurs du président arrive au Texas. Aznar et son épouse  passent leur première nuit dans la maison des invités dans le ranch.   Le lendemain samedi, vont prendre part à la réunion le président Bush, sa Conseillère à l’époque pour la Sécurité Nationale, Condolezza Rice et le responsable du Conseil de la Sécurité Nationale, Daniel Fried. De son côté, Aznar était accompagné de son conseiller de politique internationale, Alberto Carnero et de l’ambassadeur d’Espagne à Washington, Javier Ruperez. Au cours de la réunion, Bush et Aznar ont eu une conversation téléphonique à quatre avec le premier ministre britannique Tony Blair et le président du gouvernement italien Sylvio Berlusconi. L’ambassadeur Javier Ruperez traduisait de l’anglais à l’espagnol pour Aznar et de l’italien à l’anglais pour Condolezza Rice, alors que deux autres interprètes le faisaient pour Bush. C’est bien Javier Ruperez qui était chargé de rédiger le rapport de la conversation ou mémorandum qui va rester secret jusqu’à aujourd’hui. (Il s’agit de la date du 26 septembre 2007 quand il a été rendu public à travers l’article en question.)   La conversation est impressionnante pour le ton direct et amical qui a été employé mais aussi pour les menaces à l’adresse, par exemple,  des pays comme le Mexique, le Chili, l’Angola, le Cameroun et la Russie qui étaient les membres du Conseil de Sécurité des Nations Unis et desquels on s’attendait à ce qu’ils votent en faveur de la nouvelle résolution, faisant ainsi preuve de leur amitié envers les États-Unis, sinon qu’ils devraient  s’attendre aux  conséquences inévitables.   Il est à signaler qu’aucune expectative n’était attendue du résultat du travail des inspecteurs dont le chef, Hans Blix, une semaine auparavant, le 14 février avait réfuté les thèses accompagnées « d’indices solides » et exposées  devant le Conseil de Sécurité le 5 février 2003 par le Secrétaire d’État nord américain Colin Powell. Ce dernier a été chaleureusement appuyé par la ministre des affaires étrangères espagnole, Anna Palacio. Ces mêmes affirmations seront qualifiées plus tard, par le même Powell, d’un ramassis de faux, d’aberrations et de falsifications.   Le rapport de Blix. L’Irak, selon Blix, avançait bien sur la voie d’une coopération active afin de résoudre l’affaire du désarmement en question. Le ton était moins réprobateur que celui venu dans le rapport du 27 janvier 2003. « Depuis notre arrivée en Irak, il y a trois mois, nous avons réalisé plus de 400 inspections à l’improviste dans 300 endroits différents. Jusque là, nous n’avons trouvé aucune arme interdite… Si I’ Irak se décide à coopérer encore plus étroitement, les inspections pourraient s’achever rapidement » signalait donc le chef des inspecteurs.   Le directeur général de l’Organisme Internationale de l’Énergie Atomique (OIEA), Mohammed El Baradai, quant à lui, rapporte le 14 février que quelques questions techniques restaient encore à éclaircir et ajoute : « Il n’y a plus de problème de désarmement à résoudre. On n’a trouvé aucune preuve qui indique que l’Irak serait engagé dans des activités nucléaires ou ayant une relation quelconque avec l’énergie nucléaire.» C’était un autre démenti aux affirmations maintenues par Powell sur un programme nucléaire irakien.   Les résultats des inspections ainsi que les préparatifs de guerre des États-Unis, vont mener Bush à fixer le commencement des opérations militaires pour la date du 10 mars 2003. Date à laquelle seront ajoutés neuf jours pour tenter d’obtenir la deuxième résolution du Conseil de Sécurité des Nations Unis. La procédure de persuasion morale employée par Aznar et sa ministre Anna de Palacio à coup de téléphone et réunions bilatérales n’ont finalement réussi qu’à capter quatre votes favorables. Ceux des trois promoteurs et celui de la Bulgarie. Alors qu’il aurait fallu neuf votes.   L’échec pour obtenir cette couverture légale à une guerre imminente va entraîner Bush à concerter avec Blair et Aznar, la célébration, le 16 mars 2003, d’un sommet sur les îles des Açores à mi-chemin dans l’atlantique. Un lieu suggéré par Aznar comme alternatif aux îles Bermudas pour une raison que lui-même expliqua à Bush en ces termes : « Le seul nom des ces îles qui s’associe dans les esprits à un vêtement, n’en fait pas précisément le lieu le plus idéal face à  la gravité du moment dans lequel nous nous trouvons. »  Là-bas, le 16 mars, Bush, Blair et Aznar décidèrent de se substituer au Conseil de Sécurité des Nations Unies et usurpèrent ses fonctions pour déclarer, pour leur compte et risque, la guerre contre l’Irak. Dans la matinée du 17 mars, l’ambassadeur du Royaume Uni aux Nations Unies, annonce à New York, le retrait de la seconde résolution. Le revers durant la votation aurait ajouté plus de complication à la course folle vers la guerre.   Ci qui suit est donc l’extrait de la conversation de Crawford fait public par le journal El Pais sous le titre : « Le moment est venu de se débarrasser de Saddam. »   Président Bush : Nous sommes bien d’accord pour tenter d’obtenir une deuxième résolution au Conseil de Sécurité. Mais nous voulons le faire rapidement. Nous voulons l’annoncer dès le lundi ou le mardi (Le 24 ou 25 février 2003)   Président Aznar : Ça serait mieux le mardi, au lendemain de la réunion du Conseil des Affaires Générales de l’Union Européenne. Il est important de maintenir  le momentum [l’impulsion] obtenu par la résolution à la réunion de l’Union Européenne au sommet. (Bruxelles, lundi 17 février 2003). Nous préférons donc attendre jusqu’à mardi.   PB : Ça pourrait être le lundi après-midi en tenant compte de la différence horaire. De toute manière la semaine prochaine. Nous veillerons à ce que le texte de la résolution ne contienne pas d’éléments obligatoires, qu’il ne soit pas fait mention de l’usage de  force, mais qui fasse bien constater que Saddam Hussein soit signalé comme récalcitrant  quant à l’accomplissement de  ses obligations. Une résolution pareille pourrait bien être votée par beaucoup de monde. Ça sera quelque chose semblable à celle obtenue dans l’affaire du Kosovo (Le 10 juin 1999).   PA : Est-ce qu’on la présentera devant le Conseil de Sécurité avant et indépendamment d’une déclaration parallèle ?   Condolezza Rice : Au fond il n’y aura pas de déclaration parallèle. Nous sommes en train de penser à une résolution la plus simple possible, sans détails à accomplir qui pourraient servir simplement à ce que Saddam Hussein les utilise pour gagner du temps et par conséquent ne pas les accomplir. Nous sommes en train de parler avec Blix (Le chef des inspecteurs de l’ONU) et d’autes équipes pour avoir une idée qui servira à la présentation de la résolution.   PB : Saddam Hussein ne changera pas et continuera son jeu. Le moment est venu pour s’en débarrasser. Oui c’est ça. Moi, de mon côté, à partir de ce moment, je tâcherai d’utiliser la rhétorique la plus subtile possible, tout en cherchant à faire approuver la résolution. Si quelqu’un oppose son droit de veto (La Russie, la Chine, la France possèdent aussi bien que les États-Unis et le Royaume Uni ce droit de veto au Conseil de Sécurité en leur qualité de membres permanents), nous autres nous irons de l’avant. Nous avons fait preuve, jusqu’à présent, preuve d’une patience incroyable. Il nous reste deux semaines et nous serons militairement prêts. Je crois que nous réussirons à faire voter cette seconde résolution. Au Conseil de Sécurité nous avons les trois africains (Le Cameroun, l’Angola et la Guinée), les chiliens et les mexicains. Je parlerai avec eux tous. Et naturellement aussi avec Poutine. Mais en tout cas c’est sûr nous serons à Bagdad vers la fin du mois de mars. Il existe 15% de possibilité à ce que jusqu’à ce moment Saddam Hussein serait déjà mort ou aurait quitté le  pays. Mais cette probabilité n’avait pas existée pas avant que nous ayons démontré notre détermination. D’autre part les égyptiens sont en train de dialoguer avec Saddam Hussein. Il parait qu’il leur a fait parvenir le message selon lequel il serait disposé à prendre le chemin de l’exil à condition de lui permettre de prendre 1,000.000.000 milliard de dollars et tous les documents sur les armes de destructions massives. De son côté Kadhafi aussi aurait dit à Berlusconi que Saddam Hussein voudrait bien partir. Moubarak nous a dit encore, que dans les circonstances actuelles, il y a des fortes chances qu’il soit assassiné. Nous aimerions bien agir par mandat des Nations Unies. Sur le plan militaire, nous le ferons avec précision en ciblant bien nos objectifs. Nous pulvérisons en premier lieu, les forces loyales au régime et ainsi les troupes régulières seraient prises de panique et saisiront immédiatement à quoi elles s’exposaient. Nous avons envoyé des messages bien clairs aux généraux de Saddam Hussein : Nous les traiterons en criminels de guerre. Nous savons qu’ils ont stocké des quantités considérables de dynamites de quoi faire sauter les ponts et d’autres infrastructures ainsi que les champs pétrolifères. Justement notre priorité est bien d’occuper immédiatement ces champs. Les saoudiens, pour nous appuyer, sont disposés à garantir l’approvisionnement du marché de tout le pétrole nécessaire. Nous sommes en train de confectionner des paquets d’aide humanitaire très importants. Nous pourrions gagner la guerre sans nécessité de destructions. Nous sommes en train de préparer un programme pour la construction d’un Irak post-Saddam. Je crois qu’il y a suffisamment de fondements pour un futur meilleur. L’Irak a une bonne administration et une société civile relativement forte. On peut politiquement organiser le pays en une fédération. Entre temps nous sommes en train de fournir à nos amis et alliés, irakiens tout le nécessaire.   PA : Néanmoins il reste très important de compter avec une résolution. Ce n’est pas la même chose d’agir avec une résolution et sans elle. Au fait il est beaucoup plus important d’avoir la majorité de notre côté, même si quelqu’un fasse usage de son droit de veto. Nous pensons que dans le contenu de la résolution, il faut bien mentionner  que Saddam Hussein ait perdu sa dernière chance.   PB : Oui, ça va de soi. Ça serait beaucoup mieux de faire cela que de faire références aux « moyens nécessaires ». (Ici il fait allusion à la résolution type de l’ONU qui autorise l’usage de tous les moyens nécessaires, c’est-à-dire la force militaire.)   PA : Nous devons faire diffuser amplement l’idée que Saddam Hussein ne coopère pas et refuse de se désarmer. Puis faire un résumé bien rédigé dans lequel on met en relief, le fait qu’il n’a pas respecté ses engagements. Ce qui permettra, par exemple, au Mexique de bouger (On se réfère ici à un changement de la position de ce pays qui est contraire à cette deuxième résolution, chose qu’Aznar croit avoir lu sur les lèvres de Vicente Fox durant l’escale qu’il a faite le 21 février à Mexico.)   PB : Bon la résolution sera conçue, dans la mesure du possible, pour te donner satisfaction. Son contenu m’est absolument égal.   PA : On te fera parvenir des différents textes.   PB : Nous autres nous n’avons aucun texte. Nous avons uniquement un critère: Saddam Hussein doit se désarmer. Nous ne voulons pas qu’il dilate le temps jusqu’à l’arrivée de l’été. De toute manière il a eu quatre mois dans cette dernière étape. C’est un temps plus que suffisant pour se désarmer.   PA : Ce texte nous sera bien utile et nous aidera à le cautionner, être ses co-auteurs et obtenir ainsi l’aval de beaucoup d’autres gens.    PB : Parfait.   PA : Mercredi prochain (Le 26 février 2003) je rencontre le président Chirac. Entre temps la résolution aura déjà commencé à circuler.   PB : Ça me paraît très bien. En tout cas Chirac connaît parfaitement la réalité et ses services de renseignement l’ont bien informé là-dessus. Les arabes ont transmis à Chirac un message très clair : Saddam Hussein doit être éliminé. Mais le problème c’est que Chirac soit en train de jouer le « Mister Arab », mais la réalité est en train de leur rendre la vie impossible. Moi je ne veux avoir aucun litige avec lui. Nous avons des points de vue différents et j’aimerais bien que les choses s’arrêtent là. De toute manière transmets-lui les meilleurs sentiments de ma part. Franchement, plus il se rend compte qu’il y a  moins de rivalités entre nous, plus ça sera mieux pour tout le monde.   PA : Comment on va introduire le rapport des inspecteurs dans le texte de la résolution ?   Condolezza Rice : Au fait il n’y aura pas de rapport le 28 février, sinon les inspecteurs présenteront un récit écrit le 1 mars et leur comparution ne se produira pas avant le 6 ou le 7 mars 2003. On ne s’attend pas à grand-chose de ce rapport. Comme dans les précédant ça sera moitié – moitié. Je crois que Blix sera cette fois-ci plus sceptique dans son jugement sur la volonté des irakiens. Après la comparution des inspecteurs devant le Conseil de Sécurité, nous devrons prévoir le vote sur la résolution une semaine plus tard. Entre temps les irakiens vont essayer de faire croire qu’ils accomplissent leurs obligations. Ça sera ni vrai ni suffisant, même quand ils affirment avoir détruit quelques missiles.   PB : C’est comme la torture chinoise à l’eau. Nous devons en finir avec tout ça.   PA : Je suis entièrement d’accord, mais ça sera toujours mieux d’avoir le maximum de gens de notre côté. Ayons encore un peu de patience.   PB : Ma patience est déjà épuisée. Je ne pense pas retarder au-delà de la mi-mars.   PA : Je ne te demande pas d’avoir une patience illimitée. Seulement je te demande de faire tout le possible afin que tout concorde.   PB : Des pays comme le Mexique, le Chili, l’Angola et le Cameroun doivent comprendre que ce qui est en jeu, c’est la sécurité des États-Unis et qu’ils doivent agir dans le sens amical, à notre faveur. Lagos (Le président du Chili) doit savoir que les Accords du Libre Commerce signés avec le Chili, se trouvent à l’attente d’être confirmés par le Sénat et que toute position négative dans cette affaire pourrait compliquer leur ratification. L’Angola reçoit des subsides du Millenium Account (La Caisse du Millenium) et s’il ne se montre pas coopérant, il risque de les perdre. Quant à Poutine avec son attitude, il est en train de mettre en péril les relations de la Russie avec les États-Unis.   PA : Tony voudrait bien qu’on arrive jusqu’au 14 mars.   PB : Moi je préfère le 10. Bon ça c’est comme un  jeu entre bons et méchants policiers. Moi je m’en fous d’être dans le rôle du mauvais policier et que Blair garde celui du bon.   PA : C’est vrai qu’il existe une quelconque possibilité que Saddam Hussein s’exile ?   PB : Oui, cette possibilité existe y même qu’il soit assassiné.   PA : Y a-t-il une garantie quelconque à cet exil ?   PB : Aucune garantie. C’est un malfaiteur, un terroriste et un criminel de guerre. Comparé à Saddam Hussein, Milosevic serait une Mère Theresa. Quand nous serons là, nous allons découvrir beaucoup de crimes et on l’emmènera devant le Tribunal International de Justice de la Haye. Saddam Hussein croit qu’il a déjà échappé. Il croit que la France et l’Allemagne ont réussi à détenir la procédure qui démontre sa culpabilisation. Il croit aussi que les manifestations de la semaine passée (Du samedi 15 février 2003) vont le protéger. Mais les gens de son entourage savent bien que les choses sont différentes. Ils savent que leur futur se trouve soit dans l’exil, soit dans le cercueil. C’est pour cela qu’il faut maintenir la pression. La seule stratégie de Saddam Hussein, c’est ajourner, ajourner et ajourner.   PA : En vérité, le plus grand succès serait de gagner sans avoir à tirer un seul coup de feu et entrer victorieusement à Bagdad.   PB : Pour moi ça serait aussi la solution parfaite. Moi je n’ai pas envie de guerre. Je sais ce que sont les guerres. Je sais, ça signifie la destruction et la mort qu’elle entraîne. C’est moi qui dois consoler les mères et les veuves des morts. Bien sûr, pour nous ça serait la meilleure solution. Et en plus ça nous permet d’économiser 50, 000.000.000 milliards de dollars.   PA : Nous avons besoin de l’aide pour affronter notre opinion publique.   PB : Nous ferons tout ce que nous pouvons. Mercredi je vais prononcer un discours sur ce qui se passe au Moyen Orient, je proposerais un nouveau plan de paix, je parlerai des armes de destruction massive, des bénéfices d’une société libre et je situerai l’histoire de l’Irak dans un contexte beaucoup plus ample. Ça pourrait vous servir.   PA : Ce que nous sommes en train de faire va permettre  un changement radical pour Espagne est pour les espagnols. Nous sommes en train de changer la politique suivie par le pays durant les deux derniers siècles.   PB : Moi, comme toi je suis guidé par le sens historique de la responsabilité qui m’incombe. Sinon dans quelques années, l’Histoire nous jugera et les gens se demanderont, mais pourquoi, Bush, Blair et Aznar, n’ont pas fait face à leurs responsabilités. Au fond ce que les gens désirent, c’est être libres. Il y a quelque temps, en Roumanie, je m’en souviens de l’exemple de Ceausescu : Il a suffi qu’une femme le traite en public de menteur et tout l’appareil de répression s’est écroulé. C’est le pouvoir invincible de la liberté. Je suis sûr qu’on réussira à avoir la résolution.   PA : C’est encore mieux.   PB : C’est moi-même qui ai pris la décision d’aller au Conseil de Sécurité et ce malgré les divergences qui ont surgi au sein de mon administration. À mes collaborateurs je leur ai dit que nous devons travailler ensemble avec nos amis. Ça sera fantastique qu’on obtienne cette seconde résolution.   PA : Ce qui me préoccupe en toi c’est ton optimisme.   PB : Je suis optimiste, parce que je sais que j’ai raison. J’ai la conscience tranquille. Il nous incombe de faire face à une menace contre la paix dans le monde. Je suis exaspéré par l’absence de sensibilité des européens devant les souffrances qu’inflige Saddam Hussein aux irakiens. Sera-t-il parce qu’il a la peau brune, qu’il soit musulman et loin d’eux, que les européens pensent qu’on puisse laisser faire et qu’en sa compagnie tout va le meilleur du monde ? Je n’oublie pas ce que m’a dit une fois Solana[4] : que nous les américains nous  pensons que les européens soient antisémites et incapables de faire face à leurs responsabilités. Cette attitude défensive est terrible. Je dois reconnaitre, qu’avec Kofi Annan, je maintiens d’excellentes relations.   PA : Je partage tes préoccupations morales.   PB : Les critiques des européens ne font que me renforcer à l’intérieur des États-Unis.   PA : Nous devrons agir de manière à ce que ce renforcement  soit bien perçu par les européens. »   Il n’y a pas eu de démenti ni d’un côté ni de l’autre sur ces révélations. Seul le parti de M. Aznar a critiqué du bout des lèvres le gouvernement pour avoir, dit-il, fouillé dans le tiroir des secrets de l’état. Pour le reste la totalité de l’article a été reproduite dans plusieurs journaux dans le monde. Mais tout indique que les intellectuels des élites officielles arabes, n’y avaient rien trouvé de terrifiant de  nature à secouer la sérénité de leur âme. Ils continuent avec leurs vices et leurs obscénités à s’attaquer aux peuples qui se souvlèvent et se dérobent lâchement  derrière une légalité internationale qui n’existe que dans leur morbide imagination.       [1] http://www.liberation.fr/actualite/monde/305699.FR.php   [2] Voir El Pais du 26 septembre 2007 page 18   [3] Il s’agit du journaliste Ernest Ekaizer.   [4] Javier Solana est le ministre des affaires étrangères de la Communauté Européenne.

BOURSES D’ETUDE

 

Chers Collègues,

 

L’université Nice-Sophia Antipolis propose, dans le cadre d’un projet européen Erasmus Mundus contracté avec le Maghreb, des bourses de mobilité pour un groupe-cible dit N°3 dont la définition, fournie par la commission européenne, est la suivante : « Personnes en situation vulnérable : réfugié, demandeur d’asile, ou personne ayant fait l’objet d’une discrimination injustifiée sur critère racial, ethnique, religieux, politique, de genre ou sexuel ».

 

Ainsi, ce projet offre 4 mobilités d’études du Maroc en direction de l’Europe. Les universités d’accueil possibles sont celles de Nice, Toulouse III, Turin et Barcelone.

 

Ces 4 bourses sont réparties de la façon suivante :

 

– 1 bourse de niveau licence, durée 10 mois, 1000 euro mensuels

– 1 bourse de niveau master, durée 12 mois, 1000 euro mensuels

– 1 bourse de niveau doctorat, durée 18 mois, 1500 euro mensuels

– 1 bourse de niveau post-doc, durée 10 mois, 1800 euro mensuels

 

Les frais de transport et d’assurance sont aussi pris en charge par le projet.

 

L’université de Nice propose une candidature en ligne sur le site www.imageen.org. Toutes les mobilités doivent se réaliser avant le 15 mai 2008, et les candidatures doivent être recueillies au plus vite afin de paraître dans une liste qui doit être envoyée à la commission européenne fin février.

 

Pour plus de questions, vous pouvez contacter Julien GAERTNER : julien.gaertner@unice.fr,

Tel :+33(0)4 92 07 60 74. Il souhaiterait aussi pouvoir être mis en relation avec vos collègues en Tunisie et en Algérie où les mêmes possibilités de financement s’appliquent.

 

(Source : ELKHADRA N° 91, diffusé le 27 janvier 2008)

Lien : http://elkhadra.over-blog.com/article-16036156.html

 

 

Un monde sans Islam

 

C´est un article riche, passionnant et intéressant. Et il est d´autant plus intéressant que son auteur est un ex-vice président d´une entité de la CIA.

 

Il essaye d´imaginer la situation de l´humanité dans un monde où l´Islam n´aurait pas vu le jour. Un souhait où, faute de pouvoir revenir dans le temps pour tuer le bébé dans l´œuf, beaucoup de forces dépensent des fortunes et déploient des énergies pour étouffer l´Islam de libération et le réduire à des pratiques folkloriques.

 

Alors quelle aurait été l´évolution de ce monde ? Je vous laisse lire le texte de Graham E. Fuller pour découvrir ce qu´on serait devenu. L´on pourra formuler des remarques sur les hypothèses, l´analyse ou les conclusions de l´auteur et sur son emploi des termes comme terrorisme et terroriste sans définir le contenu. Mais pour un ex-agent de la CIA, il a au moins le mérite de reconnaître que ce chaos que nous vivons aujourd´hui est dû principalement aux agressions impérialistes de l´Occident.

 

Une dernière chose, j´aurais aimé que l´auteur, avec ses grandes connaissances géopolitiques et historiques, fasse le même exercice en imaginant un monde sans le mouvement sioniste, et par conséquent sans l´état d´Israël. Mais ça serait peut-être trop lui demander, n´est ce pas ? Quelqu´un pourrait-il objectivement émettre cette hypothèse de travail sans risquer sa mort intellectuelle ?

 

 

IYAD ABBARA

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Un monde sans Islam

 

Par *Graham E. Fuller

 

Foreign Policy

 

Imaginez, si vous le souhaitez, un monde sans l´Islam – une situation, il faut l´admettre, inconcevable, vu la place centrale qu´il occupe dans nos titres de nouvelles quotidiennes. L´Islam semble être derrière un large éventail de désordres internationaux : attentats suicides, voitures piégées, occupations militaires, luttes de résistance, émeutes, fatwas, jihad, opérations de guérilla, vidéos de menace et le 11/9 lui-même. « L´Islam » semble offrir une pierre de touche (un standard de mesure) analytique simple et instantanée, nous permettant de bien comprendre le monde convulsif d´aujourd´hui. En effet, pour quelques néoconservateurs « l´Islamo fascisme » est maintenant notre ennemi juré dans une imminente « troisième guerre mondiale ».

 

Mais permettez-moi un peu. Et s´il n´y avait pas une telle chose comme l´Islam ? Et s´il n´y avait jamais eu de Prophète Mohammed, ni de saga de propagation de l´Islam à travers des grandes parties du Moyen Orient, de l´Asie et de l´Afrique ?

 

Etant donné notre actuelle focalisation sur le terrorisme, la guerre et l´antiaméricanisme rampant – l´un des sujets internationaux le plus émotionnel aujourd´hui -, il est vital de comprendre les vraies sources de ces crises. Est-ce l´Islam la source du problème, ou est-ce que cette source ne se trouve plutôt du côté de facteurs moins clairs et plus profonds ?

 

Pour l´intérêt de l´argumentation, dans un effort d´imagination historique, faites-vous une image d´un Moyen Orient dans lequel l´Islam n´est jamais apparu. Serions-nous alors épargnés de beaucoup des défis qui se trouvent aujourd´hui devant nous ? Le Moyen Orient serait-il plus pacifique ? De combien le type des relations Est-Ouest serait-il différent ? Sans l´Islam, il est sûr que l´ordre international présenterait une image très différente de celle d´aujourd´hui. Ou le ferait-il ?

 

ET SI PAS D´ISLAM, ALORS QUOI ?

 

Depuis les premiers jours d´un large Moyen Orient, l´Islam a visiblement façonné les normes culturelles voire même les préférences politiques de ses disciples. Comment pouvons-nous alors séparer l´islam du Moyen Orient ? Comme il s´avère, ce n´est pas très difficile à imaginer.

 

Commençons par l´aspect ethnique. Sans l´Islam, le visage de la région va rester complexe et confus. Les groupes dominants au Moyen Orient — Arabes, Perses, Turcs, Kurdes, Juifs (est-ce un groupe ethnique ? et que représente ce groupe quantitativement ?, ndt.), voire Berbères et Pachtounes – continueront à dominer la scène politique. Prenez les Perses à titre d´exemple : Longtemps avant l´Islam, les empires persans successifs se sont étendus jusqu´aux portes d´Athènes et étaient les rivaux perpétuels de quiconque habita l´Anatolie. Des peuples sémites contestant cette hégémonie ont combattu les Perses à travers le croissant fertile jusqu´à dans l´Irak. Et puis il y a les forces puissantes des diverses tribus et des commerçants arabes s´étendant et migrant dans d´autres régions sémites du Moyen Orient avant l´Islam. Les Mongoles auraient tout de même envahi et détruit les civilisations de l´Asie centrale et beaucoup du Moyen Orient dans le 13e siècle. Les Turcs aurait aussi conquis l´Anatolie, les Balkans jusqu´à Vienne et une grande partie du Moyen Orient. Ces luttes — pour le pouvoir, le territoire, l´influence et le commerce – existaient bien avant l´arrivée de l´Islam.

 

Cependant, c´est trop arbitraire d´exclure complètement la religion de l´équation. Si en réalité l´Islam n´a jamais émergé, la majeure partie du Moyen Orient serait restée essentiellement chrétienne avec ses diverses sectes comme cela a été le cas à l´aube de l´Islam. En dehors de quelques Zoroastriens et un petit nombre de Juifs, pas d´autre religion majeure n´était présente.

 

Mais est ce que l´harmonie avec l´Ouest aurait-elle régné si le Moyen Orient était resté chrétien ? On va trop loin. Nous devrions assumer que le monde européen médiéval agité et expansif n´avait pas étendu son pouvoir et son hégémonie à ses voisins de l´Est, en recherche des prises économique et géopolitique. Après tout, qu´est ce que ce seraient les Croisades si ce n´étaient pas une aventure occidentale menée essentiellement par des besoins politique, social et économique ? La bannière du christianisme était un peu plus qu´un symbole fort, un cri mobilisateur pour bénir les besoins profanes des Européens puissants. En effet, la religion particulière des autochtones ne figurait jamais en tête des causes de l´expansion impériale de l´Occident à travers la planète. L´Europe a pu parler d´une manière édifiante de porter « les valeurs chrétiennes aux autochtones », mais l´objectif évident était d´établir des avant-postes coloniaux comme sources de richesse pour la métropole et des bases pour l´expansion du pouvoir occidental.

 

Ainsi il est improbable que les habitants chrétiens du Moyen Orient aient bien reçu le flux des flottes européennes et leurs marchands soutenus par les fusils occidentaux. L´impérialisme aurait prospéré dans le mosaïque ethnique complexe de la région–La matière brute du vieux jeu de diviser pour mieux régner. Et les Européens auraient toujours installé les mêmes dirigeants locaux pliables pour satisfaire leurs besoins.

 

Avançons l´heure à l´époque du pétrole au Moyen Orient. Les états du Moyen Orient, même si chrétiens, aurait-ils bien accepté l´établissement des protectorats européens sur leur région ? Certainement pas ! L´Occident aurait toujours construit et contrôlé les mêmes points d´étranglement comme le canal du Suez. Ce n´était pas l´Islam qui a fait que les états du Moyen Orient résistent vigoureusement au projet colonial avec son nouveau traçage des frontières selon les préférences géopolitiques européennes. Non plus, ces états chrétiens du Moyen Orient n´auraient-ils bien accueilli les compagnies pétrolières occidentales impériales, soutenues par des administrateurs européens, des diplomates, des agents de renseignements et des armées, pas plus que ce qu´ont fait les Musulmans. Regardez la longue histoire des réactions des Américains latins à la domination des Américains étatsuniens sur leurs pétrole, économie et politique. Le Moyen Orient serait toujours aussi motivé pour créer des mouvements nationalistes anticolonialistes pour arracher le contrôle sur leurs terres, marchés, souveraineté et destinée de l´emprise étrangère – tout comme les luttes anticolonialistes dans l´Inde hindou, la Chine confucéenne, le Vietnam bouddhiste et l´Afrique chrétienne et animiste.

 

 

Et certainement les Français se seraient, tout aussi volontiers, étendus sur l´Algérie chrétienne pour s´emparer des ses riches terres agricoles et établir une colonie. Aussi, les Italiens ne se sont pas fait gênés par le christianisme de l´Ethiopie pour transformer ce pays en une colonie violemment administrée. En bref, il n´y a pas de raison pour croire que la réaction du Moyen Orient à l´agression colonialiste européenne aurait changé significativement de la manière dont elle s´est effectivement déroulée sous l´Islam.

 

Mais peut-être le Moyen Orient serait plus démocratique sans l´Islam ? L´histoire des dictatures en Europe elle-même n´est rassurant sur ce point. L´Espagne et le Portugal ont fini avec leurs violentes dictatures seulement en milieu des années 1970. La Grèce s´est libérée d´une dictature liée à l´église il y a quelques dizaines d´années. La Russie chrétienne ne s´en est toujours pas sorti. Jusqu´à récemment, l´Amérique latine accablée par les dictateurs, qui souvent régnaient avec les bénédictions des USA et avec le partenariat de l´église catholique. La plupart des nations africaines chrétiennes n´ont pas eu de meilleure réussite. Pourquoi un Moyen Orient chrétien se présenterait différemment ?

 

Et puis il y a la Palestine. C´étaient évidemment les Chrétiens qui ont, honteusement, persécuté les Juifs durant plus qu´un millénaire culminant par l´Holocauste. Ces exemples horrifiques d´antisémitisme étaient bien enracinés dans la culture et les terres chrétiennes occidentales. Les Juifs auraient donc continué à chercher une patrie en dehors de l´Europe ; le mouvement sioniste aurait de toute façon vu le jour et aurait cherché une base en Palestine. Et le nouvel état juif aurait toujours déplacé les mêmes 750 milles Arabes natifs de la Palestine de leurs terres même s´ils avaient été des Chrétiens–en effet une partie parmi eux étaient des Chrétiens. Et ces Arabes chrétiens n´auraient-ils pas combattu pour protéger ou regagner leur propre terre ? Le problème israélo-palestinien reste au fond un conflit nationaliste, ethnique et territorial, renforcé seulement récemment par des slogans religieux. Et n´oublions pas que les Chrétiens arabes ont joué un rôle majeur dans les débuts du mouvement nationaliste arabe au Moyen Orient ; en effet, Michel Aflaq, le fondateur idéologique du premier parti panarabe Al-Baath, était un Chrétien syrien formé à la Sorbonne.

 

Mais les Chrétiens du Moyen Orient seraient certainement prédisposés religieusement envers l´Occident ? N´aurions-nous pas évité tous ces conflits religieux ? En effet, le monde chrétien lui-même a été déchiré par des hérésies depuis les premiers siècles du pouvoir chrétien, des hérésies qui étaient devenues des véhicules des oppositions politiques au pouvoir romain ou byzantin. Loin d´unir sous la religion, les guerres religieuses de l´Occident cachaient toujours des luttes plus profondes, ethnique, stratégique, politique, économique et culturelle pour la domination.

 

En vérité cette même référence à un « Moyen Orient chrétien » cache une animosité vilaine. Sans l´Islam, les peuples du Moyen Orient seraient restés comme ils étaient à la naissance de l´Islam–la plupart des disciples du christianisme orthodoxe oriental. Mais c´est facile d´oublier que l´une des controverses historiques la plus violente, la plus virulente et la plus durable fut celle entre l´église catholique à Rome et le christianisme orthodoxe oriental à Constantinople – une rancune qui persiste toujours. Les Chrétiens orthodoxes orientaux n´ont jamais oublié ou pardonné le sac de Constantinople la chrétienne par les croisés occidentaux en 1204. Presque 800 ans plus tard, en 1999, le pape Jean Paul II chercha à faire quelques petits pas pour cicatriser la plaie dans la première visite d´un pape catholique au monde orthodoxe en mille ans. C´était un début, mais le désaccord entre l´Orient et l´Occident dans un Moyen Orient chrétien serait plutôt resté comme il est aujourd´hui. Prenez la Grèce par exemple : La cause orthodoxe a été un puissant mobile derrière le nationalisme et le sentiment anti-occidental là bas, et les passions anti-occidentales dans la politique grecque, il y a seulement une dizaine d´années, résonnaient des même suspicions et vues virulentes de l´Occident que nous entendons aujourd´hui de la part de beaucoup de chefs islamistes.

 

La culture de l´église orthodoxe diffère nettement de la philosophie occidentale de l´après siècle des lumières, qui insiste sur la laïcité, le capitalisme et la primauté de l´individu. Elle a encore des peurs résiduelles à propos de l´Occident similaires dans différents aspects les incertitudes des Musulmans d´aujourd´hui : des craintes du prosélytisme missionnaire occidental, la perception de la religion comme un vecteur clé pour la protection et la préservation de leurs propres communautés et culture, et une suspicion du caractère « corrompu » et impérial d l´Occident. En effet, dans un Moyen Orient chrétien orthodoxe, Moscou aurait joui d´une influence spéciale, même aujourd´hui, comme le dernier centre important de l´Orthodoxie orientale. Le monde orthodoxe serait resté une arène géopolitique clé pour la rivalité Est-Ouest dans la guerre froide. Après tout, Samuel Huntington, a inclut le monde chrétien orthodoxe parmi les plusieurs civilisations impliquées dans le choc culturel avec l´Occident.

 

Aujourd´hui, l´occupation US de l´Irak ne serait mieux accueillie si les Irakiens étaient des Chrétiens. Les Etats-Unis n´ont pas renversé Saddam Hussein, un chef profondément laïque et nationaliste, parce qu´il était musulman. D´autres peuples arabes auraient toujours soutenu les Arabes irakiens dans leur traumatisme de l´occupation. Nulle part les gens ne se réjouissent de l´occupation et la tuerie de leurs concitoyens aux mains des troupes étrangères. En effet, des groupes menacés par de telles forces externes s´efforcent toujours de trouver des idéologies appropriées pour glorifier leur lutte de résistance. La religion est l´une de telles idéologies.

 

Voilà donc le portrait d´un putatif « monde sans Islam ». C´est un Moyen Orient dominé par le christianisme orthodoxe oriental — une église historiquement et psychologiquement méfiante de, voire hostile à, l´Occident. Même déchiré par des différences importantes ethniques, voire sectaires, ce Moyen Orient possède un sens aigu de conscience historique et de griefs contre l´Occident. Il a été envahi à plusieurs reprises par des armés impérialistes occidentaux ; ses ressources pillées ; ces frontières redessinées par des décrets occidentaux en conformité avec les différents intérêts de l´Occident ; et des régimes installés accommodants aux dictats occidentaux. La Palestine brulerait toujours. L´Iran serait toujours profondément nationaliste. Nous verrions toujours les Palestiniens résister contre les Juifs, les Tchéchènes résister contre les Russes, les Iraniens résister contre les Britanniques et les Américains, les Cachemiris résister contre les Indiens, les Tamiles résister contre les Cingalais au Sri Lanka, et les Uigurs et les Tibétains résister contre les Chinois. Le Moyen Orient aurait toujours un modèle historique glorieux–le grande empire byzantin avec plus de 2000 ans d´histoire–avec lequel il s´identifierait comme un symbole historique et religieux. Ceci, à plusieurs égards, perpétuerait le fossé Est-Ouest.

 

Ceci ne présente pas une image réconfortante et complètement pacifique.

 

SOUS LA BANNIERE DU PROPHETE

Evidemment, il est absurde de prétendre que l´existence de l´Islam n´a pas eu d´impact indépendant sur le Moyen Orient ou sur les relations Est-Ouest. L´Islam a fourni une force unificatrice d´un haut niveau à travers une large région. Comme une foi universelle, elle a créé une vaste civilisation qui partage des principes communs de philosophie, arts et société ; une vision d´une vie morale ; un sens de justice, jurisprudence et une bonne gouvernance – le tout dans une culture raffinée profondément enracinée. Comme une culture et une force morale, l´Islam a aidé à combler les différences ethniques entre les divers peuples musulmans, les encourageant à se sentir concernés comme une part d´un plus grand projet civilisationnel musulman. Rien que cela donne à ce projet un poids important. L´Islam a également affecté la géographie politique : S´il n´y avait pas eu d´Islam, les pays musulmans de l´Asie du Sud et du Sud-est–notamment le Pakistan, le Bangladesh, la Malaisie et l´Indonésie-seraient aujourd´hui enracinés dans le monde hindou.

 

La civilisation islamique fournissait un idéal commun auquel tous les Musulmans pouvaient faire appel au nom de la résistance contre l´empiètement occidental. Même si cet appel échouait à arrêter la marée impériale occidentale, il a créé une mémoire culturelle d´un destin généralement partagé qui n´a pas disparu. Les Européens étaient capables de diviser et conquérir beaucoup de peuples africains, asiens et américains latins qui sont tombés séparément devant la puissance occidentale. Une résistance transnationale unie entre ces peuples, était difficile à atteindre dans l´absence de tout symbole commun ethnique ou culturel pour la résistance.

 

Dans un monde sans Islam, l´impérialisme occidental aurait trouvé la tache de diviser, conquérir et dominer le Moyen Orient et l´Asie, bien plus facile. Il n´y aurait pas eu de mémoire culturelle collective d´humiliation et de défaite à travers une vaste région. Cela est la raison principale qui explique pourquoi les Etats-Unis sont en train de se casser les dents sur le monde musulman. Aujourd´hui, les intercommunications globales et les images satellitaires partagées ont créé une forte auto-conscience parmi les Musulmans et un sens d´un plus grand siège impérial occidental contre une culture islamique partagée. Ce siège ne concerne pas la modernité ; il concerne la quête occidentale incessante pour la domination de l´espace stratégique, les ressources et même la culture du monde musulman–le trajet pour créer un Moyen Orient « pro-américain ». Malheureusement, les Etats-Unis supposent naïvement que l´islam est tout ce qui se met sur son chemin menant au prix à gagner.

 

Mais quid du terrorisme–la question la plus urgente que l´Occident associe presque immédiatement avec l´Islam aujourd´hui ? Dans une nette franchise, le 11/9, aurait-il eu lieu sans l´Islam ? Si les griefs du Moyen Orient, enracinés dans des années de colère émotionnelle et politique contre les actions et la politique US, ont été enveloppés dans une autre bannière, est ce que les choses auraient-elles largement différentes ? Encore, il est important de se rappeler combien facilement la religion peut-elle être invoquée même si d´autres rancunes de longue-date sont à blâmer. Le 11 septembre 2001 n´était pas le début de l´histoire. Pour les pirates de l´air d´al-Qaïda l´Islam jouait le rôle d´une loupe dans le soleil, rassemblant ces griefs collectifs répandus et partagés, et les concentrant dans un rayon intense, un moment de clarté de l´action envers un envahisseur étranger.

 

Dans la focalisation de l´Occident sur le terrorisme au nom de l´Islam, les mémoires sont courtes. Les guérillas juives utilisaient le terrorisme contre les Britanniques en Palestine. Les Tamiles hindous sri-lankais « Tigers » ont inventé l´art du gilet du suicide et pendant plus d´une décennie ils ont dirigé le monde dans le recours aux attenants suicides–don l´assassinat du premier ministre indien Rajiv Gandhi. Les terroristes grecques ont effectuée des opérations d´assassinat contre les officiels US à Athènes. Le terrorisme organisé sikh a tué Indira Gandhi, semé le chaos en Inde, instauré une base extérieure au Canada et abattu un vol Air India sur l´Atlantique. Les terroristes macédoniens étaient largement craints tout à travers les Balkans à la veille de la première guerre mondiale. Des douzaines d´assassinats majeurs à la fin du 19e et au début du 20e siècles ont été exécutés par des « anarchistes » européens et américains semant une peur collective. La l´Armée de la République Irlandaise (IRA) a développé un terrorisme effective brutale contre les Britanniques durant des décennies, tout comme ont fait les guérillas communistes et les terroristes au Vietnam contre les Américains, les communistes malais contre les soldats britanniques dans les années 1950, les terroristes Mau-Mau contre les officiers britanniques à Kenya–et le liste continue. Il n´y a pas besoin d´un Musulman pour faire du terrorisme.

 

Même l´histoire récente de l´activité terroriste n´est pas très différente. Selon Europol, 498 attaques terroristes ont eu lieu dans l´Union Européenne en 2006. Parmi elles, 424 étaient perpétrées par des groupes séparatistes, 55 par des extrémistes de la gauche et 18 par divers d´autres terroristes. Seulement un attentat a été commis par des islamistes. Pour être complet, il y avait un nombre d´attentats déjoués dans une communauté musulmane hautement surveillée. Mais ces nombres révèlent le large éventail idéologique des terroristes potentiels dans le monde.

 

Est-il alors très difficile d´imaginer les Arabes–chrétiens ou musulmans–, en colère contre Israël ou les invasions, les renversements et les interventions perpétuelles de l´impérialisme, faisant recours à des actes similaires de terrorisme et de guérilla. La question pourrait être plutôt, pourquoi ceci n´a pas eu lieu plus tôt ? Comme les groupes radicaux expriment les griefs dans notre monde globalisé, pourquoi nous ne devrions pas nous attendre à ce qu´ils portent leur lutte au coeur de l´Occident ?

 

Si l´Islam déteste la modernité, pourquoi il avait attendu jusqu´au le 11/9 pour lancer ces attaques. Et pourquoi des penseurs islamiques majeurs au début du 20e siècle parlèrent du besoin d´adopter la modernité tout en protégeant la culture islamique ? La cause d´Oussama Bin Laden dans ses premiers jours ne concernait pas la modernité du tout–il a parlé de la Palestine, des bottes américaines sur les terres de l´Arabie Saoudite, des gouverneurs saoudiens sous le contrôle des Etats-Unis, et des « croisés » modernes. Il est frappant qu´il fallait attendre aussi tard que 2001 pour voir la première grande ébullition de la colère musulmane sur le sol des Etats-Unis, en réaction à la politique US et à des événements accumulés tout autant historiques et récents. Si ce n´était pas le 11/9, un événement similaire était fatalement à arriver.

 

Et même si l´Islam comme un vecteur de résistance n´avait jamais existé, le Marxisme l´a fait. C´est une idéologie qui a engendré un nombre incalculable de terroristes, de guérilla et des mouvements de libération nationale. Il a façonné l´ETA basque, le FARC en Colombie, le Shining Path en Pérou, et la Faction de l´Armée Rouge en Europe pour ne nommer que quelques uns en Occident. George Habash, le fondateur du meurtrier Front Populaire de la Libération de la Palestine, était un chrétien grec orthodoxe et un marxiste qui avait étudié à l´université Américaine de Beyrouth. Dans une époque où le nationalisme arabe en colère flirtait avec un Marxisme violent, beaucoup de Palestiniens chrétiens ont accordé leur soutien à Habash.

 

Les gens qui résistent des oppresseurs étrangers cherchent des bannières pour propager et glorifier la cause de leur lutte. L´internationale lutte des classes pour la justice fournit un bon élément mobilisateur. Le nationalisme est encore mieux. Mais la religion fournit le meilleur de tous, en faisant appel aux plus hautes énergies pour défendre sa cause. Et partout, la religion peut toujours servir pour soutenir l´ethnicité et le nationalisme alors même qu´elle les transcende–notamment si l´ennemi est d´une religion différente. Dans de tels cas, la religion cesse d´être essentiellement la source d´affrontement et de confrontation mais plutôt son véhicule. La bannière du moment peu disparaître mais les griefs demeurent.

 

Nous vivons une époque où le terrorisme est l´outil de choix du faible. Il entrave déjà la puissance sans précédent des armés US en Irak, Afghanistan et ailleurs. Et c´est ainsi que Bin Laden dans beaucoup de sociétés non-musulmanes fut appelé le « prochain Che Guevara ». Ce n´est rien moins que l´attrait d´une résistance réussie contre le pouvoir américain dominant, le faible contre-attaque. Un attrait qui transcende l´Islam ou la culture du Moyen Orient.

 

ENCORE PLUS DE LA MEME CHOSE

Mais les questions demeurent, si l´Islam n´a pas existé, le monde serait-il plus pacifique ? Devant ces tensions entre l´Est et l´Ouest, l´Islam ajoute incontestablement un élément supplémentaire émotionnel, une couche supplémentaire de complications pour trouver des solutions. L´Islam n´est pas la cause de tels problèmes. Cela peut paraître raffiné de chercher des passages dans le Coran qui semblent expliquer « pourquoi ils nous haïssent ». Mais cela s´éloigne aveuglement de la nature du phénomène. Quelle idée confortable que d´identifier l´Islam comme la source « du problème » ; c´est certainement bien plus facile que d´explorer l´impact de l´empreinte globale massive de l´unique super puissance du monde.

 

Un monde sans Islam verrait toujours la plupart des rivalités tenaces meurtrières dont les guerres et les malheurs dominent la scène géopolitique. Si ce n´était pas la religion, tous ces groupes auraient trouvé d´autres bannières en dessous desquelles ils exprimeraient leur nationalisme et leur quête pour l´indépendance. Bien sûr, l´histoire n´aurait pas suivi exactement le même chemin comme elle l´a fait. Mais au fond, le conflit entre l´Est et l´Ouest reste toujours à propos des grandes questions historiques et géopolitiques de l´histoire humaine : l´ethnicité, le nationalisme, l´ambition, l´avidité, les ressources, les chefs locaux, le territoire de domination, le profit financier, le pouvoir, les interventions et la haine des étrangers, des envahisseurs et des impérialistes. Confronté à des questions intemporelles comme celles-ci, comment le pouvoir de la religion pourrait-il n´être pas invoqué ?

 

Souvenons-nous aussi que pratiquement tous les principaux horreurs du 20e siècle vinrent presque exclusivement des régimes strictement laïques : Léopold ii de Belgique au Congo, Hitler, Mussolini, Lénine et Staline, Mao et Pol Pot. C´étaient les Européens qui ont imposé leurs « guerres mondiales » par deux fois au reste du monde–deux conflits globaux dévastateurs sans aucun vague parallèle dans l´histoire islamique.

 

Quelques-uns aujourd´hui pourraient souhaiter un « monde sans Islam » dans lequel ces problèmes n´auraient vraisemblablement jamais eu lieu. Mais, en vérité, les conflits, les rivalités et les crises d´un tel monde pourraient ne pas apparaître si largement différents de ceux que nous connaissons aujourd´hui.

 

 

* Graham E. Fuller est un précédent vice président du conseil national des renseignements « National Intelligence Council » à la CIA, chargé des prévisions stratégiques à long terme. Il est actuellement professeur adjoint d´histoire à l´université Simon Fraser à Vancouver. Il est l´auteur de plusieurs livres sur le Moyen Orient, dont « L´Avenir de l´Islam Politique » (chez Palgrave Macmillan, New York, 2003).

 

http://www.foreignpolicy.com/users/login.php?story_id=4094&URL=http://www.foreignpolicy.com/story/cms.php?story_id=4094

 

 

(Source : ELKHADRA N° 91, diffusé le 27 janvier 2008)

Lien : http://elkhadra.over-blog.com

 


 

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