TUNISNEWS
7 ème année, N° 2412 du 29.12.2006
AP: Bush souhaite que Tunis et Washington œuvrent ensemble en faveur des libertés AFP: Bush souhaite davantage de libertés dans un message à Ben Ali Mathaba: Libya and Tunisia to Exchange Currencies and Prisoners
AFP: France: Fred, sans-abri belge, embauché comme cuisinier (d’origine tunisienne, NDLR) après un reportage
Aujourdhui le Maroc : Tunisie : le nouveau jeu de dames
Balha Boujadi: Les vœux de Balha
Le journal « 24 heures » ( : «L’islamisme triomphe en raison de l’incompétence»
Mondher Sfar: Condamnation de Saddam Hussein : Non au procès à la Ceausescu AFI : Saddam Hussein : ne pas commettre l’irreparable Lafif Lakhdar : A Call to Defend Women and Minorities in the Middle East CPJ: Facing record damages, Moroccan weekly’s survival in doubt
Bush souhaite que Tunis et Washington œuvrent ensemble en faveur des libertés
Associated Press, le 28 décembre 2006 à 17h27 TUNIS (AP) — Le président américain George W. Bush a exprimé l’espoir de voir Washington et Tunis œuvrer ensemble pour garantir davantage de libertés dans la région, dans un message adressé à son homologue tunisien Zine El Abidine Ben Ali à l’occasion de la fête musulmane de l’Aïd el-Adha (Aïd el-Kébir). “Je forme l’espoir d’œuvrer ensemble au cours de l’année prochaine à garantir davantage de libertés politiques, économiques et sociales aux peuples du Moyen-Orient”, écrit le chef de la Maison Blanche dans son message cité par l’agence de presse tunisienne TAP. L’Aïd sera célébrée samedi en Tunisie où la population est musulmane à quelque 96%, aux côtés de minorités chrétienne et juive. En cette circonstance, presque chaque famille égorge un mouton pour perpétuer une tradition sacrée en islam: alors que le prophète Abraham s’apprêtait à égorger son fils pour exécuter un ordre divin destiné à éprouver sa foi, Dieu arrêta sa main et substitua un bélier au fils. Associated Press
Bush souhaite davantage de libertés dans un message à Ben Ali
AFP, le 28/12/2006 à 17h36 TUNIS, 28 déc 2006 (AFP) – Le président américain George W. Bush a souhaité pouvoir œuvrer avec son homologue tunisien Zine El Abidine Ben Ali pour davantage de liberté, dans un message de voeux à l’occasion de l’Aïd El-Adha (fête du sacrifice), célébré samedi par les musulmans. “Je forme l’espoir d’œuvrer ensemble l’an prochain à garantir davantage de libertés politiques, économiques et sociales aux peuples du Moyen-Orient”, écrit M. Bush dans un message publié jeudi par l’agence officielle TAP. Soulignant notamment les relations d’amitié unissant les Etats-Unis et la Tunisie, il a exprimé à M. Ben Ali et au peuple tunisien ses meilleurs vœux à l’occasion de l’Aïd El-Adha (ou Aïd El-Kébir). A l’occasion de cette fête, la plus importante pour les musulmans, chaque chef de famille qui en a les moyens égorge un mouton pour célébrer le sacrifice d’Abraham. AFP
Libya and Tunisia to Exchange Currencies and Prisoners
Libya and Tunisia are to officially start the circulation of each other’s currency as of the 15th of January, 2007. This was announced by the Libyan Prime Minister in a joint press conference with the Tunisian Prime Minister at the conclusion of the meeting of the Libyan-Tunisian Executive High Committee. He pointed out that according to this accord, the Libyan dinar will be accepted in Tunisian banks and that Libyan citizen can use the dinar without reservations, as will be the case with the Tunisian dinar in Libyan banks and to be used in all shopping and dealings inside Libya without reservation. The PM added that as of the beginning of next year, goods will be allowed to move without restrictions between both countries where it was agreed to use the certificate of one origin and to lift all restrictions related to individuals movement between both countries. It was also announced that 72 Libyan citizens who had properties inside the imaginary Libyan-Tunisian borders in “Wazin” area can move freely to reach their properties, and by the same token, Tunisian citizens who had been working in Libya and their properties were put under reservation will returned to them. The PM added that it was agreed that Tunisians who were sentenced to imprisonment in Libyan prisons, for any reason, are to be transferred to Tunisia to spend the rest of their term there, this also applies to Libyans imprisoned in Tunisia, who are to be transferred to Libya to spend the term of their imprisonment. (Source : le site mathaba.net, le 26 décembre 2006) Lien : http://mathaba.net/news/?x=547826
France: Fred, sans-abri belge, embauché comme cuisinier (d’origine tunisienne, NDLR) après un reportage
Par Stéphane JOURDAIN AFP, le 28 décembre 2006 à 16h32
PARIS, 28 déc 2006 (AFP) – “Cette année, le Père Noël est passé” assure Frédéric Druart, un sans-abri belge au chômage, qui vient d’être embauché par un restaurateur qui avait vu dans un reportage télévisé la petite annonce fixée sur sa tente installée en plein Paris.
“Je vais sortir de la rue, je suis content. La cuisine, c’est ma passion. Ce monsieur a un grand cœur, il a eu plein de propositions mais il a préféré prendre un SDF” (sans domicile fixe), raconte Fred, 34 ans, sans emploi depuis six ans. Outre ce poste, il bénéficiera aussi d’une chambre de 19 mètres carrés. Le “Père Noël” s’appelle Omar Safsaf, 48 ans. Il y a un mois cet entrepreneur d’origine tunisienne ouvre un café-restaurant pour clientèle branchée dans le XIème arrondissement de Paris. Il cherche un cuisinier. Lundi, il tombe sur un reportage diffusé sur la chaîne d’information i>télé. Ce reportage montre les 200 tentes rouges dressées depuis quelques jours au cœur de Paris, sur les bords du canal Saint-Martin, par l’association les Enfants de Don Quichotte.
L’association veut faire connaître le sort des sans-abri et invite des “bien logés” à venir passer la nuit dans ces abris de fortune. Sur les images qui défilent, Omar aperçoit un carton fixé sur l’une des tentes: “Fred, chef cuisinier, SDF depuis six ans”. Le lendemain, mardi, il se rend au village de toile, questionne les “Don Quichotte” sur ce petit homme aux dents abîmées, s’assure qu’il ne boit pas d’alcool, le rencontre. “On a discuté, j’ai vu qu’il était motivé, je lui ai laissé mon numéro”. Mercredi à 11H00, en baskets et jogging noirs, il passe des tests. “Je lui ai proposé de commencer le 2 janvier”, a déclaré à l’AFP Omar Safsaf.
Cuisinier au Palais Royal de Bruxelles, Fred, Belge d’origine kabyle, en Algérie, gagnait bien sa vie quand le 24 décembre 1999 une voiture a tué sa femme et son fils. Abandonné par sa mère à l’âge de trois ans, il plonge lentement, dans les rues de Bruxelles puis celles de Paris où il installe sa tente et son “barbecue”, pont d’Austelitz. Fin octobre, Augustin Legrand, comédien fondateur des Enfants de Don Quichotte, débarque pont d’Austelitz pour passer six semaines dans la rue “pour savoir”. “Je suis tombé sur Fred et son grill avec lequel il prépare des grandes marmites de bouffe pour tous ses potes SDF”. M. Safsaf ne veut pas jouer les sauveurs. “J’avais besoin d’un cuisinier, il est cuisinier” explique-t-il.
Il reconnaît toutefois avoir vu d’autres candidats, “actifs donc forcément meilleurs”. Et parle de “bon sens”: “il y a 200 SDF sur le canal, s’il y avait 200 entrepreneurs pour faire ce geste…”. AFP
Tunisie : le nouveau jeu de dames
Le Parti démocratique progressiste (PDP) a, depuis mardi, une femme à sa tête. Celle-ci pourrait affronter la «première Dame» de Tunisie lors des prochaines élections, comme certains observateurs le prédisent.
Maya Jéribi fraîchement élue à la tête du Parti démocratique progressiste (PDP) tunisien a entamé mardi son mandat. C’est la première fois qu’une femme se trouve à la tête d’un parti politique en Tunisie. Elle succède ainsi à l’avocat Néjib Chebbi, qui n’a pas brigué de nouveau mandat pour «donner un exemple en matière d’alternance » après 23 ans à la direction du parti. Le PDP est l’une des principales formations de l’opposition légale en Tunisie qui compte huit partis d’opposition légaux et trois autres non reconnus. La nouvelle patronne du PDP est une ancienne journaliste de l’hebdomadaire d’opposition « Arraï ». De formation biologiste, la dame est âgée de 46 ans et avait adhéré au PDP dès sa fondation en 1983, après un passage à l’UNICEF. Mme Jéribi résume les futures orientations du parti dans la lutte pour des élections libres et loyales et pour des réformes constitutionnelles à même de garantir une vie démocratique en Tunisie. Favorable au dialogue avec le pouvoir en place, elle estime cependant que «c’est le pouvoir qui refuse le dialogue non seulement avec les partis (radicaux), mais aussi avec les diverses composantes de la société civile». Quant aux élections présidentielles de 2009, Mme Jéribi pense que «ce rendez-vous, qui est important non seulement pour les partis politiques et les composantes de la société civile, exige au préalable une concertation approfondie au sein de notre parti et avec nos partenaires de l’opposition». Une opposition dominée, depuis toujours, par le parti au pouvoir, le Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD) du président Zine El Abidine Ben Ali. La scène politique tunisienne compte pourtant huit partis d’opposition légaux et trois autres non reconnus. Ils possèdent des points divergents en raison de leurs attitudes respectives vis-à-vis du pouvoir. Le nouveau chef du PDP aura par contre à faire face à un nouveau chef politique, qui paraîtra bientôt sur la scène politique tunisienne. Il s’agit de Leïla Ben Ali dont le mari projette de la “lancer“ dans la politique. «La première Dame» de Tunisie, s’est fait connaître au sein d’associations militant pour les droits de la femme et de l’enfant. Le couple présidentiel a trois enfants : deux filles et un garçon. Leïla Ben Ali a beaucoup de volonté et s’impose grâce à son charisme politique. Ses discours sont diffusés sur la radio et télévision officielles et publiés en intégralité dans la presse gouvernementale. Lors de la dernière campagne électorale du président Ben Ali en 2004, c’est elle qui a procédé à la lecture du discours de clôture sous les applaudissements du président de la république et des participants. La scène politique tunisienne sort du commun et se féminise. Les prochaines élections en Tunisie se passeront peut-être entre femmes. (source: www.aujourdhui.ma Le 28-12-2006)
LES VŒUX DE BALHA
Balha Boujadi 2007 une année impaire, porteuse de chance et fortune. Une année nouvelle qui augure déjà des difficultés énormes au niveau national et international : fusillades en pleines rue à Tunis, guerres au Proche Orient… Mais comme il faut être optimiste, et comme le moment est celui d’exprimer des vœux, je vais souhaiter, à ma manière, la bonne année à tout le monde. Bonne année, Monsieur le Président de la République ! Merci pour tout ce que tu as fait pour ce pays. Seuls les aveugles et les malades sont incapables de reconnaître le degré d’évolution qu’a atteint la Tunisie au niveau de l’infrastructure et du développement technique, économique et social. Cependant, ce ne pas seulement des pont et du pain que les tunisiens ont besoin. Nous voulons respirer, nous émanciper de la tutelle de la police, des gendarmes, des flics en civil, des chefs de quartier, des mouchards du parti… Après 50 ans d’indépendance, nous avons atteint l’âge adulte, après 50 ans de parti unique, et 50 ans de présidence à vie nous avons le droit de savoir qui sommes-nous ? Et qu’est-ce que nous représentons pour vous, monsieur le Président ? Des citoyens responsables ou des sujets novices qui n’ont aucun poids ni mesure et sont incapables de donner un point de vue et faire un simple commentaire? Bonne année, messieurs les ministres ! C’est dommage que personne ne vous connaît. Vous êtes travailleurs et Dieu sait que ce pays vous doit beaucoup, cependant vous êtes comme des sourds-muets, personne ne connaît votre voix. C’est bizarre, aucune déclaration, aucun débat, aucune interview… Est-ce que vous êtes tellement occupés et vous n’avez pas le temps? Ou bien on vous a interdit d’avoir une position et une personnalité ? Savez-vous que les gosses tunisiens savent tout sur Ségolène Royal et Walid Jomblat et ne connaissent même pas le Premier Ministre de leur pays, sans parler de Ministre des Affaire Etrangères ni celui des Affaires Culturelles? Bonne année, Messieurs les journalistes ! Depuis des années vous travaillez comme des fous pour maquiller un système caduque et un régime dictatorial afin de l’exhiber au monde entier comme étant une des démocraties les plus exemplaires de cette planète, avec une simulacre d’opposition et de parlement et récemment une chambre des conseillers (tous nommés par le système) et des élections « libres et démocratiques » et une constitution qui favorise et authentifie la présidence à vie… Quelle rude épreuve et, ensuite quelle déception ! Car personne ne vous croit, et notre pays est toujours classé parmi les pays les plus arriérés et opaques du monde au niveau de la liberté de presse. Vos commentaires sur la bonbonne de gaz de la synagogue de Djerba sont une référence dans les annales des mensonges et manipulations médiatiques. Sans parler de l’attentat sur votre collègue Ben Fadhl qui s’est transformé en une tentative de suicide et la dernière fusillade de Hammam Lif qui s’est réduite à une escarmouche entre bandes mafieuses. C’est tellement tragique votre position que vous n’arrivez même pas à convaincre les enfants des collèges, ils sont beaucoup plus intelligents et plus avertis que ce que vous croyez. A suivre… BALHA BOUJADI, le 29-12-2006 balhaboujadi@yahoo.es
«L’islamisme triomphe en raison de l’incompétence»
RELIGION – «L’intégrisme est un cancer qui ronge l’islam. » Le diagnostic est signé Abdelwahab Meddeb, écrivain et professeur franco-tunisien qui, de Paris où il vit, appelle inlassablement ses frères musulmans à se libérer de leurs chaînes coraniques. Il a des yeux d’un bleu doux et profond, il est d’une érudition infinie et son propos ne trahit aucune inquiétude. Pourtant, dans Contre-prêches*, son dernier livre, Abdelwahab Meddeb, professeur de littérature comparée à l’Université Paris-X-Nanterre, se met une nouvelle fois en danger. En repartant au combat contre le cancer intégriste dénoncé en 2002 dans La maladie de l’islam, une religion dans le berceau de laquelle, dit-il, la «violence a été déposée». Pour asphyxier le fanatisme, résume Meddeb, «l’islam doit s’adapter à l’Europe, et non le contraire. » Rencontre. — Comment interprétez-vous l’ampleur des protestations suscitées par les caricatures de Mahomet et les propos du pape sur l’islam et la violence? — Je ne supporte pas cette réaction épidermique. Ce prurit de la victimisation me scandalise et me révolte, parce qu’il est pour moi le révélateur de l’état de l’islam, d’où je proviens. Un signe de faiblesse, comme si nous avions désormais à faire à une bête blessée qui se débat sans parvenir à soigner ses plaies. — Vous avez toujours dit que la violence est dans l’islam. Ces réactions sont donc normales. — Pas exactement. La violence est dans l’islam comme dans la Bible, pas moins mais pas davantage. En revanche, la dimension guerrière de la Bible a, elle, été totalement neutralisée au fil des siècles. Dans l’islam, le même processus a commencé mais il a été interrompu, et c’est le pire qui est venu après. Avec la volonté de se distinguer de la culture dominante, je veux parler de la culture occidentale, de réagir au nom d’une différence. C’est la pire lecture qu’on pouvait faire du Coran pour mobiliser les exclus et les damnés. — Pour vous, tout n’est donc qu’une question de lecture des textes, d’interprétation? — A l’évidence. Comment voulez-vous qu’il en soit autrement? — Dans une interview à Die Zeit, vous avez pourtant affirmé que «la violence a été déposée dans le berceau de l’islam». — Je vous le répète: comme dans la Bible! Et pas dans le berceau: dans la lettre fondatrice. Dans le Coran, nous avons des versets très violents, et d’autres qui sont tout le contraire. — Soit. Mais pourquoi donc le «verset de l’épée» triomphe-t-il du «verset de la tolérance» ou de celui de «pas de contrainte en religion»? — C’est une lecture, encore une fois! L’un des problèmes majeurs que connaît l’islam, ce sont les concessions que l’islam officiel est en train de faire à son interprétation islamiste. C’est ce genre de concession, par exemple, qui a abouti à l’universalisation du voile. Peu de gens savent qu’après la conférence du pape à Ratisbonne, sans doute un peu trop longtemps après, d’ailleurs, trente-huit docteurs de l’islam, et non des moindres, on écrit une lettre de conciliation au Saint-Père, pour lui dire qu’ils acceptaient ses regrets mais surtout, surtout, pour l’assurer, par exemple, que le verset «pas de contrainte en religion» n’était pas abrogé. Les islamistes, eux, s’appuient sur la seule interprétation violente qui l’abroge pour annuler les quarante-neuf autres qui affirment sa permanence. — Pourquoi l’islam officiel fait-il des concessions aux islamistes? — L’islamisme triomphe en raison de l’incompétence des esprits et des échecs des Etats. Il faut aussi rappeler la responsabilité des États-Unis, de leurs alliés arabes et d’Israël dans cette émergence. A un moment donné, ces concessions ont constitué une véritable stratégie politique: pour casser des tendances nationalistes, de gauche, révolutionnaires, on a joué la carte de l’islamisme. Je vivais en Tunisie à l’époque où les étudiants étaient tous soixante-huitards et maoïstes. Pour les briser, on a jeté le pays dans les bras de l’islamisme, avec les conséquences que l’on sait. — Vous semblez profondément pessimiste. Pensez-vous néanmoins que la culture européenne parvienne, un jour, à féconder l’islam? — L’islamisme n’est pas une fatalité, et je ne démissionnerai donc jamais. Jamais je ne cesserai de rappeler qu’une construction tout à fait opposée a été proposée: celle, justement, de l’origine occidentale de l’islam. Tout ce qui a été fait de grand dans l’islam, absolument tout, a été fait par des emprunts à d’autres cultures. La théologie, la philosophie, la grammaire, la logique, tout cela, sans de multiples emprunts à la culture grecque, n’aurait jamais existé. — Concrètement, sera-t-il possible de réconcilier l’égalité et la lettre coranique? Je pense au statut des femmes, au port du voile… — Dans l’affaire du voile, je vais encore plus loin. Nous avons de nombreux textes, écrits en langue arabe, particulièrement en Égypte, mais en d’autres langues aussi, qui ont prôné le dévoilement des femmes et qui ont été suivis d’effet. Encore une fois, le retour du voile est dû à cette construction d’une identité, avec les matériaux de l’islam, destinée à se différencier de l’Occident et à le combattre. — A propos de différences, la Suisse doit-elle laisser s’ériger des minarets sur son territoire? — Si l’on veut être démocrate, et donc favorable à la liberté de culte, je répondrais oui. Encore faut-il que l’Etat puisse garantir la qualité de la formation des imams qui officieront dans ces mosquées. Je suis pour un islam européen: pourquoi donc construire ici des minarets conquérants? Pourquoi ne pas inventer une architecture européenne des mosquées, en confiant leur construction à Mario Botta, à Jean Nouvel? Ce serait la meilleure façon de contrer les intégristes et leur stratégie d’occupation, de conquête et d’adaptation à la situation démocratique européenne. Vous en avez un exemple en Suisse, avec les frères Ramadan… — Vous qui avez enseigné à Genève, que pensez-vous d’eux? — Ils attribuent à leur grand-père, fondateur des Frères musulmans, un rôle de réformateur, alors que c’est lui qui a fait de l’islam une idéologie de combat contre la dominance occidentale. Cela dit, le discours de Tariq Ramadan me semble être en train d’évoluer. Est-ce une évolution tactique ou authentique? Je n’en sais rien. Dans le même temps, il ne semble pas avoir rompu avec son frère Hani qui, lui, ne fait aucune concession. Dès lors, si c’est le cas, on est en droit de penser qu’ils sont les deux faces d’une même pièce. — Dans Contre-prêches, vous allez jusqu’à évoquer la possibilité d’user de «pressions guerrières» pour réformer l’islam. — Vous savez peut-être que je n’étais pas contre l’intervention américaine en Irak. Ce que je trouve catastrophique, en revanche, c’est que personne n’a songé à ce qui allait se passer après, à l’avenir. Mais j’ai la conviction profonde qu’il faut être très ferme, jusqu’à l’exercice des armes, sur la défense des principes. Je me méfie terriblement du culte de la différence: je ne respecterai une différence, quelle qu’elle soit, et c’est important dans le discours sur l’islam, qu’à la seule condition que je puisse voir en elle des éléments de partage avec ma propre identité. — Vous arrive-t-il d’avoir peur? — Des proches me mettent en garde, me disent d’être prudent. Je ne suis pas très courageux, je suis même plutôt couard, mais je ne peux pas les entendre. Aujourd’hui, face au péril qui menace une civilisation, une culture, comment voulez-vous que je me taise? PROPOS RECUEILLIS À PARIS PAR FEDERICO CAMPONOVO Note: * Contre-prêches, Chroniques, Seuil, 504 pages. Carte d’identité NAISSANCE – En 1946, à Tunis[100]. ÉTAT CIVIL – Français, marié, un enfant. FORMATION – Licence et maîtrise en Lettres, puis doctorat à Aix-en-Provence: «Écriture et double généalogie». CARRIÈRE – En 1989 et 1990, professeur invité à l’Université de Genève; directeur de la revue «Intersignes» de 1991 à 1994; en 1993 et 1994, professeur invité à Yale University; depuis 1993, consultant à l’UNESCO et professeur de littérature comparée à l’Université de Paris-X-Nanterre. (Source : le journal « 24 heures » (Suisse), le 22 décembre 2006)
Condamnation de Saddam Hussein : Non au procès à la Ceausescu
Pour un vrai procès du dictateur et de ses complices occidentaux les Bush, les Blair et les Chirac, les vrais criminels contre le peuple irakien
L’Irak est martyrisé par une guerre civile et soumis à une occupation étrangère. Que signifie dans ces conditions le jugement d’un dictateur qui devrait avoir des comptes à rendre à son peuple et à ses victimes, et certainement pas à un gouvernement fantoche ? Un vrai procès de Saddam, c’est une condamnation à mort de tous ses complices occidentaux qui l’ont armé et soutenu dans ses crimes.
Le procès actuel de Saddam s’inscrit en droite ligne de la logique de guerre américaine contre l’Irak qui a accusé avec aplomb Saddam tantôt de dictateur, tantôt de détenteur d’armes de destruction massives. Mais ni l’une ni l’autre accusation n’a été retenue au procès, car l’accusation serait retournée contre leurs auteurs : ce sont bien les pays occidentaux : USA, France, Grande Bretagne, Allemagne, etc. qui ont fourni en grande quantité les armes chimiques utilisées dans le massacre des Kurdes de Halabja. C’est pour cela que l’on a décidé en désespoir de cause de juger Saddam pour le procès qu’il intenta en 1982 contre les chiites de Dujail accusés de tentative d’attentat contre sa personne, et qui se termina par l’exécution de plus de cent personnes.
Le procès actuel à la Ceausescu de Saddam, bien loin d’escamoter les lourdes responsabilités occidentales dans le martyre enduré par le peuple irakien, les révèle davantage. Les puissances occidentales impérialistes veulent faire de Saddam leur bouc émissaire, après l’avoir utilisé pour leurs crimes de guerre et crimes contre l’humanité contre les peuples iraquien et iranien. La justice commande que les Bush, les Blair et les Chirac partagent le sort que ceux-ci lui ont réservé après ses bons et loyaux services.
Mais encore ce procès risque de provoquer de nouveaux bains de sang, comme si la guerre contre l’Irak et les dix années d’embargo meurtrier n’étaient pas suffisantes pour étancher la soif de crime des puissances impérialistes occidentales, et qu’il fallait encore et toujours du sans répandu. Aidons le peuple iraquien à mettre fin à sa tragédie en réclamant le jugement pour crimes contre l’humanité des puissances impérialistes occidentales protectrices et créatrices des dictateurs à leur solde à travers le monde.
Paris, le 29 décembre 2006 Mondher Sfar mondher.sfar@club-internet.fr
COMMUNIQUE
SADDAM HUSSEIN : NE PAS COMMETTRE L’IRREPARABLE
La cour d’appel irakienne vient de confirmer la peine de mort de Saddam Hussein. Après un procès dont toutes les organisations des droits de l’homme dénoncent l’arbitraire, qui peut croire en la justice prononcée dans un pays en pleine guerre civile. Seules les autorités américaines se réjouissent d’une décision inscrite sur l’agenda de Bush.
Alors que le rapport Baker montre une fois de plus l’absurdité de cette guerre et l’absence de perspective pour ramener la paix, l’administration Bush persiste et signe. Or, dans la situation déjà dramatique dans laquelle s’enfonce jour après jour l’Irak, rien ne permet de croire que l’exécution de Saddam Hussein puisse marquer la moindre lueur de solution. Bien au contraire, tout laisse penser que cette exécution pourrait être le signal d’un basculement total dans la guerre civile généralisée entre factions religieuses qui pourraient d’ailleurs dépasser les frontières de l’Irak. L’intervention absurde des Américains en Irak a déjà entraîné la mort de plus d’Américains que les attentats du World Trade Centers sans parler des centaines de milliers de morts Irakiens.
C’est pourquoi, le gouvernement français qui s’est honoré en s’opposant à l’intervention américaine, les instances internationales et l’ONU en particulier, doivent intervenir vigoureusement pour éviter de commettre l’irréparable et empêcher l’exécution de Saddam Hussein. Gilles Munier, secrétaire de l’AFI
A Call to Defend Women and Minorities in the Middle East
By Lafif Lakhdar (*) This is a solemn call to the international civil society and international media, whose influence nowadays on the ruling elites could never be overemphasized. It is also a call to the Islamic world in need of openness to the modern values of Human Rights and modernity, which are indivisible, indeed, particularly as regards to the protection of woman and of national, ethnic, confessional, linguistic, and religious minorities. Unfortunately, the latter groups are still subject to the fourteen-century old theology of “Dhimmitude” (the status of “the People of the Book” under Islamic Law), despite the abolition of the “Jezya” (Poll Tax) in Egypt in 1855. As regards to the violations of Human Rights, I would just give two examples. The first relates to the interdiction made to a Muslim woman to marry a non-Muslim or even a Muslim of another confession. Last year, a Saudi judge ordered a Sunni woman to divorce her husband who happened to be Ismaelite (a Shiaa minority), as reported in Al-Quds Al-Arabi newspaper (of 27/04/2006). Moreover, Sharia (Islamic Law) treats a non-Muslim wife to a Muslim man in an atrocious manner: She will have no rights of custody over her young children, in case of divorce; nor to inherit her husband. Firstly, this is a call to respect religious freedom of minorities in the land of Islam to conduct cults, including their freedom to construct sites of worship, and to respect the rights of all citizens to change religion, or not to have one at all. The European Commission recently has requested from the Islamist government in Turkey to respect such a basic Human Right. And it had previously requested from the same government to abolish the death sentence and the punishment for adultery. This is a clear proof, indeed, of the potential success of foreign pressure to defend universally recognised Human Rights. Secondly, this is a call for equal treatment of all religious minorities, including the protection of non-Muslims’ rights to preach in Islamic countries, the same way Muslims are free to preach in the West, and it is a call to abolish laws dating back to the Middle Ages that call for punishing Christians found “guilty” of preaching outside their churches with decapitation. Recently, the Algerian government promulgated a law condemning Christians indicted for trying to convert Muslims to Christianity. This looks like replacing the above-mentioned decapitation sentence by a prison term. Indeed what a progress! One should notice, however, that for civil, religious, national and cultural rights of all minorities in the Middle East to be respected, there is a need to end political exclusion and marginalization to which these minorities are currently subjected, and for their full integration in the political life of their countries. A failure to urgently address these issues would only undermine stability in the region and ignite further hatred and conflict. __________________________________________________________ (*) Tunisian writer living in France. This article is an adaptation of a speech in French presented at a conference on ‘Copts: A Combat for Human Rights’ held in Paris in May 2006.
Facing record damages, Moroccan weekly’s survival in doubt
New York, December 28, 2006—The publisher of the independent Moroccan weekly Le Journal Hebdomadaire and a former reporter have been ordered to pay the record damages awarded earlier this year in a controversial defamation suit. Publisher Aboubakr Jamaï said the award could jeopardize the magazine’s survival. Jamaï told CPJ that two court officials visited Le Journal‘s Casablanca office on December 18 and gave him and former reporter Fahd al-Iraqi one week to pay a damage award of the 3 million dirhams (US$354,000) and fines in the amount of 100,000 dirhams (US$11,800). A Rabat court awarded damages in February to the head of a Belgium think tank who said the magazine defamed him in a 2005 article. The award, which was upheld on appeal in April, is the largest ever levied against a Moroccan publication in a defamation case, according to Le Journal. With the deadline having passed, authorities took no immediate action. But Jamaï told CPJ today that he is unable to pay the award and fears that Moroccan authorities may move to close the magazine and seize his personal assets and those of al-Iraqi. The defamation suit was brought by Claude Moniquet, who heads a Brussels-based security think tank called European Strategic Intelligence and Security Center. Moniquet alleged that Le Journal Hebdomadaire defamed him and his institute when it published a six-page critique questioning the independence of the center’s report on the disputed Western Sahara, which was annexed by Morocco three decades ago. Moniquet objected to the portrayal that the report was “guided by” the Moroccan government, and he said the magazine erroneously suggested that the report was government funded. Moroccan courts are widely seen as influenced by the government; the proceedings in this case fueled suspicions of a politically motivated judgment. Le Journal declined to defend itself at trial and on appeal after it was barred from introducing expert witnesses who would have testified that Moniquet’s report closely reflected government positions on the Western Sahara dispute. The state prosecutor went on record in support of Moniquet’s original demand of 5 million dirhams, although the prosecution had no obligation to make any recommendation. The trial court provided no explanation for how it reached the unprecedented damage award, the second record-breaking amount levied against Le Journal. Moroccan state-run media have eagerly covered the lawsuit, condemning the publication and highlighting the claims of the plaintiff. “Morocco has burnished an image as a liberal nation with a robust press, but this case raises many questions, especially given the magazine’s long history as a target of government harassment and legal persecution,” said CPJ Executive Director Joel Simon. “Le Journal has provided an invaluable forum for debate, and its future is vital to a free press in Morocco.” Le Journal Hebdomadaire and its sister publication, Assahifa al-Ousbouiya, have been repeatedly harassed by the government for their reporting on corruption, corporate impropriety, and taboo political topics. The papers have been criminally prosecuted, banned, and targeted financially through government advertising boycotts. In 2001, Jamaï and director Ali Ammar were slapped with then-record damages of around 1 million dirhams (US$118,000) for allegedly defaming Foreign Minister Muhammad Ben Aissa. The charges stemmed from articles published in 2000 in the weekly’s predecessor, Le Journal, alleging that Ben Aissa had profited from the purchase of an official residence during his tenure as Morocco’s ambassador to the United States in the late 1990s. The court also sentenced the journalists to suspended prison sentences. In February, just days before the Moniquet verdict, Moroccan authorities orchestrated protests against the magazine. The “demonstrators,” some of whom later acknowledged that they were recruited by the government, protested publication of an Agence France-Presse photograph showing a reader holding the edition of the Paris daily France Soir that reproduced Danish cartoons of the Prophet Muhammad. The magazine published the photograph as part of a 10-page chronology of events that followed publication of the controversial drawings in the Danish newspaper Jyllands-Posten. For more background, see these CPJ alerts: http://www.cpj.org/news/2006/mideast/morocco19apr06na.html http://www.cpj.org/protests/06ltrs/mideast/morocco17mar06pl.html http://www.cpj.org/news/2006/mideast/morocco17feb06na.html http://www.cpj.org/news/2006/mideast/morocco15feb06na.html (Source: Committee to Protect Journalists, le 28 décembre 2006) Lien: http://www.cpj.org/news/2006/mideast/morocco28dec06na.html