29 avril 2011

TUNISNEWS
10 ème année, N°3993 du 29.04.2011


ATDF:Urgence pour les migrants tunisiens à Paris

AFP: Tunis: des salafistes protestent contre une atteinte à leur prophète

AP: Une manifestation d’islamistes à Tunis dispersée à coup de gaz lacrymogène

AFP: Tunisie: incendie dans une prison à kasserine et fuite de plusieurs détenus

AFP: Tunisie: fuite de 300 détenus d’une prison incendiée à Gafsa


REVUE DE PRESSE


Urgence pour les migrants tunisiens à Paris


Bonjour. Il est urgent d’agir s’il vous plaît pour les Tunisiens qui sont arrivés à Paris. Nous avons besoin de médecins, médicaments, vêtements protège pluie / coupe vent, nourriture (plats cuisinés si vous désirez : penser aux couverts en plastiques), produits d’hygiène, des familles d’accueil pour les mineurs et de véhicules pour amener les « réfugiés » tunisiens vers des lieux d’hébergement ce soir. Cordialement, Dora. Association des Tunisiens De France – ATDF + 33 6 03 28 49 77 doratdf@yahoo.fr


Tunis: des salafistes protestent contre une atteinte à leur prophète


AFP / 29 avril 2011 17h41
TUNIS – La police tunisienne a chargé et tiré des grenades lacrymogènes contre des centaines de salafistes qui manifestaient vendredi à Tunis contre une atteinte au prophète Mahomet commise selon eux par un professeur tunisien.
Pendant plus d’une heure, des centaines d’islamistes s’étaient réunis au coeur de la capitale sur l’avenue Bourguiba, haut-lieu des des manifestations qui ont fait tomber le régime du président Zine El Abidine Ben Ali le 14 janvier.
Oh peuple révolte toi contre ceux qui insultent le prophète!, le peuple est musulman et ne cède pas, scandaient ces salafistes sur l’avenue Habib Bourguiba, avant la charge de policiers à pied et de voltigeurs à moto qui ont pourchassé les islamistes dans les rues adjacentes.
C’est un pays musulman et de telles déclarations ne doivent pas être prises à la légère pour qu’elles ne se reproduisent pas, avait auparavant déclaré à l’AFP un des manifestants, appelant les parents à protéger leurs enfants des idées empoisonnées.
Le 7 avril, deux élèves voilées avaient porté plainte à la direction d’un lycée à Bizerte (65 km au nord de Tunis) contre un professeur d’arabe, l’accusant de propos diffamatoires à l’encontre du prophète Mahomet et son de son épouse Aïcha, plainte transmise à la justice par la direction.
Cette histoire n’a aucun sens et a été utilisée à des fins politiques, a déclaré à l’AFP le professeur Abdelhamid El-kahouli, 55 ans.
Après trente ans de carrière, je suis obligé depuis 9 jours de ne pas reprendre les cours parce que je suis visé physiquement. Je suis vraiment épuisé moralement, a-t-il déploré.
Le porte-parole et le secrétaire général du mouvement islamiste Ennahda (Renaissance), Hamadi Jébali, n’a pas approuvé la manifestation de vendredi, car la justice suit son cours.

Une manifestation d’islamistes à Tunis dispersée à coup de gaz lacrymogène


THE ASSOCIATED PRESS Publié: 29 avril 2011 14:14
TUNISIA, Tunisia – La police tunisienne a fait usage vendredi de gaz lacrymogène pour disperser une manifestation d’islamistes au centre de Tunis, a constaté un journaliste de l’Associated Press sur place.
Plusieurs centaines de salafistes s’étaient rassemblés en début d’après-midi, après la prière du vendredi, sur l’avenue Bourguiba, principale artère de Tunis, pour protester contre des propos « offensants » tenus par un enseignant de Bizerte (nord) et un autre de Sousse (centre-est), a expliqué un étudiant barbu âgé de 27 ans.
« Nous sommes venus de Kasserine pour porter haut l’étendard du prophète Mahomet et réclamer une sanction contre quiconque lui porte atteinte », a déclaré un membre d’un groupe venu de cette région du centre-ouest. « Il y a des lignes rouges à ne pas franchir », a-t-il ajouté.
« Nous ne pardonnerons pas à ceux qui insultent le prophète », pouvait-on lire sur l’une des pancartes brandies par les manifestants, qui scandaient « Allahou Akbar » à l’aide de hauts-parleurs.
Après plus de deux heures, les manifestants, la plupart en djellaba et barbus, ont tenté de braver les forces de l’ordre qui ont fait usage de bombes lacrymogènes pour les disperser et éviter l’affrontement. AP

Tunisie: incendie dans une prison à kasserine et fuite de plusieurs détenus


AFP 29/04/2011 à 13:42
Plusieurs détenus se sont évadés vendredi de la prison de Kasserine au centre-ouest de la Tunisie après le déclenchement d’un incendie dans l’une de ses cellules, a-t-on appris auprès de ministère de la Justice.
Le ministère n’a pas précisé le nombre de détenus évadés.
Une enquête a été ouverte pour découvrir les circonstances de cet incident et déterminer les responsabilités, a ajouté le ministère dans un communiqué.
Des évasions massives s’étaient déroulées au cours du mois de soulèvement populaire qui a provoqué le 14 janvier la chute du régime du président Zine El Abidine Ben Ali après 23 ans de pouvoir absolu.
Fin Janvier, le ministre de la Justice avait appelé ces détenus (quelque 9.500 détenus) à retourner en prison.

Tunisie: fuite de 300 détenus d’une prison incendiée à Gafsa


 
AFP | 29.04.2011 | 20:10
 
Environ 300 détenus se sont évadés vendredi de la prison de Gafsa dans le sud-ouest de la Tunisie après le déclenchement d’un incendie dans une cellule, a annoncé l’agence officielle TAP.
 
L’armée tunisienne et des agents de la sécurité dans la région ont arrêtés jusqu’à présent 35 de ces détenus évadés et les recherches se poursuivent pour trouver les autres, a précisé la TAP.
 
L’incendie n’a pas provoqué de dégâts matériels ni des pertes humaines, a ajouté la TAP.
 
Le même scénario a été enregistré plus tôt vendredi dans une prison à Kasserine (centre-ouest) où plusieurs détenus se sont évadés après le déclenchement d’un incendie dans une cellule, a indiqué le ministère de la Justice affirmant l’ouverture d’une enquête pour la découverte des circonstances de cet incident et la détermination des responsabilités.
 
Des évasions massives s’étaient déroulées au cours du mois de soulèvement populaire qui a provoqué le 14 janvier la chute du régime du président Zine El Abidine Ben Ali après 23 ans de pouvoir absolu.
 
Fin janvier, le ministre de la Justice avait appelé ces détenus (quelque 9.500 détenus) à retourner en prison.


les combats se déportent en Tunisie


L’armée tunisienne s’est interposée entre rebelles et pro-Kadhafi à Dehiba, alors qu’au même moment, les forces gouvernementales libyennes tentent de reprendre le contrôle de Misrata. Les États-Unis accusent le régime de fournir du Viagra aux soldats afin d’encourager les viols.

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• Combats dans la ville tunisienne de Dehiba

Les forces de Mouammar Kadhafi se sont heurtées vendredi matin à l’armée tunisienne dans le centre de Dehiba, ville tunisienne à la frontière de la Libye. «Les gens ne peuvent pas sortir de chez eux. La bataille a débuté lorsque les brigades (pro-Kadhafi) ont attaqué les insurgés installés à Dehiba», explique un témoin. L’armée tunisienne a alors tenté de s’interposer entre les deux camps. Selon un autre témoin, des obus continuaient de tomber en fin de matinée, tuant une Tunisienne.

Des heurts du côté tunisien avaient déjà eu lieu jeudi après-midi, des rebelles libyens ayant été poursuivis de l’autre côté de la frontière par des pro-Kadhafi «sur environ un kilomètre», selon des témoins. Tunis avait dénoncé dans la nuit une «violation de l’intégrité territoriale tunisienne» par la Libye, et évoqué une «dangereuse escalade militaire».

Le poste frontière de Dehiba est âprement disputé par les rebelles libyens et les forces loyales au colonel Kadhafi. Conquis par les insurgés le 21 avril, il avait été repris jeudi après-midi par l’armée gouvernementale libyenne, avant de retomber entre les mains des rebelles quelques heures plus tard.

• Des chars des pro-Kadhafi à l’assaut de Misrata

Des chars de l’armée libyenne tentent de pénètrer dans le sud de Misrata, fief des rebelles situé à 200 km à l’est de Tripoli, et assiégié par les forces de Kadhafi depuis deux mois.

«Quatre chars ont attaqué la ville. Ils se sont positionnés dans la nuit, sur la route de l’aéroport, et tentent d’entrer dans la ville. Nous les avons arrêtés à l’extrême limite, pour le moment», a déclaré un combattant rebelle.

Autour de l’aéroport, les explosions ont débuté vers 7h30 et les affrontements à l’arme automatique vers 9h00. Plusieurs heures plus tard, des combats continus étaient audibles dans les faubourgs de la ville. Des obus de mortiers et des roquettes tombent sur la ville, notamment dans sa partie ouest.

Le principal hôpital de la ville a fait état de 2 morts et 16 blessés à la mi-journée. Un autre médecin a lui déclaré avoir vu 12 morts, dont deux femmes. «Tous nos blocs opératoires sont pleins», a déclaré un médecin d’un petit hôpital de Misrata, appelant les avions de l’Otan à intervenir «vite, comme ces derniers jours». Un avion de l’Otan a été aperçu en train de planer au dessus de la ville.

• Le port de Misrata miné

Selon l’Otan, les forces du colonel Kadhafi ont également fait miner le port de Misrata, repris par les rebelles, afin de bloquer l’arrivée des secours humanitaires.

«Nos navires ont intercepté de petits bateaux qui déposaient (des mines) et nous nous sommes débarrassés des engins que nous avons trouvé», a affirmé le général britannique Rob Weighill. «C’est une nouvelle démonstration éclatante de la façon dont le régime Kadhafi ignore totalement le droit international et tente aussi d’entraver l’envoi de secours humanitaires pour venir en aide à une population assiégée.»

De leur côté, les Etats-Unis ont affirmé dans une séance à huis clos du Conseil de sécurité de l’ONU que des pilules de Viagra étaient distribuées aux soldats pro-Kadhafi afin de les inciter à violer les femmes. «La coalition est confrontée à un adversaire qui commet des actes répréhensibles», a expliqué un diplomate présent lors de cette réunion.

• L’Otan va se concentrer sur Zintan et Yafran

«Nous pouvons voir qu’il y a beaucoup d’opérations offensives menées par les forces pro-Kadhafi dans les zone de Zintan et Yafran, et clairement cela va être une priorité pour nous», a affirmé le général britannique Rob Weighill.

Il a expliqué que l’Otan allait «chercher à toucher davantage de troupes pro-Kadhafi qui font pression sur des centres urbains». «Vous comprendrez que nous ne pouvons pas et ne divulguerons pas le plan, mais vous verrez le résultat dans les prochains jours».

Selon des rebelles sur place, l’Otan aurait déjà commencé à attaquer les positions des forces du colonel Kadhafi, en lançant cinq missiles. «Les forces de Kadhafi n’ont pas bombardé Zintan après les attaques aériennes», indique un des insurgés. Les attaques de l’Otan ont été confirmées par la télévision d’Etat libyenne.

Située à l’ouest dans les montagnes, la ville de Zintan se bat contre le régime depuis le 17 février. Yafran est également située dans les montagnes, au sud-ouest de Tripoli.

Source: ”Le Figaro” Le 29-04-2011

Tunisie – Plus de 800 évadés de la prison de Kasserine


 

Vendredi matin 29 avril 2011 à Kasserine, on signale l’évasion de plus de huit cents détenus de la prison locale après le déclenchement d’un incendie dans l’aile des femmes, selon le correspondant de la radio Express FM.

Selon les premières données, un mouvement de panique s’est emparé des prisonniers suite à la mise à feu des sommiers et des matelas dans le pavillon réservé aux femmes suivi d’un autre chez les hommes, ce qui a poussé des unités de l’armée à intervenir et à ouvrir les portes de la prison en vue de protéger et les détenus et les gardiens.

A l’origine de ce mouvement, toujours selon la même radio, il semble que les prisonniers aient été dépités par leurs conditions de détention alors qu’ils voyaient l’état d’Imed Trabelsi, tiré à quatre épingles. Ces mêmes détenus, dont un bon nombre est constitué par ceux qui avaient réintégré les geôles, espéraient bénéficier de la promesse de revoir leurs conditions avant de bénéficier d’une éventuelle grâce. En vain, alors que d’autres, condamnés pour corruption, ont été graciés.

Express FM précise encore que les prisonniers restés dans les geôles sont ceux qui n’ont plus que quelques semaines à purger ou ceux parmi les Kasserinois, ayant de lourdes peines à passer encore pour des crimes de meurtres, notamment, et qui avaient peur d’être lynchés par les membres des familles des victimes.

Dans une dépêche de la TAP, on fait mention d’un « incendie et de l’évasion de 522 détenus »

Un nouveau coup dur pour la situation sécuritaire dans cette région.

Source: “Business News” Le 29-04-2011

Tunisie: les islamistes ne se cachent plus


 

Outre le mouvement Ennahda, qui sera sans doute l’une des principales formations politiques de la démocratie naissante, des courants minoritaires, plus radicaux, cherchent à faire entendre leurs voix.

Barbe et djellaba pour les hommes, niqab pour les femmes, ils sont une cinquantaine, ce vendredi 1er avril, prosternés pour la prière de l’après-midi, en pleine avenue Habib-Bourguiba. Scène impossible il y a encore trois mois… Les badauds et les clients des cafés de l’avenue observent, médusés.

Après la prière, la manifestation se dirige vers la Kasbah, siège des bureaux du Premier ministre. Principale revendication: la levée de l’interdiction, en vigueur sous Ben Ali, du port du voile sur les photos d’identité. « Le hijab est une obligation envers Dieu! » scandent les protestataires. Ils obtiendront gain de cause. Au nom de la liberté individuelle.

« Une partie de la classe moyenne est attachée aux acquis de la Tunisie moderne »

Toutes tendances confondues,les islamistes ont été systématiquement pourchassés et réprimés en Tunisie – d’abord par Bourguiba, qui les détestait, puis parBen Ali. Aujourd’hui, comme tous les autres Tunisiens, ils entendent profiter du climat de liberté offert par la révolution pour s’exprimer, y compris dans la rue. Cet activisme inquiète une partie de la classe moyenne, attachée à ce que l’on appelle ici les « acquis » de la Tunisie moderne: le Code du statut personnel, en particulier, donne aux femmes une liberté sans équivalent dans le monde arabe. « Certains groupes islamistes ont des idées rétrogrades sur les femmes et prétendent les garder à la maison », déplore Khadija Chérif, sociologue et ancienne présidente de l‘Association tunisienne des femmes démocrates, qui entend défendre, comme son nom l’indique, à la fois les droits des femmes et la démocratie.

A 40 ans, Noura est de celles qui ont choisi de porter le niqab, le voile intégral. Elle aime s’acheter des vêtements, mais réserve ses petits hauts à la mode à l’intimité familiale ; dans la rue, en revanche, elle est couverte de la tête aux pieds: ample robe, voile, gants… La jeune femme a commencé par porter le hijab, qui ne dissimule que la tête et le cou, puis elle a décidé, il y a quelques années, de « suivre les femmes du Prophète » en se couvrant entièrement. Elle dit qu’ainsi elle se sent « respectée par les hommes ».

Pas de musique, hormis les chants religieux

Noura reconnaît qu’il lui arrive de faire peur aux passants… et aux passantes: « Certaines m’accostent pour me dire que ces vêtements datent d’un autre siècle! » Elle voit pour sa part dans cette réaction un « rejet de l’islam », dont elle rend l’ancien gouvernement responsable car il a « fait passer les musulmans pour des terroristes, dit-elle. Je ne fais que suivre les préceptes de ma religion. Je ne prétends pas imposer quoi que ce soit aux autres ni leur dire ce qui est permis et ce qui ne l’est pas ».

Noura affirme qu’elle n’est pas salafiste et que seul le Coran lui dicte son mode de vie. Ses comportements la rapprochent cependant de ces islamistes ultraconservateurs: elle n’écoute jamais de musique, sauf les chants religieux, et avoue fuir la mixité. Ce courant, dans sa forme « scientifique », c’est-à-dire non violente – l’autre branche, djihadiste, est incarnée par Al-Qaïda -, est apparu à la fin des années 1990 dans les pays du Maghreb, et notamment en Tunisie. Contrairement aux mouvements islamistes nés dans les années 1970, il rejette l’idée même de démocratie, jugée contraire à la charia, la loi islamique.

« C’est un courant très minoritaire en Tunisie, affirme Sami Brahem, islamologue et professeur à l’Institut préparatoire aux études littéraires et de sciences humaines de Tunis (IPELSHT). Il a notamment été véhiculé par des « livres de bonne conduite » qui ont envahi le pays il y a une dizaine d’années. » Il s’est nourri aussi des émissions de chaînes satellitaires du Golfe comme Iqraa ou Al-Rissala. « Ces canaux comblaient un vide alors que l’expression religieuse était considérée avec méfiance », souligne Slaheddine Jourchi, vice-président de la Ligue tunisienne des droits de l’homme.

La Tunisie compterait environ 2000 salafistes, peut-être un peu plus si l’on tient compte de leur réticence à reconnaître leur appartenance à ce mouvement. Du temps de Ben Ali, il était impossible de s’avouer salafiste, bien sûr. Leur présence dans les manifestations a donc surpris les Tunisiens.

Leur droit à l’expression est peu contesté dans ce pays si longtemps verrouillé. Etait-il en revanche envisageable qu’un courant ouvertement opposé à la démocratie puisse constituer un parti et solliciter les voix des électeurs? A la demande expresse du Premier ministre par intérim, Béji Caïd Essebsi, le gouvernement a répondu par la négative en refusant de reconnaître Hizb Ettahrir, le « parti de la libération », qui sollicitait comme bien d’autres formations le droit d’exister légalement et de participer aux prochaines élections.

« Pour nous, la politique est indissociable de la religion »

Né en 1953 d’une scission des Frères musulmans, présents dans 70 pays, ce parti, qui prône un retour au califat et à la charia ainsi que l' »éradication du capitalisme », a émergé en Tunisie dans les années 1980. Malgré son interdiction, ses dirigeants entendent participer au débat public. « Nous dérangeons, affirme Nabil Manai, l’un des membres du bureau exécutif de Hizb Ettahrir, parce que, pour nous, la politique est indissociable de la religion. Séparer les deux relève d’une conception occidentale. »

Pour l’heure, les Tunisiens, même lorsqu’ils se sentent proches de l’islamisme, semblent davantage attirés par le discours plus modéré du parti Ennahda. Ce dernier leur propose de conjuguer l’islam et la démocratie en s’inspirant notamment del’AKP (le « parti pour la justice et le développement »), au pouvoir en Turquie. Selon un récent sondage réalisé par le bureau d’études tunisien Global Management Services, le fondateur d’Ennahda, Rached Ghannouchi, serait, après le Premier ministre, la personnalité dont la notoriété est la plus forte en Tunisie. « Beaucoup de Tunisiens connaissent mal l’islam, commente Noura. Il faudra du temps pour les informer. »

Source : « L’express » Le 29-04-2011

Tunisie, pour réussir la transition démocratique il faut instaurer

des valeurs


 

Après plus de trois mois du 14 janvier, et à autant de temps qui nous sépare des élections de l’assemblée constituante, la rue se pose des questions sur l’avenir : qu’est-ce qui nous attend sur le plan économique, politique et social ? Pour qui allons-nous voter, comment réussir la transition démocratique dans le calme ? Autant de questions, et d’autres encore ont été posées hier au cours de la deuxième journée du Forum organisé par le magazine Réalités, sous l’intitulé : «La révolution tunisienne les enjeux de la transition démocratique et le rôle de la société civile». Et auxquelles ont répondu des experts tunisiens et étrangers dans tous les domaines. «La révolution tunisienne a réalisé les ¾ de ses enjeux, il reste actuellement qu’il faut passer du mouvement social à l’institutionnalisation », explique Mahmoud Ben Romdhane, économiste tunisien, après quoi il dissèque l’enjeu économique « Il est tel que nous avons un déficit sensible des recettes cette année, et une explosion des demandes…et que la crise est aggravée par l’attentisme des investisseurs nationaux et internationaux ». Selon lui, les résultats du 24 juillet traduiront la volonté du peuple tunisien de s’ouvrir sur l’extérieur et de sauver l’économie, « si le choix est le refus de l’ouverture vers l’extérieur, c’est choisir de s’enfoncer dans la crise», a-t-il dit. Gérard François Dumont, professeur à la Sorbonne pose la question de quel exemple serait le meilleur à suivre pour la Tunisie de demain : « Certains évoquent l’exemple de la Turquie, or ce pays est différent de la Tunisie de part son histoire et de sa géopolitique, d’ailleurs la Turquie vit une recrudescence de l’autoritarisme », argumente-t-il dans son intervention. Il évoque un nombre d’exigences primordiales pour l’accomplissement d’une transition démocratique réussie, dont la transparence des financements des partis : «Il faut réfléchir à une loi extrêmement ferme pour la transparence des financements des partis politiques, il faut aussi séparer les pouvoirs, former les Tunisiens dans les métiers dont la Tunisie a besoin ».

Lech Walesa : Pour réussir, il fau être solidaire

Lors de cette rencontre qui a réuni plusieurs politiciens, économistes, juristes et sociologues, l’invité d’honneur demeure l’ex-président polonais, Lech Walesa, l’emblématique syndicaliste qui a conduit la révolution polonaise contre lé régime soviétique, devenu en 1990 président de son pays.

« Vous voulez réussir une révolution, et allez de l’avant ? Il faut être solidaire. Il faut porter le fardeau à plusieurs. Quand la Pologne a vécu sa révolution, elle avait des ennemis extérieurs, la menace nucléaire, le système soviétique, mais ce n’est pas le cas chez vous, vous devriez être unis», répète-t-il, à plusieurs reprises. Il a appelé à ce que les syndicalistes gardent un œil vigilant sur ce que font les politiciens : « non pas pour faire des grèves et revendiquer, mais pour surveiller et voir comment l’argent a été dépensé», ajoute-t-il. Lech Walesa, syndicaliste devenu président, connaît plus que quiconque comment réussir une transition d’une dictature vers une démocratie, il refuse toutefois de donner une recette toute faite, il dit que chaque pays doit construire un modèle qui aille avec ses valeurs, son histoire et l’attente de son peuple. Il prône la participation des masses dans le processus de démocratisation, et que chaque prise de position soit argumentée de part et d’autre. « Toute négociation doit être faite dans le cadre d’un triangle équilatéral, à savoir les patrons, l’administration et le syndicat. Pour ce faire il faut réinstaurer la notion de responsabilité chez les citoyens. Quant on enlève ses droits à un peuple, il oublie ses responsabilités. Maintenant, il faut responsabiliser. Chacun doit être responsable de sa maison, de son quartier, de sa ville », explique-t-il. A la question, lequel des systèmes, présidentiel ou parlementaire, serait le meilleur à suivre, Lech Walesa répond : « C’est au peuple tunisien de décider, s’il voit qu’il existe un homme à la hauteur de la charge, qu’ils élisent un président. Le régime présidentiel est plus efficace, si ce n’est la peur du retour d’une dictature. Le système parlementaire quant à lui est probablement plus adéquat, mais il va plus lentement vers l’atteinte des objectifs ».

Interrogé sur son avis au sujet de la décision de dissoudre le RCD, ancien parti au pouvoir et d’exclure ses membres de la vie politique, Lech Walesa répond : « En démocratie on ne peut pas exclure, c’est la cour qui décide et non pas les politiciens. Ce n’est pas bien quand les politiciens prennent leur revanche. Il y a quelques jours en Pologne, il y a eu le jugement du général qui a instauré la loi martiale, bien que tout le monde sache qu’il est coupable, il a été acquitté parce qu’il n’y avait aucune preuve contre lui. C’est la loi. On peut modifier une loi mais on ne peut pas l’enfreindre ».

Arun Kapil, professeur universitaire à Paris est du même avis. « Dans aucun pays révolutionnaire le parti autoritaire n’a été dissout. Je crains que la dissolution ne soit pas un choix prudent », s’exprime-t-il.

Aux côtés du défi politique, celui de la continuité économique.Hakim Ben Hammouda, expert à l’OMC, révèle qu’une étude faite par 20 chercheurs montre qu’il y a stagnation des investissements privés et aversion à l’investissement dans les secteurs à haut risque. « L’année 2011 sera difficile avec un taux de croissance ne dépassant pas les 1.3% », constate-t-il. Au même moment, lors de tout changement politique, les comportements économiques changent. Pierre Delval, président de la Fondation Waito, prévient contre la recrudescence du crime organisé. « En moment de crise, les mafias et les bandes organisées se disent : focalisons-nous sur la détresse des populations ». Ils sont spécialistes dans la contrefaçon des produits alimentaires, les médicaments, le tabac, les produits cosmétiques. « C’est le véritable ennemi de demain, il y a une mutation qu’il faut prendre avec beaucoup de sérieux. La solution est d’abord d’établir les faits, construire une analyse précise de la situation en Tunisie, ajouter des aspects plus répressifs au code pénal comme « tromperie aggravée », et rétablir la relation police-douane entre la rive nord et la rive sud de la méditerranée ». Selon lui, ces trafics génèrent plusieurs centaines de milliards de dollars par an dans le monde. Le Maroc a par exemple vu le narcotrafic baisser de 25%, mais la contrebande augmenter de 30%.

Les élections du 24 juillet. Adrianus Koestsenruijter, ambassadeur et chef de la délégation de l’Union européenne en Tunisie, évalue la situation pré-électorale, selon les données actuelles.

«Il y a des experts européens des élections qui sont venus en janvier, et qui ont quitté il y a juste une semaine. Ils ont rencontré tous les partis politiques tunisiens qui ont été crées jusqu’à leur départ. Ils ont fait un grand rapport, qu’ils ont présenté au gouvernement provisoire ». Ce rapport évoque notamment la complexité et la difficulté de la tâche. A savoir mener à bon port ces élections. Principalement parce que le délai serait trop court pour pouvoir instaurer toute la logistique (enregistrement de tous les votants, renouvellement des cartes d’identités). «Le déroulement des élections aura des faiblesses dans certaines régions ; c’est un grand défi et un risque », confie l’ambassadeur européen. Il annonce :« je vais bientôt avoir une réunion avec l’équipe observatoire, pour voir si oui ou non ils vont observer ces élections. Parfois il n’est pas possible de le faire tellement les conditions sont mauvaises ». Cette équipe restera une dizaine de jours au cours desquels elle rencontrera l’équipe de Yadh Ben Achour.

Quant à l’avenir de la Tunisie, Adrianus Koestsenruijter est optimiste : « si la région se stabilise, économiquement la Tunisie deviendrait le Tigre du Maghreb ».

Parmi l’auditoire, des intervenants ont tout de même fait part de leur inquiétude. Certains se sont interrogés sur le contenu des programmes des partis politiques, ont déploré l’absence de communication de ces mêmes partis et ont appelé à ce que la société civile soit plus concernée, qu’elle participe plus à l’avenir politique, social et économique du pays.

Source : « GlobalNet » Le 29-04-2011

La révolution est-elle encore populaire ?


Les jeunes qui sont à l’origine du soulèvement populaire risquent d’être récupérés par les partis politiques traditionnels et voir leurs revendications ignorées, s’inquiète un blogueur sur le site Nawaat.

Les Tunisiens vivent depuis le 14 janvier une situation de stress continu. Chaque jour arrive avec son lot de déclarations inquiétantes, d’alertes, d’informations ambigües ou carrément incompréhensibles. Le constat à la fois triste et grave : nous sommes aujourd’hui manipulés à la fois par les gouvernements successifs et par les partis politiques.

Les gouvernements successifs ne cessent de nous prévenir que la situation économique est de plus en plus détériorée (ce qui est probablement vrai) et que ses choix politiques pour la période de transition sont les meilleurs et qu’il n’y a point de salut ailleurs (ce qui est souvent moins vrai). Et à chaque fois que les Tunisiens commencent à lui faire confiance pour consolider la situation, le gouvernement trouve le moyen de nous remettre le doute. De la nomination des gouverneurs, à la nomination des délégués et j’en passe des gaffes, le gouvernement semble bien décidé à continuer à prendre des décisions bien suspectes. La cerise sur le gâteau était ce spectacle pathétique de Imed Trabelsi [homme d’affaires, neveu de l’épouse du président déchu Ben Ali] au tribunal, tiré à quatre épingles et devant le même juge qui l’avait blanchi dans l’affaire du vol du yacht [un trafic entre la France et la Tunisie de yachts volés, une affaire qui remonte à 2006] comme si aucun autre juge ne pouvait assumer l’affaire.

La réaction du peuple peu structuré au début de révolution a démontré un attachement profond aux valeurs de la révolution que sont la liberté et la dignité mais aussi avouons-le un manque de maturité politique. Si on tente une comparaison avec la révolution égyptienne, on s’étonne de la simplicité des revendications des jeunes tunisiens et leur incapacité à tirer profit d’une situation qui était à leur avantage. En effet, les jeunes égyptiens ont tout de suite après la démission de Moubarak formé une délégation commune pour les représenter légitimement. En Tunisie, les jeunes n’ont toujours pas organisé leurs rangs et ils sont du coup une cible facile pour la récupération.

Il en résulte, aujourd’hui, une double manipulation, de la part du gouvernement et des partis :

– Certains partis politiques critiquent le gouvernement (ce qu’ils sont encouragés à faire) sans hésiter à défigurer son action, distordre les informations et même diffuser des fausses rumeurs (ce qui là par contre est inacceptable). Certains ont investi le terrain en se dressant comme les représentants du peuple dans les comités locaux de protection de la révolution. D’autres se sont même payé une tribune de luxe pour leur propagande électorale on prenant le contrôle tout bonnement des mosquées. Il y a ceux qui ont accepté de participer à un gouvernement majoritairement RCD [Rassemblement constitutionnel démocratique, le parti au pouvoir avant la chute de Ben Ali], et se sont même dressé pour défendre des responsables RCD comme étant des gens « propres ».

– Même les acteurs de la société civile ne sont hélas pas en reste : j’avais une envie terrible de me pincer en lisant le communiqué dans lequel les juges demandaient à être représentés dans l’assemblée constituante [qui doit être élu le 24 juillet] et en même temps d’être responsable de la supervision des opérations de vote.

Les associations féminines elles nous ont fait le cadeau empoisonné du débat sur la « laïcité » ce terme obscur qui change de sens avec chaque pays et qui provoque une très grande polémique déjà en France.

– Le gouvernement et les partis politiques nous offrent un spectacle des plus absurdes avec leur jeu de la patate chaude: les partis politiques et les associations refusent (probablement pour des raisons électorales) de condamner les blocages et grèves qui se sont généralisés pour des demandes souvent sectaires. On assiste à une banalisation des sit-in politiques répétitifs et dont le message reçu par la population est : « si je peux bloquer je bloque, c’est mon droit de protester ainsi ». Le gouvernement pour sa part ne prend pas le risque de prendre des mesures contre ce fléau y voyant un piège tendu par les partis qui n’hésiteront pas à lui tomber dessus en criant au retour de la dictature et de la répression. Les Egyptiens eux ont résolu le problème depuis des semaines avec une loi sanctionnant sévèrement les blocages et les reconnaissant clairement comme des actions contre-révolutionnaires.

– Le gouvernement pour des raisons obscures refuse de reprendre la main et nommer lui même les imams des mosquées comme s’il voudrait bien voir augmenter notre exaspération devant les prises de contrôle des mosquées. Au même moment, le Premier ministre déclare que bannir les candidatures des anciens responsables du RCD risque de laisser le champ libre à « un courant politique particulier » !

– La grande méfiance du gouvernement dans son traitement du dossier épineux de la crise sécuritaire. Devant un enjeu national de cette envergure qu’est la réforme de l’appareil sécuritaire, le gouvernement et les partis politiques choisissent la manœuvre politicienne : l’opposition cherche par tous les moyens de saper le travail du gouvernement et empêche tout traitement serein de la question des responsables des morts et des blessures pendant la révolution, au point de susciter de nouveau ce sentiment de méfiance entre les agents de l’ordre et les citoyens. Le gouvernement lui joue la montre et profite du sentiment d’insécurité grandissant chez les Tunisiens pour décrédibiliser ses détracteurs.

– Il semble difficile d’organiser une manifestation politique sans qu’elle ne soit récupérée par tel ou tel parti (exemple : la manifestation du 24/04 avenue Habib Bourguiba contre la candidature des anciens responsables du RCD et qui s’est transformé en compagne électorale pour certains partis).

– Le désintérêt commence à se voir chez les Tunisiens pour la chose politique, après un engouement au delà de toute espérance les premières semaines après la révolution. La restitution de la révolution au peuple ne semble pas facile mais si on n’y parvient pas, une bonne partie de nos rêves post révolutionnaires risque de s’envoler si ce n’est la totalité.

Source : « Courrier International » Le 28-04-2011

La Tunisie enregistre un déficit de sa balance commerciale alimentaire


Tunis, Tunisie – Au cours du premier trimestre de 2011,j le déficit de la balance commerciale alimentaire de la Tunisie a atteint 253,4 millions de dinars contre 55,5 millions de dinars au premier trimestre 2010, soit une augmentation de 197,9 millions de dinars, révèle une étude de l’Union tunisienne de l’agriculture et de la pêche (UTAP). L’augmentation de 53,3 pour cent des importations agricoles a contribué à ce déficit, alors que le taux de croissance des exportations n’a pas dépassé 11,7 pour cent, indique la revue tunisienne «Al-Fellah» (l’Agriculteur) citant cette étude de l’UTAP. Le document indique que le taux de couverture a chuté de 87,9 pour cent à 64,1 pour cent en 2010, alors qu’il était de l’ordre de 122,7 pour cent en 2009. Selon la revue, la hausse de la valeur des importations alimentaires est due au renchérissement des prix des produits de 24,8 pour cent. Une flambée des prix qui dépasse les 100 pour cent a été enregistrée pour deux produits de base, à savoir le sucre et le blé (dur et tendre). Pour ce qui est du sucre, l’étude indique que 131.000 tonnes d’une valeur de 152,1 millions de dinars ont été importées au cours du premier trimestre de cette année, alors que les statistiques indiquent que le Tunisien consomme chaque année 35 kilogrammes de sucre. Les importations de blé dur ont atteint 175,8.000 tonnes pour une valeur de 92,5 millions de dinars, tandis que les importations de blé tendre ont atteint 195,36.000 tonnes pour une valeur de 93,3 millions de dinars. Les importations des huiles végétales ont atteint 68,5.000 tonnes pour une valeur de 116,9 millions de dinars, indique la même étude. Au niveau des exportations, notamment pour les produits de mer, ils ont progressé à 5.000 tonnes pour une valeur de 17 millions de dinars alors que les exportations des conserves de tomate sont estimées à 5.000 tonnes pour un coût de 16 millions de dinars. Les exportations d’huile de soja ont augmenté de 83,3 pour cent et sont destinées essentiellement au Maroc et à l’Algérie, tandis que celles des dattes ont progressé pour atteindre 45 millions de dinars. S’agissant de l’huile d’olive, elle contribuera pour 39 pour cent de la valeur des exportations alimentaires tunisiennes, suivie des produits halieutiques (13 pour cent), les dattes (13 pour cent) et les pâtes alimentaires (sept pour cent).

Source : « Afrique en ligne » Le 29-04-2011

« Certaines parties ne souhaitent pas la stabilité de la Tunisie »


 

Le ministère de l’Intérieur a dénoncé jeudi « certaines parties » qui ne souhaitent pas que la Tunisie recouvre sa stabilité sécuritaire, sociale et économique.

Ces parties utilisent tous les moyens pour semer le désordre et l’insécurité et pour entraver le processus de transition démocratique dans le pays, affirme le ministère de l’Intérieur dans un communiqué.

Tous les efforts seront déployés afin de mettre en échec ces tentatives de déstabilisation dans le respect de la Loi, assure le ministère de l’Intérieur qui cite certains agissements commis ces derniers temps, dont des actes de pillages, de destruction, d’incendies et des violences verbales.

Le ministère de l’Intérieur, qui a souligné que ses différents services ont fait face à ces pratiques «dans le respect des exigences de la nouvelles étapes» que connaît la Tunisie affirme qu’il poursuivra «le suivi de toutes les manifestations pacifiques et leur préservation contre toute forme de déviation ».

Saluant les efforts des différentes unités de la sécurité intérieure, le ministère de l’Intérieur met en garde contre toute tentative de porter atteinte aux biens publics et privés, de couper les routes, d’entraver la circulation et d’empêcher la liberté du travail. Les auteurs de ces actes seront traduits devant la justice, précise-t-on de même source.

Les efforts des unités de la sécurité intérieure se poursuivront malgré « les conditions exceptionnellement difficiles » que connaît l’institution sécuritaire. Le ministère cite à cet égard les actes de destruction des postes de police et « les campagnes de dénigrement » visant les agents de sécurité dans le but, précise le ministère, de déstabiliser l’institution sécuritaire et les structures de l’Etat et de semer le désordre et la panique parmi les citoyens.

Ces campagnes de dénigrement, ajoute le ministère, ont visé les agents des forces de sécurité intérieure qui se sont sacrifiés pour défendre la patrie, protéger les citoyens, garantir une transition démocratique et mettre en échec les plans visant à semer le désordre et la terreur dans le pays.

Source : « Espace Manager » Le 28-04-2011

Baisse de 12% des transferts des Tunisiens à l’étranger, durant le 1er trimestre 2011


 

Paradoxe difficile à interpréter : les transferts opérés par les Tunisiens à l’étranger vers la Tunisie a accusé durant le premier trimestre 2011 une baisse de 12%. C’est ainsi que de 603 MD en 2010, ils ont chuté à 530 MD. D’après les tendances cycliques observées de par le monde, c’est généralement durant les périodes de difficultés économiques que les montants de ces transferts augmentent généralement, en signe de soutien des migrants à leurs familles restées dans leurs pays d’origine. Une forme de solidarité pour compenser la baisse des revenus, l’arrêt de travail et le ralentissement économique. Mais voilà que dans le cas de la Tunisie, les chiffres montrent une tendance inverse.

Evidemment, il ne doit s’agir, selon un spécialiste interrogé par Leaders, que d’une baisse passagère qui ne manquera pas de se corriger au cours du reste de l’année.  

Source: “Leaders” Le 29-04-2011

Réformer ou mourir (II) La réforme de la répartition des richesses produites


 

Au lendemain du 25 juillet 2011 au matin, la Constituante et le gouvernement qui en émergera par la suite, auront à régler des problèmes qui attendent une solution depuis plus de quarante ans ». Dans une série d’articles, Habib Touhami passe en revue les grands chantiers du « jour d’après », « des réformes globales, structurelles que tous les Tunisiens attendent ». Le premier partie a été consacré à la réforme fiscale « sans laquelle, aucune avancée démocratique n’est envisageable dans notre pays », tant il est vrai que cette réforme devra consacrer le principe d’égalité devant l’impôt, principe constitutif de toute démocratie moderne que « le système tunisien est loin de respecter ». Dans l’article qui suit, l’auteur se penche sur « la répartition des richesses produites » :

La pensée économique de ces trente dernières années a été si contaminée par les thèses ultralibérales que la problématique de la répartition et de la redistribution des richesses produites ne trouve plus beaucoup d’intérêt, ni auprès des économistes, ni chez les politiques. Les monétaristes et leurs émules reaganiens et thatchériens ont réussi à faire de cette problématique un tabou, un épouvantail et l’antiéconomique par excellence. Les instances financières internationales, la Banque Mondiale et le Fonds Monétaire International en tête, leur emboitèrent le pas pour condamner pêle-mêle « l’interventionnisme étatique », le volontarisme, la régulation sous toutes ses formes, le coût « prohibitif » de la protection sociale, la sauvegarde du pouvoir d’achat des salaires, les syndicats, etc. Par un curieux hasard, mais l’est-il vraiment, la montée de l’ultralibéralisme a coïncidé avec la résurgence des intégrismes religieux. Quoi de plus logique en somme puisque les deux « intégrismes » s’accordent pour transférer la problématique de la répartition équitable des richesses produites de la solidarité à la charité, de l’Etat à la communauté. Il est vrai que la pensée économique a privilégié, dès l’origine, la problématique de la création des richesses par rapport à leur répartition.Seule la première a retenu l’attention de l’immense majorité des économistes, et d’abord celle du premier d’entre eux. En effet, Adam Smith ne traite que de la création des richesses dans son « Enquête sur la nature et les causes de la richesse des nations ». David Ricardo n’en a arriva pas moins vite à la conclusion que l’étude de la nature et des causes de la richesse était « vaine et décevante » alors que la répartition des richesses constitue « l’objet propre de la science ». La « dérive » du politique procède d’une toute autre logique. Par tactique ou par désœuvrement idéologique, les hommes politiques (de gauche surtout) ont peu à peu abandonné le terrain de l’équité pour se placer sur celui de « l’efficacité », comme si l’on ne pouvait créer davantage de richesses qu’en usant de l’exploitation du plus grand nombre et comme si l’équité sociale ne pouvait favoriser, elle aussi, la création de richesses. Or la prétention selon laquelle création de richesses et équité sociale sont antinomiques est fallacieuse dans la mesure où elle ne repose sur aucune construction théorique solide ni sur aucun résultat économétrique probant comme il est d’usage. De plus, la production des richesses et leur répartition ne constituent nullement deux questions distinctes, mais bel et bien deux aspects de la même question, à traiter et à articuler indistinctement l’un par rapport à l’autre. En fait, la mise à l’index de la redistribution des revenus par la chapelle ultralibérale obéit à une règle plus politique que théorique. Il ne faut pas se leurrer : l’ultralibéralisme n’assoit sa crédibilité que sur des facteurs n’ayant que peu de rapport avec l’exigence scientifique proprement dite. Dans le cas présent, la pensée économique dominante sert les ultralibéraux anglo-saxons à légitimer leur vision du monde apportant ainsi la preuve que le crédit que l’on accorde à tel ou tel discours économique n’est déterminé en définitive que par les conditions politiques et socioculturelles qui règnent à un moment donné de l’histoire, c’est-à-dire par les rapports de force sur le plan mondial. Il n’est d’ailleurs pas innocent de voir cette mise en « index » aller très au-delà du champ économique puisqu’elle vise, fondamentalement, à circonscrire le rôle de l’Etat à l’exécution de ses missions régaliennes classiques (Administration, Police, Justice). Dans un pays comme le nôtre, ce chambardement culturel et politique a conduit à l’affaiblissement de l’Etat au-delà de tout ce qu’on peut imaginer, car à quoi servirait un Etat qui n’a plus les moyens ou la volonté de la régulation économique et sociale (oublié l’avertissement de Keynes selon qui « le capitalisme livré à lui-même ne peut que conduire à des crises chroniques »). Dans cette affaire, le double langage des institutions financières internationales atteint des sommets puisque celles-ci interdisent aux pays en voie de développement ce qu’elles consentent volontiers aux pays les plus développés : protection commerciale et douanière aux frontières, aides et subventions allouées aux agriculteurs et à d’autres groupes socioprofessionnels, compensation de certains prix, déficit public, etc. Aussi est-on arrivé à la situation grotesque où les politiques protectionnistes des pays développés coûtent aux pays en voie de développement plus de 100 milliards de dollars par an, soit deux fois plus que le montant de l’aide publique au développement qui leur est accordée (chiffre de 2003). Quel que ce soit le biais par lequel on examine la répartition des richesses produites en Tunisie depuis un quart de siècle, le résultat est quasiment le même : ce sont les classes moyennes et les salariés tout particulièrement qui ont payé le prix fort de la crise économique et financière de 1985-86, de la dévaluation du dinar, de la mise en branle du Plan d’Ajustement Structurel (PAS) et de la prédation exercée par Ben Ali et son clan. En effet, l’évolution des diverses composantes des revenus primaires (masse salariale+excédent net d’exploitation+revenus de l’Etat) avant et après le PAS montre que celui-ci a généré une répartition primaire radicalement différente au cours de la période 87-90 par rapport à la période 82-86.Ainsi la masse salariale, dont la part était en moyenne de 42.1 % au cours de la période 82-86 ne représentait entre 1987-90 que 38.2% de la somme des revenus primaires. Inversement, la part du capital est passée de 37.3% en moyenne entre 82-86 à 43.5% au cours de la période 1987-90. Les officiel expliquent cette dissymétrie par la nécessité de faire rattraper la part de capital dans la somme des revenus primaires considérant que les fortes augmentations de la masse salariale entre 82 et 86 ont pénalisé le capital. Cette façon de présenter les choses est évidemment critiquable. D’abord que la part du travail dans le PIB partait d’un niveau insuffisant en 82, et que c’est cette part qu’il fallait rattraper pour équilibrer la répartition des revenus en facteurs. Ensuite parce que entre 1982 et 1990, le PIB aux prix courants s’est accru à un rythme annuel moyen de 11.5%., mais que cette hausse à prix constants n’a été que de 3% en moyenne par année, et ce en raison de la hausse générale des prix. D’ailleurs le Patronat tunisien ne s’est pas gêné à l’époque de dire qu’il répercutera la hausse des salaires qui lui arracheront Gouvernement et Syndicats sur les prix (10% de plus de salaires engendrent 3% de plus en hausse des prix).

Suppléments de revenu distribués aux facteurs de production en %

En % du PIB

Total facteurs

Salariés

Etat

Capital

Surplus

80/79

14,5

3,2

2,3

8,9

1,2

81/80

12,5

5,1

2,1

5,3

0,5

82/81

9,9

7,9

2,8

-0,8*

-6,2

83/82

10,6

5,7

3,2

1,7

0,7

84/83

7,3

1,3

1,0

5,0

-0,5

85/84

5,7

1,4

0,3

4,0

0,3

86/85

0,2

1,2

1,2

-2,3

-3,0

87/86

11,0

1,0

0,9

9,1

2,2

88/87

7,0

1,8

0,6

4,6

-1,4

89/88

10,2

3,0

0,0

7,2

3,9

90/89

13,3

1,9

1,4

10,0

6,3

82-86

6,1

3,1

1,6

1,5

-1,6

87-90

10,5

2,0

0,7

7,8

2,9

*Un signe négatif désigne « un apport » effectué suite à une baisse du taux de rémunération unitaire. Source : IEQ

Même quant il y a eu croissance et amélioration de la productivité, cela a profité au facteur capital. Dès la mise en place du PAS, les suppléments de revenu distribués aux factures de production ont d’ailleurs commencé à profiter davantage au facteur capital par rapport au facteur travail, inversant ainsi la tendance constatée pour la période 1982-86.

Taux de croissance annuels moyens

Période

PIB

PIB aux prix de 1980

Productivité de travail

Productivité du capital

82-86

13,0%

2,9%

0,4%

-4,4%

87-90

11,1%

3,9%

1,7%

2,1%

82-90

11,5%

3,1%

0,7%

-2,8%

Source : IEQ Toujours est-il que la masse salariale globale en Tunisie est passée, officiellement, de 48% du PIB en 1984 à 37,4% en 2003 et à 32% en 2009. Mais certaines autres estimations situent la part des salaires dans la VA à moins de 30% actuellement. La baisse continue de la part des salaires dans la VA s’explique aisément par le fait que le PIB à prix courants a augmenté en moyenne par an de près de 9% au cours des vingt-trois dernières années alors que les salaires nominaux (et non la masse salariale qui comprend les salaires+ créations+avancement) n’ont augmenté en moyenne que de 2,1%.

Evolution du salaire moyen déclaré à la CNSS (Régime Général)

Année

Montant en D

Taux de croissance en %

1995

3243

3,96

1997

3521

4,43

1999

3835

4,65

2001

4345

6,34

2003

4707

4,01

2005

4870

3,09

 

 

 

Il est vrai que certaines évolutions démographiques et socioéconomiques ont accentué la tendance : féminisation accrue de la main d’œuvre employée dans les industries manufacturières et les services, extension de la précarisation. Si l’on veut saisir l’impact de la féminisation de la population active dans l’évolution du salaire moyen, l’on doit tenir compte de deux constats. Le premier concerne la part de la population active féminine dans la population occupée totale par secteur d’activité. En 2007, les services (57% du PIB) ont employé 49% de la main d’œuvre totale du pays dont près ¼ de femmes. L’agriculture et la pêche (11% du PIB) ont occupé 18,5% de la population active dont 27,9% sont de femmes. C’est évidemment le secteur des industries manufacturières (17,1% du PIB) qui se distingue par la féminisation de sa population occupée, 19% de la population active globale dont 43,9% sont des femmes. Le second constat concerne le niveau des salaires par secteur d’activité. Si l’on considère le salaire annuel moyen pour l’ensemble de l’économie en 2000 par exemple (5235 dinars), on constate que les salaires les plus élevés ont été versés par les banques et les assurances (13482 D), les mines (11464 D), l’électricité (11402 D), les hydrocarbures (10542 D), le transport et communications (9455 D), l’Administration (8237 D) alors que les salaires les plus bas l’ont été par l’agriculture (1894 D), le textile et l’habillement (3363 D), le BTP (3546) et le commerce (3727 D). Evolution de la population active occupée féminine selon le secteur d’activité en 1000

2005

2006

2007

2008

Agriculture

158.0

163.3

157.9

147.4

Industries Manufacturières

249.8

255.3

257.8

263.1

Mines et Energies

2.9

1.7

2.4

3.4

B.T.P

3.3

2.2

3.1

5.4

Services

331.3

345.0

364.9

384.8

Non déclarés

5.6

18.8

19.8

14.5

Total

750.9

786.3

805.8

818.6

Source: Enquête Nationale sur l’Emploi (2005, 2006, 2007,2008,)

L’évolution du salaire moyen déclaré à la CNSS (Régime Général) conforte cette analyse. Nonobstant le BTP, secteur utilisant relativement peu de femmes et dont le salaire annuel moyen déclaré s’est situé en 2005 au bas de l’échelle, les autres secteurs utilisant la main d’œuvre féminine se distinguent par des niveaux salariaux très bas : l’agriculture, textile ’habillement, services, œuvres et associations. Répartition des salariés et de la masse salariale par branche(Régime général de la CNSS)

Branche

Salariés en %

Masse Sal. en %

Salaire annuel moyen

2005

2000

2005

2000

2005

2000

Agriculture, Sylviculture, Chasse et Pêche

5,58

1,64

2,66

0,93

2.327

2.305

Industries extractives

1,75

2,01

4,19

4,09

11.698

8.301

Industries alim$Habillement$ Papier$Meuble

29,58

29,70

26,45

24,14

4.355

3.320

Industries Chimiques et Métalliques

14,21

14,95

10,67

16,18

3.657

4.421

BTP

10,40

12,42

8,16

7,82

3.818

2.574

Electricité$Gaz$Eau$Services sanitaires

0,04

0,09

0,06

0,05

7.363

2.038

Commerce de gros

3,83

3,82

5,51

4,71

7.005

5.031

Commerce détail$Assurances$Banques$Immob.

8,84

9,73

16,30

14,17

8983

5.953

Transports et communications

4,20

6,33

8,19

9,35

9.485

6.037

Services$ Œuvres et Associations

21,58

19,31

17,80

18,58

4.014

3.931

Pour sa part, l’évolution de la pyramide des salaires déclarés à la CNSS exprimés en SMIG et % montre que certaines restructurations sociologiques sont devenues patentes. La première est que les salariés qui touchent moins de 1,5 SMIG représente presque 52% du total des salariés. Certes, il y a une persistance des sous-déclarations des salaires, mais dans la mesure où l’ensemble des salaires peut être soumis à la même sous-déclaration, on peut estimer plus au moins correcte la répartition en % des salaires déclarés. Pourquoi avoir choisi ces tranches de salaires et pas d’autres ? La raison est que l’on peut considérer que les ménages dont le chef est payé à l’intérieur de ces tranches peuvent être considérés comme appartenant aux classes moyennes les plus proches finalement de ce qu’on peut appeler les populations pauvres. Cette référence est tout cas nettement plus crédible que la classification des classes moyennes telle qu’est élaborée par l’INS (les classes moyennes correspondent d’après l’INS à une dépense moyenne annuelle par personne entre 585 dinars et 4000 dinars en 2000). La seconde remarque est que, parallèlement, le pourcentage des salariés payés au-delà de 6 fois le SMIG a nettement augmenté au cours des quinze dernières années passant de 2,5% de l’effectif total à 7,5%. On peut donc dire qu’il y a eu un double décrochage en haut et en bas transformant la configuration générale des classes moyennes d’une société en montgolfière à une société en sablier. Evolution de la pyramide des salaires déclarés à la CNSS exprimés en SMI

Paliers de salaires mensuels déclarés en SMIG

1990

1995

2000

2005

2/3 §MOINS

12,1%

10,6%

10,9%

10,19%

]2/3 à 1]

15,5%

11,0%

11,6%

11,43%

]1 à 1,5]

30,7%

30,3%

30,3%

30,19%

]1,5 à 2]

14,3%

16,8%

16,1%

17,21%

]2 à 2,5]

8,5%

8,5%

7,7%

7,72%

]2,5 à 3]

5,7%

5,6%

4,9%

3,15%

]3 à 3,5)

3,8%

4,2%

3,4%

3,26%

]3,5 à 4]

2,5%

3,1%

3,5%

2,45%

]4 à 4,5]

1,7%

2,3%

1,3%

1,94%

]4,5 à 5]

1,2%

1,7%

1,6%

1,51%

]5 à 5,5]

0,9%

1,3%

1,3%

1,53%

]5,5 à 6]

0,6%

0,9%

1,3%

1,97%

Plus de 6

2,5%

3,9%

6,2ù

7,44%

Source : CNSS

La répartition inégalitaire des richesses produites en Tunisie s’explique évidemment par l’adoption d’une politique économique basée sur l’encouragement de l’investissement dans des secteurs de peu de valeur ajoutée (textile, confection, chaussures, montage, première transformation) et par la « flexibilité » de la main-d’œuvre (d’où le réaménagement du Code de travail et la prédominance des CDD). Mais elle s’explique aussi par la quête d’une « légitimité » extérieure qu’offrait un satisfecit du FMI et de la Banque Mondiale au régime de Ben Ali. Heureuse coïncidence pour le régime : la prédation exercée par le clan et ses alliés économiques pouvait d’autant mieux passer pour de la dynamique économique. Cette « segmentation » tout à la fois sectorielle et politique a conduit tout naturellement à limitation de la hausse des salaires et par là même à faire baisser la part des salaires dans la VA. Le résultat est que les fruits de cette « libéralisation » ont profité au plus petit nombre et pas du tout à la masse, donnant lieu à une compression significative des salaires réels et à une répartition encore plus inégalitaire des richesses produites, surtout si l’on considère l’effet quelque peu anachronique des mécanismes de redistribution : impôt, transferts sociaux et Sécurité Sociale. Quant aux bienfaits supposés de cette politique libérale sur l’emploi, force est de constater que les créations d’emploi n’ont guère être à la hauteur de la demande, celle des diplômés du supérieur tout particulièrement. Dans son rapport du 21 Février 2011, la CNUCED observe que « les méfaits d’une libéralisation rapide et mal ordonnée, d’ambitieux programmes de privatisation, de politiques macroéconomiques restrictives et de stratégies de croissance misant sur l’exportation sont nettement apparus dès les premières semaines de la deuxième décennie de ce troisième millénium. Des pays vulnérables d’Afrique du Nord et d’Asie de l’Ouest, en particulier ceux n’exportant pas de pétrole, subissent d’importantes pressions sociales et politiques, même si la marge d’action dont ils ont besoin sur le plan économique pour mettre en œuvre des solutions appropriées n’a cessé de se réduire au fil des décennies. Le plus souvent, la libéralisation n’a pas permis d’empêcher la concentration des revenus ni l’arrivée d’innombrables jeunes chômeurs instruits des zones urbaines dont les perspectives d’emploi sont plutôt sombres ». Elle ajoute que dans ces mêmes pays «la libéralisation des marchés a réduit l’intervention de l’État dans l’économie, et les objectifs de plein emploi et de répartition équitable des revenus ont perdu leur prééminence. La libéralisation du secteur financier à laquelle on assiste depuis les années 90 a freiné la croissance et la création d’emplois, les banques centrales se préoccupant davantage de stabiliser les taux de change plutôt que de promouvoir l’investissement et le plein emploi ».

Source: “Leaders” Le 29-04-2011

La science et la religion sont-elles antinomiques ?


 

 

Par Salah BEN HAMADI

 

 

 

Rassurés par des précédentes déclarations émanant des responsables du ministère de l’Education sur la volonté de préserver les établissements scolaires contre leur utilisation à des fins religieuses, des citoyens et enseignants se disant attachés aux acquis de la modernité nous ont déclaré ne pas avoir très bien saisi, dans ces conditions, la signification et le sens exact du récent communiqué publié, samedi dernier 23 avril, par ce même ministère et y affirmant « son opposition à tout ce qui est de nature à porter atteinte aux croyances, religions et aux choses sacrées, dans les salles de classe. »

 

Sa publication fait suite à de fausses accusations portées contre un professeur pour avoir appliqué les principes et la méthode de l’analyse scientifique à des faits d’histoire religieuse.

A cet égard, nos interlocuteurs nous ont dit qu’en principe ‘’rien n’est sacré pour la science.’’

Sur cette base, il importe de distinguer l’enseignement religieux et l’étude scientifique et historique des religions et des idées religieuses.

L’enseignement religieux, comme l’instruction religieuse ou le catéchisme, vise à inculquer et à apprendre à des gens considérés a priori comme étant des croyants et des fidèles, les principes de la religion considérée. Cet enseignement religieux est le plus souvent dispensé par des hommes de religion formés dans des établissements spécialisés religieux et il ne risque pas de donner lieu à des écarts d’interprétation, car les enseignants sont des croyants.

Par contre, l’étude scientifique des religions et des idées religieuses considère les religions et les idées religieuses comme étant des phénomènes psychologiques, sociaux et historiques ordinaires, à l’image de n’importe quel autre phénomène, tel que le phénomène du mariage et les coutumes relatives au mariage en vigueur dans les sociétés humaines et même animales.

Dans cette perspective, les religions et les idées religieuses sont étudiées selon les principes et la méthode de l’analyse scientifique, appliqués dans toutes les disciplines scientifiques, en allant des mathématiques et sciences physiques, à la psychologie, l’histoire et la sociologie.

Ainsi, comme tout le monde le sait parfaitement, la science exclut totalement les explications à caractère surnaturel et métaphysique et n’admet que les explications matérielles, physiques et purement naturelles des phénomènes, établis sur des faits matériels, physiques et naturels, vérifiables à tout moment. Toutes les religions du monde sont fondées sur des mystères surnaturels que la science enregistre et cherche à en expliquer l’origine par des faits naturels de caractère matériel, physique, psychologique ou sociologique, vérifiables. Dans sa démarche, la science a le mérite exclusif de ne pas faire de jugements de valeur, c’est-à-dire qu’il n’y a pas, pour la science, une religion fausse et une religion vraie, ou une religion meilleure que les autres, comme il ne saurait y avoir, pour la science, un arbre faux et un arbre vrai, et un arbre meilleur qu’un autre, sur le plan de l’étude botanique, du moins.

 

Omission délibérée

 

Cependant, comme l’a relevé un commentateur, les scientifiques spécialisés dans les études des religions et des idées religieuses, les anthropologues, les ethnologues et les sociologues, notamment, particulièrement en Europe, évitent et omettent, délibérément, déjà depuis plus de deux siècles, de soumettre les grandes religions monothéistes, le Judaïsme, le Christianisme et l’Islam, à des analyses scientifiques poussées, axant leurs recherches sur les religions dites primitives et animistes ou encore les anciennes religions paiennes. Ce genre d’études est extrêmement rare en ce qui concerne l’Islam, bien qu’un esprit éclairé, le penseur algérien Mohamed Arkoun ait combattu, sa vie durant, pour développer ce genre d’études sur les croyances religieuses en terre d’Islam.

Ainsi, nous a dit ce même commentateur, la notion de l’Immaculée Conception dans la religion chrétienne relève du surnaturel pour la science, c’est-à-dire le privilège de la vierge Marie d’avoir conçu et engendré Jésus Christ par la seule action du Saint Esprit. Or, a-t-il noté, cette idée est très répandue dans les religions paiennes des anciens Grecs, entre autres, à travers le culte des Héros, et dans l’esprit des anciens Grecs, ces Héros étaient des hommes extraordinaires nés de l’union sacrée d’un dieu et d’une femme élue de l’espèce humaine, à l’instar du Héros grec connu Héraclès ou Hercule, né de l’union du dieu Zeus, le dieu des dieux chez les anciens Grecs avec une femme appelée Alcmène, épouse d’un ancien roi grec.

Dans la religion musulmane, l’interdiction de manger la viande du porc était répandue chez les anciens égyptiens de l’époque pharaonique, chez les hébreux, ainsi que chez les anciens habitants de l’Afrique du Nord, appelés ‘’berbères’’ ou ‘’libyques’’.

 

Source: ”Le Temps” Le 29-04-2011

Pourquoi el Assad ne sera pas traité comme Kadhafi


 

Dans le climat de sentimentalisme démocratique régnant, l’opinion a tendance à mettre sur le même plan tous les Etats où les normes européennes en matière de droits de l’homme ne sont pas respectées. On ne saurait pourtant établir une équivalence entre des dictatures classiques comme l’Egypte de Moubarak ou la Tunisie de Ben Ali où, certes, les libertés fondamentales n’étaient pas respectées, mais qui n’ont ni commis des massacres de masse, ni répandu la violence en dehors de leurs frontières, et la Libye de Khadafi régime quasi-totalitaire qui a, depuis quarante ans, passé son temps à soutenir le terrorisme (y compris en Irlande et au Pays basque), fomenter des attentats, provoquer des guerres (au Tchad en particulier) et tenter de déstabiliser à peu près tous ses voisins (notamment le Maroc). Autant une diplomatie mûre se devait, quitte à décevoir les partisans de l’ ingérence tout azimut, de garder une certaine réserve vis-à-vis de pays comme la Tunisie et l’Egypte, autant une intervention armée pouvait être tenue pour légitime dans un cas comme la Libye, quoique pas dans n’importe quelles conditions. Où situer la Syrie par apport à cette distinction ? Clairement du côté de la Libye. Le président Hafez el Assad, issu, comme tout son entourage, de la secte minoritaire des Alaouites (variété de chiites) qui ne représente que 12 % de la population, est venu au pouvoir par un coup d’état en 1970. Il a toujours mené le pays d’une main de fer. Il n’ a ainsi pas hésité en 1982 à massacrer 20 000 personnes à Hama, ville où s’était produite une révolte dite intégriste, ce qualificatif accolé aux rebelles suffisant à excuser la répression aux yeux de l’opinion occidentale. En 1980, son fils Bachir el Assad lui succède ; la répression sanglante qu’il mène depuis le début des révoltes est dans la lignée du régime de son père. Sur le plan extérieur, la Syrie, qui a longtemps abrité les plus extrémistes des mouvements palestiniens, a, faute de pouvoir l’annexer, toujours voulu mettre le Liban sous sa tutelle. Il a ainsi, dans ce pays où chrétiens et musulmans avaient longtemps vécu en harmonie, attisé une longue guerre civile (1975-1989), qui s’est terminée par la reconnaissance de son influence privilégiée sur ce pays avec les accords de Taef en 1989. Et malheur aux Libanais, chrétiens ou musulmans qui auraient voulu secouer le joug : ils étaient systématiquement assassinés, le dernier en date étant Rafik Hariri en 2005, longtemps l’homme des Syriens mais qui avait, semble-t-il, pris ses distances. De même que le comportement mûr exige de réserver les interventions extérieures aux cas les plus graves, il implique aussi de ne pas juger seulement un régime au travers de considérations morales à caractère universel, mais de son attitude par rapport à la France. Au passif de Khadafi, on le sait, l’attentat du Ténéré du 19 septembre 1989 contre le DC-10 d’UTA Brazzaville-Paris (170 victimes), ainsi que des interventions incessantes dans les anciennes colonies françaises. A cet égard aussi, le bilan de la Syrie est accablant. Animé de la volonté d’éliminer toute influence française au Liban, le régime d’Assad a multiplié les agressions contre les intérêts français : l’assassinat de l’ambassadeur Louis Delamarre, homme de paix, en 1981, et l’attentat-suicide contre le contingent français du poste Drakkar (1) qui a fait 58 morts en 1983, lui sont généralement attribués, sans compter plusieurs prises d’otage au Liban et attentats à Paris dont les fils remontent généralement jusqu’à Damas. Le régime d’Assad est même plus blâmable encore que celui de Saddam Hussein, tout aussi répressif à l’intérieur mais qui n’a jamais soutenu au même degré le terrorisme, en tous cas contre nous. Les deux régimes, que l’on qualifie abusivement de laïques, n’ont eu qu’un seul mérite, de plus en plus rare dans cette région, celui d’assurer la sécurité des chrétiens. Autre ressemblance, peu glorieuse, entre la Libye et la Syrie : loin de sanctionner ces comportements comme un grand pays aurait dû le faire, la France a, non seulement passé l’éponge, mais multiplié les marques de bienveillance à l’égard de ces régimes. Celles dont a bénéficié le régime Assad dépassent de loin la réception au goût douteux et à l’arrière-goût amer dont avait été honoré Kadhafi à Paris en décembre 2007. Le président Chirac a, seul occidental et décidément peu rancunier, honoré de sa présence les obsèques de Hafez el Assad alors qu’il avait méprisé celles, autrement plus significatives pour nous de l’ancien président Senghor – dont la contribution à la culture française dépasse il est vrai celle de l’ancien maire de Paris ! En ce domaine comme en d’autres, Nicolas Sarkozy s’est montré le digne successeur de Jacques Chirac allant encore plus loin que lui en recevant Bachir el Assad comme invité d’honneur au défilé du 14 juillet 2008. On objectera le réalisme diplomatique : mais commandait –il de pousser aussi loin les complaisances ? Comme ces comportements n’étaient guère inspirés par le courage, ils auraient du inspirer la méfiance de leurs bénéficiaires : les difficultés venues, l’âne qui savait si bien encaisser, est toujours prêt à donner le coup de pied. Khadafi en fait l’amère expérience ! Cela veut-il dire qu’il faille intervenir en Syrie comme on le fait en Libye ? Evidemment pas. Parce qu’il y a belle lurette que la Syrie ne se trouve plus dans la zone directe de l’influence de la France. Parce qu’elle se situe dans une région autrement plus dangereuse que la LIbye, un Proche-Orient où toute intervention extérieure pourrait avoir un effet explosif. Parce que, parmi les puissances régionales proches, aucune n’a intérêt à bouger : la Turquie a laissé de trop mauvais souvenirs dans les pays arabes pour se le permettre et n’a d’ailleurs aucune raison de le faire; l’Arabie saoudite et l’Iran ont toujours soutenu le régime d’Assad. Reste Israël qui, tout en subissant depuis longtemps l’hostilité verbale du régime syrien ainsi que son soutien au Hezbollah et au Hamas, sait que la famille Assad est un adversaire rationnel, conscient de sa faiblesse militaire, et qui sait depuis belle lurette jusqu’où ne pas aller avec son puissant voisin. La position des Etats-Unis n’est guère différente. Il est donc à craindre que le régime syrien ait, hélas, les mains libres pour réprimer sans pitié la révolte en cours. (1) Après l’attentat de Drakkar, le président Mitterrand a ordonné un raid aérien de représailles contre un base syrienne, non sans avoir prévenu Damas pour qu’il l’évacue avant.

Source: “Marianne2” Le 29-04-2011

Lien: http://www.marianne2.fr/Pourquoi-el-Assad-ne-sera-pas-traite-comme-Kadhafi_a205557.html

 

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