29 août 2011

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TUNISNEWS
11 ème année, N°4078 du 29.08.2011


Dynamique Citoyenne des Tunisiens à l’Etranger: « La DCTE, les IRIE et les inscriptions électorales des Tunisiens à l’Etranger »

Reuters: La Tunisie rouvre le poste-frontière libyen de Ras Jdir

La Croix: En Tunisie, les désillusions d’une révolution

Swiss Info: La difficile indépendance des médias tunisiens

African Manager: Tunisie : Quatre entreprises plombent toujours la BNA

Le Temps: Les partis et leurs programmes – Santé PDP :TVA solidaire; nouvelle carte sanitaire ; haute autorité de santé

Gnet: Tunisie/Politique : Le cheikh et les deux médecins


Communiqué de la Dynamique Citoyenne des Tunisiens à l’Etranger ( DCTE) du 27 août 2011 :

« La DCTE, les IRIE et les inscriptions électorales des Tunisiens à l’Etranger »


Il aura fallu attendre le 27 août 2011, soit 45 jours après le démarrage officiel des inscriptions sur les listes électorales, pour que la communauté des Tunisiens en France voie se manifester publiquement pour la première fois l’Instance Régionale Indépendante pour les Elections (IRIE) dans la circonscription France Nord. Celle-ci avait été installée, confidentiellement, 15 jours plus tôt (le 12 août 2011), au siège du Consulat Général de Paris, en présence d’une délégation conduite par le Président de l’Instance Supérieure Indépendante pour les Elections (ISIE) de la Constituante. Même si la DCTE enregistre avec satisfaction la création de l’IRIE France 1, elle n’en souligne pas moins que l’énorme retard enregistré dans sa mise en place, demeure pour le moins incompréhensible et injustifiable. En effet, au vu des prérogatives qui lui sont juridiquement confiées, l’ISIE était tenue de procéder à la désignation des IRIE bien avant le démarrage du processus électoral. Nous ne comprenons donc pas les raisons du retard de la mise en place des IRIE à l’Etranger, retard qui est à l’origine de dysfonctionnements enregistrés dans le processus d’inscription de nos concitoyens à l’Etranger. Les informations contradictoires, les reports successifs des délais d’inscriptions, un traitement inégal entre la Tunisie et l’Etranger, les détournements et la rétention de l’information officielle de l’ISIE, posent d’emblée et d’une manière légitime des interrogations sur la désignation des membres des IRIE à l’Etranger. Le retard pris dans la mise en place des IRIE et le désengagement des autorités consulaires ont créé un climat délétère qui permet l’instrumentalisation de certaines personnes et l’émission de messages à caractère clientéliste. Seul, l’engagement des bénévoles, dont ceux de la DCTE, a permis de faire face au désarroi et à la frustration des tunisiens désirant s’inscrire sur les listes électorales. Des informations « officieuses » ont été recueillies à différentes sources sur la composition des listes des deux IRIE France (France Nord : Paris, Pantin, Strasbourg et France du Sud : Marseille. Lyon, Toulouse, Nice et Grenoble). Cependant, la DCTE, note que, jusqu’à présent, aucune liste des membres composant les IRIE de ces deux circonscriptions n’a été officiellement publiée. La DCTE estime que les Tunisiens à l’Etranger ont le droit de connaître la composition définitive des IRIE ainsi que les critères ayant présidé à leur choix. L’ISIE doit motiver ses décisions et se doit de répondre aux candidats non retenus en les remerciant de leur engagement citoyen. Ceci est d’autant nécessaire que cette instance a pour mission d’organiser et de veiller à la liberté, à la transparence et à la régularité des élections de la Constituante. Des élections qui constituent un rendez-vous historique du peuple tunisien avec son destin, lequel accède, pour la première fois, à sa dignité à travers le plein exercice de sa liberté de choisir ses représentants sans aucune tutelle. La DCTE déplore qu’aucun de ses membres candidats n’ait été retenu dans les IRIE en France. Elle regrette aussi l’absence de figures, connues pour leur combat permanent contre le despotisme et la défense des valeurs citoyenne au sein de notre communauté. Elle constate de surcroit que la composition actuelle de l’IRIE ne reflète pas complètement la présence tunisienne à l’Etranger dans sa diversité géographique, sa parité, sa variété socioprofessionnelle et sa richesse culturelle. La DCTE a bataillé dur dés avant le 11 juillet 2011 (ouverture officielle des inscriptions sur les listes électorales) pour accélérer la mise en place des IRIE à l’Etranger. La DCTE était consciente des menaces que font peser les agents de la dictature défunte, plantés depuis de décennies au coeur même des services diplomatiques et consulaires, lesquels n’ont eu de cesse de s’activer en sous-main pour saboter notre transition démocratique. Pour ces raisons, La DCTE a organisé plusieurs actions. Une pétition a ainsi été initiée le 5 juillet 2011 et un rassemblement organisé le 11 juillet devant l’Ambassade de Tunisie à Paris, pour exiger la création rapide des IRIE. Le même jour, une délégation de la DCTE s’est entretenue avec le chargé d’affaire de l’Ambassade pour lui demander de veiller à écarter du processus électoral en cours les agents l’ex-RCD, impliqués dans des opérations de fraudes massives au cours des mascarades électorales précédentes organisées par la dictature déchue. Le 13 juillet 2011, une autre délégation de la DCTE a passé en revue lr dispositif des inscriptions mis en place avec le représentant du ministère des Affaires étrangères pour les élections de la Constituante à Paris. Elle a pointé l’insuffisance du nombre d’employés affectés à cette tâche et proposé, pour y pallier, un contingent de bénévoles. Elle a demandé à ce représentant de transmettre par voie diplomatique, nos doléances à l’ensemble des acteurs, autorités de transition et à l’ISIE. Parallèlement, des courriers ont été adressés au premier Ministère, au Ministère des Affaires étrangères, au Ministère des affaires sociales, à l’Instance Supérieure pour la Réalisation des Objectifs de la Révolution et à l’ISIE. Ces courriers insistaient sur l’urgence de l’installation des IRIE à l’Etranger afin de réussir la première étape, cruciale, de élections de la Constituante et de garantir la transparence du processus de transition démocratique. Dans la foulée, à la demande de la DCTE, une rencontre a eu lieu avec le Consul de Pantin afin d’organiser le processus d’inscription avec l’aide des bénévoles. Les bénévoles n’ont épargné et n’épargnent aucun effort pour pallier aux défaillances du dispositif dérisoire mis en place par des représentations consulaires. Des rapports écrits et des comptes rendus oraux ont été portés à la connaissance du public. Les solutions rapides apportées aux failles du début des inscriptions ont permis l’inscription de milliers de nos concitoyens, nombre qui demeure malgré tout insuffisant de l’aveu même du président de l’ISIE (La Presse 22/08/2011).

En conclusion, la DCTE demande :

– à l’ISIE, la publication officielle des listes de membres des IRIE à l’Etranger, – aux IRIE, d’assurer par leurs propres moyens leur communication vis-à-vis du public et de faciliter l’opération de vote en multipliant des bureaux de vote de proximité, – à toutes ces instances, la transparence de la suite du processus électoral : désignation des bureaux de vote, candidatures des observateurs,… Mobilisé pour la réussite du processus électoral, la DCTE ne manquera pas d’accompagner les efforts des IRIE grâce à l’action de ses membres et des bénévoles, tout en restant vigilante et exigeante quant à la transparence du processus électoral. http://www.facebook.com/dynamique.tunisie dynamique.tunisie@yahoo.com


La Tunisie rouvre le poste-frontière libyen de Ras Jdir


 
publié le 28/08/2011 à 18:02
 
Les autorités tunisiennes ont rouvert dimanche le poste-frontière de Ras Jdir, principal point de passage entre la Tunisie et la Libye.
 
Ras Jdir avait été repris vendredi par les insurgés libyens qui se battent pour renverser le régime de Mouammar Kadhafi. Il est d’une importance cruciale pour le ravitaillement des Libyens.
Dans les heures qui ont suivi sa réouverture, des camions chargés à ras bord de vivres et d’eau ainsi qu’une centaine de voitures particulières ont pénétré en Libye, a constaté un envoyé spécial de l’agence Reuters.
« Tripoli manque de beaucoup de vivres, il n’y a rien là-bas (…) voilà ce que nous leur apportons et nous ferons plusieurs navettes le cas échéant », a assuré Lassad Trabelsi, un Libyen au volant d’un camion chargé de tomates, d’eau et d’agrumes.
« L’ouverture du poste-frontière va vraiment permettre à Tripoli et à l’ensemble des villes du pays de reprendre une vie normale après six mois privées de services de base. »
Marouen Thassi, un employé des Nations unies à Ras Jdir, a indiqué que l’Onu n’avait pas encore commencé à acheminer des secours et des vivres en territoire libyen.
« Il nous faut attendre quelques jours avant de décider l’envoi d’une aide étant donné que la situation demeure instable dans plusieurs agglomérations (du littoral) », a-t-il expliqué.
« Nous avons été accueillis à bras ouverts en Tunisie, comme des seigneurs. Mais nous sommes fiers de notre patrie et nous allons enfin pouvoir revenir et vivre sans Kadhafi », a lancé un habitant de Zouara, Ala Abou Adjilla, en repassant la frontière avec sa famille après trois mois passés à Tunis.
Tarek Amara; Jean-Loup Fiévet pour le service français
Par Reuters

 

En Tunisie, les désillusions d’une révolution


 
À deux mois de l’élection d’une Assemblée constituante, le 23 octobre, les Tunisiens s’impatientent, car leur quotidien ne s’améliore pas. Le chômage continue de progresser et la croissance ne devrait pas dépasser 1,5 %
 
Les familles de victimes attendent plus de justice
 
Le 15 août dernier, des milliers de personnes ont de nouveau manifesté dans les rues de Tunis, pour réclamer une « nouvelle révolution », « la chute du système », « une justice indépendante », ou encore une Tunisie débarrassée des « voleurs ». Des revendications aussi nombreuses que les inquiétudes, les désillusions et les frustrations qui gagnent la société, plus de sept mois après la chute du régime de Zine el-Abidine Ben Ali.
 
« Rien n’a changé, déplore Mohamed Aymen, 30 ans, vendeur dans un souk de la médina de Tunis. On n’arrive pas à payer l’électricité, le téléphone et le loyer, avec nos salaires de misère ».
 
Ces difficultés ne devraient pas s’arranger. En 2011, la croissance de l’économie tunisienne ne devrait pas dépasser 1,5 %, après avoir régressé de 3 % au premier semestre. Résultat : le pays a dépassé le seuil des 700 000 chômeurs, soit 19 % de la population active, contre 14 % fin 2010. Parmi eux, quelque 170 000 diplômés du supérieur.
 
Situation difficile
 
Leïla Akkar en fait partie. « J’ai 29 ans et je n’ai rien fait dans ma vie », dit cette jeune diplômée en génie civil en 2007 qui patiente, les yeux dans le vide, dans un bureau de la municipalité de Tunis. Elle est venue pointer pour continuer à percevoir ses 200 dinars mensuels (environ 100 €), l’allocation aux diplômés chômeurs mise en place par le gouvernement provisoire pour encourager la « recherche active d’emploi ». Mais elle n’a guère d’espoir d’en trouver un rapidement. « Il n’y a que le piston qui fonctionne », affirme-t-elle.
 
En cette période de Ramadan, qui voit généralement la consommation augmenter de 30 %, les prix grimpent. Le kilo de poivrons, habituellement vendu un dinar (0,5 €), atteint 1,8 dinar (0,90 €). Le prix des figues a presque doublé.
 
Certains produits, comme l’eau minérale, viennent même à manquer dans les rayons des supermarchés. Une situation inadmissible, pour Asma Ben Fredj, une retraitée. « 5 dinars le litre d’huile d’olive, ici chez nous, dans notre pays. Vous vous rendez compte ! », s’emporte-t-elle.
 
Justice
 
Les Tunisiens réclament aujourd’hui justice. Après le décès de son frère, tué par balle au cours d’une manifestation à Tunis, le 13 janvier, Lamia Farhani a créé l’Association des familles des martyrs et des blessés de la révolution. « L’auteur du coup de feu est un agent de police, clairement identifiable sur une vidéo, raconte la jeune femme. J’ai pourtant dû mobiliser tous mes contacts, organiser des manifestations et rencontrer le premier ministre pour qu’il soit arrêté, le 18 mai ».
 
Elle se prépare désormais au procès. « Le ministère de l’intérieur et le syndicat des policiers font tout pour que les agents ne soient pas jugés, dit-elle. Ils disent qu’ils n’ont fait qu’exécuter des ordres ».
 
L’association qu’elle préside tente aussi d’apporter une aide matérielle et psychologique. « Des personnes blessées pendant la révolution ont besoin d’une prise en charge à l’étranger, explique-t-elle, mais les autorités les abandonnent ». Ils ont pour l’instant reçu une « tranche d’indemnisation » de 3 000 dinars (1 500 €).
 
Les familles des « martyrs » ont quant à elles obtenu 20 000 dinars (10 000 €). Une somme « dérisoire au regard du préjudice subi », que la famille de la jeune femme a refusée, en signe de protestation. Aujourd’hui, Lamia Farhani pose un regard amer sur un geste qu’elle juge sans effet. « Les autorités s’en fichent, que tu prennes l’argent ou pas », dit-elle.
 
La demande de justice concerne aussi les tenants du système. Les procès par contumace de l’ancien président, réfugié avec son épouse en Arabie saoudite, laissent les Tunisiens sur leur faim. « Ces procédures sont un écran de fumée, dit Salah Belgacem, un libraire 63 ans. Ben Ali ne reviendra jamais et les sentences ne seront jamais appliquées. Il doit bien rire de nous ».
 
« Le système reste le même »
 
Le départ vers la France, début août, de Saïda Agrebi, une personnalité du Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), l’ancien parti unique, est apparu comme une preuve supplémentaire du laxisme du gouvernement, accusé de ne pas en faire assez pour obtenir l’extradition de l’ancien couple présidentiel.
 
« Les puissants sont toujours là, certains proches du régime continuent de mener leurs affaires en toute impunité », déplore Mohamed Aymen. Pour lui, « il n’y a pas de démocratie en Tunisie. On a changé les individus mais le système reste le même ». Un dépit qui explique sans doute la faible mobilisation pour s’inscrire sur les listes électorales, en vue de l’élection de l’Assemblée constituante.
 
Les bureaux ont eu beau rester ouverts plus longtemps que prévu, seuls 55 % des 7 millions d’électeurs potentiels se sont fait enregistrer. L’instance indépendante pour les élections a finalement annoncé que la carte d’identité suffirait pour voter, se résignant à utiliser les données du ministère de l’intérieur, en charge de l’organisation des élections sous l’ancien régime.
 
Mohamed Aymen ne pense pas se déplacer, le 23 octobre. « Voter ne changera rien, dit-il. Les partis ne pensent qu’à se faire élire ».
 
Camille Le Tallec, à Tunis
 
(Source: “La Croix” le 28 aout 2011)
http://www.la-croix.com/Actualite/S-informer/Monde/En-Tunisie-les-desillusions-d-une-revolution-_EG_-2011-08-28-704347


La difficile indépendance des médias tunisiens


 
 
 
Par Islah Bakhat et Frédéric Burnand, swissinfo.ch
 
Radios, télévisions et presses tunisiennes se préparent à couvrir le 23 octobre prochain les élections de l’assemblée constituante. Pour y faire face, des partenariats ont été conclus avec des radios et des ONG du Nord, comme la Fondation suisse Hirondelle.
 
Connue pour avoir lancé plusieurs radios dans des pays déchirés par la guerre (République démocratique du Congo, Liberia, Kosovo), la Fondation Hirondelle basée à Lausanne vient de signer mercredi 24 août une convention avec la Radio publique tunisienne.
 
«Le Président directeur général de la Radio nationale tunisienne nommé par le gouvernement de transition a proposé à la Fondation Hirondelle de l’aider à organiser la couverture des élections prévues dans le cadre de la transition. Les journalistes tunisiens manquent d’expérience professionnelle dans ce domaine, aucune élection ne s’étant déroulée dans le pays pendant les trente années de dictature.
 
Le besoin exprimé est celui d’un appui pour la mise en place d’une Charte électorale et d’une grille de programme spéciale pour les élections», détaille la Fondation dans son bulletin d’information.
 
Et de préciser: «Pour en assurer le financement, la Fondation Hirondelle a notamment répondu à un appel d’offre du gouvernement américain pour le Département d’Etat sur un grand projet de soutien à la transition en Tunisie et portant sur cinq volets: appui aux élections, renforcement de la société civile, ouverture des médias, soutien économique et renforcement de l’Etat de droit.»
 
Engagé dans ce projet, Samuel Turpin ajoute: «Il ne s’agit pas de créer une nouvelle station comme nous l’avons fait ailleurs, puisque le réseau de la radio publique tunisienne couvre bien le pays avec 9 chaines de service public, dont 4 chaines nationales et 5 stations régionales.
 
Notre rôle est d’apporter du conseil et de l’expertise, d’amener de la matière grise, sachant que tout est décidé ensemble, comme le stipule la convention qui nous lie.»
 
Une aide parfois intéressée
 
A l’instar de Radio Hirondelle, plusieurs organisations et médias fournissent des formations et des aides aux journalistes tunisiens dans leur apprentissage de la démocratie.
 
«La formation, c’est bien. Nous en avons déjà reçu de la BBC et de Radio Monte Carlo. Mais c’est sur le terrain que se forme et se construit le journaliste. Il y a bien souvent des intérêts qui se cachent derrière l’aide fournie par des institutions étrangères. La révolution et la transition que nous sommes en train de vivre ont leurs spécificités dans lesquelles nous devons trouvez nous-même nos marques», relève la journaliste Aouatef Mzoughi, de la chaine culturelle de la Radio publique tunisienne.
 
«Dès le 14 janvier (chute de Ben Ali), les rédactions de la radio publique ont pris les choses en main avec de grandes ambitions. Nous pouvons aborder tous les sujets, sans tabou, contrairement à nos collègues de la Télévision publique plus exposés aux pressions et à l’emprise des cadres de l’ancien régime.»
 
Une hiérarchie issue de l’ancien régime
 
Un point de vue que partage Najiba Hamrouni, présidente du Syndicat national des journalistes tunisiens: «Depuis la révolution, de nouveaux PDG ont été nommés à la tête de la radio et de la télévision publiques. Mais les autres cadres nommés sous Ben Ali sont toujours là avec un système de contrôle plus profondément implanté à la télévision qu’à la radio. Leurs directions cherchent toujours à intervenir dans le travail des journalistes.»
 
Samuel Turpin rapporte lui un autre avis: «Nos partenaires tunisiens font le constat suivant: Après le 14 janvier, il y a eu une libération de la parole avec tous les dérapages possibles. Ce qui aboutit à un manque d’équilibre et à des tensions. Certaines remarques sont considérées comme de la censure, à savoir l’équilibre entre les positions exprimées ou l’importance d’indiquer les sources des informations.»
 
Pour mieux garantir la liberté des journalistes, un nouveau code de la presse (contesté par certains journalistes) est en cours d’élaboration et devrait être adopté avant la tenue des élections du 23 octobre.
 
A cela s’ajoute un autre aiguillon à même de stimuler des médias de qualité, selon Najiba Hamrouni: «La soif d’information est immense et les citoyens tunisiens comparent la production journalistique nationale avec celle des chaines et des médias internationaux.»
 
L’impact libyen
 
Le contexte régional, lui, n’a pas d’incidence directe sur le renforcement de l’indépendance des médias. Mais la promesse d’une Libye libérée ne peut que favoriser la transition démocratique du voisin tunisien.
 
«Si la Libye se stabilise et se démocratise, cela aura une incidence directe sur la sécurité et l’économie de la Tunisie. Beaucoup de réfugiés libyens ont été accueillis dans des familles tunisiennes et beaucoup de Tunisiens travaillaient en Libye. La reprise des échanges et de la circulation entre les deux pays, proches sur bien des plans, est donc une perspective très réjouissante.»
 
Islah Bakhat et Frédéric Burnand, swissinfo.ch
 
(Source: Swiss Info le 28 aout 2011)
http://www.swissinfo.ch/fre/dossiers/le_printemps_arabe/La_difficile_independance_des_medias_tunisiens.html?cid=30987402
 


Tunisie : Quatre entreprises plombent toujours la BNA


 
Alerte à la BNA. La deuxième grande banque publique se retrouve, à fin 2010, dangereusement engagée avec certaines entreprises publiques. Les engagements de ces entreprises publiques avec la banque sont assez dangereux pour cette dernière. Le cumul des engagements de quatre de ces entreprises auprès de tout le secteur bancaire tunisien, menace, désormais, non seulement le secteur bancaire, mais les entreprises concernées elles-mêmes.
Ces quatre, dangereuses et en danger, sont l’Office des Terres Domaniales (OTD), l’Office National de l’Huile (ONH), l’Office des Céréales et la société El Fouledh qui travaille dans le secteur de la sidérurgie. De l’avis même de la BNA dans l’une des notes aux états financiers pour l’exercice 2010, ces quatre entreprises publiques «connaissent des difficultés financières durables et présentent des engagements relativement importants ».
A la fin du mois de mai dernier, les engagements des quatre entreprises nationales se montent à 599,5 MDT pour la seule BNA. Pour tout le secteur bancaire tunisien, ces quatre seules entreprises représentent un fardeau de dettes d’un montant de 1724,7 MDT.
 
Là où cette situation devient dangereuse, c’est lorsqu’on remarque, pour la BNA, que le seul engagement de l’office des céréales représente plus de 51 % de ses fonds propres, une proportion bien en-dehors de toutes les normes (25 %) en la matière. A elles seules, les dettes des quatre entreprises publiques (599,5 MDU à la fin mai 2011) représentent presque la totalité des fonds propres de la banque et même plus, si nos comptes du total fonds propres de la BNA de 582,3 MDT sont justes. La banque n’a, en plus, aucune garantie réelle pour couvrir ses engagements auprès de l’ONH et le reste des garanties constituées par la BNA ne couvre presque rien par rapport à la situation du mois de mai, une situation qui, si elle est réellement flottante, augmente d’année en année et même de mois en mois. Une situation abracadabrante !
On ne sait pas ce que font le reste des banques, mais la BNA déclare ne pas classer les dettes de ces entreprises et ne les provisionne donc pas. On suppose que ce statut particulier des quatre entreprises publiques les plus endettées est aussi appliqué par le reste du secteur bancaire, s’appuyant sur l’appui indéfectible de l’Etat tunisien à ces entreprises et qui va même parfois jusqu’à donner des «lettre de confort» comme une sorte de garantie aux banques pour les tranquilliser. La BNA déclare d’ailleurs, dans son bilan 2010, qu’elle «considère qu’elle bénéficie de la garantie implicite de l’Etat Tunisien sur les engagements de ces relations ». La banque se réconforte à l’idée que, par le passé, l’Etat tunisien est intervenu à plusieurs reprises pour solutionner l’endettement lourd, notamment de l’Office des Céréales et de l’Office National de l’Huile. Ce ne sera pas le cas, à notre avis, pour l’OTD ou El Fouledh, des entreprises moins stratégiques que l’huile ou les céréales.
Il n’en demeure pas moins urgent, pour le ministre des finances Jalloul Ayed ou pour celui qui le remplacerait dans quelques mois, de trouver la solution la plus adéquate à cette situation. L’huile comme les céréales échappent de plus en plus aux deux offices. Derrière, s’éloigne aussi toute possibilité, pour la banque, de recouvrer ses dettes auprès de ces deux institutions.
 
K. Boumiza
 
(Source: “African Manager” le 28 aout 2011)
http://www.africanmanager.com/detail_article.php?art_id=135214


Les partis et leurs programmes – Santé PDP :TVA solidaire; nouvelle carte sanitaire ; haute autorité de santé


 
Après avoir axé durant une semaine toute sa communication sur les solutions qu’il préconise pour réduire le chômage, le Parti Démocrate Progressiste (PDP) a concentré ses efforts durant les derniers jours sur la présentation de son programme de santé qui est le fruit du travail d’une cinquantaine de médecins et de pharmaciens sympathisants de ce parti.
 
 
Le droit à la santé étant un droit fondamental, le PDP estime qu’il doit être garanti à tous, en particulier aux populations en situation précaire. Or aujourd’hui, les ménages assument 55 % des dépenses de santé contre 25 % pour les caisses de sécurité sociale et 20 % pour l’Etat (l’ensemble s’élève à 260 DT/ hab/an).
 
Aussi paradoxal que cela puisse paraître la Tunisie, vue globalement serait suréquipée avec ses 13 000 médecins en 2010 (1 pour 835 hab) et 18 850 lits d’hôpitaux (2256 établissements dont 23 CHU, 20 hôpitaux spécialisés et 33 hôpitaux régionaux). C’est plutôt un problème de gestion et de répartition inégale de ces effectifs et équipements entre les régions. Il s’agit alors de mieux faire bénéficier les citoyens et les régions des services de santé. Il est évident que les Tunisiens ne sont plus égaux devant la santé.
 
L’objectif est de mettre en œuvre une couverture plus juste, plus efficace et de meilleure qualité, en utilisant mieux la part du budget de l’Etat consacré à la santé. Le quart le plus pauvre de la population bénéficiera d’une gratuité réelle des soins. L’offre publique de soins sera réorientée, pour se rapprocher du citoyen, dans les régions de l’intérieur.
 
L’effort financier de l’Etat portera en priorité sur les Centres de Service de Base (CSB) qui représentent les structures de première ligne des soins. Il portera ensuite sur l’hôpital régional, qui représente l’échelon intermédiaire, afin de réduire les inégalités territoriales.
 
L’ambition du PDP est de garantir à terme l’universalité de l’accès aux soins et d’améliorer durablement la santé de l’ensemble de la population à travers les actions suivantes :
 
L’Etat instaurera la gratuité effective des soins dans la filière publique au profit des indigents et des catégories les plus fragiles de la population qui ne sont affiliées à aucun régime. Il prendra en charge leurs dépenses de santé. Cette mesure sera financée en partie par l’instauration d’une « TVA solidaire », qui se traduira par le relèvement d’un point de la TVA sur les produits taxés actuellement à 18%.
 
Pour des soins plus efficients, toutes les structures de soins seront réaménagées. Dans ce contexte, la création d’un nouveau pôle universitaire sera conçue dans un cadre de redistribution de l’existant.
 
De ce fait, au plan territorial, le secteur sanitaire sera mieux réparti selon quatre pôles hospitalo-universitaires, afin de désengorger les hôpitaux des régions littorales et d’améliorer l’offre de soins en régions :
 
 
• Le Nord, avec Tunis comme centre.
 
• Le Sahel (englobant Sousse et la faculté dentaire de Monastir en un seul pôle), avec Sousse-Sahloul comme centre.
 
• L’Ouest, par déplacement de la Faculté de médecine de Monastir vers Kasserine ou Gafsa. Le personnel médical et paramédical y sera intéressé par des avantages administratifs et financiers supplémentaires.
 
• Le Sud, avec Sfax comme centre
 
Chaque pôle englobera un ou plusieurs Centres hospitalo-universitaires (CHU), à raison de 1 lit pour 1000 habitants. Les hôpitaux régionaux seront réaménagés, réorganisés et mieux structurés ; ils seront dotés de meilleurs équipements techniques et logistiques. Les services des hôpitaux, notamment les urgences, feront l’objet d’une certification périodique (tous les 2 à 3 ans) par des organismes professionnels indépendants, et leur organisation sera repensée, afin de diminuer les délais d’attente, et d’améliorer la qualité globale des soins. Une nouvelle carte sanitaire de la Tunisie sera élaborée, afin de doter toutes ces structures d’une efficacité optimale.
 
Afin d’assurer une meilleure performance de l’hôpital, la permanence des soins et la disponibilité des médicaments essentiels sera garantie, en particulier dans les structures de première ligne. Cela permettra d’éviter les déplacements pénibles et les dépenses superflues.
 
Sur le plan qualitatif, le PDP essayera d’appuyer la bonne gouvernance, afin que les établissements de soins aient comme principal objectif l’amélioration de l’offre de soins. Pour mieux maîtriser les dépenses de santé, l’usage des médicaments sera rationalisé. Pour cela, une haute autorité de la santé sera créée. Elle aura le statut d’autorité publique indépendante à caractère scientifique, dotée de la personnalité morale et disposant de l’autonomie financière.
 
Elle sera chargée, entre autres, d’évaluer l’intérêt des médicaments, des dispositifs médicaux, des actes professionnels et de prescrire ou non leur remboursement par l’assurance maladie, de promouvoir les bonnes pratiques des soins auprès des professionnels et des usagers de santé, d’améliorer la qualité des soins dans les établissements de santé et en médecine de ville.
 
 
Synthèse de Hassine BOUAZRA
 
 
(Source: “Le Temps” (Quotidien – Tunisie) le 28 aout 2011)
Lien: http://www.letemps.com.tn/article-58582.html
 


Tunisie/Politique : Le cheikh et les deux médecins


 
 
Publié le Dimanche 28 Août 2011 à 15:00 Plus que le parti de cols blancs de la Marsa ou la coalition hétéroclite du PDM dont le seul lien est un sentiment anti-Nahdha primaire, les deux partis qui montent incontestablement aujourd’hui sur le terrain comme sur Internet, dans toutes les régions et couches sociales du pays sont Ettakatol, ou le centre gauche de tendance «francophone» de Dr Moncef Ben Jaafar et le CPR ou le centre gauche de tendance «arabophone» de Dr Moncef Marzouki.
 
Le premier a accepté l’argent d’un patron célèbre de grande distribution pour financer sa campagne de pub, le second a décliné l’argent d’un patron célèbre d’agroalimentaire comme il a décliné l’invitation de ba3eth el kanet et a dénoncé dans une lettre ouverte l’argent et la corruption en politique du PDP, Ettakatol et Ennahdha, c’était avant que lui apparaît le parti Fantoche & Fric d’un milliardaire qu’on dit guedafiste.
 
Par ailleurs, nos deux médecins, en vieux loups de la politique, ont su que le poste de président passe inévitablement par la case du cheikh, ce que n’a pas compris le patron du parti de Maya Jribi se sentant très tôt trop fort à cause des habits d’un portefeuille de ministre du développement régional qu’il a mis pendant 2 mois après la révolution et qu’il croyait une autoroute vers Carthage.
 
 
Les deux médecins, disais-je, sont en négociations avec le cheikh pour ce poste dans le cadre d’un partage du pouvoir sans vouloir trop le dire. Le cheikh, en vieux politicien ayant donné sa parole aux USA et à la France que son parti ne briguera pas la présidence pour le moment, a admis quant à lui qu’il est en pourparlers avec les deux médecins et a un malin plaisir à faire monter les enchères entre eux.
 
Nos deux médecins essaient de s’approcher du cheikh sans trop s’approcher de lui pour ne pas brûler avec des relations dangereuses que certains qualifient de contre-nature et d’autres qualifient d’union nationale.
 
Bref, la politique chez nous devient de plus en plus passionnante, et dire qu’il y a quelques mois, il n’y avait pas de politique chez nous !
 
Dr & Dr
(Source: Gnet le 28 aout 2011)
http://www.gnet.tn/sur-le-vif/tunisie/politique-le-cheikh-et-les-deux-medecins/id-menu-1006.html

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