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AP: Libye: les rebelles s’emparent du poste stratégique de Ras Jédir frontalier avec la Tunisie
La Voix Du Nord: Les affaires libyennes fleurissent toujours en Tunisie
Rue 89: Tunisie : l’égalité entre hommes et femmes fait toujours débat
Kapitalis: Qu’est-ce qu’être islamiste aujourd’hui en Tunisie?
Leaders: Assez de divisions
Libye: les rebelles s’emparent du poste stratégique de Ras Jédir frontalier avec la Tunisie
Tunisie : l’égalité entre hommes et femmes fait toujours débat
Le 16 août, le gouvernement tunisien a annoncé la levée des réserves que la Tunisie avait formulées sur la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (la Cedaw) qu’elle avait ratifiée en 1985.
Cette décision intervient quelques jours après la Journée nationale de la femme, qui commémore l’adoption du code du statut personnel, le 13 août 1956. Le code tunisien, inspiré par Habib Bourguiba, est réputé être l’un des plus favorables aux femmes dans le monde arabo-musulman. Il contient néanmoins encore des dispositions inégalitaires que ces réserves avaient maintenues au nom des valeurs traditionnelles et religieuses.
Les réserves (relatives aux articles 9, 15, 16 et 29) portaient notamment sur l’égalité des droits et obligations des époux pendant le mariage et lors de sa dissolution, sur l’autorité parentale, sur le droit pour l’épouse d’octroyer son nom de famille ou de transmettre sa nationalité à ses enfants, sur le droit choisir son domicile. Elles maintenaient aussi l’inégalité successorale.
Elles étaient accompagnées d’une déclaration générale qui annonce que la Tunisie n’adoptera pas de décisions législatives ou réglementaire susceptible d’aller à l’encontre de l’article 1er de la Constitution, lequel stipule que « la religion de la Tunisie est l’islam ». Or cette déclaration générale, en revanche, n’a pas été levée
Salwa Hamrouni, enseignante de droit à l’université de Tunis et membre du bureau de l’Association tunisienne de droit constitutionnel, décrypte la portée de cette décision.
Un point juridique d’abord, la Tunisie peut-elle lever ses réserves sur un traité international en l’absence de Parlement élu ?
Certains raisonnent comme s’il s’agissait de l’adhésion à un nouveau traité et estiment que la levée des réserves nécessite d’abord une nouvelle constitution et un Parlement élu pour la ratifier.
Mais les réserves constituent un acte unilatéral d’un Etat. Ce n’est pas un nouvel engagement international. La Tunisie a ratifié ce traité en 1985, elle est donc déjà engagée.
Ces réserves étaient d’ailleurs contraires à la convention de Vienne sur les traités, qui stipule qu’un Etat ne peut formuler des réserves qui seraient contraires au but du traité.
Juridiquement, il n’y a donc pas d’obstacle. Politiquement, c’est différent, on peut défendre qu’un gouvernement de transition ne peut pas profiter de sa situation pour engager la Tunisie, mais dans ce cas on peut remettre en question toutes les décisions prises depuis le 14 janvier. En fait, cette objection émane des milieux conservateurs opposés à l’égalité.
Le maintien de la déclaration générale et de la référence à l’islam est-il une concession aux islamistes ?
Cette déclaration était déjà le résultat d’un compromis en 1985. C’était le début de la montée du mouvement islamiste et l’adhésion à la Cedaw avait suscité un grand débat. Le gouvernement avait essayé de trouver le juste milieu en adhérant à la convention, mais l’assortissant de cette déclaration pour rassurer les islamistes et les courants traditionalistes.
Le maintien de cette déclaration aujourd’hui relève de la même volonté de rassurer, mais il a une portée plus politique que juridique, d’autant que la constitution a été abrogée ! Même si la plupart des formations politiques s’accordent à dire que cet article 1er doit être conservé tel quel dans la prochaine constitution.
L’article 1er est-il un obstacle à la réalisation de l’égalité entre hommes et femmes ?
Tout d’abord, cet article 1er est mal compris. Dire que la religion de la Tunisie est l’islam est un constat, parce que la majorité des Tunisiens sont musulmans. Mais il ne prévoit en aucun cas que la charia est une source de droit positif. La Tunisie n’a jamais légiféré en essayant de se conformer à la charia. On peut s’inspirer du droit musulman, mais ce n’est pas une source formelle.
Ensuite, ce ne sont ni le gouvernement, ni le Parlement qui donnent son sens à l’article 1er, c’est la jurisprudence. Ce sont les juges. Il est vrai qu’il y a deux tendances dans notre système judiciaire, même au niveau de notre Cour de cassation. Une tendance traditionnelle qui maintient les discriminations en se basant sur cet article 1er, et une autre qui estime que cet article doit être compris en accord avec les normes internationales en termes de droit humains. On peut donc s’attendre à des polémiques.
Une majorité islamiste et conservatrice à l’Assemblée pourrait-elle se référer à l’article 1er pour refuser de légiférer pour supprimer les discriminations ?
L’article 6 de la constitution actuelle prévoit l’égalité entre tous les citoyens et la nouvelle constitution ne pourra aller que plus loin dans ce sens. L’article 1er, qui ne fait qu’un constat sur l’identité de l’Etat tunisien, ne peut pas faire obstacle à un article plus précis qui dira que l’homme et la femme ont les mêmes droits et les mêmes obligations. Il faut donc espérer que nous aurons un tribunal constitutionnel pour vérifier la constitutionnalité des lois.
De deux choses l’une, soit on déclare respecter les conventions internationales, avoir une constitution démocratique qui pose le principe de l’égalité, et on supprime donc toutes mesures discriminatoires, soit on accepte les discriminations au nom de l’islam, et on en tire les conséquences.
Dans le débat que suscite actuellement la levée des réserves, beaucoup prétendent que l’égalité successorale est contraire au Coran…
Des militants islamistes prennent le cas de l’égalité dans l’héritage pour dénoncer dans la levée des réserves une attaque contre l’islam, une trahison de nos valeurs… Il existe en effet un verset (Les femmes, v.11) qui prévoit que la part d’un homme vaut celle de deux femmes et d’autres dispositions assez complexes.
Mais les demandes pour l’égalité homme/femme ne réduisent pas qu’à l’héritage. En fait cette question est utilisée par les milieux conservateurs pour orienter le débat dans une alternative pour ou contre l’islam. L’aspect positif, c’est que, désormais, le problème de l’inégalité successorale fait partie du débat public.
Certains estiment aussi qu’il est trop tôt pour s’attaquer sur ce genre de problèmes…
Effectivement. Je déplore que même certains partis qui se disent pour l’égalité dans l’héritage n’aient pas le courage de le dire publiquement. Sous prétexte que ce ne serait pas ce n’est pas le moment, qu’il ne faut pas choquer, qu’il faut avancer petit à petit. Depuis le 14 janvier, tout évolue, faudrait-il que seule la situation des femmes stagne ?
En 1956, quand Habib Bourguiba a élaboré le code du statut personnel, on aurait pu dire aussi que ce n’était pas la priorité, qu’il fallait d’abord construire l’Etat. Le droit n’est pas seulement le reflet d’une réalité sociale. Certaines dispositions législatives peuvent choquer au début, mais l’une des fonctions du droit est de faire progresser les sociétés.
Source : « Rue 89 » Le 27-08-2011
Les Tunisiens doivent contrôler leurs nerfs, pour le bien de la démocratie
L’idée d’une révolution est assez romantique. Ayant vu les scènes de défi qui ont secoué la Tunisie depuis le renversement du président Ben Ali, j’ai tenu à retourner et observer combien les choses ont changé depuis ma visite pour préparer mon doctorat l’année dernière. D’après mes conversations avec la jeune classe politique du pays et avec de simples citoyens, il est clair que la Tunisie est confrontée pour la première fois aux défis du vrai pluralisme. En apparence, l’aspect le plus encourageant est l’attitude de sa population. Les Tunisiens ont un sens très mérité de la fierté et d’aspiration de la révolution. Chacun de ceux à qui j’ai parlé paraissait politiquement engagé et motivé pour exprimer ses opinions, même si la plupart des Tunisiens ne savent pas encore exactement ce qu’ils attendent d’un prochain gouvernement.
Une volonté pour avancer Une saine, même si parfois controversée, culture de contestation a été développée par des groupes d’activistes de la jeunesse et de la société civile. Ils ont obligé des vagues successives de membres de l’ancien régime à quitter le gouvernement et continuent de faire la pression sur les institutions provisoires pour les obliger à tenir leurs promesses. Il y a aussi une volonté réelle pour avancer. Des élections pour une Assemblée constituante sont prévues le 23 octobre. Cette institution aura à réaliser une nouvelle Constitution dans un délai d’une année. Des élections législatives et, éventuellement, présidentielles seront donc tenues sur la base des nouvelles règles. En somme, le pays a des chances réelles pour devenir une vraie démocratie dans les 18 prochains mois. Mon impression est que la transition de la Tunisie devrait bien réussir parce qu’il existe des signes clairs pour garder la confiance d’une population vigilante au moment où les institutions démocratiques se font construire. Cependant, ceux qui sont réellement impliqués dans le processus transitoire considèrent que le pays «est calme uniquement en apparence». Malgré leur soutien indiscutable à la révolution, les politiciens impliqués dans la réalisation de ses objectifs s’efforcent pour instaurer du pluralisme au sein d’une culture élitiste qui n’en a aucune expérience.
Une classe politique inexpérimentée Avec plus de 80 partis politiques créés depuis janvier [en fait, plus de 100 aujourd’hui, Ndlr], on a eu droit à une cacophonie de nouvelles voix politiques accompagnées de campagnes provocantes. Presque toutes les plus grandes personnalités politiques ont déjà été discréditées d’une certaine manière, et plusieurs Tunisiens à qui j’ai parlé paraissaient déçus par leurs choix politiques. Environ 54% de la population sont encore indécis à propos de qui ils vont voter en octobre. Au lieu d’œuvrer pour limiter le chaos, la plupart des partis politiques paraissent plus intéressés à se disputer l’un contre l’autre et ne cherchent pas à trouver le cadre de confiance nécessaire pour un partage de pouvoir dans un gouvernement potentiel.
Ennahdha divise les démocrates Une partie de cette «négativité» est le résultat de l’ascension rapide d’Ennahdha, un mouvement islamiste modéré, auparavant interdit, et qui affiche le plus fort taux dans les sondages. Ennahdha dépasse ses concurrents, notamment grâce à sa réputation de mouvement qui a constamment défié aussi bien Habib Bourguiba que Ben Ali. Des dizaines de milliers de partisans d’Ennahdha ont été emprisonnés ou contraint à l’exil durant les années 1980 et 1990. Le mouvement était essentiellement absent de la vie politique après 1991, même si ses membres ont commencé à secrètement se rencontrer à partir de 1999. Cette histoire donne aux leaders d’Ennahdha une certaine crédibilité au sein de la population et le mouvement s’est agressivement réorganisé depuis sa légalisation en mars dernier. Même si quelques observateurs, y compris les leaders d’Ennahdha, croient que le parti pourrait réellement obtenir 20 à 30% des voix, sa réapparition a créé au sein de la classe politique une certaine paranoïa qui nourrit une polarisation dangereuse. Comme l’exprime Néjib Chebbi, le dirigeant du deuxième plus grand parti, le Parti démocratique progressiste (Pdp): «Je crains plus les démocrates que les islamistes». Il veut dire que plusieurs politiciens démocrates se sont unis contre Ennahdha, mais sans eux-mêmes constituer de sérieuses alternatives politiques. Les médias abondent en discours anti-Ennahdha, mais au moment où il est légitime que les dirigeants du mouvement se positionnent sur des questions importantes pour les Tunisiens, telles que le libéral Code de statut personne (Csp) du pays, le lynchage d’Ennahdha ne doit pas servir d’excuse pour les autres partis pour ne pas mettre en place des programmes clairs. Si les Tunisiens ne sont pas contents des choix qui se présenteront en octobre, ou si les élections ne donnent pas place à un partage de pouvoir entre plusieurs points de vue, il y a à craindre que la patience des Tunisiens concernant le processus de transition ne disparaisse rapidement.
Attention à l’impatience des jeunes chômeurs Et puis il y a la situation économique. Même si le renversement du régime corrompu de Ben Ali aura certainement un impact positif sur le développement sur le long-terme de la Tunisie, la situation s’est dramatiquement détériorée sur le court terme, selon Mahmoud Ben Romdhane, un économiste membre du parti de la gauche Ettajdid. Ceci est largement dû à l’absence totale de la création d’emplois dans le secteur privé (qui d’habitude constitue 80% des nouveaux emplois créés chaque année) alors que les investisseurs locaux et étrangers attendent pour évaluer la stabilité du nouveau gouvernement. M. Ben Romdhane estime que, dans les meilleurs scénarios, si un système démocratique est mis en place vers la fin de 2012, les investisseurs commenceront à revenir. Cependant, à cause du laps de temps entre les décisions d’investissement et la création réelle d’emplois, la Tunisie pourrait vivre quatre ou cinq années de plus de crise sociale et économique avant que le peuple ne commence à sentir une amélioration. Demander à des milliers de jeunes chômeurs, qui ont pris part à la révolution, d’attendre cinq années de plus n’est pas si facile. L’euphorie des jeunes, manifestée dans la révolution, est une vraie crainte et il est par conséquent vital qu’un fort consensus national autour des institutions de la transition soit maintenu alors que le changement se réalise graduellement. Les politiciens tunisiens pourraient réussir à se développer sur la base de la bonne volonté nationale (voire sur l’atout le plus solide qu’est une révolution trans-idéologique), mais il y a toujours un risque qu’ils perdent la confiance du peuple avant octobre. Eviter la polarisation et pratiquer un pluralisme réel, en acceptant les points de vue différents et en échangeant les idées d’une manière respectueuse et transparente sont vitaux à cette étape. Si la classe politique arrive à contrôler ses nerfs, la Tunisie aurait une chance de devenir la première démocratie autonome du monde arabe.
Source : « Kapitalis » Le 27-08-2011
Tunisie: Quand Béji Caid Essebssi solde ses comptes avec Ahmed Mestiri
On n’attendait pas vraiment M. Béji Caïd Essebsi sur ce terrain là. Celui du flingage avec le sourire. A l’encontre d’une vieille connaissance. Dont l’orgueil, la vanité et la célébrité lui ont toujours insufflé, affirme le locataire d’El Kasbah, le sentiment de l’impunité et de l’infaillibilité. Au fait, dans son allocution, du 18 août 2011, au Palais des Congrès, devant les représentants de la société civile, de la presse nationale et étrangère et des principaux partis politiques du pays, le chef du gouvernement provisoire, dont le souci majeur, depuis l’intronisation de son «team» de technocrates au début du mois de mars 2011, est de ne pas subir l’usure et les avanies du traitement des affaires courantes, a d’emblée taclé et cloué au pilori Ahmed Mestiri, son vieux compagnon de la mouvance libérale, fondateur du MDS, qui a multiplié, ces derniers temps, les phrases assassines, les quolibets, les diatribes et les invectives déstabilisantes à l’encontre de l’équipe d’El Kasbah. Le coup de grâce vient toujours de l’être aimé!… Eh! Oui…Le pouvoir a ses règles et ses priorités, vouloir s’y frotter, c’est s’y piquer. Néanmoins, de l’avis de plusieurs observateurs avertis, aucun homme d’Etat en exercice n’a été si longtemps, si patiemment insulté en Tunisie. Mais la gloire, disait André Malraux, peut trouver, souvent, dans l’outrage, son suprême éclat.Et Béji Caid Essebsi, velox, patiens laborum, a l’habitude de laisser passer et de laisser dire. Il sait des choses et sait les taire. A vrai dire, issus, tous les deux, du clan de La Marsa, de la bourgeoisie tunisoise, des «beldia» pur jus, la bagarre entre ces deux personnalités, nous dit-on, figures de proue de l’opposition à Bourguiba dans les années soixante-dix, premiers porteurs du projet démocratique dans les rangs du parti destourien, lors du congrès de Monastir en 1971, ne date pas d’hier. Elle a apparemment accompagné le parcours politique de ces deux mastodontes de l’ère bourguibienne. Avec quelques passes d’armes, dont seuls ces vieux routiers des sentes du pouvoir ont le secret. Mais aucun des deux n’a réussi à mettre KO son adversaire. Au fait, même au crépuscule d’une vie politique mouvementée, la pause, entre les deux frères-ennemis, n’est pas pour demain. Car nul n’échappe aux pièges du pouvoir. Les deux hommes ont suffisamment fréquenté la solitude pour avoir appris à dompter les ombres. La politique, nous dit-on, demeure la fosse aux lions.
Finalement, pour Béji Caid Essebsi, depuis le triomphe de la révolution de la liberté et de la dignité, Ahmed Mestiri, pris dans une sorte de spasme jusqu’au-boutiste, joue un jeu de dupes. Sert la soupe aux radicaux. Se «zorroise» devant les mass-médias. Aiguise toutes les oppositions. Exploite la veine de la colère et du défi. Savonne le terrain politique. Se sert de tous les leviers disponibles. Fait les yeux de Chimène aux islamistes. Gratifie. Se brouille. Jalouse. Flatte. Minaude. Distribue des satisfécits. Juge. Claironne. Sermonne. Autrement dit, sa barque est pleine. Et il ne se passe pas une semaine, affirme une source officielle, sans qu’on l’entende désavouer, rabrouer, réprimander l’équipe gouvernementale. Lui qui, au ministère de l’Intérieur au début des années soixante-dix, n’a pas hésité, nous dit un ancien militant perspectiviste, à casser le congrès démocratique de l’UGET à Korba en 1971 et à favoriser l’émergence d’une direction fantoche, aux ordres du PSD, provoquant ainsi la plus longue crise estudiantine de l’histoire du pays. Au fait, le chef du gouvernement provisoire, dans l’obligation, tout au long de son allocution, au Palais des Congrès, de tout peser, tout balancer, tout maîtriser au milieu de tant d’intérêts et de passions contradictoires, a parlé en homme qui sait son affaire. Pour lui, les passions de l’homme sont de tous les temps. Mais l’art du politique est de les employer au bien commun. A bon entendeur… Salut!
Source: “wmc” Le 27-08-2011
Qu’est-ce qu’être islamiste aujourd’hui en Tunisie?
Depuis le 14 janvier dernier, un mot en Tunisie est utilisé de manière récurrente: islamiste. Ce mot fait partie d’un corpus utilisé par les médias francophones durant les années 1990 (puis davantage depuis 2001) pour décrire les caractères et les pratiques extrêmes d’individus qui se déclarent musulmans et plus généralement ce qui est décrit comme «l’islam politique».
Aux sources des «mouvements islamistes» Un islamiste est par définition un adepte de l’islamisme, mot formé par le suffixe – isme qui est utilisé pour décrire une doctrine, un dogme, une idéologie ou une théorie. Par exemple, le communisme, le libéralisme, l’hédonisme, le darwinisme, le révisionnisme, le sionisme, etc. En particulier les noms de religions sont formés sur ce modèle: le christianisme, le judaïsme, le bouddhisme, l’hindouisme, le shintoïsme, etc. D’après cette règle, l’islamisme serait donc la doctrine ou plutôt le dogme – puisqu’il s’agit du domaine religieux – de la religion musulmane appelée aujourd’hui l’islam. Apparemment ce fût le cas jusqu’à l’apparition dans les pays arabo-musulmans en quête d’indépendance, de mouvements sociaux et politiques qui avaient construit leur projet en se basant sur des sources du dogme musulman. Dès lors il fallait décrire ces mouvements très divers dans leur manière de voir le monde. On les a désignés comme faisant de l’islam politique, cela a donné naissance aux «mouvements islamistes». Ainsi d’un mot qui décrivait le dogme de la religion musulmane et représentait donc des valeurs, une éthique et des pratiques, nous sommes passés à un mot qui décrivait une philosophie indépendantiste qui voulait s’affranchir des puissances coloniales au nom des valeurs prônées par la religion musulmane, puis enfin à un mot qui décrit aujourd’hui une pensée manipulatrice des foules, aux idées extrêmes, arriérées et criminelles.
L’utilisation des mots font leur signification Aujourd’hui en Tunisie, un pays de tradition arabo-musulmane depuis quelques siècles, on utilise le mot islamiste comme l’utiliserait un journal télévisé du 20 heures, comme un mot qui sert à décrire des actes terribles ou des idéologies extrêmes et condamnables, alors qu’il contient le nom de notre religion. Islamisme serait donc un mot détourné de son sens originel pour diverses raisons et c’est en cela qu’il devrait être utilisé de manière intelligente. Aux non-spécialistes, islamisme et islam sont des mots très proches, ainsi ce qu’on présente comme des actes d’islamisme sont souvent confondus avec des actes d’islam. Un islamiste adepte de l’islamisme, ne devrait pas faire peur pour la simple raison qu’il contient le mot islam, synonyme de paix, de justice et de soumission paisible volontaire au divin. L’utilisation des mots font leur signification. C’est donc aux musulmans francophones de stopper l’utilisation d’un mot tendancieux de manière irréfléchie. Afin de décrire des actes odieux, des idéologies arriérées, utilisons des mots négatifs et non pas un mot qui nous rappelle à la religion musulmane qui est une très belle religion. Voilà en ce qui concerne le sens extrême attribué à islamisme. Essayons maintenant de traiter le sens d’islam politique donné à l’islamisme. Plusieurs questions peuvent alors être soulevées: comment décrire l’islam politique qui fait tant peur à tout le monde? Et d’abord qu’est ce que c’est l’islam politique? Est-ce que cela est vraiment si antinomique? Ce que j’ai appris sur les bancs d’une grande école parisienne, c’est que la politique est un domaine qui est propre aux sociétés humaines. A chaque fois que des hommes se regroupent et forment une communauté, des conflits émergent car certains de leurs intérêts sont contradictoires. Ainsi toute société d’hommes a des conflits à résoudre et ne peut survivre que si elle réussit à dépasser ces intérêts opposés. C’est alors qu’intervient la politique, afin de faire en sorte que les hommes, malgré leurs différences, puissent coexister et réaliser des tâches ensemble.
La politique est une discipline intrinsèque à l’Islam En l’an 622 de l’ère chrétienne, l’histoire a été témoin d’une manifestation concrète de cette «politique» créatrice d’une société humaine: l’édification par le prophète Mohamed de la «constitution» de la ville de Médine (anciennement Yathrib). Immigré dans une terre qui lui était inconnue, le dernier des prophètes qui a appelé les hommes à l’islam s’est tout de suite mis à rédiger le texte qui allait établir une société fascinante, berceau de la civilisation arabo-musulmane et inspiration pour certaines époques, des sociétés à Bagdad puis à Al Andalous. Nous voyons là une situation inédite dans l’histoire: un message de nature religieuse est devenu un message social, économique, militaire, culturel et le prophète a alors montré que l’islam n’était pas seulement un culte, une religion mais une véritable leçon de vie. Après avoir découvert cela, je me suis alors demandé, mais comment un musulman peut parler d’islam politique? La politique au sens propre et comme discipline est intrinsèque à l’Islam, il s’agit de construire une société basée sur des valeurs, des principes, des relations sociales inspirés de ce qui a été révélé au prophète dans le Coran et de l’exemplarité du prophète à travers ses actes et ses dires. Cela étant dit, la politique définie comme profession n’est pas intrinsèquement liée à l’islam. Ici je sépare bien la définition de la politique comme «science» sociale et la politique comme profession ou discipline d’orientation idéologique que l’on appelle la politique politicienne. C’est bien de cela qu’il s’agit lorsqu’on discute l’islamisme. Ainsi lorsque dans certains pays, les pouvoirs utilisent les milieux religieux pour légitimer des actions ou asseoir une autorité extratemporelle, les valeurs de base de l’islam sont bafouées. Nous devons effectivement être vigilants face à cela et extrêmement critique face à une telle instrumentalisation. Aujourd’hui, à ma connaissance, une telle instrumentalisation n’existe pas en Tunisie.
Mettre tout le monde dans un même sac Lorsque dans une mosquée, un imam prêche pour que les fidèles choisissent leurs représentants par leurs valeurs, leur éthique et que la pratique de l’islam est «théoriquement» garante de ces valeurs, il n’y a aucune instrumentalisation. L’imam transmet alors un message digne de l’islam: religieux et politique. Toutefois des dérives minoritaires existent et certains discours sont choquants et loin d’être dignes de la «religion du milieu». Mais ces dérives ne sont pas l’œuvre d’islamistes, ces dérives sont l’œuvre de personnes extrémistes qui se réclament de la religion musulmane. Mettre tout le monde dans un même sac que l’on ne définit pas clairement et qui salit en même temps la religion musulmane, n’aide ni à la compréhension de la réalité, ni le combat des idées qui sont inacceptables. Selon moi, le terme d’islamiste est donc malheureusement utilisé de manière à tromper les non musulmans sur la véritable religion musulmane et tromper les musulmans en cherchant à les convaincre que la politique ne doit pas être un de leur souci. Dans un pays comme la Tunisie, n’utilisons plus des mots dignes d’un fauteur de troubles, utilisons les mots qui sont clairs, utiles et sans équivoque. Quant à l’islam politique qui est un contresens, il faut comprendre que chaque musulman est obligé par sa religion même d’être un véritable citoyen. En conclusion, il faut accepter que l’islam est beaucoup plus qu’une religion et comprendre que sa civilisation s’est construite grâce à cela, mais dans le même temps il faut reconnaitre que cela a rendu parfois difficile le combat contre l’instrumentalisation, qu’il s’agit de ne jamais accepter. L’islamiste est finalement un musulman quelconque qui, par ses actes de la vie quotidienne, veut construire une société juste et harmonieuse. Il peut aussi s’engager davantage et proposer à ses pairs un projet politique (social, économique, culturel, etc.) et ensuite assumer le choix de ses concitoyens. En somme, cet exemple illustre qu’il faut du travail sur soi, de la remise en question, de la vigilance mais aussi et surtout de l’écoute et de la compréhension de l’autre. Que la paix soit sur nous tous et que Dieu nous aide à écrire l’histoire.
Source : « Kapitalis » Le 27-08-2011
Lien : http://www.kapitalis.com/afkar/68-tribune/5606-quest-ce-quetre-islamiste-aujourdhui-en-tunisie.html
Assez de divisions
Par Mounir Beltaifa
L’amour de la Tunisie qui nous a réuni serait-il dépassé par l’amour de Soi qui nous séparerait ? Au nom de la démocratie, nous avons créé nous-mêmes nos divisions et les plus récentes se démultiplient très vite. Conscients des risques électoraux, nos nombreux partis cherchent à travers des regroupements à optimiser la configuration de leurs succès électoraux, sans véritable alignement ni confrontation profonde des programmes. L’intérêt suprême de la nation n’aurait-il pas généré une plus grande union autour de l’essentiel – une construction durable de notre nouvelle Tunisie – avec certes quelques divisions à la marge, bien moins nombreuses et moins porteuses de risques ? Nous voyons déjà le coût de construction de notre modèle démocratique et nous espérons que les retombées de ce modèle seront bien supérieures et ne tarderont pas trop, l’incertitude et le temps pouvant jouer contre nous. Espérons aussi que nos divisions et nos regroupements récents contribueront à une construction efficace et efficiente de notre modèle démocratique sans trop retarder l’exécution du plan démocratiquement choisi pour la relance de notre développement économique et social. Souvenons-nous, début janvier, un courage collectif a défié la terreur, conquis la liberté, exigé la dignité et la justice, dit stop aux abus… Ce courage porté avant la chute du régime par une minorité de Tunisiennes et de Tunisiens, était chargé d’une énergie surhumaine tellement exceptionnelle (RahmaIlahya) qu’elle a surpris tout le monde et gagné progressivement l’ensemble des citoyens y compris ceux parmi nous qui étaient au bureau ou à l’abri, au téléphone, devant leur télé ou leur ordi. Nous étions unis, heureux de tourner une page noire de ce qui faisait déjà partie de notre histoire et fiers d’être Tunisiens, même si nous étions seuls devant le reste du monde (qui nous a admiré et soutenu par la parole plus que par l’action) et face à une nouvelle page blanche, notre nouvelle histoire. Depuis, nous avons beaucoup parlé de beaucoup de sujets, certains plus importants que d’autres, nous avons progressé sur quelques sujets et régressé sur bien d’autres. Aurions-nous perdu de vue l’essentiel ? Bien sûr nous devions engager un chantier de rénovation de la Tunisie et nous pouvions en profiter pour construire un édifice agréable et durable quitte à refaire les murs porteurs et les fondations (admettant qu’on s’était assuré de la faisabilité et qu’on avait les moyens d’aller proprement jusqu’au bout du chantier). C’est d’ailleurs l’esprit de la révision constitutionnelle. En revanche, s’il est bon de refaire les fondations, il est difficile de préserver les mêmes chances de réussite de la rénovation quand on veut également changer le fondement sur lequel reposerait notre construction. La terre dont nous disposons est ce qu’elle est, roche, sable ou argile, il faut faire avec, quitte à utiliser des techniques innovantes pour un meilleur ancrage au sol. Il en est de même pour notre patrimoine socio-culturel et pour les fondements de notre révolution (dignité, ordre & libertés, justice…), il faut composer avec (notamment notre arabo-islamité) et ce serait une erreur de les ignorer. L’expérience ayant montré que ceux qui se dressent contre leur ADN s’engagent dans la déprime et périssent à coup de décadences récurrentes, nous gagnons bien entendu à assumer notre ADN. Discuter de notre arabo-islamité – par exemple – est bien entendu une chance de renforcer notre identité socio-culturelle mais ce n’est probablement pas notre priorité en 2011, ce n’est pas ça qui aurait changé l’ancien régime ni ce pour quoi les Tunisiens ont milité en janvier dernier. Traiter ce sujet avant la liberté, la sérénité, la justice, la dignité… serait diversion risquant de nous embourber hors de notre champ de bataille, à consommer une énergie précieuse sur un autre chantier que le nôtre. Nous tournerions en rond, à côté de la plaque, jusqu’à notre épuisement ! Qui avait entendu « laïcité » ou « retour à la Chariae » le 14 janvier 2011 ? La liberté de culte nous allait bien dans la constitution que nous voulons changer, c’est dans la pratique que certains ont dû souffrir pour avoir voulu être pratiquants et que certaines ont dû tomber le foulard pour préserver leur gagne-pain. Même ceux qui ont fait le choix de l’indécence n’ont pas été inquiétés avant la révolution, serait-ce plus de libertés qu’il leur faudrait après? Ça nous ferait une belle jambe d’avoir une nouvelle constitution parfaite si notre nouvel exécutif ne fait pas respecter la loi et/ou que notre nouvelle justice tolère encore des abus ou ne sait pas le cas échéant les dissuader. Si nos ressources sont limitées, ce dont personne ne doute, pourquoi dépenser toute notre énergie dans notre nouvelle constitution pour nous retrouver dans l’impossibilité de redresser notre navire probablement déjà à la dérive. Notre révision constitutionnelle doit viser l’essentiel et converger rapidement, sous quelques mois, à l’image de ce qu’ont réussi nos frères qui ont tiré les leçons de notre révolution au Maroc. Partis bien après nous, ils ont défini leur constitution en 3 mois et se sont donné 3 mois pour les législatives. Il nous faut préserver une partie de notre énergie, de notre motivation et de notre mobilisation nationale, à l’exécution du plan dont l’élaboration aura déjà bien entamé nos réserves. Ne soyons pas plus royalistes que le roi, nous n’allons pas faire renaître le communisme que les communistes ont lâché(notamment en Chine). Nous n’allons pas non plus continuer à copier aveuglément les travers de l’occident qui a longtemps cru avoir eu raison de se démarquer du bloc de l’est et qui se débat dans ses difficultés de crise en crise, faute d’avoir préservé ses équilibres économiques et sociaux et faute de contrôler les abus au nom d’une liberté devenue sacrée alors quedans de nombreux cas il s’agit surtout d’un prétexte à de nouvelles formes d’exploitation. Notre avenir se joue davantage au centre, autour d’un plan de relance économique et sociale spécifique, générateur d’emplois, de richesse et de justice sociale, traitant les problèmes structurels en profondeur (ordre, libertés, justice, éducation, santé, finance, administration, autres secteurs, rôle du privé…), répartissant mieux la richesse générée, développant les vraies valeurs de notre société avec une moindre dépendance de l’international, une ouverture et une plus grande valeur ajoutée au niveau régional et mondial. Nos partis politiques ne peuvent se tromper ni nous tromper, nous retrouverons dans les programmes des partis ou regroupements qui rassemblent le mieux les mêmes objectifs et les mêmes promesses. Ce ne sont pas les objectifs qui vont le plus nous séparer. Ce qui va nous séparer c’est ce qui va différencier les partis politiques ou regroupements : la confiance que nous pouvons avoir en tel chef de file et son équipe souvent composite, la sincérité et la conviction autour des objectifs annoncés, la cohérence des objectifs cachés/privés avec les objectifs affichés/publics, l’aptitude à définir une démarche optimale et des moyens réalistes pour atteindre les objectifs annoncés, l’aptitude à dégager les moyens nécessaires (équipe, budgets…) et à exécuter la démarche retenue dans les délais annoncés pour délivrer les résultats attendus… C’est le vrai débat qui devrait animer nos médias et faire avancer les travaux de nos partis politiques, déjà en retard sur la définition de la construction attendue et déjà trop nombreux, la course au pouvoir ayant malheureusement pris le dessus sur la course à la construction. Ce débat n’étant pas suffisamment avancé pour l’instant et faute de temps, de contenu ou de pédagogie, il ne serait probablement pas bien avancé à la profondeur souhaitée à la veille des élections. Nous nous retrouverions à voter pour des équipes sur leur notoriété plus que sur leurs projets et leurs aptitudes à travailler ensemble pour réussir la transformation de la Tunisie. Nous savons tous comment évoluent les entreprises qui allouent un budget à un projet stratégique voire vital et qui avant de lancer leur appel d’offres confient à des prestataires plus ou moins connus ou reconnus (y compris le futur maître d’œuvre) le soin de rédiger le cahier des charges auxquels ils devront eux-mêmes répondre dans le cadre de l’appel d’offres, et ce sans le soutien d’un assistant maîtrise d’ouvrage objectif, en mesure de prévenir s’il faut pré-cadrer un tir. Dans la majorité de tels cas, ce sont les intérêts des prestataires dominants qui seraient préservés en priorité, probablement aux dépens de ceux du projet ou du maître d’ouvrage. Ce n’est pas la diffusion d’une note pessimiste qui est recherchée ici mais une volonté de sensibilisation à ce qui pourrait nous arriver dans cette expérience apprenante que nous vivons (learning by doing) pour la première fois. Alors que nous n’avons pas eu le temps de savourer notre unité récente et fragile, nous sommes déjà dans des batailles de divisions que nous avons fabriquées nous-mêmes. Espérons que les élections suivies des travaux de l’assemblée constituante ne nous dévient pas longtemps de l’essentiel, la vraie construction de la Tunisie avec le peu de ressources financières qui nous restent, la bonne équipe dirigeante soutenue par toutes les autres ressources humaines car la Tunisie a besoin de toutes ses ressources pour se remettre à avancer vite sur le chemin du succès. Gare à la coalition de quelques partis qui représenterait une majorité et mettrait à l’écart quelques dizaines de partis. Notre seule chance d’y arriver consiste pour chacun de nous et de nos leaders à remettre en avant l’intérêt supérieur de la nation (devant celui de leur équipe et de leurs élus ou électeurs privilégiés) fondé dans la mesure du possible sur un véritable Amour pour la Tunisie et les Tunisiens, à respecter tous les Citoyens avec leurs besoins, attentes, sensibilités et différences, sans oublier leurs élus ou leurs électeurs, bref à faire une bonne place à ce qui deviendra le modèle Tunisien de démocratie participative, ce qui suppose notamment une bonne maîtrise de nos égos. Souvenons-nous au lendemain de l’indépendance, Bourguiba a eu la bonne idée de mettre le cap sur l’éducation et de nombreux élèves du secondaire avaient interrompu leurs études et répondu à cet appel à la construction de la nation pour remplacer les instituteurs et professeurs français qui ont dûretourner en France. Ceux qui ne se souviennent pas eux-mêmes peuvent demander à leurs parents ou grands-parents mais la qualité de l’enseignement public tunisien dans les premières décades de l’indépendance était supérieure et j’en profite pour saluer la génération de mon père qui par son dévouement a fait de nous ce que nous sommes. Le temps est venu pour que notre génération fasse un effort collectif que les prochaines générations pourraient saluer avec respect et reconnaissance. Cet effort, nous avons besoin d’en parler et surtout de le faire de notre vivant pour ceux qui en ont les moyens. Les besoins de financements de notre économie peuvent faire appel en partie à la contribution de nos riches et pas exclusivement à des emprunts auprès du FMI ou de la Banque Mondiale. Une réduction du train de vie de certains Citoyens fortunés pourrait permettre une amélioration significative du quotidien de plein d’autres. Quel sens auraient nos vies et que seraient devenus nos rêves si nous sommes les plus sages, les plus riches ou les plus éduqués de nos cimetières alors que de notre vivant nous n’avions pasfait preuve de sagesse et/ou n’avions pas engagé nos contributions à la construction de notre Tunisie au moment où elle en avait le plus besoin ? Si nous réussissons ensemble ce challenge, la douceur de vivre en Tunisie serait de nouveau mieux partagée et bien plus qu’un slogan publicitaire. Un proverbe Africain dit : ‘si tu veux aller vite, vas-y seul, si tu veux aller loin, vas-y en groupe’. Nous,aujourd’hui, en Tunisie, nous avons besoin d’aller vite et loin, allons-y ensemble, unis. Les juifs du monde restent à jamais unis pour aider leurs frères en Israël et préserver leur autonomie et leur sécurité. Agissons ensemble pour nous-mêmes et gare aux fausses batailles qui nous diviseraient pour qu’un tiers qui se cache bien puisse régner en toute quiétude. ‘اللهم أهدنا لما فيه خير البلاد والعباد – امين’
Source: “Leaders” Le 27-08-2011
Lien: http://www.leaders.com.tn/article/assez-de-divisions?id=6180
Le calvaire des Ksila
Par Raouf Khalsi
En 96, Khemaïes Ksila membre percutant de la Ligue des Droits de l’Homme faisait un accident de la circulation, à quelques mètres de la prison du 9 avril. Il fut incarcéré… Mais d’audience en audience on s’arrangea pour qu’il reste en prison le temps de dépécer la Ligue. A l’époque le ministre de l’Intérieur était Mohamed Jegham. Il sortit tout juste après. En 97 il écopa de deux années prison pour distribution de « tracts ». En 99 il était libéré et se réfugia aussitôt en France où il bénéficia du statut de réfugié politique.
Son épouse, Madame Fatma Ksila, membre du comité pour le respect des libertés et des droits de l’homme, à l’époque présidé par Kamel Jendoubi continua le combat, malgré les outrances subies, comme à Sousse où elle fut passée à tabac.
Entre temps elle était autorisée à aller en France pour voir son mari exilé. Et lors d’un passage à la frontière on voulut la soumettre à une fouille au corps, chose qu’elle refusa.Elle finit quand même par rejoindre définitivement (avec ses enfants) son mari en France où ils s’installèrent dans des conditions difficiles.
Après le 14 janvier Khemaïes Ksila regagna le pays et reprit son poste de secrétaire général de la Ligue des droits de l’Homme. La famille Ksila jugea qu’il était temps que Madame Fatma rentre à son tour au pays. Le ministère de l’Intérieur informa alors sur sa demande Khemaïes Ksila que sur le B3 de son épouse figure une condamnation à 8 mois de prison par contumace pour « outrage »à fonctionnaire dans l’exercice de ses fonctions ». C’était l’affaire de la fouille.
Elle rentra quand même en Tunisie, fit son opposition au tribunal mais fut quand même condamnée à 100 dinars d’amende par Madame la juge. Le jugement par contumace remonte au 14 juillet 2008.
Une condamnation pour le principe en somme.Sauf qu’il y a la loi, l’équité et la morale. La morale dit que les Ksila ont assez souffert comme ça.
Et tout cela pour… 100 dinars pour être dans le surréalisme ou plutôt dans l’anti-symbolisme.
Source: ”Le Temps” Le 27-08-2011