Amnesty International: Il est temps pour les partis politiques tunisiens de tenir leurs promesses de réforme
Rue 89: Au Kef, les Tunisiens désarmés face à l’agitation de salafistes
Jeune Afrique: Lettre de Tunis
Kapitalis: Tunisie. Borhane Bsaies avoue mais ne balance pas !
El Watan: Sophie Bessis : «Le danger de la restauration du régime autoritaire n’est pas le plus immédiat»
Il est temps pour les partis politiques tunisiens de tenir leurs promesses de réforme
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Tunisie: une ONG critique le manque d’initiative du gouvernement suisse
ATS | 25.09.2011 | 08:37
L’Association tunisienne pour la transparence financière (ATTF) juge dérisoire le montant des fonds gelés en Suisse. Elle déplore le manque de mesures prises par la Confédération pour restituer les avoirs du président déchu Zine El Abidine Ben Ali.
Ces derniers mois, Sami Remadi, le président de l’ATTF, a souvent parlé de son association dans les médias du monde entier. Interrogé par l’ats, il explique qu’il cherche leur soutien afin que certains gouvernements, comme ceux de la Suisse ou de la Grande-Bretagne, restituent à la Tunisie l’argent caché illégalement par le clan Ben Ali dans des banques à l’étranger.
Aujourd’hui, M. Remadi s’impatiente. Il regrette la lenteur du processus et le peu de collaboration de la part du Département fédéral des affaires étrangères (DFAE). Depuis le gel des actifs de la famille Ben Ali en janvier, «peu a été entrepris pour rendre ces fonds au peuple tunisien», déplore-t-il.
Il souhaite mettre la pression sur les banques suisses afin qu’elles déclarent les montants réels des fonds appartenant au dictateur et à sa famille. Car, même si la Suisse a été la première à geler les avoirs de l’ancien dictateur, il juge dérisoire la somme de 60 millions bloqués. Il estime qu’en réalité le montant est plus importants que celui annoncé par les autorités suisses.
La Tunisie, un poids-plume
Pour M. Remadi, la Suisse ne fait pas suffisamment d’effort, car la Tunisie n’a pas assez de poids international. «Nous sommes des citoyens de seconde zone et nos demandes sont sans réponse. Ils agissent différemment avec nous» qu’avec les Libyens, déplore-t-il. La Suisse a en effet reçu la semaine passée l’autorisation de l’ONU de débloquer 350 millions de francs du régime libyen déchu.
Pierre-Alain Eltschinger, porte-parole du DFAE, distingue les deux procédures. Dans le cas de la Libye, la Suisse n’a fait qu’appliquer les sanctions adoptés par le Conseil de sécurité de l’ONU, habilité à autoriser certains déblocages, explique-t-il.
La Tunisie n’est pas dans la même situation. «Conformement aux règles sur l’entraide judiciaire internationale, la restitution d’avoirs bloqués ne peut avoir lieu que si l’origine illicite des avoirs a été prouvé» conclut-il. Ce qui n’est pas le cas pour la Tunisie.
De son côté, le Ministère public de la Confédération (MPC) a indiqué qu’une procédure pénale pour blanchiment d’argent est en cours. Il n’a toutefois donné aucune information sur le nom des prévenus ou les montants en jeu.
Dialogue encore possible
Malgré toutes ses doléances, M. Remadi a encore confiance dans le gouvernement suisse et continue sa collaboration avec lui. Le DFAE a confirmé la tenue d’une conférence en novembre sur la thématique des biens mal acquis, en présence de Valentin Zellweger, directeur de la direction du droit international public.
Sami Remadi termine en disant que l’organisation ne va rien lâcher, «les peuples ont le droit à leur richesse». Même s’il espère une solution négociée, il n’exclut pas de saisir le Conseil des droits de l’homme en dernier recours, si les gouvernements ne réagissent pas. Créée après la révolution
L’ATTF a été créée en mars avec, pour but, de faire pression sur les gouvernements et les institutions financières afin d’aider l’Etat tunisien à récupérer l’argent transféré illégalement à l’étranger. Elle compte dix membres, tous universitaires et cadres, et jouit d’une grande popularité en Tunisie, selon son président.
L’ONG avait ainsi récolté près de 10’000 signatures pour une pétition réclamant la restitution des fonds spoliés par le clan Ben Ali et remise le 23 mars à l’ambassadeur de Suisse à Tunis.
Elle a également organisé deux conférences, l’une avec le sociologue genevois et ancien conseiller national Jean Ziegler, sur le cas des banques suisses, la seconde avec le juge espagnol Baltasar Garzon et la procureur Dolores Delgado Garcia. Elles ont été organisées dans le but de sensibiliser la population et surtout augmenter la pression sur les gouvernements étrangers.
Au Kef, les Tunisiens désarmés face à l’agitation de salafistes
« Des salafistes s’apprêtent à détruire la basilique antique du Kef », ainsi commence l’histoire, par un buzz sur les pages Facebook de ceux qu’inquiète l’activisme des islamistes en Tunisie. Le 15 septembre, une vingtaine de barbus investissent le bâtiment, annoncent qu’ils veulent le transformer en mosquée et promettent de revenir le lendemain pour la prière du vendredi.
Ils sont évacués par la police ; le gouverneur leur concède en échange le droit de venir prier dans les jardins et leur demande de transmettre leur requête aux différents ministères compétents (les Affaires religieuses, le Patrimoine, la Culture… ). Manière de contenir le problème dans sa dimension légale et administrative, puisque l’édifice est classé monument historique depuis 1894.
Comme promis, les salafistes reviennent le lendemain, bien organisés : sono, tapis de prière, distribution de sandwiches et, depuis, affichettes placardées dans la ville, pétition… il n’est pas certain que les lenteurs administratives épuisent leur détermination.
L’incident, limité à quelques dizaines de radicaux, pourrait sembler promis à l’insignifiance, vite balayé par les difficultés considérables que la Tunisie post-dictature doit affronter. Et pourtant, il obsède.
Au Kef, ville en déclin, 40% de chômeurs
Direction Le Kef, non pas pour savoir si la basilique est une mosquée, un musée ou une piste de danse, mais pour comprendre pourquoi le sort de quelques vieilles pierres peut empoisonner l’atmosphère d’une ville que préoccupent avant tout un taux de chômage officiel de 40% et son déclin depuis les années 70.
Situé à quelques kilomètres de la frontière algérienne (et de Sakiet Sidi Youssef), le Kef est une vieille ville, où depuis 2 500 ans se sédimentent les traces des civilisations qui s’y sont succédées.
Dominée par une forteresse ottomane du XVIIe siècle, la kasbah, qui surplombe l’une des plus belles médinas de Tunisie. C’est aussi un foyer de vie culturelle : école de maalouf (la musique judéo-arabo-andalouse), première troupe de théâtre de professionnelle du pays… Et un exemple de tolérance : une église, une petite synagogue font partie du paysage.
Une parfaite illustration de « la Tunisie carrefour des civilisations méditerranéennes » vantée par les guides touristiques. Mais aussi de la marginalisation des villes de l’intérieur sous l’ère Ben Ali.
« En 1956, presque plus personne ne venait à la mosquée »
Au pied de la kasbah, un bâtiment bas, carré, percé d’un atrium et, depuis le début de l’affaire, fermé et gardé par deux militaires, la fameuse basilique dont Mohamed Tlili, archéologue, résume l’histoire :
« Depuis la fin du XVIIIe, c’était la grande mosquée du Kef. Mais à partir de 1881, elle était de moins en moins fréquentée. En 1886, un archéologue français a découvert des traces de l’origine chrétienne du bâtiment, remontant au IIIe ou IVe siècle.
C’est l’époque où le cardinal Lavigerie, archevêque et fondateur des Pères blancs, dans un esprit de Croisade, voulait récupérer les églises “profanées” par les musulmans. C’est dans ce contexte qu’on a parlé de basilique, mais c’est une exagération. L’édifice a bien une fonction chrétienne, mais ne présente aucun des signes distinctifs d’une basilique.
A l’indépendance, en 1956, quasiment plus personne ne venait à la mosquée. En 1966, Bourguiba décide d’en faire un site archéologique et de construire une grande mosquée plus proche du nouveau centre de la ville.
A partir de 1975, en tant que délégué régional du patrimoine, j’ai entrepris la restauration du lieu et nous lui avons donné une vocation culturelle. »
Puis, en 2011, la révolution.
Dans une vidéo, un Saoudien s’en prend aux Tunisiens
Rejab, prof d’art dramatique, militant au grand cœur, avait repéré que depuis deux mois, une vidéo circulait sur Facebook :
« Un Saoudien explique qu’il est venu au Kef et qu’il y a vu une mosquée dont Bourguiba avait fait détruire le minaret pour la convertir en lieu de débauche. Il s’en prend aux Tunisiens qui laissent faire et demandent aux vrais musulmans de récupérer la mosquée. »
L’enjeu n’est évidemment pas le manque de place pour prier. C’est bien la question de l’identité qui resurgit dans un contexte post-dictature et pré-électoral. Rejab s’insurge contre cette entreprise de reconquête identitaire :
« Nous appartenons à la Méditerranée, la synthèse de toutes les civilisations qui se sont succédées ici, c’est cela l’esprit tunisien. Nous sommes fiers de notre dimension arabo-musulmane, mais réduire notre identité à cette seule dimension, c’est du négationnisme. »
Pas besoin de convoquer les intellectuels du Kef pour entendre ce discours. Un guide, un chauffeur retraité, un épicier pourront dire la même chose : « la basilique fait partie de notre patrimoine et ce patrimoine, c’est notre identité. »
« Derrière, il y a l’Arabie saoudite, le Qatar et la CIA »
La question n’était pas à l’ordre du jour de la révolution, elle n’est pas la priorité des Tunisiens accablés par le chômage et la pauvreté. Mais, et les Français ont payé pour le savoir, invoquer l’identité sur la scène politique, c’est lâcher une boule puante. Plus moyen d’y échapper, la question enflamme le débat, polarise la société, appelle l’anathème et l’exclusion réciproque.
Les militants de gauche ont leur idée sur les raisons de cette irruption :
« C’est une diversion. Derrière, il y a l’Arabie saoudite, le Qatar et la CIA, parce que les puissances impérialistes n’ont pas intérêt à ce qu’on parle de l’accaparement des richesses et veulent faire échouer la révolution au profit des islamistes. »
Un petit détour par les livres d’Histoire rappellerait que le rapport entre nationalisme, identité, religion et modernisation est l’un des débats structurants de la politique tunisienne depuis près d’un siècle. En attendant, l’explication ne fournit guère de solution au problème du jour.
« On ne va tout de même pas se battre avec eux ? »
Les sages de la médina veulent rester sereins :
« il faut régler le problème avec sagesse, ne pas répondre à la provocation par la violence. Ce sont les autorités qui devraient réagir. »
Difficile pour les Tunisiens de concevoir, après plus de cinquante ans d’Etat autoritaire, que l’autorité publique puisse être défiée et rester impuissante.
Côté société civile, on ne sait pas trop quelle stratégie adopter. « On ne va tout de même pas se battre avec eux ? » Des ados prévoient une soirée bière. Pas sûr que ce soit la meilleure idée…
Slim, professeur de sport, l’un des fondateurs d’une toute jeune association culturelle, veut organiser une festival culturel dans la basilique, avec concerts et courts-métrages, mais il avoue son désarroi :
« Dans l’action, ils nous dépassent en nombre. Ils s’adressent à des gens qui ne connaissent pas l’histoire de la ville, qui n’ont pas d’accès à la culture. Ils viennent prier et personne ne peut s’opposer à des musulmans qui veulent prier. C’est l’islam et les gens craignent de s’attaquer à la religion.
Sur Facebook, tout le monde est contre, mais personne ne va au contact de la population pour parler. »
Et au fond qu’en dit « l’opinion » : « Mosquée ou musée, qu’est-ce que ça change ? »
« Ces gens me font peur »
Mais la basilique n’est pas seule en cause. Les salafistes ont pris le contrôle des deux principales mosquées du centre-ville. C’est l’un d’eux, un jeune imam de 25 ans, qui est à l’origine de l’action.
Ils ont menacé de sortir les catafalques des fondateurs de la confrérie soufie installée dans le mausolée de Sidi Bou Makhlouf. Un petit bijou d’architecture à deux pas de la basilique et qu’entretient une vieille dame, descendante des cheikhs qui reposent sous les coupoles ornées de stucs :
« Ces gens me font peur, mais je ne les laisserai pas faire. Avant, je laissais ouvert à tout le monde. Maintenant, je suis obligée de fermer la porte. »
Une semaine après leur première tentative, quelques salafistes sont venus jeudi soir autour de la basilique pour évaluer la possibilité de revenir prier le vendredi. Par mesure de prévention, l’armée l’a entourée de barbelés. Victoire, provisoire, de l’Etat, ou défaite de la culture ? En tout cas le piège s’est déjà fermé sur la basilique du Kef.
Source: « Rue 89 » Le 26-09-2011
Tunisie: Néjib Chebbi prend ses distances avec Ennahdha
Ces derniers mois, le fondateur du Parti démocrate progressiste (PDP), Ahmed Nejib Chebbi a multiplié les déclarations traduisant son désaccord avec les islamistes et plus particulièrement le Mouvement Ennahdha.
A chaque fois que l’occasion se présente M. Nejib Chebbi, insiste sur le fait que les tunisiens sont (presque) tous musulmans mais que la religion doit pas être instrumentalisée à des fins politique.
M. Chebbi reconnait l’existence d’une forte concurrence entre son parti et le Mouvement Ennahdha et accepte provisoirement la deuxième place occupée par le PDP. Cependant, il ambitionne de faire de sa formation le premier parti en Tunisie, devant les islamistes d’Ennahda porteurs, selon lui, « d’un projet d’Etat idéologique ».
Dans un entretien accordé à l’AFP, M. Néjib Chebbi semble confiant: « Ennahda est aujourd’hui crédité de quelque 20% des suffrages. Mais le jeu reste totalement ouvert, plus de la moitié des Tunisiens étant indécis. Nous avons l’ambition de passer devant les islamistes et de devenir le premier parti », souligne-t-il.
Mais en cas de victoire des islamistes, « je m’inclinerai devant les résultats du vote. Le peuple souverain a le droit de se tromper », souligne M. Chebbi, qui exclut « à titre personnel » de participer à un gouvernement d’union nationale avec Ennahda.
Source: « Espace Manager » Le 26-09-2011
Lien: http://www.espacemanager.com/politique/tunisie-nejib-chebbi-prend-ses-distances-avec-ennahdha.html
Lettre de Tunis
Tunis, fin septembre. Plus de huit mois après la chute de Zine el-Abidine Ben Ali, il reste difficile de prendre le pouls de la révolution.
Une chatte ne retrouverait pas ses petits dans cet inextricable écheveau de rumeurs, de rapports de force insondables et d’opinions, voire de certitudes assénées comme des sourates du Coran. Celui qui veut comprendre vers quoi se dirige la Tunisie doit s’attendre à de sévères maux de tête…Seule certitude, l’inquiétude est palpable. La rumeur nourrit l’essentiel de ce sentiment largement partagé. L’angoisse de l’avenir fait le reste.
Car les Tunisiens ont peur de tout et voient mille et un périls frapper à leur porte : des complots (des nervis de l’ancien régime, des islamistes ou des militaires), une contre-révolution, des forces de l’ombre qui tirent les ficelles de la transition, la crise économique, la hausse des prix, l’insécurité, l’incivisme de ceux qui se permettent tout parce qu’ils n’ont plus peur de la police, les partis politiques qui se soucieraient plus de leurs propres intérêts que de ceux du pays. Ils ont l’impression que ce qui se déroule sous leurs yeux leur échappe. Bref, l’euphorie est passée, les héros sont fatigués et inquiets. Ils ont aussi le nez dans le guidon : pas pratique pour y voir clair…
Et pourtant, la Tunisie, compte tenu des circonstances, se porte plutôt bien. Mieux que ce que l’on pense, en tout cas. Le cap est tracé : l’élection d’une Constituante, qui travaillera pendant un an, élira un président et un gouvernement « légitimes ». Les partis, contrairement aux idées reçues, discutent, échangent, négocient et finissent par se mettre d’accord, pour les plus représentatifs d’entre eux, sur des dénominateurs communs raisonnables. La situation économique ? Pas de quoi pavoiser, évidemment. Mais les fondamentaux tiennent bon, la dette ne s’emballe pas (seulement quatre points supplémentaires, 44 % du PIB, loin du drame que vivent nombre de pays occidentaux).
Dans le contexte international actuel, c’est plutôt rassurant. Toutes les révolutions ont un prix, mais celui que paient les Tunisiens, même s’ils souffrent, demeure raisonnable. L’État, lui, n’est plus cette hydre omniprésente et omnipotente des dernières décennies. Mais il assume, parfois difficilement il est vrai, ses missions principales. Les administrations, même décapitées ou sans moyens, et en dépit de la défiance d’une population qui doute de tout et de tous, poursuivent leur tâche.
Last but not least, la crise libyenne, qui a longtemps constitué un boulet et une menace pour la Tunisie, représente aujourd’hui, Kaddafi parti et le Conseil national de transition installé, une véritable bouffée d’oxygène et la promesse de lendemains économiques pourvoyeurs de marchés et d’emplois, mais aussi de stabilité. La Tunisie est aujourd’hui un formidable laboratoire grandeur nature. Les erreurs commises serviront de leçons tant que la raison l’emportera. Et l’expérience réussira. Car, comme l’écrivait Nietzsche, « tout ce qui ne me tue pas me rend plus fort ».
Source: « Jeune Afrique » Le 26-09-2011
Microsoft Tunisie : après un début d’année tumultueux voilà un nouveau directeur général
La vague de la jeunesse leader fait fureur depuis quelques mois en Tunisie. Et c’est au tour de Microsoft Tunisie de suivre le mouvement. Le représentant tunisien de la firme de Redmond s’autorise un nouveau souffle, après les débuts d’une année 2011 très mouvementés, en nommant un nouveau directeur général à sa tête. Mohamed Bridaa, 36 ans, décontracté, souriant, l’esprit vif, se distingue vraiment des vieux costumes-cravates qu’on a tant connus à la tête de tels postes.
Il succède ainsi à Mme Salwa Smaoui, un nom qui s’est vu propulsé sur les devants de la scène IT tunisienne de part son charisme et son fort sens des affaires. L’ex-DG ne s’arrête pas en si bon chemin puisqu’elle a été promue pour devenir Directrice Régionale «Advertising and Online» pour l’Afrique et le Moyen-Orient, même si elle a commis une fausse note à la fin de son parcours de 5 ans à la tête de Microsoft Tunisie.
En effet, l’affaire du contrat établi entre Microsoft corporation et le gouvernement tunisien, pour lequel Mme Smaoui a tant travaillé, a fait couler beaucoup d’encre. Ce contact a indigné la communauté Open Source tunisienne au vu de la somme pharaonique dépensée par l’Etat en échange des services de la firme alors que des produits gratuits étaient disponibles. Mais c’est à la suite des grosses opérations menées par la cyberpolice de Ben Ali que les choses se sont gâtées pour Microsoft Tunisie et Mme Smaoui.
Entre les câbles de Wikileaks et la suspecte fermeture de ReadWriteWeb France suite aux révélations du rédacteur sur le sujet, le mythe du fameux contrat «win-win» entre le gouvernement et Microsoft Tunisie en a pris un coup. La filière se retrouve ainsi accusée d’être un élément clé des gigantesques opérations de ratissage du net tunisien menées par la cyberpolice et de complicité dans la violation des droits des activistes et internautes.
Questionné sur le sujet lors d’un point de presse, le nouveau DG a, tout d’abord, affirmé sa fierté de voir Mme Smaoui, en tant que Tunisienne, tenir un poste aussi important et aussi stratégique. Il a aussi confirmé sa position par rapport aux révélations de Wikileaks en se tenant à ce qui a été rapporté par les démentis publiés. «La formation tenue par Microsoft auprès du gouvernement tunisien était publique, claire, et suivait un programme standard que nous avons avec les gouvernements tel que GSP (governement security program)», a précisé M. Bridaa.
Ce point de presse était assez informel, puisque des journalistes ont été conviés à venir poser leurs questions au nouveau directeur autour d’un déjeuner. Des représentants de la communauté Open Source ont, également, été invités à y prendre part. Communauté Open Source, pas de diapositives et de présentations ennuyeuses, déjeuner au lieu d’une conférence de presse formelle, cadres décontractés, tout a été concocté pour montrer que Microsoft Tunisie avec son nouveau DG mise sur la modernité, l’ouverture et l’innovation. D’ailleurs, M. Bridaa n’a pas cessé de répéter ces termes en répondant aux questions.
Nous avons également senti que les axes de vision de Microsoft Tunisie vont prendre un tournant en misant sur des domaines montants tels que le Gamming, le mobile ou bien le grand succès Imagine Cup. Le nouveau DG compte bien imposer sa touche de changement et mise beaucoup sur les jeunes compétences tunisiennes, les étudiants et les jeunes diplômés.
Cependant, le discours à caractère patriotique et presque caritatif «reconstruire la Tunisie et mettre à profits nos technologies pour les générations à venir» ou encore «permettre aux talents tunisiens des régions défavorisées de bénéficier de nos technologies » a eu du mal à passer. Microsoft demeure une boîte à but lucratif avec certaines positions bien affirmées mais ceci ne nous empêche pas d’affirmer que ce nouveau souffle va sûrement raviver la scène IT tunisienne et contribuer à sa diversité et à la concurrence entre ses différents acteurs.
Source: « Webdo » Le 25-09-2011
Tunisie. Borhane Bsaies avoue mais ne balance pas !
Par Imed Bahri
L’homme a perdu dix kilos, les traits tirés, et le regard noir, mais il a gardé le verbe haut, hargneux, combattif, toujours sur la défensive. Avant le 14 janvier, il défendait les abus d’un dictateur inculte, capricieux et égoïste, qui s’entêtait à vouloir humilier son peuple. En bon démagogue, maniant à merveille les artifices de la sophistique, il trouvait souvent des mots pour justifier l’injustifiable, jusqu’à l’écœurement. Aujourd’hui, c’est sa propre personne que Borhane Bsaies défend, ses choix douteux, ses aveuglements, ses ambitions politiques démesurées qui l’ont finalement perdu. En bon perdant, il est allé jusqu’à faire de l’autodérision : «Je suis tombé du 7e étage», a-t-il dit, sans sourire, comme pour se faire encore plus mal. L’allusion à «l’homme du 7 Novembre», dont il est aujourd’hui l’absolu orphelin, était, on l’imagine, très douloureuse.
De cet entretien assez frustrant, on peut cependant tirer quelques conclusions et pistes d’investigation, qui aideraient les Tunisiens à démasquer tous ces imposteurs et ces hypocrites qui étaient au service de l’ancien régime, et les empêcher ainsi de se replacer sur la scène politique et de confisquer la révolution du peuple.
Les «mouchards» de la police politique
Première piste : l’examen des archives de la tristement célèbre police politique, dont on avait annoncé (faussement) la dissolution.
En Allemagne, la divulgation des archives de la Stasi, au lendemain de la chute du mur de Berlin et de la fin du régime dictatorial d’Eric Honecker, a permis de démanteler le réseaux des informateurs de la police parmi les élites politiques, médiatiques, culturelles et autres. Ce qui a permis d’assainir le système politique en Allemagne de l’Est et de faciliter ainsi sa transition démocratique et son intégration dans l’Allemagne unie.
En Tunisie, ces archives restent malheureusement muettes et jalousement gardées par le ministère de l’Intérieur. Pis encore : les informateurs d’hier continuent de sévir aujourd’hui. Beaucoup se sont même vus accorder des autorisations pour créer des partis, des associations, des journaux… On parle même de mouchards devenus hauts responsables au gouvernement.
Autre piste à explorer : la rediffusion des écrits et des éditoriaux commis par les journalistes ripoux avant le 14 janvier, afin de rafraîchir les mémoires trop oublieuses de tous ceux qui, à l’instar de Borhane Bsaies, ont servi avec zèle l’ancien régime et qui cherchent aujourd’hui à se refaire une virginité à bas prix, au mépris des victimes de l’ancien régime.
Ces propagandistes ne se démasquent pas seulement par leurs propres écrits, imprimés noir sur blanc. Ils se dénoncent aussi par les cadeaux dont les a gratifiés le dictateur : les terrains constructibles à Gammarth et Aïn Zaghouan ou encore les fermes agricoles dans plusieurs régions du pays.
Borhane Bsaies en sait sans doute beaucoup plus qu’il n’en a dit samedi sur Hannibal TV. On aurait aimé l’entendre, par exemple, sur le système de propagande mis en place par l’Agence tunisienne de communication extérieure (Atce), dont il fut longtemps l’un des acteurs, à travers l’émission hebdomadaire qu’il produisait pour la chaîne libanaise Ann.
Il faut dire que l’animateur de l’émission, mauvais journaliste posant des questions au ras des paquerettes, n’a pas été à la hauteur de son invité. Dommage, surtout que ce dernier a affirmé qu’il ne se reproduirait plus dans les médias et ne ferait plus de politique. Peut-être, pour se faire pardonner, nous rendra-t-il l’immense service de rédiger ses mémoires et, cette fois, de balancer tous les ripoux…
Source: « Kapitalis » Le 26-09-2011
Lien:http://kapitalis.com/kanal/61-medias/6041-tunisie-borhane-bsaies-avoue-mais-ne-balance-pas.html
Tunisie : Encore une mauvaise note.
Le risque de défaut de la Tunisie a bondi de 28 points de base, soit 0,28 point de pourcentage, cette semaine à un record 255, selon l’AMC, une agence internationale spécialisée dans les données financières, qui explique cela par «la recherche par les investisseurs d’une protection contre des actifs plus risqués en raison des craintes au sujet crise de la dette de l’Europe et le ralentissement économique américain ». Le contrat sur la dette tunisienne est encore plus faible que celui de l’Egypte et de Bahreïn.SelonBloomberg Le rendement des obligations de la Tunisie à 4,5 pour cent a progressé de 20 points de base cette semaine pour s’établir à 5,54 pour cent, selon les données compilées par Bloomberg. La croissance économique de la Tunisie peut stagner cette année, selon le gouvernement et le Fonds monétaire international. Le déficit budgétaire peut se creuser l’an prochain en raison des dépenses sur les « moteurs de gros investissements» pour stimuler la croissance, avertit Ayed. Un investissement est un «fonds de fonds » qui va commencer avec 2 milliards de dollars en capitaux propres et augmentera à 5 milliards de dollars en l’espace de trois ans pour soutenir des secteurs s tels que le tourisme et l’agriculture, a-t-il dit. Un déficit budgétaire d’environ 4 pour cent du PIB cette année est «tout à fait gérable», a déclaré Ayed. «Nous avons utilisé une partie des réserves pour faire face aux besoins immédiats après la révolution. Évidemment, nous n’aurons pas ces réserves en 2012. Nous devons donc explorer d’autres sources de financement». Une source potentielle est de vendre les obligations internationales, a déclaré le ministre. « Je ne serais pas surpris que nous sollicitions les marchés en 2012, mais quant à la quantité et le type d’installations, je ne pourrais pas vous le dire maintenant. Nous n’avons pas pris une décision, mais nous laissons cette possibilité ouverte. «
Source: “African Manager” Le 26.09-2011
Lien: http://www.africanmanager.com/detail_article.php?art_id=135623
Sophie Bessis : «Le danger de la restauration du régime autoritaire n’est pas le plus immédiat»
Que sera la Tunisie de l’après-élections du 23 octobre ? L’historienne, journaliste et militante des droits de l’homme, Sophie Bessis, directrice de recherche à l’IRIS, ancienne rédactrice en chef de Jeune Afrique, a tenté de cerner, dans sa conférence de samedi soir, les enjeux de la transition démocratique en Tunisie et dresser un état des lieux d’avant les élections de la Constituante du 23 octobre prochain.
Issue d’une grande famille juive tunisienne, directrice générale adjointe de la FIDH, Sophie Bessis plante le décor, d’abord, de la singularité de la transition tunisienne comparée aux transitions en cours en Libye, Egypte et Maroc : «En Tunisie, dit-elle d’emblée, le processus (de transition) est pacifique. Non guerrier, en tout cas, et non initié ou contrôlé par un pouvoir resté plus ou moins en place.» En Egypte, le processus s’est borné, selon elle, au «renvoi» du dictateur avec mise en œuvre des processus de démocratisation et un contexte de changement, mais «en maintenant le système, puisque l’armée reste le maître du processus».
Et en Libye, on est en présence d’un «processus de transition armé, guerrier, avec des inconnues très grandes sur ce que sera le futur régime». Quant au Maroc, il s’agit plus d’une «ouverture institutionnelle contrôlée et balisée par la monarchie». En Tunisie, ce n’est pas le cas. «Nous avons connu une chute de la dictature avec un effondrement d’un système, vieux non pas de 23 ans (du pouvoir Ben Ali), mais de 55 ans de l’autoritarisme bourguibien. Je dis bien effondrement, car les risques de restauration dans ce type de système ne sont jamais écartés.»
Dans ce processus de transition, Mme Bessis identifie trois «moments» : le«moment révolutionnaire» du 17 décembre 2010 (immolation de Bouazizi et début du soulèvement populaire), jusqu’à février 2011, durant lequel la Tunisie a connu des «insurrections populaires» à l’intérieur du pays puis un «soulèvement politique» dans Tunis, la capitale, suivis par les grandes manifestations de Kasbah I et II à Tunis au terme desquelles furent renvoyés deux gouvernements de l’ère post-Ben Ali. Le deuxième «moment» est celui de la mise en place des «instances de transition», dont la Haute instance pour la réalisation des objectifs de la révolution et du gouvernement provisoire de Béjà Caïd Essebsi.
Ce deuxième temps de transition prendra fin le 23 octobre prochain, jour des élections. «Si les consensus laborieusement élaborés ces dernières semaines sont respectés, car le 24 octobre nous entrerons dans une troisième période qui devrait s’étaler sur un an, la durée de vie de la Constituante, avant d’arriver à des processus électoraux organisés selon les modalités de la nouvelle Constitution adoptée par l’Assemblée constituante.»
Valse révolutionnaire à trois «temps»
Le déroulement de la troisième période sera elle-même un enjeu, anticipe la conférencière. Puisque le fonctionnement de la Constituante déterminera, en partie, la nature du (futur) régime. Sophie Bessis dressera un état des lieux de la Tunisie et passera en revue les forces (politiques) en présence avant les élections. «La Tunisie, dit-elle, a connu à la fois un soulèvement social et une révolution politique. Les deux ne sont pas antinomiques car il y a des interactions extrêmement complexes, parfois conflictuelles». Des impacts de la «secousse révolutionnaire», S. Bessis en dénombre plusieurs, dont le plus visible est la prise de parole «généralisée» de la population accompagnée du «syndrome de la table rase». «C’est-à-dire la refondation de la République.»
Au lendemain de la chute de Ben Ali, le 14 janvier, le choix d’aller vers une Assemblée constituante n’était pas le plus évident, rappelle-t-elle, car la Constitution de 1959 (amendée) prévoyait des élections présidentielle et législatives anticipées. Deuxième impact : l’effondrement du système n’a pas entraîné l’effondrement de l’Etat qui répond, d’après elle, d’une «profondeur historique». «Ni l’Etat ni l’économie, affirme-t-elle, ne se sont effondrés, et cela malgré les impacts extrêmement dévastateurs de la guerre en Libye.»