27 octobre 2011

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TUNISNEWS
11 ème année, N°4137 du 27.10.2011

 


Nadia Omrane: Hamadi Jebali chef du gouvernement : pour quelle gouvernance ?

Les Echos: La « gifle électorale » de l’élite autoproclamée tunisienne

Les Echos: Réponse à « La gifle électorale de l’élite autoproclamée tunisienne »

Le Nouvel Observateur: TUNISIE. « Les inquiétudes sont légitimes, mais… »

Le Point: Tunisie-élections : les islamistes veulent la tête du prochain gouvernement

Le Monde: Tunisie : la stratégie attrape-tout d’Ennahda a payé

Le Figaro: La percée surprise d’un ancien allié de Ben Ali en Tunisie

WMC: Tunisie – Elections: Enahdha aux commandes… Et après!

Jeune Afrique: Tunisie : Ennahdha revendique la direction du futur gouvernement

L’Humanité: Riad Ben Fadhel « Les Tunisiens n’accepteront aucun retour à l’oppression »

Le Post: Tunisie : que deviennent les membres de la famille Ben Ali-Trabelsi qui sont toujours en fuite ?

Europe1: Faut-il avoir peur de la charia ?

Business News: Le quotidien « El Mouharrar » met la clé sous la porte


INVITATION

 
Suite à l’élection de notrecamarade, Secrétaire Générale de l’ATF, la camarade Nadia CHAABANE,députée dans l’assemblée nationale constituante dans la circonscriptionFrance Nord, le Bureau National de l’ATF a le plaisir de vous inviter àune réception en son Honneur.
 
Nadia CHAABANE assumera une lourdetâche savoir défendre la démocratie, la dignité et l’égalité entre lesrégions et les hommes et les femmes ainsi que les revendications spécifiques del’immigration tunisienne et par tout dans le monde.
 
Ca sera une occasion pour discuter avec la députée démocrateet progressiste de l’immigration tunisienne et pour que toute et tous nous lui exprimeronsnotre solidarité et et notre soutien.
 
ATF-EspaceFarabi,
5, rue LouisBlanc, 75010 Paris
M° ColonelFabien, Ligne 2
 
Le Président del’ATF
Mohamed-LakhdarELLALA

 

Hamadi Jebali chef du gouvernement : pour quelle gouvernance ?


Mardi soir, sur une radio privée, Hamadi Jebali, Secrétaire général du Mouvement Ennahdha, annonce sa désignation comme chef du prochain gouvernement transitoire tunisien. Cette nomination lui apparaît comme automatique, logique, attendue dans les deux cas de figure d’un régime parlementaire (non encore institué à ce jour) : il serait le candidat naturel choisi dans la formation qui a remporté le plus large score aux élections (à cette heure-là, Hamadi Jebali soutient que le score d’Ennahdha est au moins de 42%, sans doute davantage avec au moins 92 sièges !) ; et a fortiori le candidat d’une coalition majoritaire rassemblant Ennahdha et le CPR, soit déjà près de 60% des sièges, c’est-à-dire la majorité absolue, sans parler d’un éventuel renfort du Forum démocratique pour le travail et les libertés (Ettakatol). On apprend au même moment, sur d’autres ondes, que Mustapha Ben Jaafar, leader d’Ettakatol, se porte candidat à la présidence de la République, information tout à la fois démentie par des proches de Mustapha Ben Jaafar et confirmée par d’autre sources belge et francaise, dans un halo flou, spécialité du docteur Ben Jaafar. Harcelé par une journaliste fascinée et frémissante, avide de scoop et buvant les paroles de Hamadi Jebali, ce dernier se replie derrière les prérogatives dévolues à la seule Assemblée constituante pour choisir le nouveau président de la République. Néanmoins, le nouveau Premier ministre donc, qui normalement, selon un pacte préétabli entre toutes les formations politiques, devrait être désigné par le nouveau président de la République (et non pas le contraire), se laisse fléchir devant l’insistance de la jeune femme et glisse quelques noms : Le Docteur Ben Jaafar, « Si Moncef » (Marzouki bien sûr), qui ont fait tous deux, toute l’après-midi de mardi, le siège du local d’Ennahdha (soit disant pour évaluer les problèmes économiques du pays) ainsi que Béji Caid Essebsi et même… Abdelkrim Zbidi (!?, avons-nous bien entendu le nom de l’actuel ministre de la Défense ?), pour élargir la palette. Le lendemain matin, sur la même radio, le président d’Ennahdha Rached Ghannouchi, qui n’aspirerait à aucune fonction officielle, rajoute quelques noms : Ahmed Mestiri, Mustapha Filali, Ahmed Ben Salah, tous pratiquement nonagénaires, ainsi que Béji Caid Essebsi qui aurait eu suffisamment d’honneur et qui serait très estimable pour sa manière d’avoir conduit la transition démocratique jusqu’aux élections ! Comprenne qui voudra, sachant que Béji Caid Essebsi se dit disponible pour cette fonction suprême dans l’intérêt de la nation. Déjà Sihem Ben Sedrine s’insurge, en direct, interpellant Hamadi Jebali en français : « vous n’allez pas encore nous « refiler » Béji Caid Essebsi ! », ce à quoi Hamadi Jebali ne prend même pas la peine de répondre. Tout de même, il serait bien pratique, Béji Caid Essebsi, à continuer de piloter le prochain nouveau et presque identique gouvernement de transition. Car Rached Ghannouchi précise que les ministres actuels « propres » pourront être gardés, y compris les ministres de l’Intérieur et de la Défense. Du moins ces deux-là sont suggérés par les journalistes. À voir… En tout état de cause, c’est à la gestion de la crise économique et sociale, du chômage, de la cherté de la vie, de la réforme fiscale, de l’endettement, des grèves, des sit-in et des coupures des routes éventuelles, que devra s’atteler prioritairement le gouvernement de Hamadi Jebali. Or pour cela, il faut bien de l’expertise, de l’expérience, l’inscription dans une continuité des affaires, comme il faut faire figure avenante, inspirer la confiance auprès des bailleurs de fond pour récupérer les aides financières promises. Qui à ce gouvernail serait mieux placé que Béji Caid Essebsi, au moins la durée de cette transition ? D’autant qu’une tendance se dessine, du côté des adversaires politiques d’Ennahdha, sous l’inspiration de Ahmed Néjib Chebbi, de mettre ce parti largement vainqueur face à ses vraies responsabilités, celles de la gouvernance d’un État en faillite sur laquelle le peuple le jugera. Le mouvement Ennahdha cherche à contourner la difficulté en parlant de gouvernement d’union nationale ou de gouvernement de technocrates. Mais au Premier ministre Hamadi Jebali et aux élus nahdhaouis reviendra le pilotage politique : définir les grandes lignes, apurer les appareils administratifs, policiers, etc. et procéder à la rédaction de la nouvelle Constitution. Pour l’heure, les chefs d’Ennahdha s’attachent à rassurer une opinion inquiète d’un basculement des bases sociétales de la République tunisienne, jusqu’ici moderniste et civile (madenia), laïcisante ou séculière. Ils réaffirment le traitement uniquement politique des affaires d’ici-bas, privées ou publiques, sur la base du respect des libertés publiques et individuelles et des droits de l’homme. Cependant, le référentiel de Hamadi Jebali n’est pas les Conventions internationales mais les Sourat et les HadithEl Qoran howa doustour kbir – dont sa parole est truffée. Dans le détail, des exemples sont donnés dans la vie pratique : chacun(e) sera libre de s’habiller comme il veut, de vivre à sa convenance, de boire de l’alcool y compris dans l’hypothèse border line de bar à domicile (« la kadar Allah », que Dieu nous en garde). Bien évidement, Ennahdha ne touchera pas au Code du statut personnel (ce qu’il s’évertue à répéter depuis des années), il n’y aura pas de polygamie (découragée d’une certaine manière par l’Islam) et le divorce ne sera pas remis en question. Bien entendu, la femme pourra travailler et occuper des fonctions politiques : d’ailleurs n’est-ce pas grâce à Ennahdha qu’il y aura 50% de femmes de ce seul mouvement, au minimum une quarantaine de femmes, au sein de l’Assemblée constituante (Ennahdha ayant gagné dans chaque circonscription au moins deux, sinon quatre sièges) et toutes ne seront pas voilées ! Hamadi Jebali donne sa propre vie familiale en exemple tandis que Rached Ghannouchi rassure sur leur droit à manifester pacifiquement les manifestants de Aataqni, (« libère-moi ») – et non pas de Aataqni (« rejette-moi dans le passé »), ironise le chef historique d’Ennahdha qui n’est pas dupe de ce jeu de mot. Que demande donc le peuple ? C’est bien là la question. Car comment réagira un gouvernement nahdhaoui si ses électeurs donnent dans la surenchère islamiste, réclamant, au besoin brutalement, plus d’Islam, c’est-à-dire dans leur esprit plus d’interdit ? La base électorale d’Ennahdha n’est pas faite que de citoyens instruits, issus de classe moyenne ou d’un peuple digne et juste, mais elle comporte aussi beaucoup de gens ignorants, frustes, beaucoup d’analphabètes et un bon nombre de rigoristes, salafistes ou autre, agissant sous la pression de lobbies extérieurs étrangers à l’identité tunisienne. Du reste, les questions sensibles, celles touchant à la mixité, à la reproduction et à la sexualité, au libre arbitre en général, pas plus que le détail d’autres codes sociaux, n’ont pas été évoquées. Mais Ennahdha se proclame respectueux de la différence et de la liberté de conscience. C’est en situation que chaque profession de foi se vérifiera. La priorité va aux problèmes économiques et Hamadi Jebali souligne l’immense eldorado libyen à faire reconstruire par les compétences tunisiennes, il faut le dire sous la férule charaïque du chef du CNT Mustapha Abdejelil. Et pendant son intervention, le chef du Hamas, Khaled Mechal, lui adresse ses vives félicitations, apportant ainsi à Ennahdha la caution de ce mouvement palestinien qui viens de faire libérer plus de 2000 prisonniers palestiniens en Israël, reprenant ainsi la main sur l’autre autorité palestinienne. Ainsi, tandis que notre prochain chef du gouvernement tient à rappeler sa dernière visite aux USA en porteur d’une autre image de l’Islam politique contre tous les terrorismes, il dresse du même coup, par cette offre politique alternative d’Ennahdha, le nouveau cadre géoculturel de la République tunisienne, loin de l’Europe à laquelle la Tunisie était jusqu’ici arrimée.  
Nadia Omrane


La « gifle électorale » de l’élite autoproclamée tunisienne


26/10/2011 | 07:01
Écrit par
JDEMPLOI
L’élite autoproclamée tunisienne lance son dernier écran de fumée. Elle tente aujourd’hui par une campagne médiatique cosmétique de faire croire à l’existence d’un clivage forces rétrogrades religieuses et forces progressistes. Pourtant la gifle historique qu’elle vient de prendre révèle que le clivage est plutôt social et économique entre une élite richissime et une masse populaire pauvre.
Longtemps, le tunisien a été considéré comme un enfant que l’on a privé de droits politiques. Ce fut le cas sous Bourguiba comme sous Ben Ali. Le vote historique du 23 octobre 2011 a mis fin à cette terrible frustration.
De l’avis de tous les observateurs, étrangers comme tunisiens, le scrutin s’est déroulé de manière exemplaire. A ce stade, félicitons tous ceux qui ont permis ce bon déroulement. Surtout L’ISIE mais aussi l’armée et la police qui ont assuré la sécurité de ce scrutin.
Mais si le Tunisien est aujourd’hui heureux, certains essaient de gâcher sa fête. Je ne parle pas des militants politiques dont les partis n’ont pas obtenu un bon score. De leur part, on ne peut exiger qu’ils soient satisfaits. En tout bon militants investis qu’ils sont, il est normal qu’ils soient déçus.
Non, je parle de ces soi-disantes élites « autoproclamées » tunisiennes. Ces « éliltes », comme elles se désignent elles mêmes, qui sont complètement déconnectées de leur peuple.
Car c’est bien là ou est aujourd’hui le véritable clivage en Tunisie. On essaie de nous faire croire qu’il s’agit d’un clivage entre laïcs et religieux, entre forces progressistes et forces rétrogrades. Une véritable escroquerie cosmétique à laquelle les gouvernants occidentaux n’ont cette fois-ci pas donné suite. Contrairement au passé, Etats unis et France en tête, ils se sont empressé de féliciter les Tunisiens pour cette élection réussie. Même la presse occidentale, dont une partie s’était faite dans le passé l’avocate du régime de Ben Ali en échange de séjours hôteliers ou d’achat d’encarts publicitaires, a été fidèle à la réalité et a tenté d’expliquer ce vote.
Pour revenir à cette « élite », cette tentative d’escroquerie masque en réalité la véritable cassure en Tunisie. Le clivage est en effet entre les quelques milliers de personnes qui vivent royalement à Carthage, La Marsa et Sidi Bousaid et les 9 millions de Tunisiens qui galèrent quotidiennement : chômeurs, petits fonctionnaires, ouvriers, etc. Si l’on veut comprendre ce qui se passe en Tunisie, c’est plutôt cette grille de lecture qu’il faut prendre. Celle d’une « élite » corrompue qui vit royalement à côté d’un peuple qui souffre le martyrs au point de ne pas avoir peur de s’immoler par le feu.
Mais ce qui choque le plus n’est pas là. Car voilà que cette élite, en plus d’essayer de maquiller une réalité économique criante, s’attaque maintenant au jeu démocratique en disant clairement que le peuple tunisien s’est trompé, que le peuple peut être force d’inertie, que la société civile allait faire contrepoids aux forces qui viennent de gagner cette élection, etc.
Un personnage influent tunisien énonçait hier sur une radio de premier plan française que la société civile tunisienne allait être vigilante face à Ennahda. Le journaliste français, ne se laissant pas endormir par ce beau parleur, lui fait une remarque excellente en précisant que la société civile avait aussi participé à ce vote car elle est composée aussi du peuple tunisien. Destabilisé, ce membre autoproclamé de l’élite tunisienne répond mais l’élite ce n’est pas que cela, l’élite ce sont les universitaires, les politiques en ajoutant une phrase terrible : « le peuple peut être une force d’inertie ». Certes, cette réponse n’est pas totalement dénuée de sens car l’histoire nous l’apprend mais au lieu de toujours blâmer les erreurs du peuple, de l’infantiliser, ce peuple tunisien d’ailleurs exemplaire, pourquoi cette « élite » ne fait elle pas son autocritique ?
Au lieu d’analyser froidement les raisons du succès d’Ennahda et de préparer la riposte pour les prochaines échéances électorales tunisiennes, cette élite perdante continue de pratiquer un sophisme qu’ont bu pendant longtemps les journalistes et hommes politiques français… jusqu’à cette gifle électorale historique qui a réveillé tout le monde face au « miracle économique tunisien » qui ne fut en réalité qu’un mirage cosmétique de communication.
Si l’on avait un conseil à donner à cette « élite » tunisienne, ce serait, tout en ayant un œil vers le nord, d’aller un peu plus au contact de son peuple dans le sud. Car, désormais, l’avenir politique de cette élite se décidera non pas dans les salons feutrés parisiens ou américains mais dans les choix politiques de chaque Tunisien.
Pour reprendre l’excellente remarque * d’un éditorial du journal en ligne Kapitalis (les premières leçons d’un scrutin historique) que j’invite à aller lire largement si l’on aller plus loin dans la compréhension de ce qui se passe en Tunisie.
*« les résultats de ces élections ont montré que la Tunisie ne se gouverne qu’au centre et dans le cadre d’un consensus sur le plus large dénominateur commun ».
Pour ma part, ce dénominateur commun étant désormais, comme dans toute démocratie, l’intérêt et les préoccupations du peuple et non celui d’une élite minoritaire autoproclamée !
(Source: “Les Echos” le 25 octobre 2011)

Réponse à « La gifle électorale de l’élite autoproclamée tunisienne »


Dans « La gifle électorale de l’élite autoproclamée tunisienne », tribune publiée dans Le Cercle Les Echos, l’auteur s’égare et stigmatise sans apporter un tant soit peu une quelconque pertinence à ce pamphlet.

Cette tribune débute par une comparaison douteuse sur un fond confus, celle d’un enfant qu’on aurait privé « de ses droits » politiques. Depuis quand un enfant a-t-il des droits politiques ? Est-ce un lapsus infantilisant pour le Tunisien ?

L’auteur affirme que de l’avis de tous les observateurs, étrangers comme Tunisiens, le scrutin s’est déroulé de manière exemplaire. Plus de 786 plaintes ont été rapportées à l’ISIE à peine 24 h après le vote : un bureau sur deux ! Une bien curieuse exemplarité ! Les médias du monde entier se sont empressés de fêter l’événement exemplaire, que devons-nous comprendre ?

Le Tunisien est heureux dites vous, mais certains (Tunisiens aussi, ne vous en déplaise) lui gâchent son plaisir. Si ce n’est pas de la partialité voire de la propagande que vous distillez, éclairez ma lanterne alors. Quel message voulez-vous faire passer ?

Le concept que vous évoquez de « soi disant » élite « autoproclamée » vous amène encore à un contresens sémantique. Le mot employé au singulier est un statut accordé à l’origine non pas par la détention du pouvoir mais par l’autorité morale. Une élite autoproclamée est un néologisme douteux et abscons.

Vous évoquiez peut-être les élites mais dans quel sens ? 1 .Marxiste ? Pouvoir concentré entre les mains de quelques familles ? Cette thèse nie le politique et prend en compte l’économique. 2. Non marxiste ? A savoir les divers types de groupes dirigeants ou dominants qui se sont succédé et de leur lutte dans le champ politique 3. Entrepreneurial ? Élite managériale partie prenante de la complexité économique mondiale croissante ? 4. Administratif ? Les commis de l’état et hauts fonctionnaires ? 5. Intellectuel ? 6.Traditionnel ? Grandes familles etc…

De qui parlez-vous ? Qui vilipendez vous au juste ? Nous ne le savons pas, car vous ne le précisez pas ! Vous parlez dans le vide et vous régalez de vos puzzles lettrés mal assemblés.

A moins que vous ne parliez des mafieux qui sévissaient en Tunisie. Le vocable élite ne peut leur être appliqué dans ce cas. Voyous, escrocs mais certainement pas élite.

Vous parlez de clivage entre laïcs et religieux, mais les deux ne sont pas antinomiques diantre ! J’espère ne rien vous apprendre !

Le clivage est entre ceux qui veulent gouverner au nom du divin, donc excluant de facto la liberté, et ceux qui veulent gouverner au nom de la raison et de la loi humaine avec comme phare la liberté. Oui, il y a antinomie entre les deux.

L’insulte jalonne votre texte, l’ « escroquerie cosmétique » à laquelle les « gouvernants occidentaux n’ont pas donné suite cette fois-ci ». Il est vrai que la macro escroquerie de l’ère précédente en Tunisie et ailleurs (en Libye par exemple) a trouvé plus de clients en Occident.

Les pays que vous citez qui s’ « empressent » de féliciter une élection dont les résultats ne sont pas encore officiels, ceux-là même dont les errements politiques récents et passés (veto à l’ONU, bombes lacrymogènes et formation de la police pour réprimer nos élites et nos concitoyens dans les rues) sont encore dans les mémoires, ne sauraient être un gage pour un peuple trahi encore et encore.

Quant à votre grille de lecture caricaturale qui nomme les quartiers que vous ne connaissez que très peu (Carthage, Sidi bousaid, la marsa etc..) est malsaine et astigmate. Les poches de pauvreté dans ces mêmes quartiers n’a rien de royal et n’est pas due à l’élite (laquelle ?) corrompue que vous citez.

Le régime précédent et sa mafia ont déstructuré les classes moyennes par une abondance nuisible, une consommation outrancière et un hold-up en règle avec la complicité des journalistes étrangers et des chancelleries occidentales que vous citez avec délectation. Oui, le décalage entre les classes est devenu criant, et nous nous battrons pour réduire cet écart que nous subissons tous de plein fouet. Oui, certains pavanent encore dans nos rues avec leurs voitures rutilantes quand d’autres mendient. Cette révolution a quelques mois et organise dans la dignité son avenir, nous ne la laisserons pas être confisquée !

Oui, la société civile fera contre poids à ces élections dont ne mesurez ni la gravité ni l’importance pour la destinée de mon pays. Oui, nous nous battrons pour que plus jamais la dictature ne revienne sous quelque forme que ce soit avec ses chantres, ses défenseurs et ses poètes à deux balles. Nous avons la réalité que nous pouvons, méditez donc cela ! Nous militons pour avoir la réalité que nous voulons !

Je ne connais pas « le beau parleur » que vous évoquez dans votre article (avez-vous peur des noms ?), mais attaquer une société entière avec des mots insultants, vides de sens souvent, rabaisse le niveau du débat.

Les conseils que vous donnez à nos élites qui ont participé activement à notre révolution et qui ont sillonné le pays des mois durant pour panser les plaies béantes des personnes qui ont confisqué notre avenir, sont d’un banal pathétique.

Source : « Les Echos » Le 26-10-2011

Lien :http://lecercle.lesechos.fr/economie-societe/international/afrique/221139229/reponse-a-gifle-electorale-lelite-autoproclamee-tun


TUNISIE. « Les inquiétudes sont légitimes, mais… »


 

… mais « on n’est pas passé d’un parti unique sans barbe à un parti unique avec barbe ».

On annonce Ennahda en tête en Tunisie, les islamistes sont-ils donc au pouvoir en Tunisie ?

– D’un point de vue objectif, c’est bien plus compliqué que cela car les islamistes n’ont pas de majorité absolue. Même s’ils ont 40% des sièges, ils devront composer avec les autres partis de la société tunisienne. L’idée d’une hégémonie islamique, et c’est d’ailleurs souhaitable pour la démocratie tunisienne, doit être exclue. Les résultats montrent que c’est beaucoup moins net que ça. Ils sont majoritaires mais devront composer avec les tendances de gauche progressistes et avec les tendances de droite conservatrice. Il faut écarter l’idée d’un héritage de parti quasi-unique. On n’est pas passé d’un parti unique sans barbe à un parti unique avec barbe.

En revanche, il est clair qu’ils sont une composante fondamentale, qu’ils pèseront dans la définition de la future constitution tunisienne et qu’ils bénéficient d’un capital dans la population tunisienne qui leur permet d’avoir un rapport de force qui leur permettra de faire passer un certain nombre de leurs principes dans les futures institutions du pays.

 

Quelle va être la composition exacte de l’Assemblée tunisienne ?

– Il n’y a pas de résultats officiels pour le moment. Mais ce qui se dessine c’est 40% des sièges pour Ennahda, et en deuxième position, à égalité, le Congrès pour la République de Moncef Marzouki et le FDTL de Ben Jaafar, l’équivalent du parti socialiste français. Ces deux partis remportant environ 30% des sièges. Il faut noter également l’effondrement du PDP de centre-gauche qui après avoir fleureté avec le parti islamique était tombé dans une campagne anti-islamique.

On va donc avoir une majorité islamique mais relative, avec des minorités significatives et des minorités de partis indépendants. On a l’image d’une Assemblée mosaïque reflétant la diversité politique de la Tunisie, pas du tout d’un système bipartisan.On a là une Assemblée constituante. Comment va s’articuler son travail?

– C’est une Assemblée constituante et législative. Son travail spécifique est d’élaborer la future constitution tunisienne. Elle devra donc discuter de l’architecture constitutionnelle contrairement à ce qui se passera en Egypte. On va rester dans la même République en Egypte à cause des Frères musulmans qui se sont alliés aux anciens de Moubarak qui ont tout fait pour qu’on ne change pas de Constitution. Alors qu’en Tunisie les représentants constituants vont travailler à une nouvelle République. Ils vont donner naissance à une nouvelle constitution et tourner définitivement la page de la dictature.

Alors, le paradoxe, c’est qu’il existe un débat autour de « les islamistes vont-ils empêcher la séparation du religieux et du politique » mais on oublie une chose, c’est que 80% des acteurs politiques, y compris des partis progressistes ne veulent pas remettre en cause l’article 1 de la constitution qui fait référence à l’Islam comme religion de l’Etat tunisien. Cette référence n’est pas un point de discorde, au contraire.

 

Pensez-vous que Ennahda obtenant 40% des sièges, le code du statut personnel risque d’être remis en cause ?

– Le code du statut personnel, équivalent du code de la famille dans d’autres pays, a 50 ans d’avance sur les codes marocain ou algérien qui ne l’ont jamais rattrapé. Il garantit l’abolition de la répudiation et de la polygamie et leurs corollaires instauration du mariage civil et du divorce civil. Je ne pense pas que les islamistes y toucheront. La référence au statut personnel va être constitutionnalisée. Mais les inquiétudes sont légitimes. Ce que peuvent craindre certaines personnes c’est que les islamistes tentent de réduire par la loi le droit à l’avortement, les possibilités de divorce civil, d’amoindrir les possibilités de la femme en cas de non paiement de la pension alimentaire.

Sur toutes ces questions liées à la famille, aux valeurs, aux mœurs, ce sera moins par le code du statut personnel et la constitution que par la loi et le règlement dans un futur proche. C’est ce que craignent un certain nombre de gens qui savent que le code du statut personnel qui savent qu’il fait parti du patrimoine constitutionnel : un détricotage plutôt qu’une attaque frontale.

 

Quels vont être alors les points de discussions les plus forts dans cette Assemblée ?

– Ce n’est pas évident pour le moment de savoir mais je crois que les discussions vont porter sur la nature même du régime : va-t-on vers un régime présidentiel de type américain, un régime parlementaire de type allemand ou semi-présidentiel de type français? C’est la surprise qu’on va avoir : de vraies discussions constitutionnelles. Avec le syndrome du rejet du régime présidentiel. On ne veut plus de personnalisation du pouvoir, le traumatisme de la dictature va amener une discussion sur cette question : « comment créer un régime stable sans avoir un pôle présidentiel fort ».

Sur les aspects sociétaux et identitaires, il peut y avoir des frictions. Mais contrairement à ce qu’on pense –c’est une projection qu’on a sur la Tunisie et qui nous déçoit- il y a plus de consensus sur ces questions culturelles –référence à l’arabité et à l’islamité- que de divisions.

Là où il y aura de vraies discussions enflammées, contradictoires et passionnelles c’est sur l’architecture du futur régime avec ce dilemme : comment créer un régime stable sans retomber dans l’autoritarisme démocratique du pouvoir personnel qui a fait les beaux jours de Bourguiba et Ben Ali ? Avec un autre débat sur la décentralisation.

 

Quelles sont les prochaines étapes politiques ?

– Il y a deux scénarios. Soit, ils continuent la situation de transition actuelle en maintenant le Premier ministre et le gouvernement de transition actuel jusqu’aux prochaines élections. Soit, et c’est le plus probable, l’Assemblée va dégager un gouvernement de coalition. On va vers un gouvernement d’unité nationale, large, de compromis qui incluse des islamistes et des non-islamistes. Pour le moment, rien n’est fixé. Certains chefs de partis ne savent pas encore ce qu’ils vont faire. Ben Jaafar peut par exemple rejoindre un gouvernement de transition très large mais pas un gouvernement présenté comme un gouvernement islamo-de gauche.

La discussion va également porter sur le Premier ministre. Mais à mon avis les islamistes accepteront que ce ne soit pas un islamiste, et pourquoi pas Ben Jaafar qui est un homme de consensus, très estimé en Tunisie.

Source : « Le Nouvel Observateur » Le 26-10-2011

Lien : http://tempsreel.nouvelobs.com/monde/20111026.OBS3265/tunisie-les-inquietudes-sont-legitimes-mais.html


Tunisie-élections : les islamistes veulent la tête du prochain gouvernement


 

Le parti islamiste tunisien Ennahda, donné vainqueur de l’élection de l’assemblée constituante du 23 octobre en Tunisie, veut former le gouvernement d’ici un mois, et des tractations politiques se sont engagées avant même que soit connu le résultat final de l’élection. « Il est tout à fait naturel que le parti qui a obtenu la majorité dirige le gouvernement », a déclaré mercredi le dirigeant d’Ennahda, Rached Ghannouchi, sur la radio Express FM. « Le gouvernement doit être composé le plus tôt possible, dans un délai qui n’excède pas un mois », a-t-il ajouté, alors que les résultats définitifs de l’élection n’ont pas encore été publiés.

Les premiers chiffres donnés lentement par la commission électorale Isie confirment cependant l’avance des islamistes, qui ont déjà annoncé au lendemain de l’élection qu’ils comptaient sur un score entre 30 et 40 %. Selon des décomptes, le mouvement islamiste obtient 44 sièges dans 15 circonscriptions (sur 27 en Tunisie). Avec les 9 sièges obtenus à l’étranger, Ennahda peut déjà compter sur 53 élus dans la future assemblée de 217 membres. La Constituante élue dimanche par les Tunisiens, qui votaient pour la première fois depuis la chute de Ben Ali, devra prioritairement désigner un nouveau président de la République, qui lui-même formera un nouvel exécutif.

« Un gouvernement démocratique » (chef Ennahda)

« Nous sommes pour une grande alliance nationale qui aboutira à un gouvernement démocratique », a souligné Rached Ghannouchi, souhaitant des discussions « avec tous ceux qui ont milité contre Ben Ali ». « Des concertations ont commencé avant même les élections », a-t-il admis, sans préciser avec quels partis. Interrogé sur le prochain président de la République, Rached Ghannouchi, qui a déjà déclaré qu’il ne serait pas candidat, a estimé que ce poste devrait être occupé par « une personnalité qui a milité contre la dictature ».

Trois noms circulent dans les milieux politiques pour ce poste de président : Mustapha Ben Jaafar, chef du parti de gauche Ettakatol, qui a déjà fait savoir qu’il était candidat, Moncef Marzouki, dirigeant du Congrès pour la République (CPR, gauche nationaliste), et Ahmed Mestiri, opposant historique de Bourguiba.À Tunis, l’annonce des premiers résultats confirmant l’avance des islamistes a donné lieu à des manifestations de joie mardi soir. Devant le QG du parti, militants et sympathisants s’étreignaient, criaient leur « fierté ».

Choc

« Ennahda a réussi parce que le peuple sait qu’il est crédible, parce que ses militants sont des gens du peuple, comme nous », expliquait Doha, un ingénieur de 25 ans. Mais la victoire annoncée du parti islamiste a aussi fait l’effet d’un choc. « La rue tunisienne est choquée, la rue de Tunis a peur, tout le monde dans les cafés est en train de discuter pour analyser ce qui s’est passé car on ne s’attendait pas à cela, ce résultat foudroyant » d’Ennahda, déclarait mercredi Icham, artiste d’une vingtaine d’années.

Les femmes en particulier, qui jouissent du statut le plus avancé dans le monde arabe, s’inquiètent de cette victoire, en dépit des assurances réitérées par Ennahda qu’il ne toucherait pas à ce statut. « Le mode de vie des Tunisiens ne sera pas touché », a répété Rached Ghannouchi sur Express FM. « Chacun vivra selon ses convictions dans le cadre de la loi », a-t-il dit. L’autre choc du scrutin du 23 octobre est la percée inattendue d’une liste que personne n’avait vue venir, « La Pétition populaire pour la justice et le développement », qui, selon les premiers décomptes, se retrouve derrière Ennahda à égalité avec le Congrès pour la République (CPR, gauche nationaliste).

Elle est dirigée par Hechmi Haamdi, un richissime Tunisien aux appartenances politiques ambigües, qui a fait campagne depuis Londres par le biais de sa télévision satellitaire Al Mostakilla, regardée en Tunisie. La « Pétition populaire » fait déjà l’objet de plaintes, en France et en Tunisie, pour le non-respect des règles de campagne, notamment pour l’utilisation abusive de son média privé et pour l’opacité de son financement.

Source : « Le Point.fr » Le 26-10-2011

Lien : http://www.lepoint.fr/monde/tunisie-elections-les-islamistes-veulent-la-tete-du-prochain-gouvernement-26-10-2011-1389327_24.php


Tunisie : la stratégie attrape-tout d’Ennahda a payé


 

Par Isabelle Mandraud

Stupéfaite, une partie de la Tunisie observe l’autre, celle qui a voté Ennahda, le parti islamiste sorti victorieux du premier scrutin libre de l’après Ben Ali. Les « nadhaouis », comme on les appelle ici, ne se cachent plus et se recrutent dans toutes les couches de la société, populaires, diplômées ou appartenant à la classe moyenne. Les femmes, voilées ou non, sont nombreuses, les jeunes aussi. Des hommes d’affaires ont discrètement glissé le même bulletin dans l’urne. Et pourtant, voter Ennahda était pour certains inimaginable il y a à peine dix mois.

« J’ai pris ma décision au lendemain du 14 janvier (date de la chute de l’ancien président Zine El-Abidine Ben Ali)« , explique Sonia Khouildi, 33 ans, venue assister en famille, avec son mari et ses deux filles âgées de 10 et 2 ans, à l’un des nombreux meetings, entre fête familiale et kermesse, organisé par le parti islamiste durant la campagne. « Parce que j’ai l’espoir que la Tunisie aille mieux, dans tous les domaines, poursuit cette assistante technique dans une entreprise de verrerie de la banlieue de Tunis. Les autres partis sont des menteurs, ils font des promesses par-ci par-là. » Maquillée, non voilée, elle est à l’aise parmi une foule de femmes qui portent un hidjab. « Ce n’est pas obligatoire », tranche-t-elle.

Comme elle, Moustapha Hasnaoui, 62 ans, chauffeur de poids lourd à la retraite, a voté pour la première fois de sa vie. « Ce sont des gens propres, justifie-t-il en désignant les responsables d’Ennahda. Ils ont beaucoup travaillé, et beaucoup souffert. » « Ce que je vois, ce que j’entends, ajoute-t-il,ce sont des bonnes choses, pour la justice. » Ses fils sont grands, mais « ils pensent pareil ».

Durement réprimé depuis le milieu des années 1980, le mouvement Ennahda a compté jusqu’à 30 000 militants emprisonnés en Tunisie. A la tête du parti, on ne recense plus les responsables, parfois condamnés à mort, qui ont passé des années derrière les barreaux, souvent à l’isolement, ou qui ont dû fuir à l’étranger. Les attentats des années 1980 imputés par le régime Ben Ali au mouvement islamiste et la vague d’attaques à l’acide perpétrées contre des femmes par des éléments fanatiques ont été oubliés. C’est le passé douloureux de prison et de torture, connus de tous, qui a constitué un puissant levier auprès de l’électorat, comme par remords pour les familles brisées, pour réparer.

« J’ai choisi Ennahda parce qu’ils ont trop souffert, lance Mohammed Souid, 28 ans, chauffeur de taxi depuis neuf ans. Et puis j’ai lu leur programme, c’est bien articulé et pratique. »

« Ce qui fait la force d’Ennahda, c’est son passé, estime Mohammed T., 26 ans. Ils sont crédibles parce qu’ils ont tenu tête à Ben Ali pendant vingt ans, dans tous les coins de Tunisie. » Electeur d’Ennahda en France, où le parti islamiste est également arrivé en tête dans la communauté tunisienne, le jeune homme en sait quelque chose. Fils d’un membre de la direction du parti arrêté en 1986 puis contraint à l’exil, Mohammed, originaire de Tunis, n’a pas vu son père pendant sept ans. « Mon premier interrogatoire de police, je l’ai vécu à l’âge de 5 ans, raconte-t-il. Ils étaient venusdemander où était mon père, et comme je ne disais rien, le policier m’a donné une gifle. J’étais terrorisé. »Avec sa mère et ses cinq frères et soeurs, il finit par lerejoindre à Paris en 1997, « suite à une visite en France de Ben Ali qui, à ce moment-là, a consenti àdélivrer des passeports aux familles ».

Lorsque le père de Mohammed est revenu en Tunisie, après le 14 janvier, « il a reçu des gens pendant trois semaines non-stop, souligne son fils, parce qu’il y a une certaine culpabilité dans la société tunisienne ». Bien que « francisé » comme il se décrit, Mohammed suit le même engagement : « Ce qui m’a donné envie de militer, c’est Germinal, sourit-il en référence au roman d’Emile Zola,et parce que c’est un parti crédible où il y a encore de la sincérité. »

Pour d’autres, Ennahda est avant tout « le parti de la religion », vécu comme un refuge après des années de corruption. « Il vagouverner avec la religion », insisteNesiha Azouzi, 42 ans, qui travaille comme femme de ménage dans un hôtel de Tunis.

Le rejet de la politique, après vingt-trois ans d’omniprésence du Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), l’ancien parti au pouvoir aujourd’hui dissous, et la faiblesse des forces progressistes, jugées trop élitistes en dépit de leur passé d’opposantes, a laissé un vaste espace à Ennahda, en particulier auprès des jeunes.

« J’ai confiance dans ce parti, la plupart des autres sont des dérivés du RCD », assureAlahedine Sifi, 19 ans. En jean et tee-shirt, cet étudiant en formation professionnelle affirme ne pascraindre une remise en cause des libertés ni du droit des femmes : « Beaucoup de rumeurs prétendent qu’Ennahda vafaire des lois contre les femmes, mais elles militent depuis trente ans ! »

Dans une société où le statut de la femme est protégé par un code – qui interdit notamment la polygamie et qui reste, cinquante-cinq ans après son adoption, encore inégalé dans le monde arabe -, le parti islamiste a tout fait pour ne pas effrayer l’électorat féminin. Tête de liste dans la circonscription de Tunis 2, sa candidate Souad Abdelrahim, non voilée et en tailleur-pantalon, a souvent été mise en avant.

« Personne ne sera obligé deporter le voile. Au contraire Ennahda va défendre nos droits », s’exclame Fatma Jeljli, 40 ans, une militante mère de famille dans la banlieue de Ben Arous, bastion du parti islamiste. « Je travaille, je conduis, je vote, et je porte le voile si je veux. Sous Ben Ali, c’était interdit, alors qui défend la liberté ? », s’agace Kaouther, une jolie brune, étudiante en droit, la tête couverte d’un foulard rose.

« Les médias ont tout fait pour nous présenter comme des intégristes, mais la politique d’Ennahda a été de ne répondre à aucune insulte, aucune provocation, c’est un choix », souligne Naoufel Aouf, assureur à Sousse, sympathisant convaincu depuis les premières années, en 1989.

Dans les villes, deux catégories d’hommes d’affaires ont participé au financement de la campagne d’Ennahda. Il y a les nadhaouis d’hier, empêchés d’entrer dans la fonction publique, brimés dans le secteur privé, et qui ont ouvert leur propre entreprise, à l’image du directeur de la communication du parti, Nejib Gharbi, qui a fait fortune dans le commerce de gros. Et les nouveaux convertis qui ont rejoint le parti dont ils ont pressenti l’ascension. A Sfax, la capitale économique de la Tunisie, Ennahda a raflé la moitié des sièges de l’Assemblée constituante, loin devant ses concurrents.

Source: “Le Monde.fr” Le 26-10-2011

Lien: http://www.lemonde.fr/tunisie/article/2011/10/26/tunisie-la-strategie-attrape-tout-d-ennahda-a-paye_1593947_1466522.html


La percée surprise d’un ancien allié de Ben Ali en Tunisie


 

·Le succès des listes de Hechmi Haamdi, un milliardaire tunisien basé à Londres aux promesses extravagantes, suscite mercredi la consternation chez de nombreux Tunisiens.

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C’est la surprise des élections tunisiennes. Les listes soutenues par Hechmi Haamdi, un partisan de l’ancien président Ben Ali, réalisent un score inattendu dans le scrutin pour élire une assemblée constituante. Dans les neuf circonscriptions où le dépouillement a été achevé, «La Pétition populaire pour la justice et le développement» de ce milliardaire tunisien basé à Londres se retrouve juste derrière lesislamistes d’Ennahda, à égalité avec le Congrès pour la République (CPR, gauche nationaliste).

Cet ancien islamiste, devenu un allié du régime de Ben Ali, a même revendiqué la majorité des suffrages à Sidi Bouzid, ville symbole de la révolution. Et sa liste est aussi classée deuxième à Kasserine, ville limitrophe de Sidi Bouzid ayant payé le plus lourd tribut de sang pendant le soulèvement en janvier.

Absent sur le terrain

Le succès de ce natif de Sidi Bouzid est d’autant plus surprenant que son mouvement était inconnu en Tunisie avant la campagne électorale. Sans être présent sur le terrain, cet homme d’affaires a en effet mené toute sa campagne depuis l’étranger.

Certes, Hechmi Haamdi est doté d’une arme qui s’est avérée très efficace : «Al-Mostakilla», sa chaîne de télévision privée émettant par satellite depuis Londres. Il y a plaidé pour des mesures très attractives, telles que la gratuité totale des soins médicaux et une allocation de 200 dinars (100 euros) pour chacun des 500.000 chômeurs du pays. Hechmi Haamdi avait également promis d’injecter 2 milliards de dinars (un milliard d’euros environ) dans le budget de l’Etat.

Pour financer son programme, il ne manquait pas d’idées, ironise le site d’information tunisien Business News : «surtaxer les billets d’avion, faire appel à la légende du football tunisien Tarek Dhiab pour qu’il organise un tournoi de charité, faire de même avec le chanteur Lotfi Bouchnak pour qu’il organise des festivals».

De possibles liens avec l’ancien régime

La percée inattendue de ces listes a semé la consternation chez de nombreux Tunisiens. «C’est la plus mauvaise surprise de ces résultats. Un pro-Ben-Ali sera sur la scène politique. C’est honteux. Il ne fera jamais rien pour la Tunisie», a déclaré Houda Trabelsi, une journaliste du site d’information Magharebia. Pour Houda, 32 ans, employée à l’aéroport de Tunis, «c’est catastrophique, ce type est sorti de nulle part, il a fait une campagne souterraine en s’appuyant sur sa chaîne de télé privée.»

Reste donc à comprendre qui a voté pour lui. «Attribuer une telle réussite à une revanche des laissés-pour-compte des régions de l’intérieur sur les élites serait une explication séduisante mais certainement bancale», avertit Business News. Car la «Pétition populaire» a réussi à obtenir des sièges dans de grands centres urbains comme Sousse ou Sfax.

Une explication avancée par Khelil Zaouia, numéro deux du parti Ettakatol, est que la «Pétition Populaire» aurait bénéficié du soutien massif du Rassemblement constitutionnel démocratique (le RCD au pouvoir sous Ben Ali et dissous depuis). Dans une interview accordée à Mosaïque FM, Zaouia affirme en effet que des partisans de l’ancien régime auraient été vu en train de faire un travail de terrain en faveur des candidats de ces listes. «Il y a sûrement un réseau derrière Hechmi Haamdi et ça ne peut être que les ex-RCD, renchérit Mourad Sellami, journaliste et analyste politique. Je pense qu’ils ont acheté des voix. Ils ont travaillé en silence, dans l’ombre».

Hechmi Hamdi a pour le moment refusé de se prononcer sur une éventuelle alliance au sein de la future assemblée avant la publication des résultats définitifs. Mais il s’est dit «ouvert à tous ceux qui veulent renforcer l’unité nationale et répondre aux besoins des pauvres».

Menace de sanctions

Mais l’homme d’affaires ne doit pas se réjouir trop vite. La «Pétition populaire» fait déjà l’objet de plaintes, en France et en Tunisie, pour le non respect des règles de campagne, notamment pour l’utilisation abusive du média privé du millionnaire et pour l’opacité de son financement.

Cependant, le code électoral permet seulement de sanctionner un financement illicite, comme le dépassement du plafond autorisé de campagne et le financement étranger. Il ne donne aucune indication quant à d’éventuelles sanctions pour une violation de temps de parole via des chaînes satellitaires basées à l’étranger. Ainsi, «rien, à part le financement, ne peut justifier l’annulation d’une liste», a souligné mardi soir un responsable de la commission électorale. La situation est d’autant plus compliquée, relève le Centre Carter, que la commission n’a «pas les moyens de contrôler les médias à l’étranger».

Source : « Le Figaro » Le 26-10-2011

Lien : http://www.lefigaro.fr/international/2011/10/26/01003-20111026ARTFIG00440-la-percee-surprise-d-un-ancien-allie-de-ben-ali-en-tunisie.php


Tunisie – Elections: Enahdha aux commandes… Et après!


C’est à la faveur d’une anecdote qu’a vécue une amie journaliste devant le siège d’Ennahdha mardi 25 octobre que l’on pourrait faire un éclairage sur ce que vit la Tunisie actuellement. Discutant avec un sympathisant, elle lui demande s’il ne se sentait pas en quelque sorte pris en otage par Ennahdha. La réponse fut sans équivoque: «C’est nous qui la tenons!»

Ce témoignage résume les paradoxes des votes des Tunisiens. Vote conviction, sanction ou utile? Cette Tunisie, qui se réveille de ces élections de l’Assemblée Constituante et qu’elle en ait compris ou pas les enjeux, a des attentes énormes auxquelles il faut répondre vite et au mieux. Le risque de désenchantement des Tunisiens a mis son compte à rebours en marche. Il risque de tout bouleverser y compris la classe politique balbutiante qu’il a élue. Même si l’on dit que les promesses n’engagent que ceux qui les croient, allez expliquer cela à un peuple qui attend depuis des mois un changement concret dans son portemonnaie et des solutions miracles pour ses problèmes de chômage, de santé, de pauvreté…

·Ennahdha était la mieux disposée pour rafler les élections. Nul n’en doute et c’est ce qu’elle a fait. Face à l’amateurisme politique qui règne en Tunisie, rater ce rendez-vous pour le parti le plus structuré était quasiment impossible. A quoi reconnaît-on un parti politique si ce n’est à sa forte capacité de conquête, de mobilisation et d’interactivité avec sa base? Ennahdha est un parti qui a su intégrer la modernité. Il a appris dans la clandestinité et à l’exil à se gérer et à s’organiser et affiche plusieurs longueurs d’avance sur le reste des partis politiques tunisiens. Sur le terrain, il est déjà en campagne pour les législatives et les municipales alors qu’à son sommet il affiche une diplomatie de circonstance qui impose autant de respect que de vigilance.

Si les enjeux majeurs pour la Tunisie se joueront dans les choix fondamentaux pour la Constitution, aujourd’hui c’est de l’urgence de créer un consensus autour d’un gouvernement pour commencer à travailler qu’il s’agit. Ennahdha sait que pour gouverner, il ne peut être seul. Gérer un pays est un métier. Un métier que, quand même ce parti serait fort de ses milliers de compétences et de ses propres militants au sein de l’Administration centrale de ce pays, il ne pourrait affronter seul.

D’ailleurs, le parti multiplie les tractations et envoie messages sur messages aux principales formations politiques en tête du scrutin, sans toutefois nommer les autres. Face à cette échéance, Enahdha n’a aucun intérêt à être le principal acteur au Gouvernement à former. Ne voulant pas assumer seul l’échec ou la déception, il essaye d’impliquer les autres forces politiques dans la gestion de l’état et préfère rester influent au niveau de la constitution.

Pendant ce temps, la classe politique tunisienne s’interroge sur l’“Outsider“ d’El Aridha. Qui est-il? Quelle est sa position sur l’échiquier politique tunisien? Quelle est sa relation avec les anciens du RCD décapité, de la mafia du système déchu et d’Ennahdha dont le leader a été proche dans le passé?

Pour le moment et selon certains observateurs, ce parti, qui n’en serait pas un, «est un mélange de populisme, d’une frange des anciens de la branche mafieuse du système déchu qu’il faut observer de près». Reste que près 800.000 Tunisiens ont voté pour lui et qu’il faut les respecter en attendant de comprendre. Ennahdha a, quant a elle, exprimé sa position et ses distances clairement vis-à-vis d’El Aridha.

Pour l’instant et selon certaines récentes déclarations, El Aridha pas plus que le CPR ou Ettakatol ne sont pou pour une coalition avec Ennahdha. C’est la question du gouvernement d’union nationale qui est en négociation. Ennahdha aurait-elle recours au maintien du gouvernement en place ou d’une grande partie pour éviter le grand test? Pour le moment, rien ne porte à le croire mais la question mérite d’être reposée surtout si le parti venait à être boycotté par les autres forces politiques. Faut-il pousser Ennahdha vers la modernité et l’ouverture ou au contraire l’en exclure?

Reste que si Ennahdha venait à composer son gouvernement, elle serait tentée d’éviter la soumission de la Constitution au référendum.

Aujourd’hui, l’intérêt de la Tunisie est de rassurer les Tunisiens et Tunisiennes mais aussi le monde qui observe avec des investisseurs étrangers qui dévisagent un nouveau pays qui se dessine. La déferlante d’Ennahdha sur la Tunisie, flanqué d’un basculement de plus en plus probable dans la «Charia» de la Libye voisine, n’est pas pour faciliter l’équilibre dans la région. L’Algérie puissante voisine scrute de son côté avec circonspection.

Jean Daniel, dans un récent éditorial écrivait: «Que faire avec les islamistes? Rien d’autre que s’unir pour que M. Ghannouchi tienne ses promesses». C’est précisément cette vérité que les politiques tunisiens doivent digérer, car Ennahdha ne perd pas de temps. Elle est déjà au travail.

Le parti multiplie les efforts pour créer le consensus et composer un gouvernement qu’elle dirigera. Les opérations de séduction à l’égard du capital se multiplient et les signaux de pondération qu’elle envoie aux organisations, à la société civile, aux entreprises économiques, à l’étranger et à ses propres électeurs se multiplient quand ils ne sont pas transpercés par les déclarations fracassantes du leader Rached Ghannouchi, Penser qu’Ennahdha est uniforme, s’est se tromper. Selon ceux qui le connaissent, le parti est divisé par plusieurs courants du plus modéré au plus radicale.

Après l’effervescence de ces derniers mois, les politiques tunisiens doivent faire face à une évidence. Ennahdha mène la danse. Qu’il s’agisse d’impatience ou de désenchantement politique ou démocratique, c’est maintenant et tout de suite qu’il ne faut pas rater le tournant. Les forces influentes en cette période cruciale ont laissé, par leur inadaptabilité et leurs divisions, un boulevard pour Ennahdha afin d’arriver au pouvoir.

Il est capital pour l’intérêt de la Tunisie qu’ils pèsent leurs choix quant à la nécessité de gérer un pays soulagé de la dictature mais en attente d’un nouveau modèle qu’il n’a peut-être pas choisi définitivement.

Source: “wmc” Le 26-10-2011

Lien: http://www.webmanagercenter.com/management/article-111980-tunisie-elections-enahdha-aux-commandes-et-apres


Tunisie : Ennahdha revendique la direction du futur gouvernement


 

Pour Rached Ghannouchi, le leader d’Ennahdha, il est « légitime » que le futur gouvernement soit dirigé par le parti islamiste. Les tractations entre les différentes formations politiques se poursuivent alors que les résultats définitifs de l’élection sont attendus ce mercredi en soirée.

Arrivé nettement en tête des résultats partiels des élections de l’Assemblée constituante tunisienne du 23 octobre, le parti islamiste Ennahdha a annoncé ce mercredi qu’il serait « légitime » qu’il dirige le prochain gouvernement.

« Le gouvernement doit être composé le plus tôt possible, dans un délai qui n’excède pas un mois », a par ailleurs affirmé Rached Ghannouchi, le leader et fondateur de la formation islamiste.

Hamadi Jebali, numéro 2 du parti, est notre candidat officiel pour le poste de futur Premier ministre de Tunisie, a ajouté Nourredine Bhiri, membre de l’exécutif d’Ennadha .

 

Pour la formation de Rached Ghannouchi, qui obtient 28 des 55 sièges (217 sièges au total) dans les neuf circonscriptions où le dépouillement a été achevé, l’équation ne s’annonce cependant pas si simple. Loin d’obtenir une majorité absolue à l’Assemblée, le parti islamiste sera contraint de nouer des alliances avec d’autres formations politiques pour diriger le pays.

 

Quel candidat à la présidence de la République ?

Une fois au complet, l’Assemblée constituante de 217 élus devra désigner ou élire un nouveau président de la République, qui lui-même formera un nouvel exécutif.

Questionné sur la question de la présidence de la République, Rached Ghannouchi a assuré qu’il ne serait pas candidat. Selon lui, ce poste devra être occupé par une personnalité qui a milité contre la dictature, sans donner plus de détails.

Dans les milieux politiques, trois noms circulent déjà : Mustapha Ben Jaafar, chef du parti de gauche Ettakatol, qui a déjà fait savoir qu’il était candidat, Moncef Marzouki, dirigeant du Congrès pour la République (CPR, gauche nationaliste), et Ahmed Mestiri, opposant historique de Bourguiba.

Source : « Jeune Afrique » Le 26-10-2011

Lien : http://www.jeuneafrique.com/Article/ARTJAWEB20111026144357/tunisie-islamistes-election-mustapha-ben-jaafartunisie-ennahdha-revendique-la-direction-du-futur-gouvernement.html


Riad Ben Fadhel « Les Tunisiens n’accepteront aucun retour à l’oppression »


Coordinateur du Pôle démocratique et moderniste (PDM),lance un appel à l’union de toutes les forces progressistes.

Envoyée spéciale. Comment analysez-vous, neuf mois après la chute de Ben Ali, l’exceptionnel taux de participation à ces premières élections libres en Tunisie ?

Riad Ben Fadhel. Jamais nous n’aurions pu imaginer une telle mobilisation des électriceset des électeurs tunisiens. C’est inouï. Dans nos projections les plus optimistes, nous espérions atteindre 60 à 70 % de participation. Toutes nos espérances ont été dépassées. C’est un succès du peuple tunisien. C’est aussi une leçon pour tous ceux qui théorisaient une prétendue incompatibilité entre la démocratie et le monde arabe. Ceux-là prédisaient à ces peuples, il n’y a pas si longtemps, un horizon de servilité. Le 14 janvier et le 23 octobre rompent un tunnel d’oppression. Il n’y aura pas de retour en arrière possible. Ces élections sont une première étape, pour rendre irréversible tout retour à la servitude.

Comment expliquez-vous l’importante percée des islamistes d’Ennahda ?

Riad Ben Fadhel. Cette percée signe la victoire des tenants d’un modèle conservateur. Le Pôle démocratique et moderniste avait appelé, dès la fin du mois d’avril, au rassemblement de tous les progressistes et démocrates de Tunisie. Malheureusement, les deux principales composantes de la famille démocratique, Ettakatol (le Forum démocratique pour le travail et les libertés – NDLR) et le Parti démocrate progressiste (PDP), ont préféré faire cavalier seul. Par ce choix, ils ont permis aux forces islamistes de profiter pleinement de nos divisions. Nous avons été entraînés dans des débats stériles. Le camp démocratique paie aujourd’hui chèrement le prix de ses divisions.

Cet éclatement des forces progressistes peut-il être surmonté, demain, au sein de l’Assemblée constituante ?

Riad Ben Fadhel. Nous le pensons. C’est pourquoi nous appelons toutes les forces de progrès à l’union, pour porter ensemble les valeurs de fraternité, de démocratie, de modernité qui devraient façonner la future Constitution. Nous devons lancer un signal fort aux classes populaires, aux classes moyennes, leur offrir la perspective d’une Tunisie démocratique, moderne, où liberté individuelle rime avec justice sociale.

Le chômage massif qui frappela jeunesse tunisienne a-t-il offert un terreau fertile aux islamistes ?

Riad Ben Fadhel. C’est une évidence. Les islamistes ont en effet réussi cette percée sur un terreau d’injustice sociale et d’inégalités régionales. Sans pour autant offrir la moindre perspective de sortie de crise. Ils se sont contentés de dénigrer la gauche et les valeurs de progrès, de brandir l’étendard de « l’identité arabo-musulmane » soi-disant menacée, d’imposer de faux débats sur les relations avec Israël. Ils ont refusé toute confrontation sur les problématiques socio-économiques. Ils nous ont désignés comme des athées, des mécréants, des dépravés, des homosexuels, des pro-israéliens. Ils ont choisi le terrain de l’insulte et de l’anathème plutôt que celui de la confrontation d’arguments politiques. En fait, ils ont instrumentalisé les angoisses et le sentiment d’abandon d’une partie de la population exactement sur le même mode que le Front national dans la société française. Ils sont passés maîtres dans l’art du double langage, leurs capacités organisationnelles sont redoutables et ils bénéficient, ce n’est pas rien, du puissant soutien financier des pétromonarchiesdu Golfe, Qatar en tête.

L’annonce par Mustapha Abdel Jalil, porte-parole du CNT, de l’instauration de la charia dans la Libye voisine nourrit-elle vos inquiétudes ?

Riad Ben Fadhel. Bien sûr. Pour le PDM, qui a placé 16 femmes en tête sur 33 listes, cette annonce est un signal très préoccupant. D’autant que c’est le fruit d’un marchandage au sein du CNT avec les islamistes, pour permettre la constitution d’un gouvernement, reportée depuis des semaines du fait de désaccords sur l’attribution des portefeuilles de la Défense et de l’Intérieur. Une chose est claire : la Tunisie démocratique ne saurait admettre la moindre concession sur le code du statut personnel et l’égalité entre hommes et femmes.

Source : « L’humanite » Le 26-10-2011

Lien : http://www.humanite.fr/monde/riad-ben-fadhel-%C2%AB-les-tunisiens-n%E2%80%99accepteront-aucun-retour-l%E2%80%99oppression-%C2%BB-482334


Tunisie : que deviennent les membres de la famille Ben Ali-Trabelsi qui sont toujours en fuite


Alors que la Tunisie célèbre la tenue de ses toutes premières élections démocratiques, la question est : que deviennent les membres du richissime clan du président déchu Zine el-Abidine Ben Ali qui ont fui la Tunisie ? Zine El-Abidine Ben Ali . L’ex président tunisien vit toujours réfugié en Arabie saoudite, à Abha, au sud du pays, dans une maison luxueuse prêtée par le gouvernement saoudien, avec son épouse et deux de ses enfants, Mohamed 7 ans et Halima 19 ans. Condamné par contumace à 35 ans de prison pour vol et détournement de fonds publics, il a écopé, un mois plus tard, de 15 ans supplémentaires pour détention de drogue et d’armes. C’est alors qu’il est sorti de son silence dénonçant par la voix de ses avocats une « justice de vainqueurs » et des accusations « déshonorantes et imaginaires ». Il n’a jamais été dans le coma, comme l’ont dit ses proches, mais a eu une crise d’hypoglycémie par contre il souffre d’un cancer de la prostate, et se fait soigner a l’hôpital du roi Fayçal. L’ex-dictateur se fait discret et l’Arabie Saoudite, qui n’a aucune convention d’extradition avec la Tunisie, devrait le laisser tranquille… Leïla Trabelsi En Tunisie, de nombreuses rumeurs circulent sur son compte. Elle aurait fait une tentative de suicide , en juillet, en avalant du poison. N’ayant pas supporté la douleur, elle aurait alerté son entourage en poussant des cris atroces.Elle aurait été transportée d’urgence à l’hôpital d’Abha. Elle est actuellement en bonne santé. Puis selon le journal Le Maghreb daté du 16 septembre 2011,accusée de se servir un peu trop du téléphone fixe de sa résidence à des fins politiques et privées, particulièrement avec son frère Belhassen Trabelsi, réfugié au Canada, on lui aurait coupé la ligne.Les autorités saoudiennes l’auraient avertie que si elle se servait de son téléphone portable pour les mêmes raisons elle serait expulsée du Royaume. Dernière rumeur la concernant, elle aurait quitté son mari et serait partie s’installer à Dubaï aux Émirats Arabes Unis. Pas de divorce en vue actuellement. L’information provient du très sérieux journal électronique londonien en langue arabe, Elaph qui se réfère à des sources bien informées provenant d’Arabie Saoudite. Aucune confirmation n’est parvenu des deux pays. Belhassen Trabelsi Malgré sa condamnation par la justice tunisienne à 15 ans et 2 mois de prison pour avoir exporté, sans autorisation, d’importantes quantités de devises et de métaux précieux et un mandat d’arrêt international émis contre lui en janvier 2011, le beau-frère de l’ex-président tunisien Ben Ali, serait toujours à Montréal avec son épouse et ses deux enfants, selon le Collectif tunisien au Canada. Un deuxième procès est prévu le 2 novembre pour pillage de pièces archéologiques. Il a demandé au Canada le statut de réfugié. Sakher Al-Materi. Marié à Nescine Ben Ali, fille de l’ex-président, Sakher Al-Materi était présenté comme un candidat potentiel à la succession du dictateur. Il s’est réfugié au Qatar. Il a été condamné à 20 ans de prison par contumace pour différentes affaires d’escroquerie et de détournement de fonds publics. Ayant acheté en 2008 une superbe maison à flanc de montagne, à Westmount au Canada pour 2,5 millions de dollars,il a laissé plusieurs factures en souffrance concernant d’importants travaux de rénovation et de terrassement. Il doit 1,1 million de dollars à l’entreprise Tren-Di-Dekor, cette dernière a entrepris des recours devant les tribunaux et obtenu une hypothèque légale sur la résidence peu après la chute du régime Ben Ali. Revenu Québec à lui-même demandé une deuxième hypothèque légale sur cette résidence, suite aux déboires financiers de Tren-Di-Dekor qui doit plusieurs dizaines de milliers de dollars au fisc. Sakher Al-Materi, dans un affidavit, dit habiter maintenant au 50, rue Suhaim Bin Hamad, à Doha, au Qatar et que sa dernière visite au Canada a été les 11 et 12 janvier 2011, en pleine révolution tunisienne. Il est représenté par l’avocate Annie Bernard, du cabinet Fasken Martineau. Moez Trabelsi Le neveu de Leïla Trabelsi a été arrêté à Rome ce 6 octobre, sur mandat d’arrêt international lancé par la Tunisie. Son incarcération a eu lieu à Rome en attendant son extradition et son jugement en Tunisie. Il est notamment poursuivi dans plusieurs affaires de corruption et soupçonné de blanchiment d’argent. La justice française avait émis un mandat d’arrêt, en mai 2007, à son encontre et à celui de son cousin Imed, sans succès car le gouvernement tunisien avait refusé de les extrader. Ils étaient accusés de vols en bande organisé, après s’être approprié le yacht de l’un des dirigeants de la banque Lazard, cela en 2006. Ils sont donc encore quatre individus du clan Ben Ali-Trabelsi a être en fuite. L’Arabie Saoudite, le Qatar et le Canada n’ayant aucune convention d’extradition avec la Tunisie, ils ne risquent pas grand-chose au regard de la justice tunisienne.

Source: “Le Post.fr” Le 26-10-2011

Lien: http://www.lepost.fr/article/2011/10/26/2622623_tunisie-que-deviennent-les-membres-de-la-famille-ben-ali-trabelsi-qui-sont-encore-en-liberte.html


Faut-il avoir peur de la charia ?


La Libye, la Tunisie inquiètent. Mais à quoi correspond la charia ? Eclairage.

Le président du Conseil national de transition, Moustapha Abdeljalil, a annoncé dimanche la réintroduction de la charia après 42 ans de règne de Mouammar Kadhafi. Ses propos ont provoqué l’émoi de la communauté internationale, également vigilante après la victoire des islamistes aux élections tunisiennes. Mais que recouvre concrètement cette loi islamique qui, en France, rappelle les lapidations publiques du régime taliban ou l’Arabie saoudite qui tranche la main de ses voleurs ? Europe 1 fait le point.

A quoi correspond la charia ? La charia est la loi islamique codifiant l’ensemble des droits et des devoirs tant individuels que collectifs des musulmans. Dans sa définition purement religieuse, la charia est la voie, le chemin que doit suivre tout musulman dans sa vie quotidienne pour respecter la loi de Dieu. Or, dans l’islam, il n’y a que cinq véritables obligations : la reconnaissance d’Allah, la prière, l’aumône, le pèlerinage et le jeûne.

« Il n’y a pas d’obligation d’être polygame » :

Tout le reste n’est qu’interprétation ou tradition. C’est le cas de la polygamie par exemple. « La polygamie est dans le Coran. Tout ce qui est dans le Coran fait partie de la charia. Sauf qu’il n’y a pas d’obligation d’être polygame », a expliqué à Europe 1 l’anthropologue des religions Malek Chebel.  » Un pays moderniste considère que ni Dieu ni le prophète n’y tiennent absolument, par conséquent on peut parfaitement l’abolir », a-t-il ajouté.

Est-elle appliquée de la même façon partout ? L’application de la charia varie de pays en pays, en fonction du contexte politique. Il existe des pays très conservateurs, extrêmement rigoristes comme l’Arabie Saoudite où les femmes n’ont pas le droit de conduire et où l’on tranche encore la main des voleurs en place publique. On est là dans l’application la plus rétrograde de la charia.

A l’opposé, il y a des pays comme la Jordanie, le Maroc ou le Sénégal qui se référent au droit musulman, mais qui veillent à ce qu’il soit compatible avec le droit international.

La charia peut-elle être instrumentalisée ? Au nom de la charia, l’Afghanistan tolère encore la lapidation des femmes adultères, malgré la présence des troupes occidentales et peut-être même aussi à cause de cette présence. Le président Hamid Karzai souhaite en effet donner des gages aux secteurs les plus conservateurs de la société pour les empêcher de basculer vers les talibans.

« Les partis islamistes avancent masqués » :

Certains pointent donc du doigt un risque d’ »instrumentalisation » politique de la charia par les mouvements islamistes en Libye ou en Tunisie. « Les partis islamistes avancent masqués. Ils n’ont pas axé leur discours sur la charia. C’est un discours du rejet de l’autre, de la haine de l’Occident. Les gens qui ont voté pour eux ont voté parce qu’ils sont apparus comme les protecteurs de l’identité arabo-musulmane », a dénoncé au micro d’Europe 1 la Tunisienne Najet Mizouni, professeure de droit public et candidate malheureuse aux dernières élections. « Ce fut une campagne populiste », a-t-elle résumé après la victoire des islamistes du parti Ennahda en Tunisie.

Qui est menacé par la charia ? Ce populisme des partis islamistes inquiète en tout premier lieu les femmes. « On serait les premières victimes sur tous les plans. Il y a du chômage, mettons les femmes au foyer, c’est ce qui a été dit auparavant. Ça peut être aujourd’hui dans le code du travail. Ils peuvent très bien interdire aux femmes de travailler », a pris comme exemple Najet Mizouni. Si la charia devait prochainement être inscrite comme source de la loi au sein de la Constitution, ce serait « vraiment dangereux », a-t-elle prévenu.

Toujours est-il que les islamistes n’ont remporté qu’une majorité relative en Tunisie. Ils restent donc très prudents sur l’application de la charia. Le président du Conseil national de transition (CNT), Moustapha Abdeljalil, a de son côté affirmé lundi que les Libyens étaient des « musulmans modérés », cherchant à rassurer la communauté internationale.

Source : « Europe1 » Le 26-10-2011

Lien : http://www.europe1.fr/International/Faut-il-avoir-peur-de-la-charia-786819/


Le quotidien « El Mouharrar » met la clé sous la porte


Le premier quotidien né après la révolution met la clé sous la porte. Ce journal dont les rédacteurs en chef sont Abdellatif Fourati et Slaheddine Jourchi est le deuxième journal à fermer après l’hebdomadaire Assada. Les journalistes de ce quotidien ont été surpris par cette décision brutale et envisagent de faire un sit-in devant le Syndicat des journalistes. Finalement, et après des discussions, le syndicat envisage de saisir un avocat pour s’occuper de leurs dossiers vu que les salaires du mois d’octobre n’ont pas été versés et qu’il y a un risque pour qu’ils ne le soient pas. Contacté par le syndicat des journalistes, Abderrahman Behloul, patron du journal a expliqué la fermeture par des difficultés financières. Le journal a été pourtant lancé au mois d’août. Comment expliquer alors des difficultés moins de trois mois après le démarrage ? Bon à rappeler, ce nouveau patron de presse dirigeait un parti (Mouvement de la démocratie et du développement) et n’a obtenu que très peu de voix lors des élections. Selon différentes sources, non vérifiées, il envisagerait de revenir à l’étranger là où il était

Source: “Business news” Le 26-10-2011

Lien: http://www.businessnews.com.tn/Tunisie-%E2%80%93-Le-quotidien-%C2%AB-El-Mouharrar-%C2%BB-met-la-cl%C3%A9-sous-la-porte,520,27321,3

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