Associated Press, le 26 mars 2007 à 18h37   TUNIS (AP) — Le président tunisien Zine El Abidine Ben Ali n’assistera pas au   sommet arabe de jeudi et vendredi prochains en Arabie Saoudite, a-t-on annoncé   lundi de sources officielles à Tunis.      Le Premier ministre Mohamed Ghannouchi le représentera, ajoute l’agence de   presse officielle TAP, sans fournir aucune précision sur les raisons de cette   absence.      Cette annonce coïncidait avec la venue à Tunis du Secrétaire du comité   exécutif libyen de la communication extérieure (ministre des affaires   étrangères), Abderrahman Chalgam, dont le pays a annoncé dès début mars qu’il   boycotterait le sommet de Riyad.      Selon la TAP, l’émissaire de Tripoli a transmis au président tunisien un   message du colonel Mouammar Khadafi qui “s’inscrit dans le cadre de la   concertation permanente entre les deux dirigeants au sujet de la situation et   des derniers développements dans le monde arabe ainsi que sur l’approche du   numéro un libyen concernant ces développements”.      “En Libye, nous ne sommes pas satisfaits de ce qui se passe dans la région   arabe ni de l’attitude arabe, ni des solutions basées sur des axes et qui ne   découlent pas d’une action collective et d’une vision commune”, a déclaré le   chef de la diplomatie libyenne.       Associated Press  
     Associated Press, le 26 mars 2007 à 19h35   TUNIS (AP) — La compagnie turque TAV a remporté un appel d’offres pour la   concession pendant 40 ans de deux aéroports tunisiens, pour un montant global   de 400 millions d’euros, a-t-on appris lundi auprès de son manager Haluk Bilgi.      L’opérateur turc était en compétition avec un consortium composé de quatre   sociétés, Aéroport de Nice (France), la canadienne SNC Lavelin, l’allemande   Hochtief et l’émiratie Mudabele.      Selon M. Bilgi, l’accord de concession qui sera signé dans un mois et devra   être finalisé dans six mois, porte sur l’exploitation de l’aéroport de   Monastir (170 km au sud-est de Tunis) et la construction et l’exploitation du   nouvel aéroport d’Enfida (à environ 100 km de Tunis), actuellement en chantier.      C’est la première opération de cession d’aéroports en Tunisie, gérés jusqu’ici   par l’Office public de l’aviation civile et des aéroports (OACA).      L’aéroport international de Monastir dessert quelque 200 aéroports notamment   européens et a une capacité de 3,5 millions de passagers par an et des   recettes estimées à 50 millions d’euros par an. Quant à l’aéroport d’Enfida   qui aura une capacité initiale de 5 millions de voyageurs, il devrait être   opérationnel en 2009, selon les prévisions.       Associated Press
 Thématique: Le renouveau du discours islamique   
La critique historique et scientifique,   outil intellectuel et conceptuel du choix
 
 Dans sa conférence, le Professeur Mohamed Arkoun, chercheur algérien     en islamologie et civilisation arabe, met le doigt sur un certain dogmatisme     devenu structurel          Invité par le département des relations internationales de l’Union générale     tunisienne du travail (UGTT) à donner une conférence sur les rapports entre     l’Europe, l’Islam et le monde arabe, il a qualifié cette tournure prise par     la pensée islamique de déviation et de crise d’autant plus difficile à     corriger et à surmonter que ce dogmatisme est devenu structurel, entrant,     profondément, dans les structures mentales des esprits.          Or, la pensée arabe et islamique et la langue arabe qui en a été le véhicule     et le support ont su, pourtant, se hisser au rang de pensée et de langue     scientifiques et philosophiques, aux époques resplendissantes de la     civilisation arabe et islamique. Mais, selon le conférencier, à défaut d’un     rétablissement quasi-impossible de cette première pensée arabe et islamique     novatrice, face à l’énorme progrès intellectuel accompli, depuis, par     l’humanité, une appropriation consciente des outils qu’offre la modernité     est la voie la plus commode pour s’y intégrer et libérer le discours     islamique du carcan idéologique dans lequel il s’est empêtré.          Fonder le discours islamique sur des bases rationnelles          A cet égard, reprenant l’idée maîtresse de l’ensemble de son œuvre, Mohamed     Arkoun a réitéré l’importance majeure qu’il continue d’accorder à la     critique historique et scientifique comme outil intellectuel et conceptuel     de choix, propre à fonder le discours islamique sur de nouvelles bases     rationnelles, mieux adaptées aux exigences d’une époque imbue de rationalité.          Ainsi, à l’appréciation idéologique et passionnée de la période coloniale     dans les pays maghrébins et arabes, il aurait préféré une appréciation     critique et libérée du poids du passé comme l’ont fait des chercheurs indous     concernant la période coloniale en Inde.          C’est dans cet esprit qu’il a salué l’édification de l’Union européenne     comme étant un acte révolutionnaire rompant totalement avec les séquelles     idéologiques du passé européen et cherchant à fonder une nouvelle vision du     monde et de l’homme.          Dans ce contexte, il range son œuvre dans le prolongement de celle des     pionniers du mouvement réformiste arabes et islamiques qui ont, justement,     appelé à la refondation de la pensée islamique à travers sa libération de la     sclérose qui l’a embourbée jusqu’à en devenir la caractéristique principale     et induire en erreur des esprits aussi avertis que le pape Benoît 16 sur     l’essence réelle de l’Islam, lorsqu’il a, par mégarde, opposé, il y a     quelques mois,  Islam et Raison, ou plutôt Islam et Logos, c’est-à-dire la     rationalité dans son acception la plus profonde.          Fallait-il, alors, descendre dans les rues pour conspuer le Pape, ou se     précipiter dans les bibliothèques pour chercher la signification du mot     ”logos” et réfléchir sur la question, s’est interrogé le conférencier qui,     lui, a préféré opposé le succès enregistré dans l’édification de l’Union     européenne à l’échec essuyé dans la construction de l’Union du Maghreb Arabe,     soulignant que le Maghreb arabe a une vocation historique et géopolitique et     un grand rôle à jouer pour son progrès comme pour celui des sphères plus     grandes auxquelles il appartient, notamment la sphère arabe et islamique et     la sphère euro- méditerranéenne.          Une tâche collective d’émancipation intellectuelle et culturelle          Aussi, pour asseoir de solides rapports entre ces sphères, Mohamed Arkoun  a     insisté sur la nécessité d’abandonner le discours idéologique aux effets     souvent inconscients et néfastes pour tous ses partisans où qu’ils se     trouvent, en faveur d’une attitude critique et scientifique de tous les     sujets qui nous préoccupent, nous, en particulier, les arabes et les     citoyens islamiques, et en premier lieu, l’héritage intellectuel arabe et     islamique qui nous a été légué par les siècles passés.          Dans cette optique, il préconise la soumission de cet héritage à une lecture     critique et scientifique de manière à l’épurer de son carcan idéologique et     rétablir les conditions propices au renouveau de la pensée islamique et à la     réintégration du règne de la rationalité dont nous nous étions coupés depuis     la disparition des anciens grands philosophes et penseurs éclairés arabes et     islamiques, tels qu’Ibn Rochd et Ibn Khaldoun, ou encore Al Achâari,     Mesquaweh et Abou Hayen Tawhidi.          De cette façon, en nous armant de ces outils de la pensée moderne, nous     pouvons produire une connaissance éclairée par les lumières de la     rationalité,  à même de nourrir une action politique féconde et contribuer à     l’élaboration d’une véritable culture émancipatrice, a dit le conférencier,     affirmant que pour apporter ses fruits, cette tâche doit associer les     centres de production du savoir, comme les Universités, et toutes les     structures d’encadrement à l’instar des syndicats.          Salah  Ben  HAMADI          (Source : « Le Temps » (Quotidien – Tunis), le 27 mars 2007)  
 
20 mars 1956 : Ombres et lumières
 
 Ali Ben Samir          Rares étaient ceux parmi les Tunisiens qui pensaient, lors de la signature     des accords sur l’autonomie interne, le 3 juin 1955, que ce nouveau statut     accordé à leur pays serait de courte durée et que l’Indépendance serait     reconnue bien avant ce que prévoyaient les textes. Ces accords ont été,     comme on le sait, violemment contestés par de nombreux cadres et militants     du Néo-Destour , suivant en cela le Secrétaire général du Parti, Salah Ben     Youssef, qui les considérait comme “un pas en arrière” et affirmait qu’ils     devaient être combattus et rejetés. Le combat devait , selon lui, continuer     et embraser tout le Maghreb Arabe, d’autant plus que l’Algérie venait de se     lancer dans une guerre de libération nationale contre le colonialisme     français. On a longuement analysé les motivations de la prise de position de     Salah Ben Youssef, les considération objectives et la part d’ambition     personnelle qui l’ont poussé à choisir la voie de la contestation, qui a     abouti à une confrontation armée entre les partisans de Bourguiba et ceux du     Secrétaire général du Néo-Destour. On connaît la suite: Salah Ben Youssef     exclu du parti par le Congrès de Sfax (novembre 1955), contraint à l’exil,     et Bourguiba confortant sa légitimité et son pouvoir qui ne tarda pas à     devenir exclusif et hégémonique.          Le 3 juin 1955, Habib Bourguiba était peut-être le seul à croire que dans     quelques mois les accords sur l’autonomie interne servaient dépassés et la     Tunisie indépendante. Au congrès de Sfax, où il jouait sa carrière politique,     il savait qu’il ne pouvait pas, à moins de perdre la partie, ne pas ouvrir     des perspectives d’évolution et de dépassement de l’autonomie interne vers     l’indépendance. Il déclara dans son discours que la Tunisie pouvait     “demander la révision des accords eux-mêmes, de revoir certaines clauses, si     une situation nouvelle venait à se créer. Nous allons demander au Congrès de     le faire”. En effet, l’article 24 de la convention générale autorisait     “chacun des deux Etats” à ouvrir des négociations pour examiner les     différends et les problèmes qui surgissent et intéressent les deux parties”.     Bourguiba était convaincu que garder les accords dans l’état où ils étaient     ne pouvait que confirmer les thèses de Salah Ben Youssef qui, il faut le     souligner, séduisaient de nombreux Tunisiens, et il a su utiliser cet     argument auprès du gouvernement français qui ne pouvait pas à la fois     affronter la révolution algérienne et rouvrir le front tunisien.          Ce raccourci de l’histoire a permis l’indépendance de la Tunisie le 20 mars     1956.          Bourguiba a abordé toutes ces péripéties qui ont entouré la signature des     conventions sur l’autonomie interne, l’opposition yousséfiste, la position     des divers dirigeants néo-destouriens et la proclamation de l’indépendance.     Dans ses discours et dans ses conférences à l’I.P.S.I., il en a donné une     version qui a été contestée et remise en cause par certains de ceux qui     avaient vécu cette période. Parmi les points d’histoire sur lesquels     Bourguiba a donné sa propre version, la position de Bahi Ladgham au sujet     des accords sur l’autonomie interne et ses relations avec Ben Youssef, et il     a répété après la disgrâce de son ancien premier collaborateur que ce     dernier s’était aligné sur Ben Youssef et qu’il aurait même dit, avant son     retour à Tunis en 1955, qu’il ne “suivrait pas Bourguiba dans ses trahisons”.     Cette version n’a pas été authentifiée, et le fait que Bourguiba ait tenu de     tels propos dans sa période de déclin lui enlève toute crédibilité. En fait,     la position de Bahi Ladgham, tout comme celle d’autres dirigeants     destouriens qui n’étaient pas à l’époque des inconditionnels de Bourguiba –     ils le sont devenus à des degrés divers lors de l’exercice du pouvoir—,     était plus nuancée et pour l’évaluer de façon objective il semble que la     lecture de sa correspondance avec Salah Ben Youssef, dans laquelle ces     questions sont évoquées, peut apporter une contribution significative.          Dès le voyage historique de Mendés-France à Tunis, au cours duquel il a     reconnu dans un discours prononcé devant le Bey le droit de la Tunisie à     l’autonomie interne, et la formation du gouvernement de Tahar Ben Ammar,     chargé des négociations avec la France, ces questions ont suscité un débat     parmi les dirigeants et les cadres du Néo-Destour. On le retrouve dans la     correspondance entre Bahi Ladgham, installé à New York où il représentait le     Parti, et Salah Ben Youssef, dont le point d’attache était le Caire. Après     le début des négociations, Ben Youssef écrit à Bahi Ladgham une lettre en     date du 24 novembre 1954 dans laquelle on lit : « Ce qu’il (le partenaire     français) veut, c’est nous imposer une autonomie interne étriquée,     consacrant purement et simplement le statu-quo. Le partenaire français se     refuse à assortir de délais toutes les conventions, qui ne sont en réalité     que des limitations à l’exercice de l’autonomie reconnue. Si ces limitations     sont permanentes, il n’y aura jamais d’autonomie interne… Maintenant, pour     ce qui est de notre cuisine intérieure, tout le monde est d’accord sur le     principe de l’évocation de cette affaire. Par conséquent, ne crains pas de     foncer, d’autant plus qu’Habib lui-même n’a aucune confiance dans le     déroulement actuel de la situation. Il me l’a dit lui-même au téléphone.     Sois certain qu’aucun démenti ne pourra venir, ni du côté de Habib, ni même     du côté du Ministère ». Comme on le voit , Salah Ben Youssef fait tout pour     convaincre Bahi Ladgham de se ranger sur ses positions et de trouver ainsi     en lui un soutien précieux. Il le presse d’agir et de ne pas” craindre de     foncer” .          Dans une réponse, en date du 7 janvier 1955, à une lettre de Salah Ben     Youssef, Bahi Ladgham se livre à une critique des négociations en cours ; il     écrit : «Toutes ces présumées négociations laissent une impression pénible     de cafouillage, d’inexpérience et de médiocrité dont les négociateurs     français se rendaient parfaitement compte dès le début, et qu’ils se sont     employés par la suite à cultiver habilement et même à en tirer quelques     fruits. Je n’ai pas besoin d’énumérer les avantages de cette opération. Ils     ne sont que trop clairs. Mais je doute fort que nos camarades, enlisés     malgré eux dans les détails, et dévorés par les soucis de la mécanique     locale du Parti, des groupements qui renaissent, des individualismes et même     des duellismes, aient perçu à quels point ces avantages étaient poussés. En     tout cas voilà quatre mois qu’il discutent. Alors que les partenaires de     l’autre côté ne cessent d’user des moyens les plus perfectionnés et des     ressources infinies du machiavélisme colonial. Tant sur le plan interne que     sur la scène internationale , les nôtres se confinent dans un silence     impénétrable et des va-et-vient stériles, faisant de la “règle d’or” de la     loyauté une application dont la naïveté-même souligne tous les dangers ».              Il répond ensuite aux propositions du Secrétaire général du Parti ; en     faisant preuve de beaucoup de lucidité et de réalisme et d’un grand sens     politique : « Le silence des camarades sur ta déclaration est tout     simplement inadmissible. Après avoir donné des gages – et quels gages ! – à     Mendès-France, qu’est-ce qu’ils attendent donc pour préciser leur position ?     Faute d’une mise en harmonie immédiate, je décline personnellement toute     responsabilité quant au développement de l’équivoque. Il ne s’agit pas de     couper bêtement les ponts et de laisser les torts de notre côté. Mais d’agir     intelligemment et de maintenir la question tunisienne au niveau qu’elle a     atteint par le sacrifice et le labeur incessants des militants et des chefs.     Et pour commencer dire nettement en France que rien ne sera fait en dehors     des responsables, de tous les responsables du Parti. Donc avant tout :     liberté de mouvement aux négociateurs et à Si Habib… Lorsque Ben Salah a été     reçu au Département d’Etat, il a exprimé des vues correctes sur la plupart     des problèmes. Il paraît qu’on lui a posé la question suivante : “Est-ce     votre position ou celle du Néo-Destour ?”. J’ai peur moi-même de me trouver     bientôt dans la même position. Quel est notre programme minimum ? Le tien ou     celui (s’il existe) des négociateurs?».          Salah Ben Youssef revient à la charge, essaie de convaincre les dirigeants     du Néo-Destour et les négociateurs de son point de vue. Il écrit de nouveau,     de Malte, le 2 avril 1955, à Bahi Ladgham : «Le Bureau Politique, seul     responsable devant le pays et devant l’histoire des répercussions de ces     conventions sur l’avenir du Parti, doit être en mesure de se prononcer en     toute connaissance de cause. Si nous sommes d’accord sur le rejet, Mongi     n’opposera pas son paraphe et acceptera de se sacrifier moralement. Si nous     sommes divisés, c’est-à-dire si Habib fait pencher la balance de son côté,     nous rentrerons tous à Tunis où nous réunirons un congrès extraordinaire en     24 heures. Le congrès nous départagera et chacun prendra ses responsabilités.     D’après les sondages que j’ai faits, d’après Tahar Ben Ammar, Taïeb Mehiri,     Habib Mouelhi, Habib Chatti, Ahmed Mestiri, la tendance du rejet, même des     conventions de Mendès, fait de plus en plus de progrès. Ma présence,     paraît-il, dans un congrès aura une certaine importance ».          Cependant et malgré l’assurance qu’il affiche, Ben Youssef demeure sceptique     quant aux chances de succès de ce scénario. Il écrit dans la même lettre: «     Je t’avoue pour ma part, que j’ai une confiance limitée dans ces précautions     que Mongi compte prendre ; car toute la propagande est maintenant axée sur     les anciens projets. Et il suffira que Si Habib fasse une déclaration     d’approbation pour que tout le monde soit mis devant le fait accompli. En     tout cas, pas moi ni toi, cette fois-ci. Nous avons été éberlués une fois ,     ça suffit. Mais quoiqu’il en soit, je suis satisfait de tous ces contacts au     cours desquels ma position a été suffisamment développée et portée à la     connaissance de tous ».          On connaît la suite. De retour en Tunisie, Bahi Ladgham joue un rôle dans     les travaux du congrès de Sfax où il est élu Secrétaire général du     Néo-Destour – poste jusque-là occupé par Salah Ben Youssef, exclu du Parti     par le même congrès—; il est nommé vice-Premier ministre dans le second     gouvernement Ben Ammar et assume des responsabilités fondamentales dans les     négociations qui devaient conduire à l’Indépendance.          (Source : « ٌRéalités » (Magazine hebdomadaire     – Tunis), N° 1008 du 23 mars 2007)  
 Ali Ben Samir          La situation actuelle de la Ligue Tunisienne des Droits de l’Homme continue     de susciter des interrogations et des appréhensions quant à son avenir et     aux possibilités de trouver une solution à la crise qu’elle traverse depuis     des années, et le jugement rendu dernièrement par le Tribunal de première     instance de Tunis annulant les effets du dernier congrès n’est certainement     pas de nature à clarifier les choses, encore moins à faire entrevoir une     solution de consensus, à court terme du moins.          L’impasse est réelle et la crise profonde, chacune des deux parties —le     comité directeur actuel et ceux qui contestent sa légitimité et les     décisions qu’il a prises— campe sur ses positions et refuse de fait toute     concession significative susceptible de faire avancer les choses. Et même     les initiatives prises par d’anciens responsables et militants de la LTDH     afin de débloquer la situation dans le sens d’un consensus qui tienne compte     de la vocation de la Ligue, de son indépendance et de la nécessité du     respect de son règlement et de la coexistence de tendances plurielles en son     sein, ces initiatives ont échoué pour la bonne et simple raison qu’elles     n’ont pas trouvé d’échos favorables chez les deux parties qui invoquent,     chacune à sa manière, des arguments de principe, de droit et de pratiques     pour justifier leurs positions.          La situation actuelle implique trois hypothèses d’évolution qui toutes ne     sont pas favorables au retour de la LTDH à son statut antérieur, qui a     prévalu au cours des premières années de son existence, et qui est celui     d’une association plurielle qui respecte les différences dans le cadre de     l’engagement en faveur des valeurs et des principes de la Ligue qui sont     avant tout —on a tendance à l’oublier— ceux de la défense des Droits de     l’Homme.          La première est que nous sommes en face d’une décision de justice qu’il est     impératif d’exécuter ; certes la juridiction d’Appel pourrait casser la     décision de première instance mais dans le cas, probable, où elle ne le     ferait pas, il faudra impérativement exécuter le jugement et il est clair     que cela ne résoudra pas le problème ; bien au contraire cela risque de     l’aggraver. L’évolution idéale de la situation actuelle serait une solution     de consensus qui soit réalisée au terme de concessions mutuelles dans le     cadre d’une commission neutre qui veillerait à sa concrétisation et qui     serait acceptée par les deux parties. Dans l’état actuel des choses, une     telle hypothèse paraît, malheureusement, peu probable. Les initiatives qui     s’étaient inspirées de cet esprit ont échoué, n’ayant pu infléchir les     positions des deux camps, et ce pour plusieurs raisons dont essentiellement     celles d’ordre politique qui font que des éléments d’un groupe comme de     l’autre, ont de la Ligue une approche politique qui est contraire à sa     nature et à sa vocation ; cette attitude aurait pu se comprendre à une     époque où le champ politique était clos mais pas dans un système de     démocratie pluraliste où les partis ont les moyens d’agir et de s’exprimer     dans la légalité. Il semble donc, à court terme du moins, peu probable que     nous assistions à une solution de ce type de la crise de la Ligue, à moins     d’une prise de conscience profonde et générale de dépasser les blocages     actuels. Pour certains, il faudrait laisser du temps au temps, mais dans     certaines situations l’attentisme risque d’approfondir les problèmes et de     les aggraver.          La seconde hypothèse est que les choses restent en leur état actuel pour une     période indéterminée. Elle présente de grands risques. D’abord, la Ligue     serait condamnée à l’inaction et le champ qu’elle est en droit d’occuper et     dont elle serait ainsi absente le sera par des éléments radicaux et     extrémistes qui porteront tort à la cause même des Droits de l’Homme. De     plus ce sera l’occasion propice pour ces éléments et pour les groupuscules     de tous bords de répandre les rumeurs, les accusations et de se livrer à des     campagnes contre les pouvoirs publics à l’étranger qui terniront l’image de     la Tunisie. Cette situation ne servira ni la cause de la Ligue ni celle des     Droits de l’Homme mais seulement les calculs et les intérêts d’éléments qui     ne veulent en aucun cas d’un ordre démocratique parce qu’ils n’y croient pas     et aussi parce qu’il ne correspond pas à leurs projets et à leur conception     de l’organisation de la vie politique et sociale.          Enfin, la troisième hypothèse, elle découle en fait de l’improbabilité des     deux premières. Elle consiste à prendre le problème à la racine dans la     mesure où les membres de la LTDH qui contestent le bureau actuel décident de     créer une autre organisation des Droits de l’Homme. Cette alternative     présente des avantages, et des inconvénients. Parmi les premiers, on citera     notamment le fait qu’elle consacre le pluralisme dans le monde associatif —car     il est paradoxal qu’on l’institue en politique et qu’on le conteste ailleurs—     et qu’elle résout la crise de la Ligue. Les inconvénients sont eux aussi     significatifs. D’abord parce que les contestataires n’accepteront pas de     quitter une organisation qu’ils considèrent comme la leur et pour laquelle     ils se sont battus et ensuite parce que chaque fois que l’on propose une     solution pluraliste en période de crise —on l’a vu en ce qui concerne le     pluralisme syndical— cette initiative est entourée de suspicion et taxée de     servir les calculs et les intérêts de tel ou tel parti politique ou ceux du     régime.          Ces quelques remarques peuvent paraître pessimistes aux yeux de certains.     Nous avons tenu à les faire parce que nous pensons qu’elles expriment la     réalité et que nous sommes convaincus que la Ligue, qui est un acquis     national, doit être préservée et doit jouer son rôle en toute indépendance,     loin de toute instrumentalisation politique de la part de tel ou tel bord.     Nous le faisons aussi parce que nous croyons qu’il est de notre mission     d’appeler au débat et de la susciter ; d’ailleurs nous avons tenté, il y a     quelques semaines, de réunir les représentants des deux parties dans une     table ronde autour de la crise de la Ligue mais notre proposition n’a     malheureusement pu aboutir en raison du refus des premiers intéressés. Nous     demeurons cependant convaincus que le dialogue peut contribuer à faire     avancer les choses.          A Réalités, le débat est toujours ouvert.           (Source : « ٌRéalités » (Magazine hebdomadaire     – Tunis), N° 1008 du 23 mars 2007)  
  Xénophobie journalistique     
Ma Tunisie à moi
 
 Suite aux injures xénophobes d’une collègue journaliste de la place     envers notre collaboration Marianne Catzaras, Faouzia Zouari, romancière,     journaliste à Jeune – Afrique réagit depuis Paris. Voici son texte :          J’ai lu votre éditorial à propos de Marianne Catzaras et du comportement     honteux à son égard d’une certaine dame dont vous avez eu la ” charité     musulmane ” de taire le nom. Je voudrais vous féliciter pour cette prise de     position solidaire avec votre journaliste et y apporter, en écho, la mienne.     Je connais Marianne. A travers ses photos et ses poèmes, surtout. Mais aussi     à travers ses silences, ses mots, le mystère de son regard, l’émotion qui la     tient à la gorge. Tout cela qui, étrangement, évoque pour moi une Tunisie     mystérieuse et pure dont je n’ai jamais cessé d’avoir la nostalgie.          Je connais Marianne pour ses prises de position fortes vis-à-vis de la     culture tunisienne. Elle qui ne cesse de courir scènes et galeries, films et     concert aux dépens parfois de sa propre création. Elle qui défend comme     personne la culture de ce pays dont elle est à la fois acteur et témoin     vigilant. Combien de fois l’ai je vu prendre fait et causes pour nos     artistes, fustiger l’arrogance de certains européens qui continuent à     traiter les Tunisiens d’indigènes, se battre pour que ses collègues     photographes et peintres tunisiens portent la voix de la Tunisie ailleurs.          Chaque fois que Marianne parle de ce pays qui est le mien, il l’est     davantage, grâce à elle. Chaque fois que je rentre, elle m’accueille sur une     terre natale devenue la sienne, où j’arrive en visiteuse, où elle demeure en     patriote. Plus que moi, sans doute. Elle, qui a choisi de rester parmi vous,     de donner le mieux d’elle, là où je suis partie ailleurs, là où j’ai     dispensé au profit d’autres.          J’ai souvent vu Marianne suffoquer au bout de quelques jours à Paris, parce     que la Tunisie lui manquait. Je l’ai vu tempêter sous un ciel français, gris     et maussade, et menacer de retourner sur ses pas pour retrouver les lumières     de ses cieux, là-bas. Je l’ai vu répondre vertement à ceux qui disaient du     mal des ” touansa “, défendre une jeune Tunisienne voilée prise à partie     dans un bus parisien, elle qu’on ne peut soupçonner d’aimer l’esthétique du     voile. Je l’ai vu rentrer à Djerba comme on rentre au bercail pour se     ressourcer, visiter jusqu’au plus petit village côtier, sa caméra sur     l’épaule dévorer les paysages du Kef, longer songeuse le cimetière d’Al     hawariyya, capter les dernières lumières du mois de novembre, celles qu’elle     préfère.          De Tunisie, tu es Marianne, et de Grèce aussi, sans doute. Mais moi qui ne     connais pas la Grèce, je connais ma Tunisie à travers toi, et lorsque c’est     toi qui débarques à Orly, avec ta démarche de voyageuse éternelle, tes pas     légers comme pour ne pas réveiller ” le mal des racines “, c’est une sœur,     une portion de mon pays qui vient alléger mon exil.          C’est dire si Marianne est ma Tunisie à moi. Dans son amour pour ce pays et     jusque dans ses colères contre lui. Dans sa joie d’y être et ses inquiétudes     de le quitter un jour. Sans elle, je chercherai en vain cette Tunisie     ouverte, hospitalière, où l’étranger a sa place, le voyageur sa halte. Cette     Tunisie universelle dont je serai fière, partout où je suis dans le monde,     tant que Marianne pourra y être.          Faouzia ZOUARI     Romancière – journaliste à Jeune Afrique.          (Source : « Le Temps » (Quotidien – Tunis), le     27 mars 2007)
 HEDI M’HENNI AU «FORUM DE LA PENSEE POLITIQUE»     DU RCD:
  
“Ben Ali, bouclier de la Nation”
   
         Peu d’ouvrages tunisiens ont fait courir autant de monde et suscité un débat     aussi passionné que le livre de MM. Hédi M’Henni et Béchir Halayem : «La     Tunisie, Le Monde: une nouvelle histoire se construit, 1954-2006».           Jeudi (22 mars 2007) après-midi, la grande salle de la Maison du RCD s’est     avérée exiguë pour contenir ce nombre considérable de militants,     d’intellectuels et de jeunes étudiants, venus participer à la     conférence-débat organisée sur cet ouvrage par le «Forum de la pensée     politique» du Parti.          C’est que ce genre d’œuvre ne laisse pas indifférent. Ecrit avec une passion     patriotique dévorante mais lucide, «La Tunisie, le Monde» frappe par     l’originalité de son approche, la limpidité de son analyse, l’aisance de sa     lecture et l’élégance de son style. Au point que d’aucuns ont cru y voir une     œuvre essentiellement culturelle. Tous ceux qui ont pris la parole parmi la     pléiade d’intellectuels présents n’ont pas manqué de souligner cet aspect     spécifique de l’ouvrage.          Près de trois heures de débat passionné et passionnant n’ont pas suffi à     épuiser l’analyse des différents chapitres de ce livre que MM. Hédi M’Henni     et Béchir Halayem «dédient au Président Ben Ali, garant de la sécurité, de     la stabilité et du bien-être de la Tunisie et des Tunisiens, aujourd’hui et     demain», ainsi que l’a fortement souligné le Secrétaire général du RCD dans     son allocution liminaire. «Notre pays, a-t-il spécifié, est entre de bonnes     mains et progresse avec assurance dans la bonne direction grâce à la sagesse     et au dévouement de l’homme du 7 Novembre et à l’amour qu’il porte à son     peuple». L’action lucide qu’il poursuit s’inscrit dans la durée. Elle     construit le présent tout en se projetant dans le futur, faisant de l’homme     tunisien sa finalité intrinsèque».          M. Hédi M’Henni a évoqué, à cet égard, l’œuvre de Ben Ali qu’il a qualifiée     d’«époustouflante par ses réalisations», menée dans les domaines politique,     économique et social; œuvre qui a profondément changé les données du paysage     national. Ben Ali a brisé le carcan de la pensée unique, consolidé les     Droits de l’Homme dans leur dimension globale et placé la Tunisie sur la     trajectoire du progrès décisif.           «Ces transformations en profondeur, a souligné le secrétaire général du RCD,     ont été saluées par les structures et institutions internationales     spécialisées, dont notamment le Fonds monétaire international (FMI), qui a     classé, en 2006, la Tunisie parmi les 20 premiers pays en matière de taux de     croissance économique, ainsi que le Forum de Davos et le Programme des     Nations Unies pour le Développement (PNUD), qui ont exprimé leur     appréciation concernant les performances économiques et sociales réalisées     par notre pays.          Un tonnerre d’acclamations a accueilli l’appel des intellectuels présents au     débat, exhortant Ben Ali à se porter candidat à l’élection présidentielle de     2009. M. M’Henni a déclaré, à cet égard, que les appels réitérés tous les     jours et émanant de toutes les franges sociales, demandant au Chef de l’Etat     de se présenter à la prochaine échéance, sont un signe de reconnaissance et     d’amour que voue le peuple tunisien dans son ensemble à l’homme qui a fait     de la Tunisie un «pays où il fait bon vivre».           «Ben Ali, ce patriote dévoué et sincère, est l’homme qu’il faut à la place     qu’il faut. Il est le bouclier de la nation contre tous les extrémismes, et     le garant de la stabilité de son pays qu’il mène avec assurance et     détermination vers plus de prospérité et de progrès», a-t-il affirmé en     guise de conclusion devant une assistance debout, applaudissant à tout     rompre…          Tahar SELMI          (Source : « Tunis Hebdo » (Hebdomadaire –     Tunis), le 26 mars 2007)