27 juin 2011

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TUNISNEWS
11 ème année, N°4052 du 27.06.2011

 


Reporters sans frontières : TUNISIE – Les nouvelles autorités face à leurs responsabilités

Reporters Without Borders: TUNISIA – New authorities fail to issue broadcast media licences

AP: Tunisie: les islamistes d’Ennahdha se retirent de la commission des réformes politiques

Gnet: Tunisie/Haute instance des réformes politique : Ennahdha accuse

ATS: Des islamistes opposés à la projection d’un film sur la laïcité

Le Monde: Les islamistes d’Ennahda se retirent de la commission des réformes

Le Monde: Tunisie: entre 14.000 et 18.000 personnes seront exclues de l’élection

Kiri john: Retour vers le futur

Jeune Afrique: Tunisie : Ben Ali, un procès pour l’Histoire

Jeune Afrique: Tunisie : Néjiba Hamrouni, « madame Liberté de la presse »

Les Echos: L’économie tunisienne sur la voie du redémarrage

Kapitalis: Tunisie. Mourou parle de ses relations avec Ennahdha

Kapitalis: Tunisie. La duplicité du parti Ennahdha en question

 


 

REPORTERS SANS FRONTIERES / REPORTERS WITHOUT BORDERS
COMMUNIQUE / PRESS RELEASE
27.06.2011
 

TUNISIE – Les nouvelles autorités face à leurs responsabilités


Voilà bientôt six mois que Zine el-Abidine Ben Ali a quitté le pouvoir et que de nouvelles autorités ont pour charge de construire une nouvelle Tunisie, libre et démocratique.
Cette démocratie ne pourra pas voir le jour sans médias réellement indépendants.
Or, à ce jour, le paysage médiatique tunisien n’a pas été renouvelé. Les nouvelles autorités n’ont accordé aucune licence dans le domaine de l’audiovisuel. Qu’il s’agisse de médias qui existaient déjà clandestinement du temps du régime de Zine el-Abidine Ben Ali, tels que Radio Kalima ou Radio 6, ou de médias qui ont déposé leur dossier au lendemain du 14 janvier.
« Nous savons qu’une transition de cette envergure ne se fait pas du jour au lendemain. Mais l’absence de liberté de la presse était l’une des principales caractéristiques de l’ancien régime, et il est urgent de rompre totalement avec ce triste héritage. Certes, le contenu des médias a changé avec le départ de Zine el-Abidine Ben Ali et cette évolution est encourageante. Il devient néanmoins urgent d’autoriser la création de nouveaux médias et de légaliser ceux qui, aujourd’hui encore, émettent sans licence. Il ne faudrait pas que des questions de procédures administratives empêchent l’aboutissement de l’une des plus importantes revendications de la révolution : la liberté d’expression », s’est inquiété Jean-François Julliard, secrétaire général de l’organisation.
Il est urgent que les nouvelles autorités tunisiennes prennent leurs responsabilités à l’égard des médias, notamment ceux qui émettent déjà. Il en va de l’avenir de la démocratie en Tunisie. L’Instance de réforme de l’information et de la communication, instaurée il y a trois mois, ne peut attendre l’élection de l’Assemblée constituante, le 23 octobre prochain, pour accorder ces fameuses licences. Il est important que la campagne électorale puisse être couverte par des médias qui révèlent la pluralité des opinions en Tunisie.
Pour protester contre cette impasse dans laquelle Radio Kalima se trouve et dénoncer le non respect des engagements pris publiquement par le Premier ministre, Omar Mestiri, directeur de la radio, a entamé, le 21 juin 2011, une grève de la faim, et ce jusqu’à l’obtention d’une licence pour son média.


TUNISIA – New authorities fail to issue broadcast media licences

Reporters Without Borders deplores the failure of Tunisia’s new authorities to issue any broadcast licences in the six months since President Zine el-Abidine Ben Ali’s ouster. They are supposed to be building a new, free and democratic Tunisia, but no democracy will be possible without truly independent media.
The Tunisian broadcast media landscape has not been renewed. No licences have been awarded, either to media that already operated clandestinely under President Ben Ali, such as Radio Kalima or Radio 6, or to proposed new media for which an application was filed after the old regime fell on 14 January.
“We know that a transition of this scale cannot happen overnight,” Reporters Without Borders secretary-general Jean-François Julliard said. “But the absence of media freedom was one the leading characteristics of the old regime and there is an urgent need for a complete break with this sad heritage.
“The content of the media changed after Ben Ali’s departure and this is an encouraging evolution. But the creation of new media and the legalization of those that are still broadcasting without a licence are now really urgent. Administrative and procedural issues must not prevent full realization of one of the revolution’s most important demands – freedom of expression.”
Tunisia’s new authorities must lose no more time in accepting their responsibilities to the media, including those that are already broadcasting. The future of Tunisian democracy is at stake. The Information and Communication Reform Authority that was set up three months ago cannot wait until after the constituent assembly election on 23 October to issue these licences. The election campaign must be covered by media that reflect the diversity of views in Tunisia.
The head of Radio Kalima, Omar Mestiri, began a hunger strike on 21 June in protest against the current impasse and the prime minister’s failure to keep promises he made publicly. Mestiri intends to continue his hunger strike until Radio Kalima gets a licence.


Tunisie: les islamistes d’Ennahdha se retirent de la commission des réformes politiques


 
Publié le 27-06-11 à 17:50
 
TUNIS (AP) — Le mouvement islamiste tunisien Ennahdha a annoncé lundi qu’il se retirait définitivement de la Haute instance chargée des réformes politiques et de la transition démocratique. Son président, Rached Ghannouchi, lui a notamment reproché de s’ériger en assemblée parlementaire, alors qu’elle ne dispose pas, selon lui, de légitimité issue des urnes.
 
Cette instance est l’une des trois commissions mises en place au lendemain de la chute du régime de l’ancien président Zine El Abidine Ben Ali, qui a fui le 14 janvier dernier en Arabie saoudite à la suite d’un soulèvement populaire. La principale tâche qui lui a été assignée est la préparation de l’élection d’une Assemblée constituante.
 
Les représentants d’Ennahdha avaient récemment suspendu leur participation à cette instance pour protester contre le report au 23 octobre prochain de l’élection de la Constituante, initialement prévu le 24 juillet. Ils l’avaient néanmoins réintégrée après des consultations avec le gouvernement et les autres partis politiques.
 
Sur le fond, Ennahdha reproche à la Haute instance de s’ériger en assemblée parlementaire, alors qu’elle ne dispose pas, selon lui, de légitimité issue des urnes. Anticipant ce départ, le président de l’instance, le juriste Yadh Ben Achour, avait assuré le week-end dernier à Tunis que le retrait du mouvement islamiste n’aurait aucun impact sur le travail de l’organe qu’il dirige. « Nous respectons son opinion, mais nous allons poursuivre la mission qui nous est dévolue », a-t-il déclaré.
 
Cheikh Ghannouchi a estimé que la Haute instance avait « dévié » de sa mission en tentant « d’imposer loin de tout consensus ni de consultation » un ordre du jour qui pourrait encore une fois mettre en cause la nouvelle échéance électorale du 23 octobre.
 
Outre la controverse sur le financement des partis, l’un des points de contentieux porte sur la question de la normalisation avec Israël. Le mouvement islamiste voulait que le refus de toute normalisation avec l’Etat hébreu soit inscrit dans le projet de pacte républicain en cours de discussion.
 
Dans un communiqué, Ennahdha a accusé lundi « une minorité dominante » ainsi que M. Ben Achour d’avoir « trahi l’esprit de consensus » sur lequel a été fondé cet organe. Toutefois, le mouvement islamiste laisse entendre qu’il peut réintégrer l’instance « au cas où celle-ci révisait son attitude pour faire prévaloir le principe du consensus ».
 
Le chef d’Ennahdha a par ailleurs exprimé ses « regrets » à la suite de la manifestation violente survenue dimanche à Tunis lors de la projection d’un film sur la laïcité intitulé « Ni Allah ni maître ». « Nous refusons toute forme de violence et respectons la liberté de culte », a martelé Rached Ghannouchi, tout en dénonçant les « provocations » dont ferait l’objet son mouvement.
 
« Certains tirent des sonnettes d’alarme en présentant Ennahdha comme un ogre qui menace les droits de la femme et le tourisme », s’est-il insurgé. Il y a perçu « un harcèlement qui conduirait à l’exclusion du mouvement, voire à de nouveaux procès à l’instar de ceux montés par le régime de Ben Ali contre les islamistes ». AP


 

Tunisie/Haute instance des réformes politique : Ennahdha accuse


 
Les membres du bureau politique du mouvement islamiste Ennahdha ont donné ce matin une conférence de presse, où Rached Ghannouchi, président du mouvement, a annoncé le retrait définitif de son parti de la Haute instance pour la réalisation des objectifs de la révolution, la réforme politique et la transition démocratique.
 
Le président d’Ennahdha a invoqué les agissements de la Haute instance qui ne répondent plus, selon lui, à la règle de consensus qui a été instaurée dès le début. «Nous avons beaucoup concédé par notre appartenance à la Haute instance, nous avons fait des sacrifices, même s’il on sait que sa composition n’était pas équilibrée et que certaines personnalités, dites nationales, n’ont pas lieu d’y être. Mais nous ne pouvons pas rester davantage et cautionner que l’on ne réponde plus aux attentes du peuple. A savoir des élections démocratiques claires et transparentes à la date du 23 octobre. Nous nous somme retirés une première fois quand la date a été reportée sans notre accord, maintenant nous ressentons comme si la date du 23 octobre ne sera pas respectée, parce que la Haute instance ne planche pas sur la préparation des élections. Elle s’occupe plutôt de sujets où elle n’a aucun droit de regard parce qu’elle n’est pas élue par le peuple », dit Rached Ghannouchi. Il explique ce sentiment par la tentative de la Haute instance des réformes politiques de légiférer au sujet de la presse, les associations et les partis politiques.
 
Noureddine Bhiri, dit quant à lui que les discussions au sujet de ce genre de lois peuvent prendre des mois, et que le plus urgent est de faire avec ce qui existe déjà. « Plus d’un million de tunisiens vivant à l’étranger ne savent pas comment voter. La Haute instance ne s’en n’est pas occupée. Est-il possible que la liste des exclus de l’ancien régime ne soit pas encore établie, alors que nous savons que les élections ne peuvent pas avoir lieu sans arrêt définitif de cette liste ! », S’interroge-t-il.
 
Pour sa part la rue y est allée de sa propre explication au sujet de ce retrait. Certains voient dans ce retrait une volonté d’échapper à l’examen des sources de financement Ennahdha, ou à la signature du pacte républicain. Samir Dilou, membre du bureau politique déplore que l’on accuse Ennahdha d’avoir recours à des financements illégaux : « Que celui qui a des preuves les présente. Si l’on dit qu’Ennahdha a des ressources illégale, c’est l’Etat que l’on doit accuser, parce qu’il devrait être au courant et qu’il ne dit rien. Sinon depuis le début, Ennahdha est victime d’une campagne de diffamation et de discréditation, soit par d’autres partis ou par les médias, mais nous n’avons pas bronché. Si l’on ne porte pas plainte, c’est parce qu’il y a plus important à nos yeux. A savoir l’intérêt national et les prochaines élections ». Concernant le pacte républicain, Samir Dilou a expliqué que le parti n’est pas contre l’idée de ce pacte, mais qu’il conteste certains points anti-démocratiques et réaffirme l’attachement d’Ennahdha à l’identité arabo-musulmane de la Tunisie.
 
Interrogé sur l’avenir compromis du consensus si son parti campe sur sa décision de rester en dehors de la Haute instance des réformes politiques, Rached Ghannouchi répond « quel consensus ? Il n’y a pas consensus, puisque le président de la haute instance annonce des décisions parachutées, sans que toutes les parties ne soient impliquées dans la prise de décision». Après la sortie d’Ennahdha de la Haute instance des réformes politiques, ses dirigeants disent qu’elle continuera de lutter de l’extérieur, contre les forces anti-démocratiques, « une lutte politique pacifiste », dit son président.
 
Au sujet de l’attaque survenue hier sur le cinéma Africart pour empêcher la projection d’un film considéré l’œuvre de mécréants par les assaillants, le président du parti Islamiste dit être contre tout acte de violence quelqu’en soit la raison : « mais d’une autre part il ne faut pas provoquer les gens dans leur croyance et se moquer de leur foi ou de leur appartenance ».
 
On dit que votre politique a changé, que vous êtrs devenus plus contestataires, comment expliquez-vous cela? : « La politique d’Ennahdha n’a pas changé, mais ce sont les autres qui n’acceptent pas que le mouvement existe dans le paysage politique tunisien et qu’il puisse avoir du poids. Nous sommes toujours persécutés. Nos jeunes arrêtés et des politiciens parlent même de nous retirer notre visa et de nous traduire en justice », termine Rached Ghannouchi.
Source: « Global Net » Le 27-06-2011
Lien: http://www.gnet.tn/temps-fort/tunisie/haute-instance-des-reformes-politique-ennahdha-accuse/id-menu-325.html


ATS, le 26 juin 2011

Des islamistes opposés à la projection d’un film sur la laïcité


Tunis (ats) Une cinquantaine d’islamistes ont tenté dimanche d’empêcher par la force la projection à Tunis d’un film de la cinéaste tunisienne Nadia El Fani. Intitulé « Ni Allah, ni maître », il parle de la place de la laïcité en Tunisie.
Les manifestants ont scandé des slogans proclamant: « la Tunisie est un Etat islamique » ou « le peuple veut criminaliser la laïcité ».
Ils ont ensuite brisé les portes en verre de la salle de ce cinéma située en plein centre de Tunis.
Le directeur de la salle Habib Belhedi a dit avoir été agressé « par deux barbus » qui l’ont saisi et lui ont aspergé le visage du contenu d’une bombe lacrymogène. La police est intervenue pour disperser les manifestants et a interpellé trois ou quatre d’entre eux.
La projection du film s’inscrivait dans le cadre d’une manifestation organisée par le collectif « Lam Echaml » (réunion de tous en arabe). Celle-ci visait à dénoncer les agressions verbales et physiques subies par des artistes tunisiens.


Les islamistes d’Ennahda se retirent de la commission des réformes


Le président du mouvement islamiste tunisien Ennahda (Renaissance), Rached Ghannouchi, a annoncé lundi le retrait de son parti de la commission chargée de piloter les réformes après la chute du régime Ben Ali.
« Le mouvement Ennhada se trouve dans l’obligation de se retirer définitivement de la commission », que certains veulent utiliser pour « promouvoir leurs propres objectifs », a déclaré M. Ghannouchi, lors d’une conférence de presse.
La Haute instance pour la réalisation des objectifs de la révolution, la réforme politique et la transition démocratique, présidée par Yadh Ben Achour, a été créée fin février pour dessiner les contours des futures institutions de la Tunisie d’après la révolution qui a chassé du pouvoir l’ex-président Zine el Abidine Ben Ali, le 14 janvier dernier.
La commission « croit avoir une légitimité populaire, alors qu’elle n’en a pas », a dit M. Ghannouchi.
« Qui êtes-vous pour vouloir fixer des lois essentielles pour le peuple? », a encore lancé le leader islamiste en accusant la commission de se prendre pour « un parlement ».
M. Ghannouchi a fait porter sur la commission Ben Achour la « responsabilité de la sortie » de sa formation. Mais il n’a pas complètement écarté l’éventualité d’un retour, en cas de changement d’attitude de la commission.
C’est un « retrait définitif si la haute commission continue d’ignorer le principe du consensus. S’il y a retour à la raison du consensus, nous pourrons étudier notre retour », a-t-il dit.
Le mouvement islamiste avait déjà claqué la porte une première fois, finmai, suite à une polémique sur le report des élections, initialement prévues le 24 juillet.
M. Ennahda avait suspendu la semaine dernière sa participation aux travaux de la commission en invoquant une série de griefs.
Le contentieux porte aussi sur le financement des partis. Les règles que la commission veut établir sont contestées par les grandes formations qui disposent déjà de ressources conséquentes et ne veulent pas voir leur marge de manœuvre réduite, notent des commentateurs.
Un désaccord existe également sur l’inclusion ou non d’une mention interdisant toute normalisation des relations avec Israël, dans le « Pacte républicain », texte qui doit servir de socle pour la nouvelle constitution tunisienne.
De son côté, le fondateur du Parti démocratique progressiste (PDP), Ahmed Néjib Chebbi, qui se veut une alternative aux islamistes, s’est lui aussi montré critique vis-à-vis de la commission, la jugeant « peu représentative », car ses membres ne sont pas élus.
« Plus tôt elle partira, mieux ça sera pour le pays », avait-il déclaré dans une interview à l’AFP.
(Source : www.lemonde.fr , le 27 juin 2011)


Tunisie: entre 14.000 et 18.000 personnes seront exclues de l’élection


De 14.000 à 18.000 anciens responsables du parti unique de l’ex-président tunisien Zine el Abidine Ben Ali et personnes ayant appelé à sa réélection en 2014 seront exclus des listes électorales et déclarés inéligibles, a indiqué l’agence officielle TAP.
Les dispositions adoptées pour l’élection d’une assemblée constituante qui aura lieu le 23 octobre prévoient d’en écarter les personnes ayant assumé une responsabilité dans le gouvernement de M. Ben Ali ou son parti, le tout puissant Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), aujourd’hui dissous.
Les personnes qui avaient appelé l’an dernier le président déchu à se présenter pour un nouveau mandat en 2014 seront aussi inéligibles.
La commission chargée de préparer l’élection est en train d’établir une liste précise de ces personnes, a rapporté la TAP.
Quant à la mesure d’exclusion des anciens responsables du RCD, elle devrait toucher les membres du bureau politique, du comité central, des comités de coordination, des présidents de cellules et de fédérations ainsi que des fonctionnaires administratifs du parti qui ont joué un rôle majeur de mobilisation du parti, a précisé cette source.
Le nombre de responsables du RCD dissous concernés par la mesure d’exclusion ajouté à celui des personnes ayant appelé M. Ben Ali à briguer un nouveau mandat devrait se situer entre 14.000 et 18.000, a indiqué la TAP.
La tâche d’organiser les élections à l’assemblée qui sera chargée d’élaborer une nouvelle constitution constitue un défi logistique, ce qui a contribué à amener les autorités à en repousser la date du 24 juillet au 23 octobre.
Sur plus de 10 millions de Tunisiens, au moins 500.000 citoyens en âge de voter seraient dépourvus de carte d’identité.
(Source: www.lemonde.fr, le 27 juin 2011)


Retour vers le futur


A six mois de la fin virtuelle du régime de Ben Ali, on est en droit de penser que réellement ce régime existe encore. Avec une haute instance de blablabla etc…. auto-nominée, auto-légalisée et à ce qu’il parait auto-pérennisée, une instance composée dans une large mesure par des personnes dans l’histoire révolutionnaire et les velléités combattantes sont aussi connues, reconnues et véridiques que la quadrature du cercle. Avec les parasites de toutes sortes des anciens régimes qui continuent à vaguer à leurs basses besognes comme si de rien n’était. Sommes-nous condamnés en tant qu’habitants de ce pays à être toujours représenté malgré nous par des personnages dont l’empathie n’a d’égale que le néant de leurs idées rétrogrades, ségrégationnistes et débiles. Personne n’est en droit de croire qu’il possède ni le peuple ni le pays, et prétextant d’un savoir trans-temporel pour choisir ce qui convient le plus pour ce pays. Ces comploteurs visent et en premier lieu leurs intérêts strictement personnels et pour certains, ceux de leurs maîtres à penser d’outre mer et d’outre tombe.
 
Rien de plus dangereux pour l’avenir d’un pays qu’un ramassis d’affiliés, bien pensants et bien notés par leurs éternels colons-mentors. Ce ne sont ni les pro-penseurs de la francophonie, ni les prés-économistes de la mondialisation qui pourrons garantir les bases d’un pays libre et indépendant. Ni la France, ni les Etats-Unis n’ont fait de révolution, ce sont toujours les mêmes pensées et les mêmes méthodes qui ont contribuées à nous ensevelir depuis plus d’un demi siècle. Je trouve ainsi fort bizarre que c’est pseudo « progressistes », « libéraux » et « laïques » soient béats devant leurs seigneurs et démarrent au quart de tours dés qu’une idée, avis ou autre pensée est émise par leurs concitoyens. Est-ce l’aveuglement de l’amour, la conviction culturo-monétaire ou bien cette servilité qui bâtie les despotes qu’on dit éclairés.
 
Grâce à ce type de « penseurs », l’histoire récente de notre pays a été des plus sombres. Ceux qui se mettent à comparer l’ère de Ben Ali et celle Bourguibienne en essayant de nous faire avaler qu’on aura toujours le choix entre le pire et le moins pire, sont ceux là même qui ont de tout temps justifié par une contribution directe ou un silence suspect toutes les exactions commises contre ce peuple, car se croyant appartenir à une race supérieure comme les bon ariens ou le peuple qui se croit élu. La question est simple, a-t-on le droit d’être libre dans notre pays, ou sommes nous condamnés à subir ad aeternam le dictat d’une minorité de soit disant intellectuels esclaves ad hoc estampillés made in out land.
 
Kiri john


Tunisie : Ben Ali, un procès pour l’Histoire


 
 
Pas moins de 93 chefs d’accusation ont été retenus contre l’ex-couple présidentiel et les ténors du clan familial. Mais seuls leurs complices sont sur le banc des accusés.
 
Le 20 juin, date de l’ouverture du procès tant attendu du président déchu, Zine el-Abidine Ben Ali, de sa famille et de ses proches collaborateurs, devait être une date historique pour nombre de Tunisiens. Mais depuis sa fuite, le 14 janvier, sous la pression de la révolte populaire, l’ex-couple présidentiel se trouve en Arabie saoudite, qui, non contente de lui avoir offert refuge et protection, a ignoré jusque-là la demande d’extradition tunisienne. Contrairement à l’ex-président égyptien Hosni Moubarak, qui a préféré rester dans son pays quitte à être jugé, Ben Ali a choisi de s’octroyer l’impunité par l’expatriation plutôt que d’affronter la justice. Le procès, ouvert le 20 juin devant la cour criminelle du tribunal de première instance de Tunis, est donc faussé en raison de l’absence dans la salle d’audience des principaux accusés : Ben Ali, son épouse Leïla Trabelsi, ainsi que les ténors du clan familial, Belhassen Trabelsi et Sakhr el-Materi.
 
Pas moins de 93 chefs d’accusation ont été retenus contre eux. Selon le porte-parole du ministère de la Justice, les prévenus encourent, aux termes de la loi, des peines allant de cinq ans à vingt ans de prison, voire la peine capitale dans les affaires de meurtre. Les tribunaux civils doivent examiner 58 dossiers, à commencer par celui relatif aux saisies opérées, à l’occasion de plusieurs « inspections », dans les palais présidentiels de Sidi Dhrif, qui est « privatif », et de Carthage, siège officiel de la présidence, tous deux dans la banlieue nord de Tunis.
 
Source: »Jeune Afrique » Le 27-06-2011


 

Tunisie : Néjiba Hamrouni, « madame Liberté de la presse »


 
Cette quadra qui n’a jamais transigé avec ses convictions a été élue, le 13 juin, présidente du Syndicat national des journalistes tunisiens.
 
Elle a le regard franc de ceux qui portent des projets, alors que ses traits reflètent encore les épreuves endurées durant les deux dernières années. Néjiba Hamrouni est la première femme à être désignée par ses pairs à la présidence du Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT). Cette fille du Sud hérite de la lourde tâche de veiller au respect de la liberté de la presse dans un environnement qui en fait l’apprentissage et négocie une délicate période de transition. Après huit ans passés au quotidien de langue arabe Assabah, Néjiba aurait pu se contenter de son poste de rédactrice en chef de la revue Cawtaryat, publiée par le Centre arabe d’étude et de formation de la femme (Cawtar), mais cette quadragénaire va toujours au bout de ses convictions.
 
Simple adhérente de l’Association des journalistes tunisiens (AJT), elle devient, en 2008, membre chargé des libertés de la presse, puis trésorière du tout premier Syndicat national des journalistes, qui n’a pas attendu le 14 janvier 2011 pour réclamer et défendre la liberté d’expression. En rendant public, en 2009, un rapport dénonçant les problèmes de la profession, le syndicat s’attire les foudres de l’ancien régime. Surveillée, maltraitée, Néjiba Hamrouni ne cesse, envers et contre tous, de dénoncer le musellement de la presse, déclarant à des médias étrangers qu’« on ne peut pas écrire ni publier librement. Des journaux sont régulièrement interdits de parution, des sites internet sont bloqués, des journalistes sont harcelés, empêchés de travailler, mis sur écoute, arrêtés, traduits en justice, parfois malmenés physiquement ».
 
Dossiers chauds. Représentant le syndicat au sein de la Haute Instance pour la réalisation des objectifs de la révolution, Néjiba planchera sur les conditions de travail des journalistes, les salaires, la formation, le respect des conventions collectives, l’indépendance des comités de rédaction, ainsi que sur les négociations avec le tout nouveau ­syndicat des patrons de presse. Quatre dossiers requerront toute son attention : les finances du SNJT ; les droits syndicaux ; la rupture des médias nationaux avec les pratiques de l’ancien régime ; le respect de la liberté de la presse
 
Source: « Jeune Afrique » Le 27-06-2011
Lien: http://www.jeuneafrique.com/Article/ARTJAJA2632p021.xml0/media-president-corruption-electiontunisie-nejiba-hamrouni-madame-liberte-de-la-presse.html


L’économie tunisienne sur la voie du redémarrage


 
La BEI et la Banque mondiale viennent de débloquer certains des prêts promis à la Tunisie. Les investisseurs – américains notamment -s’intéressent de près au pays, faisant renaître les espoirs d’un redémarrage de l’économie.
 
Les premiers signaux prometteurs arrivent. Après les annonces du sommet des dirigeants du G8 de Deauville, fin mai, la Banque européenne d’investissement (BEI) a, vendredi, débloqué un prêt de 163 millions d’euros en faveur du développement économique, de l’emploi et de la rénovation du réseau routier dans le pays. Pour le vice-président de la BEI Philippe de Fontaine Vive, il faut « accélérer la reprise de confiance dans l’économie tunisienne ». « On est ici dans une atmosphère sûre et cette réalité n’est pas perçue actuellement par les Européens et les investisseurs potentiels, a-t-il regretté, vendredi, à Tunis. Il est important que les acteurs économiques soient prêts à concrétiser leurs projets d’investissement dès le lendemain de l’élection » de l’assemblée constituante, prévue le 23 octobre. La BEI entend contribuer au désenclavement des régions favorisées de Tunisie et soutenir l’activité des entreprises de travaux publics, porteuses selon elle de milliers d’emplois potentiels dans le pays.
Le soutien à l’emploi est aussi l’une des priorités affichées par la Banque mondiale qui, conformément à ses engagements au sommet de Deauville, a approuvé le 21 juin un prêt de 500 millions de dollars (353,15 millions d’euros). « Ce prêt nous aidera à répondre [aux] attentes [du peuple tunisien] et à prévenir une réapparition de certaines des tares les plus visibles de l’ancien régime […] », s’est félicité le Premier ministre tunisien Béji Caïd Essebsi en affirmant l’importance d’ « actions immédiates pour soulager les chômeurs, les plus démunis et les plus vulnérables de leur détresse ». Dans ce pays où le taux de chômage officiel est de plus de 14 % – et de 20 % chez les jeunes diplômés -, l’emploi reste l’un des défis majeurs de l’après-révolution. D’autant que la croissance économique pour l’année 2011 ne dépassera pas 1 %, a prévenu le ministre des Finances Jaloul Ayed.
D’autres aides viendront ultérieurement de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD), la Tunisie a demandé officiellement l’aide de l’institution, vendredi.
Au-delà des aides et des prêts promis ou déjà versés, la Tunisie intéresse de nouveau les investisseurs. Les sénateurs américains John McCain et John Kerry étaient à l’initiative, en fin de semaine dernière, de la visite d’une délégation de chefs d’entreprise américains qui devait ensuite se rendre en Egypte. Parmi eux : le patron de General Electric Jeffrey Immelt ainsi que des responsables de Boeing, de Coca-Cola, d’ExxonMobil, de l’hôtelier de luxe Marriott International ou encore du chimiste Dow Chemical.
L’économiste tunisien et membre du Cercle des économistes arabes Hakim ben Hammouda voit dans tout cela les « signes d’un redémarrage de l’économie tunisienne » qu’il explique par « la levée d’un certain nombre de motifs d’incertitude ». « Il y a de moins en moins de grèves et les mouvements sociaux n’ont plus rien à voir avec l’ampleur de février-mars, affirme-t-il. Ensuite, le calendrier politique fait désormais l’objet d’un consensus [l’élection de l’Assemblée constituante a été fixée au 23 octobre, NDLR]. Enfin, les sondages sont un autre motif d’apaisement car une grande majorité centriste, favorable à l’ouverture économique du pays, se dégage. »
Lors de l’ouverture de la Foire de Sfax, la semaine dernière, le Premier ministre Béji Caïd Essebsi a néanmoins de nouveau mis en garde contre les sit-in et les grèves qui continuent selon lui d’entraver l’économie nationale et contribuent à la diminution de la croissance.
Source: « Les Echos » Le 27-06-2011


 

Tunisie. Mourou parle de ses relations avec Ennahdha


Le barreau, la religion, l’art, la culture et la famille laissent encore du temps à Abdelfattah Mourou de faire aussi de la politique. Avec l’âge, le militant s’est assagi. Ennahdha, est-ce déjà du passé? Oui et non… Par Zohra Abid
 
Ceux qui côtoyé Abdelfattah Mourou dans les années 1960-1970 et 1980 au lycée, sur les bancs de la fac ou pendant ses premières gloires politiques, se souviennent d’un autre personnage. Aujourd’hui, ils constatent que l’homme a mûri. Il a fait son autocritique et regarde le monde autrement.
Raconte-moi Ennahdha!
«Le Mouvement de tendance islamique (Mti), devenu par la suite Ennahdha, c’est moi qui l’ai fondé. Rached Ghannouchi a rejoint le groupe plus tard. Au début, notre esprit était intimement lié à celui des frères musulmans d’Egypte. Nous nous sommes détachés peu-à-peu et nous avons fini par tracer notre propre voie. Nous avions une autre vision en politique», dit M. Mourou, comme s’il a des choses à reprocher à ses premiers engagements. «Au début, on croyait à une idéologie. C’était la jeunesse, c’était comme ça», ajoute-t-il.
A cette époque, les islamistes étaient suivis et caftés sous Bourguiba. Le moindre agissement leur coûtait cher. «J’ai senti le grand danger. J’ai quitté le pays, contraint», raconte l’avocat. Destination: l’Arabie saoudite où il a dû travailler, pendant deux ans, en tant que conseiller juridique dans la Ligue du monde musulman. «C’était les années sombres, de fin de règne de Bourguiba. On ne pouvait pas respirer. Zine El Abidine Ben Ali s’est emparé du pouvoir fin 1987. Jusqu’en 1988, ça allait comme-ci, comme ça. Le ciel nous est tombé sur la tête en 1991. Il nous a posé un piège», se souvient le militant. Il ajoute: «De 1991 à 2011, il a expédié en prison 30.000 militants d’Ennahdha. Plus de 25 personnes mortes sous la torture».
En se rappelant de ces tristes réalités, les yeux de Mourou ont rougi, devenus plus vifs. Impossible de l’arrêter de parler. Ennahdha a été quand même impliqué dans plusieurs actes terroristes, n’est-ce pas? Réponse de l’islamiste: «Oui. Il y a eu l’affaire Bab Souika: on a accusé Ennahdha d’avoir incendié la cellule locale du Rcd, il y a eu un mort. C’est monstrueux. Mon Dieu, c’est horrible. J’ai demandé tout de suite au mouvement, notamment Ali Lâaridh et Hamadi Jebali, un éclaircissement. On ne m’a pas répondu. Je me suis retiré définitivement du parti. J’étais le leader et j’ignorais tout! Pas possible».
Erreur n’est pas compte
Malgré ce passé agité, Me Mourou cherche des circonstances atténuantes à ses camardes. «Les prisonniers d’Ennahdha ont commencé à être libérés entre 2000 et 2001. Mais ils étaient poursuivis partout. Avec une ambiance pareille d’étouffement, le mouvement ne peut pas mener une enquête. Comment peut-il encadrer et contrôler des gens quand on est dans la clandestinité. N’empêche, n’importe quel parti doit faire son autocritique pour voir mieux, pour avancer. S’il a fauté, il le dit, il explique aux gens les raisons, c’est un minimum… Rien de cela n’est arrivé», déplore Mourou, visiblement ulcéré par l’inconséquence de ses anciens camarades de combat. Il leur a demandé des explications.
«En prison, ils ont torturé nos hommes, ils en ont aussi tué», lui ont-ils répondu. «Je sais que c’est la base qui a agi seule et fauté. Je sais que les chefs n’auraient jamais laissé faire des actes pareils. Ce n’était pas la ligne d’Ennahdha. N’empêche, il faut demander pardon au peuple, dire que c’était des jeunes qui ont réagi seuls et condamner clairement la violence. De toutes les façons, que l’on ait été torturés ou pas, on n’a pas le droit se venger de la sorte. Ce n’est pas une raison et nul n’a le droit de tuer», ajoute Mourou, le ton amer.
Dans le tableau sombre d’Ennahdha, il n’y avait pas seulement l’affaire de Bab Souika, celle du Kram a marqué aussi la mémoire. «De quel droit arroser le visage d’un homme au vitriol? Il est vrai que l’imam Brahim Ouerghi n’a pas cessé d’insulter les islamistes. Mazgarichou a commis cet acte criminel, odieux. C’était un acte isolé», dit Mourou.
Les islamistes d’Ennahdha n’étaient pas à leur dernier acte criminel, il y a eu aussi, à l’époque, l’affaire de Monastir? Réponse de l’avocat: «C’était Boudagga et deux autres qui ont jeté, en 1985, une bombe de fabrication locale dans un hôtel à Monastir. Une Anglaise a perdu la jambe. Ils ont été condamnés à mort et exécutés, c’était à l’ère de Bourguiba».
L’avocat des « diables », mais jamais des activistes violents
Mourou trouve toujours les mots qu’il faut, des circonstances atténuantes pour expliquer les actes de ses anciens camarades à défaut de pouvoir les justifier. «Ces actes désespérés s’expliquent par le poids de la répression et de la clandestinité. Le mouvement ne pouvait pas tout contrôler, alors qu’il ne sort jamais au jour. Le bureau ignorait ce que projetait de faire la base. Puis, à l’époque, c’était de l’idéologie pure et dure. Ça veut dire de l’obstination, de la folie. Quand on est jeune, on est plus enclin à perdre le nord sous l’effet d’une idéologie».
Allez-vous fonder un parti? «A un certain moment, j’y ai pensé», avoue M. Mourou. Il s’empresse cependant d’ajouter : «A voir le nombre de partis, je suis revenu sur ma décision». Va-t-il donc revenir dans le giron de sa famille naturelle, Ennahdha? «Non !», répond l’avocat. Nous insistons en lui faisant remarquer qu’il continue de défendre ce parti bec et ongle! «Je veux être tout simplement indépendant. Je tiens à mon indépendance. N’importe qui m’invite, je réponds à l’appel, mais je ne représente personne. Je parle en mon nom, librement et indépendamment de toute considération», répond-t-il. Plus qu’une simple prudence, on sent chez lui comme un besoin de sérénité, et de solidarité avec tous les Tunisiens.
Cela dit, M. Mourou avoue garder un faible pour le parti qu’il a créé. «Ennahdha est contesté par d’autres partis. Il y aura dans la constituante au moins 80% de voix contre ce parti et toutes les lois le prendront pour cible», anticipe-t-il. Ici, l’homme fait allusion au boycottage d’Ennahdha au sein de la Haute instance pour la réalisation des objectifs de la révolution. Selon lui, il y aura certes des partis qui vont faire alliance avec Ennahdha, mais ils sont encore petits pour espérer faire le poids. «Tout ceci n’est pas bon. Ça encourage les gens à être hors-la-loi. D’ailleurs Hizb Ettahrir va sauter sur l’occasion pour dire : ‘‘Voilà la démocratie que vous cherchiez, elle ne vaut rien’’. Ces extrémistes barbus vont trouver la faille pour s’acharner sur la liberté des personnes», ajoute-t-il.
Pas touche au statut de la femme!
Vous avez une idée sur le financement d’Ennahdha? «Oui, chaque personne participe avec 5% de son revenu, c’est ce qu’on m’a dit», répond M. Mourou. Il nie cependant fermement le financement étranger, ni du Qatar ni d’ailleurs! «Jamais! Les gens sympathisent avec Ennahdha. Car, c’est un mouvement qui a trop souffert. Il était contesté sans preuves. Il faut qu’on soit équilibré dans les institutions sinon ça va aider les gens à devenir des idéologues», prévient celui que l’on affuble parfois du titre religieux de cheikh par allusion à ses qualités de prédicateurs et d’imam. Selon lui, l’idéologie pousse à l’extrémisme. Et pour éviter cette dérive, il faut donner l’occasion à tout le monde de participer au développement de la société civile. «Il faut les mettre devant le fait accompli, dit-il. Je vous donne un exemple, si vous donnez demain une responsabilité à l’un de ces idéologues, dans une mairie quelconque, il va être confronté à la réalité et va vite changer. Il composera, certes, avec la société. Il n’a pas le choix et il remettra les pieds sur terre».
A combien estimez-vous les sympathisants d’Ennahdha? La question est directe. La réponse également: «40% de la population voteront pour ce parti». Hésite-il encore à s’engager avec cette force politique montante? Nullement, car, explique-t-il, il n’est pas avec Ennahdha. «Pour être clair, je ne me suis pas engagé, ni avec Ennahdha ni avec un autre parti. Je veux rester indépendant», précise-t-il. Et de poursuivre: «Je n’ai pas à imposer un nouveau style de vie aux Tunisiens. On ne peut pas changer une société islamique développée. C’est comme ça la Tunisie. Je veux la dignité sociale et économique pour mon pays et j’appelle à la liberté des gens».
Selon l’ancien juge, le rôle d’un parti, ce n’est pas d’imposer un mode de vie ou les valeurs d’une religion, ce travail est l’affaire des institutions, des écoles, des éducateurs. «Un gouvernement, c’est pour gouverner et respecter les libertés. Nous n’avons aucun droit sur la femme pour qu’elle mette le voile ou ne pas le mettre. Il ne faut jamais toucher à son statut. Moi, enfant de Halfaouine et avocat, ça ne me dérange pas, non plus, de parler à un alcoolique, un bandit ou de m’occuper de l’affaire d’une prostituée ou d’un drogué. C’est le peuple et chacun est libre de sa vie», affirme l’avocat dans ce qui s’apparente à des confessions d’un islamiste… libéral.
Nous demandons à M. Mourou ce qu’il pense de certaines personnalités de la scène politique tunisienne. Ses réponses n’en sont pas moins directes. «Moncef Marzouki est bon. Et même très bon. Je le respecte. Pourvu que le peuple l’adopte». Et Mustapha Ben Jaâfar? «Oh, c’est un militant et il est intègre. Je le respecte beaucoup lui aussi. Il met de l’avant les intérêts de son pays».
M. Mourou pense que la Tunisie pourrait s’en sortir, mais il ajoute un bémol: «Sans l’indépendance de la magistrature et la liberté de la presse, le pays n’avancera jamais. Ce sont les deux indicateurs de la liberté, de la transparence, de l’équité, de la démocratie et du développement. Ces deux institutions n’ont pas à être soumises à l’Etat. Pour qu’ils soient mieux protégés contre la tentation de la corruption, les juges doivent être mieux payés, les journalistes aussi.
Source: « Kapitalis » Le 27-06-2011
Lien: http://www.kapitalis.com/fokus/62-national/4564-tunisie-mourou-parle-de-ses-relations-avec-ennahdha.html


Tunisie. La duplicité du parti Ennahdha en question


La conférence organisée à Tunis les 24 et 25 juin, par le Csid sur «les moyens de renforcer la liberté et la démocratie en Tunisie», a souligné l’écart entre le discours des dirigeants du mouvement Ennahdha et les agissements de ses militants de base.
Notre confrère Slaheddine Jourchi, président du Forum El Jahedh, a déclaré que le mouvement islamiste tunisien Ennahdha doit être conscient de l’existence d’une crainte véritable à l’égard du mouvement. Il s’est aussi interrogé concernant l’aptitude du mouvement à remédier à la dualité de son discours politique et à adopter un discours unifié et cohérent.
L’universitaire Amel Grami a aussi mis en garde contre l’écart qui existe entre le discours prôné par la direction d’Ennahdha et les agissements de certaines parties, y compris parmi les militants du parti, a-t-elle souligné, citant les attaques perpétrées contre des écoles mixtes ou encore le renvoi des imams des tribunes des mosquées.
Le discours d’Ennahdha compte parmi les discours les plus avant-gardistes des mouvements islamistes dans le monde arabe a estimé, pour sa part, l’universitaire américain Marc Linsh. Il a toutefois précisé que «l’écart entre le discours des dirigeants du mouvement et les agissements des militants de base représente, aujourd’hui, un véritable défi, dans la mesure où il a eu pour conséquent, a-t-il précisé, de ralentir la décision de la direction américaine à adopter une position claire et franche en faveur du mouvement Ennahdha».
En réponse à ces craintes exprimées à l’égard d’Ennahdha, le leader du mouvement Rached Ghannouchi a affirmé qu’elles sont «infondées». «Notre parti a signé, en 1988, le pacte national, une plate-forme qui stipule le respect des droits humains et le code du statut personnel», a-t-il rappelé. Et d’ajouter: «Il n’y a plus parmi les membres de notre mouvement ceux qui croient que la violence est le moyen pour accéder au pouvoir».
Source: « Kapitalis » Le 2706-2011
 
 

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