Home – Accueil – الرئيسية
TUNISNEWS
6 ème année, N° 2076 du 27.01.2006
Comité International pour la Libération de Mohamed Abbou: Plaidoyer pour Mohamed Abbou Déclaration de membres fondateurs du Syndicat des Journalistes Tunisiens O. F: Commentaire sur l´article de Abdelaziz Barrouhi « Mehdi Mlika, le « grand jardinier de Tunisie » AFP: Pour la presse arabe, la victoire du Hamas est un “séisme politique” AFP: La presse européenne sous le choc s’interroge sur les chances de paix AFP: La presse américaine met le Hamas au défi de la paix Reuters: Le Hamas contraint par son succès à se métamorphoser inopinément? AFP: La presse palestinienne parle d’un “séisme politique” IEMED: Le Maghreb et la société de l’information IEMED: Statut de la femme tunisienne : conscience de citoyenne et responsabilité d’Etat La Presse : Femme tunisienne : les jalons d’un partenariat actif Réalités: L’Islam et le débat intellectuel
|
Exclusif
Correspondance de Tunis
Nous apprenons du Palais de Carthage même que la visite de Monsieur Roger Bismuth, membre de la chambre des conseillers, au chevet d’Ariel Sharon a été décidée et entreprise avec l’aval de Ben Ali qui l’a chargé de transmettre à Ariel Sharon, à sa famille et aux membres de son gouvernement, ses « sincères vœux de prompt rétablissement » Cette information est absolument vraie.
Comité International pour la Libération de Mohamed Abbou
Plaidoyer pour Mohamed Abbou
Très soulagé dès qu’il a su que sa cause sera entendue au mémorial de Caen à l’occasion du 17ème Concours International de Plaidoiries des Avocats pour les Droits de l’Homme, l’avocat Mohamed Abbou a exprimé, depuis sa cellule à la prison du Kef où il croupit injustement depuis près de onze mois maintenant, sa gratitude au jeune avocat français Eric Rocheblave dont le plaidoyer « Mohamed ABBOU : la censure jusqu’au bout des lèvres » a été retenu parmi les plaidoiries sélectionnées.
Sa femme qui lui a rendu visite aujourd’hui, devrait appuyer le plaidoyer de Me Rocheblave par un témoignage chargé d’émotion. Elle souhaite que cette nouvelle étape dans l’épisode tragique de son mari et de toute sa famille permettrait d’espérer une issue heureuse à une tragédie qui n’a que trop duré.
A l’occasion de ce grand évènement international, le Comité International pour la Libération de Mohamed Abbou (CILMA) organise une caravane de soutien au départ de Paris. Il appelle tous ceux qui se sont mobilisés en faveur de cet avocat de la liberté à venir nombreux défendre sa cause et par delà la cause de la liberté en Tunisie.
Le CILMA rappelle à ceux qui ne pourront pas se déplacer qu’une diffusion directe du plaidoyer sera assurée par le site du Concours à l’adresse suivante : http://www.memorial-caen.fr/portail/concours/index.asp
Soyons toujours nombreux et déterminés à militer pour la libération de Mohamed Abbou.
Paris, le 27 janvier 2006
Imad Daïmi, Chokri Hamrouni, Vincent Geisser Comité International pour la Libération de Mohamed Abbou
Syndicat des Journalistes Tunisiens (SJT)
Siège provisoire : Etude de Me Chawki Tabib
11, Avenue Habib Thameur
Tunis
Fax : 71 336 539
Déclaration de membres fondateurs
Notre jeune syndicat, le Syndicat des Journalistes Tunisiens (SJT), traverse actuellement une situation de crise qui menace son existence et dont l’issue risque de lui être fatale, si les membres fondateurs de ce syndicat n’agissent pas avec la lucidité et la perspicacité requises, pour faire face à cette situation.
Malgré son jeune âge, le Syndicat des Journalistes Tunisiens a connu beaucoup de difficultés et d’embûches en raison de l’acharnement des autorités tunisiennes à empêcher cette structure de tenir son congrès constitutif, le 7 septembre 2005, en violation flagrante des dispositions de la constitution. Mais la situation qu’il traverse actuellement est autrement plus grave dans la mesure où il s’agit d’une crise interne provoquée par son propre président.
Le confrère Lotfi Hajji, président du SJT, a, en effet, placé tout le monde devant le fait accompli, en s’engageant de son propre chef, et sans consulter personne, ni parmi les membres du comité constitutif ni parmi les adhérents, dans une action à caractère purement politique – ‘’le mouvement du 18 octobre’’ – décidée par une alliance de personnalités et de partis politiques, sur la base d’un agenda bien spécifique et après des tractations dont le Syndicat, en tant que structure, n’a jamais été partie prenante.
Des efforts intenses ont été déployés, dès le premier jour du déclenchement de la grève de la faim, pour convaincre notre confrère Lotfi Hajji d’annoncer publiquement qu’il s’était engagé dans ce mouvement à titre strictement personnel et de cesser de parler au nom du Syndicat au sein de ce mouvement, surtout que d’importantes composantes de la société civile tunisienne dont notamment la Ligue Tunisienne pour la Défense des droits de l’Homme (LTDH) et l’Association Tunisienne des Femmes Démocrates (ATFD) avaient décidé de ne pas s’engager dans cette action.
La détermination de notre confrère Lotfi Hajji à faire fi de tous les appels à la raison qui lui ont été adressés, a fini par créer une situation d’amalgame et de confusion, qui a porté un grave préjudice à notre Syndicat.
Face à cette situation, et devant l’unanimisme ambiant qui avait accompagné le déclenchement de la grève de la faim, les membres du comité constitutif élargi ont convenu de ne pas rendre publiques, immédiatement, leurs divergences de vue avec leur président, Lotfi Hajji, pour ne pas avoir à lâcher le confrère journaliste qu’il est, à un moment crucial où il revendiquait, à son corps défendant, le droit à une pratique libre du métier.
Pendant toute la durée de la grève, les membres du comité ont consacré entièrement leurs efforts à tenter de réparer les dommages causés à notre syndicat par son président, Lotfi Hajji, qui n’a pas cessé, dans toutes ses déclarations, d’accréditer l’idée que le Syndicat est lui ne font qu’un.
Nous avons perdu un temps précieux à régler des problèmes qui nous ont été imposés et auxquels nous avons été acculés. A l’heure où nous avions un besoin pressant de conjuguer nos efforts pour consolider les fondements de notre jeune structure et préparer une stratégie d’avenir au service des intérêts des journalistes tunisiens et de la promotion de leur profession.
La période écoulée a vu fleurir sur Internet quelques échanges de vues et quelques discussions entre internautes anonymes au sujet de la participation de notre confrère Lotfi Hajji à la grève de la faim et de son impact négatif sur l’avenir du Syndicat. Les membres du comité constitutif du SJT n’ont jamais interféré dans ces débats et c’est en simples lecteurs qu’ils ont pris connaissance de ces écrits, y compris la dernière mise au point publiée par notre confrère Lotfi Hajji dans Tunisnews (Edition du 26 décembre 2005) et qu’il a, pourtant, signée en sa qualité de président du Syndicat.
Ce qui mérite d’être relevé, dans ce contexte, c’est que Lotfi Hajji a, malheureusement, jugé opportun de défendre, dans sa mise au point, le ‘’point de vue ‘’ d’un de ses partisans. Un scribe attitré qui a violé les règles les plus élémentaires de la déontologie, en lançant sur les colonnes de Tunisnews (Edition du 16 décembre 2005) un véritable réquisitoire d’une violence et d’une bassesse inouïes, contre un groupe de consoeurs et de confrères, les traitant de ‘’chourafas’’[1] (syndicalistes fantoches, manipulés par le pouvoir), et comparant la situation de notre Syndicat à celle de la LTDH et de l’Association des Magistrats Tunisiens (AMT)
Lotfi Hajji sait, pourtant, pertinemment que ce qui se passe actuellement au sein de la LTDH et de l’AMT n’a absolument aucun rapport avec ce qui se passe au sein du SJT. Il sait, aussi, pertinemment que les consoeurs et confrères, qui ont été lynchés et attaqués dans leur honneur et leur dignité, sont réellement des journalistes indépendants et loyaux. Des journalistes qui ont rendu à cette profession, en particulier, et à l’action syndicale en général, d’éminents services.
Notre devoir, aujourd’hui, est de nous ressourcer aux valeurs et aux principes qui sont à la base de la création de notre Syndicat. Ce syndicat qui est le couronnement d’une lutte menée par des générations successives de journalistes, le fruit d’une action collective et d’un combat de longue haleine et qui n’est nullement un projet personnel ou le produit d’une action individuelle.
Comme toute structure syndicale, le SJT s’est fixé comme objectif prioritaire de défendre les intérêts professionnels et matériels des journalistes. Toutefois, compte tenu de la conjoncture que traverse notre pays, et marchant sur les pas des pères fondateurs du mouvement syndical tunisien, le SJT a choisi de ne pas s’enfermer dans des revendications purement catégorielles. Il a donc pris, sciemment, l’engagement, en tant que partie intégrante de la société civile tunisienne, de défendre les libertés publiques fondamentales, collectives et individuelles, et de soutenir toutes initiatives et toutes formes d’action visant la défense des droits légitimes du peuple tunisien, y compris les trois revendications formulées par les grévistes de la faim et par les forces démocratiques qui les ont soutenu, en l’occurrence la liberté d’expression, la liberté d’organisation et la libération des prisonniers politiques.
Cependant, notre soutien et notre appui aux revendications des forces démocratiques ne doivent pas pour autant occulter notre propre spécificité : Notre syndicat est avant tout une structure professionnelle dont la mission première est de défendre les intérêts des journalistes et leurs droits matériels et moraux, loin de toute instrumentalisation partisane. Notre syndicat, qui s’est fixé comme objectif de défendre la liberté et l’indépendance du journaliste, à l’égard de tous les groupes de pression quels qu’ils soient, rejette, catégoriquement toutes formes de tutelle ou d’allégeance politique, à l’égard du pouvoir ou de l’opposition. Le SJT refuse également d’être utilisé comme tremplin pour servir des intérêts personnels et d’être placé devant le fait accompli.
Les membres fondateurs du SJT, soussignés, conscients de la gravité de la situation que traverse notre syndicat, appellent instamment tous les adhérents de bonne volonté à redoubler de vigilance, de solidarité et de cohésion pour faire échouer toutes les manœuvres de soumission ou de récupération qui ciblent le syndicat et réaffirment leur ferme détermination à défendre l’indépendance et l’autonomie de leur syndicat.
En raison de la dégradation du rendement du comité constitutif, suite à la défection de certains de ses membres et aux erreurs de conduite de notre confrère Lotfi Hajji, il est désormais impératif est urgent de procéder à l’élection d’un nouveau comité qui bénéficie de la confiance des adhérents et qui doit se conformer aux règles de la gestion démocratique.
Nous sommes tous concernés et sommes donc appelés à apporter notre contribution à la réussite de cette mission en proposant des solutions pratiques et concrètes pour sortir de cette crise et mettre au point un programme d’avenir pour notre syndicat.
Compte tenu de la conjoncture exceptionnelle que connaît actuellement notre structure, qui ne dispose toujours pas d’un siège pour rassembler ses adhérents, et devant la détermination des autorités à empêcher la tenue de notre congrès constitutif, le comité provisoire met à la disposition de tous les consoeurs et confrères l’adresse électronique suivante : forumsjt@yahoo.fr, pour participer au débat et formuler leurs propositions et suggestions.
Les Signataires :
Mohamed Maali
Bechir Ouarda
Salma El Heni
Mahmoud Dhaouadi
Amel Bejaoui
Ahmed Hatheq El Orf
Hamida Ben Salah
Noureddine M’Barki
Mahfoudh Dhaoui
Nedra Boukesra
Mouldi Habchi
Mohamed Bououd
Meriem Khadraoui
Mohamed Nejib Ben Abdallah
Monia Rihane
Wejdene Bouebdellah
Yamina Touati
Mongi Saïdani
Nejmeddine Akkari
COMMENTAIRE SUR L’ARTICLE DE ABDELAZIZ BARROUHI
« Mehdi Mlika, le « grand jardinier de Tunisie » TUNISIE – 25 décembre 2005 – par ABDELAZIZ BARROUHI « Depuis bientôt vingt ans, cet homme est la cheville ouvrière de tous les programmes de protection et d’aménagement du cadre de vie dans son pays. » Commentaire: De quel cadre de vie Mehdi Mlika s’occupe t-il ?
Sûr et certain que Si ABDELAZIZ BARROUHI fait allusion à quelques quartiers où résident les apparatchiks du RCD, les nouveaux oligarques du régime et les corps diplomatiques.
La Tunisie avec ses quartiers, ses ruelles, ses montagnes, ses routes provinciales n’ont jamais été aussi sales qu’auparavant. Un rien de pluie, un rien de vent et ce sont la boue, la poussière, les immondices, les moustiques, les rats, les eaux et les déchets des entreprises plantées sauvagement dans les zones d’habitation et c’est la merde pour les habitants.
A moins que Si ABDELAZIZ BARROUHI en tant que journaliste de la race des moutons ne voie que ce qu’on a envie de lui faire voir et colporter.
Un petit conseil Si ABDELAZIZ BARROUHI fait un tour en dehors des artères de la Marsa et d’El Manar et vérifie par vous-même l’état des trottoirs, des chaussées, des rues et des ruelles, vous allez être bien servi par une merde de toutes les couleurs.
Si ABDELAZIZ BARROUHI, l’environnement réel, le vrai cadre de vie des tunisiens, n’est nullement des fleurs et des palmiers et des zones vertes désertes par les tunisiens qui préfèrent fréquenter les cafés que le laxisme et les passe-droit en tant que mode de gestion de l’ère de ben ali leur a permis de s’agrandir et occuper les trottoirs publics voire même les chaussées.
Il faut dire que la majorité de ces cafés font autant office de bureaux de renseignement de la police politique, que des extensions des cellules du rcd. Que la majorité des exploitants sont des anciens flics ou des membres actifs du rcd. L’environnement réel, le vrai cadre de vie des tunisiens ne sont pas des œuvres de maquillage et du fard, qui en passant, elles coûtent très cher au contribuables, corruption et transactions occultes obligent, elles font exploiter nos paysans et paysannes dans des chantiers où la frontière entre domaine public et privé n’est pas marquée et ce à raison de 4 dinars par jour tout inclus Si ABDELAZIZ BARROUHI il ne vous a pas venu à l’esprit de se poser la question comment Mehdi Mlika paye 150 dinars alors que nous autres nous payons 1000 dinars (si cela est vrai). L’une des deux soit que Mehdi Mlika fait du racket et du chantage de tout genre, soit que les agents du ministère de l’économie et du contrôle des prix sont aux abonnés absents ou ils sont enrôlés par le ministère de l’intérieur pour régler les comptes de ceux qui ne se plient pas à ben ali et à ses oligarques. L’environnement réel, le vrai cadre de vie des tunisiens c’est une infrastructure et un aménagement qui durent. Mais pour cela, il faut des vrais élus locaux, choisis parmi les meilleurs d’entre nous et non pas une racaille que l’on impose ici et là qui s’enrichit en toute impunité.
Si ABDELAZIZ BARROUHI, nous tunisiens et tunisiennes, nous connaissons bien Mehdi Mlika, sa vraie personnalité son vrai patrimoine d’hier et d’aujourd’hui ; ses avoirs et ses déboires. Nous préférons que vous nous écriviez un article sur le mouvement du 18 octobre, vous qui avait rendu visite aux grévistes de la faim, à moins que vous êtes venu pour faire de l’espionnage. O.F
Pour la presse arabe, la victoire du Hamas est un “séisme politique”
AFP, le 27.01.2006 DUBAI, 27 jan 2006 (AFP) – La presse arabe a qualifié vendredi de “séisme politique” la victoire du Hamas aux législatives palestiniennes de mercredi, en saluant sa légitimité démocratique et en demandant au mouvement radical palestinien de ne pas enterrer le processus de paix avec Israël. “Un séisme politique secoue la région”, écrit en Une Al-Quds, principal quotidien palestinien. Il estime que “le réel vainqueur est le peuple palestinien, qui a permis ce transfert pacifique du pouvoir à travers des élections libres, honnêtes et transparentes”. “L’aspect le plus dangereux de cette explosion (NDLR: la victoire du Hamas) est le fait qu’elle soit née du discours du +nouvel ordre mondial+, qui considère les urnes comme le seul arbitre de la représentation légitime”, souligne pour sa part le quotidien panarabe Al-Hayat. Le mouvement islamiste radical Hamas, responsable de la grande majorité des attentats suicide anti-israéliens, a créé la surprise en raflant 76 des 132 sièges du parlement palestinien. Le Fatah, son principal rival, au pouvoir au sein de l’Autorité palestinienne, a dû se contenter de 43 sièges. Al-Hayat se demande en outre comment le Hamas va “gérer sa victoire”, soulignant qu’il devra répondre à plusieurs questions qu’il avait évitées dans le passé. Même son de cloche dans An-Nahar. Ce journal libéral libanais considère que “les Palestiniens ont mis le Hamas face à une nouvelle donne à travers ces élections”. Pour un autre quotidien libanais, As-Safir, la victoire du Hamas est “une révolution dans la révolution palestinienne qui va marquer les années à venir”. Il s’agit d’un “tsunami démocratique”, estime de son côté le journal émirati Al-Khaleej, affirmant que la victoire du Hamas représente “un véritable coup d’Etat, mais à travers les urnes”. Le journal officiel syrien al-Baas a appelé l’Occident à composer avec le Hamas. “Les Européens, surtout les Américains (…) n’ont pas d’autre choix que de se résigner et de composer avec la nouvelle donne”, écrit-il. A Abou Dhabi, Al-Ittihad considère que le taux de participation massif aux élections “donne beaucoup de crédibilité aux résultats et permet au nouveau gouvernement de bénéficier d’un réel soutien”. Le journal saoudien Arab News considère pour sa part que le Fatah méritait de perdre: “Les Palestiniens ont voté contre lui parce qu’ils en ont eu assez du copinage, de la corruption et de l’incompétence avec lesquels il a gouverné. En ce sens, il s’agit d’un vote-sanction”. Cependant, si le Hamas ne tourne pas le dos à l’action armée une fois arrivé au pouvoir, “les conséquences pourraient être effrayantes”, avertit Arab News. Si la presse s’est exprimée dans plusieurs pays arabes, la plupart des gouvernements n’avaient pas réagi aux résultats des élections palestiniennes. Le roi Abdallah II de Jordanie, où plus de la moitié de la population est d’origine palestinienne, a appelé à la “reprise rapide des négociations de paix”. L’établissement de deux Etats restera “la seule solution pour instaurer la stabilité et mettre un terme à la violence et à l’extrémisme”, a-t-il dit. En Egypte, le président Hosni Moubarak a appelé à “l’unification des rangs palestiniens”, tandis que le chef de la diplomatie, Ahmed Aboul Gheit, assurait que l’Egypte “respectait le choix du peuple palestinien”. Il a exprimé l’espoir que “le processus de paix se poursuivra”. Le président yéménite, Ali Abdallah Saleh, a appelé le Hamas à poursuivre “le processus de paix avec Israël conformément aux résolutions internationales”, dans un message adressé au dirigeant palestinien, Mahmoud Abbas. Pour le président algérien, Abdelaziz Bouteflika, ces élections constituent “un pas important franchi par le peuple palestinien” sur la voie du recouvrement de “ses droits légitimes”. Le ministre algérien des Affaires étrangères, Mohamed Bedjaoui, a appelé le monde à juger sur pièce le Hamas, invitant le mouvement radical à passer au plus vite à la négociation. AFP
La presse américaine met le Hamas au défi de la paix
AFP, le 27.01.2006 WASHINGTON, 27 jan 2006 (AFP) – La victoire du Hamas aux élections palestiniennes met en danger les perspectives de paix au Proche-Orient, estime vendredi la presse américaine, en mettant le Hamas au défi de choisir entre terrorisme et paix. Pour le New York Times, le résultat de l’élection représente un “pas de géant en arrière”, tandis que le seul quotidien national USA Today parle d’une “nouvelle équation qui choque le Proche-Orient”. Comme premier responsable, le New York Times accuse le Fatah “corrompu” et “inepte”, en jugeant que son président, Mahmoud Abbas, est “faible”. Le New York Times accuse aussi les “durs” israéliens et le Premier ministre Ariel Sharon de n’avoir fait “aucune concession” à M. Abbas. Désormais, “le Hamas a le choix entre gouverner et terroriser”, ajoute le quotidien, tandis que le Washington Post, dans un éditorial intitulé “Le choix du Hamas”, estime que “les islamistes sont obligés de choisir entre la démocratie et le terrorisme”. “Nous ne sommes pas optimistes, mais nous rappelons que l’Organisation de Libération de la Palestine du défunt Arafat, dont M. Abbas était le second, est née dans le terrorisme”, relève le New York Times. Alors qu’il est d’ordinaire critique de la politique menée par George W. Bush, ce quotidien estime à deux reprises que le président américain a “absolument raison” de demander à M. Abbas de rester en place et de ne pas vouloir discuter avec un parti qui prône la destruction d’Israël. Le quotidien des affaires Wall Street Journal (conservateur) veut croire “possible” que “le poids des responsabilités rend le Hamas moins radical avec le temps”. “Les Etats-Unis ont l’obligation de dire clairement au Hamas et à tous les Palestiniens, qu’il n’y a aucun avenir pour le terrorisme”, ajoute le quotidien. Le Baltimore Sun met lui aussi le Hamas au défi de réaliser sa promesse de “changer et réformer”. “Fournir des emplois, des logements et la sécurité pourrait s’avérer beaucoup plus difficile que d’envoyer des kamikazes pour tuer des civils et prôner la destruction d’israël”, écrit le journal. “Ce que le Hamas apprendra vite est que tout gouvernement palestinien a besoin des centaines de millions de dollars venus chaque année des Etats-Unis, de l’Europe et du Japon pour fonctionner et adoucir la pauvreté désespérante dans les bidonvilles de Gaza et des territoires occupés”, écrit le Los Angeles Times. Le Boston Globe (centre-gauche) et le Washington Times (droite) pointent la responsabilité du président américain: M. Bush “peut ne pas vouloir reconnaître publiquement que le triomphe électoral du Hamas a compliqué ses plans grandioses pour implanter la démocratie dans tout le Proche-Orient, mais c’est précisément ce qui s’est passé”, écrit le Boston Globe, tandis que le Washington Times estime que la victoire du Hamas est “un avertissement” pour M. Bush. Les gouvernements en Egypte, en Syrie, en Jordanie et dans toute la région observent avec “beaucoup d’inquiétude” et craignent que “l’expérience Hamas” ne s’étende, écrit le Globe. “L’administration Bush a pensé qu’elle pourrait s’abstraire de la complexité et refaire le monde en quelques coups de pinceau. Mais la démocratisation est dure, compliquée et frustrante. Elle demande une construction patiente des institutions et une attention aux détails. Il n’y a pas de raccourcis”, souligne l’un des chroniqueurs du Washington Post, E.J. Dionne.
La presse européenne sous le choc s’interroge sur les chances de paix
AFP, le 27.01.2006 PARIS, 27 jan 2006 (AFP) – La presse européenne était sous le choc vendredi face à l’ample victoire du groupe radical Hamas aux législatives palestiniennes, s’interrogeant sur les chances de paix sous la houlette d’un parti prônant la lutte armée et la destruction de l’Etat d’Israël. Photos de foules compactes d’hommes brandissant armes ou corans et titres alarmistes étaient de mise vendredi dans les journaux, qui jugent majoritairement qu’il s’agit d’une mauvaise nouvelle pour le processus de paix. “Le triomphe des terroristes”, titre ainsi le quotidien conservateur allemand Die Welt en évoquant un scénario pessimiste: “l’éclatement d’une quatrième intifada n’est plus à exclure”. Le Frankfurter Allgemeine Zeitung fait le parallèle avec la victoire des islamistes en Algérie en 1992: “le résultat n’ayant pas été accepté, l’Algérie a sombré dans une guerre civile sanguinaire”. “Les islamistes radicaux ont conquis la Palestine”, titre le quotidien autrichien Die Presse (droite) qui publie l’article 13 de la charte du Hamas: “Il n’existe pas d’autre voie que le djihad (“guerre sainte”) pour règler la question palestinienne”. “Le Hamas n’a pas de programme politique et gouvernera avec le Coran et les ceintures d’explosifs de ses kamikazes”, poursuit le journal dans un commentaire particulièrement alarmiste. “L’Etat palestinien n’existe pas encore et un pays virtuel +Hamasstan+ est en train d’être créé sur les territoires palestiniens”, écrit encore son confrère russe Vremia Novosteï. “Palestine, le pire scénario”, juge pour sa part le conservateur espagnol ABC en soulignant la proximité du Hamas avec Téhéran, tandis que le journal catalan La Vanguardia, voit dans la victoire “la seconde mort d’Arafat”. En Italie, la Repubblica (centre-gauche) évoque “un pas en arrière de quinze ans”. “La victoire du Hamas, une organisation considérée terroriste, rend le conflit israélo-palestinien encore plus explosif”, observe le portugais Jornal de Noticias. Les journaux grecs Kathimerini (libéral) et Avghi (gauche), estiment également que “le triomphe inattendu de Hamas va faire capoter les équilibres délicats dans la région”. Au delà des réactions à chaud, nombre de journaux tentaient aussi d’expliquer le choix des Palestiniens et se montraient pragmatiques. Le quotidien de centre-gauche Süddeutsche Zeitung juge que la victoire du Hamas a été “un vote de protestation intérieur contre le chaos, contre la corruption et l’inertie politique” dans les territoires palestiniens. Et selon le Corriere della Sera, la force du Hamas a été “alimentée par le ressentiment de la population à l’égard de la corruption et de l’inefficacité du Fatah”. “La voix démocratique du peuple palestinien doit être entendue. Et nous devons faire à présent avec la nouvelle réalité”, prône l’Independent (centre-gauche). “Aucun démocrate ne peut nier que c’était une compétition juste”, renchérit le Financial Times. “Diaboliser le Hamas ne constitue plus une option. Ces sont ses leaders les plus pragmatiques qui sont en Palestine: il faut miser franchement sur un réalisme qui devrait s’affiner au pouvoir”, selon l’éditorialiste du quotidien belge Le Soir. “A moyen terme, la confrontation du Hamas à l’exercice du pouvoir va probablement le forcer à apprendre la realpolitik”, prédit aussi son confrère La Libre Belgique. Pour le néerlandais Trouw (chrétien progressiste) : “Après cette victoire stupéfiante, il faut donner du temps à Hamas, tant qu’il ne recourt pas à la violence”. Mais certains journaux n’hésitaient pas vendredi à pointer un doigt accusateur en direction d’Israël, de Washington ou encore de l’Europe. Pour le quotidien danois Information (indépendant), “l’Occident et les efforts démocratiques du président Bush au Moyen-Orient conduisent les partis islamistes au pouvoir. A Genève, Le Temps juge que “en refusant de négocier avec les plus modérés d’entre eux, en détruisant ce qui fonctionnait, Israël ne leur a laissé d’autre choix que cette bouée repoussante”. La victoire du Hamas “est le résultat de vingt années de gestion manquée de la crise du Proche-Orient”, estime l’autrichien Der Standard (gauche). Et d’accuser “l’Autorité palestinienne qui s’est laissée corrompre, la Commission européenne qui a pompé des fonds dans les territoires sans se soucier de leur utilisation et Israël qui, lors de la première intifada, a soutenu les fondamentalistes musulmans pour affaiblir Yasser Arafat”.
La presse palestinienne parle d’un “séisme politique”
AFP, le 27.01.2006 RAMALLAH (Cisjordanie), 27 jan 2006 (AFP) – Les journaux palestiniens évoquent vendredi un “séisme politique” après la victoire éclatante du Hamas aux élections qui a fait voler en éclats l’hégémonie du Fatah, le parti au pouvoir depuis dix ans. “Un séisme politique secoue la région”, écrit en manchette rouge Al-Quds, principal journal palestinien, au-dessus d’une photo de sympathisants du Hamas défilant dans un déferlement de drapeaux verts à Ramallah. Dans son éditorial, le journal estime que “le réel vainqueur de ces élections est le peuple palestinien qui a permis ce transfert pacifique du pouvoir à travers des élections libres, honnêtes et transparentes”. “Le Hamas, auquel le peuple a donné une chance d’appliquer son programme politique, devrait démontrer au peuple palestinien et au monde entier qu’il est à l’hauteur de ce mandat populaire”, écrit le journal. “Séisme politique: Le Hamas rafle la majorité des sièges du Conseil législatif”, proclame pour sa part Al-Hayat Al-Jadida, journal de l’Autorité palestinienne. Son rédacteur en chef, Hafez Al-Barghouthi, a appelé dans un éditorial à la “création d’un gouvernement d’union nationale dirigé par le président (Mahmoud Abbas) pour nous sortir de la crise et nous éviter un scénario à l’Algérienne ou à la taliban”. Il se référait à l’annulation des résultats des élections remportées par les islamistes en Algérie en 1992, enfonçant le pays dans un cycle de violences et à l’interprétation rigoriste de l’islam que les talibans avaient appliquée en Afghanistan avant la chute de leur régime. “Le 25 janvier 2006 entrera dans l’histoire palestinienne comme celui de la fin d’une longue époque dominée par le Fatah et le début d’une nouvelle ère dominée par le Hamas, qui va être le premier mouvement islamiste à prendre le pouvoir dans le monde arabe”, affirme pour sa part le quotidien Al-Ayyam de Ramallah. Dans un éditorial intitulé “l’histoire appartient au Fatah et l’avenir à la Palestine”, le journal estime que les résultats des élections ont constitué “une catastrophe pour le Fatah, un séisme politique et une révolution idéologique”.
ANALYSE
Le Hamas contraint par son succès à se métamorphoser inopinément?
par Nidal al Moughrabi GAZA, 27 janvier (Reuters) – Une fois retombés les confettis de la fête de son inattendu raz-de-marée électoral, le Hamas se retrouve prématurément au pied du mur: assumer le pouvoir. Issu en 1987 de la première intifada, ce mouvement islamiste qui s’est fait un dogme de la négation d’Israël se retrouve sans crier gare aux premières loges politiques et diplomatiques. Sans s’y être préparé, il va devoir cohabiter avec un président élu – Mahmoud Abbas – qui s’est profondément engagé envers une solution de cohabitation avec l’Etat juif. Il lui faudra en outre tenir compte d’une communauté internationale qui a béni cette voie pacifique et détient les cordons de la bourse de l’entité autonome palestinienne initialement rejetée par le Hamas. “Last but no least”, la “branche palestinienne” des Frères musulmans hérite de plusieurs décennies de domination du Fatah, le mouvement nationaliste dont l’histoire se confond avec celle du nationalisme palestinien. Fondé dans les années 1960 par le défunt Yasser Arafat, dont le flambeau a été repris en 2005 par Abbas, son compagnon de route de toujours, le Fatah, désavoué, n’est pas d’humeur à ouvrir une voie royale au Hamas. “Le Hamas est en crise. Il est incapable de fournir les réponses aux questions qui se posent à lui sans prévenir. Alors qu’il agitait le slogan ‘réforme et changement’, c’est lui qui doit changer”, estime l’analyste palestinien Hani Habib. Grâce à sa majorité absolue, le mouvement fondé par le cheikh Ahmed Yassine, liquidé en 2004 par Israël, est censé composer à sa guise le nouveau gouvernement palestinien. Mais il s’est empressé d’inviter les autres factions palestiniennes à y participer au motif, selon les termes d’Ismaïl Haniyeh, son chef de file électoral, de “sauvegarder l’unité nationale”. Pour les commentateurs, il est indispensable au Hamas de rallier le maximum de factions autour de lui pour atténuer son image de radicalisme aux yeux mêmes d’une partie de son électorat – sans parler de la diaspora palestinienne. TREVE DE CIRCONSTANCE? Car le “tsunami politique” de mercredi s’explique autant, sinon plus, par le “ras-le-bol” des électeurs vis-à-vis du Fatah que par la popularité du Hamas, qui a engrangé une action sociale et charitable unanimement reconnue. La volonté du Hamas d’épurer un establishment palestinien corrompu fait l’objet d’un consensus mais, selon l’analyste Mahdi Abdel Hadi, le mouvement n’a pas mandat pour tout remettre en cause. La reconnaissance du droit d’Israël à l’existence, concédée par le Fatah lors des négociations d’Oslo, est ainsi considérée par une majorité de Palestiniens comme irréversible. Aux yeux de la communauté internationale, il revient désormais au Hamas de s’y rallier et, donc, de se résigner à ce que le futur Etat palestinien se cantonne aux seuls territoires occupés en 1967. Le Hamas a déjà fait preuve de sa faculté d’adaptation en observant depuis un an une trêve, en prenant part au scrutin de mercredi dans le cadre d’institutions nées d’Oslo et en mettant sous le boisseau durant sa campagne ses appels à la destruction d’Israël. La plupart des analystes suivant de près le dossier estiment improbable que, parvenu au pouvoir, le Hamas reprenne dans un avenir immédiat une lutte armée à laquelle il affirme ne pas renoncer. Une telle prorogation de la trêve pourrait amener Israël à nouer une forme de dialogue avec le Hamas au lieu de prendre des mesures unilatérales au prétexte de l’absence d’un partenaire de paix. “Si les Israéliens consentent à négocier une trêve avec le Hamas, alors celui-ci cessera de recourir à la force pour promouvoir son idéal”, estime l’analyste palestinien Azzam al Tamimi. Directeur de l’Institut de la pensée islamique, dont le siège est à Londres, Tamimi souligne néanmoins qu’il ne s’agirait que d’une mesure de circonstance – inenvisageable de toute façon avant les élections israéliennes de la fin mars – et non pas d’un pas vers une coexistence à long terme – qui reste problématique. REUTERS
Le Maghreb et la société de l’information
Ridha Kéfi Au Maghreb, comme dans le reste du monde, le secteur des Technologies et de l’Information (TIC) a connu une évolution accélérée au cours des 10 dernières années, caractérisée par un grand volontarisme étatique, des opérations de privatisation réussies et un pari sur le dynamisme des acteurs locaux. De précieux partenariats avec des opérateurs étrangers, notamment européens, ont fait le reste. Les résultats, sans être spectaculaires, n’en sont pas moins impressionnants. Maroc : croissance rapide, retard à rattraper Le Maroc a consenti de gros efforts pour développer son secteur des télécommunications. Promulguée en 1999, la loi sur la déréglementation du secteur a entraîné la scission de l’Office des postes et télécommunications (ONPT) en deux entités : Itissalat Al-Maghrib (Maroc Télécom) pour les services de télécommunications et Barid Al-Maghrib pour ceux de la poste. Une Agence nationale de réglementation des télécoms (ANRT) est chargée de superviser la libéralisation du secteur, dont le chiffre d’affaires en 2003 s’est élevé à 1,7 milliards d’euros (4,53 % du PIB). Téléphonie fixe : difficile libéralisation Maroc Télécom a le monopole de la téléphonie fixe. Il compte près de 1,3 million d’abonnés, soit un taux de pénétration de 4,5 % de la population et de 17 % des ménages. Le parc se répartit entre les secteurs résidentiel (66 %), professionnel (22 %) et publiphones (12 %). Maroc Télécom cherche à relancer la téléphone fixe avec des offres promotionnelles : packs fixes pour les particuliers et offres spéciales pour les entreprises. Pour mettre fin au monopole de l’opérateur historique dans ce domaine, l’Etat a entrepris d’attribuer une deuxième licence de téléphonie fixe. Gain espéré : près de 100 millions d’euros. Un appel d’offres a été lancé fin 2002, mais aucun opérateur n’a soumissionné, à cause peut-être de l’importance des investissements nécessaires. Pour contourner la difficulté, les autorités ont décidé d’alléger les conditions d’octroi de cette deuxième licence et de la « saucissonner ». L’obligation de couverture régionale et l’usage d’une technologie particulière ont ainsi été supprimés du cahier des charges. Selon le nouvel appel d’offres, il y aura aussi trois types de licences : la boucle locale, le transport de la communication (backbone) et la connexion internationale. Téléphonie mobile : essor spectaculaire Le GSM s’est développé rapidement. Aujourd’hui, dans 41,5 % des ménages (2,3 millions de foyers), au moins une personne dispose d’un téléphone mobile. Le nombre d’abonnés est ainsi passé de 5,2 millions en janvier 2002 (dont 3,7 millions pour Maroc Télécom), à 7,8 millions en mai 2004 (dont 5,5 millions pour cet opérateur). Quant au taux de pénétration du marché, il est passé, durant la même période, de 18 % à 26 %. Le marché du GSM est détenu par deux sociétés. Maroc Télécom, le premier à s’y lancer, en détient 70,3 %. Méditel – conduit par l’opérateur espagnol Telefónica, associé à Portugal Telecom, BMCE Bank et au Groupe Afriquia –, a eu la deuxième licence de GSM, en mars 2000, pour 1,1 milliard de dollars. Sa part de marché est estimée à 29,7 %. Un appel d’offres pour une troisième licence de téléphonie mobile sera lancé en 2007. Ordinateurs et Internet : grand potentiel, timides avancées En 2002, il s’est vendu au Maroc 140 000 ordinateurs. Le chiffre d’affaires du secteur atteint 470 millions d’euros et augmente de 20 % par an, les services représentant 43 % des ventes. La clientèle est répartie en trois grands groupes : grands comptes (30 %), administrations (25 %) et petites et moyennes entreprises (PME) (30 %). Le parc d’ordinateurs individuels est estimé à 620 000 unités. Le taux d’équipement, qui ne dépasse guère 11 %, varie de 3 % en milieu rural électrifié à 23,7 % en milieu urbain. Au plan national, 63,9 % des individus de plus de 12 ans vivant en zone électrifiée n’ont jamais accès à un ordinateur. Le faible niveau d’équipement s’explique par la contrainte des coûts élevés des équipements et par la persistance de l’analphabétisme. Pour améliorer cette situation, le gouvernement a mis en place un programme pour équiper en ordinateurs les écoles, collèges et lycées. Il y a consacré un budget de 100 millions d’euros, soit le prix de 100 000 ordinateurs. D’ici à 2007, plus 180 e-services gouvernementaux seront aussi mis en place. Près de 120 000 ménages disposent d’une connexion au réseau Internet à domicile, soit un taux de pénétration dans la population totale de 0,4 %. Avec 60 000 ménages équipés (0,2 % de la population), la pénétration de l’ADSL est légèrement plus élevée avec 600 000 individus connectés à Internet à domicile. Le mode de connexion est dominé par le type RTC, mais l’ADSL représente déjà plus de 45 % de part de marché. Cependant, près de 12 % de la population, soit 3,7 millions de personnes, accèdent à Internet en dehors du domicile. Le parc informatique des 40 000 entreprises que compte le pays est estimé à un million d’ordinateurs. Le nombre moyen d’ordinateur par employé est de 0,37. En moyenne, 90 % des entreprises disposent d’une connexion à Internet (soit environ 35 000 entreprises connectées) dont moins de 1 % via un accès sans abonnement. Sur l’ensemble des entreprises, 38 % déclarent disposer d’un site web, soit environ 15 600 sites Web pour l’ensemble des entreprises du pays. L’utilisation des TIC par les entreprises reste cependant tributaire de leur taille. Les grandes y ont recours, car elles y sont souvent poussées par leurs partenaires étrangers. En revanche, les PME rechignent à s’équiper, considérant que l’investissement est encore prohibitif. Centres d’appels : toujours plus Ce secteur compte une cinquantaine de centres et 4 400 positions, travaillant pour des clients français mais aussi pour des entreprises locales. Chiffre d’affaires 2004 : 85 millions d’euros. Le développement de cette activité s’explique par les coûts d’exploitation moins élevés, la proximité de la France et la pratique de la langue française. Algérie : à la recherche du temps perdu La loi du 5 août 2000, qui consacre l’ouverture du secteur à la concurrence, a permis la création, entre 2001 et 2003, de l’Autorité de régulation de la poste et des télécoms (ARPT), d’Algérie Telecom, opérateur de téléphonie fixe, d’Algérie Telecom Mobile (appelé Mobilis) et d’Algérie Poste. La même réforme a permis la création, en 2001, du premier opérateur privé de téléphonie mobile, Orascom Telecom Algérie, sous la marque commerciale Djezzy et du second opérateur privé en 2004, Wataniya Telecom Algérie, sous la marque Nedjma. Deux licences VSAT ont également été attribuées courant 2004 à Djezzy et à un consortium composé du Monégasque Divona Telecom et de l’Algérien Kpoint.com. L’ouverture du capital de l’opérateur public, prévue pour le début 2006, constitue la dernière étape de cette réforme, dont le financement est assuré par l’Etat à hauteur de 700 millions d’euros, ainsi que par la Banque mondiale (30 millions de dollars), la Banque africaine de développement (120 millions de dollars) et l’Union européenne, dans le cadre du programme MEDA II (17 millions de dollars). Téléphonie fixe : en-dessous des standards internationaux Malgré tous les efforts consentis, la téléphonie fixe, monopole d’Algérie Telecom, est encore en dessous des standards régionaux. Les lignes fixes sont au nombre de 3,1 millions et la télédensité ne dépasse guère le 30 %. Pour combler ce retard, les pouvoirs publics ont adopté une politique volontariste. La privatisation est l’un des éléments de cette politique. Ainsi, un consortium composé d’Orascom Telecom et Egypt Telecom a remporté le 1er mars 2005 la première licence fixe pour 65 millions de dollars. Ce nouvel opérateur fixe investira un milliard de dollars sur 10 ans. Téléphonie mobile : une activité sans précèdent Avec la vente, au début 2004, de la deuxième licence privée de téléphonie mobile, ce secteur a connu une activité sans précèdent. Les lignes mobiles s’élèvent désormais à sept millions et la télédensité du GSM à 22 %. Djezzy domine le marché avec 81 % de parts, contre 13 % pour Mobilis et 6 % pour Wataniya, troisième opérateur. Informatique et Internet : en plein essor Avec un taux de pénétration de 12 %, l’Algérie est peu informatisée. Des contraintes expliquent cette situation. Les droits de douanes sont importants et les sociétés de développement de logiciels sont rares. Le prix officiel du micro-ordinateur est élevé (l’équivalent de quatre mois de salaire), mais le secteur informel propose des prix beaucoup plus attrayants. Malgré tous ces handicaps, le secteur est en plein essor. De nombreuses entreprises privées se lancent dans le montage, l’assemblage et la vente de PC, ainsi que dans le développement de logiciels et la formation des utilisateurs. L’Entreprise nationale des systèmes d’information (ENSI, publique), qui dominait le secteur dans les années quatre-vingts, a perdu son monopole au profit d’opérateurs privés. Pour répondre aux besoins de ce marché naissant, les opérateurs privés procèdent soit à l’importation du matériel monté à l’étranger, soit à l’assemblage des pièces détachées et kits importés. Le volume des importations s’élève à environ 50 000 unités par an. Le pays compte environ 150 000 stations de travail, dont les particuliers représentent moins de 20 %, mais ce taux doit être réévalué puisque une grande partie de la filière est occupée par le marché informel. L’opération OusraTIC lancée par le gouvernement vise à équiper cinq millions de foyers, à l’horizon 2010, d’un micro-ordinateur de bureau ou d’un micro portable. Dès la fin de 2005, 100 000 ordinateurs devraient être déjà écoulés. En vertu de ce programme, tout citoyen qui désire posséder un PC peut solliciter un prêt bancaire, à un taux faible (8 % à 9 %) et leur remboursement s’étale sur une période allant de 12 à 36 mois. Les grandes entreprises considèrent l’informatique comme un élément fondamental dans leur gestion. Elles s’équipent donc en conséquence. Les PME ne mesurent pas, quant à elles, le profit qu’elles peuvent tirer des TIC. Résultat : seules 0,1 % d’entres elles sont informatisées. Avec 70 % de matériel informatique obsolète, le niveau d’informatisation de l’administration est faible et non adapté pour intégrer des applications récentes. Un programme de développement est établi mais les incitations réelles restent faibles. L’Algérie est entrée dans le club Internet en 1993, mais l’utilisation du réseau était réservée aux institutions spécialisées. Il a donc fallu attendre décembre 1997 pour voir l’accès étendu aux particuliers. Le Centre de recherche sur l’information scientifique et technique (Cerist) a longtemps été l’unique fournisseur d’accès. Depuis 1999, une soixantaine de providers ont été agréés, mais seuls 10 opèrent sur l’ensemble du pays. On dénombre aujourd’hui plus de 5 000 cyberespaces, 750 000 internautes (2,25 % de la population), 35 000 abonnés, 1 500 sites et une dizaine de portails opérationnels. Initié en 2003, le projet ADSL est aussi en plein développement. A la fin de 2004, on comptait 20 000 lignes haut débit. Tunisie : à l’avant-garde du Maghreb Le pays, qui a abrité la Seconde phase du Sommet mondial de la société de l’information, organisé par les Nations unies, du 16 au 18 novembre 2005, occupe la première place parmi les pays du Maghreb en matière de TIC. Ayant beaucoup investi dans les infrastructures et recouru aux concessions pour répondre à ses besoins (seconde licence GSM, licence VSAT…), il a réalisé de gros progrès dans ce domaine. A preuve : près d’un tunisien sur cinq dispose d’une ligne de téléphonie fixe et d’Internet. Et l’indice de développement des TIC, estimé à 4,16 (contre 4,97 pour la France), situe la Tunisie au 34e rang mondial. Malgré les carences observées en matières de contenus de service et de gouvernance de l’Internet, toujours soumis à la censure, le pays se positionne en bon rang parmi les pays d’accueil des investissements dans les TIC. Téléphonie fixe : une ligne pour quatre habitants Le réseau national en câbles à fibres optiques couvre l’ensemble du pays, sous forme de boucles SDH articulées autour de commutateurs multiservices de dernière génération. Quant aux connexions internationales, elles sont assurées par deux gateways : des liaisons en câbles optiques sous-marins avec l’Europe, des liaisons spatiales numériques sur Internet et Arabsat. Le pays a été également membre des grands projets régionaux, tels que Arabsat, Orascom et Thuraya. Le réseau fixe, entièrement numérisé depuis 1999, compte 1,2 millions d’abonnés, soit une densité téléphonique de 25 lignes pour 100 habitants. Son évolution a été très rapide. En moins de 10 ans, le nombre de terminaux publics a été multiplié par six passant de 6 800 à 38 831. Si la téléphonie mobile est partagé entre Tunisie Télécom et l’opérateur privé Orascom Telecom, celui de la téléphonie fixe demeure le monopole de l’opérateur historique, qui s’apprête à céder 35 % de son capital à un partenaire stratégique, de préférence européen. Téléphonie mobile : objectif largement dépassé Le réseau de téléphonie mobile est géré par Tunisie Télécom et Orascom Télécom. Il compte 4,2 millions d’abonnés (contre seulement 2 000 en 1992). L’objectif du Xème plan de développement (2002-06) a donc été largement atteint, puisqu’il tablait sur une capacité de trois millions de lignes et un taux de 30 GSM pour 100 habitants. Le réseau est, par ailleurs, connecté aux réseaux similaires de par le monde, à travers le service de roaming. Ordinateurs et Internet : une politique volontariste Pour développer son parc informatique, la Tunisie a exonéré des droits de douanes l’importation des ordinateurs et des logiciels, qui sont simplement soumis à la TVA (18 %). Elle a lancé aussi, en 1997, le programme de l’« ordinateur familial », qui accorde des facilités pour l’acquisition d’un PC familial à un prix relativement bas (1 000 dinars tunisiens). Grâce à ce programme, près de 40 000 ordinateurs ont été vendus entre 2001 et 2004. Le nombre d’ordinateurs importés par an est passé de 30 000 à 98 000, l’enveloppe allouée à leur importation a plus que doublé, passant de 113 à 274 millions de dinars. Résultat : le parc d’ordinateurs est passé, durant la même période, de 150 000 à 472 000, le nombre d’ordinateurs pour 100 habitants a augmenté de 1,39 à 4,78 et le taux de pénétration dans les ménages de 2,2 à sept en 2004. Cette dynamique a profité aux sociétés d’informatique, dont le nombre est passé de 551 en 1997 à 709 en 2003. Le chiffre d’affaires global sectoriel est passé, durant la même période, de 130 à 145 millions de dinars et les emplois de 4 370 à 6 480. Conséquence : l’accès à Internet est devenu plus facile. Ainsi le nombre d’utilisateurs de la Toile a-t-il évolué de 300 000 en 2002 à 840 000 actuellement, et celui des utilisateurs (par 1 000 habitants) de 51 à 84, celui d’abonnés au réseau (par 1 000 habitants) de 7,8 à 13. Aujourd’hui, le nombre d’abonnés au réseau est estimé à 130 000 (contre 111 en 1996) et le taux de pénétration d’Internet dans les ménages a atteint 2,6 en 2003 (contre 1,26 en 2000). Même si le nombre de sites web (1 775) et l’accès au haut débit sont encore très faibles, en raison des coûts élevés par rapport au pouvoir d’achat local, l’avenir d’Internet semble assuré avec la connexion programmée au réseau pour toutes les institutions d’enseignement (université, lycées, écoles), la création d’écoles virtuelles et la vulgarisation de l’e-management dans les administrations publiques. Avec la création d’un porte-monnaie virtuel appelé la carte « e-dinar universel », la création de galeries marchandes et de services administratifs sur le web, le commerce électronique semble voué lui aussi à bel avenir. Les centres d’appels : un secteur d’avenir Avec une quarantaine de centres d’appels, employant plus de 2 000 téléopérateurs et opérant pour la plupart pour le compte de clients internationaux, surtout français, la Tunisie est en passe de devenir aussi une destination privilégiée pour ce type de services. (Source : N’7 – Janvier 2006 de la Revue trimestrielle « pour le dialogue entre le Maghreb, l’Espagne et l’Europe » publiée par l’IEMED l’Institut Européen de la Méditerranée à Madrid – Espagne.) URL : http://www.iemed.org/afkar/8/fkhefi.php
Statut de la femme tunisienne :
conscience de citoyenne et responsabilité d’Etat
La promotion féminine est en Tunisie un instrument de modernisation sans laquelle le pays ne pourra pas décoller. Zeyneb Farhat Promulgué le 13 août 1956, le Code du statut personnel (CSP) demeure – 50 ans plus tard–, le plus révolutionnaire des droits de la femme dans l’espace arabe et musulman. S’il choque encore des esprits coreligionnaires, il demeure pour les démocrates et les militants des droits de l’homme, une excellente plateforme juridique dont la philosophie moderniste a cimenté les orientations du projet de la société tunisienne le lendemain de son indépendance pour une société de droit. Et une plateforme justement est en évolution perpétuelle, à l’écoute des propositions d’une société en éveil. Mais vers quelle orientation politique peut-être poussé cet éveil ? Promotion féminine en Tunisie à l’indépendance : outil de modernisation A quatre mois de la proclamation de l’indépendance de la Tunisie le 20 mars 1956 – après une colonisation de la France depuis 1881–, le CSP en Tunisie fait l’effet d’une bombe, sans toutefois enregistrer une quelconque opposition sociale. Même proclamé en temps de Beylicat (monarchie), aboli quelques mois plus tard pour un régime républicain, ce CSP issu d’une consultation tout azimut des acteurs de la société –dont les ulémas et théologiens– a tracé clairement la voie du projet de société que le président Habib Bourguiba défendait farouchement durant les longs discours de son long règne de 30 ans en tant que chef d’Etat. Depuis, la promotion féminine a été et reste en Tunisie un instrument de modernisation sans laquelle le pays ne pourra pas décoller. Rien ne vient du néant. Surtout pas un CSP aussi féroce au vu de la structure de la société tunisienne des années cinquante. Bourguiba a été en fait fidèle au courant réformiste qui a commencé à germer dès la fin du XIXè siècle et le début du XXè, animé par les élites tunisiennes, formées en France généralement ou à la célèbre université islamique de la Zitouna. Notre femme dans la Chariaa et la religion, écrit par Tahar Haddad, un politique syndicaliste, féministe formé aux enseignements de la Zitouna a voulu « rendre justice à l’islam », en déclenchant une campagne pour la scolarisation des filles et l’émancipation des femmes. Conspué, hué, insulté lors de la publication de son livre, un hommage lui est rendu depuis les années cinquante à nos jours pour avoir écrit le corpus du CSP ! Ces tunisiennes, par qui le scandale arrive ! Aujourd’hui, pour les générations de femmes nées ou ayant grandi après l’indépendance, plusieurs paramètres concernant leur vie privée et publique sont balisés depuis longtemps et ne constituent plus d’entraves à leur bien-être. La tunisienne sait que même inscrits clairement dans les textes coraniques, grâce au CSP et à l’Ijtihad – réflexion positive des hommes de religion allant vers l’esprit et non à la lettre du Coran –, la polygamie a été abolie, l’adoption autorisée, l’héritage remodelé (cf. article ci-contre). Les portes du savoir lui sont ouvertes au même titre qu’à leurs concitoyens. Elle est électrice et éligible. Le contrôle de sa fertilité est son affaire propre : droit à la conception et à l’avortement sans l’autorisation de personne et dans l’anonymat gratuit dans tout hôpital de la Tunisie. Une fois majeure, elle est totalement responsable de tous les contrats qu’elle passe – dont le mariage, qu’elle peut contracter ou annuler au même titre que l’époux , faisant valoir le fameux article 13 du divorce inchaa ou « caprice » pour lequel elle aura à assumer financièrement ce détachement capricieux ! Elle hérite même toute forme de pension et revenus de la retraite de ses deux parents à leur décès, si elle est non mariée et qu’elle ne dispose d’aucune source de revenus fixes. Elle dispose – autant que son concitoyen – du droit d’affiliation à la Caisse nationale de Sécurité sociale, au titre du régime de « travailleur indépendant », disposant de toute une couverture sociale en vigueur et cela, qu’elle soit médecin, artiste, agricultrice, aide ménagère. Reste que l’accès à cette information pour ces deux dernières catégories est très faible ! Pour cela, et à différentes reprises, elle ne cesse d’être diabolisée, montrée du doigt et carrément mise au ban de « la communauté arabo-musulmane » car ainsi armée de lois la protégeant, elle n’est plus gardienne de valeurs de sa communauté, mais plutôt celle des valeurs occidentales ! La cabale reprend de plus belle ces dernières années au vu de l’émergence et de la conquête d’un terrain médiatique impressionnant – télévisuel surtout – lors d’émissions satellitaires dites « de conseils en jurisprudence musulmane » intéractives, émises à partir des pays du Golfe ou d’Egypte. Dans ces émissions, il est courant de conseiller à tout bon musulman qui demande conseil au vu d’une relation future avec une tunisienne de s’en éloigner et de couper toute relation avec « ces diables de tunisiennes par qui le scandale ne cesse d’arriver, que Dieu nous en protège ! ». Qu’il soit fidèle à une iconographie classique – barbe et tête couverte en verbiage direct –, ou moderne – tête couverte et costume européen very smart en utilisant des techniques de vidéo-projection, les animateurs de ces émissions tiennent le même langage si dégradant de l’image de la femme tunisienne que des associations de défense des droits pensent à les traduire devant la justice pour « diffamation et atteinte à image de marque ». Ces émissions exorcisent le goût amer d’humiliation que vit la communauté arabe et musulmane, en faisant de la femme – surtout tunisienne – la cause essentielle de sa déchéance ! En tout cas, de tout temps, la femme a toujours été le bouc émissaire idéal dans toute société en crise ! Ces tunisiennes, scandalisées par le statut de leurs coreligionnaires Cette même tunisienne élevée dans les acquis d’un CSP lui garantissant l’abécédaire de sa dignité humaine, voit d’un œil scandalisé l’infantilisation de la femme dans le monde arabe où le « crime d’honneur » est toujours vivace, où la répudiation est encore de mise, où le divorce ne s’obtient aisément que quand il est demandé par l’époux, où la descendante directe du défunt voit la moitié du legs lui filer entre les mains pour un cousin ou autre mâle de la famille, etcétéra. Jamais, et quelque soit sa classe sociale, elle ne comprendra au nom de quelle règle sa consœur en Arabie Saoudite n’a le droit de conduire une voiture ! Elle a suivi la Moudawana, la sœur du CSP au Maroc, d’un œil un peu condescendant réalisant à chaque fois, le large fossé entre elle et ses sœurs du monde arabo-musulman, encore militant aujourd’hui, en 2005, pour des « basic liberation act » dont elle dispose –elle– depuis 50 ans. Il est vrai que la nouvelle mouture du Code de la famille, de la Moudawana telle qu’annoncée le 10 octobre 2003 est un pas révolutionnaire au vu de l’ancienne législation au Maroc, pas franchi dans un tumulte médiatique. Mais pour la tunisienne, le maintien ou l’abolition de la polygamie est un « test » qui définit le regard posé sur le statut réel de la femme. Car, même pour les conservateurs les plus farouches, le Coran écartant l’hypothèse d’une parfaite équité entre les quatre épouses autorisées, la polygamie devient légalement quasi impossible. Le roi du Maroc l’avait d’ailleurs bien souligné, en annonçant les 11 points de la Moudawana ! Aussi, le statut de la femme tunisienne demeure, à ce jour, le seul référentiel moderniste, auquel viennent se documenter et s’intéresser de très près tous et toutes les militants des droits de la femme, se déplaçant en Tunisie pour y puiser toutes « les pistes », trouvées déjà depuis 1956 à nos jours, pour mettre en évidence l’incontestable légitimité du CSP dans toutes les lectures du Coran et de la Geste du Prophète Mohammed, et cela afin de contrecarrer les lectures rigides des conservateurs religieux. Projet de société, responsabilité d’Etat Le statut de la femme tunisienne a été pensé dans une politique globale pour une harmonie sociale assez cohérente, qui s’est occupée de former une citoyenne portant l’économie de son pays dans tous ses secteurs : cadre et intermédiaire (technicienne supérieure), aviation, médecine, administration, magistrature, art, ingéniorat, enseignement, disposant d’un réseau d’instruction publique et de santé de base à travers tout le territoire tunisien. Le crédo juste après l’indépendance est clair : la conception d’un Etat moderne, en établissant l’égalité – autant que peut – de la femme est une partie intégrante, sinon essentielle, d’une vision moderniste de l’Etat. Ce dernier est le seul instrument, le seul responsable et le seul garant de la modernisation. L’Etat établit alors toutes les conditions objectives pour « la lutte pour le développement ». Aucune entrave, aucun tabou d’ordre social ou religieux entravant ce projet n’est à craindre ou à négocier. D’où la législation unique dans le monde arabe et musulman défendant les droits de la femme tunisienne. Aujourd’hui, cet acquis est non seulement à défendre jalousement mais surtout à faire évoluer positivement au vu des nouvelles consciences de femmes, après 50 ans d’accès au savoir, à la prise de pouvoir économique et politique. Aujourd’hui, la femme tunisienne revendique ses droits en tant que citoyenne à part égale, se positionnant dans un combat harassant pour une démocratie effective. Et plus que jamais, la responsabilité de l’Etat en Tunisie et dans tous les pays arabes et musulmans – au vu de ses pratiques de pouvoir sourd aux sociétés civiles modernistes – est engagée pour toute dérive enregistrée dans leur territoires souverains, touchant à la dignité de leurs concitoyennes et sujettes, violant les conventions internationales des droits de l’homme et de lutte contre toute forme de discrimination envers les femmes. Conventions que ces Etats ont – dans leur majorité – signées, mis avec des réserves. Réserves, entre autres, dans lesquelles s’insèrent sournoisement et au nom de l’Islam, des appels à un projet de société alternative dont la plateforme s’inscrit au nom d’un éveil identitaire culturel arabe et musulman, récoltant les frustrés de démocraties nationales ratées et les révoltés, impuissants d’une conjoncture internationale où il n’est pas bon du tout d’être arabe et musulman ! (Source : N’7 – Janvier 2006 de la Revue trimestrielle « pour le dialogue entre le Maghreb, l’Espagne et l’Europe » publiée par l’IEMED l’Institut Européen de la Méditerranée à Madrid – Espagne.) URL: http://www.iemed.org/afkar/7/ffarhat.php
Crédif – Code du statut personnel
Femme tunisienne : les jalons d’un partenariat actif
• Après le Changement, le Président Ben Ali avait déclaré : «Oui à la révision du Code du statut personnel mais pour aller de l’avant et non pour retourner en arrière» Les multiples acquis de la femme tunisienne, obtenus au lendemain de l’indépendance avec la promulgation du code du statut personnel et renforcés par de nouvelles mesures après le Changement du 7 novembre, ont permis à cette dernière d’entrer dans la vie active de plain-pied, et ce, dans le cadre d’un partenariat actif avec l’homme dans plusieurs domaines économiques, sociaux et politiques. En effet, la femme est désormais présente, y compris sur la scène de la vie politique en tant que ministre, ambassadeur ou élue à la Chambre des députés et à la Chambre des conseillers. C’est justement pour célébrer le cinquantième anniversaire du code du statut personnel que le Centre de recherches, d’études, de documentation et d’information sur la femme (Credif) a eu l’idée d’organiser en son siège une journée placée sous le thème suivant : «Le code du statut personnel entre authenticité et modernité». C’était mercredi dernier, 25 janvier. La volonté politique de préserver et de développer les acquis de la femme est une constante largement soulignée. Le 8 mars 1988, le Président Ben Ali avait considéré les dispositions prises en faveur de la femme, et notamment le code du statut personnel, comme un «acquis civilisationnel» à préserver. C’est qu’un tel acquis permet de moderniser la société et de redonner à la famille tous ses droits. Présente à l’occasion, la ministre des Affaires de la femme, de la Famille, de l’Enfance et des Personnes âgées, Mme Saloua Ayachi Labbène, a souligné que la femme est désormais un membre actif et un partenaire de l’homme dans la vie. «Des amendements ont concerné le code du statut personnel pour le renforcer», précise-t-elle par ailleurs. Ainsi, la condition de la femme en Tunisie est devenue un exemple pour plusieurs pays arabes et islamiques, car l’approche tunisienne concilie modernité et traditions, sans négliger l’identité arabo-musulmane. Dr Mohamed-Habib Chérif, coordinateur général pour les droits de l’homme, a présenté une communication où il a donné d’abord un aperçu sur la condition de la femme avant l’indépendance. Il y avait, rappelle-t-il, un mouvement attaché au principe d’une éducation traditionnelle. Un autre était plutôt tourné vers le modèle occidental. Un long débat a été engagé au lendemain de l’indépendance pour mettre en place un texte juridique susceptible de concilier entre les bienfaits de la modernité et les exigences de la tradition arabo-musulmane. «Le choix était difficile», affirme Dr Cherif, d’autant plus que les deux mouvements tenaient à leur point de vue. On a décidé enfin de trancher en tenant compte des résultats du débat et, à la faveur d’une volonté politique, un texte avant-gardiste a été adopté, qui est le code du statut personnel. Un texte qui, aujourd’hui encore, constitue encore une fierté pour la femme tunisienne. Il exprime la vérité selon laquelle il n’y a pas d’identité sans modernité, et pas de modernité sans identité. Après le Changement du 7 novembre, un autre débat a été engagé. Un mouvement a même suggéré un retour en arrière, pour revenir, entre autres, à la polygamie, à l’autorité exclusive du père au sein de la famille… «Le Chef de l’Etat avait alors dit oui à la révision du code du statut personnel, mais pour aller de l’avant et non pour retourner en arrière», se souvient M. Chérif. D’où les mesures prises en 1992, et qui se sont traduites par les amendements apportés au texte en 1993. Ces dispositions, si elles tirent le meilleur profit de la modernité, consacrent aussi les préceptes de l’Islam. Cela peut être vérifié, entre autres, à travers la question relative à l’héritage, fait remarquer l’orateur. Des dispositions ont été prises aussi en ce qui concerne le divorce : dans un souci de prévention, les époux sont invités à des séances de conciliation. A travers toutes ces réformes, la femme a été totalement émancipée et a pu accéder aux différentes fonctions de la vie en société, en faisant parfois face à une pensée qui persiste à vouloir maintenir la femme dans un univers étriqué. Chokri GHARBI (Source : « La Presse » du 27 janvier 2006)
L’Islam et le débat intellectuel
Par Zyed Krichen Il ne se passe plus une semaine dans le Monde arabe sans qu’il n’y ait un séminaire, une rencontre ou une émission de télé sur la Chariaa et les Droits de l’Homme, la Chariaa et le statut de la femme, la Chariaa et la question nationale, la Chariaa et le droit international… Simple concomitance ou stratégie délibérée ? On peut dater ce phénomène du début des années 90 du siècle passé, quand les factions les plus importantes du nationalisme arabe décidèrent de tourner la page de leur lutte sans merci avec l’islamisme politique et opérèrent avec lui ce qu’on peut qualifier de rapprochement stratégique. Cette mue permit d’islamiser le nationalisme arabe et d’arabiser l’islamisme, mais le grand vainqueur fut, sans conteste, l’islamisme politique. Les raisons en sont nombreuses et complexes. Le nationalisme arabe, quoique très présent dans la conscience collective, s’est très vite identifié avec des régimes militaires autoritaires voire fascisants… Il ne réalisa aucune de ses trois grandes ambitions : la liberté (au sens d’émancipation nationale et non des libertés démocratiques), le socialisme et l’union. Saddam Hussein, sa figure de proue après Nasser, s’englua dans une guerre fraticide avec l’Iran, suivie d’une aventure désastreuse au Koweït qui a été lourde de conséquences pour toute la région. Bref le nationalisme arabe était en perte de vitesse. Il était à la recherche d’un second souffle. L’alliance, à terme, avec l’islamisme politique, semblait à nombre de ses théoriciens comme une nouvelle chance historique. Seulement le nationalisme arabe perdit, dans le change, ses dernières illusions pour changer la société et sa culture. Il adopta une posture défensive : la Nation arabe est menacée par les forces impérialistes occidentales. Défendre la Nation est la priorité des priorités. Défendre la Nation veut dire défendre son identité, c’est-à-dire sa culture, donc sa religion. Et le nationalisme arabe sombra dès lors dans ce que l’on pourrait appeler un islamisme d’ambiance. Un nouveau phénomène, beaucoup plus récent, est venu se greffer sur cet état de fait. Le 11 septembre 2001 a placé les Musulmans et leur religion au cœur du tumulte mondial. Du clash des civilisations à l’inter-culturalité, tout le spectre intellectuel est présent aujourd’hui en Occident. Les intentions et les stratégies des promoteurs et des défenseurs de ces thèses sont différentes mais tous cherchent à savoir quel serait le positionnement de l’Islam par rapport à telle ou telle autre question. Résultat des courses : de bonnes intentions et de moins bonnes, en Occident et en terre d’Islam, unissent leurs efforts pour mettre l’Islam au cœur de tous les débats : de la mondialisation au développement rural en passant par les sempiternelles questions des Droits des Femmes, de la tolérance religieuse… Tout y passe, des simples phénomènes de société aux grands débats de la géo-politique… Mais, car il y a un mais, tous les seconds termes du débat passent (modernité, femmes, Occident, Droits de l’Homme etc…) et ne reste que l’Islam et de plus en plus la chariaa… Seulement, qui définit ce que l’on entend par Islam ou chariaa dans ces débats? Certainement pas les Occidentaux, souvent bailleurs de fonds, pour ne pas donner l’impression d’une “ingérence culturelle”. Qui alors ? Les intellectuels arabes modernistes? Ils ne sont pas nombreux et tous n’ont pas choisi ce cheval de bataille. La nature ayant horreur du vide, cette tâche va revenir, bien évidemment, aux fondamentalistes et à leurs alliés. Il n’est pas dans notre intention de délégitimer les débats sur l’Islam, sa culture et son histoire. Loin s’en faut, mais de souligner le danger des amalgames. Dans ces débats, l’Islam est souvent pris comme une essence en dehors du temps et de l’espace. La foi, la loi (chariaa), l’histoire, la civilisation et la culture sont souvent présentées d’une manière fusionnelle. Tout est ramené à cette essence transcendante. Signe des temps : au vocable “Islam” on substitue de plus en plus celui de “chariaa”.le message subliminal étant : l’Islam essentialisé se réduit à la chariaa… Cette réduction mérite, à elle seule, une discussion plus approfondie (nous y reviendrons dans nos prochaines éditions). Mais nous voulons seulement souligner le danger de cette arnaque intellectuelle. On peut débattre des Droits de l’Homme et du droit positif dans le Monde arabe; des Droits de l’Homme dans la pensée musulmane contemporaine; des Droits de l’Homme et l’histoire de la culture islamique… mais les Droits de l’Homme et la chariaa c’est une grande imposture intellectuelle. En effet, cela suppose que la chariaa existe dans les pratiques judiciaires de nos pays ou qu’elle est un système idéologique et juridique cohérent pour pouvoir la comparer à la Charte universelle des Droits de l’Homme par exemple… ou enfin que les mouvances de l’Islam politique sont majoritaires dans nos pays et du coup la référence à la chariaa devient incontournable… Or tout cela n’est que supercherie. Même les fondamentalistes —qui, faut-il le rappeler sont minoritaires dans nos sociétés— ne sont pas d’accord entre eux sur la nature et les contours de la chariaa… Mieux encore, l’islamisme politique, dans ses tendances majoritaires, sait qu’il n’a aucune chance de participer au jeu politique sans renier son slogan fondateur “application de la chariaa”. Alors pourquoi laisser croire que la chariaa ou l’Islam essentialisé sont incontournables dans le débat intellectuel du Monde arabe? Simple erreur de jugement ou aveuglement historique? (Source : «Réalités» N° 1048 du 26 janvier 2006)
Home – Accueil – الرئيسية