TUNISNEWS
7 ème année, N° 2378 du 25.11.2006
AISPP: Communiqué Le Journal: Lorsque Moncef Souissi fait l’eloge du colonialisme Le Monde: La Libye s’efforce d’empêcher ses immigrants d’Afrique noire de traverser la Méditerranée
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Tunisie : la dictature est-elle plus belle au soleil ?
La Tunisie, un maître achat des destinations au soleil. Plus de 120.000 Belges s’y rendent chaque années pour y chercher soleil, dépaysement et repos. Mais derrière l’oasis de douceur, se cache, en réalité, une des dictatures les plus sombres, un régime qui persécute, emprisonne et torture systématiquement les opposants. Dans ce pays où les journalistes étrangers ne sont pas les bienvenus, l’équipe de « Questions à la Une » a mené l’enquête et révèle ce soir la face cachée de la Tunisie. Ses investigations l’amènent aussi à s’interroger sur l’indulgence de l’Europe qui tolère, à trois heures d’avion de Bruxelles, un régime qui viole systématiquement les droits de l’homme. Une enquête de Sylvie Duquenoy et Alain Van Belleghem.Le Journal: LORSQUE MONCEF SOUISSI FAIT L’ELOGE DU COLONIALISME
Par Boubaker SGHAIER
Tunis a vécu la semaine dernière au rythme de la fête du Cinéma, à l’occasion de la vingt et unième édition des Journées Cinématographiques de Carthage.
Celles-ci fêtaient également leur quarantième anniversaire.
A l’ouverture de la session, les cinéphiles ont eu droit à la projection du film «Indigènes» du metteur en scène algérien Rachid Bouchareb. C’est un film qui a fait couler beaucoup d’encre en France et ailleurs.
L’histoire du film concerne l’aventure de quatre jeunes Maghrébins qui ont rejoint l’armée française en 1943, lors de la deuxième guerre mondiale.
Ils ont réussi à contrer les forces allemandes dans la région d’Alzace en France.
Les quatre jeunes sont morts.
L’idée principale du film évoque la situation des anciens combattants qui ont été enrôlés de force par la France et ont été utilisés lors des deux guerres mondiales, ou dans les colonies, comme l’Indochine.
L’histoire nous révèle que la France, depuis le début du vingtième siècle n’a pas arrêté d’enrôler des dizaines de milliers de Tunisiens dans ses différentes guerres.
Lors de la guerre déclenchée au début du vingtième siècle, entre la France, l’Angleterre et l’Italie d’un côté et l’empire d’Autriche-Hongrie, l’Allemagne et l’empire Ottoman de l’autre, plus de 7 mille Tunisiens ont été mobilisés comme combattants et comme ouvriers.
En 1917, les autorités coloniales ont pris une décision grave en proclamant la mobilisation générale de tous les jeunes tunisiens qui ont atteint l’âge du service militaire. 35.371 jeunes ont ainsi été enrôlés.
Différents combats, en France et ailleurs, témoignent de l’héroïsme de ces jeunes recrues. D’autres données historiques montrent que notre pays a participé à la première guerre mondiale avec environ quatre-vingts mille soldats dont 10.700 sont morts dans les combats.
Beaucoup de témoignages relatent les actions héroïques entreprises par des soldats tunisiens pour la «Défense de la France». Ils avaient été affectés dans les zones les plus difficiles où des combats de tranchées faisaient rage.
Les enrôlés tunisiens ont pris part à de nombreuses campagnes, comme celle de Marseille en 1940, d’Italie en 1943, de Rome en 1944, de Toulon en 1944, et d’Allemagne (mars, avril et mai 1945).
Dans cette campagne, les soldats tunisiens du quatrième bataillon de l’armée de terre ont joué un très grand rôle pour la libération de l’Allemagne, puisque ce bataillon avait pu avancer au-delà du Rhin le 4 avril 1945, entrer dans plusieurs villes allemandes et arriver jusqu’à Stuttgart où il était resté jusqu’à juillet 1945.
Les historiens mentionnent que les soldats tunisiens ont été les premiers, dans l’armée française, à entrer dans le territoire allemand.
Certaines statistiques militaires estiment à 46.657 le nombre des Tunisiens qui ont participé à la seconde guerre mondiale. 13.612 sont morts dans les champs de bataille.
Le chiffre à retenir, et que tout le monde doit connaître, est que le nombre de Tunisiens enrôlés durant les deux guerres mondiales s’élève à 140 mille, dont 25 mille sont morts dans les combats.
Ces données expliquent l’importance du film projeté à l’ouverture des Journées Cinématographiques de Carthage.
Il révèle une partie de notre histoire se rapportant au rôle héroïque joué par nos grands parents et parents au service de la France, alors puissance coloniale.
Le paradoxe, c’est qu’au moment où les invités des J.C.C, personnalités politiques, intellectuels, hommes de médias et cinéastes, se remémoraient ces actes héroïques évoqués dans le film, l’homme de théâtre Moncef Souissi disait des choses très graves sur les ondes de la radio nationale.
C’était à l’occasion d’une interview radiophonique. Et il a heurté tous ceux qui l’ont écouté.
Il faisait l’éloge du colonialisme et de ses «bienfaits».
Il louait le colonialisme français pour avoir construit le théâtre municipal.
Est-ce une raison suffisante pour que Si Moncef, verse dans cette grave prise de position inacceptable.
Je n’ai aucun problème avec M. Moncef Souissi. Je vois en lui un homme de théâtre de grande et bien riche expérience. Il a beaucoup contribué à l’évolution du théâtre tunisien et arabe. Il a réussi à jeter les bases d’un théâtre rationnel et à traiter des sujets proches de la vie des gens et des soucis des masses, et cela avec franchise et audace.
Il a toujours réussi à monter des spectacles en utilisant les techniques les plus modernes et les méthodes expérimentales les plus innovantes.
Je ne peux nier que M. Moncef Souissi est un des rares hommes de théâtre qui ont présenté des travaux intéressants dans les différents pays arabes.
Le problème, c’est lorsqu’un homme de cette dimension, avec la position distinguée dont il bénéficie dans notre culture théâtrale tunisienne et arabe, se met à faire l’éloge du colonialisme.
Cette attitude est vraiment inimaginable.
Elle nous étonne par son irresponsabilité.
Elle nous touche profondément, nous, nos enfants et les descendants de plusieurs dizaines de milliers de martyrs qui avaient sacrifié leurs vies pour défendre la Nation.
J’espère que ce n’était là qu’un lapsus de la part de Si Moncef.
(Source : « Le Journal », N° 50 du 25 novembre 2006)
Lien : http://www.gplcom.com/journal/fr/article.php?article=876
La Libye s’efforce d’empêcher ses immigrants d’Afrique noire de traverser la Méditerranée