14 septembre 2008

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TUNISNEWS

8 ème année, N° 3033 du 14.09.2008

 archives : www.tunisnews.net  


AISPP: Violations continuelles impunies ? Comité de Soutien National au Bassin Minier de Gafsa: Communiqué Appel des femmes de France  Pour que la voix de Zakia Dhifaoui et de toutes les autres femmes Ne soit plus jamais étouffée AFP: Tunisie : taux de croissance établi à 6,3% en 2007 Omar Ben Hela: Réaction au courrier des lecteurs « Tunisiens avant d’être Arabes » Afrik.com: Arrestation de plusieurs présumés terroristes en Mauritanie – Menace terroriste : réelle ou amplifiée ? Sami Ben Abdallah: Du postmodernisme au kobzisme et le désespoir mobilisateur


Liberté pour tous les prisonniers politiques Liberté pour Abdallah Zouari, le journaliste exilé dans son propre pays Association Internationale de Soutien aux Prisonniers politiques 43 Rue Eldjazira, Tunis e-mail : aispptunisie@yahoo.fr Tunis, le 13 septembre 2008

Violations continuelles impunies ?

 
Les administrations des prisons de Borj El Amri et de Mornaguia rivalisent en matière de sévices infligés aux prisonniers dits « de l’antiterrorisme ». L’administration de la prison de Borj El Amri s’acharne à priver ces prisonniers de leurs droits élémentaires garantis par la loi sur les prisons. Ces procédés inhumains ont poussé certains d’entre eux à faire une grève de la faim pour exiger que soit mis un terme à ces humiliations et que soient améliorées les conditions d’incarcération. En dépit des promesses reçues par Ahmed Mrabet (condamné à 15 ans d’emprisonnement dans l’affaire n°10604 connue comme l’affaire de « Slimane ») en termes d’amélioration de ses conditions carcérales à la suite de sa grève de la faim en juin 2008, sa famille affirme (sa mère, madame Fatma Hilal, lui a rendu visite vendredi 12 septembre) qu’il est en butte à des brimades graves perpétrées par des agents pénitentiaires et que son état de santé se dégrade régulièrement car il est privé de médicaments (même à son compte !). […] Pour la commission de suivi des prisonniers Le vice-Président de l’Association Maître Abdelwahab Matar (traduction d’extraits ni revue ni corrigée par les auteurs de la version en arabe, LT)  

Comité de Soutien National au Bassin Minier de Gafsa – Tunisie c/o FTCR, 3 rue de Nantes 75019 Paris – Tel : 01 46 07 54 04 – Fax : 01 40 34 18 15 www.ftcr.eu – ftcr2@wanadoo.fr

Communiqué : Tunis le 13 Septembre 2008

 

1)      DÉCÈS Est décédé à l’hôpital de Sfax (centre Est), le samedi 13 septembre, le jeune ABDELKHALAK BEN M’BARAK BEN AHMED AMAYDI (né en 1977), des suites de ses blessures occasionnées par une balle qui s’est logée en bas du dos lors de la manifestation du 6 juin 2008 à Redayef. Le Comité National de Soutien aux Habitants du Bassin Minier présente ses sincères condoléances à la famille du défunt ainsi qu’à tous les habitants de Redayef, et exige une fois de plus, l’ouverture d’une enquête sérieuse à propos de tous les évènements survenus dans la région, et notamment celles relatives à l’utilisation de balles réelles. 2)      PROCÈS Les procès se poursuivent suite aux dernières manifestations dans le bassin minier. Ainsi, le Tribunal de Première Instance de Gafsa a rendu, en date du 11 septembre 2008, un jugement à l’encontre de : ·         Mohamed J’DIDI ·         Ahmed FAJRAOUI ·         Hassan BENALI ·         Zinelabidine HOUCHATI ·         Wajdi BOUIHI ·         Mohamed Amara BOUIHI ·         Khames BOULIFI ·         Wissam BALTI ·         Yahya BEN MASSOUD ·         Mohamed BEN ABDELBAKI BOUIHI ·         Saber BOUOUNI Lesquels ont été condamnés à trois ans et cinq mois d’emprisonnement pour « dégradation des biens d’autrui, entrave à la libre-circulation sur la voie publique, préparation et détention d’instruments et ustensiles inflammables, jet de produits solides sur les biens d’autrui, tapage et désordre sur la place publique, et violences volontaires aggravées ayant blessé un agent de l’Etat pendant l’exercice de ses fonctions » Le Comité réitère sa demande de clore définitivement le « cycle » des procès et d’entamer la recherche de solutions aux problèmes urgents du bassin minier. 3)      RELAXE Après la remise en liberté du groupe de 6 personnes parmi lesquelles ESSGHAIER BELKHIRI (qui réside à Nantes en France), un autre groupe composé de 14 personnes a été relaxé vendredi (19 septembre) : ·         Boujemaa CHRITI (membre du l’UGTT locale et du syndicat de la santé) ·         Aïd BENALI (fonctionnaire des chemins de fer) ·         Lazar AMIDI (instituteur) ·         Idriss BOUHALI ·         Bilal CHRITI ·         Sami TABABI ·         Mongi BEN ABDALLAH ·         Mansour BEN AHMED SOUILMI ·         Kamel BOUCHI ·         Adnane BEN JOMOUÏ ·         Ismaïl JOUHRI ·         Mohamed Salah ZNIDI ·         Ali JDIDI Le Comité exprime, à ce propos, sa satisfaction et espère que cette mesure puisse s’étendre au reste des détenus, afin qu’une nouvelle page s’ouvre dans le bassin minier. 4)      L’ENCERCELEMENT SE POURSUIT Monsieur Massoud ROMDHANI (coordinateur du Comité National de Soutien aux habitants du Bassin minier) est toujours victime d’une « surveillance » policière « très rapprochée ». En effet, des policiers en civil campent en permanence, de jour comme de nuit, devant son domicile ; « l’accompagnent » systématiquement lors de ses déplacements, tout en usant parfois de provocations diverses et variées… parfois même ils encerclent entièrement le quartier où il réside afin de l’empêcher d’en sortir. Ce qui constitue une atteinte caractérisée à son droit d’aller et de venir librement, tel que garanti par la Constitution tunisienne… Le Comité national de Soutien aux Habitants du Bassin Minier exprime son entière solidarité avec Monsieur Massoud ROMDHANI, sa famille et ses proches, qui connaissent un véritable état de siège depuis l’Eté. Il renouvelle, une fois de plus, sa demande aux autorités pour mettre fin sans délai à ces pratiques attentatoires à la vie privée de Monsieur ROMDHANI et à son droit de circuler librement et de voyager. Traduit de l’Arabe. H.B c/o FTCR, 3 rue de Nantes 75019 Paris – Tel : 01 46 07 54 04 – Fax : 01 40 34 18 15 www.ftcr.eu – ftcr2@wanadoo.fr  

Appel des femmes de France Pour que la voix de Zakia Dhifaoui et de toutes les autres femmes Ne soit plus jamais étouffée[1]

 
Je voulais raconter l’histoire de mes amis, dire cette belle marche qu’ils ont entrepris depuis des mois déjà. Alors, je suis allée les voir, pour m’enquérir de leurs nouvelles, écouter le son de leurs pas pour en faire l’écho. A mon arrivée, des femmes organisaient de belles noces pour fêter la symbiose de la dignité et de la résistance. Elles étaient belles mes amies, telles les fleurs des quatre saisons ensemble réunies. Jeunes, moins jeunes, grands-mères, filles, petites- filles ! Les unes aussi belles que les autres. Les unes aussi majestueuses que les autres. Grandioses, elles avançaient à pas sûrs, dans une douce détermination. Qu’y a-t-il de plus naturel qu’une mère qui rêve d’un lendemain meilleur pour ses enfants ! Je me suis glissée parmi toutes ces femmes, leurs pas ont rythmé ma marche, nous avons avancé ensemble les unes près des autres, les unes avec les autres… Je voulais vous parler d’elles mais ils ne m’en ont pas laissé le temps. Je voulais vous parler de ces fleurs d’espoir qu’on arrache en plein printemps, et que mes amies replantent aussitôt, je voulais vous raconter les rêves qu’on avorte et dont mes amies enfantent aussitôt… Ils m’en ont empêché, ils ont confisqué mes mots. Nombreuses sont celles qui sont frappées de cécité, mais pas mes amies Nombreuses sont celles qui sont frappées de surdité, mais pas mes amies. Ils ont voulu les faire taire, ils veulent m’arracher ma langue pendant huit mois. Vous imaginez, huit mois, deux cent quarante quatre jours sans parler, sans vous parler de mes amies… Ils ont confisqué mes mots, mais vous serez ma voix, vous amies que je n’ai pas rencontrées, que je ne connais pas encore, et qui êtes pourtant si proches de moi. Vous qui entendez les paroles qui s’agitent en moi telle une blessure, sans que je n’en dise un mot. Vous, qui comme mes amies gardez les yeux ouverts et les oreilles tendues, vous dont on ne peut accaparer la voix. Dites au monde entier que mes amies et moi nous voulons juste un avenir radieux pour nos enfants.   Vos signatures et messages de soutien au courriel : zakiadhifaoui@ras.eu.org [1] Zakia Dhifaoui est militante des droits de l’homme. Membre de l’association de lutte contre la torture en Tunisie ALTT, et du parti FDTL, Forum Démocratique pour le Travail et les Libertés. Le 27 Juillet dernier, elle s’est rendue à Redeyef, dans le bassin minier de Gafsa, région qui connaît un mouvement de protestation populaire depuis janvier dernier. Elle devait réaliser un article pour le compte du journal de son parti. A son arrivée, une manifestation était organisée, elle y a participé tout naturellement. Zakia Difaoui a été arrêtée dans l’après midi, alors qu’elle rendait visite à madame Jomaâ Hajji épouse de Adnane Hajji, syndicaliste arrêté pour son implication dans le mouvement de contestation dans le bassin minier. Zakia Difaoui a été condamnée le 14 août à 8 mois de prison, par le tribunal de première instance de Gafsa. Pendant son interrogatoire, elle a fait l’objet de diverses intimidations et de menaces de viol.

Tunisie : taux de croissance établi à 6,3% en 2007

[ AFP – 10/09/08  – 09H38 ] La Tunisie a réalisé en 2007 un taux de croissance économique de 6,3% contre 5,5% en 2006, selon le rapport annuel de la Banque Centrale de Tunisie (BCT) publié à Tunis. Ce taux a été réalisé grâce à l’évolution des industries manufacturières (+6,7%) notamment le textile-habillement (+5,4%), le cuir et les chaussures et les hydrocarbures (+22,5% contre -4,6%). Selon le rapport, la croissance a également été forte dans les industries mécaniques et électriques (15,9%) et les services marchands (8,4%), principalement le secteur des communications (20%). La croissance réalisée en 2007 a permis la création de 80.000 emplois dans la pêche et les activités non agricoles, ramenant le taux de chômage dans le pays à 14,1% contre 14,3% en 2006. Selon le rapport, l’investissement direct étranger a augmenté de 12,9% par rapport à 2006, les recettes fiscales de 12,4% et le déficit budgétaire s’est stabilisé à 3% du PIB. Le taux d’inflation s’est situé à 3,1% en 2007 contre 4,5% en 2006.    

Nous avons reçu le commentaire suivant relatif à l’article de M. Fadi Ayech, intitulé:

«Tunisiens avant d’être Arabes » (repris par Tunisnews du 12 Septembre 2008).

 
Par : Omar Ben Hela (un vrai citoyen du monde) Je ne veux pas discuter l’opinion de M. Ayech; il est libre de la tenir et je le défendrais pour l’exprimer, haut et fort, bien que je sois en désaccord avec lui. Ce qui m’a irrite dans ses propos, c’est sa contradiction flagrante dans ses propres termes: d’un cote, il est « Tunisien, citoyen du monde », mais de l’autre cote, il s’arroge le droit de qualifier dix millions de « Tunisiens avant d’être Arabes ». Monsieur le « Professeur universitaire » Ayech (apparemment Francophile jusqu’à la moelle et fier de l’être), si on tient votre raisonnement, les Français sont des « Gaulois avant d’êtes Français » ! En outre, si vous êtes un Tunisien et citoyen du monde, qu’est ce qui vous empêcherait d’ajouter une autre ou plusieurs couches : Africaine, Arabe, Musulmane… Je suis Tunisien, Arabo-Musulman et citoyen du monde (un vrai, puisque c’est ma situation actuelle, et non un pseudo ou par aspiration comme c’est votre cas), ou  mon universalité ne m’empêche pas de revendiquer ma différence: Je suis Musulman (dans l’univers mondial), de cultures Arabe (dans l’univers régional) et Tunisienne (univers spécifique ou local), respectueux de tout être humain et prêt a l’aider et le défendre, peu importe sa langue, son ethnie, sa religion, sa couleur de la peau, son gendre,. Si vous êtes un vrai citoyen du monde, je ne vois pas comment vous allez me denier ma revendication ! Juste un dernier clin d’œil « historique »: la dichotomie (le « moi » et « l’autre ») n’est pas une invention Arabe, elle est plutôt occidentale et Orientaliste (Voir Arnold Toynbee et Edouard Said, entre autres) et la Tunisie Arabo-Musulmane est le produit d’une symbiose qui s’est manifestée et s’est forgée, sans faille, depuis 15 siècles… ————————– Le même article a suscité les réactions suivantes sur le site du journal « Le Temps » Forum des lecteurs Réactions au courrier des lecteurs « Tunisiens avant d’être Arabes », publié le 12 septembre 2008

« Choquant »

« J’ai lu avec beaucoup d’intérêt mais aussi d’étonnement le courrier de monsieur Fedi Ayech sur l’identité et la culture tunisienne. Les propos de l’auteur sont très choquants venant de la part d’un Tunisien qui plus est un universitaire. Choquants non tant par leur contenu très contestable d’ailleurs mais parce qu’il émane d’un Tunisien. Que des modèles occidentaux de tolérance (sic) comme Houelbecque, Bernard Lewis, Oriana Fallacci (aujourd’hui décédée), Salman Rushdie, pour ne citer que quelques unes des plumes haineuses, déversent ou déversaient leur venin envers le monde arabo-musulman, cela ne me choque plus. Mais qu’un Tunisien joue à ce petit jeu dans un journal tunisien respectable, cela me choque et m’attriste plus que tout et ce pour diverses raisons. Cela me rappelle une arabo-américaine Wafa Sultan qui est devenue experte dans l’auto- flagellation au grand bonheur de think tanks et médias très suspects qui n’ont pas manqué de récupérer ses propos. Mettre sur le même pied d’égalité des envahisseurs qui méprisaient la population locale avec les conquérants arabes qui ont diffusé le message de l’islam et qui ont propagé la langue du Coran est un grand mensonge. L’auteur oublie que ces conquérants qu’il a qualifiés d’envahisseurs ont créé plusieurs civilisations en Tunisie (à Kairouan, Mahdia Tunis, etc.), en Afrique du Nord (Maroc et Andalousie) ou ailleurs (en Irak, etc.) où le plus souvent ils ont répandu un esprit de justice et d’égalité parmi les populations locales. Et ce contrairement, par exemple, aux derniers envahisseurs (sous le protectorat français) qui ont institué, parmi tant d’autres mesures, le tiers colonial, faveur salariale au profit des français résidents en Tunisie ou des Tunisiens naturalisés français. Inutile de remonter jusqu’aux romains pour relater les exactions qui ont été commises sur cette terre tunisienne par ces envahisseurs. Si la culture arabe a perduré en Tunisie, c’est parce que ces conquérants ont été les seuls à propager un message de justice et à s’être mélangés dés leur arrivée à la population locale. La motivation de leur venue n’était pas liée à un quelconque intérêt économique ou d’asservissement des indigènes. Ils sont venus pour propager leur religion dont la langue véhiculaire est l’arabe. Si le président Bourguiba (que l’auteur qualifie à juste titre de grand personnage) a insisté à l’aube de l’indépendance sur la « tunisienneté » du pays, ce n’était point en contradiction avec le caractère arabe de la Tunisie. Bourguiba a fait inscrire dans la constitution de 1959 que l’islam était la religion du pays et que l’arabe est sa langue officielle. S’il avait prononcé son célèbre « Balach ourouba » (Pas d’Arabité) devant le premier président algérien Ahmed Ben Bella, c’était pour contrer les projets unionistes mal ficelés des pro-Nasser. D’ailleurs, Bourguiba était très impliqué dans les affaires arabes, à commencer par le dossier palestinien, comme en témoigne son discours d’Ariha (Jéricho) en mars 1965. Par ailleurs, l’auteur fait fausse route en imputant nos problèmes quotidiens à cette culture arabe. Les Arabes ne constituent pas un peuple homogène. Il y’a des disparités certaines entre les pays arabes du Golfe, ceux du Moyen Orient et ceux du Maghreb. Il est facile d’imputer tous les maux de la société tunisienne aux chaînes satellitaires. Certaines de ces chaînes présentent des débats démocratiques où la contradiction est aussi présente que sur CNN ou France 2. L’auteur regrette l’époque où les jeunes tunisiens regardaient plus Rai Uno ou France 2. Sans remettre en question la valeur de ces grandes chaînes européennes, je constate que certaines chaînes arabes répondent aux standards internationaux les plus exigeants en matière de contenu (informations, débats, documentaires, etc.). Souvent, ces chaînes contestées emploient des compétences occidentales de grande valeur. Je n’ai jamais vu ces chaînes encourager la corruption, le chaos ou l’hypocrisie, pour reprendre quelques maux cités par l’auteur. Et puis, beaucoup de ces maux sont présents dans les sociétés occidentales tant admirées par l’auteur. Le fait de regarder Rai Uno ou France 2 n’a pas mis fin à la corruption, à la violence verbale ou aux abus en Italie ou en France ! Les vraies raisons des maux de la société tunisienne sont à rechercher ailleurs : démission de la famille, laxisme dans l’application des lois (sur la route, dans les stades, dans les affaires de construction anarchique, etc.), dans le rôle à jouer par le système éducatif qui n’éduque plus, dans nos médias tunisiens (et non satellitaires arabes ou occidentaux), etc. Monsieur Ayech se dit citoyen du monde. Quand on l’est, et avant d’accepter l’« Autre », il faudrait commencer par s’accepter. Et on ne peut revendiquer cette qualité si on déverse sa haine envers une partie du monde (en l’occurrence le monde arabe dans ce cas). Ce monde n’est pas parfait et souffre de beaucoup de maux. Néanmoins, la situation n’est pas fatale. Il suffit de faire un check up des vraies raisons. C’est déjà la moitié du chemin ! On peut être à la fois tunisien, arabe, méditerranéen, africain et citoyen du monde sans chercher des boucs émissaires ici et là ». Naoufel Ben Rayana Enseignant universitaire  

 

« Amalgame entre religion et nationalisme »

« Je tiens cher Monsieur à confirmer vos idées, en fait je me demande comment la Tunisie peut être arabe, je pense que nous faisons un amalgame entre religion et nationalisme alors que d’autres nations islamiques tel que le Pakistan, l’Iran, l’Indonésie et la Malaisie ne se prétendent jamais arabes mais au contraire ils tiennent à leur propre culture et identité nationale. Je crois que l’idée de culture arabe en Tunisie, est une illusion qu’on a reçue depuis notre enfance alimentée par des médias tunisiens influencés par les grands courants politiques de l’époque et actuellement par les chaînes TV arabes. Mais il suffit de partir dans un vrai pays arabe pour comprendre qu’on n’est que Tunisiens et qu’on est fiers de l’être. En effet je vis depuis quelques mois dans un pays arabe et je travaille avec des collègues de plusieurs pays arabes, je suis le seul à me sentir dépaysé. Je me retrouve dans une culture qui m’est très étrange, une culture de fermeture, de haine, d’hypocrisie, de sexisme, d’ignorance, et de malhonnêteté cachée derrière une hystérie religieuse. Alors que j’appartiens à une culture d’ouverture, d’amour, de connaissance, de respect, d’égalité entre homme et femme et avec une religion de tolérance et de modération ». Adnen Hidoussi « Merci » « Mille milliards de merci pour ce que vous avez écrit! » Dr Sobhy Houissa (Source : « Le Temps » (Quotidien – Tunis), le 14 septembre 2008)  


Arrestation de plusieurs présumés terroristes en Mauritanie Menace terroriste : réelle ou amplifiée ?

 

 
  dimanche 14 septembre 2008, par Panapress La police mauritanienne a arrêté au cours des dernières 24 heures une dizaine d’islamistes, présumés terroristes proches de Al Qaida au Maghreb. Des attentats à la voiture piégée contre des édifices publics auraient été envisagés. Une dizaine d’individus ont été arrêtés dans le cadre d’une rafle globale touchant les milieux islamistes radicaux affiliés à la branche régionale de Al Qaida au Maghreb arabe, suite à des renseignements faisant état de l’introduction en Mauritanie, à partir du Mali et du sud algérien, de groupuscules terroristes déterminés à commettre des attentats à la voiture piégée dans différents endroits abritant des édifices publics. Certains parmi ces individus seraient connus des services de renseignements et avaient été arrêtés dans le cadre d’un coup de filet précédent ayant visé les milieux salafistes présumés terroristes, au mois de mai dernier. Ainsi, en fin de semaine un impressionnant dispositif sécuritaire avait été déployé dans plusieurs quartiers de Nouakchott. Toutefois, dans de nombreux milieux, on reste relativement prudent par rapport à la thèse d’une probabilité d’attentats sur le territoire national. Selon Isselmou Ould Moustapha, directeur de publication du journal « Tahalil », considéré comme un des plus grands spécialistes du mouvement terroriste en Mauritanie, les dernières informations faisant état de l’imminence d’attentats terroristes relèvent d’une « manipulation » du nouveau pouvoir pour s’attirer la sympathie des occidentaux dans un contexte politique difficile. Après le coup d’Etat militaire intervenu en Mauritanie le 6 août 2008, la branche régionale d’Al Qaida au Maghreb a proféré des menaces d’attentat contre la Mauritanie, rappelle-t-on. (SOURCE: « AFRIK.COM » LE 14 SEPTEMBRE 2008)


Le bloc-Notes de Sami Ben Abdallah

Du postmodernisme au kobzisme et le désespoir mobilisateur

 

  www.samibenabdallah.com Les philosophes ont bien écrit des dizaines de livres, depuis les années 80, l’occident vit une nouvelle ère, celle du le postmodernisme . «Le postmodernisme connaît son apogée dans les années 1980 jusqu’à la fin du millénaire avec l’avènement de l’ordinateur et d’Internet. La révolution technologique a énormément bouleversé la société. Ce courant est une réaction contre l’idée que l’humanité est en progrès constant vers le meilleur. On remet tout le progrès accompli en cause. On critique les idéaux de la modernité utopique. Le capitalisme et le socialisme n’ont pas su amener la paix et l’égalité. Les grandes luttes humanistes de la modernité telles que l’écologisme, le féminisme et le pacifisme sont des luttes interminables ».(1) Le postmodernisme se caractérise par la montée de l’individualisme, l’égoïsme citoyen, la culture hédoniste, la société exhibitionniste et voyeuriste (parmi tant d’autres exemples, les sites comme facebook où on publie son journal intime publiquement, chose impensable il y a des années), le lien prime sur le lien (on n’achète plus un ordinateur pour faire du traitement de texte, mais pour communiquer grâce à Internet). C’est l’ère du vide, les religions sont mortes et les idéologies ont montré leurs limites.   L’idée de progresser pour une société idéale ne séduit plus. L’occident a tout essayé, rien ne marche. On ne rêve plus de bonheur, on accepte une société non pas «idéale » mais «vivable ». Sur le plan politique, c’est l’ère du « ninisme » (ni Droite ni gauche, on gouverne au Centre, disait Giscard D’estaing, puis  Mitterrand- « On a tout essayé ! »- lors de son second mandat ou Balladur au début des années 90). Chacun se cherche une nouvelle cause pour «croire » en quelque chose (en son équipe de foot préférée par exemple) ou se tourne vers le religieux pour remplir ce vide. La société a pensé qu’en réalisant la démocratie et  les libertés, il y aurait du bonheur. Beaucoup ont été déçu. Par conséquent, la société se « communautarise », se décompose et se recompose autour de causes ponctuelles,  s’invente de nouvelles causes  capables de mobiliser des petites communautés (d’où l’apparition de groupes tels les gays, les laïcs, les témoins de Jéhovah…etc) car il n y a plus de cause mobilisatrice pour la majorité. Ils se sont battus pour la démocratie, la liberté, la Gauche et la Droite, la majorité a été déçu. Le Kobzisme En Tunisie, nous appelons le postmodernisme : « le Kobzisme ». La société tunisienne vit la même fragmentation  de la société occidentale. Il y a une crise d’idéaux et une crise morale. Plus personne n’est capable de donner l’exemple. Tout comme  la société occidentale, il n y a plus de repères et de cohésion. «L’individualisme est dominant, car on vit pour soi. Il faut vivre avec le maximum de plaisir. Il faut vivre au jour le jour. Le cynisme est capital. Il faut toujours être relatif. Il faut vivre rapidement, sans perdre de temps. Il faut retrouver une certaine spiritualité (2)». Les Tunisiens et les Tunisiennes  n’ont rien inventé. Les symptômes décrits  existent aussi en occident. Ce qui est problématique dans notre société, c’est que nous avons fait un raccourci vers le postmodernisme sans vivre l’étape du modernisme car nous n’avons  pas connu  la Démocratie et  la liberté. Nous avons connu des idéologies diverses, le Bourguibisme, le Youssefisme, le nationalisme arabe, le communisme, l’islamisme, le droit de l’hommisme….Toutes ont échoué ou ont montré des limites. Nous avons connu deux régimes et nous vivons deux cycles politiques qui se ressemblent : une première étape où le pouvoir a voulu changer les choses : sous Bourguiba de 1956 jusqu’à 1962, sous Ben Ali de 1987  jusqu’à 1990.Ensuite un blocage de l’ouverture politique suite à deux tentatives  de renverser le régime : en 1962 par des militaires et des youssefistes, au début des années 90 par un noyau dur des islamistes et le groupe sécuritaire 2. Ensuite une phase de répression qui n’a épargné aucun courant politique : après 1962, Bourguiba avait interdit tous les partis politiques y compris le parti communiste tunisien qui était à l’opposé ideologiquement parlant des youssefistes. Après 1990, la gauche a été réprimée à son tour. Pourtant elle était à l’opposée idéologiquement des islamistes. Nous avons eu aussi les mêmes condamnations : sous Bourguiba, des étudiants de l’extrême gauche ont été condamnés à plus de 10 ans de prison voir même 14 ans. Idem pour les islamistes après 1990. Dans ce cycle politique qui se répète, il y a eu une période où la société a vécu sous une chape de plomb : jusqu’à 1981 sous Bourguiba, de 1990 jusqu’au début des années 2000 avec l’actuel régime. Ensuite  une étape de relative ouverture médiatique (à partir de 1981 sous Bourguiba et à partir de 2000 sous M. Ben Ali) marquée par les mêmes symptômes : des troubles sociaux  à cause de difficultés économiques, une grande demande de libertés et d’ouverture politique: (les émeutes du pain sous Bourguiba, et les émeutes de Redyef actuellement qui sont peut être des signes prémonitoires). Nous connaissons enfin, les mêmes maux  politiques : « un discours politique,  qui paraît aux yeux du commun des mortels surréaliste, quand il évoque l’Etat du Droit et des institutions, la primauté de la loi et des libertés (le discours politique officiel aujourd’hui ressemble étrangement à celui tenu par le Roi Hassan II qui évoquait l’Etat du droit et des institutions, soulignant qu’il n y avait aucun prisonnier d’opinion au Maroc et qu’il s’agissait uniquement de prisonniers de droit commun). Et sous Bourguiba, le discours politique paraissait aussi surréaliste. Enfin, les limites de ses deux stratégies politiques sont visibles  à propos de la question et la transition démocratique et la succession (La présidence à vie, les amendements de la Constitution) . Pareil constat explique en grande partie la  «démobilisation » qui rongent la majorité des Tunisiens (aussi bien pour le pouvoir dont le discours n’est plus mobilisateur que pour l’opposition). Le Tunisien ne croit plus en rien car il n’a plus confiance en rien. Les discours sur la démocratie, la liberté, le militantisme, les lois suscitent la dérision et l’ironie plus qu’autres choses. Il y a cet échec que nous assumons tous à divers degrés, celui  de la  construction d’un Etat ou peut être même l’échec de l’idée de la tunisiannité ou du patriotisme capable  de fédérer les Tunisiens en les liant  les uns aux autres. Il n y a pas eu l’universalisme Républicain, du coup il y a ce retour vers une conception tribale de la société où ce qui lie les uns aux autres, c’est le lien tribal ( En témoigne la forte culture régionaliste en Tunisie et la haine qui sous-tend les rapports des uns aux autres, les Tunisiens du nord, ceux de la capitale, les Sahéliens, les Sfaxiens, ceux du Sud). Le champ politique n’échappe pas à cette fragmentation : du coté du pouvoir, chaque responsable décrète ses propres lois et  organise son clan. L’intervention du Président de la République pour corriger quelques dysfonctionnement est censée être une exception, elle est devenue la règle. L’application des lois qui existent pourtant, est devenue une exception. Du coté des oppositions, ce ne sont plus l’idée de s’opposer au pouvoir ou le fait de  défendre des valeurs ou des principes qui lient les opposants mais c’est la logique de clans : chaque opposant s’entoure de quelques courtisans  et fonde son clan. Du coup, nous avons le clan d’Ennahdha, des anciens d’Ennahdha –les anti-Ennahdha- qui sont déçus de leur chef, un clan des droits de l’homme, un lobby de journalistes défenseurs de droits de l’homme qui fonctionnent selon une logique de clans, le clan de l’opposition reconnue qui fait partie de la majorité présidentielles, le clan des non reconnus, et ainsi de suite jusqu’à l’infini, car deux personnes suffisent pour fonder un clan…etc). La logique du clan est facile à deviner : Se soutenir entre membres du même clan et feu sur les autres. Pareil constat inspire du pessimisme car quand les gens ne croient plus en rien, quand des mots d’ordre tels que l’Etat de droit, la démocratie et  la liberté, ne mobilisent plus personne, il n y a que le désespoir qui  devient mobilisateur. Au niveau de la sociologie de la société tunisienne, les comportements extrémistes et  excessifs  ou les nouvelles maladies de la société (la montée du célibat, la prostitution dans les maisons closes au su et au vu de tout le monde, la présence de bandes organisées qui terrorisent des citoyens…etc) sont des symptômes visibles de ce désespoir. Au niveau politique, le désespoir peut mener à la radicalisation, à l’extrémisme (l’apparition de groupes jihadistes en Tunisie ou  la radicalisation de jeunes qui éprouvent une sympathie pour ces derniers). Par ailleurs, le désespoir peut mener aussi à la démission totale et à la désertion. Du coup, on arrive à un  cercle vicieux : « notre pays a besoin de l’énergie de tous ses enfants quels que soient leurs opinions politiques mais toutes ces énergies sont gaspillées ou bloquées car plus  personne ne croit en rien ». Toutes les sociétés y compris en Occident, vivent  ou ont connu les mêmes problèmes que nous connaissons en Tunisie. Toutes y ont apporté des solutions et nulles parts n’est écrit qu’il nous est interdit de s’inspirer de ces solutions. Mais partout est écrit qu’aucune société n’a résolu ses problèmes avec la police. Par le passé, le pouvoir a essayé cette solution et pour quel résultat ? Une image catastrophique dans le monde, une peur qui bloque et qui ronge des milliers de Tunisiens et de Tunisiennes, une presse médiocre (de l’aveu du président de la République), un discrédit qui frappe tout discours politique quel qu’il soit, des Tunisiens qui n’ont plus confiance dans leur pays, qui ne veulent plus investir leurs économies en Tunisie, qui choisissent d’autres nationalités (française, canadienne ou autres) pour se sentir en sécurité dans leur pays. En occident, les philosophes pensent que la fin du Postmodernisme comme courant est proche pour donner naissance « à une nouvelle ère où les communications sont de plus en plus rapides. Cette ère sera marquée par la surinformation, c’est-à-dire que l’information voyage avant même qu’on n’ait pu la traiter »(3). C’est dire  les limites de cette politique du tout verrouillage que nous vivons en Tunisie, l’urgence d’une remise en question des logiques politiques qui ont régné jusque-là dans notre pays et la nécessité d’avoir une nouvelle approche des problèmes. A défaut, il n y aura que le désespoir comme mobilisateur et nul ne sait  ou cela peut conduire… (1)  (2) et (3) : http://agora.qc.ca/

 

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20 avril 2008

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