TUNISNEWS  
  8 ème année, N°                2894 du 25.04.2008
 
 
 
  
  
 
   
FTCR: Cimetière         marin         Rouge: Révolte à Gafsa         Le Figaro: Malgré plusieurs alertes, la Tunisie résiste à al-Qaida         APN : « La censure transforme l’homme en âne et la         société en écurie », estime un blogueur tunisien         Afrik.com : Maghreb : qui sont les hommes d’influence ?  Portraits des         vrais maîtres du sérail          Jeune Afrique : France – Tunisie …Coopération         tous azimuts          Jeune Afrique: Au menu de Sarkozy          Jeune Afrique: Almanach de l’islamophobie          Le Afriques: Tarak Ben Amar: Un Tunisien règne sur le cinéma français
          
 
 
 
 
         Fédération des Tunisiens pour une Citoyenneté des deux Rives
 (FTCR)
       Communiqué
 Cimetière       marin
 Jeudi 24 avril       2008, une embarcation partie quatre jours plus tôt des environs de Chebba       – Gouvernorat de MAHDIA, en direction du sud de l’Italie fait naufrage en       pleine mer. Parmi       les 26 candidats à l’émigration en Europe qui étaient à son bord, 23 sont       présumés « disparus.»
 En effet, trois cad avre       s ont été retrouvés, ramenés par les eaux vers le littoral tunisien.
 Cette nouvelle n’a,       hélas, rien d’exceptionnel. Les naufrages en Méditerranée et les morts par       noyade des candidats à l’émigration ou à l’asile font, depuis des années,       partie de la routine. Le nombre de morts croît au fur et à mesure que       l’Europe renforce sa politique sécuritaire et restreint les possibilités       d’accès légal à son territoire.
 C’est sans doute pour       cela que la mort violente d’autant de personnes ne fait l’objet, au mieux,       que de quelques dépêches. 
 En Tunisie, la presse       nationale n’y a consenti que quelques lignes dans lesquelles est rapportée       la déclaration officielle des autorités tunisiennes : « nous déployons       des efforts importants pour empêcher les départs vers l’Italie, à partir       de notre territoire et nous avons sérieusement alourdi les peines dont       sont passibles ceux qui participent ou organisent de telles traversées »      
 Nous apprenons donc que       l’Etat tunisien garantit qu’au cas où ces malheureux avaient la vie sauve,       ils écoperaient de lourdes peines de prison.
 La FCTR exprime ses       sincères condoléances aux familles des victimes et au peuple tunisien.       Elle les assure de toute sa solidarité pour cette nouvelle tragédie
 La FTCR a contacté ses       partenaires associatifs du sud de l’Italie et la LTDH – Ligue tunisienne       pour les droits de l’homme ainsi que l’ACNUR (Antenne Locale du Haut       Comité pour les Réfugiés) afin d’engager un travail d’enquête sur le sort       des 23 personnes portées « disparues ».
 La FTCR considère que       les autorités européennes et celles de l’Italie en particulier ont de       lourdes responsabilités dans cette tragédie, entre autres, parce qu’elles       ont réussi à dissuader les sauvetages en mer. Elle rappelle que le lundi       28 avril 2008 aura lieu la prochaine audience du fameux procès des « sept       pêcheurs d’Agrigente », des Tunisiens emprisonnés et poursuivis pour       avoir sauvé la vie de 44 naufragé-e-s.
 La FTCR tient,       également, à rappeler que leurs bateaux sont toujours séquestrés et que       les sept pêcheurs de Teboulba vivent dans une situation  extrêmement       difficile sans que l’Etat tunisien n’ait bougé le petit pouce pour les       aider.  
 Ce même lundi       28 avril 2008, Monsieur Nicolas Sarkozy effectuera une visite d’Etat de       trois jours en Tunisie, visite dans laquelle, il s’entretiendra avec       Monsieur Ben Ali de l’Union pour la Méditerranée.  Il y a à peine quelques       jours, le Président français a encore osé déclarer que l’économie       française a besoin de renfort de main d’œuvre mais que la répression de       l’mmigration dite « clandestine » n’en sera pas moins renforcée.
 La FTCR condamne avec       force cette politique entretenue par les gouvernements des deux rives de       la Méditerranée engendrant jour après jour des centaines de morts sous des       stèles où ne figurent que des chiffres « Ici repose 102, de l’autre       côté 508 et encore et encore… » 
 Deux ans après       l’abolition de l’esclavage et de la traite transatlantique des êtres       humains où des centaines de milliers d’Africains mourraient en mer pour       que d’autres soient soumis au travail forcé dans les champs de coton, la       FTCR propose une journée de deuil national pour les enfants de la       Tunisie et de tous les pays du sud se jetant en mer dans l’espoir       d’assurer de meilleures conditions de vie et une pleine dignité pour       eux-mêmes et leurs proches. Elle appelle toutes les organisations, partis       politiques et collectifs épris de justice et s’élevant contre l’esclavage       moderne à faire de la journée du 10 mai une journée d’hommage et de       commémoration aux morts pour la dignité. 
 Paris, le 25 avril 2008
 Pour la FTCR
       Mouhieddine CHERBIB
 
       Fédération des Tunisiens pour une Citoyenneté des deux Rives (FTCR)
 3 rue de       Nantes   Paris       75019 Tél.: 01 46 07 54 04 – Fax: 01 40 34       18 15
 E-mail :            ftcr2@wanadoo.fr               Site :        www.ftcr.eu
 
 
        TUNISIE         
Révolte à Gafsa
         
        La colère a éclaté sur le bassin d’exploitation minière de phosphate de         Gafsa, au sud-ouest de la Tunisie, ravagé par le chômage. Les         manifestations pour l’emploi et des conditions de vie décentes ont         dégénéré en affrontements musclés avec la police durant la deuxième         semaine d’avril.         La répression policière, extrêmement dure, tente de contenir un         mouvement social de protestation d’une rare ampleur. Elle a conduit à         des arrestations et gardes à vue.         Ce mouvement, qui couve depuis plusieurs mois, a été déclenché par la         publication, en janvier 2008, des résultats du concours d’entrée à la         compagnie Phosphates de Gafsa, le principal employeur de la région. La         population et des associations de défense ont dénoncé la corruption, les         fraudes et le népotisme auxquels a donné lieu ce recrutement.          Des manifestations et des grèves ont alors éclaté dans tous les secteurs         d’activité, touchant toutes les générations : jeunes, femmes,         syndicalistes, enseignants, commerçants. La répression, comme         d’habitude, a été brutale : barrages policiers, manifestants encerclés         et molestés.         Certains syndicalistes, victimes de passages à tabac et de mauvais         traitements, ont été visés. Le secrétaire général de l’enseignement de         base de Redeyef, Adnane Hajji, a révélé les manipulations de la phase de         recrutement à la compagnie, allant jusqu’à dénoncer la complicité de         cadres syndicaux locaux. Cela lui a valu le gel de son statut par la         centrale syndicale, l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), et sa         traduction devant un conseil de discipline. Il a été arrêté alors qu’il         souffre d’une grave insuffisance rénale. Son épouse a entamé une grève         de la faim jusqu’à sa libération, intervenue quelques jours plus tard.                 Le paysage social de cette région oubliée du « miracle économique         tunisien », un des gisements de phosphates les plus importants du monde,         est très sombre. En 2007, le taux de chômage avoisinait 40 %, pour une         moyenne nationale de 14 %. Les jeunes diplômés sont particulièrement         touchés, ce qui explique leur frustration et leur colère à la parution         des résultats.         De plus, des pathologies liées à la pollution apparaissent alors que         l’accès aux soins est difficile pour beaucoup. Les revendications les         plus urgentes avancées sont la résorption du chômage, la création de         grands projets industriels et l’affectation de moyens financiers au         développement. Pour le moment, le président de la Répu-         blique, Ben Ali, reste sourd et s’oppose à toute implication budgétaire         accrue de l’État.         Le gouvernement a choisi la répression par peur d’une extension de la         lutte à d’autres domaines, tant le mécontentement grandit dans le pays.         Concernant sa politique, Ben Ali n’a pas besoin d’esquiver les questions         gênantes, car elles ne sont même pas posées. La liberté d’expression et         d’information est inexistante, et l’ensemble des organes de presse         nationaux observent le black-out sur la situation sociale du pays.         Cette répression survient à l’occasion de l’« examen périodique         universel », nouveau mécanisme de l’ONU pour évaluer les États en         matière de droits de l’Homme. Au cours de celui-ci, le régime tunisien a         su convaincre le jury de sa parfaite respectabilité ! Une déception pour         les ONG nationales et internationales de défense des droits de l’Homme.         Le 13 avril, des rassemblements de soutien se sont tenus en Tunisie, en         Belgique et en France, notamment à Nantes, où vivent de nombreux         Tunisiens originaires de la région.         Selon le journal algérien El Khabar, 135 Gafsiens ont passé la frontière         vers l’Algérie pour fuir faim et misère. Ils sont depuis retenus près de         la frontière dans la wilaya de Tebessa.         Alors que Sarkozy s’apprête à se rendre en Tunisie, du 28 au 30 avril,         nous devons organiser une solidarité internationale avec les déshérités         de Gafsa, condamner la répression violente et dénoncer le caractère         policier du régime tunisien.         Gisèle Felhendler 
         
 (Source; Rouge         (hebdomadaire de la Ligue communiste révolutionnaire (LCR) n° 2249,         24/04/2008         Lien:   www.rouge-hebdo.fr 
  
 
 
  
        Malgré plusieurs alertes, la Tunisie résiste à al-Qaida
  
         
 Arielle Thedrel                  Confinés jusqu’ici en Algérie, les salafistes rêvent de déstabiliser         toute l’Afrique du Nord.         De notre envoyée spéciale à Tunis         MALGRÉ l’enlèvement, fin février, de Wolfgang Ebner et d’Andrea Kloiber,         les touristes n’ont boudé ni la route des ksours, ces châteaux forts du         Sahara, ni la cité troglodyte de Matmata, étape incontournable dans la         découverte du sud tunisien. C’est dans cette localité que l’on a perdu         la trace des deux Autrichiens, après un coup de téléphone d’Ebner à son         fils annonçant qu’il se dirigeait à bord de son 4 × 4 vers le grand erg         oriental qui borde l’Algérie.         Nul ne sait quand le couple a été kidnappé par un groupe islamiste armé         algérien se réclamant d’al-Qaida, mais, malgré les dénégations des         autorités tunisiennes, il est probable que l’enlèvement a eu lieu en         Tunisie. Plusieurs observateurs n’excluent pas que les ravisseurs aient         même bénéficié de complicités locales.         « Dans tous les cas de figures, estime Samir Dilou, spécialiste des         groupes islamistes armés, si, comme l’affirme le gouvernement, les deux         touristes se sont aventurés jusqu’en Algérie, cela démontre la porosité         des frontières et permet d’en déduire qu’un groupe armé peut lui aussi         s’introduire sur le territoire tunisien ».         Ce fut déjà le cas fin 2006 lorsqu’un groupe de djihadistes tunisiens         venus d’Algérie fut appréhendé par les forces de sécurité près de         Soliman, une bourgade aux portes de Tunis. L’affrontement s’était soldé         par une douzaine de morts et l’arrestation d’une trentaine de jeunes         Tunisiens jugés au début de l’année. Selon Samir Dilou, l’un de leurs         avocats, « la plupart des accusés n’avaient en réalité qu’un vague lien         avec le groupe de Soliman. Mais la règle en Tunisie est de ratisser         large et profond ».         Depuis le début des années 1990, l’épouvantail islamiste a permis au         régime du président Ben Ali de légitimer une politique sécuritaire         visant surtout à étouffer toute velléité de contestation. « Mais à         présent, poursuit Samir Dilou, nous sommes passés d’une menace         terroriste virtuelle à une menace réelle. Les camps d’entraînement         d’al-Qaida se trouvent maintenant juste à côté, en Algérie, et le Sahel         est devenu l’une de ses bases arrière. Tout indique que la Tunisie est         devenue une base de recrutement et un relais logistique pour les         salafistes ».         Officiellement, les autorités tunisiennes contrôlent la situation. Le         quadrillage de ce petit pays (un cinquième de la France) a été jusqu’ici         dissuasif. À l’exception de l’attentat de Djerba en 2002, la Tunisie a         été épargnée par les violences qui ont ensanglanté l’Algérie ou le         Maroc. Selon l’avocat Raouf Ayadi, le gouvernement n’en redouterait pas         moins des opérations kamikazes.
 Procès en série         Depuis « l’affaire de Soliman », plus de 1 300 personnes auraient été         interpellées et il ne se passe pas une semaine sans que s’ouvre un         procès contre des jeunes soupçonnés, à tort ou à raison, de vouloir         s’embrigader dans des groupes armés. La plupart sont originaires d’un         Sud déshérité où le taux de chômage est deux fois supérieur à la moyenne         nationale.         Ayadi et Dilou, qui ont assuré la défense de nombreux islamistes ou         prétendus tels, notent que, depuis le ralliement du GSPC algérien à         l’internationale terroriste d’Oussama ben Laden, le parcours classique         des apprentis djihadistes est en train d’évoluer.         « Généralement, explique Me Ayadi, après s’être éventuellement entraînés         en Algérie, ils sont expédiés en Irak via la Syrie où ils nouent le         contact avec les réseaux terroristes ». Mais depuis peu, poursuit Samir         Dilou, « plusieurs jeunes, qui auparavant n’avaient que l’Irak en tête,         m’ont confié vouloir combattre dans leur pays d’origine » .         Retransmise en direct sur toutes les chaînes satellitaires,         l’intervention américaine a donné, selon Samir Dilou, « un formidable         coup de pied dans la fourmilière islamiste  ». A en croire pourtant         Hajmi Lourimi, « l’idéologie salafiste, foncièrement étrangère aux         Tunisiens n’a ici aucune assise sociale  ».         Lourimi est l’un des 25 000 militants islamistes incarcérés au début des         années 1990 après le succès de leur parti, Ennahda, aux législatives de         1989. Ennahda (renaissance en arabe) a été interdit. Libéré l’été         dernier après seize années de prison, Lourimi, qui n’a pu trouver un         emploi, a repris, à 46 ans, ses études de philosophie. Il achève un         master sur Le Discours philosophique de la modernité de Jürgen Habermas.         « Ennahda était et demeure un mouvement réformiste. Mais la répression         et l’absence de libertés font le lit de l’extrémisme. Plusieurs de mes         anciens codétenus, arrêtés après 2003, m’ont avoué être des         sympathisants d’al-Qaida ». À en croire des sources militaires         américaines, la Tunisie représenterait par tête d’habitant le plus gros         contingent de djihadistes en Irak…
                  
 (Source: Le site du journal “Le Figaro” le         25/04/2008 | Mise à jour : 20:45 | )
  
« La censure             transforme l’homme en âne et la société en écurie », estime un             blogueur tunisien
 
 
           
   
 Natif de Bizerte, le b logueur         tunisien Sami Ben Gharbia est un farouche défenseur de la liberté         d’expression qui a préféré quitter son pays plutôt que de se taire.         Après un long périple qui l’a mené du Tchad en Iran en passant par         l’Arabie Saoudite, il vit aujourd’hui aux Pays-Bas qui lui a accordé         l’asile politique. Son blog, “Fikra” (idée en arabe), est censuré en         Tunisie depuis 2003 avec la complicité des logiciels fabriqués par Cisco         Systems et Nice Systems, précise-t-il.         Quand il ne blogue pas, Ben Gharbia occupe le poste d’Advocacy Director         pour Global Voices, une organisation mondiale de blogueurs dont le but         est de mettre en avant des sujets souvent ignorés par les médias         traditionnels. Rencontre avec un homme qui ne pouvait se résoudre au «         braiment». Dans le cadre d’un dossier consacré aux blogs, APN s’est         entretenu avec les blogueurs les plus éminents         du monde arabe. Cette semaine : la Tunisie.
           
  
 APN : Pourquoi bloguez-vous ?         Sami BenGharbia : Ma première expérience de blogging remonte à         2002. Mais c’est en 2003 que j’ai lancé mon site/blog personnel.          Auparavant, j’étais actif sur les sites et forums dissidents comme sur         TuneZine.com et reveiltunisien.org        où je publiait mes textes et prenait part au débat politique qui         s’y déroulait.
 En fait, la raison pour laquelle j’ai crée         mon propre site était de publier mon e-livre   Borj Erroumi XL , Voyage dans un monde hostile, mis en ligne le 31 octobre         2003 et qui raconte l’histoire de ma fuite de la Tunisie et mes voyages         à travers la Libye, le Niger, le Tchad, l’Arabie Saoudite, la Syrie,         l’Iran pour arriver enfin aux Pays-Bas où j’ai demandé l’asile         politique.
 J’ai toujours cru à la vielle formule arabe         définissant l’être humain en tant qu’ «un animal qui parle » (al-insâno         hayawânon nâtiq). Djalâl al-Dîn Rûmî,         l’un des grands poète mystique musulman disait dans son Livre du         Dedans (fîhî mâ fîhî), que  « La parole est la mesure de l’homme ».         Dans son Dîwan, Le poète arabe par excellence, al-Motanabbî         avait dit que : « La maigreur de mon corps suffit à attester que je suis         un homme qui, s’il ne vous parlait pas, demeurerait invisible à vos         yeux.»  Pour moi, dérober la parole à l’être humain équivaut à le priver         de sa pensée, c’est-à-dire de sa quintessence. Toute entrave à la         liberté d’expression, quelle soit une entrave d’ordre politique ou         religieux ou social tend à transformer l’homme en animal ; à rabattre sa         valeur. Avec la censure, la parole devient braiment, l’homme se         transforme en âne et la société en écurie. D’où mon attachement à la         liberté d’expression sur Internet, et sur les blogs en particuliers, qui         a permis à l’individu de reconquérir sa citoyenneté pour aborder des         sujets tabous et concurrencer parfois, bousculer, les médias         traditionnels.
         
 APN : Quelle différence voyez-vous         entre un blogueur et un journaliste ?         SBG : Un journaliste vend ses textes à des médias et vit de son         activité et de ses écrits qui portent sur l’actualité. Il rapporte une         information ou exprime son opinion. Mais souvent, il est tenu de         respecter une ligne éditoriale, plus ou moins imposée. Chose qui le         différencie du blogueur qui est, à la fois, l’auteur, l’éditeur et, de         plus, le propriétaire du support sur lequel il publie ses écrits. Et,         dans ce sens, on n’est pas obligé d’être journaliste pour respecter un         code de déontologie et de conduite. On voit chaque jour des centaines de         journalistes qui racontent n’importe quoi. Une revue de la presse         quotidienne tunisienne, où la langue de bois a atteint des sommets,         suffit pour s’en convaincre. Par contre, un grand nombre de blogueurs         crédibles honorent le blogging et le journalisme citoyen. Je me souviens         des propos du grand journaliste égyptien,  Mohamed Hassanein Heikal, sur   Aljazeera,         lorsque il a déclaré        que sa confiance dans le    blog         égyptien Baheyya, qu’il lisait tous les matins, est plus grande         que sa confiance dans les journalistes du pays.
  
 APN : Qu’est-ce qui vous inspire ?         SBG : Je suis de plus en plus intéressé par les sujets qui se         rapportent à la liberté d’expression en ligne et par l’utilisation des         nouvelles technologies d’information et les outils web 2.0 (les sites de         partage de videos comme Youtube, Google Maps, Flikr, Facebook, Twitter,         etc.) pour la défense d’une cause juste allant de la promotion du         respect des droits de l’homme et des libertés jusqu’à la défense de         l’environnement. Regardez comment les blogueurs égyptiens utilisent le         Web pour combattre la torture ou comment les activistes tunisiens ou         marocains utilisent la vidéo et les outils Web 2.0 pour dénoncer         l’injustice et la corruption est un vrai plaisir. Quand la créativité et         l’engagement citoyen des activistes se rejoignent, les adeptes du statu         quo et de la répression perdent la bataille de l’information.
         
 APN : Exercez-vous une autocensure         sur vos écrits ?         SBG : Ça arrive très rarement; lorsque je sens que ce que je         vais dire peut causer plus de tort que de bien à la cause ou à l’idée         que je défend, j’opte souvent pour des formules et des expressions moins         “agressives”. Ceci dit, souvent je choisis la provocation qui est         capable de susciter un débat où une réaction que je trouve intéressante.
         
 APN : Quel fut votre post le plus         populaire ?         SBG : Selon les statistiques de mon blog, c’est le post “Que         cherchent les Maghrébins sur Google?”         qui semble attirer le plus de visiteurs. L’article en question étudie         les tendances du cyber-comportement au Maghreb et en Tunisie en         particulier en se basant sur Google Trends        .L’autre sujet qui n’a jamais cessé d’intéresser journalistes et         chercheurs du Web Social c’est “La         carte des prisons    Tunisiennes“.         Il s’agit d’un travail de mushup (une technique de mixage d’applications         composites et de services exposés sur le web pour en former un nouveau         service) qui dresse une liste approximative des prisons tunisiennes         installées sur une carte Google avec des témoignages vidéo et audio de         prisonniers politiques en Tunisie. 
  
  
 (Source: Arab           Press Network le 22 avril 2008)
   
  
 
Maghreb : qui sont les hommes             d’influence ?              Portraits des vrais maîtres du sérail
   
            samedi 19 avril 2008, par Notre partenaire Matalana
             
            Ils sont au centre de toutes les conversations, mais finalement on             les connaît peu et mal. Ils fuient les mondanités, parce qu’ils             n’ont pas besoin de s’afficher. Ils sont craints et enviés. Ces             hommes – car ce sont tous des hommes –, qui ont souvent en commun le             goût de l’intrigue et du secret, jouissent d’un privilège             incommensurable dans des sociétés aussi pyramidales que les sociétés             maghrébines : celui de l’extrême proximité et même parfois de la             familiarité avec les chefs. Loyaux serviteurs, ils savent cependant             rester à leur place et ne pas se prendre pour ce qu’ils ne sont pas             : des dauphins ou des héritiers putatifs. Ce sont les hommes de             l’ombre, les conseillers du Prince, les vrais décideurs. Ils sont             beaucoup plus puissants et influents que les ministres dont ils             peuvent faire ou défaire les carrières. Dans son dernier numéro, en             kioske actuellement, le magazine Matalana lève un coin du voile.                                       Extraits du dossier réalisé par Khaled A. Nasri             Parfois éminences grises, parfois confidents, souvent les deux à la             fois, les hommes d’influence peuvent, dans les configurations les             plus extrêmes, celles du Maroc ou de la Tunisie, commander l’accès             au bureau du dirigeant. Rabat, Tunis, Alger, Le Caire, Tripoli :             plongée, en cinq étapes et en images, au coeur des galaxies du             pouvoir.
 Maroc : du collège au sérail             Fouad Ali el-Himma, 44 ans. C’est le plus proche conseiller de             Mohammed VI, son ami intime aussi, le copain des bons et des mauvais             jours. On le présente souvent comme le numéro deux officieux du             régime, ce qui est contresens absolu : ce rôle a disparu avec la             mise à la retraite de Driss Basri. Fils d’un instituteur originaire             de la région des Rhamna, située à mi-chemin entre Casablanca et             Marrakech, il est entré au Collège royal sur le tard, en classe de             seconde, et n’a plus quitté le prince héritier. Après des études de             droit, il effectue un long passage au ministère de l’Intérieur,             entre 1986 et 1995, puis devient directeur de cabinet du Prince. Au             lendemain du limogeage de Driss Basri, il devient ministre délégué à             l’Intérieur, poste qu’il conserve pendant huit ans. En tandem avec             le général Hamidou Laanigri, puis seul, après la mise à la retraite             de ce dernier, il supervise les dossiers chauds (…).             Yassine Mansouri, 46 ans. Nommé début 2005 à la tête de la Direction             générale des études et de la documentation (DGED), la CIA marocaine,             cet ancien condisciple de Mohammed VI au Collège royal, est l’homme             de confiance du roi. Discret et affable, pieux et austère, réputé             pour ses qualités d’écoute – ce n’est pas un euphémisme ! – ce fils             de notable de Bejaad a fait ses classes au ministère de             l’Information, où il est entré auprès du tout-puissant Driss Basri.             Il est initié au renseignement et Hassan II décide en 1992 de             l’envoyer en stage… au FBI américain ! En 1997, Driss Basri, rendu             paranoïaque et nerveux par les rumeurs alarmantes sur sa santé, le             renvoie du ministère de l’Intérieur  : il le soupçonne de             l’espionner au profit du prince héritier. La traversée du désert ne             dure que deux ans. En novembre 1999, Mohammed VI bombarde Yassine             Mansouri directeur de la MAP, l’agence publique de presse marocaine.             Il y officie quatre ans avant de retourner à l’Intérieur, comme             directeur général des affaires intérieures, le département le plus             important. Il supervise notamment les élections communales de 2003,             organisées peu après les attentats kamikazes de Casablanca, et qui             avaient valeur de test. Introduit dans tous les milieux, Yassine             Mansouri atterrit donc à la DGED en 2005. C’est lui qui est chargé             de prendre langue avec les nouvelles autorités mauritaniennes au             lendemain du renversement de Maâouiya Ould Sid’Ahmed Taya par             Mohamed Ely Ould Vall. Grand coordinateur de la lutte antiterroriste             – question d’ordre vital aujourd’hui au Maroc – c’est aussi un             excellent connaisseur des affaires sahariennes, qui chapeaute             directement les négociations avec le Polisario, dont le troisième             round doit s’ouvrir prochainement aux Etats-Unis. 80 Avril 2008             Rochdi Chraïbi. Arrivé sur le tard – en même temps que Fouad Ali             el-Himma – au Collège royal, Rochdi Chraïbi n’a pas tardé à entrer             dans le premier cercle des amis de Sidi Mohammed. Fils d’un             instituteur de Ouarzazate, il est maintenant le directeur de cabinet             du roi. Il a connu quelques disgrâces passagères, rançon de son             extrême proximité avec le monarque, qu’il voit quotidiennement, et             est et restera un personnage incontournable de la cour.             Hassan Aourid, autre figure historique des années Collège, est             l’atypique de la bande. Fort en thème, éternel premier de la classe,             docteur en sciences politiques, ce militant de la cause amazighe             (berbère) a été nommé en 1999 à un poste inédit : celui de             porte-parole officiel du Palais. Son étoile a semblé pâlir depuis,             et il est actuellement wali (gouverneur) de la région de Meknès.             Mais il a gardé des rapports étroits avec le monarque et pourrait             bien rebondir.
 
Tunisie : l’éminence grise et le             mauvais génie
 
 Abdelwaheb Abdallah,             68 ans. Ennemi juré des libéraux et de tous les partisans de             l’ouverture du régime, il passe pour l’architecte et le maître             d’oeuvre de la politique de verrouillage de l’information. Décrit             comme l’âme damnée ou le mauvais génie du Président, ce monastirien             habile et intelligent, ancien professeur à l’Institut de presse et             des sciences de l’information (Ipsi), ancien directeur de la TAP,             l’agence de presse officielle, intègre le gouvernement, en septembre             1987, comme… ministre de l’Information. Après un intermède de deux             ans à Londres, entre 1988 et 1990, il devient ministre-conseiller et             porte-parole du président de la République, poste éminemment             stratégique, qu’il conserve treize ans. Plus apparatchik qu’électron             libre, l’inamovible « AA » connaît pourtant une semi-disgrâce en             novembre 2003, quand les attributions de porte-parole lui sont             brutalement retirées pour être confiées à Abdelaziz Ben Dhia. Mais             il conserve son bureau au palais de Carthage et continue d’exercer             son influence en coulisses. Dix-huit mois plus tard, début 2005, il             est nommé aux Affaires étrangères. Un poste auquel il n’était pas             spécialement prédisposé. Le choix d’« AA » ne doit cependant rien au             hasard : Zine el-Abidine Ben Ali veut un homme sûr pour piloter la             réussite du Sommet mondial sur la société de l’information, organisé             à Tunis, du 16 au 18 novembre 2005. Décrit comme un véritable             Mazarin, Abdelwaheb Abdallah, dont la femme, Alia, préside le             conseil d’administration de l’Union internationale de banques (UIB),             passe aussi pour être un proche de Leïla Trabelsi- Ben Ali.
 Abdelaziz Ben Dhia, 70             ans. Natif de Moknine, ce professeur de droit privé, ancien doyen de             la faculté de Tunis, est issu d’une famille nationaliste de la             moyenne bourgeoisie sahélienne. Homme des dossiers sensibles et des             missions secrètes, le ministre d’Etat, conseiller spécial et             porte-parole du Président est parfois présenté comme l’éminence             grise de Zine el-Abidine Ben Ali. C’est en réalité son premier             collaborateur. Abdelaziz Ben Dhia a débuté sa carrière ministérielle             en 1978, à l’Enseignement supérieur et la Recherche scientifique.             Assez discret, ce politicien tout en rondeurs et amateur de bons             mots est devenu un des piliers du régime depuis qu’il a été             propulsé, en 1996, à la tête du Rassemblement constitutionnel             démocratique (RCD), le parti au pouvoir, après cinq années passées             au ministère de la Défense – un poste nettement moins exposé que             l’Intérieur, la Tunisie ne possédant qu’une armée de dimension             restreinte. Caution libérale du gouvernement sous Habib Bourguiba,             Abdelaziz Ben Dhia s’est transformé sous Zine el-Abidine Ben Ali en             apparatchik modèle, et excelle dans le rôle de grand ordonnateur du             « soutien inconditionnel et spontané » au Président. Plus royaliste             que le roi, c’est lui qui a coordonné la campagne du             candidatprésident en 2004. Son légalisme, sa loyauté et son absence             d’ambition avouée expliquent en partie son ascension. Mais en partie             seulement. Zine el- Abidine Ben Ali apprécie aussi ses qualités de             juriste. Abdelaziz Ben Dhia a, en effet, été le principal artisan de             la révision de la Constitution opérée en 2002 et c’est lui qui a             rédigé l’amendement levant l’interdiction faite au Président             d’exercer plus de trois mandats successifs…
 Algérie : à l’ombre de l’armée             Saïd, Mustapha et Abdenacer Bouteflika : les frères du patron. Aîné             d’une fratrie de sept enfants – il a trois frères et deux soeurs –             Abdelaziz Bouteflika consulte régulièrement les membres de sa             famille, y compris sa mère, très âgée mais toujours écoutée. Saïd             Bouteflika, son frère cadet, est peut-être son conseiller le plus             influent. Universitaire, c’est un ancien syndicaliste qui a conservé             des antennes dans différents milieux. Le Président, qui redoute le             syndrome de la tour d’ivoire, le sollicite fréquemment pour prendre             le pouls de la société. Mustapha, lui, est son médecin personnel. Et             sans doute le dépositaire du secret le mieux gardé d’Algérie : la             santé du Président, opéré en urgence, officiellement d’un ulcère             hémorragique, fin 2005. Mais, pour nombre d’observateurs, « Boutef »             souffrirait en réalité d’un cancer de l’estomac… Enfin, Abdenacer,             juriste et secrétaire général du ministère de la Formation             professionnelle, intervient aussi régulièrement pour faire valoir             ses avis auprès de son aîné.             Egypte : Omar Souleimane, l’indispensable             Ce général de 72 ans qu’on dit cardiaque est pourtant depuis une             douzaine d’années le plus proche collaborateur d’Hosni Moubarak, son             oeil et son oreille. Apprécié à la fois des Egyptiens, des             Américains, des Israéliens et des Palestiniens, ce professionnel du             renseignement est au centre des dispositifs sécuritaire et             diplomatique du vieux pharaon. Diplômé de l’académie militaire             soviétique de Frounze, mais aussi de l’université du Caire – en             droit et en sciences politiques –, il prend la tête des services de             renseignement de l’armée, en 1989, et, à ce titre, coordonne le             déploiement des troupes égyptiennes en Arabie saoudite, pendant la             première guerre du Golfe (1990-1991). En mars 1991, il devient le             chef des moukharabarates, avec rang de ministre. Il gagne la             confiance aveugle d’Hosni Moubarak quand il lui sauve la vie, en             juin 1995. Alerté sur la présence possible de terroristes du Djihad             islamique à Addis-Abeba, la capitale éthiopienne, où devait se             rendre le raïs pour un sommet de l’Organisation de l’unité             africaine, il insiste pour que le Président ne circule qu’en voiture             blindée. L’attaque du cortège officiel lui donne raison, mais le             raïs est indemne. Garant de la stabilité du régime, Omar Souleimane             a la haute main sur tous les dossiers sécuritaires depuis le             limogeage d’Hassan el-Alfi du ministère de l’Intérieur, en novembre             1997. Il dispose également d’un épais carnet d’adresses à l’étranger             et s’est transformé en infatigable négociateur de trêves dans le             conflit israélo-palestinien. Et est tout naturellement devenu, comme             envoyé spécial personnel d’Hosni Moubarak auprès des dirigeants de             la région, un des hommes clefs du Moyen- Orient.             Libye : la loi du clan             Abdallah Senoussi, l’époux d’une des soeurs de Safia, l’épouse du             Guide. Il est maintenant numéro deux des services secrets             extérieurs, et qui a écopé d’une condamnation par contumace à la             prison à vie pour son implication dans l’attentat contre le DC 10             d’UTA, en 1988, a guidé les premiers pas sur la scène politique du             fils du Guide, Seif el-Islam. Il jouit de l’entière confiance de             Mouammar Kadhafi, qui s’appuie désormais résolument sur son réseau             familial pour gouverner, puisque son autre éminent conseiller est             Ahmed Kaddafeddam, son propre cousin, qui le suit comme son ombre             dans tous ses déplacements. Mais le véritable homme fort, derrière             le Guide évidemment, se nomme Moussa Koussa. C’est un janissaire             sans états d’âme entièrement dévoué à un maître qu’il comprend en un             clin d’oeil. Né à Tripoli, en 1950, il a effectué une partie de ses             études aux Etats-Unis, dans le Michigan, avant d’entrer dans les             services secrets. Aujourd’hui patron des services spéciaux, il a             trempé dans tous les coups tordus du régime avant de gérer les             dossiers les plus sensibles : le règlement de l’affaire de             Lockerbie, la renonciation par la Libye à son programme d’armes de             destructions massives, la libération des infirmières bulgares.             Négociateur hors pair, cet homme, qui a longtemps symbolisé la face             sombre de la Jammahiriya, est devenu l’interlocuteur obligé et             respecté des Occidentaux, et notamment du secrétaire général de la             présidence française Claude Guéant.
             
 (Source: Afrik.com le 19 avril 2008)
             
  
  France – Tunisie
  Coopération tous azimuts  
               
  
               L’Union pour la Méditerranée (UPM), la gestion concertée des flux               migratoires, la coopération dans le domaine de l’éducation et de               la formation et les contrats économiques seront les principaux               axes de la visite d’État qu’effectuera Nicolas Sarkozy en Tunisie,               du 28 au 30 avril, à l’invitation de son homologue tunisien Zine               el-Abidine Ben Ali. Le président français sera accompagné par son               épouse, Carla Bruni, et par une forte délégation ministérielle               comprenant notamment Rachida Dati (garde des Sceaux), Rama Yade               (Droits de l’homme), Fadela Amara (Politique de la ville), les               têtes d’affiches de la diversité, ainsi que les ministres des               Affaires étrangères et de l’Immigration, Bernard Kouchner et Brice               Hortefeux…  
  
 Le               chef de l’État français prononcera un discours devant les               participants du forum d’affaires tuniso-français, le 29 avril, à               Gammarth, sous l’égide de l’Utica et du Medef, les patronats               tunisien et français. Et devrait, le lendemain, visiter la région               de Sousse, dont est originaire son homologue tunisien. Sarkozy,               contrairement aux usages, ne logera pas dans l’une des villas des               hauteurs de Gammarth dédiées aux chefs d’État invités par la               République tunisienne, mais à l’hôtel The Residence. Un               établissement luxueux qui propose des soins de thalassothérapie,               et où il a ses habitudes.  
  
 Les               deux présidents apposeront leur signature au bas de l’accord de               gestion concerté des flux migratoires, taillé sur mesure pour               s’adapter aux spécificités de la main-d’œuvre qualifiée               tunisienne, qui sera le premier du genre jamais signé entre la               France et un pays de la rive sud de la Méditerranée (voir J.A. n°               2466). Le projet d’UPM, sévèrement amendé sous l’injonction de la               chancelière allemande Angela Merkel, figurera aussi au cœur des               entretiens bilatéraux. Il est peu probable, en revanche, que le               président français se hasarde à faire la leçon à son homologue sur               la question des droits de l’homme, même si la présence de Rama               Yade dans la délégation semble indiquer que le dossier ne sera pas               totalement mis sous l’éteignoir. La secrétaire d’État aux Droits               de l’homme, qui fait office de « conscience morale » du               gouvernement Fillon, a d’ailleurs eu ces dernières semaines des               contacts informels avec des représentants de l’opposition et de la               dissidence démocratique.  
  
 Enfin,               et même s’il ne vient pas pour chasser les gros contrats, le               président français aura à cœur de faire avancer les intérêts               d’Airbus. Le XIe plan tunisien (2007-2011) prévoit en effet une               enveloppe de 450 millions de dinars (245,8 millions d’euros) pour               le renouvellement de la flotte de Tunisair. De leur côté, les               Tunisiens attendent avec impatience de connaître la décision de               Latécoère, l’un des plus importants fournisseurs de l’avionneur               européen, qui hésite entre la Tunisie et le Maroc pour               l’implantation d’une de ses usines. S’achemine-t-on vers un troc               Airbus contre usines ? Sans doute.  
  
 En               revanche, rien n’est acquis en matière de nucléaire civil. La               filière intéresse les Tunisiens, mais ils jugent que les «               méga-centrales à la française » excèdent largement leurs besoins               en énergie.
  
 (Source: Jeune Afrique (Magazine hebdomadaire – France), N°               2467 du 20 au 26 avril 2008)
  
  
  Au menu de Sarkozy  
  
 «               Carla sera-t-elle du voyage ? » C’est la question qui était sur               les lèvres du Tout-Tunis à la veille de la visite de Nicolas               Sarkozy du 28 au 30 avril. L’épouse du président français viendra               en effet. Le couple sera logé à la résidence officielle que l’État               tunisien met à la disposition des chefs d’État étrangers sur les               hauteurs de Gammarth, au nord de Tunis. Au premier stade de la               préparation du voyage, l’ambassade de France avait réservé l’hôtel               Résidence (voir p. 48) qui se trouve non loin de là, mais le               président Ben Ali a insisté pour que son hôte dispose de la               résidence d’État comme il se doit pour une telle visite.  
 Les               deux chefs d’État assisteront à la signature d’une dizaine de               contrats et accords. Le contrat le plus élevé, d’un montant de 1,4               milliard d’euros, porte sur l’achat d’une dizaine d’avions Airbus               par la compagnie nationale Tunisair.  
 La               visite commencera par des entretiens entre les deux présidents dès               l’arrivée de Nicolas Sarkozy dans le milieu de l’après-midi du 28               avril. Ils seront suivis par un dîner officiel au Palais de               Carthage auquel devraient assister les deux premières dames. Le               couple français devrait repartir pour Paris le 30 en fin de               matinée depuis l’aéroport de Monastir.
  
 (Source: Jeune Afrique (Magazine hebdomadaire – France), N°               2467 du 20 au 26 avril 2008)
  
  Almanach de l’islamophobie  
                par FAWZIA ZOUARI  
  
 Il ne               se passe plus un jour sans que l’Europe ne prenne à partie l’islam               et les musulmans. Je me propose de vous fournir l’almanach de ces               attaques grotesques, ?moi qui vous ai habitués à la liste des               fatwas ridicules. Façon de montrer que la bêtise est la chose la               mieux partagée au monde. Voici donc le calendrier à rebours de               l’islamophobie.  
 Avril               2008 : profanation du cimetière de Notre-Dame-de-Lorette par des               barbares qui se réclament d’un pays civilisé. Depuis, je suis               devenue une fan de Rachida Dati, je vous jure !  
 Mars :               un haineux parlementaire hollandais diffuse sur Internet un               film-pamphlet contre le Prophète de l’islam. Devant l’offense               faite à une communauté de plus d’un milliard de musulmans,               l’Europe hausse à peine le sourcil, le film tournera en boucle, au               nom d’une sacro-sainte liberté d’expression à deux vitesses, comme               tout le monde sait.  
 Mars               encore : la presse occidentale publie le portrait d’un journaliste               égyptien assorti d’une notoriété inventée, un illustre inconnu,               wallah ! qui va devenir, par la grâce de sa conversion au               christianisme, un VIP du Vatican. Qu’un musulman rejoigne la               maison du Christ, c’est son affaire. Mais que le pape ait               l’impudeur de fêter en grande pompe l’entrée dans la maison               chrétienne, dite de l’Amour, de quelqu’un dont les propos suintent               la haine contre ses ex-coreligionnaires, non ! Saviez-vous que               Maurice Béjart est mort musulman ? Pas sûr. Parce que les médias               n’ont pas cru bon de le signaler. La conversion de l’un des plus               grands artistes du XXe siècle n’a pas bénéficié de publicité. Et               c’est tant mieux. Les muftis de l’islam ont eu la décence de ne               pas faire leur propagande sur son dos. Et puis si les mosquées               commençaient à faire des youyous autour de convertis pourfendeurs               du Christ et profanateurs de Marie, je me sentirais très mal.               
               Février : les caricatures de Mohammed bénéficient de nouveaux               procès et, par conséquent, de nouvelles publications, comme si les               précédentes ne suffisaient pas. L’Europe s’offusque devant ces «               hordes » de musulmans descendus dans les rues d’Amman ou de               Karachi, oubliant que c’est elle-même qui a déclaré les               hostilités. Quelques semaines auparavant, la même Europe se disait               prête à payer de sa poche la sécurité d’une Somalienne qui avait               enrichi l’humanité d’une œuvre majeure : tirer sur la barbe de               quelques enturbannés aux frais du contribuable hollandais !  
 On ne               va pas me dire que toutes ces provocations partent de bons               sentiments. Que la confusion entre terrorisme et islam n’est pas               savamment entretenue. Qu’il ne s’agit pas d’une imposture               consistant à confondre haine et critique, insulte et liberté               d’expression. Je ne voulais pas conclure à la théorie du complot.               Mais, l’autre jour, un de mes collègues m’a dit : « Fawzia, tu               n’as rien compris, tout ça, c’est de la politique. » Je vais finir               par lui donner raison.
  
 (Source: Jeune Afrique (Magazine hebdomadaire – France),               N° 2467 du 20 au 26 avril 2008
 
Tarak Ben Amar: Un                 Tunisien règne sur le cinéma français
                                    Il est de Tunisie, pays du cinéma africain, mais c’est                 bien sur le 7e art français qu’il règne.  
 Par Chérif Elvalide Sèye, Dakar 
                 
                La ministre française de la Culture, Christine Albanel, s’émeut                 de cette opération de concentration.              
Tous les laboratoires               cinématographiques français appartiennent à un Africain. Le               Tunisien Tarak Ben Amar, en l’occurrence. En rachetant, le 19               décembre 2007, les laboratoires de développement de films Eclair,               le Tunisien totalise désormais un chiffre d’affaires de 160               millions d’euros et un effectif de 820 salariés.                Ce n’est plus l’Afrique qui craint la mainmise occidentale. C’est               la ministre française de la Culture, Christine Albanel, qui               s’émeut de cette « opération de concentration » et prévoit               de rencontrer le magnat venu de l’autre côté de la Méditerranée.               Les trois organisations françaises d’auteurs, réalisateurs et               producteurs de cinéma, l’ARP, la SACD et la SRF, s’inquiètent               également des éventuelles conséquences sociales de l’opération.               Le Tunisien rassure. « J’ai racheté des laboratoires qui               étaient au bord du dépôt de bilan, j’ai investi 50 millions               d’euros sur cinq ans pour les renflouer et les préparer au               numérique et j’ai sauvegardé l’emploi. Je suis un homme de cinéma,               pas un banquier, ni un spéculateur, je gère ces sociétés en bon               père de famille ». 
  Long chemin Qu’il est long le chemin qui mène au faîte du cinéma ce               fils, né le 12 juin 1949, d’un père tunisien et d’une mère corse               catholique, convertie à l’islam pour épouser son père. Ce que               n’exige toutefois pas l’islam. C’est pourtant un lycée américain               catholique de Rome qu’il fréquente à treize ans, car le père est               diplomate tunisien. Puis, c’est l’Université catholique de               Georgetown, aux Etats-Unis, qui l’accueille.               Diplômé d’économie, il est admis à la célèbre Harvard, mais ne la               rejoint pas. Piqué par le virus du cinéma, il monte en Tunisie sa               propre société de production, Carthago Films. Peut-être ébloui par               les lumières et la magie du cinéma.                Sa terre natale est un pays de cinéma. Il a dix-sept ans quand le               ministre tunisien de la Culture, Chedli Klibi, lance en 1966 les               Journées cinématographiques de Carthage, la première manifestation               du genre dans le monde arabe pour « un dialogue, franc, lucide,               sans arrière-pensées. Un tel dialogue ne peut conduire qu’à une               meilleure connaissance réciproque entre Africains et Européens,               entre Méditerranée du Sud et Méditerranée du Nord », explique               le ministre. Le premier lauréat, Tanit d’or du festival, est le               Sénégalais Ousmane Sembène pour La Noire de…, alors que               le Tanit d’argent récompense Le premier cri, du               Tchécoslovaque Jaromil Jires. 
Son ascension est               brutalement remise en question par le fiasco de Pirates, film               qu’il produit pour Roman Polanski. 
  Festival               Outre son festival, la Tunisie abrite de très beaux sites qui               attirent de plus en plus de cinéastes qui viennent y tourner. Ben               Amar voit le parti à en tirer. Il va s’occuper des gros tournages               de films. Avec de sérieux atouts. Il est le neveu du président               Bourguiba, par sa tante Wassila, l’épouse de l’homme fort               tunisien. Il a ses entrées et peut ouvrir toutes les portes. Il               est aussi polyglotte. Il parle italien, vestiges de ses études au               lycée catholique de Rome, anglais pour avoir poursuivi ses études               aux Etats-Unis. Sans compter l’arabe et le français qui sont               pratiquement ses langues maternelles en tant que Tunisien.                Les réalisateurs attirés par le soleil et les paysages diversifiés               tunisiens sont heureux de pouvoir compter sur quelqu’un qui               s’occupe de toute la logistique. Surtout qu’il ne rechigne pas à               la tâche. Il est ainsi à la fois assistant, régisseur, comptable               et, à l’occasion, chauffeur.                Le premier grand film qu’il produit est Les Magiciens, de               Claude Chabrol, en 1976. Progressivement, Carthago Films monte en               puissance. Il participe au tournage en Tunisie d’une soixantaine               de films dont les plus connus sont La Guerre des étoiles et Les               Aventuriers de l’Arche perdue. Il acquiert bientôt une               envergure internationale. Il commence à constituer un véritable               empire, avec en Tunisie une nouvelle pièce, les Studios Imperium.               De son passage italien, peut-être ses liens avec Silvio               Berlusconi. Il produit avec lui une série sur la chute de l’Empire               romain, Anno Domini, en 1983. C’est un succès commercial et               financier. Le partenariat avec son ami italien se poursuit. En               1989 il crée une nouvelle société, Quinta Communications, en               association avec lui. Le capital de la société est de 130 millions               de francs français. 
  Coup dur               Ses qualités de gestionnaire prudent ne lui évitent pas les coups               durs. Son ascension est brutalement remise en question par le               fiasco de Pirates, film qu’il produit pour Roman Polanski. Il est               embarqué dans un imbroglio juridico-financier. Mais le dénouement               est aussi inattendu que salvateur. Il gagne le procès contre la               major américaine Universal. Près de 14 millions de dollars de               dommages et intérêts lui sont versés. Une première dans l’histoire               du cinéma.                Son empire cinématographique se consolide avec l’acquisition du               groupe Quinta, qui regroupe une grande partie des industries               techniques du cinéma français (image, postproduction, effets               spéciaux, son). L’acquisition d’Eclair fait de lui le numéro un de               la production française et une très bonne place dans le cinéma               européen.               L’Europe ? Il achète pour 85 millions d’euros, 75% d’Eagle               Pictures, le premier distributeur indépendant italien, et               s’intéresse à des actifs en Scandinavie et en Allemagne. En               Amérique du Nord, il entre à hauteur de 15% au sein du capital du               Canadien Alliance, spécialisé dans les films indépendants               américains, qui possède le Britannique Momentum et l’Espagnol               Aurum.               Il ne cache pas ses ambitions. Les majors américaines contrôlent               70% du marché de la distribution de films en Europe. « Il reste               30% à prendre pour une major européenne ! » La sienne, bien               évidemment. 
« Je suis un homme de               cinéma, pas un banquier ni un spéculateur, je gère ces sociétés en               bon père de famille. » 
  Diversification Le cinéma dompté, il diversifie ses activités. En 1995,               il entre de plain-pied dans l’univers des médias. Il est nommé               administrateur et membre du conseil d’administration de Mediaset,               la société qui regroupe les chaînes italienne et espagnole de               Silvio Berlusconi. Il rachète aussi à Rupert Murdoch deux               fréquences hertziennes italiennes, Europa TV et Prima TV. En               France, il est propriétaire de 14% du capital de la chaîne de               télévision bretonne TV Breizh.               « Je veux monter d’ici à la fin de l’année ou au début de               l’année prochaine un fonds d’investissement dans les médias avec               ceux qui me font confiance. » Vincent Bolloré, un autre de ses               amis, qu’il a aidé à entrer dans le conseil d’administration de la               prestigieuse banque d’affaires italienne Mediobanca, se dit déjà               prêt à l’accompagner : « Tarak n’est plus un intermédiaire,               mais un investisseur à part entière. Voilà plusieurs mois que je               lui conseille de bâtir son propre groupe et je l’accompagnerai               s’il le souhaite. »               Tarak Ben Amar est désormais membre du gotha des hommes du cinéma               et de la communication. Ses amis sont Silvio Berlusconi, Leo               Kirch, Rupert Murdoch, sans oublier le prince saoudien Al Waleed,               qu’il a convaincu d’investir dans les médias.                A Tunis, il habite dans les quartiers les plus huppés. A Paris,               une grande villa à la Porte d’Auteuil. Il y reçoit le téléphone               mobile à portée de main. En 25 ans, pour plus de 500 millions de               dollars, Ben Ammar a produit plus de 50 films. Un tel succès n’est               pas bien vu par tout le monde. Surtout qu’il s’est engagé en 2004               dans la controversée La passion du Christ de Mel Gibson.               Sans doute se sent-il de taille à affronter ceux qui l’accusent               d’antisémitisme. 
 (Source: Le Afriques (Le journal de la               finance africaine) Le 15 avril 2008)