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TUNISNEWS
7 ème année, N° 2316 du 24.09.2006
Slim Bagga: Ben Ali sur le divan
Mondher Sfar: affaire des tunisiens menacés d’expulsion d’italie- un silence assourdissant
Cri de secours à Mr le président de la république:émanant de la communauté tunisienne à Doha
Balha Boujadi: Quand le pape s’en mele…
Le Journal :parti démocratique progressiste – ui succedera a nejib chebbi ?
Le Journal : Le monde dans tous ses etats la bourde du pape:a qui profitent ces discussions byzantines ?
Le Journal :la FIFA apostrophe la FTF: une polemique de trop !
Le Journal :Identité audio-visuelle: Television tunisienne, nous partageons ta peine
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Cliquez ici pour accéder au reportage exceptionnel de l’AISPP sur la catastrophe humanitaire des prisonniers politiques Tunisiens
Ben Ali sur le divan
par Slim Bagga De l’avis de tous les initiés à la chose publique en Tunisie, le dernier discours présidentiel devant le corps diplomatique tunisien constitue un exemple tout à fait symbolique et représentatif d’une paranoia exacerbée. A défaut de pouvoir la traiter, il ne serait pas inutile de méditer sur cette pathologie présidentielle, sans cesse entretenue par les flagorneurs et les laudateurs du régime, les conseillers-scribouillards soucieux de leurs privilèges et les journalistes-mercenaires qui feignent d’ignorer que le pays est à la dérive, que la contestation y est quasi-généralisée, le pouvoir d’achat anéanti, le mal-être incitant toujours plus de jeunes au suicide ou à l’émigration clandestine au péril de leurs vies… Lors de ce discours légendaire, le Généralissime Ben Ali n’aura qu’un mot d’ordre, qui revient comme une vieille ritournelle, en direction des ambassadeurs et autres consuls-flics accrédités à l’étranger: contre-carrer l’opposition et les dissidents dans les pays où ils jouiraient de plus de liberté et seraient coupables de traitrise à l’égard de leur Patrie. Il faut dire qu’à constater l’état auquel Ben Ali a réduit les libertés en 19 ans de dictature militaro-policière, on ne peut assurément qu’être plus libre, où que l’on soit, ailleurs que dans cette vaste prison et sur cette terre à l’air irrespirable, depuis qu’un agent de renseignement que rien ne prédestinait aux plus hautes fonctions et les clans mafieux qui lui sont alliés ont empoché la République. Ainsi donc, les années de braise se succèdent sans que le cauchemar cesse. L’arrogance de ce pouvoir sanguinaire et corrompu tente même de se donner bonne conscience en projetant sur ses dissidents et dénonciateurs toutes les horreurs qu’il accumule lui-même depuis bientôt deux décennies. A croire Ben Ali et les écrivassiers qui lui rédigent ses discours paranoiaques, la Tunisie vit un complot permanent et sans précédent dont l’origine trouverait sa trame à l’étranger: l’Union européenne qui condamne sa dérive autoritaire et l’appelle à respecter ses engagements internationaux en matière de droits de l’homme; les avocats qui se révoltent car soumis à un goulot d’étranglement; les magistrats sommés de prononcer des jugements décrétés à Carthage ou au ministère de l’Intérieur; les islamistes amalgamés avec les terroristes d’El Qaïda; les jeunes cybernautes etc. Ce régime aux abois où s’installe imperceptiblement l’angoisse d’une fin de règne voit des terroristes et des comploteurs partout alors qu’il est en réalité le premier sinon le seul responsable de l’impasse politique et de la dérive mafieuse qui gangrènent la vie publique. Ainsi, la perversité de ce régime a atteint son paroxysme ces dernières années à travers ce que Freud définissait comme la projection du coupable. Le père de la psychanalyse avait en effet théorisé cette forme de psychopathie grâce à la fâmeuse expérience du miroir qui renvoie au propre auteur d’abjections l’image la plus odieuse et la plus sordide de lui-même. C’est cette image insoutenable de soi que notre tyran refuse d’admettre en organisant sa transposition sur ses dissidents. Le montage de cassettes pornographiques et des procès iniques contre les opposants et leurs familles, les accusations mensongères et le dénigrement systématique de ces derniers par le biais de la presse mercenaire, de tracts anonymes et, plus récemment, les sites internet à la solde du pouvoir en sont la preuve la plus éclatante. Est-il encore temps de soigner pareille incurie? Force est de croire que non! Et l’avis, cette fois, de six médecins compétents n’en serait qu’un juste retournement des choses…
(Source : Rubrique « la plume déchaînée » de « L’Audace », les numéros 139/140 septembre-octobre 2006)
Affaire des Tunisiens menacés d’expulsion d’Italie :
par Mondher Sfar
Un silence assourdissant entoure l’opération déportation de musulmans immigrés en Italie vers leur pays d’origine. Depuis le début de l’affaire personne ne s’est ému de cette situation tragique. Pourtant, il y a bien une volonté d’expulser les musulmans d’Europe. Certes nous ne sommes qu’à une toute petite échelle qu’on pourrait qualifier d’expérimentale. La chasse au musulman est le mot d’ordre européen et occidental depuis le complot du 11 septembre concocté par les services secrets américains pour donner une légitimité à la nouvelle offensive impérialiste depuis la fin de l’Urss. Ce qui se passe en Italie n’est qu’un aspect de la guerre impérialiste visant en priorité des zones peuplées de majorités musulmanes. Se débarrasser des musulmans d’Europe est une opération préventive pour les guerres actuelles et à venir contre les pays musulmans. Il faudrait s’attendre à ce que phénomène s’amplifie dans les années à venir.
Ceux visés actuellement sont présentés comme des personnes sur lesquelles pèsent des soupçons de « terrorisme ». Il suffit d’un soupçon pour que la personne visée soit réellement coupable. Qui peut prendre alors la défense d’une personne soupçonnée de terrorisme ? En somme, le vrai terrorisme que l’on utilise pour lutter contre le terrorisme supposé nous installe dans une véritable dictature. L’Occident impérialiste se mue peu à peu en une véritable dictature d’autant plus cruelle qu’elle est convaincue qu’elle défend la liberté qu’elle écrase avec d’autant plus de résolution et de brutalité.
Voilà comment on peut comprendre le glissement actuel des démocraties vers la dictature. Et comme d’habitude on commence par le silence. Aujourd’hui, on engloutie une catégorie dans le silence de la bonne conscience. Puis on élargie la catégorie, puis on s’en prend à une autre catégorie voisine qu’on élargie à son tour, et ainsi de suite jusqu’à l’apocalypse finale.
La question se pose aujourd’hui en ces termes : sommes-nous capables d’arrêter cet engrenage infernal ? Sommes-nous capable de briser le silence ?
Paris, le 22 septembre 2006
Cri de secours à Mr le Président de La République émanant de la communauté Tunisienne à Doha
Doha, le 22 Septembre 2006 A son Excellence Monsieur Le Président De La République Zine El Abidine Ben Ali, Monsieur, Nous venons par cette nouvelle correspondance vous lancer notre cri de secours afin de mettre fin a la mascarade que vit notre école d’où la mise en jeu de l’avenir de nos enfants. Monsieur le Président, la situation aurait pu être pire si notre ambassadeur n’est pas intervenu a temps et sauver ce qui a été possible… La rentrée scolaire a eu lieu le 04 Septembre et on s’attendait a une légère amélioration surtout après le conseil des ministres consacre a l’éducation et ses futurs horizons et celui du 30/8 destine aux tunisiens résidents a l’étranger mais en vain, le coordinateur général de cette école agit encore en toute liberté rien que pour sauvegarder ses intérêts personnels et surtout matériels au détriment de tous sans que son employeur l’OTEF n’arrête ses infractions ni dans le passe (maison de la famille Menzah6) ni actuellement (école Tunisienne de Doha) – Comme chaque année les recrutements d’enseignants ont eu lieu en Tunisie et sur place sans critères scientifiques (aucun recruté n’a exercé auparavant dans l’enseignement ou a eu son CAPES) et de même pour l’école primaire aucune priorité dans les recrutements n’a été respectée et tout cela pour des fins personnels du coordinateur général et son entourage. De ce fait on s’est trouve avec des professeurs de physique, économie, informatique, mathématiques (toutes matières de base) nuls sur tous les plans. – Promesses mensongères pour le cadre enseignant concernant l’amélioration de leurs situations lamentables ce qui a pousse un bon nombre de professeurs à habiter des salles de classe et laisser des élèves dans des porta cabines. alors que ce responsable jouit de tous les avantages (salaire égal à 3 professeurs, billets d’avion pour lui et sa famille, gratuité du téléphone sans limites…) – Dépenses sans motifs engagées par le financier de l’école rien que pour plaire a son supérieur (le coordinateur général) et jouir de la gratuite du loyer en utilisant le laboratoire de l’informatique comme chambre de service – Aménagement d’emplois du temps spécifiques a certains enseignants du cycle primaire proches du cercle du coordinateur ce qui a créer des clans d’affrontements et ce pour garder l’intérêt de ce responsable qui ne peut exister que dans les environnements malsains. Suite aux faits ci-dessus mentionnes Monsieur Le Président on est affronte a des actes criminels de la part de ce responsable demeurant impuni envers nos enfants donc les vôtres,envers un cadre enseignant propre a notre école plein de bonne volonté et d’énormes sacrifices et surtout envers notre pays. Nous vous prions Monsieur Le Président de donner vos instructions pour la restructuration administrative de cette institution, son assainissement financier et lui trouver une sou tutelle autre que l’OTEF qui a échoué dans sa tache en mettant une si chère école source de notre stabilité dans ce pays de résidence entre les mains d’un analphabète malhonnête qui doit quitter notre école dans les brefs délais avant de finir son plan de pillage. Veuillez agréer Monsieur Le Président nos expressions les plus distinguées et les plus sincères. Des parents d’élèves de l’école Tunisienne de Doha.
QUAND LE PAPE S’EN MELE…
BALHA BOUJADI
Le Pape Benedict XVI a donné une conférence dans une université allemande. Elle était d’une grande complexité intellectuelle traitant de la Raison et de la Religion, en faisant référence au christianisme qui a utilisé la bonne parole pour séduire les adhérents (ce qui est discutable), et en le comparant avec d’autres religions qui ont utilisé la force, dont l’Islam, d’après lui, pour «convaincre» ses adeptes.
Une phrase a été révélée à l’opinion publique musulmane par « un faiseur de charité » à Aljazeera pour enflammer la rue et semer la confusion partout. On a vu des marches hystériques, des effigies du Pape et le drapeau du Vatican brûlés par des hordes de barbus, des débats agressifs traitant le Pape (Représentant d’un milliard des chrétiens) comme un voyou par les Kradaoui (que notre poète national Ouled Ahmed l’a nommé « ambassadeur d’Allah sur terre »)… un vrai festival comme savent le faire nos fanatiques à la perfection sous les cris de Allah Akbar demandant au Pape de s’excuser, ou de démissionner (comme ça), et pis encore de se convertir à l’Islam (d’après le guide d’une pseudo révolution libyenne et qui est au pouvoir depuis presque quarante ans, le misérable Mouammar Kadhafi, qui a un gosse qui s’appelle « SEIF EL ISLAM », l’épée de l’Islam, le nom lui-même est tout un programme) …
Les sujets intellectuels, d’après mon humble point de vue, doivent se traiter par des arguments et des thèses et anti-thèses, entre spécialistes et érudits et non pas par les enfants de la rue à Ghaza ou à Téhéran (avec tous mes respects à ses gosses qui souffrent tellement).
Traiter le chef de l’une des religions le plus importantes du monde comme un n’importe qui c’est comme lorsque les Talibans ont pulvérisé à coup de canon les symboles importants pour la religion bouddhiste. Il s’est avéré que La solution des islamistes d’aujourd’hui est de pulvériser tous les ennemis, ce n’est pas normal.
Dire qu’il n’y a pas de violence en Islam c’est discutable. Moi j’ai appris à l’école primaire et secondaire que la Tunisie a été berbère, roumaine, byzantine jusqu’à la « CONQUETE » musulmane, en arabe on dit « FATH » c’est-à-dire ouvrir à la force quelque chose de fermé. Les 7 Abdallah et Okba Ibn Nafaa ont tous perdu leurs batailles contre une héroine berbère « La Kahéna » et un grand chef berbère, lui aussi, « Kousseila », Il a fallu que Hassane Ibn Noomane vienne à la rescousse par une grande armée pour achever la conquête en tuant et massacrant les derniers résistants qui défendaient leurs terres et leur civilisation.
Moi et mes enfants et tous les enfants tunisiens apprennent l’histoire de la Tunisie de cette manière, et chaque fois qu’il y’a un dessin ou une statue de Okba ou de Khaled Ibn Walid ou de n’importe quel commandant, on le voit à cheval avec une épée à la main. Peut être c’est pour défendre, mais beaucoup plus pour attaquer afin de conquérir des terres et des âmes.
Je parle seulement de l’histoire de la Tunisie, je ne parle pas de l’Andalousie, ni de la Syrie, ni de l’Iran, ni de la Turquie… c’est beaucoup plus violent.
Ce qui est juste c’est que la violence en Islam n’a rien à envier à la violence du christianisme durant les croisades et la conquêtes des Amériques, de l’Australie… Ce qu’il faut faire entre experts est d’en parler ensemble, discuter et essayer de traiter les gens avec humanité et humanisme et faire de la LIBERTÉ et de la DEMOCRATIE la nouvelle religion pour tous.
BALHA BOUJADI, le 24 sept. 06
balhaboujadi@yahoo.es
Parti Démocratique Progressiste QUI SUCCEDERA A NEJIB CHEBBI ?
Par Elyès BEN SAAD Sauf tractations de dernière minute , les vents de l’alternance souffleront à la tête du Parti Démocratique Progressiste (PDP) à l’occasion de son deuxième congrès prévu en décembre prochain. Le fondateur du Rassemblement Socialiste Progressiste (RSP), formation de gauche construite sur les cendres d’une partie du mouvement Perspectives, au début des années 80, rebaptisée en juin 2001, Parti Démocratique Progressiste, Ahmed Néjib Chebbi, a laissé pantois les observateurs de la vie politique en Tunisie en annonçant qu’il ne sera pas candidat à sa propre succession lors du prochain congrès du parti. A preuve, certains observateurs peu habitués au ”départ volontaire” des leaders des partis de l’opposition (seuls Ahmed Mestiri et Mohamed Belhadj Amor, anciens secrétaires généraux respectifs du MDS et du PUP se sont jusqu’ici désistés de leur propre gré) pensent qu’il ne s’agit que d’une manœuvre. A leurs yeux, le PDP, qui a multiplié ces dernières années les appels à l’alternance, a cherché à travers un coup médiatique à donner l’exemple. L’argument sur lequel ils appuient leur thèse est qu’il suffit d’invoquer la nécessité de préserver la continuité pour assurer la reconduction du secrétaire général en décembre. D’autres estiment que Chebbi veut se préparer dès cette année aux échéances de 2009 alors qu’une partie de ses détracteurs laissent entendre qu’il se désistera pour des raisons de santé sous le couvert de l’alternance. Quoi qu’il en soit, cette question est depuis plusieurs mois au centre des débats au sein des structures du parti et sur les colonnes des journaux au vu de ses retombées sur la scène politique nationale. Une question est, en effet, sur toutes les lèvres : qui pourrait succéder à ce secrétaire général resté près d’un quart de siècle à la tête du parti au cas où il décide de se retirer réellement ? Aucun membre du Bureau Politique n’a encore annoncé sa candidature mais quatre noms sont souvent cités : Mohamed Goumani, Rachid Kéchana, Issam Chebbi et Maya Jeribi. Indépendamment de son nom, le successeur de Néjib Chebbi aura à gérer un lourd héritage. C’est que le PDP constitue depuis son congrès qui s’est tenu en juin 2001, une mosaïque de sensibilités contradictoires, voire d’antagonistes idéologiques. On y trouve aux côtés des militants de gauche qui forment le noyau dur du parti, des nationalistes arabes, des marxistes du groupe de la vérité et des islamisants issus de ce qu’on appelait le groupe des islamistes progressistes, sans compter le fait que cette formation d’opposition est l’une des composantes du “comité du 18 octobre pour les droits et les libertés”, une alliance souvent présentée comme contre-nature entre la gauche et les islamistes. Le congrès sera, de ce fait, marqué par un débat qui ne s’annonce pas de tout repos sur l’identité et le référentiel idéologique du parti ainsi que sur les moyens à même de permettre une cohabitation entre tous les courants. Un débat qui déterminera, en grande partie, les rapports entre le parti d’un côté et le pouvoir et la société civile de l’autre. (Source : « Le Journal », N° 41 du 23 septembre 2006) Lien : http://www.gplcom.com/journal/fr/article.php?article=715&gpl=41
Le monde dans tous ses Etats La bourde du pape
A QUI PROFITENT CES DISCUSSIONS BYZANTINES ?
Par Hmida BEN ROMDHANE Il y a juste six mois éclatait le scandale des caricatures du prophète Mohammed publiées par un obscur journal danois, le Jylland Posten. Le scandale actuel vient non pas d’un journal provincial paraissant dans une lointaine contrée européenne, mais de la plus haute autorité morale et religieuse du monde chrétien catholique, le pape lui-même, Benoît XVI. Pendant les longues années du règne de son prédécesseur Jean Paul II, pratiquement aucune crise islamo-chrétienne n’avait éclaté. Les bonnes relations entre le Vatican et le monde musulman étaient la règle. C’est que Jean-Paul II était un pape pas comme les autres. L’une des importantes stratégies de son règne était l’amélioration des relations entre les chrétiens catholiques et les musulmans d’une part et ceux-là et les Juifs d’autre part. Et il a réussi dans une très large mesure. L’image la plus saisissante que beaucoup de musulmans retiennent du prédécesseur de Benoît XVI est celle d’un pape se penchant difficilement à cause de l’âge pour se déchausser avant d’entrer dans la mosquée des Omeyyades à Damas, lors d’une visite historique en Syrie. Il était le premier pape dans l’histoire à avoir mis les pieds dans une mosquée. Auparavant, il avait visité une synagogue, ce qui avait contribué grandement à calmer la tension qui a marqué pendant de longs siècles les relations entre la chrétienté et le judaïsme. Jean-Paul II était un grand homme et un pape d’une rare envergure dans l’histoire de la chrétienté. Sa force réside dans sa capacité à se faire aimer par tous et à aimer tout le monde. Il n’a même pas pu détester le terroriste turc Ali Aqça qui avait attenté à sa vie en 1981. Il l’avait visité dans sa prison à Rome, il lui a pardonné et l’a béni. C’est dire la grandeur d’âme de ce saint homme dont la mort était réellement une perte pour l’humanité en général et la chrétienté en particulier. Le problème de Benoît XVI est d’avoir succédé à Jean-Paul II sans posséder ni ses talents, ni son intelligence ni son expérience. Il n’a pas perdu trop de temps avant de commettre sa première bourde. Le monde arabe et musulman n’a pas encore oublié l’histoire des caricatures et est en train de ruminer son amertume alimentée par l’invasion de l’Irak, la guerre destructrice contre le Liban et le massacre quotidien des Palestiniens. Il n’a vraiment pas besoin d’autres provocations, et encore moins de provocations venant de la plus haute autorité catholique. Tout a commencé donc le 12 septembre dernier à l’université allemande de Ratisbonne où Benoît XVI a prononcé un discours sur les rapports entre la foi et la raison. Son discours serait sans aucun doute passé inaperçu s’il avait un conseiller expérimenté pour lui suggérer de supprimer un passage provocateur et inutile dans lequel le pape faisait insidieusement une comparaison entre les religions chrétienne et musulmane qui désavantage celle-ci face à celle-là. Pour le pape, contrairement à la religion chrétienne qui «a bénéficié de l’héritage de la philosophie grecque, de Saint Augustin et de Thomas d’Aquin», l’Islam «n’aurait jamais acquis les instruments de la raison et de la modernité». Mais le passage qui a provoqué le tollé est celui où le pape se réfère à l’empereur byzantin Manuel II, un paléologue, qui dialoguait il y a six siècles avec un érudit persan. Voici le passage incriminé du discours du pape : «L’empereur pose à son interlocuteur, d’une manière étonnamment abrupte pour nous, la question centrale du rapport entre religion et violence. Il lui dit : «Montre-moi donc ce qu’a apporté Mohammed de nouveau. Tu ne trouveras que des choses mauvaises et inhumaines, comme le droit de défendre par l’épée la foi qu’il prêchait»…». Le pape ne peut ignorer que la tension et la susceptibilité dans le monde arabo-musulman sont intenses, et pourtant il a pris le risque de les intensifier encore. Il n’en faut pas plus pour que beaucoup le qualifient de «pendant religieux de George Bush». Bien sûr le pape a exprimé son «profond regret» et a affirmé que ce qu’il disait n’était pas sa propre vue de l’Islam, mais celle de l’empereur byzantin Manuel II. Peut-être le journal turc Milliyet a-t-il raison quand il affirme que «le pape s’est servi de l’empereur byzantin comme d’un bouclier pour cacher ses propres pensées hostiles à l’Islam». Mais le pape Benoît XVI, en citant Manuel II, connaît-il toute l’histoire de cet empereur ? Il serait intéressant de donner ici quelques détails. Manuel II avait été couronné empereur par son père en 1373. Trois ans plus tard, en 1376, son frère se rebella contre lui et lui confisqua le trône. Il appela les Turcs au secours qui, trois ans plus tard, en 1379, l’aidèrent à reprendre le trône à son frère, les armes à la main. Il régna pendant plus d’une décennie en empereur des Byzantins, mais en même temps «vassal des Turcs». En 1391, il se rebella contre les Turcs et brisa la relation de subordination qui le lia à eux. C’est cette année-là que cet empereur eut la fameuse rencontre et le désormais célèbre dialogue avec l’érudit persan. Selon l’Encyclopedia Britannica, «un traité de paix fut signé en 1403 entre l’empereur byzantin et le sultan turc. Des relations paisibles régnèrent entre les deux parties jusqu’en 1421 quand le fils de Manuel et coempereur Jean VIII eut l’imprudence de s’immiscer dans les affaires turques. Après que les armées du sultan assiégèrent Constantinople (l’actuelle Istanbul) en 1422 et occupèrent le sud de la Grèce en 1923, Manuel II fut contraint de signer un traité humiliant avec les Turcs et termina sa vie dans un monastère.» Voilà l’histoire de cet empereur qui s’en prenait à la foi des Musulmans après avoir fait appel à eux pour l’aider à reprendre le trône byzantin duquel il avait été éjecté par son frère. L’homme que Benoît XVI a choisi de citer pour illustrer ses propos n’était donc ni un grand empereur ni un grand intellectuel. Mais peut-on sérieusement soutenir que l’empire byzantin était plus rationnel, plus raisonnable et plus tolérant que, disons, l’empire ottoman ? Certainement pas. On en veut pour preuve la joie et le soulagement avec lesquels les Juifs et les autres minorités religieuses de l’empire byzantin avaient accueilli l’avancée des troupes musulmanes vers Constantinople. Le pape ne peut ignorer non plus que les Juifs et les autres minorités religieuses d’Espagne n’ont eu la vie sauve que grâce à leur fuite dans les années 1490 d’Espagne vers les contrées clémentes musulmanes d’Afrique du nord. La réalité historique ne peut être gommée par de simples citations empruntées par le pape à un empereur byzantin ni par les diatribes de George Bush contre ce qu’il appelle «l’islamo-fascisme», un nouveau «concept» aussi dénué de sens que «l’axe du mal» et la politique subséquente qui continue à faire couler beaucoup d’encre, mais aussi beaucoup de sang et de larmes. (Source : « Le Journal », N° 41 du 23 septembre 2006) Lien : http://www.gplcom.com/journal/fr/article.php?article=698&gpl=41
La FIFA apostrophe la FTF
UNE POLEMIQUE DE TROP !
Par Sami AKRIMI Il semblerait que la Tunisie du football n’a pas fini de manger son pain noir. Après le terrain, le tapis vert… CAN puis coupe du monde 2006, nul peu glorieux face à l’Ile Maurice, en guise d’entame des éliminatoires de la CAN 2008, le football tunisien est en plein désarroi, à peine sauvé par le bon comportement de nos clubs dans les compétitions continentales et arabes. Alors, à l’heure où il faut se serrer les coudes et prendre à bras le corps l’œuvre de construction, la Tunisie du football assiste, impuissante et ébahie, aux élucubrations de sa fédération qui n’en finit pas de faire des siennes. L’affaire ne date pas d’aujourd’hui et tout le monde se rappelle des errances du Bureau Fédéral précédent, errance qui a abouti aux résultats que vous savez et, surtout, à une première mise en garde de la FIFA. Intérêt suprême ? Au nom de l’intérêt suprême, Hammouda Ben Ammar et son équipe ont décidé de transgresser toutes les lois avec pour maître d’œuvre Moheddine Baccar, professeur de maths, devenu depuis près de trente ans l’incontournable architecte de la législation du football tunisien. Surtout lorsqu’il s’agit de se servir ou de servir les copains. A mandat achevé, fin novembre 2005, il nous sort la prolongation du mandat fédéral pour une durée de six mois pour cause d’intérêt national, notre onze ne pouvant supporter le choc d’une nouvelle équipe à la tête de la FTF à quelques mois de la coupe du monde (? !). La FIFA ferme les yeux mais rappelle qu’en août 2005, elle avait adressé une circulaire à toutes les fédérations affiliées sous sa bannière, pour leur ordonner de passer à l’élection intégrale des 15 membres fédéraux, rompant avec une vieille tradition qui veut que 10 soient élus et 4 désignés par l’autorité de tutelle. Clair, net et précis. Après des essais infructueux de quelques membres, dont Hammouda Ben Ammar, de se maintenir à la FTF, on tourna la page et l’on passa à l’élection d’un nouveau Bureau Fédéral début août dernier. Election de 10 membres mais, toujours, désignation de quatre autres et ce en dépit des recommandations de la FIFA. Cascade de gaffes Oui mais voilà, l’ancien et l’actuel Bureau Fédéral avaient parfaitement préparé leur coup. En reportant au mois d’août l’Assemblée générale de la FTF, membres fédéraux et Autorité de tutelle ont expliqué à la FIFA qu’il leur faudra attendre l’ouverture de l’année législative et la réunion de la Chambre des Députés pour que celle-ci entérine la loi instaurant l’élection intégrale du bureau fédéral. Dont acte de la FIFA qui fixa la date butoir du 31 décembre 2006 pour la tenue d’une nouvelle assemblée générale extraordinaire et élective. Election donc de 10 membres et désignation de 4 autres par l’autorité de tutelle. Mais, à la distribution des tâches, la présidence de la FTF échoit à un membre désigné, M. Ali Labiadh. Joseph Blatter, président de la FIFA, envoie alors un Fax au ton énergique (voir le document) adressé à M. Kamel Ben Amor, vice-président élu de la FTF, pour lui rappeler que la FIFA le reconnaît en tant que président (puisque élu) et que la FIFA refuse de reconnaître M. Ali Labiadh. Rien de très spécial jusque-là sauf que le fax en question ne verra jamais le jour chez nous et qu’il sera relégué dans quelque tiroir. Il réapparaît dans un article de journal sans suite ni conséquence. Mais la chaîne Hannibal ne lâche pas le morceau et décide de dépêcher un journaliste à la FIFA à Zurich, où Blatter, tout en exprimant toute son amitié et son admiration pour la Tunisie et son président, déclarera fermement qu’il n’apprécie pas que l’esprit de la lettre de la FIFA n’ait pas été respecté, et qu’il refuse de reconnaître M. Ali Labiadh. Aussitôt relayé par son collaborateur, Jérôme Champagne, qui affirmera que la FIFA ne reconnaît que M. Kamel Ben Amor. Là aussi, clair, net et précis. Fuite en avant Moins de 24 heures après l’émission «Souiâ Sport», sur Hannibal, M. Ali Labiadh convoque en catastrophe les journalistes et les membres fédéraux (contacts entre 11H et 12H et rendez-vous presse à 13H !). Point de presse «surréaliste» où le président de la FTF nie l’évidence, soit la déclaration de Joseph Blatter, celle de son collaborateur et l’existence même du Fax précisant le refus de le reconnaître en tant que président de la FTF de la part de l’organe suprême du football. Pis encore, il affirme qu’il est à la fois désigné (par l’autorité de tutelle) et élu par les autres membres du Bureau Fédéral, alors que les propos de Blatter sont clairs et précis : «Le président de la FTF doit être élu par les représentants des clubs lors de l’Assemblée». Quand et comment s’achèvera cette affaire loufoque ? La FIFA nous le dira bientôt. Le football tunisien peut attendre… (Source : « Le Journal », N° 41 du 23 septembre 2006) Lien : http://www.gplcom.com/journal/fr/article.php?article=702&gpl=41
Identité audio-visuelle TELEVISION TUNISIENNE, NOUS PARTAGEONS TA PEINE
Par Hella HABIB Notre pays, petit par sa superficie, grand par son histoire et ses acquis, représente, pour ainsi dire, une source de fierté pour ses habitants, et à moins d’une défaite cuisante dans un match de football, les Tunisiens sont, généralement, fiers de l’être. Mais qu’il ne vous vienne pas l’idée d’évoquer, devant un Tunisien, la problématique de sa télévision nationale, vous risquez de le mettre mal à l’aise, sinon de l’énerver. C’est un sujet dérangeant pour la plupart de nos compatriotes. Et, entre nous, il y a de quoi. Le pays a avancé, les Tunisiens ont progressé, la télévision tunisienne est restée ce qu’elle était. Un bon vieux support diffusant une liste de programmes, qui se suivent et ne se rejoignent pas, ne s’interpellent dans aucune ligne identitaire, perdus dans une multitude de choix en mal de références et tout le mal vient de là. Cependant, force est de reconnaître que la nomenclature du 71, Avenue de la Liberté a tout tenté pour reconquérir une audience qui s’est dispersée au gré du numérique ; à commencer par les variétés diffusées dans les halls des hôtels, les centres commerciaux, dans les salons superposés des villas grandioses, avec des animatrices que nous avions découvertes, tendrement, encore jeunes filles ; fiancées, la bague au doigt mise en évidence, mariées, des mèches de cheveux plusieurs teintes plus claires, enceintes, et en finale, confortablement installées dans la vie et à la télévision. Des émissions culturelles ou artistiques présentées par des revenantes, qui réapparaissent avec le sentiment du devoir accompli, celui d’avoir fait grandir les enfants. Quelques années de plus, quelques kilos de trop, mais sans apport nouveau, sinon de manier un langage plus soigné avec un air plus grave, sans les éclats de rire d’autrefois. Et d’autres émissions, dites de divertissement, présentées par des personnes souriantes, les cheveux longs et la voix doucereuse, le langage creux et les transitions injustifiées, faisant de ces variétés, censées divertir, des déserts d’ennui et de pesanteur. Ces animatrices de la nouvelle vague, présupposées apporter un souffle nouveau, transitent d’un programme à l’autre, saison après saison, ne changent jamais rien, quel que soit le genre de l’émission présentée ; pas même le langage, simpliste, pour se faire, paraît-il, comprendre de tout le monde, ni même le look, sinon la frange de cheveux à chaque fois d’un côté. Et, sans le moindre écart, elles suivent le cursus de leurs seniors. C’est une tradition dans la boite, une fois dedans, on n’en ressort jamais, sauf faute grave. Et pourquoi pas ? Sous d’autres cieux, des animatrices, il est vrai, font de la télévision depuis l’adolescence jusqu’à leur troisième âge. Mais avec quel persévérance, quel renouveau, en créant pour chaque nouvelle saison, l’événement, avec un programme relooké, épousant l’air du temps, la tendance de l’année, permettant au spectateur de se divertir et de s’évader, avec une mise à niveau télévisuelle sans cesse revue. Et quel maintien, bon, à coups de bistouri, en long et en large, mais le résultat est là, convaincant ! Nous n’avons pas les mêmes moyens, me dira-t-on ! C’est vrai, et c’est un argument de taille, dans tous les domaines, l’argent fait la différence, que dire à la télévision. Les studios sont plus grands et mieux éclairés, les ballets dansants sont superbes, les vedettes présentes de renommée internationale, la qualité de l’image reçue, mille fois plus nette. Mais la drôlerie des commentaires, les transitions intelligentes, le fait de remplir l’écran, d’être attachant, d’accrocher la caméra. Ce sont des dons innés, acquis et cultivés. Ou on les a, ou il faut faire autre chose. Quant au fond, les programmes donnent cette impression d’être bâclés et de manquer de préparation. Quand on sait que partout ailleurs, les textes et toutes les composantes de toutes les émissions, notamment des variétés, se préparent minutieusement à l’avance. L’intervention du présentateur est inspectée dans le détail avec les questions à poser et les réactions à adopter, les pointes d’ironie et les petites phrases, jusqu’au moindre geste sourire, grimace ; tout est testé au préalable afin d’en saisir l’effet, mais encore, le décor du studio, l’entrée de l’artiste, les intermèdes musicaux ; et en finale, le programme est répété à la manière du direct, autant de fois qu’il faudra, selon un conducteur unique et inviolable, pour que le présentateur ne débite pas, l’air penaud et pris de cours, des propos hors de propos, et pour que l’émission se déroule du début jusqu’à la fin, chronométrée à la seconde, sans cafouillages, ni temps mort. Le professionnalisme à la télévision se fait sentir et son manque aussi. La moindre défaillance est agrandie par l’effet de la caméra, mémorisée par le téléspectateur, remarquée par le moins averti des publics. Les autres chaînes, de pays comparables aux nôtres, proposent des produits qui permettent à notre public de procéder à la comparaison et d’en tirer certaines conclusions. Ces manquements aux règles de la production télé, ne sont pas propres à notre première chaîne, Hannibal, chaîne privée, nouvellement créée pour diversifier l’espace médiatique et, encore une fois, réconcilier le public tunisien avec sa télévision, ne s’en sort pas mieux. Peine et argent perdus ; les mêmes erreurs reproduites, avec, en plus, un défaut majeur, un rejet total des règles de bienséances ; des artistes qui se renvoient ouvertement les accusations et les insultes, un public chantant et dansant, on se croirait aux cabarets de dernière catégorie ; les ventres proéminents et nus, les gestes vulgaires et choquants. Des comiques déconcertants par leur balourdise et la nullité de leurs textes. Et des programmes construits sur l’émotionnel primaire, à l’instar de cette émission de “téléphone réalité”, dans laquelle la misère des gens est offerte en pâture, avec des personnes qui appellent pour raconter leur peine, encouragées et même provoquées par un animateur sans grande capacité d’écoute ni solutions à proposer. Et des interviews, se voulant dans l’esprit de l’été, faites autour de tables basses et conduites par un animateur, le même, en train de casser la croûte. L’air décontracté et la bouche pleine, ne regardant ni la caméra, ni son invité, préoccupé par ce qu’il a dans son assiette. C’est sans doute, sa dernière trouvaille pour jouer au soit disant naturellement décontracté. Qu’on se le dise, ne pas regarder la personne à qui l’on s’adresse et parler la bouche pleine, n’a jamais été un gage de naturel, mais le signe d’un manque d’éducation, ni plus ni moins. Se rapprocher des masses n’incite pas à adopter les mauvaises manières. Et, tout en étant populaire, la télévision se doit de préserver une certaine tenue, pour ne pas tremper dans le bas de gamme et en quelque sorte, l’encourager. A vouloir se démarquer de la chaîne nationale, trop rigide, et c’est peut-être vrai, Hannibal a versé dans le populisme de mauvais goût. Quant à la filleule de la chaîne publique, le canal 21, voilà un bon bout de temps que les jeunes qui l’ont fait démarrer n’ont plus 21 ans, la chaîne a pourtant gardé son aspect juvénile, ouvrant tard, fermant tôt, pour diffuser des reprises, toujours des reprises. Ni esprit indépendant, ni productions propres, la chaîne dégage cette impression gênante de vivoter péniblement pour survivre. Ni audience fidélisée, ni cachet qui la démarque, canal 21 a plutôt réussi à pomper une partie des fonds qui auraient mieux fait de renflouer les caisses, apparemment toujours vides, de la chaîne nationale, pour lui permettre de payer à temps son personnel technique et artistique, lequel reçoit ses primes avec parfois une année de décalage. Adieu l’esprit d’initiative, adieu l’esprit créatif, adieu la motivation. Notre nationale, en mal d’idées et de programmes et, manifestement, de fonds solides pour engager de lourdes productions, diffuse, à longueur de soirées d’été, des compositions musicales glanées des festivités, ou alors des soirées expirées du festival de carthage. L’image est statique, la musique nasillarde, c’est à se demander s’il y a derrière cet écran plat et fade, quelqu’un d’attentif qui veille au choix du programme diffusé. Quant à la grille d’hiver, c’est encore plus compliqué, les gens sortant moins, la demande est au plus haut. Effort suprême, une émission de jeux tunisienne. Certes, la conception est étrangère mais elle a été “tunisifiée”. Sauf que, à force de se pointer toutes les soirées de la semaine, ou presque, cette partie de jeux à grands coups de centaines de millions, finit par lasser son public. On ne le dira jamais assez, pour une soirée froide de l’hiver, un épisode d’un feuilleton tunisien serait le bienvenu, mais les feuilletons “made in tunisia” représentent une denrée précieuse que l’on distille au goûte à goûte, une fois par an, au mois de Ramadan, pour les rediffuser en boucle tout au long de l’année, et les refiler ensuite à Canal 21 pour les re-rediffuser. Sinon, la première du feuilleton est réservée, sans conteste, au mois de Ramadan, rare moment de solidarité du public tunisien avec sa télévision. Tout le monde s’en mêle, même les plus sceptiques prennent sur eux d’inspecter la variété des programmes, les progrès réalisés par rapport à l’année dernière, ou les reculs accusés. Dans cet intérêt quasi-national, la production dramatique se situe en tête de liste. Là encore, il est utile de reconnaître que nous sommes encore au stade du balbutiement, par manque d’expérience, sans doute. Ou de moyenne. Le jeu des acteurs, amateur pour certains, avec des regards furtifs jetés à la caméra, des voix fausses et des mimiques excessives sur des scénarios qui manquent d’élaboration, fonctionnant à coup de rebondissements ; quant à la langue utilisée, elle est lourdement soignée, méconnaissable, avec des incursions de l’arabe littéraire, et rien à voir, en tout cas, avec le dialecte courant. Tout sonne faux et manque de crédibilité. En plus de cette constance, l’évocation récurrente des deux milieux urbain et rural. Les épisodes représentent un incessant aller-retour entre la ville et la campagne, avec une pointe d’honneur pour reproduire dans leur justesse, cette fois-ci, les différents dialectes régionaux ; ainsi, personne ne se sentira à l’écart. Notre télévision fait du social, au détriment parfois de la cohérence de l’œuvre et de sa valeur artistique. Et ce n’est même pas ça qui fera le succès du feuilleton. Quant aux leçons à tirer, il suffit de prendre le temps de suivre la progression de la dramatique syrienne. Laquelle au prix d’un labeur suivi, a donné quelques bons exemples, à nous autres, débutant en la matière, mais aussi à nos amis égyptiens, spécialistes de la production à la chaîne des feuilletons et qui ont dû reconnaître la toute nouvelle suprématie, méritée de l’avis de plusieurs, de nos amis syriens. Finalement, faire réussir une télévision est gratifiant aussi bien sur le plan local qu’international, mais encore, avec la diffusion d’une programmation à succès, c’est un modèle qui se transmet, qui définit et désigne spécifiquement le pays transmetteur. D’autres télévisions plus rôdées et, sans doute, nettement plus riches le montrent bien. Peut-on, par exemple, confondre une présentatrice de télé-journal italienne avec une autre française, mis à part la langue. Quand la première a les cheveux long, est toujours maquillée, la française avec les cheveux plutôt courts, sans maquillage ni accessoires voyants, est stricte et classique. Bon quand l’italienne est très féminine. Elles représentent deux archétypes de femmes se référant à deux modèles différents, choisis par leurs pays respectifs et transmis sur leurs chaînes. Aussi, peut-on se tromper entre un programme de variété italien et un autre français ? Absolument pas, deux mises en scène différentes exprimant deux approches artistiques par le biais desquelles est transmise une certaine esthétique télévisuelle, une manière d’être et de paraître, se référant à une culture définie, et finalement, à une identité. Nous avons besoin de définir les contours du modèle tunisien, aussi bien sur le plan apparence physique que référence culturelle, et être conséquent avec ce choix, au niveau de la conception même de nos programmes, et au niveau du choix des interfaces de la télévision, qu’ils soient journalistes, présentateurs, acteurs ou animatrices. La télévision est une institution, son importance égale celle d’un département d’Etat. Son archive représente, rien de moins, qu’un pan de l’histoire nationale. La Télévision permet de joindre tous les Tunisiens à tous moments, et assure aux expatriés une attache permanente. Elle accompagne la démarche du pays et assure un lien privilégié entre les institutions et le public. C’est un pouvoir en soi et le succès de son fonctionnement se répercute sur d’autres créneaux, importants, tels qu’une diffusion réussie d’un style de vie, d’une exception culturelle, d’un choix social et d’une identité, l’identité tunisienne. Vu sous cet angle, changer le local de la maison de la télévision, si tous les autres problèmes persistent, n’est pas la bonne solution. En revanche, doter la télévision des moyens financiers qu’elle requiert, et Dieu sait s’ils sont importants, et faire intervenir des spécialistes pour définir une ligne conforme aux aspirations des Tunisiens et aux choix socio-politiques du pays et s’y conformer, serait une bonne stratégie pour reconquérir le public et le réconcilier avec sa télévision nationale. Et pour ouvrir une bonne voie de communication sur le monde. (Source : « Le Journal », N° 41 du 23 septembre 2006) Lien : http://www.gplcom.com/journal/fr/article.php?article=712&gpl=41
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