24 janvier 2011

TUNISNEWS 10 ème année, N° 3898 du 24.01.2011 archives : www.tunisnews.net


Liberté et Equité: Sérieuse aggravation de la situation dans les prisons tunisiennes Syndicat Tunisien des Radios Libres: Communiqué Amnesty International: La Tunisie doit prendre des mesures décisives pour rompre avec le régime de Ben Ali marqué par les atteintes aux droits humains Founding Statement of the 14th of January Front Le Parti du Travail Patriotique et Démocratique de Tunisie: Communiqué Appel de la FTCR pour des assises de l’immigration tunisienne Ahmed  BEN AMOR: LA CENSURE CONTINUE Larbi Guesmi: Vers où le gouvernement provisoire pousse-t-il la Tunisie? CHABBI. M  : LA RÉPUBLIQUE DE FATMA


AFP: Tunisie: des centaines de manifestants bravent de nouveau le couvre-feu AFP: Tunisie: appel à la grève jeudi dans les lycées AFP: Tunisie: remaniement imminent, “peut-être d’ici demain” AFP: Les proches de Ben Ali arrivés au Québec sont résidents canadiens (Ottawa) AFP: L’Europe envisage d’augmenter son aide économique à la Tunisie AFP: Les jeunes manifestants tunisiens veulent “démonter la Bastille” Reuters: “L’Algérie ne sera pas la Tunisie”, dit son ambassadeur à Paris AFP: France/Tunisie: un homme tente de s’immoler sous l’Arc de Triomphe à Paris AFP: Nicolas Sarkozy fait son mea culpa public sur la Tunisie AFP: Tunis: des manifestants détruisent une voiture de police (AFP) AFP: Un conseiller de Ben Ali placé en résidence surveillée AFP: Tunisie: la grève des instituteurs “suivie à 90-100%” (syndicat) AFP: Tunisian kids back at school but some teachers strike Reuters: Tunis à nouveau agitée par la contestation AFP: Tunisie: manifestation de proches de militants islamistes détenus  


REVUE DE PRESSE


Liberté  pour tous les prisonniers politiques Liberté et Equité Organisation Indépendante de Droits humains 33 rue Mokhtar Atya, 1001, Tunis Tel/fax : 71 340 860  Liberte.equite@gmail.com Tunis, le 24 janvier 2011

Sérieuse aggravation de la situation dans les prisons tunisiennes


Les familles des prisonniers politiques (dont 3 appartiennent au Mouvement de la Nahdha) et des prisonniers d’opinion (des centaines de condamnés en vertu de la loi antiterroriste), attendent toujours avec angoisse la libération des leurs. Pour tenter de se faire entendre, elles font un sit-in quotidien devant le siège du ministère de la Justice et des Droits de l’Homme sans avoir reçu la moindre réponse officielle les rassurant sur leurs enfants. Un autre élément vient conforter leur angoisse et ajouter à la préoccupation de l’opinion publique, c’est l’aggravation de la situation dans nombre de prisons, qui a vu des tirs à balles sur des prisonniers, entraînant des tués et des blessés dans les prisons de Borj Er Roumi, Messaadine, Mehdia, Monastir, à la prison de Bizerte ville et de Mornag, notamment les prisonniers Béchir Ben Youssef Ben Habib Gharbi (prison de Bizerte ville), Abdallah Ben Houssine Trabelsi (24 ans), Aymen Jelassi, Soufiane Marzouk (prison de Borj Er Roumi), Mohammed Smida, Mohammed Ali Abdellaoui, Hamdi Zarrouk (prisons de Monastir), alors que leurs familles étaient empêchées de leur rendre visite et de leur apporter le couffin. Des familles nous ont informés  à la suite de la visite qu’elles ont pu leur rendre aujourd’hui lundi 24 janvier 2011 du degré de violence que doivent affronter les prisonniers à la prison de Borj El Amri. La famille du prisonnier d’opinion Ali Kalaï a notamment été la victime du vice directeur de la prison, le dénommé Anouer. Il en a perdu quatre dents et il a une côte cassée. La famille du prisonnier d’opinion Hamed Gharbi a dit avoir trouvé son fils dans un mauvais état résultant de la peur, de la faim, du manque d’hygiène et des mauvais traitements. […] Pour le Bureau exécutif de l’Organisation Le président Maître Mohammed Nouri (traduction ni revue ni corrigée par les auteurs de la version en arabe, LT)


STRL
 Syndicat Tunisien des Radios Libres: Communiqué

Le Syndicat tunisien des Radios Libres a organisé le 21 Janvier à 14h une manifestation pacifique devant les locaux de radio Mosaïque FM et ce pour protester contre la conversion éclair de cette station longtemps collaboratrice du dictateur Ben Ali en pôle révolutionnaire et démocratique. Lancée le dimanche 07 novembre 2003 sur décision de l’ex Général Président Mosaïque FM a symbolisé le mythe d’une démocratisation éphémère des ondes et le début d’une série d’attribution de licence pour les membres de la famille régnante. Plus grave encore la radio des Trabelsi a été un outil de propagande de la politique du couple présidentiel et une voix discordante pour détourner l’attention des auditeurs des vrais problèmes qui se posent dans la vie quotidienne. Rcédiste de conviction, certains employés de la station n’ont pas hésité à s’attaquer au petit nombre de manifestant, à voler une partie de leur matériel et à arracher le document portant le discours du Secrétaire Général. De même la réponse donné sur la page de la radio le soir même a été occulté preuve à l’appuie d’une liberté d’expression factice et d’une culture de censure enraciné. Au delà d’une complaisance de circonstance le STRL rappelle que cette station illégale et dangereuse ainsi que les quatres autres radios doivent être placé sous l’autorité d’une tutelle pour éviter tout retour à une situation antérieur en attendant la création d’un conseil qui organise le secteur. Le Secrétaire Général STRL


AMNESTY INTERNATIONAL Press Release 24 January 2011

Tunisia must act decisively to break with Ben Ali’s legacy of abuse


Amnesty International has today called on the Tunisian authorities to fundamentally overhaul the country’s repressive security apparatus and justice system as part of a human rights action plan to be presented to the new government.  “This is a critical moment for Tunisia” said Claudio Cordone, Amnesty International’s Senior Director for Research and Regional Programmes. “Those now in power have an unprecedented opportunity to make fundamental and lasting reforms and to break with Ben Ali’s legacy of decades of abuse. Tunisians deserve real, not cosmetic change.” The call came as unrest and political uncertainty continued to grip Tunisia and threaten its new caretaker government, formed following the flight of the former president and his family 10 days ago. “As a first step, the new government must immediately rein in the security forces which have for so long harassed and oppressed ordinary Tunisians, and make them accountable under the law. “Human rights cannot be an optional part of the new government’s programme but must be placed at the very foundation if Tunisian institutions are to be made just and accountable.” Amnesty International has welcomed the new government’s pledge to release all political prisoners but its Human Rights Agenda for Change demands other urgent and far-reaching action by the authorities: ·        The security forces must be fundamentally overhauled. From now on, no member of the security apparatus should be above the law. The continuing use of live fire to disperse protesters underscores the urgent need to publicly issue clear instructions on the use of force. ·        The authorities must publicly condemn torture and move swiftly to eradicate it, including by bringing to justice those who order, commit or try to cover up torture and by providing reparation to the victims. ·        Tunisians need to trust that the justice system will treat them fairly. Judges must be given independence and security of tenure for them to be able to protect Tunisians. ·        Tunisians must be allowed to speak and act freely. The authorities must repeal all laws which criminalize the peaceful exercise of the rights to freedom of expression, association and assembly, and stop harassing former political prisoners, including abolishing the restrictions which ban them from travelling outside Tunisia. ·        The root causes of the current protests must be urgently addressed by ending discrimination and abuse of power, and the inequality of access to essential public services and ensuring the minimum essential levels of economic, social and cultural rights for the whole population. Reform without a proper investigation into the abuses which were the hallmark of Ben Ali’s rule would remain hollow. Amnesty International therefore calls on the Tunisian authorities to fully investigate the last two decades of human rights violations, including the events of recent weeks, to provide Tunisians with truth, justice and reparation. “Tunisians are looking forward to a proper investigation, not toothless commissions with no power to compel officials to testify,” said Claudio Cordone. “Tunisians must be told the truth about the repression and abuse of power that occurred, and those who were its victims must have access to justice and reparation.” Public Document **************************************** For more information please call Amnesty International’s press office in London, UK, on +44 20 7413 5566 or email: press@amnesty.org International Secretariat, Amnesty International, 1 Easton St., London WC1X 0DW, UK www.amnesty.org  


AMNESTY INTERNATIONAL Communiqué de presse 24 janvier 2011

La Tunisie doit prendre des mesures décisives pour rompre avec le régime de Ben Ali marqué par les atteintes aux droits humains


Amnesty International appelle lundi 24 janvier les autorités tunisiennes à procéder à une refonte totale du système judiciaire et des services de sécurité répressifs du pays, dans le cadre d’un plan d’action en faveur des droits humains qui doit être soumis au nouveau gouvernement.  « La Tunisie est face à un tournant, a indiqué Claudio Cordone, directeur général chargé de la recherche et des programmes régionaux à Amnesty International. « Les personnes actuellement en charge du pouvoir ont une occasion sans précédent d’entreprendre des réformes de fond, sur le long terme, et de rompre avec les décennies d’atteintes aux droits humains qui ont marqué le régime de Ben Ali. Les Tunisiens méritent des changements, non pas superficiels, mais réels. » L’appel intervient alors que la Tunisie est toujours en proie aux troubles et à l’incertitude politique qui menacent son gouvernement provisoire, constitué après la fuite de l’ancien président et de sa famille il y a 10 jours. « Première mesure à prendre, le nouveau gouvernement doit immédiatement réformer les forces de sécurité qui harcèlent et oppriment les citoyens tunisiens depuis si longtemps, et les soumettre à l’obligation de rendre des comptes conformément à la loi, a affirmé Claudio Cordone. « Les droits humains ne sauraient être une composante optionnelle du programme du nouveau gouvernement, mais doivent constituer le fondement même sur lequel reposent les institutions tunisiennes, afin qu’elles soient équitables et soumises à l’obligation de rendre des comptes. » Si elle s’est félicitée de l’engagement pris par le nouveau gouvernement de libérer tous les prisonniers politiques, Amnesty International demande aux autorités, dans son Programme pour le changement en matière de droits humains, de prendre sans délai d’autres mesures de grande ampleur. ·        Les forces de sécurité doivent être réformées en profondeur. Dorénavant, aucun membre des forces de sécurité ne doit être au-dessus des lois. Le recours persistant aux tirs à balles réelles pour disperser les manifestants souligne à quel point il est urgent de donner publiquement des instructions claires quant au recours à la force. ·        Les autorités doivent condamner publiquement la torture et prendre rapidement des mesures en vue de l’éradiquer, y compris en traduisant en justice ceux qui ordonnent, pratiquent ou tentent de couvrir la torture, et en octroyant des réparations aux victimes. ·        Les Tunisiens doivent être convaincus que le système judiciaire les traitera de manière équitable. Les juges doivent devenir indépendants et inamovibles afin d’être en mesure de protéger les Tunisiens. ·        Les Tunisiens doivent être autorisés à parler et agir librement. Les autorités doivent abroger toutes les lois qui érigent en infraction l’exercice pacifique des droits à la liberté d’expression, de réunion et d’association, et cesser de harceler les anciens prisonniers politiques, notamment en supprimant les restrictions qui leur interdisent de se rendre à l’étranger. ·        Il importe de remédier de toute urgence aux causes profondes des manifestations actuelles en mettant fin à la discrimination, aux abus de pouvoir et à l’inégalité d’accès aux services publics élémentaires, et en garantissant la réalisation pour tous des droits économiques, sociaux et culturels à des niveaux minimum. Il serait dérisoire de réformer sans enquêter réellement sur les violations des droits humains qui ont caractérisé le régime de Ben Ali. C’est pourquoi Amnesty International invite les autorités tunisiennes à mener une enquête approfondie sur les violations perpétrées au cours des 20 dernières années, y compris sur les événements des dernières semaines, afin que les Tunisiens obtiennent vérité, justice et réparations. « Les Tunisiens attendent avec impatience des investigations dignes de ce nom, et non des commissions inefficaces, ne disposant pas des pouvoirs nécessaires pour obliger les hauts responsables à témoigner, a conclu Claudio Cordone. « Les Tunisiens ont le droit de connaître la vérité sur la répression et les abus de pouvoir commis par le passé, et ceux qui en ont été victimes doivent obtenir justice et se voir accorder des réparations. »


“Founding Statement of the 14th of January Front”


“As an affirmation to our involvement in the revolution of our people who are struggling for their right to dignity and freedom, whom their sacrifices resulted in dozens of martyrs and thousands of injured and detainees, and in order to complete the victory against the internal and external enemies, and in response to the ongoing attempts for plundering the people’s sacrifices, 14th January Front is formed as a political frame working on advancing our people’s revolution towards achieving its goals and to confront the anti-revolution forces. It includes the founding forces of political parties and progressive and democratic organizations.   The Front’s urgent tasks are:   Bringing down Ghannouchi current government or any government that includes symbols of the former regime. Dissolving the RCD, the confiscation of its headquarters and property and Bank accounts as they belong to the people, and dismissing its members Formation of temporary force that enjoys the confidence of the people and the progressive forces of the civil society political, associations, unions and youth organizations. The dissolving of the House of Representatives and the advisers council and all current false bodies, and the Higher Council of the Judiciary, and the dismantling of the political structure of the former regime, and to prepare for elections of a constituent assembly within a period that does not exceed one year, for the formulation of a new democratic constitution and a new legal system that will govern public life ensuring political and economic and cultural rights of people . Dissolution of the political security and enact new security policy based at respect for human rights and the law. Trial of all those who has been proven to loot the people’s money and/or commit crimes such as repression, imprisonment, torture and killings, whether by decision making, ordering or/and execution. Trial also of all of those proven to have taken bribes and misconduct of public property. Confiscating the property of the former ruling family and those close to them and their associates and all officials who took advantage of their position to gain wealth at the expense of the people. Providing jobs to the unemployed and taking urgent measures for their benefit such as issuing unemployment benefit system and social and medical security and improving the purchasing power of the daily-wage workers. Building a national economy which services the people by putting the vital and strategic sectors under state control and nationalising the companies that were privatised and drafting an economic and social policy that breaks-up with liberal capitalist approach. Guaranteeing public and individual liberties and primarily the freedom of demonstration and organisation, the freedom of expression and the press and the freedom of belief and the release of all those under arrest and declaring a general amnesty. The Front salutes the support of the masses and the progressive forces in the Arab world and the world for the revolution in Tunisia and calls upon them to continue their support with whatever means possible. Opposing normalisation with the Zionist state and criminalising it and supporting all the national liberation movements in the Arab world and worldwide. The Front calls upon the masses and the progressive and democratic forces to continue their mobilisation and their struggle using all legitimate forms especially street protest until their objectives are achieved. The Front salutes all the committees, the organisations and the forms of self-organisation of the masses and calls for the broadening of their actions in public life and the running of all aspects of the daily life.”   “Glory to all the martyrs of the uprising and victory the masses in revolt.   Tunisia 20 January 2011   The League of Left Workers The Uniting Nacerists Movement The National Democratic Movement The National Democrats The Baath Movement The Independent Leftists The Tunisian Communist Workers Party (PCOT) The National Democratic Labour Party”


Tunisian Patriotic and Democratic Labour Party,

23 January 2011

Orientation of the Revolution of the People and the Youth of Tunisia


The Patriotic and Democratic Labour Party of Tunisia sets the following orientations for the current phase of the Revolution of the People and Youth:   1)      The Party supports the struggle to dismiss the government of Ghanouchi, the former Prime Minister of Ben Ali, and to prohibit the RCD party;   2)      The Party mobilizes all its capacities so that the Revolution goes as far as possible towards elimination of the after-effects of the Ben Ali-Trabelsi system on the road to a Democratic and Social Republic which will guarantee the gainss of the people of Tunisia and the conquests of the Revolution still to come;   3)      The Party calls to action the “Front of January 14”, composed of 8 progressive and left formations, to impel the struggle, to widen it and to organize it;   4)      The Party rejects at the same time the Ghanouchi government and the political manoeuvres, such as the possible recall of former ministers of Bourguiba to head the government;   5)      The Party proposes to start consultations to appoint an independent Prime Minister; this Prime Minister could be dappointed by the following organizations: Tunisian General Union of Labour (the historical trade-union centre), the Tunisian League of Human Rights, the Order of Lawyers of Tunisia, the Tunisian Association of Democratic Women, the Magistrates’ Association, and the Journalists’ Trade Union;   6)      This Prime Minister would form a transitional civil government of broad unity charged to deal with current businesses and to prepare the election of a constituent assembly;   7)      Parallel to the action of the transitional civil government, the Party calls for the most rapid possible constitution of three national commissions, respectively charged to make shed light on the shootings with live rounds, to inquire into corruption and illegal enrichment, and to propose reforms to the political system at the constituent assembly;   8)      The Party acts and will continue to act so that the transitional civil government recognizes the committees citizens which constituted themselves in the fight in many localities, who have played a great part in the fall of the Ben Ali-Trabelsi system, and who took various initiatives to the benefit of the Tunisian people (dismissal of prefects, of under-prefects, police chiefs of police forces, chairmen of companies…)   Tunis, on January 23, 2011   Khaled Falah, founder member of the committee of the Patriotic and Democratic Labour Party of Tunisia     Le Parti du Travail Patriotique et Démocratique de Tunisie se fixe les orientations suivantes pour la phase actuelle de la Révolution du Peuple et de la Jeunesse :   1)      Le Parti soutient le combat pour renverser le gouvernement  Ghanouchi (ancien Premier Ministre de Ben Ali) et pour interdire le parti RCD ;   2)      Le Parti mobilise toutes ses capacités pour que la Révolution aille le plus loin possible dans l’élimination des séquelles du système Ben Ali- Trabelsi sur la voie de la République Démocratique et Sociale qui garantisse les acquis du peuple de Tunisie et les conquêtes de la Révolution en cours ;   3)      Le Parti  appelle à activer le «  Front du 14 Janvier », composé de 8 formations progressistes et de gauche, pour impulser le combat, l’élargir et l’organiser ;   4)      Le Parti rejette à la fois le gouvernement Ghanouchi et les manœuvres politiciennes, telles le rappel éventuel d’anciens ministres de Bourguiba à la tête du gouvernement;   5)      Le Parti propose d’entamer des consultations pour désigner  un premier ministre indépendant ; celui-ci pourrait être désigné par les organisations suivantes : l’Union Générale Tunisienne du Travail ( centrale syndicale historique), la Ligue Tunisienne des Droits de l’Homme, l’Ordre des Avocats de Tunisie, l’Association Tunisienne des Femmes Démocrates, l’association des Magistrats et le Syndicat des Journalistes ;   6)      Ce Premier ministre formerait un gouvernement civil transitoire de large union chargé d’expédier les affaires courantes et de préparer l’élection d’une assemblée constituante ;   7)      Parallèlement à l’action du gouvernement civil transitoire, le Parti appelle à constituer le plus rapidement possible les 3 commissions nationales chargées respectivement de faire la lumière sur les tirs à balles réelles, d’enquêter sur la corruption et l’enrichissement illégal, et de proposer la réforme du système politique à l’assemblée constituante ;   8)      Le Parti agit et agira afin que le gouvernement civil transitoire reconnaisse les comités citoyens qui se sont constitués dans la lutte  dans de nombreuses localités,  qui ont  joué un grand rôle dans la chute du système Ben Ali-Trabelsi, et qui ont pris diverses initiatives en faveur de la population  ( limogeage de préfets, de sous préfets, de commissaires de polices , de PDG d’entreprises…)   Tunis, le 23 janvier 2011   Khaled Falah, membre du comité fondateur du Parti du Travail Patriotique et Démocratique de Tunisie


Bonjour, Cher-es ami-es, C’est à partir de l’extrait du texte, “La révolution en Tunisie, source d’inspiration dans la Méditerranée”, signé par nombre d’amis du Manifeste des libertés. Il a été publié dans “le Monde” (19 janvier 2011)

La révolution en Tunisie, source d’inspiration pour la Méditerranée

Pour sa liberté et sa dignité, le peuple tunisien s’est soulevé. Oui, de telles insurrections sont encore possibles aujourd’hui. Elles sont nécessaires. Elles sont prometteuses. Mais elles sont menacées, car elles remettent en cause de puissants intérêts locaux et les structures d’un ordre international établi qui les redoute et travaille d’emblée à les écraser ou à les dévoyer. Elles ont besoin d’unité, de détermination, de lucidité et de solidarité. Après vingt-trois années de “passivité” apparente, en quelques jours de lutte héroïque et intelligente, sans peur de la répression, sans inflation idéologique, les citoyens et citoyennes de Tunisie – chômeurs avec ou sans diplômes, ouvriers, étudiants, professeurs, avocats, fonctionnaires, commerçants, soldats – ont abattu une dictature brutale et corrompue, ruineuse pour leur pays et honteuse pour leur terre de civilisation ancienne, qui se maintenait au pouvoir en bénéficiant du soutien des organismes financiers, des Etats et des alliances militaires de la région, des experts de la “gouvernance” mondiale. L’association APCV propose une rencontre le Jeudi 3 février 2011 à 18h30 pour s’informer et échanger sur la situation et les formes de solidarité à apporter à la lutte du peuple tunisien avec notre ami militant tunisien de Saint-Denis Mohsen Dridi Local associatif 40 rue de la Boulangerie 93200 Saint-Denis ( à la hauteur du 60 rue Gabriel Péri) Métro : Porte de Paris ou Basilique de Saint-Denis (ligne 13) Bien amicalement Abderrahim Rezigat

Association APCV* Agence de Promotion des Cultures et du Voyage

111 rue Danielle Casanova 93200 Saint-Denis  

Tél : 09 50 71 45 85    Fax : 00 (0)1 48 20 53 35           Mobile : 06 20 34 00 36   

www.apcv.org                               apcvculture@free.fr www.saloncalligraphie.com       contact@saloncalligraphie.com

*L’association APCV n’est pas une agence de voyage mais elle organise des voyages pour favoriser les rencontres avec les acteurs du dialogue des cultures

Voir notre concept sur notre site : www.apcv.org   Notre devise ” J’apprécie davantage mon voisin depuis que je m’intéresse à sa culture”


Amesterdam…

Pour soutenir les Démocrates  tunisiens       Appel #Afin de célébrer le triomphe du peuple tunisien énoncés dans la chute du tyran Benali et continuer à soutenir les masses populaires et les forces démocratiques de la Tunisie.   #Pour dénoncer la répression et les violations des droits de l’homme dans la région maghrebine .   #Afin d’accroître et soulever l’esprit de solidarité entre les peuples du Maghreb et les forces de la démocratie    Le Centre euro-méditerranéen  migration & développement appelle à:   une  large participation au soireé de solidarité  

   Tous en vue de consolider la solidarité Maghrebine  populaire et démocratique     Avec la participation de :

  

 Cherbib Mouhieddine : Comité pour le respect des libertés et des droits de l’homme en Tunisie – CRLDHT Fathi Mourali :journaliste tunisien résident aux Pays-Bas Mehdi Semlali Juriste et secrétaire général de Centre euro-méditerranéen  migration & développement  EMCEMO 

Mohammed Bahr : Artiste progressiste tunisien (Chant) Aura lieu le : Samedi, Janvier 29, 2011 à partir de 19 h  au sège de HTIP  Amesterdam – Hollande………   Pour plus d informations , contactez : EMCEMO +31 20 42 888 25


Khémaïs Ksila a obtenu son passeport


La FTCR est heureuse de vous annoncer que notre camarade Khémaïs Ksila secrétaire général de la Ligue Tunisienne des Droits de l’Homme vient d’obtenir son passeport, une autre injustice est levée grâce  la révolution. Il sera bientôt de retour après dix ans d’exil en France. Mabrouk à Fatma et Khémaïs et leurs enfants Tarek BEN HIBA président de la FTCR


LA RÉVOLUTION TUNISIENNE CONTINUE APPEL DE LA FTCR POUR DES ASSISES DE L’IMMIGRATION TUNISIENNE EN FRANCE ET DANS LE MONDE POUR ÉLABORER NOTRE CAHIER DE DOLÉANCES


Pour que la révolution tunisienne que nous saluons s’étende à tous les tunisiennes et les tunisiens où qu’ils soient, la Fédération des Tunisiens pour une Citoyenneté des deux Rives (F.T.C.R.) association autonome issue de l’immigration en France propose à toutes les associations, comités et collectifs de l’immigration en France, en Europe dans les pays arabes et dans le monde, autonomes, démocratiques et attachées aux valeurs des droits humains, de la liberté et de la démocratie de participer ensemble à l’élaboration d’un cahier de doléances des migrantes et des migrants tunisiens pour la défense de leurs intérêts qui sera présenté au nouveau pouvoir exécutif tunisien issue de la révolution du 14 janvier 2011. Nous proposons de collecter toutes les propositions que nous inscrirons TOUS ensemble dans le cahier de doléances des migrantes et migrants tunisiens et de les adopter collectivement d’ici la fin mars 2011 à l’occasion de la tenue d’assises de l’immigration tunisienne. A la suite de ces assises nous proposons de présenter le cahier de doléances au gouvernement le 9 Avril 2011 à l’occasion de la fête des martyres en Tunisie Par ailleurs la F.T.C.R.,  demande au nouveau pouvoir exécutif tunisien issu de la révolution les mesures d’urgence suivantes à prendre sans délais : 1.   L’arrêt  immédiatement de la collaboration des tous les consulats, à la reconduite à la frontière des migrants sans papiers retenus dans les centres de rétention. 2.   Vider les consulats des responsables RCDistes et les neutraliser. 3.     Restituer les propriétés de l’État tunisien comme l’immeuble situé au 36 rue Botzaris à Paris 19ème pour en faire la maison des associations autonomes et démocratiques de l’immigration tunisienne en France. 4.     Libérer les migrants emprisonnés en Tunisie (Tunisiens, Subsaharien et Maghrébins arrêtés ou transférés en Tunisie ). 5.     Abolition des lois anti-immigrés ainsi que la criminalisation des infractions au séjour.
 

pour la FTCR Tarek BEN HIBA président


Réponse au Général Rachid Ammar :


Les soi-disant vide et risques sont le fait du régime qui s’obstine à s’opposer à la volonté du peuple d’instaurer la paix et la sérénité entre tous les Tunisiens et la formation d’un Gouvernement composé d’hommes de confiance aux postes clés du pouvoir. Sauvons la révolution – Soutenons la Marche pour la Liberté – On ne peut dire que la Révolution ait triomphé tant que l’appareil sécuritaire même affaibli est assez puissant pour maintenir au pouvoir les représentants de l’ancien régime. C’est une grosse erreur de notre part que de considérer que ce Gouvernement d’unité nationale soit au service d’une quelconque transition ou même de la préparation de futures élections. Le vrai objectif de ce Gouvernement de l’ancien régime est de gagner du temps non pas pour reconquérir le pouvoir – parce qu’il est toujours au pouvoir – mais pour le renforcer et lui redonner sa force d’antan. En l’état actuel des rapports de forces , il ne s’est produit qu’un remaniement ministériel restreint touchant des portefeuilles secondaires octroyés à certaines figures de l’opposition pour faire croire à une illusoire transition vers un nouveau régime. Nous sommes exactement en train de revivre le scénario du 7 novembre où le dictateur Ben Ali a fait entrer quelques figures de l’opposition pour donner crédit à ses promesses de démocratisation, avant de se retourner contre eux. La leçon à tirer de cette erreur est cette évidence que la dictaure ne peut être au service de la démocratie et que ses promesses n’engagent que ceux qui les écoutent. Aujourd’hui le Chef des Armées le Général Rachid Ammar a dit au peuple qu’il craint le vide. Nous lui répondons que le peuple est le premier à se soucier de l’ordre public. Les derniers évènements l’ont clairement prouvé. C’est plutôt le Gouvernement actuel qui est la source de l’instabilité. Tant que le Gouvernement est non représentatif des sacrifices du peuple et méprisant leur sacrifice pour la liberté, la dignité et la fraternité entre nous tous, tant qu’il se rend responsable de l’instabilité, du vide et des troubles sur lesquels il compte pour reconquérir son pouvoir absolu sur le peuple. C’est le Gouvernement de l’ancien régime qui par son obstination veut créer le chaos qu’il prétend éviter, après avoir organisé les actes de tueries gratuites et de pillages. Si ce Gouvernement était sincère dans ses intentions il n’aurait pas hésité à se démettre et à favoriser la constitution d’un Gouvernement de salut national réunissant des hommes de confiance du peuple pour apaiser les mouvements populaires et entamer le processus de l’édification des institutions garantissant la liberté, la dignité et la fraternité entre les Tunisiens qui ne cherchent qu’à vivre dignement et en paix. Pour éviter le chaos que le régime a semé depuis les premiers jours de la Révolution au moyen de ses escadrons de la mort, et de ses actes de pillage et de vandalisme, nous devons nous tenir à notre détermination calme et ferme à sauver notre révolution, à préserver la paix sociale et l’ordre public en nous attachant plus que jamais au principe fondamental de la nomination de vrais représentants de notre peuple aux postes clés d’un Gouvernement de salut national. Il nous faut faire confinace à notre peuple qui a montré une maturité qui a ébahi le monde entier. Pourquoi abandonner ce peuple au profit de l’ancien régime source de nos malheurs à nous tous, par crainte infondée, et qui nous fera sombrer dans les griffes d’un pouvoir qui promet de se venger de notre audace de l’avoir démasqué aux yeux du monde entier? Ne nous trompons pas sur nos amis et sur nos ennemis: le peuple défendant les acquis de la révolution est le seul garant de la paix, de l’apaisement des rencoeurs et des haines cultivées par la dictature et sa maffia. Il l’a prouvé et il nous sera un guide de sagesse et de retenue. Seule la réussite de notre révolution garantira la paix dans les esprits et dans les coeurs entre tous les Tunisiens, quel que soit leur passé, dans le respect d’une justice clémente, dans le retour des biens spoliés à leurs propriétaires, et les réparations morales et matérielles nécessaires et garantes de la vraie paix à laquelle nous aspirons tous. La révolution est le seul salut pour le peuple tunisien et nous devons nous unir tous ensemble pour la sauver en demandant un Gouvernement incarnant authentiquement les idéaux de notre liberté et de notre fraternité. Il ne nous reste qu’une alternative : ou la liberté ou le retour en force de la dictature et de l’oppression, avec son cortège de malheurs et de souffrances pour encore des générations. Restons unis avec le peuple et fermes dans l’exigence d’un Gouvernement authentiquement représentatif de notre volonté de vivre enfin dans la paix et dans la dignité. En nous unissant autour de ces principes, l’Armée comprendra où se trouve le salut de la patrie et n’aura plus de crainte sur l’avenir immédiat et futur de notre cher pays. Mondher Sfar Paris, le 24 janvier 2011 à 21h


LA CENSURE CONTINUE


Sur le plateau de la télévision tunisienne TV 7 (elle  n’a changé que le logo) les invités sont sélectionnés. C’est une censure camouflée. On voit  défiler tous les courants de gauche et pro- gouvernement. Les militants du POCT et les Islamistes sont interdits d’écran.   Ce filtrage reflète la main mise de certains courants idéologiques sur l’audiovisuel. D’ailleurs c’est la même censure exercée par les journaux de Dar Assabah. Certains intervenants et journalistes nous rappellent les campagnes de dénigrement   de 1987 après «  Attahawel Almoubarek ». Au nom de la défense des acquis « de la modernité » tout est permis : diabolisation ; insulte, falsification des discours, procès d’intention.  Saignées depuis deux décennies par une répression féroce, l’opposition en général et les islamistes en particulier sont certes en dehors de ce  mouvement populaire mais ils sont représentatifs de la résistance à la barbarie du pouvoir déchu. Les faits son têtus. Le vent de cet Intifadha est porté par tous les courants culturels et politiques. En  commençant par le mouvement étudiant, les revendications syndicales jusqu’aux certaines actions désespérées  « cas des jeunes Soliman », la dictature n’a répondu que par la violence. Point au dialogue. L’exclusion exercée  aujourd’hui   par quelques courants  en s’emparant des médias ne sont pas un signe de maturité démocratique.  Ilse ne font  que répéter les mêmes erreurs  du passé. Ces pratiques signe d’affolement n’honorent pas leurs auteurs. Ahmed  BEN AMOR  le 24/01/2011  


Vers où le gouvernement provisoire pousse-t-il la Tunisie?


 Le gouvernement provisoire a reçu le message clair et net de la part du peuple tunisien qu’on ne veut plus de lui et qu’il doit “DÉGAGER”. Le message a été adressé depuis les grandes villes, depuis les villages et les campagnes, par les intellectuels, les paysans, les femmes, les enfants, la force ouvrière, les avocats,  les élèves et les étudiants … Le message a été adressé en arabe, en français, en anglais et en jargon tunisien… mais ce gouvernement continue à faire l’oreille sourde et à provoquer et exciter ainsi davantage le peuple tunisien!!! Qu’est-ce que ce gouvernement cherche? Je pense qu’il cherche le KO total, il cherche à créer le vide et par là à provoquer l’armée pour se mêler au politique et bloquer tout processus de réforme … c’est une échappatoire pour les pilleurs de la Tunisie et pour les piliers de la dictature déchue. Jusqu’à présent l’armée a agit avec beaucoup de conscience et de responsabilité mais il n’est pas exclu, c’est même très probable que des forces étrangères sont en train de jouer dans les coulisses de la scène tunisienne pour avorter la révolte du peuple tunisien et lui voler sa victoire. Le peuple doit donc rester vigilent et continuer sa belle manœuvre sans basculer vers la violence ni abandonner ses demandes quelques soient les circonstances. Un gouvernement de salut national est plus que nécessaire et plus qu’urgent. Un gouvernement qui se concentre sur la réforme politique, assure la sécurité, organise des élections. Monsieur le Président par intérim de la république tunisienne agissez et assumez pleinement vos responsabilités avant qu’il ne soit trop tard.   Larbi Guesmi / Neuchâtel – Suisse, le 23.01.2011


LA RÉPUBLIQUE DE FATMA

 

 Par CHABBI. M    Ce que j’aime bien avec elle, c’est qu’elle me dit toujours ce qu’elle pense, et des fois même ce que je pense. elle me dit les choses au bon moment, un timing de tonnerre de Dieu qui me fout les boules et  mes certitudes en l’air , même si elle sait , elle sent “senssait” pertinemment que je n’ai aucune envie de les entendre ,on a l’âge de ses artères , et justement à mon âge des fois il vaut mieux être sourd que d’entendre certaines vérités , ou subir les rictus du balancier de l’horloge du salon , maudit soit le jour où je l’ai déniché chez un brocanteur gitan des puces de Montreuil , je veux seulement entendre sa chevelure , les rêves de FATMA , et les vagues de la mer , des fois qu’elle s’emmène aux portes de Paname ,entendre son sourire , son rire éclatant comme la fin du monde , mort aux cons et putain de mort , le destin et la vie ont été généreux et bons avec moi , plus que je ne le serais jamais avec eux. Du coup, quand elle me rassure, je la crois sans rien comprendre de ce qui me berce et m’endort, j’apprivoise les cobras royaux et je marche sur l’eau, personne n’est obligé de me croire, mort aux cons. Et quand elle me remet en place, je m’énerve contre mes rêves , mes illusions , mes morts et béatement,  je me mets à aimer mes semblables , la fin des fins , j’ai honte pour mes nuits blanches et mes tatouages, puis j’y repense, et je constate qu’elle a raison , l’amour est immortel , il n’y’ a  que les cons qui meurent sans savoir pourquoi ils ont vécu.   Je t’aime FATMA.   Ce que j’aime bien chez elle aussi, c’est qu ‘elle ne se trompe jamais sur les gens, fallait voir comment elle ridiculise le CLOWN quand je l’emmène au cirque AMAR. Même sur ceux qu’elle n’a jamais rencontrés elle a par procuration sa petite idée. Elle est toujours capable, à partir de ce que j’en dis, de me dire le trait fondamental de la personnalité des gens que je fréquente, des problèmes qui vont se poser et des choses que je peux en attendre. A chaque fois, je ne l’écoute pas, à chaque fois, je lui dis : “Tu ne le connais même pas ! Les gens ne se résument pas comme ça en deux phrases ! “, Mais à chaque fois, 2 ou 3 semaines plus tard, paf, je constate qu’elle avait raison sur toute la ligne.   Ce que j’aime bien, c’est qu’elle est toujours là et qu’elle est toujours à l’écoute même quand elle a autre chose en tête, comme son centre de loisir ou ses anniversaires chez MACDO. Avec elle, j’arrive à geindre parfois, et à dire que je ne vais pas bien. J’arrive à avouer mes faiblesses et mes petites ou grosses déprimes, alors qu’en général, j’essaie de les cacher (même si je n’y arrive pas toujours), conneries de vieux finissant, qui veut des fois démontré qu’il peut encore.     Ce que je n’aime pas chez elle, par contre, c’est que je me sens totalement incapable de lui renvoyer un centième de ce qu’elle me donne. Mais enfin, j’essaierai de m’améliorer.   Mes certitudes en toi, FATMA,  comme en la vie divine , comme en ce souffle qui fait mon crépuscule et ma charnière , sont des certitudes de vision qui me donnent assez de lumière , de fureur et de mots pour agrandir mon territoire de l’impossible , l’impossible étoile , elle dans la paume de ta main , dans ta fossette de l’impudeur , dans ton rire de la quintessence , dans ce rien de ton silence qui fait ma tristesse , dans cette ombre qui me frôle et me désespère, dans ton baiser qui fait tout mon sommeil , le tour de mon cœur, ma fille mon amour ma petite mère qui perpétue mon innocence. Des jours, des nuits et des murmures incandescents jaillissent de tes forges étincelantes et démontent mes masures, mes rides, mes malformations et le temps qui se croit inaccessible. Mes luttes sont fortes de l’absence , qui les écoute sans rien demander, c’est rien que pour cela mon amour que je crois en ta république, les femmes de chez nous sont la terre et le sphinx, le feu et l’eau, l’espoir et l’horizon et je hais toutes les déchéances qui vous font de l’ombre, toujours par l’ignorance et la barbarie.     Je t’aime FATMA.   En t’observant attentivement, je t’arrache tes secrets comme un pirate, un flibustier sur la marre aux canards, et ça te fais sourire, car tu sais toi qui aime la vie et qui m’aime que je ne serais jamais un détrousseur de tombes .Tu es ma tombe, et mon linceul au front de l’ignominie. Je sais que j’existe à cause de toi dans le pli de millions de cœurs, ici, ailleurs, ou quelque part au bout du monde, où des hommes dignes et des chiens de la tendresse se tiennent debout. Tu m’as appris à entendre et surtout à écouter les effluves de ma chaire , et même les chimères et les mirages de l’acceptable , sans quoi la vie n’est qu’un volcan en furie , flaire la part des choses qu’ils disent quand il faut aller tout au fond de toutes les choses , nous tunisiens nous mourrons dans le compromis et les compromissions , et notre parole est viciée J’aime les artistes , je ne peux que les aimer puisque je t’aime ma FATMA, mon guéret au plaisir de l’esprit et de l’œil ! Les artistes , toujours à la révérence de mon galurin , de la tchatche et de la tendresse de mes bourgs et de mes errances, ces enfants de la quille éternelle qui jouent avec l’ombre , la mousse , l’essentiel , le superflu et les frissons pour faire vivre à jamais la lumière de nos propres dénis! Les poètes, FATMA qui brodent mon âme, ils rient sur mon cœur comme il rit dans ton cri l’extase et l’orgasme futurs .Les artistes que tes yeux me poussent à corrompre, ces témoins de ma douce servitude, tu sais tes alarmes brillent sous le ciel de mes attentes comme l’exigence d’une conscience!| elles ont envahi nos lieux communs de leurs espoirs et de mes échecs. Les véritables artistes en Tunisie sont les résistants, les torturés et les suppliciés, quand tu écoutes un le cri de notre nation aux vépres des crépuscules des tyrans, arracher à la mort et à l’oubli la dépouille de mon enfant, de ton frére MOHAMMED BOUAZIZI.. tu saisis en pleine horreur , dans la chevauchée  du bonheur à venir, parce que lui, parce que TOI, l’âme de ma terre et le dérisoire , l’art authentique FATMA comme tes yeux qui ne font pas dans mes demi-mesures , suppose fondamentalement d’être VIVANT , comme la rue , comme le peuple , l’art c’est la voix de la vraie vie , l’un ne peut vivre sans l’autre , l’un sans l’autre c’est le règne de la barbarie , des ténèbres et de la mort La résistance est la sève de l’art, parce que l’art est dedans la vie , Et si l’Art c’est la vie , les artistes tunisiens « officiels »de leur désormais ancien ordre établi ne sont que des bricoleurs de « mort ». L’émotion comme mètre étalon du message, voilà le GRAAL. “Créer n’est pas communiquer, c’est résister”. Gilles Deleuze in “Pourparlers»    Dis leur FATMA aux troubadours tunisiens du fait du prince, aux flagorneurs professionnels, aux pleutres qui font honte à la peur humaine, que c’est fini, RIDEAU. Quand un peuple est en résistance, c’est que la situation « normale » d’un pays est  ENCORE celle d’une dictature, comme notre Tunisie FATMA. Dès lors, l’art, le vrai,  devient un signe de ralliement pour tous nos rêves et nos projections, le reste, les vautours s’écoutent digérer à coups de prébendes et de baisers de la veuve. Dis leur ma FATMA que l’art est une expression de la volonté de liberté qui est un des moteurs principaux de la création. L’art n’est jamais symbolique, et ne doit jamais être innocent si on met la liberté et le bonheur au-dessus de tout, on doit donc l’utiliser pour faire passer des messages subversifs contre la dictature et pour dénoncer les agissements de ses auteurs, c’est l’acte d’amour ultime de l’artiste avec la matière. Passe l’éponge ma FATMA, je divague, SEPTIQUE ET JE DOUTE DE LEUR FIN, je suis encore plus exsangue que ma terre, heureusement que tu existes et encore des milliers comme toi, mettez le feu pour nous sortir de cet éternel hiver mon amour, vivrais-je assez longtemps pour apercevoir, ou même pourquoi pas, une fois dans ma vie, vivre un printemps entier ? Caresse encore mes rides et mes instants ma FATMA, tu as bien raison, l’art, et ce mot me coûte et me brûle la bouche en tant que tunisien, c’est résistance et libération ou ne l’est pas.   Mort, coquille vide ? Pire en Tunisie, arme de destruction en Tunisie, c’est un assommoir, un somnifère, du Gardénal, de l’opium à la grande pharmacie GOBBELS devant laquelle des légions de zombies se prostitueaint avec le néant .C’est une licence IV d’alcools frelatés, d’alcool à brûler, d’acide, un vulgaire bar Carthaginois sphincter de 10 millions d’âmes. l’impuissance mortelle de ma vie c’est d’oublier de vivre loin de ces racines qui me bouffent le goût et l’odorat , et je ressemble de plus en plus à un braconnier qui verse des pots de vin pour son propre plaisir, les vrais artistes de ta république FATMA sont les ramoneurs de nos labyrinthes , où nous nous sommes perdus depuis si longtemps sous l’indifférence lâche des artistes du dérisoire ,ceux qui possèdent les patentes , les temps de parole aseptisée , la haine d’eux même et le déni de leurs passions , ceux qui possèdent la technique mais pas l’honneur ni le savoir , ni la rigueur ni la rage des chiens. Un artiste qui n’est pas au plus profond de l’intime de son peuple, rouille l’art, pouvons nous imaginer Picasso sans Guernica ? HIMINGWAY sans Cuba ? BEETHOVEN sans sa surdité ? VILLON sans sa corde de pendu ? LORCA sans douze balles dans la peau, GAVROCHE sans Paris ? TAHA sans sa cécité ? OMAR sans le désert de Libye ? NIZAR sans sa poésie ? YASSINE sans son sourire d’ange et sa chaise roulante ? La PALESTINE sans le GOLAN et l’Oliver? Et la lumière sans les rivages de ma Tunisie ? Tu sais FATMA, Les corps des emmurés pressés sur le mien, me tatouaient la marque des pires infamies, et depuis l’éternité de ta naissance, appellent ton corps et tes mots. Tu peux donner une voix à mes silences, la capter dans tes souvenirs où je prendrais vie, je sais que j’aurais moins de regrets mais jamais l’amnésie. Toucher ton nom et toujours t’espérer si prés de moi, c’est te toucher dans l’absence, au-delà du lien narratif et poétique, c’est vaincre un tant soi peu la déchéance. Si jamais je meurs d’avoir trahi ta république, je voudrais que tu rencontres un besoin de folie qui te donne toute la tendresse que je n’ai pas pu te donner. Et ne crois jamais que je suis un caprice du destin, de la biologie ou un hasard comme un autre, je vais te dire FATMA mon amour, c’est un tordu le hasard, c’est juste un riff de guitare qui déchire le conforme et démasque le fard, un riff de guitare de mon Andalousie, qui se soucie peu des hommes, et qui déride les chromosomes de cette histoire qui nous oublie. Tu m’as bluffé le tour de l’univers dans ton clin d’œil et j’ai compris que l’on peut aimer la politique comme la poésie, les autres et des fois même soi. Même, tunisiens sous les décombres de son histoire, dans l’impuissance de sa déroute je t’aime aussi pour ça FATMA de mon unicité, aimer la politique comme le verbe, sommes nous devenus des humains à essayer de comprendre l’horreur ? Tu ne m’as pas laissé le choix, mais trop d’amour ne tuera jamais l’amour, trop d’amour tu as bien raison, fait les saisons, la pluie et le beau temps, FATMA, la politique comme la poésie, une vision épique du destin de ta Tunisie. Elle se tient au point d’un tout, le tout de l’amour fraternel et du partage et de l’existence en commun, un tout totalisant, qui est en un sens la reconquête de sa propre humanité. Que tes nuits soient longues, ton sommeil  enchanté et tes jours sans fin, déridés de la folie douce de ton vieux vampire.   Ta petite vie d’ange et d’éther , FATMA mon amour , appelle exclusivement à la conscience de ceux qui subissaient , ceux qui gisaient dans leurs lâchetés , ceux qui tournaient en rond dans leur impuissance , ceux qui se taisaient , ceux qui criaient face au néant , ceux qui se sont levés et ceux qui meurent ; et plus encore , tu me déchires , de ceux qui persécutaient, qui torturaient , qui violaient , qui tourmentaient, qui ruinaient et qui tuaient les autres, sous prétexte de civilisation barbare , où certains hommes sont l’enfer pour d’autres. Ceux qui poursuivent par le fer et par le feu l’œuvre de Satan , ceux qui sont entachés de vices énormes, qui trônent sur  nos vies, aujourd’hui encore,  que même toi et encore moins Dieu ne pourraient jamais pardonner .Ceux qui ,dans la démence et loin de tes petites mains qui dessinent ma vieillesse et rient de mes humeurs , dépouillaient les autres de leurs biens, qu’ils leur infligaient des peines corporelles, psychologiques , qu’ils les faisaient périr de faim et de froid dans des cachots obscurs, en un mot, qu’ils leur ôtent la vie. La difficulté, tu me dis, toi qui a lu dans une autre vie, mon amour réincarné, tout LUTHER KING, que ce n’est pas de rêver, c’est d’accepter et de comprendre les rêves des autres. Et que comme dit la sagesse arabe, que nous devons apprendre à vivre ensemble comme des frères, sinon nous allons mourir tous ensemble comme des idiots. FATMA ma nostalgie, dans une autre vie, on jouait aux cow-boys et aux indiens, c’était pesé, donné ce n’était pas cher et trois fois rien, comme moi mon amour, en cet instant précis, les filles d’alors, dans mes décors, avaient du chien. Je t’aime FATMA, et je ne peux qu’aimer toutes les femmes d’un amour incommensurable. Je t’aime FATMA. A suivre…..


Tunisie: des centaines de manifestants bravent de nouveau le couvre-feu


TUNIS – Des centaines de manifestants tunisiens bravaient lundi soir, pour la deuxième nuit de suite, le couvre-feu, devant le palais où siège le Premier ministre, exigeant la démission du gouvernement de transition des caciques du régime du président déchu Ben Ali, a constaté l’AFP. Ces manifestants sont restés sourds à l’appel du chef d’état-major de l’armée de Terre tunisienne, le général Rachid Ammar, qui leur avait demandé de quitter les lieux dans l’après-midi, en affirmant que l’armée se portait garante de “la révolution du jasmin” dans le respect de la Constitution. “Vos demandes sont légitimes. Mais j’aimerais que cette place se vide, pour que le gouvernement travaille, ce gouvernement ou un autre”, leur avait lancé au mégaphone le général Amar, évitant d’apporter un soutien trop explicite à l’actuel cabinet de transition. A 20H00 (19H00), heure de l’entrée en vigueur du couvre-feu qui court jusqu’à 05H00 du matin, ils étaient encore des centaines sur l’esplanade de la Kasbah, devant les bureaux du Premier ministre, où ils se préparaient comme la veille à dormir dans la nuit glacée de la capitale tunisienne. Ces manifestants, dont de nombreux jeunes issus de la région rurale et pauvre du centre-ouest, bastion de la “révolution du jasmin”, avaient déjà passé la nuit de samedi à dimanche sur cette esplanade, sans que l’armée n’intervienne pour les déloger. (©AFP / 24 janvier 2011 20h24)


Tunisie: appel à la grève jeudi dans les lycées


TUNIS – Le syndicat national de l’enseignement secondaire a appelé lundi à une journée de grève le jeudi 27 janvier et à participer à des manifestations pour demander “la dissolution du gouvernement qui a été imposé” aux Tunisiens. Depuis sa formation il y a tout juste une semaine, la rue tunisienne conteste la légitimité du gouvernement de transition, dominé par des caciques de l’ancien régime du président Zine El Abidine Ben Ali. Le syndicat, membre de l’Union générale des travailleurs tunisiens (UGTT), la puissante centrale syndicale qui a joué un rôle clé dans les manifestations de la “révolution de jasmin” qui ont provoqué la fuite du président Ben Ali, a appelé à une seule journée de grève, ce jeudi, “sur le lieu de travail”. Dans un communiqué, il a aussi demandé aux professeurs de “participer à des manifestations pour demander la dissolution du gouvernement qui nous a été imposé”, d’être présents dans les lycées mardi et mercredi, d’y organiser des cérémonies de salut au drapeau et de faire chanter l’hymne national aux élèves. Il a également proposé de faire observer aux élèves une minute de silence à la mémoire des “martyrs” de la révolte populaire et d’organiser dans les classes des débats pendant la première heure de cours, mardi et jeudi, sur la révolution et sur les moyens de faire face à la “Jeunesse scolaire”, l’organisation du parti du président déchu Ben Ali, qui était omniprésente dans les lycées. Le syndicat UGTT des enseignants du primaire a lancé lundi une “grève illimitée”, jusqu’à la démission du gouvernement. Cet appel a été largement suivi, où de nombreux établissements étaient fermés lundi, a constaté l’AFP, tandis que le syndicat a fait état de “90 à 100%” de participation. (©AFP / 24 janvier 2011 19h30)


Tunisie: remaniement imminent, “peut-être d’ici demain”


TUNIS – Un remaniement ministériel en Tunisie est imminent, “peut-être d’ici demain”, a annoncé à l’AFP le porte-parole du gouvernement de transition Taieb Baccouch, tout en se prononçant “à titre personnel” pour le maintien des ministres qui ont servi sous Ben Ali et dont la rue exige le départ. “Il ne faut pas oublier qu’il y a des postes non pourvus”, a-t-il déclaré dans un entretien accordé à des journalistes de l’AFP, rappelant que cinq ministres ont démissionné la semaine dernière: trois syndicalistes, un opposant et un membre de l’ancien parti au pouvoir le Rassemblement constitutionnel tunisien (RCD). “Peut-être qu’il va y avoir de nouvelles démissions. Donc il y aura un minimum de six, sinon plus, postes à pourvoir, et cela va nécessiter forcément un remaniement ministériel, d’ici peut-être demain”, a ajouté M. Baccouch, une personnalité indépendante issue syndicalisme qui est également ministre de l’Education. “Des contacts sont en cours”, a-t-il poursuivi sans plus de précisions. M. Taieb a exclu que, si d’autres démissions se produisent au sein du gouvernement d’union nationale formé lundi dernier par le Premier ministre sortant Mohamed Ghannouchi, elles seront le fait de ministres de l’opposition. Car ces derniers “sont déterminés à continuer”, a-t-il dit. Ces éventuelles démissions relèveraient de l’ordre de la “décision individuelle” et non “de pressions”, a-t-il assuré. Craignant de se faire confisquer leur révolution, des milliers de manifestants exigent chaque jour depuis une semaine la formation d’un nouveau gouvernement débarrassé des caciques du régime déchu du président Ben Ali, sept au total, qui y détiennent les postes-clés de l’Intérieur, de la Défense, des Affaires étrangères ou des Finances. “Les ministres de l’ancien parti au pouvoir ne sont pas majoritaires, ils sont minoritaires dans le gouvernement”, et les autres membres de l’exécutif provisoire ont accepté de siéger avec eux “en pensant qu’une continuité de l’Etat est nécessaire”, a ajouté M. Taieb. “L’essentiel, ce n’est pas la présence de certains ministres qui ont travaillé sous Ben Ali, mais plutôt de concrétiser des revendications populaires, de la société civile, des forces démocratiques”.. Le porte-parole du gouvernement de transition s’est dit “personnellement” favorable au maintien de membres du régime du président Ben Ali, au nom de l’efficacité de l’action gouvernementale. “Personnellement je suis pour le maintien des compétences technocratiques parce que leur appartenance au parti (RCD), est purement formelle. Ce ne sont pas des politiques. Et donc leur présence est absolument nécessaire pour la continuité, surtout sur le plan de la poursuite de l’activité économique”, a-t-il déclaré. M. Taieb a également mis en garde les protestataires les plus radicaux contre le risque de “vide institutionnel”. “La révolution tunisienne, c’est une véritable révolution populaire, elle est pacifique, à la Tunisienne, et ce serait dommage qu’elle débouche sur la violence ou le chaos. Elle serait complètement dénaturée”, a-t-il dit. “S’il y a des forces politiques de l’intérieur ou des ingérences extérieures, mêmes discrètes, pour faire avorter cette révolution, ce serait une grande perte, pas seulement pour le pays mais pour le monde”, a-t-il poursuivi. Il a cité l’exemple de l’Irak où l'”on a démantelé toutes les institutions de l’Etat, avec le résultat vous connaissez, le chaos et la guerre civile”. Les Tunisiens feraient mieux de s’inspirer de l’ex-président sud-africain Nelson Mandela, qui “a eu la sagesse de tourner la page en exigeant simplement une reconnaissances des fautes” du régime ségrégationniste de l’apartheid, a-t-il plaidé. (©AFP / 24 janvier 2011 19h04)


AFP, le 24 janvier 2011 à 00h12 GMT

Les proches de Ben Ali arrivés au Québec sont résidents canadiens (Ottawa)


MONTREAL, 23 Jan 2011 (AFP) – Les membres de la famille de Zine El Abidine Ben Ali arrivés récemment à Montréal possèdent le statut de résident permanent, ce qui leur confère presque tous les mêmes droits qu’un citoyen canadien, a indiqué dimanche le ministre de l’Immigration, Jason Kenney. En marge d’un rassemblement à Ottawa du parti Conservateur du Premier ministre Stephen Harper, M. Kenney a déclaré que certains membres du clan de l’ex-président tunisien, renversé par une révolte populaire, “étaient déjà résidents permanents” et donc “ont le droit d’être au Canada”. Mais Ottawa n’entend cependant pas accueillir d’autres proches de celui qui dirigea la Tunisie pendant 23 ans: craignant que de nouveaux caciques de l’ancien régime migrent au Canada, le gouvernement a accru sa surveillance des compagnies aériennes, a dit à Radio-Canada une source gouvernementale. Samedi, le ministère de M. Kenney avait souligné à l’AFP que “M. Ben Ali, les membres destitués de l’ancien régime tunisien et leurs proches n’étaient pas les bienvenus au Canada”. Depuis l’annonce, faite samedi par le Journal de Québec, de l’arrivée d’un des frères de la femme de Ben Ali, son épouse, leurs deux enfants et leur gouvernante, l’indignation gagne les Canadiens, qui ne comprennent pas comment des membres du régime déchu ont trouvé accueil dans leur pays. Selon ce que rapporte dimanche Radio-Canada, le jet privé ayant déposé les Ben Ali à l’aéroport international de Montréal-Trudeau transportait entre cinq et dix membres du clan. Il aurait atterri jeudi, et non vendredi, affirme la télévision publique. Ottawa observe toutefois une prudente discrétion, confirmant l’information du Journal de Québec, sans toutefois rentrer dans les détails. Et l’identité exacte de la famille n’est pas connue, l’épouse de Ben Ali, Leila Trabelsi, ayant plusieurs frères. En coulisse, on confirme que ce beau-frère fait partie d’une liste d’une douzaine de membres du clan Ben Ali dont les mouvements sont suivis par des services occidentaux. M. Ben Ali s’est réfugié en Arabie saoudite. Plusieurs pays européens ont gelé ses avoirs et ceux de sa famille, qui s’était fortement enrichie sous sa présidence.   


L’Europe envisage d’augmenter son aide économique à la Tunisie


AFP, le 24 janvier 2011 à 11h13 GMT BRUXELLES, 24 Jan 2011 (AFP) – L’Union européenne envisage d’augmenter l’aide qu’elle a programmée en faveur de la Tunisie pour les trois années à venir dans le domaine économique, mais attend que la situation se stabilise avant de pouvoir agir, a indiqué lundi l’un de ses responsables. Une hausse de l’enveloppe de 240 millions d’euros actuellement planifiée pour la période 2011-2013 est “certainement” à l’étude dans le cadre du plan global de soutien à moyen terme pour le pays sur lequel planche l’Union européenne, a indiqué ce responsable sous couvert d’anonymat. “Nous allons voir ce que nous pouvons faire” pour aller au-delà des fonds déjà promis, a-t-il dit. Ces fonds sont prévus pour l’aide au développement de l’économie tunisienne, de son agriculture, mais aussi de son système judiciaire et globalement de sa “gouvernance”. L’enveloppe déjà programmée est un peu supérieure à ce qu’a versé l’UE au cours de la période précédente (300 millions d’euros pour la période allant de 2007 à 2010). Après la chute du régime de l’ex-président Zine El Abidine Ben Ali, l’Union européenne a offert d’une part aux nouvelles autorités du pays de les aider à préparer la tenue d’élections libres, mais aussi de leur fournir une aide humanitaire “immédiate” si besoin et une aide économique à plus long terme. Dans ce dernier domaine figure aussi l’option d’octroyer à la Tunisie un statut dit “avancé” dans ses relations avec l’UE, permettant au pays de bénéficier de tarifs douaniers préférentiels, voire à ses citoyens d’être exemptés d’obligation de visa pour les séjours en Europe. Toutefois, avant d’agir, l’UE attend que la situation politique se stabilise, alors que le gouvernement tunisien de transition reste sous la pression des manifestants qui dénoncent la présence en son sein de caciques du régime du président déchu. “Le problème que nous avons est de savoir si le gouvernement (actuel) est là pour durer, la situation est très fluide”, a souligné le responsable européen, ajoutant que l’UE se posait “la même question” que les protestataires sur la pertinence de maintenir au sein du cabinet des personnalités ayant appartenu au régime de l’ex-président Ben Ali.


Les jeunes manifestants tunisiens veulent “démonter la Bastille”


 AFP, le 24 janvier 2011 à 10h13 GMT Par Thibauld MALTERRE   TUNIS, 24 Jan 2011 (AFP) – “La Kasbah, c’est la Bastille de la Tunisie et on va la démonter, comme les sans-culottes français ont fait tomber la Bastille en 1789”, promet un manifestant parmi les centaines qui ont passé la nuit devant le palais du Premier ministre, dans le centre de Tunis. La prise de la prison royale de la Bastille, le 14 juillet 1989, à Paris, est devenue le symbole de la Révolution française qui a renversé la monarchie absolue. Rompant avec l’ambiance bon enfant de la veille, plusieurs incidents ont opposé lundi à la police des jeunes manifestants, dont beaucoup sont venus du centre frondeur et déshérité du pays, foyer de la “révolution du jasmin”. Emmitouflés dans des couvertures, ravitaillés par la population, ils ont bravé le couvre-feu et la fraîcheur de la nuit, fidèles à leur promesse d’aller “jusqu’au bout”, comme ils le scandaient à nouveau dès leur réveil sous les fenêtres de la Primature. “On a passé la nuit ici, tu ne peux pas imaginer la solidarité des gens: on a mangé ensemble, dormi ensemble et on restera jusqu’à ce que le gouvernement démissionne et s’enfuie comme Ben Ali”, assure Raja, 31 ans. “On n’a pas confiance en ces gens, ils ont laissé piller le pays et tué nos amis. Ils cherchent à gagner du temps pour échapper à la justice, ils veulent détruire les archives, les preuves de leurs crimes”, poursuit-elle au milieu d’un groupe de jeunes chômeurs et d’étudiants venus de tout le pays. La rue tunisienne manifeste quotidiennement depuis la formation il y a une semaine d’un gouvernement de transition dominé par des caciques de l’ancien régime du président Zine El Abidine Ben Ali, qui a fui le 14 janvier en Arabie Saoudite. Les forces de l’ordre ont barré lundi matin avec de rouleaux de fil de fer barbelé les principaux accès à l’esplanade de la Kasbah. Les manifestants devaient emprunter les ruelles du souk pour rejoindre le groupe d’irréductibles resté sur place. Soudain, un mouvement agite la foule et des dizaines de jeunes se mettent à courir. Plusieurs fonctionnaires, escortés par des policiers en tenue anti-émeute, quittent les bureaux du Premier ministre. Ils sont hués par les jeunes qui lancent des projectiles sur les policiers. Ceux-di ripostent par quelques tirs de grenades lacrymogènes. Des militaires, la plupart désarmés, font alors rempart de leur corps pour protéger le repli des policiers de la fureur des jeunes. Une voiture de police est plus tard saccagée. “On aime les militaires, on sait qu’ils sont de notre côté, mais on déteste les policiers. On n’oublie pas qu’ils ont tiré sur nous à balles réelles, qu’ils ont tué des femmes et des enfants”, explique un jeune homme brandissant le portrait d’un “martyr”, l’une des victimes de la répression policière du soulèvement qui a chassé du pouvoir Ben Ali à la mi-janvier. Un nouvel incident manque de dégénérer en lynchage quelques minutes plus tard, à l’arrivée d’un homme en costume, aussitôt identifié comme l’ennemi, fonctionnaire et bourgeois, par des jeunes qui dénoncent leur absence de perspective pour l’avenir. “Les villes de l’intérieur sont oubliées et opprimées parce qu’on n’a pas apporté notre soutien au régime. Depuis l’indépendance, il n’y en a eu que pour le Nord et la côte. Nous, on est le symbole vivant de la pauvreté en Tunisie”, proteste Belkacen Bouazizi, de Kasserine. Se proclamant “radicaux”, les manifestants de la Kasbah revendiquent aussi leur indépendance à l’égard des partis politiques. “On ne vend pas le sang des martyrs”, proclame une banderole accrochée aux fenêtres du Premier ministre. “La révolution a dépassé tous les partis”, analyse sur place Mohammed Sala Adouni, professeur d’histoire-géographie. “Sans parler des partis de la fausse opposition suscitée par le régime, qui ont été les premiers à appeler à une nouvelle candidature de Ben Ali en 2014!”.  


 “L’Algérie ne sera pas la Tunisie”, dit son ambassadeur à Paris


Reuters, le 24 janvier 2011 à 10h23 GMT    PARIS, 24 janvier (Reuters) – L’ambassadeur d’Algérie en France, Missoum Sbih, a réfuté lundi tout parallèle entre la révolution tunisienne et la situation dans son pays, qui a connu des émeutes en décembre et des violences samedi en marge d’une manifestation politique interdite.   “L’Algérie, ce n’est pas la Tunisie et ce ne sera pas la Tunisie. Chaque pays vit sa propre vie et son propre destin”, a-t-il déclaré sur RTL.   “Le caractère politique des manifestations tunisiennes n’existe pas en Algérie. C’est une chose tout à fait différente: nous avons des manifestations sociales qui ont trouvé une partie de leur solution”, a-t-il ajouté.   Jugeant les situations des deux pays voisins “pas du tout comparables”, il a fait valoir qu’il existait “une presse entièrement libre en Algérie” et assuré que les partis politiques “peuvent s’y exprimer”.   Au moment où s’étendait la crise en Tunisie, qui a conduit le président Zine Ben Ali à fuir le pays il y a dix jours après 23 ans de pouvoir sans partage, le gouvernement algérien a contenu de violentes manifestations contre le chômage, la pénurie de logements et la hausse des produits alimentaires en abaissant les prix du sucre et de l’huile.   “Les choses sont rentrées dans l’ordre”, a estimé Missoum Sbih. “Ce sont des situations pas toujours très faciles à régler mais le gouvernement s’y emploie”, a-t-il ajouté, évoquant le baisse du chômage ou la politique du logement comme “solutions”.   Samedi, des affrontements entre membres de l’opposition et forces de l’ordre ont fait plusieurs blessés à Alger après l’interdiction d’une manifestation du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD).   S’agissant des événements en Tunisie, il a expliqué que l’Algérie n’avait “ni à saluer ni à regretter” ce qui s’y passe.   “La Tunisie vit actuellement intensément une situation qui lui appartient. Son destin est entre ses mains et exclusivement entre ses mains”, a-t-il dit.   

France/Tunisie: un homme tente de s’immoler sous l’Arc de Triomphe à Paris


AFP, le 24 janvier 2011 à 11h33 GMT    PARIS, 24 Jan 2011 (AFP) – Un homme a tenté de s’immoler par le feu samedi sous l’Arc de Triomphe à Paris en marge d’une manifestation de soutien au peuple tunisien, empêché in extremis par des policiers alors qu’il s’était aspergé d’essence, a-t-on appris lundi auprès des autorités locales. La tentative d’immolation a eu lieu alors que le cortège de la manifestation, qui rassemblait près de 800 personnes, se dirigeait vers l’ambassade de Tunisie à Paris, a indiqué la préfecture de police de Paris. L’homme s’apprêtait à s’enflammer lorsque des policiers sont intervenus pour l’en empêcher, a assuré la préfecture, confirmant une information du journal Le Parisien. L’homme, dont l’identité n’a pas été révélée, a été interpellé et conduit dans un proche commissariat. L’immolation par le feu d’un jeune homme le 17 décembre à Sidi Bouzid, dans le centre de la Tunisie, est à l’origine de la révolte populaire qui a fait chuter un mois plus tard le régime du président Zine El Abidine Ben Ali. Depuis lors, plusieurs tentatives de suicide par le feu, parfois mortelles, ont été recensées dans les pays de la région, notamment en Algérie, Egypte ou au Maroc.  

Nicolas Sarkozy fait son mea culpa public sur la Tunisie


AFP, le 24 janvier 2011 à 14h22 GMT Par Deborah PASMANTIER   PARIS, 24 Jan 2011 (AFP) – Le président français Nicolas Sarkozy a fait lundi son mea culpa public sur la position de la France vis-à-vis du régime autoritaire de Zine El Abidine Ben Ali tout en revendiquant une “certaine réserve” de Paris en ce qui concerne ses ex-colonies. “Sans doute nous avons sous-estimé (les) aspirations du peuple tunisien à la liberté”, a reconnu lors d’une conférence de presse le dirigeant français dont le gouvernement a été très critiqué pour n’avoir lâché l’ex-président tunisien qu’après sa chute le 14 janvier. “Derrière l’émancipation des femmes, l’effort d’éducation et de formation, le dynamisme économique, l’émergence d’une classe moyenne, il y avait une désespérance, une souffrance, un sentiment d’étouffement dont, il nous faut le reconnaître, nous n’avions pas pris la juste mesure”, a-t-il dit. Dans un premier temps, les dirigeants français ont tardé à condamner l’utilisation de la force contre les manifestants tunisiens qui a fait plus de 100 morts, mettant en avant une obligation de “non ingérence”. Puis ce n’est qu’après la chute de Ben Ali que Nicolas Sarkozy a exprimé le soutien de Paris à la Révolution du jasmin. Une position qui a valu à l’exécutif français des accusations de “connivence” ou de “complaisance”. La ministre des Affaires étrangères Michèle Alliot-Marie en particulier été au centre d’une polémique pour avoir proposé à la Tunisie “le savoir-faire” policier de la France pour rétablir l’ordre sans faire de victimes alors que Ben Ali n’était pas encore tombé. Jusqu’à présent, les dirigeants français ont expliqué que personne ne “pouvait prévoir” la vitesse à laquelle le régime de Ben Ali s’est effondré. “Quand on est si proche, quand les destinées individuelles et collectives sont tellement imbriquées, on n’a pas toujours le recul nécessaire pour comprendre les sentiments de l’autre”, a argué le président. La France est étroitement liée à son ancien protectorat, indépendant depuis 1956: 600.000 Tunisiens, y compris binationaux, vivent en France et entre 21.000 et 22.000 Français résident en Tunisie. Les présidents français successifs ont toujours eu des relations privilégiées avec le père de l’indépendance tunisienne Habib Bourguiba puis avec son successeur pendant 23 ans. “La puissance coloniale est toujours illégitime à prononcer un jugement sur les affaires internes d’une ex-colonie”, en Afrique et au Maghreb, a déclaré M. Sarkozy. “Donc je revendique une certaine réserve: je ne veux pas que la France soit assimilée à un pays qui a gardé des réflexes coloniaux”, a-t-il ajouté. “Le président de la République française doit tenir compte du poids de l’histoire dans le jugement qu’il porte sur l’évolution de chacun de ces pays”, a-t-il expliqué. “Je revendique cette réserve, ce recul, spécialement sur l’Algérie mais pas seulement”, a-t-il insisté. Nicolas Sarkozy a dans le même temps cherché à recréer les bases d’une relation saine avec le pouvoir qui va émerger en Tunisie. Depuis la chute de Ben Ali, la France lui a refusé l’asile et dit traquer les avoirs de sa famille et de son entourage. “La France se tient (aux côtés de la Tunisie) sur une ère nouvelle”, a-t-il dit, évoquant des “relations de confiance”. Il a indiqué avoir chargé son Premier ministre Français Fillon de “proposer des mesures pour apporter le soutien de la France”, alors que la reprise rapide de l’activité économique est cruciale pour l’avenir de la Tunisie du jasmin. Nicolas Sarkozy a aussi promis que la France serait son “ambassadeur” pour qu’elle obtienne un “statut avancé” dans ses relations avec l’Union européenne. Ce statut permet de bénéficier des tarifs douaniers préférentiels et de densifier les relations politiques.  

Tunis: des manifestants détruisent une voiture de police (AFP)


AFP, le 24 janvier 2011 à 09h52 GMT    TUNIS, 24 Jan 2011 (AFP) – Un groupe de manifestants exigeant la démission du gouvernement tunisien de transition a détruit lundi une voiture de la police dans une rue proche du palais de la Kasbah qui abrite les services du Premier ministre Mohammed Ghannouchi, a rapporté une journaliste de l’AFP. L’incident, signe d’une nervosité toujours très vive parmi les manifestants, après une première échauffourée avec la police plus tôt dans la matinée, s’est produit dans une rue voisine de l’esplanade de la Kasbah. Un groupe de manifestants s’est précipité sur des personnes qu’ils prenaient pour des membres du gouvernement entrant dans un bâtiment officiel qui était en fait un hôpital. Ils ont entraîné une intervention de policiers contre lesquels ils ont jeté des pierres. Des militaires se sont interposés, procédant à un tir de sommation en l’air. C’est à ce moment que ce groupe de manifestants a saccagé une voiture vide de la police, en brisant les vitres à coups de bâtons et sautant dessus, selon une journaliste de l’AFP sur place. La situation s’est ensuite apaisée.  


Un conseiller de Ben Ali placé en résidence surveillée


Reuters, le 24 janvier 2011 à 11h51 GMT    TUNIS, 24 janvier (Reuters) – Abdelwahhab Abdallah, conseiller politique de l’ancien président tunisien Zine ben Ali chargé du contrôle de la presse, a été placé en résidence surveillée, rapporte lundi la télévision publique.   Les autorités avaient fait état la veille de sa disparition, précisant qu’il était recherché. Tous les responsables de la presse publique dépendaient de lui sous le régime de Ben Ali, qui a fui le pouvoir le 14 janvier sous la pression de la rue.   L’agence de presse nationale a en outre annoncé dimanche le placement en résidence surveillée d’Abdelaziz ben Dhia, porte-parole et plus proche conseiller de Ben Ali, et d’Abdallah Kallel, ancien ministre de l’Intérieur et président de la chambre haute du parlement.   


Tunisie: la grève des instituteurs “suivie à 90-100%” (syndicat)


AFP, le 24 janvier 2011 à 11h55 GMT    TUNIS, 24 Jan 2011 (AFP) – La grève “illimitée” des instituteurs tunisiens a été “suivie à 90-100%”, a affirmé lundi à l’AFP le secrétaire général du Syndicat national des enseignants du primaire, Hfayed Hfayed. “Selon nos informations, le mouvement est suivi à 90-100% dans tout le pays. Il n’y a que quelques rares cas d’enseignants non-grévistes”, a assuré ce responsable syndical. Le gouvernement de transition, qui s’efforce de remettre le pays sur les rails, avait décidé la reprise lundi des cours dans l’enseignement primaire et pour les élèves de terminale, qui avaient été interrompus par la “révolution du jasmin”. Il n’a pas commenté lundi matin l’ampleur de la grève des instituteurs qui réclament comme des milliers de manifestants la démission du gouvernement de transition formé il y a une semaine, en raison de la présence parmi les ministres de caciques du régime de l’ancien président Zine El Abidine Ben Ali. Ce dernier a fui le pays le 14 janvier pour l’Arabie Saoudite, après un mois d’une révolte populaire sans précédent réprimée dans le sang par la police au prix d’une centaine de morts selon l’ONU.  


Tunisian kids back at school but some teachers strike


Reuters, le 24 janvier 2011 à 13h46 GMT By Yvonne Bell and Abdelaziz Boumzar   TUNIS, Jan 24 (Reuters) – Tunisian children went back to school on Monday after two weeks of closures as demonstrations raged against ousted leader Zine al-Abidine Ben Ali, but some schools stayed closed to protest the government that replaced him.   “I am so happy to go to school because it’s the first day back. I’m going to study and be with my friends,” said Marian, 9, at the Bouebdeli school in the capital Tunis.   Schools that reopened observed a minute’s silence for those who died in a month of clashes over poverty, corruption and political repression that ended Ben Ali’s 23-year grip on power when he fled to Saudi Arabia on Jan. 14.   The government says 78 people were killed in demonstrations since December. The U.N. High Commissioner for Human Rights put the number at 117, including 70 killed by live fire.   “This is like a national celebration for us,” said Masour Hadia, a parent who brought her child to the school. “We are starting up again. Life must continue and the children have to go back to school.”   Protesters have taken to the streets of Tunis and other cities over the past week demanding that an interim government containing loyalists from the Ben Ali era stand down.   The authorities still maintain a night curfew as part of efforts to restore order after clashes between pro-Ben Ali militias and the army after Ben Ali left. But schools and universities are expected to return to normal in stages this week.   “We think striking here in this school is not appropriate,” said the school’s deputy director Madame Kredi.   Many of the protests have been organised through the influential trade union federation and contained groups with a long list of grievances concerning corruption, nepotism and other conditions in their professions.   “We have had a change of system and of regime. A new government has been put in place and I think salary discussions can take place later,” Kredi said.   Teachers held a protest outside the Ministry of Education in Tunis and state television said some schools were closed, but it was not clear how many.   “It is really sad what is happening in Tunisia, it’s really sad,” said teacher Fatma Kadour, with tears welling in her eyes. “The Tunisian people don’t deserve this. We have lived in hatred for 23 years. We hope it will to back to normal.”    


Tunis à nouveau agitée par la contestation


 Reuters, le 24 janvier 2011 à 13h43 GMT * Des manifestants réclament le départ du gouvernement   * La police fait usage de gaz lacrymogènes à Tunis   par Lin Noueihed et Andrew Hammond   TUNIS, 24 janvier (Reuters) – La police tunisienne a fait usage de gaz lacrymogènes lundi contre des manifestants qui s’étaient installés devant les bureaux du Premier ministre pour réclamer la démission d’un gouvernement qu’ils jugent toujours lié au président déchu Zine ben Ali.   Les membres de cette “caravane de la liberté”, pour la plupart venus de zones rurales déshéritées, ont passé la nuit sur place et brisé des vitres du ministère des Finances voisin.   Dix jours après la fuite de Ben Ali en Arabie saoudite, le gouvernement de transition de Mohamed Ghannouchi, Premier ministre depuis 1999 et ancien membre du parti présidentiel, ne parvient pas à contenir les revendications de la population en dépit d’une série de concessions.   Fermées pendant deux semaines, les écoles ont commencé à rouvrir lundi, même si certaines se sont mises en grève pour réclamer le départ des nouvelles autorités.   Outre le chef du gouvernement, plusieurs anciens hiérarques du Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD) de Ben Ali ont conservé des ministères-clés comme ceux de l’Intérieur, de la Défense et des Affaires étrangères.   Dans un entretien au Figaro, le chef de la diplomatie Kamel Morjane exclut de démissionner. Il ne dit ne pas vouloir s’accrocher à ses attributions mais mettre ses compétences au profit du pays “dans une période délicate”.   La France, critiquée pour son manque de soutien public à la “révolution de jasmin”, a promis lundi, par la voix de son président Nicolas Sarkozy, de venir en aide aux nouvelles autorités et de rechercher systématiquement les “richesses pillées” par Ben Ali.   DES PROCHES DE BEN ALI ARRETES   La “caravane de liberté” est arrivée dimanche à Tunis au terme du deuil national de trois jours décrété en mémoire des victimes du soulèvement, dont le bilan s’élève à 78 morts selon le gouvernement, et à 117 d’après les Nations unies.   Lundi, la police et l’armée ont bloqué environ 500 manifestants dans l’enceinte des bâtiments gouvernementaux de la casbah tandis qu’un millier d’autres, rassemblés dans un parc voisin, étaient tenus à distance.   Depuis la fuite de Ben Ali le 14 janvier, les forces de l’ordre n’avaient eu recours qu’une fois au gaz lacrymogène, à l’occasion d’une manifestation sur l’avenue Bourguiba, dans le centre de Tunis.   Parmi les marcheurs, beaucoup viennent de la région de Sidi Bouzid, à 300 kilomètres au sud de Tunis, où le suicide le mois dernier du jeune chômeur diplômé Mohamed Bouazizi a été l’élément déclencheur de la révolte populaire.   “On est marginalisé. Notre terre appartient au gouvernement. Nous, nous n’avons rien”, a expliqué l’un d’eux, nommé Mahfouzi Chouki, alors que les manifestants scandaient des slogans réclamant la démission du gouvernement.   Pour calmer les esprits, Mohamed Ghannouchi a promis de quitter la vie politique à l’issue des prochaines élections, que le gouvernement a promis d’organiser au plus tôt.   Les nouvelles autorités ont également annoncé le placement en résidence surveillée de trois proches collaborateurs de Ben Ali. Il s’agit de l’ancien conseiller chargé du contrôle de la presse, Abdelwahhab Adballa, de son ancien porte-parole et plus proche conseiller, Abdelaziz bin Dhia, et de l’ancien ministre de l’Intérieur et président de la chambre haute du parlement Abdallah Qallal.   Larbi Nasra, propriétaire de la chaîne de télévision privée Hannibal TV, a en outre été arrêté pour “trahison”. Il est accusé d’avoir encouragé la violence et travaillé pour le retour du président déchu, rapporte l’agence de presse tunisienne.   Le gouvernement intérimaire a également annoncé la semaine dernière l’arrestation de 33 membres de la famille Ben Ali.   


Tunisie: manifestation de proches de militants islamistes détenus


AFP, le 24 janvier 2011 à 13h51 GMT    TUNIS, 24 Jan 2011 (AFP) – Quelque 80 personnes, des proches d’islamistes, emprisonnés, ont manifesté lundi devant le ministère de la Justice à Tunis, pour demander la libération des membres de leurs familles détenus, dans le cadre de l’amnistie générale promise par le gouvernement de transition. “C’est le gouvernement qui est terroriste”, “il faut abroger les lois antiterroristes injustes”, scandaient les manifestants, à quelques centaines de mètres des bureaux du Premier ministre, où des milliers de personnes étaient rassemblées pour demander la démission du gouvernement, dominé par des caciques de l’ancien régime de Ben Ali. “Mon frère a été condamné à 30 ans de prison pour terrorisme. Il n’a jamais rien fait, c’est juste un homme religieux et pratiquant. Ils ont fermé sa boutique et rasé sa barbe de force”, a témoigné Asma Ksouri. Des hommes portant la barbe assuraient avoir été torturés et emprisonnés sans motif légitime par le régime du président déchu Zine El Abidine Ben Ali, qui a fui le 14 janvier en Arabie Saoudite, lors de la “révolution du jasmin”. La loi antiterroriste tunisienne a servi de prétexte pour jeter en prison des centaines de jeunes accusés de faire partie de groupes de la mouvance salafiste et soupçonnés de menacer la sécurité du pays. “On veut que nos enfants soient relâchés. Puisqu’il y a une amnistie générale, il faut qu’elle englobe tout le monde”, y compris les islamistes, a demandé Wahida Ben Youssef, dont le fils est emprisonné depuis trois mois sans jugement. Le gouvernement tunisien de transition a adopté jeudi un projet de loi d’amnistie générale, qui doit encore être soumis au Parlement, et qui concernera les islamistes du parti interdit Ennahdha. Mais il n’a pas fait mention des autres groupes islamistes, dont les militants emprisonnés sont beaucoup plus nombreux. Les islamistes, spectateurs passifs de la “révolution du jasmin”, participent aux manifestations quotidiennes qui demandent la démission du gouvernement. Les défenseurs des droits de l’homme estiment entre 800 et 1.000 le nombre d’islamistes détenus en Tunisie.  


Tunisian protest tear-gassed, teachers strike


 Associated Press, le 24 janvier 2011 à 14h49 By HADEEL AL-SHALCHI, Associated Press   TUNIS, Tunisia (AP) _ Authorities clashed with  anti-government protesters outside the prime minister’s  office Monday, teachers went on strike, and police demanded  the right to form a union, as Tunisia struggled to stabilize itself after its president was overthrown. Following an overnight ‘sleep-in’ in defiance of the country’s curfew, scores of protesters from Tunisian provinces gathered in central Tunis, shouting anti-government slogans. As the crowd grew rowdy, police fired tear gas grenades in the air. Demonstrators covered their faces with Tunisian flags to protect themselves from the acrid clouds. They shattered the windows of police cars, sending shards of glass into the empty cars and onto the ground near the building where the prime minister works. No injuries were immediately reported. Schools were set to reopen Monday after protracted closure because of the unrest, but teachers went on strike. Some students joined the demonstrations instead of heading to their classrooms. The protesters are angry that holdovers from former President Zine El Abidine Ben Ali’s regime have leading posts in the interim government in place since last week. Ben Ali fled the country Jan. 14 after 23 years in power, pushed out by weeks of deadly protests driven by anger over joblessness, corruption and repression. Noisy street demonstrations have continued since Ben Ali’s departure, but most have been peaceful. The confrontation Monday morning was brief and involved a small group of protesters, and the atmosphere seemed calm soon afterward. Police officers were holding a separate protest of their own near the Interior Ministry in central Tunis, demanding to be able to form a union. State TV also reported Monday that a former Ben Ali political adviser who had been sought by police, Abdelwaheb Abdallah, has been located and placed under house arrest. Police have cracked down on key allies of the ousted president, placing two high-ranking officials under house arrest and detaining the head of a well-known private TV station for allegedly trying to slow the country’s nascent steps toward democracy. Tunisia’s so-called “Jasmine Revolution” sparked  scattered protests and civil disobedience across the Middle East and North Africa. Many observers are looking to see if Tunisians can complete their fervent push for democracy. Prime Minister Mohamed Ghannouchi, who took that post in 1999 under Ben Ali and has kept it through the upheaval, has vowed to quit politics after upcoming elections. But he has insisted that he needs to stay on to shepherd Tunisia through a transition to democracy. Many other Cabinet  members also are Ben Ali-era holdovers. In France, Tunisia’s colonial-era overseer, President Nicolas Sarkozy acknowledged Monday that his government “underestimated” the anger that drove Tunisian protesters to overthrow their longtime leader. Tunisia was a French protectorate and France has maintained close ties with its leaders since independence. Sarkozy said it would be inappropriate for France to meddle in Tunisia’s current affairs or exhibit “colonial reflexes.” Earlier this month, France’s foreign minister, Michele Alliot-Marie, was criticized for offering French security know-how to Tunisian authorities as they struggled to subdue protesters. Some 78 civilians have been killed, many shot by police, according to the government’s official count. The opposition says the overall toll is much higher. U.S. Secretary of State Hillary Rodham Clinton called Ghannouchi and said the U.S. is encouraged by indications the interim government is trying to be inclusive and ensure that the many segments of Tunisian society will have a voice.    


Sarkozy sur la Tunisie : un pas en avant, trois pas en arrière


 

Lors de la la troisième conférence de presse de son quinquennat, Nicolas Sarkozy n’a évoqué que les questions de politique étrangère, axant ses interventions sur la présidence française du G20 et la Tunisie. Sur ce dernier point, le président a admis quelques défaillances diplomatiques, invoquant surtout le principe de non-ingérence et l’histoire qui unit les deux pays pour expliquer les cafouillages français.

l’occasion de la troisième conférence de presse de son quinquennat, le président de la République avait bien fait passer le message : il ne serait question que de politique étrangère. De la hauteur ! « Opération Re-Présendialisation »: pas question de réunir la presse pour aborder les questions de politique intérieure.  Contrat rempli. Nicolas Sarkozy a donc passé en revue l’actualité internationale, insistant sur deux axes majeurs : le G20 et la Tunisie. Il a annoncé la tenue, à la veille du sommet de Deauville, d’un forum sur l’Internet avec les principaux opérateurs du secteur des pays du G8. Assurant qu’il ne s’agirait « en aucun cas » de brider la Toile, quelques semaines après les révélations de Wikileaks, le Président a  estimé qu’« Internet ouvre pour les responsables que nous sommes de grands sujets de réflexion ». Nicolas Sarkozy a listé tous les dossiers que la France entendait pousser, annonçant une présidence française sociale: « la France est favorable à une taxe sur les transactions financières »« elle proposera l’instauration d’un socle de protection sociale universel » et un « sommet social » sera organisé à la veille du sommet du G20. Sans dire lesquels, le président a promis des résultats… Installé à la présidence du G20 depuis moins de trois mois, Nicolas Sarkozy a très peu goûté la question d’une journaliste qui l’interrogeait sur la fonction d’un G20 face à la montée en puissance d’un G2 sino-américain : « Le G2 sino-américain n’existe pas, nous sommes dans un monde multilatéral », a-t-il dit.

 

Sarkozy, opération re-présidentialisation

D’un ton grave, Nicolas Sarkozy s’est évidemment longuement attardé sur la révolution en Tunisie. Il a admis que Paris n’avait «pas pris la juste mesure de la désespérance d’un peuple frère». «Quand on est si proche, quand les destinées individuelles et collectives sont tellement imbriquées, on n’a pas toujours le recul nécessaire», a-t-il expliqué. Il a également défendu Michèle Alliot-Marie dont l’offre de coopération policière au régime tunisien avait suscité la polémique. Nicolas Sarkozy a estimé que la ministre des Affaires étrangères avait simplement voulu «éviter qu’il y ait plus de drames». «La forme a pu porter à polémique. Je ne veux pas que la France soit assimilée à un pays qui ait gardé des réflexes coloniaux », a-t-il tout juste reconnu. Le président ne s’est pas attardé sur les questions de fond : les aveuglements et impérities de la diplomatie française, et en quoi prêter sa police à un tyran aux abois relèverait moins d’un « réflexe colonial » que laisser un peuple reprendre son destin en main ? Au moins Nicolas Sarkozy, a-t-il évité de sombrer dans les explications hasardeuses de sa « plume ». Le matin même, au micro de France-Inter, Henri Guaino, était interrogé sur les ratés du discours officiel de la France lors de la révolution tunisienne. Pour seule échappatoire, le conseil spécial du Président a expliqué que «ce n’est pas la première fois qu’on tire à balles réelles sur les émeutiers. Même dans les pays démocratiques, cela peut arriver » faisant allusion aux émeutes de Los Angeles de 1992 qui ont fait entre 50 et 60 victimes.  Ce n’est qu’en toute fin de conférence de presse que l’atmosphère s’est quelque peu détendue lors de l’intervention d’une journaliste étrangère curieuse de savoir si en cas de contagion de la révolution en Algérie, le pays refuserait d’accueillir le président Bouteflika comme elle a interdit au président Ben Ali de s’exiler en France ? Esquissant un sourire mais mal à l’aise, en homme sage, prudent et en phase de « re-présidentialisation », Sarkozy a esquivé la question: « En visite officielle ? », a-t-il demandé, trop soucieux, cette fois, de ne pas insulter l’avenir.a comparé lundi les émeutes de de Tunisie à celles de Los Angeles (1992), justifiant ainsi la position officielle de la France

Source: “Marianne2” le 24-02-2011

Les Etats-Unis ont-ils joué un rôle dans le départ de Ben Ali?


 

Le départ de l’ex-président Ben Ali, le 14 janvier a surpris tout le monde. Ou presque. Les Etats-Unis étaient au courant du pourrissement du régime, et auraient poussé, semble-t-il, l’armée tunisienne à intervenir.

 

Personne n’avait prévu le départ précipité, le vendredi 14 janvier, de l’ancien Président déchu Zine el-Abidine Ben Ali. Lesresponsables politiques français eux-mêmes n’ont pas vu venir l’effondrement du régime autoritaire tunisien. Accusée d’avoir été trop longtempscomplaisante envers le régime, la France souffre aujourd’hui de sa myopie vis-à-vis des évènements tunisiens.  

Celle-ci est d’autant plus étonnante que plusieurs avertissements avaient été lancés. Selon le Canard Enchainé, l’attaché militaire de l’ambassade de France à Tunis, Michel Ravet, alertait le ministère de la Défense, depuis octobre dernier, sur “le délitement du système Ben Ali”. “A Paris, les notes remises à l’Elysée par la DGSE étaient sur le même ton”, note l’hebdomadaire. A quelques heures de la fuite en Arabie Saoudite de l’ex-chef de l’Etat, l’ambassadeur de France à Tunis affirmait cependant que “Ben Ali avait repris le contrôle de la situation”. Contacté par LEXPRESS.fr, Michel Ravet n’a pas souhaité confirmer ses propos.  

Les Etats-Unis en contact avec l’opposition tunisienne

D’autres pays occidentaux auraient mieux pris la mesure des évènements, à commencer par les Etats-Unis. 

“Depuis l’ère Bush, déjà, les Etats-Unis ménagaient la chèvre et le chou avec le régime tunisien,” souligne Vincent Geisser*, chercheur au CNRS. D’un côté, depuis le 11 septembre 2001, l’administration américaine coopérait sur le plan militaire et sécuritaire, pour éviter toute islamisation du pays. “C’est d’ailleurs à Tunis que les Etats-Unis ont choisi d’implanter en 2002 le Bureau régional de la Middle East Partnership Initiative (MEPI), dont les objectifs philanthropiques (éducation, femmes, développement social, soutien aux ONG, etc.) comportent nécessairement des soubassements sécuritaires, à savoir : créer une zone de stabilité au Moyen Orient.”  

D’un autre côté, les Etats-Unis avaient depuis longtemps établi des contacts avec la société civile tunisienne, et notamment les forces d’opposition au régime, alors que la France ménageait les susceptibilités du régime. Nombreuses auraient été, selon Vincent Geisser, les invitations d’opposants tunisiens à Washington. Ambassadeur américain à Tunis entre 2006 et 2009, Robert F. Godec aurait plusieurs fois envoyé des émissaires lors des procès impliquant des opposants. Il aurait également reçu au grand jour, dans les locaux de l’ambassade, des adversaires du pouvoir, dont le président du syndicat des journalistes, Lofti Haji. Un chargé de mission de l’ambassade des Etats-Unis à Tunis se serait même rendu personnellement au chevet du leader du Parti Démocratique Progressiste (PDP),Néjib Chebbi, qui avait entamé une grève de la faim en 2005.  

Ainsi, depuis 2003, les Etats-Unis ont émis des réserves, à plusieurs reprises, vis-à-vis de la politique autoritaire de Ben Ali. L’ancien secrétaire d’Etat, Colin Powell, le président Bush lui-même, puis Condoleeza Rice, qui succéda à Powell au département d’Etat, auraient tous manifesté leur réprobation. En 2009, cette dernière aurait suggéré sans détour à l’ancien chef d’Etat de ne pas se représenter pour un cinquième mandat, indique Vincent Geisser: “Elle a argué du fait qu’une telle candidature pourrait être un facteur d’instabilité pour les années à venir”, précise-t-il. Ces propos critiques sont confirmés par les télégrammes diplomatiques de 2008, rendus publics en novembre dernier par le siteWikileaks. Cette même année, Nicolas Sarkozy, pour sa part, saluait la progression de “l’espace des libertés” en Tunisie…  

Un “coup d’Etat militaire soutenu par les Etats-Unis”?

Pendant les journées cruciales de la mi-janvier, les Etats-Unis ont-ils pour autant donné leur “feu vert” à l’armée tunisienne pour pousser Ben Ali à partir, comme l’affirme la rumeur?

Un autre spécialiste du Maghreb contemporain, qui témoigne sous couvert d’anonymat, parle de “coup d’Etat militaire, semble-t-il soutenu par les Etats-Unis”. Selon lui, ce renversement, s’appuyant sur la révolte populaire – sans qui rien n’aurait été possible – a de ce fait écarté le Ministère de l’Intérieur dans la gestion de la crise.  

Selon Vincent Geisser, “les Etats-Unis auraient donné des garanties de soutien aux hommes forts du régime, ayant les mains propres, notamment Mohammed Ghannouchi, Kamel Morjane et certains responsables militaires, s’ils se décidaient à pousser vers la sortie le président Ben Ali.” Il ajoute que les Etats-Unis cherchaient depuis plusieurs années l’homme qui remplacerait Ben Ali au pouvoir, ce dernier étant devenu pour eux plus un facteur d’instabilité qu’un rempart contre l’islamisme.  

Ces hypothèses sont partagées par Benjamin Stora, historien français: “Un laissez-faire américain n’est pas impossible, même s’il s’agit encore que de suputations.” Antoine Sfeir, expert du monde arabo-musulman, va lui, un peu plus loin : “Malgré les relations commerciales qu’entretenaient les deux pays – regardez les liens économiques entre les Etats-Unis et le régime du Shah d’Iran – les Américains ont donné leur feu vert, même s’ils ont bien spécifié qu’ils ne se mêleraient pas de cette destitution. Le problème tunisien resterait un problème interne.”  

“De la même manière qu’ils ont lâché Bourguiba, les Etats-Unis ont ainsi lâché Ben Ali, après l’avoir imposé au pouvoir en 1987”, estime pour sa part Mohammed-Cherif Ferjani, chercheur à la Maison de l’Orient et de la Méditerranée.  

Hypothèses, suputations, rumeurs… La thèse du possible ” feu vert” donné par les Etats-Unis aux militaires tunisiens pour destituer Ben Ali ne récolte pas encore tous les suffrages. Le jeudi 20 janvier surFacebook, l’ambassade amércaine à Tunis niait en effet toute intervention dans le départ de Ben Ali. 

Reste que, bien avant la France, les Etats-Unis ont compris l’ampleur de ce qui se déroulait en Tunisie. Le 11 janvier, alors queMichèle Alliot-Marie proposait les services des forces de l’ordre françaises, Hillary Clinton publiait un communiqué, s’inquiétant de “l’usage excessif de la force” par la police tunisienne.  

Source : « L’express » Le 24-01-2011

Où va la Tunisie ?


 

Le brutal effondrement du régime Ben Ali laisse un vide béant derrière lui. D’ici aux élections de l’été prochain, les Tunisiens doivent s’inventer un système politique.

Voici encore quelques semaines, si les bookmakers français avaient pris des paris politiques, la cote d’un renversement du président Ben Ali aurait été sacrément élevée. En tout cas, beaucoup plus que pour d’autres dirigeants arabes, que diplomates et experts estimaient infiniment plus fragiles que lui. C’est bien parce que le chef de l’Etat tunisien paraissait solide que le gouvernement français, Elysée inclus, a été pris de court par la fuite précipitée de Zine el-Abidine Ben Ali. Et ce qui valait pour Paris valait dans l’ensemble du monde arabe, que le séisme de Tunis a assommé.

Le peuple tunisien a réussi la première révolution arabe. En manifestant dans la rue, en bravant une répression sanglante (au moins 80 morts), en luttant contre des médias qui débitaient leur propagande officielle, les foules ont fait tomber le régime. Ces Tunisiens, des jeunes pour la plupart, ont opposé un démenti à une vieille maxime arabe rabâchée par tant de spécialistes de la région : plutôt soixante ans de tyrannie qu’une seule journée d’anarchie.

Une semaine après la chute de l’autocrate, la Tunisie rappelle à bien des égards les « démocraties populaires » d’Europe centrale quand elles se sont débarrassées du joug communiste voilà plus de vingt ans – il ne s’agit pas ici d’idéologie, mais bien d’une brutale vacance du pouvoir. L’exécutif en pleine débandade, l’appareil d’Etat discrédité, le parti unique effondré, les forces de l’ordre honnies et, surtout, une opposition incapable d’assurer la relève dans l’immédiat. Faute d’élus (mêmes locaux), de structures, de militants, d’hommes d’expérience, il n’existe pas de relève « naturelle » au Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), l’épine dorsale du bénalisme, qui structurait le pouvoir sur le territoire tunisien. «Quand on parle d’opposition organisée, dit Eric Gobe, directeur scientifique à l’Institut de recherches et d’études sur le monde arabe et musulman (Iremam) d’Aix-en-Provence, celle-ci ne compte guère que 300 à 400universitaires et avocats. Des chiffres beaucoup trop modestes pour parler de base politique.» Cet expert de la Tunisie, qui a suivi la crise de bout en bout, n’a pas non plus vu émerger de figure de proue du mouvement qui a démarré en décembre. La génération Twitter-Facebook n’a pas (encore) fait naître de leader qui incarnerait ses attentes et ses revendications.L’après-Ben Ali surgit donc du chaos. Une avocate tunisienne qui ne verse pas de larmes sur la fin du régime raconte que les discussions entre juristes s’animent autour de la méthode à adopter. «Les uns, dont je fais partie, dit-elle, exigent que l’on fasse table rase, que l’on évince les gens du RCD du nouveau gouvernement. Les autres prônent une transition moins radicale et pensent qu’il est plus prudent de conserver d’anciens cadres pour gouverner le pays jusqu’aux prochaines élections.» Ce débat de fond pourrait bien être tranché dans la rue. On en a eu un avant-goût mardi et mercredi derniers : des manifestants sont descendus dans les rues de Tunis et d’autres villes du pays pour protester contre la présence de fidèles de Ben Ali à des postes clés du nouveau gouvernement. Quatre ministres issus de l’opposition ont d’ailleurs présenté leur démission pour dénoncer cet état de fait.

Cherchant à calmer le jeu, ces ex-bénalistes ont eu beau renoncer à leur carte du RCD, la manœuvre n’a pas convaincu. D’autant moins que les personnalités en question étaient très proches du président déchu et que de lourds soupçons pèsent sur eux (voir article ci-contre). «Ces portefeuilles auraient pu être confiés à des politiques au profil de techniciens, regrette Eric Gobe. Or, on trouve parmi eux des types très marqués, des idéologues du régime. C’est inquiétant.»

La place future de l’islamisme

On le voit, la période de transition qui vient de s’ouvrir en Tunisie s’annonce tendue et imprévisible. Selon le calendrier retenu, les élections – présidentielle et législatives – devraient se tenir en juillet prochain. D’ici là, la nouvelle scène publique tunisienne va prendre forme. Au gré des retours d’exil, des libérations de prisonniers politiques, des constitutions de partis, d’associations, etc., les citoyens vont se retrouver face à une offre pluraliste.

La grande inconnue reste la place future de l’islamisme. Rached Ghannouchi, figure historique de cette mouvance en Tunisie, en exil à Londres depuis vingt ans, a annoncé qu’il ne briguerait pas la magistrature suprême mais que son parti, Ennahda, présenterait des candidats aux législatives. Eric Gobe pense que ce scrutin pourrait faire des islamistes le premier parti du pays, sans pour autant leur attribuer une majorité absolue. «Chez les avocats, note-t-il, enclave démocratique dans un régime autoritaire, ils ont régulièrement remporté les élections professionnelles.» D’autres soulignent que la génération qui a fait la « révolution de jasmin », des étudiants ou de jeunes diplômés nés et éduqués sous Ben Ali, n’a aucune envie d’échanger une dictature contre un régime de « barbus »…

Source : « Le figaro » Le 24-01-2011

Tunisie : ouverture d’une enquête sur les biens des Ben Ali en France


 

Les trois ONG qui ont déposé plainte contre le clan Ben Ali-Trabelsi pour détournements de fonds publics, entre autres, ont remporté une première victoire. Le parquet de Paris a annoncé l’ouverture d’une enquête sur les biens immobiliers de l’ancien président tunisien en France.

Désireux de noyer la polémique sur sa bienveillance à l’égard de laTunisie du temps du règne de Zine el-Abidine Ben Ali, le gouvernement français ne compte pas entraver la marche de la justice. Suite à une plainte déposée par trois ONG – Sherpa, Transparency International et la Commission arabe des droits humains – contre l’ancien président tunisien et son entourage pour corruption, détournement de fonds publics, abus de biens sociaux, abus de confiance et blanchiment aggravé commis en bande organisée, le parquet de Paris a décidé l’ouverture d’une enquête.

Selon les plaignants, qui s’appuient sur des informations de presse, la fortune de l’ex-président et de son entourage est estimée à environ 5 milliards de dollars. L’enquête a été confiée à l’Office central pour la répression de la grande délinquance financière (OCRGDF) et à la cellule antiblanchiment du ministère de l’Économie, Tracfin. Une décision qui confirme les premières déclarations de bonne volonté de la France. Le porte-parole du gouvernement François Baroin avait notamment affirmé le 17 janvier que Paris se tenait « à la disposition des autorités constitutionnelles tunisiennes », qui ont également lancédes procédures contre de nombreux apparatchiks de l’ancien régime. Quant à l’UE, elle a décidé de gelerles avoirs de la famille Ben Ali en Europe.

Source : « Jeune Afrique » Le 24-01-2011

Le livret A des Ben Ali ?


 

Cette semaine, la Tunisie a tenue le devant de la scène et, on a pu lire un peu tout et parfois n’importe quoi.     Je ne suis ni Tunisien ni défenseur de leurs droits, mais quand que je lis que les avoirs de la famille Ben Ali sont gelés par la France, l’Europe et même le monde, que de plus Tracfin décide de mener une enquête, je prends ça comme de la désinformation.     Durant tout le règne de Ben Ali, ni le France, ni l’Europe, ni le Monde et encore moins Tracfin n’ont mis en doute la provenance de la fortune de la famille de Ben Ali. Ils ont du penser que tout cet argent provenait des intérêts de leur livret A.     Aujourd’hui tous ces vertueux découvrent que cette fortune a été volée au peuple tunisien, et on veut nous faire croire qu’ils ne vont pas pouvoir en profiter.     Ces affirmations ressemblent à de la désinformation afin de calmer le peuple tunisien qui bien sur connait par le biais de ses ressortissants à l’étranger, tout ce qui se dit et s’écrit.         J’aurai préféré que les journalistes, avant de relayer ce type d’information, fassent leur travail d’investigation et expliquent par quel tour de passe-passe ce qui n’était pas possible il y à quinze jours le devient maintenant. Avec quoi sont ils partis ? Comment vont-ils payer le loyer du gourbi, le pain, le couscous et la bouteille d’eau pour survivre ? 

Source : « Sud Ouest » Le 24-01-2011

Quand Leila Trabelsi mettait la main sur l’ambassade tunisienne à Paris


 

C’est une information RTL de Gwendoline Debono : en 2008, Leila Trabelsi n’avait pas hésité à acheter la résidence de l’ambassadeur de Tunisie à Paris alors que, comme toute résidence diplomatique, la demeure appartenait à l’Etat tunisien. Une fois acheté, l’hôtel particulier était donc devenu propriété de la première Dame d’alors, qui avait refait la décoration et y avait souvent séjourné pendant que l’ambassadeur de Tunisie en France déménageait, lui, hors de sa résidence pour un appartement loué par Ben Ali dans le 7ème arrondissement de la capitale. Un caprice de plus pour la femme de l’ex-président Ben Ali, à qui l’on reproche aujourd’hui quantité de faits similaires, dans l’immobilier mais également concernant des pièces archéologiques de grande valeur.

Source: “RTL.FR” Le 24-01-2011

Fadela Amara: “attention à l’islamisation” en Tunisie


 

Invitée lundi matin sur l’antenne d’Europe 1, Fadela Amara, la nouvelle inspectrice générale des Affaires sociales a exprimé son inquiétude quant à la situation politique en Tunisie. « La période est extrêmement délicate, fragile. Le processus démocratique a été enclenché grâce à la jeunesse tunisienne, mais en même temps, rien n’est gagné », a expliqué l’ex-secrétaire d’Etat à la Ville. « Ma grande peur, c’est que les groupuscules islamistes confisquent cette révolution qui doit amener la Tunisie à un Etat de droit et de démocratie », a-t-elle poursuivi.

« Dans certaines mosquées, il y a des prêches qui commencent à être radicaux »

« Ce qui va être remis en cause, c’est d’abord la laïcité, à laquelle je suis profondément attachée. La tentation obscurantiste existe. Attention à l’islamisation et à l’instrumentalisation politique des discours », a insisté l’ancienne présidente de Ni putes ni soumises. Elle craint que les droits des femmes soient mis à mal par des islamistes intégristes. « Certaines femmes tunisiennes l’expliquent parfaitement. Elles ont peur que l’on touche au Code personnel* mis en place par Bourguiba, renforcé ces dernières années », a-t-elle confié à Jean-Pierre Elkabbach. « Dans certaines mosquées, il y a des prêches qui commencent à être radicaux en direction des femmes. Ils veulent remettre en cause le statut du Code personnel qui est avant-gardiste », s’inquiète Fadela Amara.

Un appel à la communauté internationale

Elle a également appelé à ne pas reproduire la même erreur qu’en Iran, où la chute du Shah avait provoqué l’arrivée de la république islamique, en 1979. Pour cette raison, elle appelle la communauté internationale à épauler le peuple tunisien : « Je demande une vraie vigilance, et que les pays attachés au progrès, à la liberté, à l’Etat de droit, puissent accompagner la Tunisie, pour que les Tunisiens ne se voient pas confisquer leur révolution ».

Regardez l’interview de Fadela Amara  sur ce lien :http://www.europe1.fr/International/Tunisie-attention-a-l-islamisation-383789/

Source : « Elle » Le 24-01-2011

Hamon : “La France s’est complètement ratée sur la Tunisie”


 

Pour le porte-parole du PS, les autorités françaises “à force d’écouter Ben Ali, ignoraient totalement la réalité tunisienne”.

Le porte-parole du PS Benoît Hamon a estimé lundi que la France s’était “complètement ratée” sur la révolution tunisienne et que le président Sarkozy, en déclarant que Paris n’avait pas pris la juste mesure de la désespérance dans ce pays, essayait “de se racheter”. “Le président essaye de se racheter d’une attitude que personne n’a comprise. La France s’est totalement ratée sur la Tunisie”, a affirmé Benoît Hamon, réagissant au siège du parti, après la conférence de presse de Nicolas Sarkozy.

“Le gouvernement français a fait le choix de soutenir Ben Ali au moment où celui-ci réprimait la révolution par des tirs à balles réelles”, a déclaré Benoît Hamon, fustigeant “le défaut d’anticipation” des autorités françaises qui, “à force d’écouter Ben Ali, ignoraient totalement la réalité tunisienne”. “Si Nicolas Sarkozy s’était plus intéressé à ce qui se passait du côté de la Ligue des droits de l’homme, dans la société civile, il n’aurait pas sous-estimé la situation”, a poursuivi Benoît Hamon. “Nicolas Sarkozy a soutenu jusqu’au bout le régime tunisien, la France aura été le plus fidèle allié de Ben Ali, c’est ce qui explique qu’elle n’a absolument pas vu venir cette révolte”, selon le porte-parole socialiste.

Celui-ci a également dénoncé les propos du patron de l”UMP, Jean-François Copé, qui a mis en garde dimanche contre une éventuelle radicalisation islamiste en Tunisie et “l’afflux de Tunisiens en France” qui en résulterait. “Le secrétaire général de l’UMP ajoute au ratage du gouvernement l’indignité de ses déclarations”, a commenté Benoît Hamon.

Source: “Le Point” Le 24-01-2011

Tunisie : quand Facebook se battait contre les hackers de Ben Ali


 

Le responsable de la sécurité de Facebook, Joe Sullivan, a détaillé le combat que ses équipes ont mené contre la tentative des autorités tunisiennes de récupérer l’ensemble des mots de passe des utilisateurs du réseau social en Tunisie, dans les jours qui ont précédé la chute de Ben Ali. Explications.

Les cyber-militantstunisiens y étaient habitués. Depuis des mois déjà, ils se battaient avec les techniciens de l’Agence tunisienne de l’Internet (ATI). D’abord et surtout pour contourner la censure – personnifiée sous le surnom de Ammar 404. Mais aussi, parfois, pour échapper à la surveillance des autorités qui allaient jusqu’à tenter de recueillir les mots de passe des comptes tunisiens sur différents sites web.

Ainsi, dès juillet 2010, le désormais célèbre blogueur Slim Amamou (aliasSlim404 sur Twitter), maintenantsecrétaire d’État du gouvernement de transition (après un passage par la case prison) avait détaillé, dans unbillet de blog comment un mystérieux organisme tentait de récupérer les mots de passe des utilisateurs tunisiens de Gmail, le service de messagerie de Google.

Incroyable culot

Toutes ces alertes n’ont pourtant pas empêché le responsable de la sécurité de Facebook, Joe Sullivan, d’être surpris par l’incroyable culot des censeurs du web tunisien.

« Nous avions déjà eu affaire à des fournisseurs d’accès Internet (FAI) qui avaient essayé de filtrer ou de bloquer notre site, a-t-il expliqué aumensuel américain The Atlantic, lundi 24 janvier. Cette fois, nous étions confrontés à des FAIs qui faisaient quelque chose sans précédent : ils étaient très actifs dans leur tentative d’intercepter l’information ».

Il faut dire qu’en ce début du mois de janvier 2011, Tunis commence à s’inquiéter de la mobilisation des jeunes. Le mouvement né dusuicide de Mohamed Bouazizi à Sidi Bouzid se répand etles lycéens commencent à se mêler aux cortèges (le gouvernement décidera même lasuspension des cours quelques jours plus tard).

Pour ces jeunes protestataires, leprincipal moyen de mobilisation n’est autre que Facebook qui n’est pas censuré, contrairement à beaucoup d’autres sites (comme ceux de partages de vidéos). En outre, les Tunisiens sont déjà de vraishabitués du réseau social américain.

Pendant le mouvement, le nombre de Tunisiens connecté connaît un nouveau boom, s’approchant désormaisdes deux millions d’utilisateurs, pour 10,5 millions d’habitants.

Espionner, à défaut d’interdire

Le gouvernement, qui avait tenté précédemment d’interdire le site pendant quelques jours, avait dû y renoncer. Devant les protestations de la jeunesse, censurer Facebook à ce moment critique était délicat. À défaut de le neutraliser, les autorités tunisiennes ont alors tenté d’en tirer profit.

À Noël, Joe Sullivan commence à recevoir d’étranges messages. « Nous avions des retours anecdotiques d’utilisateurs disant : « on dirait que quelqu’un s’est connecté à mon compte et l’a supprimé », explique-t-il. Mais il faudra encore une dizaine de jours à son équipe pour prendre la mesure de l’ampleur de l’attaque. Le 5 janvier, il devient clair que c’est l’ensemble des mots de passe des utilisateurs tunisiens que l’on tente de capturer.

Tous les FAIs utilisent en fait un bout de code qui enregistre les informations des utilisateurs, quand ils tentent de se connecter. Sullivan se rend compte qu’il s’agit d’une opération éminemment politique, mais décide d’adopter une approche neutre sur ce plan. « Au fond, de notre point de vue, le problème était juste de garantir la sécurité des mots de passe et de protéger l’intégrité des comptes […] C’était de manière très nette un problème de sécurité et beaucoup moins une question politique ».

Pour riposter, Facebook adopte alors une stratégie de protection à deux niveaux, technique et humain, qu’il appliquera à l’ensemble du territoire tunisien à compter du lundi 10 janvier. D’abord, forcer les utilisateurs tunisiens à passer par un protocole de cryptage https, qui empêche la capture des mots de passe lors de la connexion. Ensuite, demander aux utilisateurs ayant un comportement étrange de prouver qu’ils sont bien les titulaires du compte en leur demandant de reconnaître quelques-uns de leurs amis sur des photos qui leur sont proposées.

La guerre entre l’ATI et Facebook aurait pu durer longtemps, mais dès jeudi 13 janvier, dansun discours historique, Zine el-Abidine Ben Ali annonce la fin de la censuresur Internet, décision qui est mise en œuvre immédiatement – à l’exception de celle portant sur les sites pornographiques.

À toute chose malheur est bon, dit l’adage, et la mésaventure tunisienne commence à faire réfléchir Facebook. « Quand vous prenez du recul et pensez à la manière dont le trafic Internet est acheminé, une incroyable proportion est susceptible d’être consultée par les gouvernements », remarque-t-il. Première solution annoncée : le site américain a dit avoir commencé des travaux pour permettre aux militants politiques et membres d’ONG de lui adresser des plaintes via une procédure spéciale. Et sécurisée…

Source : « Jeune Afrique » Le 24-01-2011

Tunisie : la démocratie ‘Facebook inside’ ?


A l’époque de la dictature, alors qu’il était de mise de se taire dans les espaces semi publics de Facebook, les Tunisiens y étaient déjà de grands bavards (une caractéristique méridionale ?). Depuis une semaine à peine, ce qu’il se passe sur le Facebook Tunisien est d’une toute autre nature.

On n’y bavarde plus, on y discute, de façon très sérieuse et étonnamment constructive, de l’avenir du pays.

La Tunisie est préssée d’une dictature brutale à une démocratie qui se cherche en un mois, sans même passer par les inévitables scènes de lynchage (une première ou presque dans l’histoire des révolution), et surtout, sans leader sur qui retomberait la légitimité d’une révolution (première, là aussi).

La télévision, bien incapable d’étancher la soif de débat des Tunisiens, doit faire avec la prépondérance de Facebook dans le pays pour tout ce qui relève de l’échange et du débat. C’est là qu’il a lieu, la télévision, média ‘top to bottom’ par nature, étant bien incapable de satisfaire au besoin (sans parler qu’elle manque de crédibilité)

Du coup, ce tout jeune processus démocratique a très largement lieu sur l’espace naturel de Facebook, avec milles discussions passionnées, certaines ayant pour initiateur un même contenu, toutes réparties dans des espaces semi public ou semi privés de Facebook. Là encore, première, pas de mass media pour imposer un agenda politique à une population.

Quelles seront les conséquences de la prépondérance de Facebook et de ses multiples conversations éclatées aux quatre coins de l’espace Tunisien qu’il abrite ? Difficile à dire, mais la relecture du livre de Versac, qui abordait le problème posé par un processus démocratique sans média fédérateur pourrait apporter quelques réponses, pour peu qu’on prenne en compte que son analyse – globalement négative – de ce phénomène, portait sur son application à la démocratie Française, et pas du tout sur un processus de construction démocratique à l’échelle d’un pays sortant d’une dictature.

Un long sujet de débat en perspective. En attendant, ceux qui sont Tunisiens ou qui ont une large proportion de leurs amis Facebook qui le sont, voient leur timeline occupée essentiellement par la mise au monde de la toute première démocratie arabe de la planète.

Source: ”ReadWriteWeb” Le 24-01-2011

Révolte en Tunisie: La propagation dans le monde arabe passe-t-elle par Internet?


 

La Toile est un élément majeur pour relayer la contestation populaire, mais elle ne suffit pas…

Tunisie, Algérie, Egypte, Jordanie, Syrie… Internet et les réseaux sociaux en particulier sont devenus un cauchemar pour certains régimes de pays arabes dans lesquels une contestation populaire de plus en plus importante se fait sentir. Car, dans le cas tunisien,malgré une censure beaucoup plus présente que dans d’autres régimes similaires,  le Web a joué dans la chute de l’ex-président Ben Ali un rôle «très important» selon Karim Bitar,spécialiste du monde arabe à l’Institut des relations Internationales et Stratégiques (Iris), joint par 20minutes.fr.

«C’est sensationnel d’avoir participé via Internet à la chute du tyran, en téléchargeant des vidéos, a expliqué le blogueur tunisien Tarek Mekki à son retour au pays dimanche après un exil au Canada.Ce que nous avons fait sur Internet avait de la crédibilité, et c’est pourquoi cela a marché.»

«Internet n’aurait pas été suffisant sans la grande mobilisation populaire»

Karim Bitar souligne également la combinaison avec les chaînes de télévision arabes, telle Al-Jazira, qui relayait les vidéos des internautes tunisiens. Cependant, «Internet n’aurait pas été suffisant sans la grande mobilisation populaire», tempère le chercheur.

«Internet sert d’appui, d’effet boule de neige pour amplifier, galvaniser les foules et contourner la censure» via les réseaux sociaux notamment, ajoute le chercheur, mais la Toile ne fait pas tout: «Elle ne peut pas créer une révolution ou abattre un régime à elle toute seule». Deux autres facteurs déterminants sont nécessaires selon Karim Bitar: la géopolitique et l’économie.

LaTunisie était en avance

Ces trois éléments étaient réunis en Tunisie. «Il y avait une unanimité contre le régime Ben Ali», précise le chercheur alors qu’enIran par exemple, où, au cours des troubles de juin 2009, l’«on a parlé d’une révolution Twitter, le pouvoir a fait jouer la fibre nationaliste pour se maintenir». Malgré des restrictions moins contraignantes en Algérie eten Egypte, le taux de pénétration sur Internet y est également moindre qu’en Tunisie (13% et 20% contre 30% en Tunisie).  

Les Egyptiens n’ont pourtant pas attendu  non plus les Tunisiens pour exprimer leur mécontentement grâce à Internet et aux réseaux sociaux. Le pays, qui compte le plus d’internautes du monde arabe (17 millions), s’est déjà enflammé à plusieurs reprises, et notammentlors d’émeutes en 2008 grâce à une mobilisation relayée par téléphone portable et sur Internet. Battu à mort en juin 2010 «après avoir diffusé une vidéo dans laquelle des policiers étaient pris en flagrant délit de corruption», c’est un blogueur, Khaled Saïd, qui est devenu la «figure de proue des mouvements de contestation du pouvoir» qui s’organisent systématiquement viaFacebook, rapporteFrance 24

Mais ce qui vient de se passer enTunisie a provoqué «un enthousiasme de la jeunesse arabe inédit jusqu’alors», indique Karim Bitar qui est ainsi convaincu que les régimes arabes autoritaires «sont condamnés à moyen terme». Pour le chercheur, «l’aspiration à la transparence est profonde et irréversible» et Internet «jouera un rôle», notamment comme relais de «l’exaspération des peuples». Une conclusion à laquelle certains sont arrivés également en France. «La force d’Internet et des réseaux sociaux a libéré la parole en Tunisie. C’est un constat que nous aurons à prendre en compte à l’avenir», a déclaré la ministre française des Affaires étrangères, Michèle Alliot-Marie, peu après la fuite de Zine Ben Ali en Arabie saoudite.

Source : « 20minutes.fr » Le 24-01-2011

Qui parle en Tunisie ?


 

On a beaucoup dit que la « révolution » tunisienne avait été grandement facilitée par l’existence d’Internet et la circulation sur Facebook et Twitter des preuves de mobilisation et de répression. On a même dit que les mémos des diplomates américains révélés par WikiLeaks avaient encouragé au soulèvement. Au point de vouloir identifier ce mouvement à l’émergence d’Internet et ses vertus démocratiques, désormais sanctuarisées. Bien sûr, Internet a joué son rôle, notamment en contournant la presse muselée, mais il est aussi vrai que tout mouvement populaire suscite sa propre communication et voit apparaître, au gré des techniques du temps, des médias adaptés à ses besoins. Qu’on songe aux placards de protestants du XVIe siècle, aux pamphlets de la Révolution française, aux dazibaos de la Révolution culturelle, aux journaux de Solidarnosc, chaque mouvement de masse se coordonne par des médias.   La question tunisienne n’est donc pas tant l’identité de ses médias que la nature du message que ceux-ci convoient. Qui parle en Tunisie ?   L’immolation par le feu et la lente agonie de Mohamed Bouazizi ont eu une résonance essentielle. La symbolique de l’acte — le feu du désespoir — s’oppose directement à la censure et son étouffement. Elle éclaire aussi le parcours générationnel qui l’a précédé. Les études sans débouché, la reconversion dans le petit commerce jusqu’à la saisie de la marchandise par l’Etat. Ce dernier élément, déclencheur de l’acte, est très révélateur. Car dès lors, c’est la kleptocratie, l’Etat voleur allant jusqu’à tuer pour voler, qui va concentrer le mécontentement. De la débâcle de « Ben Ali et des quarante voleurs » jusqu’au fond des campagnes où l’Etat saisit, exproprie, accapare, la rébellion tunisienne est une révolte des volés.   Il y a là, pour l’économiste, un questionnement remarquable. Car depuis la fin du socialisme, les révoltes populaires émergent, non plus par opposition au capitalisme, mais pour lui ou son meilleur fonctionnement. Or, l’institution centrale du capitalisme est la propriété et avec elle, la latitude donnée à l’individu pour structurer autour d’elle une logique d’intérêt bénéfique à la société. La question ouverte ici, et dont le procès Khodorkovski, vingt ans après l’URSS est le pendant historique, est le rapport de l’Etat non pas aux médias, mais à la propriété et aux propriétaires. Quelle latitude l’Etat doit-il laisser à ceux qui, accumulant du capital, disposent de ressources croissantes pour contester sa politique ? Et par quels mécanismes opérer une régulation réciproque ? Il semble que, dans ce domaine, le régime de Ben Ali ait laissé la cupidité d’un clan exercer sur les propriétaires une forme de terreur. C’est elle qui est aujourd’hui défaite.   La situation tunisienne peut s’entendre comme la crise d’une régulation kleptocratique, impuissante à offrir un emploi aux jeunes diplômés. D’autres pays, bénéficiaires de rentes pétrolières ou gazières, pourront peut-être différer l’échéance d’une telle crise. Il n’en demeure pas moins que, dans le capitalisme mondialisé, la régulation de l’économie ne peut se passer des institutions du droit et des médias. Dans les vieux pays de l’Ancien Monde, fussent-ils sortis de la colonisation, la construction de ces institutions doit trouver une voie s’affranchissant de pratiques féodales millénaires…

Source : « BooksBlog » Le 24-01-2011

Confidences d’un Franco-Tunisien : « Ben Ali doit être jugé »


 

Né en Tunisie, Achouri Belgacem commente la « Révolution du jasmin » depuis Revin. Et savoure le départ d’« Ali Baba et les 40 voleurs ».

DEPUIS un mois, sa radio et sa télé fonctionnent à plein régime. Achouri Belgacem suit heure par heure l’évolution de la situation dans son pays d’origine. Arrivé en France en 1974, à Revin deux ans plus tard, Achouri (qui vient de faire valoir ses droits à la retraite), est né à Kasserine. C’est dans cette même ville ouvrière que, entre le 8 et le 10 janvier, le gouvernement tunisien a maté dans le sang le soulèvement populaire. « Ce qu’il se passe en Tunisie, c’est Ali Baba et les 40 voleurs », dénonce le Franco-Tunisien, qui rentre chaque année du côté de Sousse. « Ce qui me fait le plus mal au cœur, c’est de voir à quel point les Tunisiens souffrent, pendant que Ben Ali et ses proches s’en sont mis plein les poches. C’est honteux. À chaque fois que je rentre, je vois ces mémères et ces gamins qui fouillent les poubelles pour trouver quelque chose à manger. Ces ouvriers qui gagnent 30 euros par mois. Ces vieillards qui n’ont ni sécurité sociale ni mutuelle. Et pendant que le peuple crève de faim, Ben Ali, sa femme et leurs proches collectionnaient les villas et les voitures de luxe. Ben Ali doit être rapatrié en Tunisie et il doit être jugé. » Liberté Pour Achouri Belgacem, « la première des priorités, c’est de s’occuper des chômeurs et des misérables qui crèvent de faim. » La seconde, c’est de garantir la liberté au peuple. « Jusqu’ici, il fallait faire très attention à ce qu’on disait. Un mot de travers sur le président, et on vous jetait en prison. Il fallait cette révolution pour qu’on soit libres. Aujourd’hui on peut parler. » Mais le président de l’Association des locataires d’Orzy-Revin a beau se réjouir de la démission de Ben Ali, il reste lucide. « Il faut qu’on réussisse à mettre dehors les anciens ministres de Ben Ali et les cadres de son parti. Il ne doit plus y avoir aucun ministre du RCD. Tant qu’il y aura des mafieux au pouvoir, je ne serai pas optimiste. Il nous faut un nouveau gouvernement et il nous le faut vite. » L’exemple tunisien Achouri reboutonne sa veste, sort deux cigarettes et nous invite à faire quelques pas avec lui. Une vieille dame, puis un jeune, plus loin un motard, un client dans un bistrot : tous les dix mètres, un Revinois le salue. On échange quelques mots. « Tu sais, glisse-t-il sur le ton de la confidence, personne ne croyait que la Tunisie oserait faire sa révolution. Moi j’ai toujours pensé que ça arriverait un jour. Je voyais que les Tunisiens étaient de plus en plus révoltés. Maintenant on voit que les choses bougent. Et même au Maroc, en Égypte ou en Algérie, les habitants prennent le peuple tunisien en exemple. » Source : « L’union » Le 24-01-2011

L’espoir d’un modèle tunisien


 

Le régime Ben Ali est tombé, victime de lui-même. Non pas en trois semaines, mais en deux heures : quand les chefs militaires ont jugé qu’il avait trop tiré sur la foule à balles réelles et qu’il avait trop tiré de chèques sur le patrimoine du pays. C’est pourtant bien à partir des bases laissées par ce régime que les Tunisiens devront construire leur avenir aux prochaines élections.

Ces bases : une démographie stabilisée, des femmes aux libertés inscrites dans la culture et la Constitution, une alphabétisation très élevée, des générations nombreuses de jeunes diplômés, une économie de marché développée – où travaillent tous les grands groupes français. La Tunisie va-t-elle donc conserver ou reconquérir la stabilité qui a fait le succès de son modèle de développement ? Autour d’elle, les régimes républicains sont tous bâtis sur des présidences autoritaires, appuyées sur deux colonnes : le parti et l’armée. En Algérie, Bouteflika est au pouvoir depuis bientôt 12 ans après avoir été ministre pendant 36 ans ; en Libye, Kadhafi gouverne depuis 41 ans ; en Egypte, c’est Moubarak, depuis 30 ans ; en Syrie, la République est incarnée par la famille el-Assad, de père (Hafez) en fils (Bachir) depuis 41 ans…

Deux régimes échappent à ce « modèle » : la Turquie et la Palestine. Le premier a dû sa longévité au fait d’avoir été construit par Atatürk «à l’ombre des épées» – mais l’armée a laissé passer le parti islamique du Premier ministre Erdogan, qui gouverne sans opposition réelle, et le pays a radicalement changé de stratégie régionale, en devenant anti-israélien. Quant aux Palestiniens, dont l’Etat est en construction, on sait ce qui est arrivé à son gouvernement, à l’issue d’élections répétées : il a éclaté entre le parti du président (Mahmoud Abbas) à Ramallah et le Hamas islamiste à Gaza…

Ben Ali avait verrouillé les entrées de l’islamisme en Tunisie. Les Tunisiens continuent de se dresser, au moins en public, contre sa résurgence, de même qu’ils se sont mobilisés contre le chaos. Mais de deux choses l’une : ou bien des futures élections (contrôlées par qui ?) naîtra un pouvoir durable, fondement d’un « modèle », ou bien elles feront apparaître des fractures. C’est à travers celles-ci que s’infiltreront les islamistes. Lesquels se réfèrent déjà à l’exemple Erdogan…

Source : « Le Figaro » Le 24-01-2011

Deuxième République de Tunisie : un accouchement difficile


 

La chaîne privée Hannibal TV a été interrompue pendant 3 heures, dimanche, et ses dirigeants arrêtés pour haute trahison. Un signe inquiétant qui, avec d’autres, prouve que la liberté d’expression en Tunisie est un acquis fragile. Une partie de la population manifeste pour que le gouvernement, où siègent nombre de membres de l’ancien parti au pouvoir, démissionne. Mais les appels au calme et à donner une chance à l’équipe du nouveau Premier ministre, Mohamed Ghannouchi, se multiplient. Le climat demeure tendu dans le pays, tandis que la communication d’Etat est on ne peut plus opaque.

La confusion a régné durant plus de trois heures, dimanche soir, après que la diffusion de la chaîne privée Hannibal TV a été interrompue sans préavis. Un communiqué officiel a suivi : le propriétaire de la chaîne et son fils sont arrêtés et sont sous le coup d’une enquête pour haute trahison ; ils auraient contribué par le biais du média en question à une tentative avortée de contre révolution. A la reprise de la diffusion, le ministre du Développement, Ahmed Néjib Chebbi, intervient en direct pour s’excuser au nom du gouvernement pour « l’erreur technique » qui a suivi les arrestations, et invite l’animateur ainsi que l’équipe de la chaîne à continuer le travail sans peur ni tutelle.

Le secrétaire général du Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT), Neji Bghouri, joint par téléphone lors de la coupure de la chaîne, se déclare choqué et trouve qu’il s’agit là d’un message très menaçant en direction des journalistes qui pourrait être un signe de retour en arrière. Selon lui, cette suspension soudaine relève tout simplement de la censure. Le communiqué dit que la décision vient de « sources accréditées ». M. Bghouri s’interroge sur l’identité de ces « sources accréditées » et réclame des précisions quant aux accusations graves citées à l’encontre des responsables de la chaîne. Sur les accusations en elles-mêmes, le secrétaire général du SNJT reconnaît que la chaîne avait depuis peu orienté les débats afin que ne soit audible qu’un seul son de cloche, celui favorable à la continuation des contestations pour déchoir le gouvernement – alors que, sur le sujet, la population est divisée en pour et contre. Mais il ne trouve aucunement qu’il s’agit là d’une raison d’agir ainsi. Il entend diffuser un communiqué ce lundi pour dénoncer cette action disproportionnée. Lors de notre conversation, la diffusion d’Hannibal TV a repris et M. Bghouri, interloqué, déclaré que son communiqué serait quand même publié et que le SNJT se chargerait de cette affaire.

Une communication d’Etat opaque

D’autres sources, qui n’ont pas souhaité être citées, parlent d’une décision de l’armée, sans plus de précision. Pour le reste, l’on nous confirme que l’un des dirigeants de la chaîne, Mehdi Nasra, le fils du fondateur, est marié à la nièce de Laila Ben Ali, l’épouse du président déchu. Le communiqué officiel mentionne vaguement ce lien de parenté. Il est à signaler que ces « sources accréditées » très opaques ont fait de nombreuses annonces officielles jamais démenties par le gouvernement et qu’elles s’attribuent beaucoup d’actions. Ainsi, elles ont annoncé le coup de filet conduisant à l’arrestation des 33 membres de la famille présidentielle déchue. Le caractère très officiel attribué aux communiqués diffusés par ces « sources accréditées » – distinctes du coup du gouvernement –, pose la question de l’existence d’un « pouvoir bis » à l’intérieur du pouvoir. S’agirait-il de l’armée ?

Nos sources qui se sont exprimées sous couvert d’anonymat nous parlent aussi d’incohérences relevées, comme cette annonce tombée dimanche : Abdelaziz Ben Dhia (conseiller de Ben Ali) et Abdallah Kallel (président de la chambre des conseillers) sont en résidence surveillée, alors que Abdelwahab Abdallah (autre conseiller de Ben Ali) est recherché. Or, selon nos sources, ce dernier viendrait de parler à certains de ses amis en niant être en fuite et en assurant que les autorités savent où il se trouve. Il aurait fait remarquer que son domicile aurait été entièrement saccagé alors que celui de son homologue Ben Dhia, dans le même quartier, serait resté intact. Même cacophonie au sujet de Mouhamed Ghariani, secrétaire général du RCD, grand dinosaure de l’ancien parti au pouvoir qui n’est pas encore démantelé. N’ayant pas démissionné ni été exclu de la formation politique comme d’autres membres tels que Ben Ali et ses gendres, il se chargerait actuellement des affaires courantes. Et des rumeurs le disent proche des courants islamistes infiltrant le parti.

Le maintien au pouvoir des anciens du RCD critiqué

Le gouvernement transitoire, quand il s’exprime, se veut rassurant et centre les débats sur les réformes en cours bien plus que les dossiers encombrants du pouvoir passé. L’intervention en direct hier soir du ministre Chebbi, pour rectifier le tir et s’excuser, est un signe fort même si la coupure de Hannibal TV est inquiétante. Un autre ministre a rappelé en même temps, sur une autre chaîne, que l’équipe gouvernementale, très décriée, ne représente pas le pays, et qu’en effet elle n’est là que pour préparer l’étape à venir.

Seules les élections accoucheront d’un gouvernement représentatif du peuple. Néanmoins, des mesures significatives ont été prises. Notamment la suppression de la police politique dans les universités et la confirmation de la liberté d’expression, à tous les niveaux de la société. Les médias connaissent une liberté de parole jamais atteinte, qui part parfois dans tous les sens.Et l’on n’a jamais vu autant de ministres à la télévision ! D’autre part, les gestes d’apaisement se multiplient. Parmi eux, l’annonce du remplacement de tous les préfets et sous préfets décriés et la prise en charge immédiate des dossiers par les commissions d’enquêtes. Autant d’annonces qui devraient rassurer ceux qui veulent donner du temps au gouvernement. Mais une autre partie de la population nourrit des doutes vis-à-vis de ce gouvernement voire le rejette. Elle craint un détournement de la révolution des jeunes par des technocrates souvent trois fois plus âgés, dont nombre sont des anciens du RCD. Elle redoute que le temps laissé au gouvernement pour réaliser les réformes attendues serve à installer un nouvel appareil répressif et à faire disparaître des preuves compromettantes pour le pouvoir passé. Sur le net et dans les médias, nombre de citoyens s’inquiètent et alertent sur le fait que des documents compromettants disparaissent ou brûlent. L’on se demande pourquoi il n’y pas eu dès le départ une saisie officielle des archives des administrations sensibles. L’une de nos sources très crédible, occupant un poste à responsabilité à la douane, nous a signalé la destruction de certains documents à l’office de Ben Arous. Et des vidéos sur ce sujet font polémique. Comme celle, par exemple, publiée sur Facebook, d’un sous-préfet qui serait en train de brûler des documents.

Les vieilles méthodes ont la vie dure

D’autre part, le spectre de la censure guette, un communiqué de l’agence officielle TAP publié hier signalait que l’accès à internet restait libre à l’exception des sites portant atteinte aux bonnes mœurs et incitant à la haine. Des internautes ont signalé à Afrik.com la disparition de quelques vidéos partagées concernant la famille Ben Ali ou les snipers. Dans ce même communiqué, un email est fourni pour toute revendication. Afrik.com a écrit à cette adresse mail, mais depuis hier pas de réponse.

Une information d’autant plus inquiétante que les méthodes du ministère de l’Intérieur ne semblent pas changer. Dimanche après-midi, la chaîne nationale a diffusé le témoignage d’un jeune tabassé le 19 janvier dans les locaux dudit ministère lors de son interrogatoire pour avoir formé un groupe sur Facebook contre le couvre feu. Nombre de familles demeurent d’ailleurs dans l’incertitude quant au sort de proches interpellés lors du couvre feu.

Source: ”Afrik.com” Le 24-01-2011

Avant/après : la Tunisie vue par Antoine Sfeir (Bakchich)


 

Antoine Sfeir “le directeur des Cahiers de l’Orient se met enfin à critiquer les agissements néfastes de Ben Ali et de sa clique. Le journaliste a pu ainsi apporter surFrance Inter,France Soir ouLe Télégramme son analyse éclairée de «spécialiste du monde arabo-musulman»” remarque le site Bakchich qui souligne qu’avant sa chute Sfeir était nettement plus bienveillant quand il évoquait le régime tunisien.

Bakchich cite un livre de Sfeir sorti en juin 2006, Tunisie, terre de paradoxes (éditions Archipel).

“«Des responsables politiques du monde entier, mais aussi des hommes de lettres et de culture, se sont associés pour rendre hommage à l’œuvre de Zine El Abidine Ben Ali», écrivait aussi le flagorneur. «Personne ne les a obligés à le faire. S’ils ont trouvé que leur démarche est justifiée, c’est parce qu’en Tunisie on trouve autre chose que ce que les médias veulent montrer».”

Après le départ de Ben Ali, Sfeir ne mâche pas ses mots sur le plateau de BFM : “Toutes les sociétés privées étaient victimes de la corruption de Ben Ali” comme le montre une séquence relevée par Bakchich

Sur son blog du Monde Diplomatique, Alain Gresh signalait, en septembre 2006, un autre passage du même livre de Sfeir : “Ben Ali est ainsi décrit comme réunissant «en sa personne toutes ces compétences. D’une part, elles lui permettent de se montrer plus efficace, et les résultats obtenus plaident en sa faveur; d’autre part, la réunion de ces compétences en un seul homme évite de les voir entrer en conflit.» (p. 213)” Gresh remarquait aussi unetribune publiée dans le Figaro du 23 octobre 2009 où Sfeir, sous le titre “La Tunisie, rempart contre la déferlante intégriste dans la région” écrivait : “force est de reconnaître que le pays progresse régulièrement depuis l’arrivée au pouvoir de Ben Ali. C’est un fait dont tous les organismes internationaux font état dans leurs rapports. C’est cette ouverture et cet assainissement progressifs de la vie publique que je souhaite évoquer aujourd’hui, sans pour autant me voiler la face sur les problèmes qu’il reste à résoudre.”

Source: ”Arret sur images” Le 24-01-2011

France investigates Tunisia’s Zine al-Abidine Ben Ali


 

The Paris state prosecutor’s office says it has opened a preliminary investigation into the property assets held by ousted Tunisian leader Zine al-Abidine Ben Ali in France.

Mr Ben Ali fled his country earlier this month following a number of violent protests.

Separately, the head of Tunisia’s armed forces has warned a power vacuum there could lead to a dictatorship.

Gen Rachid Ammar was addressing anti-government protesters.

“Our revolution, your revolution, the revolution of the young, risks being lost… There are forces that are calling for a void, a power vacuum. The void brings terror, which brings dictatorship,” he told the crowd.

The investigation in Paris was opened after three rights groups filed a legal case against the former leader over corruption during his 23-year rule.

The groups – Sherpa, Transparency International France and the Arab Commission for Human Rights – accuse Mr Ben Ali of corruption, misusing public funds and money-laundering, the AFP news agency reports.

They estimate the wealth amassed by the former leader and his entourage at $5bn (£3bn).

Mr Ben Ali, who has sought refuge in Saudi Arabia, has not so far commented on the allegations.

But last week, Tunisian central bank officials denied reports that the wife of the deposed president took 1.5 tonnes of gold bars from the central bank before leaving the country.

In other developments:

  • A ministerial reshuffle in Tunisia is said to be imminent, reports say. Earlier, political sources said Tunisian politicians were trying to set up a committee of “wise men” to replace the interim government after coming under pressure to remove ministers linked to Mr Ben Ali.
  • The owner of a private television station in Tunisia, Hannibal TV, who was arrested on Sunday, has been released. Larbi Nasra, a relative of the former president’s wife, said treason charges against him had been dropped.
  • In Algiers, a second Algerian man has died after setting himself on fire, hospital staff quoted by AFP have said – the latest in a series of self-immolations apparently inspired by the one that sparked the protests in Tunisia.
  • A senior US envoy, Jeffrey Feltman, is visiting Tunisia to press the government on democratic reforms and new elections, the State Department has said, according to AFP.

Other investigations

Last week, Tunisian prosecutors said they would be investigating the foreign assets of Mr Ben Ali and his family, including possible illegal transactions and foreign bank accounts.

Some 33 members of Mr Ben Ali’s family were held over claims that they had plundered the nation’s resources.

The move came as Swiss officials ordered a freeze on any funds held there by Mr Ben Ali, which they say was to prevent assets being withdrawn and also to ensure that a new Tunisian administration would be able to retrieve assets if they were taken illicitly.

Last week, the EU also said it was close to agreeing to a freeze of assets belonging to Mr Ben Ali and his family.

Source: “BBC News” Le 24-01-2011

Facebook and Arab Dignity

This is where an Arab revolution began, in a hardscrabble stretch of nowhere. If the modern world is divided into dynamic hubs and a static periphery, Sidi Bouzid epitomizes the latter. The town never even appeared on the national weather forecast.

The spark was an altercation on Dec. 17, 2010. It involved a young fruit-and-vegetable peddler named Mohamed Bouazizi and a policewoman much older than him called Faida Hamdy. What exactly transpired between them — who slapped or spat at whom, which insults flew — has already entered the realm of revolutionary myth.

Soon after — this at least is undisputed — Bouazizi set himself on fire in front of the modest governor’s building where protesters now gather around portraits of the martyr. Bouazizi would live another 18 days. By then, an Arab dictatorship with a 53-year pedigree was shuddering. Within another 10 days, it had fallen in perhaps the world’s first revolution without a leader.

Or rather, its leader was far away: Mark Zuckerberg, the founder of Facebook. Its vehicle was the youth of Tunisia, able to use Facebook for instant communication and so cyber-inspire their parents.

Anders Colding-Jorgensen, a Danish psychologist, conducted an experiment in 2009 in which he implied that Copenhagen’s Stork Fountain was about to be demolished and started a Facebook group to save it. The threat was fictitious but the group soon had two new members joining every minute.

The Tunisian revolution was that experiment on steroids. Castro spent years preparing revolution in the Cuban interior, the Sierra Maestra; Facebook propelled insurrection from the interior to the Tunisian capital in 28 days.

How could a spat over pears in Nowhereville turn into a national uprising? No Tunisian newspaper or TV network covered it. The West was busy with Christmas. Tunisia was the Arab world’s Luxembourg: Nothing ever happened. Some poor kid’s self-immolation could never break a wall of silence. Or so it seemed.

That day, Dec. 17, a dozen members of Bouazizi’s enraged family gathered outside the governor’s building. They shook the gates and demanded that the governor see them.

“Our family can accept anything but not humiliation,” Samia Bouazizi, the dead man’s sister, told me, sitting under a bare light bulb in a small house near a trough where sheep were feeding.

Humiliation is an important word in this story. It was the “hogra,” or contempt, of the dictator’s kleptocracy that would cyber-galvanize an Arab people.

The protests soon swelled. Participants uploaded cellphone images onto Facebook pages.

“My daughter, Ons, who’s 16, started showing me what was going on,” said Hichem Saad, a Tunis-based entrepreneur.

Al-Jazeera, the Arab TV network, was alerted through Facebook. Along the way, Bouazizi, who did not even have a high-school diploma, cyber-morphed into a frustrated university graduate: that resonated in a nation where many graduates are jobless. This myth went round the world. Information moving this fast is inspired, rather than bound, by facts.

When Zine el-Abidine Ben Ali, the now ousted dictator, addressed the nation, as he would three times, Facebook-ferried fury was the response. Ben Ali might have 1.5 million members in his puppet party; he soon faced two million Facebook users.

By now Faida Hamdy, the policewoman, had slapped Bouazizi across the face. Perhaps she did. Her cousin told me he slapped her: more hurtling facts too good to check.

Hisham Ben Khamsa, who organizes an American movie festival in Tunis, watched with his kids as Ben Ali made his last speech on Jan. 13. Now, the strongman’s confrontational fury had gone. Like the shah of Iran in 1978 — too late — he had “understood.” He felt the people’s pain. Bread prices would come down.

“He hadn’t understood a thing,” Ben Khamsa told me. “This was about dignity, not bread. His political autism was terminal. Everyone was live-commenting the speech on Facebook.”

The next night, Ben Ali fled after 23 years in power, short of his predecessor’s 30 years. It’s said the average age of a Tunisian is one dictator and a half. That nightmare is over.

Now the new youth minister, a 33-year-old former dissident blogger, tweets from cabinet meetings. Everyone is talking where everyone was silent. “Every Arab nation is waiting for its Bouazizi,” his sister told me.

Some observations: First, the old nostrum goes that it’s either dictators or Islamic fundamentalists in the Arab world because they’re the only organized forces. No, online communities can organize and bite.

Second, those communities have no formal ideology but their struggle is to transform humiliation into self-esteem.

Third, cyber-uprisings can go either way: Iran hovered on a razor’s edge in 2009, Tunisia’s regime fell in 2011. In both societies the gulf between the authorities and young wired societies was huge. The difference is probably the degree of sustained brutality a dictatorship can muster.

Fourth, Internet freedom is no panacea. Authoritarian regimes can use it to identify dissidents; they can try to suppress Facebook. But it’s empowering to the repressed, humiliated and distant — and so a threat to the decayed Arab status quo.

Tunisia was a Facebook revolution. But I prefer a phrase I heard in Tunis: “The Dignity Revolution.”

Source: “New York Times” Le 24-01-2011

Tunisia and Cyber-Utopia

Would Facebook have ended the Cold War earlier?


 

The African country that has the highest percentage of people with Facebook accounts is Tunisia, at 18%. That’s triple the penetration of the social-media service in repressive Egypt. Does the fact that Tunisians earlier this month overthrew their dictator of more than 20 years prove that revolutions can happen in countries with a relatively high penetration of social media, or is it an irrelevant, cyber-utopian data point?

The first overthrow of an Arab police state in half a century has many causes, including a middle class that rejected the corrupt government of strongman Zine el Abidine Ben Ali. The self-immolation of street vendor Muhammad Bouazizi to protest harassment by local authorities sparked large demonstrations. Yet the first public reaction by the U.S. State Department to the protests, in early January, cited “Tunisian government interference with the Internet, most notably Facebook.”

This suggests that Washington sees a cause-and-effect role for social media in regime change—but it comes just as former technology optimists are arguing that the Web gets too much credit for democratic revolts, and not enough blame for how authoritarian regimes use it to undermine dissent.

A self-described former digital utopian, Evgeny Morozov, recently wrote “The Net Delusion,” a book about how authoritarian regimes turn the Web into a tool of political control. Mr. Morozov describes cyber-utopianism as “a naïve belief in the emancipatory nature of online communication that rests on a stubborn refusal to acknowledge its downside.”

In Mr. Morozov’s native Belarus, an authoritarian government uses the Web to spread propaganda, track dissidents and censor domestic versions of the no-longer World Wide Web. The so-called Twitter Revolution in Iran in 2009 failed to overthrow the mullahs, and within weeks the Ahmadinejad government created pro-government blogs and Twitter feeds.

Historical precedents make clear that information drives political change, but not by itself. Zeynep Tufekci, a sociologist at the University of Maryland, wrote on her blog last week that the events in Tunis were as related to social media as the French Revolution was “a printing press revolution.” New York University Prof. Clay Shirky responded that the French Revolution was “unimaginable without the press,” with many political journals circulating in 1789.

“No one believes social media causes otherwise complacent citizens to become angry enough to take to the streets,” Mr. Shirky writes, but “social media helps angry people achieve shared awareness about how many other people are angry and helps those people take action.”

The Tunisian government was long a regional pioneer of cyber-censorship. The Committee to Protect Journalists reported that the state-run Internet service provider secretly inserted software on sites such as Facebook so that the government could access the passwords and usernames of popular bloggers and political activists. Facebook groups were deleted, and bloggers were arrested.

Revolts like the one in Tunisia require both access to information and the will to do something about it. Inexpert Western media often give social media too much credit. A Columbia Journalism Review story last week admitted that “the medium becomes the message” as reporters far from the scene “monitor Twitter all day for news tips, and then use it to drive Web traffic to the stories we write.”

Critics are also right that technology doesn’t always favor the angels. Venezuela’s President Hugo Chávez has a popular Twitter feed staffed by 200 propagandists. In his book, Mr. Morozov profiles several Internet pioneers in Russia who were co-opted to join Vladimir Putin’s inner circle.

But while revolutions need more than communication, information is a prerequisite for action. Cynics need to recall that Cold War was won in part because the West was willing to spend billions on radio broadcasts (the Voice of America’s slogan is “Tell the truth, and let the world decide”), and on photocopiers and fax machines smuggled inside the Iron Curtain. People eventually understood how fragile the Soviet regime was, so that when economic failures could no longer be hidden, change became possible.

Despite the power of new digital tools, U.S. policy remains largely passive. Secretary of State Hillary Clinton’s rousing speech a year ago declared an open Internet a core element of American foreign policy, but there’s been little follow-up. The U.S. refuses to fund software such as Freegate that could enable activists in places like Tunisia and Iran to get around state controls of the Web.

It took fed-up Tunisians gathering both online and offline in large numbers to force change. Technologies such as social media deserve some credit—enough of it for Washington to get more serious about ensuring that their liberating power is available for all to use.

Source:” The wall street journal” Le 24-01-2011

Report: 5 Arab states could go the way of Tunisia


 

A report by Foreign Policy magazine, a leading U.S. journal on international affairs, listed five countries whose regimes could be overthrown by a Tunisian-style revolt. They were identified as Algeria, Egypt, Jordan, Libya and Sudan.

“A government that crushes dissent and censors the media might preside over relative prosperity and make the trains run on time, but its real stability remains in doubt as long as its citizens cannot express grievances through peaceful and open channels,” Eric Goldstein, deputy Middle East and North Africa director at Human Rights Watch, said

Foreign Policy cited food and unemployment riots in Algeria in December and January. The magazine also cited concerns that the brother of Algerian President Abdul Aziz Bouteflika was trying to succeed the ailing 73-year-old leader.

“Although Bouteflika’s regime is unpopular and increasingly undemocratic, it’s not nearly as repressive as was Ben Ali’s, which may make it harder for the opposition to build a mass movement for its ouster,” the report said. “Additionally, there are no signs that Algeria’s influential trade unions or opposition groups are willing to support the rioters — who are mostly unemployed youths at this point. Perhaps in an effort to avoid association with Bin Ali, Bouteflika has wished success to Tunisia’s new government.”

Egypt has also been vulnerable to massive unrest, including food demonstrations as well as suicide protests. So far, at least three people have set themselves on fire in protest of the policies of the regime of President Hosni Mubarak. The opposition has already warned of a Tunisian-style revolt.

The report said street protests have also been sparked in Libya despite the removal of duties on imported food. Some of the protests have been posted on Youtube amid reports of infighting within the Gadhafi family.

Jordan and Sudan have also been struggling with rising unrest. The regime of Sudanese President Omar Bashir has been threatened with secession by the south as well as protests in Khartoum, while Jordan faced rising unrest sparked by high food prices and unemployment. Jordan’s Queen Rania received an online message that she should begin “palace-hunting in Jedda,” the new Saudi haven of Bin Ali.

“An unpredictable new parliament and double-digit unemployment have led some analysts to question his [Jordan’s King Abdullah] grasp on power,” the report said.

Source: “Harald Tribune” Le 24-01-2011

Lien:http://www.worldtribune.com/worldtribune/WTARC/2011/ss_politics0054_01_24.asp

__________________________________________________________________________________

Lire aussi ces articles

16 août 2010

Home – Accueil TUNISNEWS 10 ème année, N° 3737 du 16.08.2010  archives : www.tunisnews.net  Nouvelobs: Tunisie : violents affrontements entre

En savoir plus +

28 décembre 2004

Accueil   TUNISNEWS   5 ème année, N° 1683 du 28.12.2004  archives : www.tunisnews.net يو بي آي: رئيس الحكومة التونسية يزور

En savoir plus +

Langue / لغة

Sélectionnez la langue dans laquelle vous souhaitez lire les articles du site.

حدد اللغة التي تريد قراءة المنشورات بها على موقع الويب.