Reuters Samedi 24 janvier, 13h52 La veille, l’Onu avait critiqué les conditions de vie dans le camp de cette île située en la Sicile et le littoral tunisien. Selon la police, les réfugiés ont forcé les portes du camp et se sont rendus paisiblement à pied au centre-ville pour protester contre leurs conditions de détention. Plusieurs centaines d’habitants les ont rejoints pour demander leur transfert dans des camps plus vastes ailleurs en Italie. Près de 2.000 personnes s’entassent dans le camp de Lampedusa, où les autorités italiennes regroupent les clandestins interceptés ou secourus à bord de petites embarcations en provenance d’Afrique du Nord. Vendredi, le Haut Commissariat de l’Onu pour les réfugiés (HCR) a exprimé sa préoccupation au sujet du camp, faisant valoir qu’il n’était censé accueillir que 850 personnes. Le rôle du centre de rétention, qui était d’abord un lieu de transit temporaire pour des personnes appelées à gagner d’autres centres italiens, a changé cette année aux termes de nouvelles règles en matière d’immigration. Désormais, tous ceux qui sont secourus restent à Lampedusa jusqu’à ce qu’ils obtiennent l’asile ou soient expulsés. Des centaines d’entre eux dorment à présent dehors sous des toiles de plastique et leur surnombre entraîne ce que le HCR qualifie de situation humanitaire problématique. Beaucoup d’habitants de l’île s’opposent au projet du gouvernement de construire un nouveau camp pour identifier et expulser les immigrés en situation irrégulières, estimant que cela transformerait Lampedusa en prison et non plus en centre humanitaire pour les réfugiés secourus en mer. Le maire Bernardino De Rubeis, qui a pris la tête de cette opposition au nouveau camp, a exhorté les manifestants à regagner le centre de rétention en annonçant qu’il allait demander l’intervention personnelle du président du Conseil, Silvio Berlusconi, afin de trouver une solution mieux adaptée à l’extérieur de l’île. Selon le HCR, les trois quarts des clandestins arrivés l’an dernier en Italie ont demandé l’asile politique et la moitié d’entre eux environ ont obtenu le statut de réfugié ou une protection octroyée en vertu d’autres motifs humanitaires.
La migration à destination de l’Europe ou des autres pays arabes joue un rôle important dans l’absorption d’une partie de la main-d’œuvre additionnelle. Cette émigration trouve son explication dans un certain nombre de facteurs démographiques et socio-économiques. On estime à 950 mille tunisiens émigrés à l’étranger dont 85% en Europe et dans le cadre du projet Mesure « Migration en sûreté », l’Association maghrébine de développement des ressources humaines et l’Agence nationale pour l’emploi et le travail indépendant ont organisé à Hammamet une journée d’information sur l’émigration organisée et concertée. Cette journée a été l’occasion de donner de plus amples informations sur le projet Mesure qui selon M. Abdessalem Nagazi Président de l’Association Maghrébine de développement des ressources humaines « est financé par la commission européenne dans le cadre du programme communautaire. Il est mis en œuvre par un comité de pilotage mixte tuniso-italien de la société civile et vise notamment à soutenir les efforts déployés par les autorités tunisiennes pour améliorer la gestion des flux migratoires à travers l’identification et la mise en œuvre de stratégies qui favorisent l’insertion des candidats migrants dans des parcours de migration légale, organisée et concertée. Mesure prévoit un échange d’informations et d’expériences entre les acteurs socio-économiques de la société. Cette journée vise à sensibiliser les acteurs locaux et les médias concernés par la problématique de l’émigration qui a été toujours un facteur de développement et de croissance économique du pays d’origine et du pays d’accueil » L’émigration : un contexte socio-économique particulier L’émigration est un phénomène socio-économique lié à plusieurs facteurs. Ces facteurs comme le précisent les Professeurs Hassen Boubakri et Souad Turki sont d’ordre démographique, économique, socio-culturel et politique. Ils touchent tous les pays maghrébins. « Tout d’abord, la croissance démographique élevée agit directement sur le marché du travail où la demande additionnelle d’emploi devient de plus en plus difficile à satisfaire. La population active est de plus en plus instruite et le chômage se répand parmi les diplômés. L’afflux croissant des femmes sur le marché du travail, s’accompagne d’une augmentation des demandes féminines d’emploi non satisfaites. Les secteurs porteurs et à haute valeur ajoutée demeurent peu créateurs d’emplois. La réglementation du travail n’arrive pas à concilier les entrepreneurs et les travailleurs. Les politiques actives de l’emploi, qui malgré de nombreux programmes, restent peu efficaces et mal évalués. Ceci sans oublier les disparités économiques entre les deux rives de la Méditerranée qui constituent l’un des principaux facteurs générateurs d’émigration et le revenu national par habitant, dans les pays maghrébins qui est beaucoup plus faible que celui des pays de destination des flux migratoires. » Les motivations de la migration La migration touche désormais toutes les régions de la Tunisie, toutes les catégories sociales et une bonne partie de la sphère économique.. Mme Semia Ghazouani chercheur universitaire et expert en communication estime que les motivations de la migration sont nombreuses. « Tout d’abord dit-elle les salaires élevés sans tenir compte de la différence de niveau de vie, l’échappement à l’emprise de la famille et les pressions sociales, le travail au noir peu qualifié et peu rémunéré par rapport aux salaires locaux du pays d’accueil. L’analyse du contexte migratoire tunisien permet de démontrer que l’émigration tunisienne a atteint une certaine maturité. Certains indicateurs montrent que la tendance est en train de se stabiliser, voire de s’inverser vers un essoufflement du mouvement des départs à l’étranger. La décroissance démographique et le développement économique ont généré moins de candidats au départ. Dans le même temps, l’Europe privilégie le traitement sécuritaire de la question migratoire. Malgré ses besoins présents et futurs en main-d’œuvre qualifiée et hautement qualifiée, l’Europe hésite à reconnaître ces besoins et en conséquence, à concevoir une politique migratoire volontariste d’ouverture sur les marchés d’emploi de ses voisins du Sud » Non à l’émigration clandestine L’initiative Mesure (Migrations en sûreté) entend contribuer à lutter contre l’émigration clandestine et à faire de l’émigration légale un facteur de co-développement et de rapprochement des peuples des deux rives de la Méditerranée. Ce projet Mesure adopte une approche fondée sur la coopération et le partenariat équitable ainsi que sur le respect des droits sociaux et humains des migrants « Non à l’émigration clandestine souligne le chercheur Abdessalem Nagazi. Nous devrons faire face à l’immigration clandestine, identifier et mettre en place des stratégies permettant de réglementer les flux migratoires légaux et de dissuader d’entreprendre un parcours d’immigration clandestine en faisant,d’une part,connaître aux migrants potentiels les opportunités réelles d’insertion durable dans le tissu socio-économique européen et ,d’autre part, en attirant l’attention sur les dangers qui caractérisent le choix d’entreprendre un parcours migratoire illégal. Nous devons informer nos jeunes en leur montrant que l’Europe n’est pas l’Eldorado ni le paradis. Etant donné le caractère souvent mystificateur de cette information, il est crucial de développer des actions de contre-information permettant aux migrants de prendre conscience de ce qui les attend réellement en entreprenant un parcours migratoire. » M.Hamadi Boularès directeur général de l’agence nationale pour l’emploi et le travail indépendant a ajouté : « Il faudrait aussi gérer de manière coordonnée et efficace le phénomène de l’immigration lié à des exigences professionnelles car il est inadmissible d’envoyer des migrants sans qualification professionnelle. Nous devrons orienter les sujets qui souhaitent émigrer légalement et surtout définir une stratégie pour améliorer les opportunités d’insertion socio-professionnelle des migrants à travers l’analyse des contextes socio-professionnels du pays de provenance et des territoires de destination » Kamel Bouaouina (Source: « Le Temps » (Quotidien – Tunisie) le 24 janvier 2009)
Le numéro un libyen Mouammar Kadhafi a estimé que l’offensive israélienne dans la bande à Gaza avait « porté un coup à l’Union pour la Méditerranée » (UPM), dans un discours publié samedi par l’agence libyenne Jana. « Nous regrettons ce coup porté à l’UPM alors qu’il était à ses débuts », a assuré le colonel Kadhafi, pourtant un fervent opposant au projet, lors d’un dîner vendredi soir à Tripoli en l’honneur du roi d’Espagne Juan Carlos. Le numéro un libyen n’a toutefois pas tardé à reprendre un ton plus coutumier sur la question. « Est-ce que la destruction de Gaza et le meurtre d’enfants sont parmi les projets concrets promis par l’UPM? », s’est-t-il interrogé. « Je pense que les partenaires du sud (de la Méditerranée) vont réviser leur adhésion à l’UPM », dont fait partie Israël, a-t-il ajouté. Opposé à l’UPM, Kadhafi a proposé que cette Union se limite aux pays nord-africains et du sud de l’Europe occidentale. « La partie asiatique doit être exclue de la coopération euro-africaine », a-t-il déclaré, affirmant qu’il tenait au dialogue « 5+5 », qui regroupe cinq pays du sud de l’Europe (Espagne, France, Italie, Malte et Portugal) et les cinq Etats de l’Union du Maghreb arabe (UMA). Se félicitant des liens « d’amitiés et de partenariat » entre la Libye et l’Espagne, le roi Juan Carlos a affirmé que son pays souhaitait « continuer à participer aux côtés de la Libye à d’autres cadres de dialogue et de partenariat, comme celui de la Méditerranée occidentale » (5+5). Un porte-parole de la présidence libyenne de l’UMA (Algérie, Libye, Mauritanie, Maroc et Tunisie) avait affirmé mercredi que les pays du Maghreb avaient « commencé à revoir » leur participation à l’UPM. Depuis le 27 décembre, date du lancement de l’offensive israélienne meurtrière dans la bande de Gaza, les médias officiels libyens mènent une campagne virulente quasi-quotidienne contre l’UPM, estimant que la guerre de Gaza était le « résultat » de cette union. Ils ont dénoncé notamment la position des pays européens membres de l’UPM, qui soutiennent selon eux l’Etat hébreu.
L’EXORCISME LIBERAL
Par : DERBALI Les néo ou ultra libéraux qui font dans la seule idéologie capitalistique et la thésaurisation pour exploiter les marchés , une arme de destruction massive au sens propre et figuré du terme, ils le font radicalement par une stratégie définie , agressive , souvent dramatique et meurtrière , mais tout à fait logique et rationnelle dans l’esprit et la lettre de leur conception du monde , un monde composé d’une minorité de gens puissants , un club prétorien anachronique à la science économique néolibérale et antisociale, fondateurs de la liberté et de la justice nous dit –on , sans laquelle aucune libération ni paix n’est possible , un monde , qui dans sa profondeur , dans sa nature est absolument antidémocratique et suicidaire , une démesure matérialiste où seuls le bellicisme , l’affairisme , la spoliation , l’exploitation et les détournements font force de loi , ils sont même, la loi suprême ;cette minorité de gens puissants forment un club de décideurs disposant de pouvoirs financiers et militaires énormes , ce sont eux , et très souvent avec l’aide et la complicité mercenaire des dictateurs locaux , comme les tenants de la dictature tunisienne et tous les pouvoirs des états arabes et musulmans réunis , qui exploitent à l’usure et à leur seul profit 80 % des ressources de la planète ; et en face l’indigence d’une très grande masse de gens faibles , exploités, et au service de ces puissants qui survivent avec les 20 % restant ,ces masses démunies, devant, souvent la puissance des armes et la répression de leurs exploiteurs et leurs hommes de paille , ces puissances malfaisantes additionnées qui les spolient de leurs biens et de leurs ressources , leurs richesses et même leur vie , peuvent dans la solidarité , la tolérance et le vouloir se libérer de leurs chaînes , un des projets libérateurs , le plus important dans un schéma démocratique et civilisé , est sans conteste les échanges et la liberté du marché, et ce, sur tous les plans, entre ces peuples , c’est ce qu’on appelle le libéralisme social et à visage humain .Ainsi les individus , les peuples et les nations qui sont le marché subissent cet ordre et gare à celui qui déroge à la règle. De nos jours, les mises à sac et les destructions de n’importe quel pays ne posent aucun problème, qu’ils soient techniques ou bien moraux, et le pire est certainement pour demain. Bizarrement, Ces néolibéraux expliquent la profondeur de la crise que subissent les pays pauvres , ou les pays émergeants et en voie de développement, ce qui est le cas de la Tunisie et de pratiquement tous les pays arabo-musulmans , par les mesures d’interventions gouvernementales prises en vue de relancer l’activité économique, ou de porter secours aux plus démunis et aux sans emplois , ce qui est totalement faux , il y’a bien interventions mais pour des intérêts privés et spéculatifs , qui au contraire , arbitrairement , créent la pauvreté et la misère dans une démarche politique et idéologique coordonnée et préméditée .Ces stratégies locales , en Tunisie comme dans énormément de pays , sont appliquées par des oligarchies de tendance maffieuse et hors la loi , soutenues , financées et armées pour maintenir sous contrôle des nations entières , favoriser l’affairisme et le monopole dans une démarche colonialiste , néocolonialiste qui ne dit pas son nom , mais qu’importe, elle applique et réussit ses forfaitures avec une efficacité extrême. Le capitalisme politique de nos jours fonctionne très mal, car il n’obéit à aucune règle politique ou sociale , ses propres règles le limitent aux simples résultats de ses investigations , c’est pour cela qu’entre autres , au niveau de la planète , il crée plus de problèmes qu’il ne donne de solutions ,la globalisation par la logique des multinationales à l’échelle du monde, par exemple , ne peut se maintenir qu’au prix de la négation des peuples , des cultures et des nations , elle ne peut-être , sur le moyen terme , qu’ une source de conflits , et certainement dans sa lancée , elle finira aussi par être la cause d’une déflagration générale du monde , tellement les résistances à cet asservissement deviennent vives et accentuées et , la prolifération des énormes moyens de destructions accessibles, et disponibles pour ceux qui n’ont plus rien à perdre, dans cette vision des choses, les bases d’interventions, comme l’entité sioniste, sont elles aussi appelées à disparaître, tout est dans le jeu des intérêts, les plus grandes victimes seront sans aucun doute, ces foules idiotes et complètement hystériques et conditionnées d’israéliens qui applaudissent les crimes contre l’humanité accomplis par leur progéniture à GAZA et ailleurs . En Tunisie par exemple , où le système libéral politique et économique, dans son sens philosophique , humaniste et civilisateur est totalement bafoué , réduit à un effet dialectique pour intellos en mal d’inspiration ; les spéculateurs disposent de tout l’appareil étatique , des administrations et leurs personnels , pour dans une démarche propagandiste de politique extérieure qui ne trompe que ceux qui veulent bien la croire , une démarche nihiliste et destructrice qui travaille absolument et totalement pour la pérennité du pouvoir politique de ben Ali , du parti unique et des familles possédantes , enfin pour tout le décorum fallacieux d’une dictature barbare , donner l’impression de vouloir mettre fin à la dépression en tuant dans l’œuf toute initiative, et de n’importe quel ordre qui sort du cadre restreint du cercle du pouvoir dictatorial , est un de ces aspects le plus hideux de ce néolibéralisme maffieux , or dans la réalité des tunisiens il l’a prolonge indéfiniment , car il introduit des rigidités dans les mécanismes du marché , placé sous haute surveillance et partagé en coupes réglées, par toujours les mêmes spéculateurs qui usent l’argent public aux seuls bénéfices de leurs intérêts privés. Les interventions automatiques , spontanés et homogènes , les initiatives individuelles , personnelles , créatives et dynamiques pour le bien de la collectivité nationale , qui ne peuvent exister que dans la transparence , l’intégrité et la solidarité , ne peuvent pas se faire, à cause des interventions des tenants et du personnel de la dictature, et du risque politique , social , humain et économique qu’ils font courir à toutes les initiatives qui se veulent libres et innovatrices , n’obéissant qu’aux seuls codes définis par les véritables règles du marché et de la concurrence saine. Pour la dictature tunisienne et sa folie ultralibérale et criminelle, l’œuvre de KEYNES par exemple, qui fut et demeure la meilleure ordonnance contre le chômage, est une hérésie, au même titre que le marxisme. En fait dans une optique exclusivement libérale, où on peut, par le travail et la production , la transparence et le droit se débarrasser et faire l’économie de l’analyse causale des fluctuations, la raison d’être même d’un pouvoir despotique et népotique telle que celui de la dictature tunisienne, n’a plus aucune raison d’être , c’est seulement en cela , que l’idéologie libérale avec toutes ses composantes analytiques et empiriques , peut et doit jouer un rôle dynamique à l’intérieur des familles, et des appareils des partis politiques tunisiens quelques soit l’idéologie dont ils se réclament, en bref c’est ce qui peut dans le subconscient collectif des tunisiens les différencier et les distinguer radicalement de ben Ali et sa clique. Montesquieu disait et c’est ô combien c’est valable pour nous autres tunisiens, arabes et musulmans « on n’offense jamais plus les hommes que lorsqu’on change leurs usages. Choquer leurs coutumes, c’est toujours une marque de mépris. ».plutôt que d’analyser le système dictatorial en profondeur et surtout ses bastions économiques , car il n’a aucune autre politique que celle qui consiste à amasser coûte que coûte des richesses par la spoliation et la fuite des capitaux , plutôt que de réduire les assises de cette dictature moyenâgeuse à sa seule visibilité traditionnelle , c’est-à-dire les détournements et la fuite des capitaux , les pillages et l’incompétences dans les domaines strictement économiques , ce qui revient à dire dans tous les domaines dans le cas d’un petit pays sans grandes ressources comme la Tunisie , la solution de facilité, pour ceux qui contestent ce régime détestable et voyou, consiste à faire une politique « littéraire » qui tient des bonnes attentions , et de la langue de bois des discours idéologiques aux lexiques plus que dépassés .Le tunisien réagit à la qualité de la vie en général, et au prix du pain en particulier , pas encore à l’épanchement de l’intellect et à la grandeur de sa destinée historique , cet état d’esprit est un privilège pour le citoyen libre , lui, il est dans une situation angoissante de survie ; oui certains , la plus part des opposants démocrates enracinées dans une culture sectaire de la politique, faute de pensée scientifique ou de pensée tout court , décalé des gens et de leurs visions terre à terre des choses qui creusent encore plus leur attentisme et leur soumission, se réfugient derrière des positions dogmatiques passéistes, et sans aucune projection dans l’avenir. Les structures mentales de cette opposition pédante refusent , et refuseront toujours, de reconnaître le changement qui naturellement s’est opéré au sein de la population tunisienne , celle-ci a ses propres priorités nationales et internationales qui sont en contradiction totales avec les intérêts de la dictature , et aussi avec les prétentions ou la plus part des prétentions du bloc démocratique tunisien, car ils ne se limitent pas seulement au changement du pouvoir politique , mais aussi et surtout, ils exigent un changement radical et total de tous les liens sociaux , culturels et économiques de la nation tunisienne , ces liens qui sont érodés depuis plus de cinquante ans par tout un état d’irresponsabilités et d’arbitraires, ces désastres qui ont laminés le pays portent des visages et des noms et sont bien identifiés , ils doivent être , non pas occultés par une libération prudhommesque et politicienne, mais éradiqué par le droit et la justice sans aucune compromission ou opacité, le droit et la justice, socles de la république et seuls garants du véritable renouveau qui redonnera justement à la politique ses lettres de noblesse . Le déficit démocratique en Tunisie, et ce depuis l’indépendance et le conservatisme inhérent à certaines données historiques et culturelles, prenant appui sur la tentation de l’hégémonie capitaliste et aussi l’hydre marxiste ont pu, dans une permanente dépression, interdire à la Tunisie la mise en place de la politique libérale qui eût été souhaitable, et qui répond largement au ferment naturel de sa culture et de sa civilisation. Plus que tout , nos dictatures supportent mal une démocratie authentique sur le modèle libérale de l’occident , elles sont incapables de promouvoir le progrès économique et social qui est la sève du libéralisme authentique et qui fatalement mène à la libération des peuples et à la démocratisation de la vie publique , au dépend de l’opacité népotique des systèmes policiers et prédateurs. Les pays démocratiques et donateurs qui croient aider les pays démunies ,en vérité, aident objectivement les usurpateurs qui les pillent, ils doivent , pour prouver la supériorité, la sagesse et la tolérance de leur système , être réalistes , pragmatiques et transparents , exporter leur système en s’adressant aux peuples, pas à ceux qui les oppriment , ou au pire , les défendre en boycottant ces tyrannies , même s’il y’a le risque que pendant les premiers temps les populations innocentes et opprimées auront à subir des souffrances et des sacrifices , mais laisser pourrir la situation comme dans le cas irakien et pour finir essayer d’arrondir les angles avec une guerre coloniale, ne résout rien , bien au contraire , cette façon de faire et de procéder , met à jour d’autres problèmes encore plus cruciaux, et plus évidents. Réagir par les idéaux et l’éthique qui sont les dynamiques de leurs système ,pour les démocraties , c’est refuser la politique du pire , celle du renoncement et du suicide , il en va même de leur prospérité morale et matérielle. Les pays démocratiques sont dans un système libéral adapté à leurs spécificités , et la tentation néolibérale, ils peuvent sauver le monde et se sauver par la même occasion, car il ne faut pas se faire d’illusion leur survie face au rouleau compresseur néolibéral et les coalitions maffieuses , dépend autant de nous , que notre salut, d’eux ,ils peuvent stopper ces dérives en organisant au niveau de la vieille Europe par exemple, un espace d’échanges solidaires, où les affaires se feront dans un climat sain et juste , le commerce équitable , par exemple , permettra aux pays pauvres de vivre et de progresser normalement de leurs productions , et aux pays riches et démocratiques , par une conduite morale et humaniste , d’apaiser les tensions dans un espace sécurisé par des valeurs démocratiques et des principes civilisés , un espace régulé qui de lui-même sera interdit à touts les extrémismes ,(l’union pour la méditerranée de SARKOSY/MOUBAREK, est évidemment en décalage total avec ces réalités, elle est condamnée, de rester au niveau des vœux pieux, et de l’agitation politicienne) ils peuvent le faire, et il est plus qu’urgent aujourd’hui de réfléchir et de s’activer sur la question , en proposant aux pays à faible ressources , la technique du marché comme instrument des progrès qu’il soit économiques , sociaux ou politique , d’ailleurs le libéralisme à visage humain sans l’une de ces composantes est voué à l’échec , ce marché libre doit être adapté à chaque réalité nationale ,car les industries naissantes des pays pauvres ont besoin d’être protégé contre la concurrence extérieure , pour pouvoir avoir la moindre vertu aux yeux de populations démunies et dominées depuis toujours . Il est évident qu’aujourd’hui dans le cas précis de notre pays, la Tunisie , pays non industrialisé à forte potentialités humaines, que la planification, est l’unique moyen, irremplaçable, pour sortir du sous développement et de la léthargie inhumaine où la plongé la dictature sauvage et destructrice de ben Ali. Planifier et bien équiper notre pays par les mécanismes du marché libre pour concentrer ses ressources en hommes et en capitaux , sans nous vider de notre substance dans la sous- traitance, qui est souvent l’arme de pointe de certains capitaux spéculateurs , la crise du textile et la délocalisation des usines vers d’autres cieux de l’exploitation sauvage en est la preuve évidente , développer un plan, un système de planification souple afin d’orienter , dans le cadre de l’économie de marché , l’utilisation des ressources de la nation selon des règles définies ou l’équité , la justice , la droiture et la solidarité seront les maîtres mots . La perversion des ego et des luttes partisanes des partis de l’opposition tunisienne qui possèdent sans aucun doute d’éminents militants , s’encastre imperturbablement dans le marécage politicien sans aucune portée, ni efficacité active et pratique , pourtant , des tunisiens libres , des tunisiens attentifs et confiants dans les discours d’une opposition décomplexée , logique avec ses prétentions et véritablement pragmatique et réaliste , des tunisiens convaincus de la justesse du combat démocratique, sont capables de changer en profondeur la donne en Tunisie , où tout bute sur les problèmes du développement, le sous-développement emblématique du pays , soyons en sûr , fait le jeu de la dictature , c’est le terreau fertile où elle plante ses dérogations et ses déprédations, et où elle puise sa légitimité sur le plan international , ce développement au niveau des idées et des choix sociaux et économiques , choix qui doivent être par tous les moyens proposés au peuple tunisien , est nécessaire à l’ensemble cohérant d’une opposition responsable dont , jusqu’à présent , elle ne parvient pas à saisir la complexité et l’enjeu. Après l’échec des politiques d’ajustement structurel imposées par la Banque mondiale, qui ont déconnecté l’économie du politique, pour répondre à la rigueur imposante d’une stratégie mondialiste qui ne fonctionne qu’à la rentabilité à outrance, et non pas aux sentiments humanistes , une nouvelle stratégie doit être adoptée et vulgarisée par ceux qui s’opposent aux défraiements de la dictature et ses commanditaires: celle de la cohérence politique dans l’action et le discours , dans l’analyse et les propositions , et celle du développement solidaire sur tous les plans , pour marginaliser autant soi peu la politique suicidaire du régime, et faire la démonstration aux tunisiens qu’une autre vie est possible. La question du développement dans notre pays prend aujourd’hui une dimension plus large et certainement plus dramatique, mais à son niveau et par rapport à ses potentialités ce n’est pas désespéré, des pays moins nantis en tout que le nôtre, suite à leur démocratisation, ont fait des sauts en avant prodigieux dans tous les domaines. À l’horizon se profile une crise du paradigme néolibéral suscitant de nombreux débats. De nombreux germes d’espoir permettent néanmoins d’être optimiste , sur le plan international la défaite du néo-libéralisme sonnera le glas de beaucoup de dictatures qui sévissent dans son orbite ,la nôtre de dictature, encore plus que la plus part des autres, est la chose de ce néolibéralisme , elle est confortée totalement , chaque jour , à son indigence comme à sa perte, cette défaite de la mondialisation et de l’ultra libéralisme se fera certainement dans la violence des faillites, et des occupations militaires , mais tout peut s’accélérer , quand une alliance de fait entre un libéralisme à visage humain , un libéralisme social et solidariste verra le jour, sans aucune spéculation ni arrière pensée chez les alliés naturels des pays arabes , et à qui, ils sont rattachés par l’histoire , l’immigration et la proximité des échanges sur tous les plans ,et cela ne pourra être possible aujourd’hui que grâce à une politique culturelle , économique et sociale libérale, une politique libérale adaptée aux besoins spécifiques des populations , ce libéralisme différent , selon les hémisphères et les perceptions , et fédérateur dans sa substance humaniste et universaliste, doit équilibrer , et les données sociales , économiques et culturelles dans leurs singularités pour mieux les intégrer dans l’universalité vitale des échanges, dans tous les secteurs ,cette coalition des libéralismes « nationaux » et légitimée ,elle ne pourra l’être que par ses versions politiques et dans le cadre rigoureux de la pensée démocratique , c’est la condition naturelle sine qua non de la démarche philosophale de la pensée libérale, aussi , en cela , ce libéralisme est un redoutable adversaire des thèses de l’exclusion , de la gestion spéculative de la pauvreté et de la misère , en cela, il est une dynamique de paix et de progrès , l’exemple le plus frappant de ce qui peut se faire est donné par les pays scandinaves par exemple , qui gouvernés par une idéologie de droite , du centre ou de la gauche, restent inscrits dans une démarche libérale qui ne s’est jamais démentie , où les populations locales n’ont jamais dérogés à ses règles en sacrifiant leur système social ou culturel , pour un tout économique porteur de tensions et de régression naturelles. Les communications, le cosmopolitisme et les interdépendances planétaires se renforcent et se multiplient dans tous les domaines, du crime organisé à l’environnement, en passant bien entendu par le commerce. Les expériences les plus positives doivent être mises en valeur, les plus négatives combattues, et cela ne peut être possible que dans un climat où l’idéologie est au service des problèmes qu’ils soient locaux ou mondiaux. La globalisation est l’idéologie du capitalisme prédateur et froid, menée par les firmes multinationales qui font peu de cas des moyens utilisés, et qui sont la plus part du temps dramatiques pour les plus faibles, c’est-à-dire, toujours, la majorité des êtres humains. La finance internationale est aux commandes, ce qui pose de graves problèmes et risques, comme l’illustrent les crises à répétition que nous subissons et qui ne sont malheureusement pas seulement d’ordre économique. A partir de cet environnement dur, agressif, menaçant et crucial. Il nous faut comprendre une bonne fois pour toute la nature de la dictature de ben Ali , et la placer devant la responsabilité de ses choix inhérents à ses origines liberticides, en s’attaquant à toutes les sources de ses énergies, l’alter mondialisation par exemple est notre allié naturel , cette démarche , comme la nôtre , n’est pas contre le marché en tant que tel , ni contre le libéralisme , compris par elle comme par nous dans sa globalité historique et culturelle , globalité qui ne se limite pas à son aspect économique , elle est contre la spéculation , les détournements , la fraude , la corruption et le népotisme , contre toutes ces dérives qui n’existent et ne peuvent exister que dans un état oppressif et de tyrannie aveugle . L’envers de la mondialisation soi-disant unificatrice est celui des fragmentations sociales, politiques et culturelles ; dans une démocratie libérale toutes ces données fragmentées et asservies se créeront dans un cadre déterminé et libre, et dans une vision apaisée des rapports entre les individus et les peuples , aucune idéologie ne peut répondre clairement et d’une façon récurrente à ces attentes , si elle n’est pas inscrite dans une démarche ouverte et tolérante , et si elle ne s’équilibre pas dans certaines prétentions des autres idéologies , en cela le libéralisme peut être l’élément unificateur sur la plus part des données pragmatiques, et de base, de tous les courants d’un pays aussi jeune que la Tunisie. Il est un élément régulateur et d’équilibre , pas un dogme rigide , que ce soit au niveau du marché et des échanges, que dans tous les domaines de la vie publique , mais il ne peut donner sa pleine mesure que dans un cadre totalement déterminé , responsable, libre et forcément démocratique. Ce qui résulte de la démarche du régime tunisien adepte d’un ultralibéralisme extrême, tribal, clanique et maffieux, c’est que la richesse d’un pays avec d’énormes potentialités humaines, comme la Tunisie est sous-évaluée par la comptabilité spéculatrice , fictive et maintenue en survie artificielle par des montages prédateurs , donc une grande partie de l’activité, comme le travail informel par exemple, s’exerce en dehors du champ de ses mesures et de son activisme ravageur , il est même un obstacle réfractaire et radicale pour elle, d’où la prise en charge « politique » , politicienne par les services de la dictature à travers son parti unique le RCD , de toutes les postes de commandes économiques , industrielles ou culturelles du pays .Les directions et les responsabilités en Tunisie , et ce depuis l’indépendance , n’ont jamais été l’objet des compétences pourtant nombreuses au pays , mais plutôt l’affaire du niveau d’engagement au parti unique des nervis d’un système , qui pour durer , est obligé de tirer la nation toujours vers le bas. Jamais la Tunisie n’a été aussi riche et pourtant, jamais la perception de la pauvreté n’a été aussi vive. La dictature et son ultralibéralisme spéculateur et dévastateur, en créant énormément de richesses fictives, parce qu’elles sont le produit de détournement et de l’exploitation à fond perdu des richesses humaines et matérielles du pays, agit comme un révélateur de ceux qui se trouvent exclus. La lutte contre la pauvreté est inséparable du combat contre les inégalités à tous les niveaux. Démocratisation, pauvreté, recomposition des liens sociaux dans une Tunisie libérée de la tutelle maffieuse de ben Ali, seront pour des générations, le mot d’ordre de toute remise en ordre et en marche efficace et progressiste du pays. La lutte contre la pauvreté ne peut se limiter à une assistance aux plus démunis, elle doit, aussi et surtout, leur permettre de subvenir à leurs besoins pour eux-mêmes et par eux-mêmes, et cela ne peut se faire que dans un cadre sain de justice et de liberté. Il est nécessaire de s’attaquer aux inégalités structurelles entre groupes sociaux, et d’inventer des politiques au profit du plus grand nombre, cela suppose effectivement la mise au pas des secteurs organisés de la spéculation , secteurs totalement hors-la loi et qui dans l’application d’une politique strictement légaliste et libérale , dans le cadre d’institutions démocratiques , seront forcément traités pénalement , or en Tunisie en l’état actuel des choses, l’ultra libéralisme appliqué par les bandes du pouvoir dictatorial est antidémocratique parce qu’antilibéral et vice-versa ,il ne peut se permettre , sous peine de se dénigrer et de disparaître corps et biens ,aucune pose , ou même de temporiser et de jouer l’ouverture (ceci pour dire à certains que la réconciliation selon ben Ali est un marché de dupes). Le système libéral n’est pas dans notre culture une idéologie stricto sensu contenu dans les limites d’un dogme immuable , il est par voie de conséquence contenu dans les démarches singulières de pratiquement tous les groupements idéologiques qui forment le bloc démocratique , ainsi il est vain , comme certains, gratuitement ou par ignorance, s’échinent à le faire , de l’opposer à telle ou telle courant politique à l’intérieur de ce bloc ,car pour l’essentiel, le bloc démocratique tunisien actuel se reconnaît dans l’alternative , le système démocratique , la primauté des institutions et de la constitution nationale, sur les partis et les appareils. L’idéologie dominante qui détruit la Tunisie veut se présenter comme celle de la reproduction en accéléré du modèle des pays industrialisés, avec comme objectif de combler le retard de notre pays sur les pays de tête qui gouvernent le monde , par le bien-être , la qualité et la sécurité de vie , retard , il faut bien le signaler , qui est dû essentiellement aux deux dictatures post indépendance que la pays subit encore ; c’est cette aberration qu’ on essaie de nous vendre et de vendre à l’opinion internationale , ce n’est ni plus ni moins qu’une pratique usée jusqu’à la corde de la propagande du régime tunisien , mais dans la réalité, nous savons très bien que sous cet habillage , la spéculation , les mises en faillites frauduleuses et les détournements battent leur plein .Il ne s’agit pas , il ne suffit pas de prétendre s’inspirer de cette reproduction technologique et de ce progrès occidental , en ignorant l’idéologie , les principes civilisés et les pensées, qui justement, lui ont permis d’exister et de s’accomplir , en clair ben Ali veut donner l’impression d’appliquer à la Tunisie l’industrialisation et la technologie qui ont permis à l’occident de décoller, tout en lui refusant le système démocratique qui a permis et rendu cela possible . L’aide financière et technique du Nord démocratique , qui jouit de la liberté du marché et par voie de conséquence de toutes les libertés , devrait permettre de faire décoller les pays sous-développés et les ancrer pour ce faire et avant toute chose dans la démocratie pour que ce progrès soit pérenne , or à ce niveau là , ces aides ont surtout permis aux systèmes obsolètes du tiers monde de survivre au dépends et contre leurs peuples. La seule solution qui reste pour nous amortir , pour que l’occident nous aide à nous en sortir dignement et sans aucune catastrophe , ni effusion de sang , est d’appliquer dans ses projets et rapports avec nous , les mêmes principes qui lui ont /et lui permettent de vivre dignement et dans la paix ,c’est-à-dire, l’occident démocratique doit s’intéresser aux peuples et non à ses geôliers , il a les moyens de le faire , et le faire le plus vite possible sera bénéfique pour nous , mais surtout pour lui dans ce monde interdépendant. Le principe général est simple : dénoncer le système arbitraire , l’exclure du champs de la coopération politique et financière internationale , aider et encourager par tous les moyens les forces de progrès en Tunisie et la société civile tunisienne , qui reste pour beaucoup à inventer et à la nettoyer de ses scories indignes et parasitaires ,le faire le plutôt possible , pour l’émergence d’une véritable société civile indépendante et représentative , d’une réflexion politique et sociale pragmatique , responsable et intègre , Il va sans dire que cela ne peut se faire avec un régime qui nie tous les principes humains et universels ,avec un parti unique omniprésent à tous les échelons de la société, à la parasiter et un système qui à érigé le mensonge , la corruption , la violence et la tricherie en système de gouvernement , pas plus d’ailleurs avec des formations sectaires et extrémistes qui viendraient à nier la démocratie , les valeurs démocratiques et l’alternative , des groupuscules élitistes qui eux aussi rêvent d’une démocratie sans le peuple .Ensuite aider les tunisiens , ce qui sera la chose la plus simple , tant les potentialités existent ainsi que les techniques ,les aider à mettre en valeur le plus rapidement possible les ressources naturelles du pays, s’assurer de la bonne gestion du domaine public par d’institutions fortes , libres et démocratiques, pour prélever une partie des revenus induits, pour assumer les fonctions régaliennes et d’intérêts collectifs , et pour cofinancer les infrastructures économiques et sociales. Au niveau industriel, la stratégie suivie doit être, celle de la remontée de filière, avec une logique de projets , cela ne pourra être que par l’adhésion volontariste et libre des tunisiens qui croiront à un projet national et collectif , un projet valorisant, qui n’a d’autres finalité que de les sortir une bonne fois pour toutes , de la déchéance et la décadences morale et matérielle où les a plongé la dictature , et du désespoir qui fut depuis longtemps leur unique horizon. En Tunisie, on peut sans aucun problème tabler, et cela toutes les statistiques le confirment, sur une croissance régulière supérieure à la croissance démographique. On constate aussi en Tunisie une lente mais durable dégradation de l’économie à partir des années 1970. Celle-ci et la crise des années 1980 sont liées en partie à la dégradation des termes de l’échange et à l’alourdissement du service de la dette, mais aussi à l’accumulation et l’aggravation de difficultés structurelles. Mais ces catastrophes n’auraient jamais pu arriver dans notre pays sans l’incompétence, ou plutôt les stratégies des usurpateurs du pouvoir politique tunisien, sans l’exploitation à fond perdu pour le pays, mais tout bénéfice pour eux, des ressources et des productions du pays L’inefficacité entretenue par la spéculation, le pillage et l’absence d’innovation dans un système industriel protectionniste dominé par les entreprises étrangères, est une démarche plus que voulue, elle est planifiée sur le très court terme comme une vulgaire opération financière de courtage à l’échelle des ressources générales d’un pays asservis, colonisé dans ses propres fondements. En outre, un État dictatorial comme le nôtre , par le biais de ses administrations aux ordres , qui veut donner une image indépendante et glorieuse de lui , un état hors-la-loi qui est omnipotent et omniprésent dans toutes les sphères de décision par l’illégalité et la subordination , devient inefficace, perd sa capacité à arbitrer entre les intérêts divergents qui le soutiennent, et à garantir le peu qui reste de l’intérêt général à long terme , mais cela n’est pas le soucis de ben Ali , ce qui lui importe c’est son pouvoir personnel, et pour arriver à ses fins , que lui importe le prix que le pays et les tunisiens ont / et auront encore pendant très longtemps à payer à ses mercenaires et ses commanditaires , ceux là même qui le maintiennent en survie artificielle sur tous les plans , pour le dictateur BEN ALI, qu’ils fassent ce que bon leur semble , l’essentiel est qu’ils ne débranchent pas l’appareillage et ne provoquent pas son asphyxie immédiate. Enfin, le bloc démocratique encore une fois a trop négligé le capital humain dans ses stratégies de résistance, comme dans la communication de ses statuts et de son programme, avec une tendance à considérer les populations comme un tout unifié. Finalement, tout cela se traduit par des résultats contradictoires, et des échecs multiples qui participent à l’aggravation de la situation générale des tunisiens, et au renforcement par l’occupation du vide par le système tyrannique de ben Ali de tous les espaces de réflexion et d’action populaire. Les préoccupations de court terme et les exigences de résultats rapides de la part des démocrates sont incompatibles avec les lenteurs et pesanteurs des sociétés si longtemps dominées et asservies , le travail doit être basiques , ludique et sur le terrain , replonger dans le travail ingrat du terrain , du porte à porte et de l’agitation sociale que ce soit sur le plan politique , intellectuel , économique , syndical , social ou culturel , on ne peut mobiliser un peuple dévasté comme le peuple tunisien et lui redonner le goût de vivre et de la nation , si la mobilisation n’est pas bien visible au niveau des cadres actifs et de tous ceux qui remettent en cause le système. Organiser la population en groupements d’intérêts d’une grande variété d’idées et de propositions, qui tissent des réseaux entre eux au niveau national, régional et international, avec comme toile de fond une réévaluation critique de cet ersatz néolibéral qui tient du grand banditisme, et qui détruit le pays en profondeur. Les trois grandes priorités que sont la bonne gouvernance démocratique, la lutte contre la pauvreté et l’instauration d’institutions modernes basées sur le droits et la préservation des libertés publiques, n’auront aucun mal à s’intégrer à une stratégie de développement fondée sur le marché, bien au contraire, elles sont ses contraintes et ses objectifs. Mais malheureusement Le changement le plus visible aujourd’hui en Tunisie est celui de l’affaiblissement de tous les contrepouvoirs, qui ont perdu leur substance et leurs capacités de conception et d’orientation , et cela n’est seulement de la faute de la dictature , qui malgré sa violence et sa barbarie , est incapable de dominer totalement toutes les forces politiques du pays qui se targuent très souvent par le verbiage et les fanfaronnades de se démarquer d’elle , mais qui à la première occasion n’hésitent pas à se compromettre avec elle, et à perdre toute crédibilité aux yeux des tunisiens qu’ils indifférent de plus en plus , ces derniers qui se contentent désormais de gérer d’une façon individualiste leur quotidien fait d’égoïsme , de prostitution et de désordre moral et mental. Toute initiative, aussi transparente et aussi innocente soit-elle, est désormais contesté ou contourné par les tunisiens, d’un côté, du côté du pouvoir elle est réduite par la corruption ou la désinformation, la violence et la torture. Face à cet affaiblissement général de l’être et de l’avoir tunisien, on assiste à une montée en puissance, diffuse et fragile, d’organisations populaires(bassin minier) locales et à des replis individuels, familiaux ou tribaux , cette nouvelle forme de résistance naturelle et pratiquement ultime , posera de plus en plus des problèmes, et sera une très sérieuse menace, que ce soit pour la dictature ou pour l’opposition classique , il serait temps pour les caciques islamistes , par exemple, d’évoluer et de se redéfinir par rapport aux souhaits de leur base , de ceux nombreux qui ont quitté ou qui militent et survivent aux périphéries du parti ,et aussi aux autres partis de se bouger et de faire leur examen de conscience ;les nouvelles forces qui cogitent l’avenir de la Tunisie à leur image risquent d’être tentés par une sorte d’épuration sanguinaire qui ne dit pas son nom. Dans cette situation particulière à notre pays , notre société qui redécouvre de plus en plus ses racines , et prétend au progrès et au savoir comme le possible vital et nécessaire à sa libération, et à l’émergence d’un nouveau pacte social, un pacte qui ne dévalorise ni leur culture ni leur histoire et qui sera garant de toutes leurs libertés, y compris celle d’entreprendre et de bâtir , réalité , qui a toujours été dans leur être et conscience , pionnière, l’idéologie libérale dans sa sève et en tant que telle , n’est pas contestée en interne par une critique culturelle , traditionnelle , coutumière ou scientifique, et par les idéologies protestataires de plus en plus virulentes, agitant aussi bien l’opposition du bloc démocratique dans sa tour d’ivoire ou le tunisien moyen , l’homme de la rue. le libéralisme adapté ou plutôt réintégré dans le jeu normal et démocratique d’une société tunisienne débarrassé de la dictature et de ses voyous , le libéralisme qui existe comme un réflexe naturel dans nos sociétés , dans notre culture , notre histoire et bien sûr dans notre religion , un libéralisme moral , social , ennemi de la spéculation, mais initiateur de toutes les libertés humaines , un libéralisme à visage humain qui est un acte de foi en la liberté , en la souveraineté même de l’individu pour le bien être collectif. Le reconnaître , le saisir en notre circonstance dans les mouvances et les forces politique vraiment représentatives et légitimes en Tunisie, n’est pas de la naïveté et de la concision ,c’est une démarche d’une simplicité coranique (biblique) , elle est plus authentique dans l’âme tunisienne que toute autre philosophie, importée par des aventuriers en mal de reconnaissance , comme ces marxistes et autres gauchistes collaborationnistes ou pas, de la dictature, par exemple , cela pourra être un point de départ important et essentiel à la cohésion et à la mobilisation de cette opposition amorphe , c’est un point de convergence qui peut être largement mobilisateur pour définir un objectif unificateur simple et sans aucune contrainte pour défaire la dictature , compréhensible , et un signal fort aux tunisiens qui attendent et n’attendent plus que du concret et un pragmatisme à toute épreuve pour se mobiliser vraiment . Nous autres tunisiens nous sommes le produit d’une culture définie et d’un apprentissage social qui datent depuis des millénaires , nous sommes un construit social logique et rationnel et non un vulgaire artefact culturel aliéné aux caprices et dérégulations hégémonistes des cours de marché , notre comportement humain étant toujours le produit d’une « culture » qui nous a toujours été propre , d’un apprentissage socialement organisé par l’histoire , la religion , la langue et la civilisation de nos ancêtres, qui ne peuvent être dans notre intime conviction l’ objet d’aucune manipulation politique. Or aujourd’hui, l’ arbitraire culturel de ce néo libéralisme maffieux au service de la dictature tunisienne, inspire sans aucun doute son totalitarisme meurtrier et destructeur. Nous n’avons jamais accepté cela au fond , mais par manque de transparence , d’organisation et de culture politique de combat , nous nous sommes contentés du peu qui nous permet de survivre , ce peu, qui quand même nous distingue de la majorité des pays miséreux du monde , mais qui à la longue nous plongera dans leur enfer , aujourd’hui ce n’est plus qu’une question de temps , tous les voyants indicateurs de la catastrophe sont allumés. Dans notre société opprimée et corrompue, les pratiques culturelles, marginalisées par la dictature pour mieux la fragmenter, correspondent à un ensemble considérable de préoccupations fonctionnelles ou d’aspirations « naturelles » et, de fait, ne se sont jamais remises en cause, d’où l’impression de mimétisme, voire de conditionnement que donnent, de si nombreux comportements, dès lors qu’elles conviennent à des projets individuels donnés. Il n’en reste pas moins vrai, grâce surtout à l’islam et la culture arabe en général, cela avait été nécessaire pour la maintenance et le fonctionnement de notre civilisation si cosmopolite, et si étendue dans le temps et l’espace et si disparates, son humanisme libéral résulte d’un acte de foi et que celui-ci est essentiellement une morale, procédant d’une sorte de sacralisation de l’individu au service de l’ensemble de la collectivité. Rien n’est moins naturel que le « droit naturel », moins spontané, ni moins facile à défendre. Et l’on peut même avancer que la subjectivité de la norme libérale se fonde sur le postulat stricto sensu du caractère essentiel à l’homme, de la liberté et de la responsabilité individuelle. Il n’y a donc, dans cette idée et pratiques libérales, nulle prétention à la vaine objectivité scientiste du marxisme, ou même des grandes idéologies de l’ère industrielle, par exemple, mais une préoccupation matricielle centrée sur les notions de Bien et de Mal, sur la recherche de l’équilibre constant de la gestion de la cité, sur la base de principes dont la logique déontique est remarquablement fertile, comme dirait KEYNES.
La gauche et l’appui à la résistance.
ROSA-ROSSO Nadine
Intervention au Forum international de Beyrouth pour la résistance, l’anti-impérialisme, la solidarité des peuples et les alternatives, le 17 janvier 2009.
La question clé de ce forum est celle de l’appui aux résistances à l’impérialisme, partout dans le monde. En tant que militante communiste belge indépendante, je voudrais aborder uniquement le problème de la gauche européenne sur cette question.
Les manifestations massives dans les capitales et les grandes villes européennes pour soutenir le peuple de Gaza viennent de mettre encore une fois en évidence le problème central : la toute grande majorité de la gauche, y compris les communistes, accepte de soutenir le peuple de Gaza face à l’agression israélienne mais refuse de soutenir ses expressions politiques, comme le Hamas en Palestine ou le Hezbollah au Liban. Non seulement la gauche ne les soutient pas, mais elle les dénonce et les combat. Son soutien au peuple de Gaza se situe sur le plan humanitaire et non sur le plan politique. En ce qui concerne le Hamas et le Hezbollah, la principale préoccupation de la gauche est l’appui des masses arabes à ces formations et non l’intention délibérée et hautement proclamée d’Israël de les anéantir. Sur le plan politique, on peut dire sans exagérer que le souhait (plus ou moins ouvertement avoué) de la gauche se situe sur la même ligne que celle du gouvernement israélien : liquider le soutien populaire au Hamas et au Hezbollah. Cette question se pose non seulement pour le Moyen-Orient mais aussi au sein des capitales européennes parce que la grande masse des manifestants à Bruxelles, Londres ou Paris aujourd’hui y est constituée des populations issues de l’immigration maghrébine.
Les réactions de la gauche sur ces manifestations sont tout à fait symptomatiques. Je vous en cite quelques-unes, mais je pourrais en citer des dizaines. Le site de Res Publica, en France, titre après la grande manifestation parisienne du 3 janvier : « Nous refusons d’être piégés par les islamistes du Hamas, du Jihad islamiste et du Hezbollah ! ». « Quelques militants de gauche et d’extrême gauche (qui ont très faiblement mobilisé) se sont retrouvés littéralement noyés dans une foule dont les opinions sont aux antipodes de ce qu’incarne le mouvement républicain français et de ce que prône la gauche du XXIème siècle. Plus de 90 % des manifestants ont défendu une vision du monde intégriste, communautariste, fondée sur la guerre des civilisations, anti-laïque, anti-républicaine et prôné un relativisme culturel dont on connaît toutes les dérives néfastes, notamment en Angleterre ».
Res Publica n’est ni marxiste ni communiste, mais on cherche en vain sur des sites marxistes le moindre mot positif sur Hamas. On trouvera des formulations telles que « Quoiqu’on puisse penser sur le Hamas, une chose est indiscutable : la population palestinienne a élu démocratiquement le Hamas à la direction de Gaza, lors d’élections qui se sont déroulées sous contrôle international (1). » Et quand on cherche plus loin sur « ce qu’on peut penser du Hamas », on trouve tant sur le site du Parti Communiste Français que sur celui du Parti du Travail de Belgique un article intitulé « Comment Israël a mis en selle le Hamas ». On y apprend que le Hamas a été soutenu par Israël, les Etats-Unis et l’Union européenne, un point c’est tout. Je souligne que cet article a été mis en ligne le 2 janvier, après une semaine de bombardements israéliens intensifs et la veille de l’offensive terrestre dont le but proclamé est la destruction du Hamas.
Je reviens sur la citation de Res Publica parce qu’elle résume assez bien l’attitude générale de la gauche non seulement vis-à-vis de la résistance palestinienne mais aussi des masses arabes et musulmanes eu Europe.
Le plus intéressant de cette citation se trouve dans la parenthèse : la gauche et l’extrême gauche (qui ont très faiblement mobilisé). On pourrait s’attendre, après un tel aveu, à un bilan un tant soit peu autocritique de cette absence de mobilisation, en plein carnage du peuple palestinien.
Mais non, toute la charge est dirigée contre la masse des manifestants (90%) à qui il est reproché de mener la « guerre des civilisations ».
Dans toutes les manifestations auxquelles j’ai participé à Bruxelles, j’ai demandé à des manifestants de me traduire les slogans scandés en arabe et ils l’ont chaque fois fait avec plaisir. J’ai entendu beaucoup de soutien à la résistance palestinienne et beaucoup de dénonciation des gouvernements arabes, en particulier du président égyptien Mubarak, des crimes d’Israël, du silence assourdissant de la communauté internationale ou de la complicité de l’Union européenne. Selon moi des mots d’ordre politiques tout à fait appropriés à la situation. Mais sans doute que certains n’entendent que « Allahu aqbar ! » et se font leur opinion sur cette seule base.
Le fait même que des slogans sont criés en arabe suffit parfois à irriter la gauche. Ainsi le comité organisateur de la manifestation du 11 janvier était préoccupé des langues qui y seraient utilisés. Mais ne peut-on tout simplement pas diffuser les traductions de ces slogans ? Ce serait peut-être le premier pas dans la compréhension mutuelle. Quand nous manifestions en 1973 contre le coup d’état militaire pro-américain de Pinochet au Chili, personne ne se serait aviser de dire aux manifestants latino-américains « Scandez en français, s’il vous plait ! ». Pour mener ce combat, nous avons tous appris des slogans en espagnol et cela ne choquait personne.
Le problème est bien dans la parenthèse : pourquoi la gauche et l’extrême gauche mobilisent si peu ? Et pour être plus clair, la gauche et l’extrême gauche sont-elles encore capables de mobiliser sur ces questions ?
Le problème était déjà évident lors de l’invasion israélienne du Liban à l’été 2006. Je voudrais citer ici un Israélien antisioniste, qui a trouvé refuge à Londres, le musicien de jazz Gilad Atzmon, et qui disait déjà, six mois avant l’invasion : « Depuis pas mal de temps, il est très clair que l’idéologie de gauche se débat désespérément pour trouver sa voie au milieu de la bataille en train d’émerger entre l’Occident et le Moyen-Orient. Les paramètres de ce qu’il est convenu d’appeler le « clash entre civilisations » sont si clairement en place que le militant de gauche « rationnel » et « athée » est à coup sûr condamné à se retrouver plus près de Donald Rumsfeld que d’un religieux musulman ».
Il est difficile de poser le problème plus clairement.
Parmi les paramètres, je voudrais en traiter brièvement deux qui paralysent littéralement la gauche dans son soutien à la résistance palestinienne, libanaise et plus généralement arabe et/ou musulmane : la religion et le terrorisme.
La gauche et la religion
Atterrée par les sentiments religieux présents dans les masses populaires issues de l’immigration, la gauche, marxiste ou non, brandit régulièrement la célèbre phrase de Marx « La religion est l’opium du peuple ». Elle pense ainsi avoir tout dit. Il faut soumettre le peuple à une sérieuse cure de désintoxication et ceci avant tout autre chose. J’aimerais vous lire la citation de Marx qui aboutit à cette conclusion et si je cite Marx ce n’est pas pour me cacher derrière une sommité mais c’est parce que j’espère ainsi faire réfléchir au moins ceux qui s’en revendiquent.
« La religion est la théorie générale de ce monde, (..) sa logique sous forme populaire, son point d’honneur spiritualiste, son enthousiasme, sa sanction morale, son comportement solennel, sa raison générale de consolation et de justification. (…) La misère religieuse est à la fois l’expression de la misère réelle et d’autre part la protestation contre cette misère. La religion est le soupir de la créature accablée, le cœur d’un homme sans cœur, comme elle est l’esprit des temps privés d’esprit. Elle est l’opium du peuple… ».
J’ai toujours été athée et je le reste mais je ne suis pas du tout étonnée de la montée des sentiments religieux dans les peuples. Dans le monde d’aujourd’hui, la plupart des hommes politiques, y compris de la gauche, aiment proclamer leur impuissance : ils ne peuvent rien contre la supériorité militaire des Etats-Unis, ils ne peuvent rien, ou presque, contre les spéculations financières et la logique du profit qui ruinent, affament et tuent des milliards d’êtres humains sur cette planète. Tout cela, c’est « la main invisible du marché ». Mais quelle différence y a-t-il entre une « main invisible » et « l’intervention divine » ? La seule différence, c’est que la théorie de la « main invisible » désarme totalement les masses dans leur soif de justice sociale et économique et que « l’intervention divine » semble souvent les aider à tenir bon et à résister. Que cela nous plaise ou nous déplaise, ce n’est pas en crachant sur des milliards d’être humains que nous allons nous rapprocher d’eux.
La gauche fait exactement la même chose que ce qu’elle reproche aux islamistes : elle n’analyse la situation qu’en termes religieux. Elle refuse d’entendre les propos religieux comme « une protestation contre la misère ». Et on pourrait ajouter aujourd’hui contre l’impérialisme, le colonialisme et le néo-colonialisme. Et par ce refus elle se coupe totalement d’une immense partie des masses populaires. Et je ne peux pas mieux dire que Gilad Atzmon « Plutôt qu’imposer nos croyances à d’autres, nous ferions bien mieuxd’apprendre à comprendre ce en quoi les autres croient. » Parce que si nous continuons à refuser d’apprendre à comprendre, nous passerons le reste de notre vie à nous lamenter sur les sentiments religieux des masses au lieu de les rejoindre dans leur combat pour la paix, l’indépendance et la justice sociale et économique.
A propos de la religion, il est important d’ajouter que le sort réservé à la religion musulmane est fort différent de celui réservé, même par la gauche, à la religion chrétienne. Je n’ai jamais perçu aucune réticence de la gauche à se solidariser avec les évêques latino-américains partisans de la théologie de la libération en lutte contre l’impérialisme yankee dans les année 70, ni avec le catholicisme déclaré de la résistance irlandaise contre l’impérialisme britannique. Je n’ai jamais entendu la gauche critiquer Martin Luther King pour ses références à l’évangile qui ont été un puissant levier de mobilisation pour la masse des travailleurs noirs américains, privés de tous les droits politiques, économiques et sociaux dans les USA des années soixante. La différence de traitement, la méfiance systématique à l’égard des musulmans, tous soupçonnés, sans distinction, de vouloir nous imposer la Charia, ne peut s’expliquer que par l’empreinte indélébile du colonialisme sur nos consciences. N’oublions quand même pas que les communistes, comme ceux du Parti Communiste Belge, ont réussi à vanter les mérites de la colonisation, colportée avec enthousiasme par les missionnaires chrétiens. Ainsi, en 1948, au sortir d’une résistance héroïque des partis communistes contre l’occupant nazi, on pouvait lire dans le programme du Parti Communiste de Belgique pour le Congo :
a) Réalisation d’une seule entité économique Belgique-Congo ;
b) Développement des échanges avec la colonie et valorisation de ses richesses nationales ;
c) Nationalisation des richesses et des entreprises trustées au Congo ;
d) Développement du colonat blanc, du paysannat et de l’artisanat noir ;
e) Extension progressive aux populations noires des droits et libertés démocratiques.
C’est ce genre d’éducation politique des travailleurs qui a abouti à l’absence quasi totale de réaction de ces mêmes travailleurs face à l’assassinat de Patrice Lumumba et de Pierre Mulele, comme des dizaines d’autres dirigeants et militants africains anti-impérialistes. Car « notre » civilisation chrétienne est quand même quelque chose de civilisé, n’est-ce pas ? Et nous ne pouvons étendre les droits et libertés démocratiques aux masses du tiers monde que de façon « progressive », vu qu’elles sont trop barbares pour en faire un bon usage.
C’est exactement ce même type de raisonnement politique colonial qui fait qu’aujourd’hui la gauche se mord les doigts d’avoir soutenu les élections démocratiques en Palestine. Dommage, il aurait fallu être plus « progressif » puisque maintenant la majorité a voté Hamas. Pire, la gauche reproche à l’Occident d’avoir « forcé la main à l’OLP pour organiser des élections législatives en 2006 alors que tout indiquait que le Hamas allait les remporter ». C’est ce qu’on peut lire aujourd’hui sur le site du Parti Communiste Français et du Parti du Travail de Belgique.
Si l’on cessait de se focaliser sur les convictions religieuses, on pourrait peut-être « apprendre à comprendre » pourquoi les masses arabes et musulmanes qui manifestent aujourd’hui pour la Palestine crient « zéro » à un dirigeant arabe et musulman comme Mubarak et clament le nom de Chavez, un dirigeant latino-américain et chrétien. Est-ce que ces masses n’expriment pas ainsi clairement que leur grille de lecture n’est pas, en premier lieu, la religion mais bien la position à l’égard de l’impérialisme américain et sioniste ?
Et si la gauche posait le problème radicalement en ces termes, est-ce qu’elle ne pourrait pas retrouver un petit peu du soutien populaire qui a fait sa force ?
La gauche et le terrorisme
La seconde grande source de paralysie de la gauche dans le combat anti-impérialiste est la hantise d’être assimilée au terrorisme.
Le président de la Chambre des représentants allemande, Walter Momper, la chef de la fraction des Verts Franziska Eichstädt-Bohlig, un chef du Linke Klaus Lederer, et d’autres encore ont manifesté à Berlin en soutien à Israël sous le slogan « Halte à la terreur du Hamas » . Il faut savoir que la formation de gauche allemande Die Linke est considérée par beaucoup en Europe comme une alternative crédible et nouvelle pour la gauche.
Toute l’histoire de la colonisation et de la décolonisation est une histoire de terres volées par la force militaire et reconquises par la force. De l’Algérie au Vietnam, de Cuba à l’Afrique du Sud, du Congo à la Palestine, aucune puissance colonisatrice n’a renoncé par la négociation et le dialogue politiques à sa domination. C’est aussi le sens que Gilad Atzmon vient de donner la semaine passée aux tirs de roquette du Hamas : « Cette semaine, nous en avons appris un peu plus sur l’arsenal balistique du Hamas. Il est évident que le Hamas a fait preuve d’une certaine retenue avec Israël depuis trop longtemps. Le Hamas s’est retenu d’étendre le conflit à l’ensemble du sud d’Israël. Il m’est venu à l’esprit que les volées de roquettes qui se sont abattues sporadiquement sur Sderot et Ashkelon n’étaient en réalité rien d’autre qu’un message des Palestiniens emprisonnés. C’était d’abord un message à la terre, aux champs et aux vergers volés : ’Notre terre adorée, nous ne t’avons pas oubliée, nous combattons encore pour toi, au plus vite nous reviendrons, nous reprendrons là où nous avons été arrêtés ». Ce qu’un juif né sur le sol d’Israël peut comprendre, reste incompris et en tout cas indéfendable pour la gauche européenne : la nécessité et le droit des peuples à reprendre par la force ce qui leur a été volé par la force.
Parce que depuis le 11 septembre 2001, tout usage de la force dans la lutte anticoloniale et anti-impérialiste est répertorié dans la catégorie « terrorisme » ; il n’est même plus question d’en discuter.
Il faudrait pourtant rappeler que le Hamas a été placé par les Etats-Unis sur la liste des organisations terroristes bien longtemps avant le 11 septembre, en 1995. C’est en janvier 1995 que les Etats-Unis ont élaboré la « Specially designated terrorist List (SDT) » sur laquelle on retrouvait pratiquement tous les mouvements, partis et organisations du tiers monde qui ont recours à la lutte armée contre l’impérialisme. Mais c’est surtout après le 11 septembre, et avec le lancement de la « global war on terror (GWAT) », la guerre globale contre le terrorisme de l’administration Bush, que la capitulation d’une grande partie de la gauche a commencé . La peur d’être classée parmi les terroristes ou parmi des partisans du terrorisme n’est plus seulement politique ou idéologique, elle est aussi pratique. La directive de l’Union européenne pour la lutte contre les organisations terroristes a été traduite dans la plupart des législations nationales par un « copier-coller » qui permet aux tribunaux de poursuivre nombre de militants suspectés de soutenir le terrorisme. A Londres, des militants vendant des brochures comportant une analyse marxiste du Hamas ont été arrêtés et leurs brochures saisies. Autrement dit, se renseigner ou en renseigner d’autres sur le programme politique et sur les agissements du Hamas ou du Hezbollah devient une entreprise illégale.
Chacun est donc prié, pour vivre en paix, d’au minimum prendre ses distances et si possible de condamner sans réserve ces formations politiques. Dans ces conditions, on voit mal comment la lutte politique entre la gauche et ces courants pourrait se mener de façon saine.
J’ai donc une proposition très concrète à faire : nous devons lancer un appel pour faire retirer le Hamas de la liste des organisations terroristes. Nous devons nous opposer aux tentatives européennes actuelles d’y placer également le Hezbollah. C’est la moindre des choses que nous puissions faire si nous prétendons soutenir la résistance palestinienne, libanaise et arabe. C’est la condition démocratique minimale pour qu’un soutien à la résistance soit possible et qu’une confrontation des courants politiques différents au sein de la résistance à l’impérialisme soit possible. C’est la condition politique indispensable pour que la gauche ait la moindre chance de se faire entendre par les masses en lutte contre l’impérialisme.
Je suis parfaitement consciente que mes convictions politiques sont minoritaires dans la gauche et en particulier parmi les communistes européens. Cela me préoccupe profondément, non pas pour mon propre sort, je ne suis qu’une militante parmi d’autres, mais pour l’avenir de l’idéal communiste qui est la suppression de l’exploitation de l’homme par l’homme et, dès lors, inéluctablement, l’abolition de l’oppression impérialiste, coloniale et néo-coloniale.
Nadine Rosa-Rosso
(1) Déclaration du bureau du PTB : arrêter le massacre à Gaza, 31.12.2008
(Source: « Le grand soir » le 23 janvier 2009) Lien: http://www.legrandsoir.info/spip.php?article7916