24 avril 2006

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TUNISNEWS
6 ème année, N° 2163 du 24.04.2006

 archives : www.tunisnews.net


AFP: Echec d’une tentative d’émigration clandestine: 7 arrestations AFP: Six morts et quatre blessés dans un accident de la route en Tunisie Mondher Sfar: Quelques graves méfaits de l’antisémitisme sioniste en Tunisie Faouzia: Presse et communication en Tunisie – Faits et chiffres BIJU: C’était une fois Alain Gresh: À propos de l’islamophobie

 
 

Echec d’une tentative d’émigration clandestine: 7 arrestations

 AFP, le 24.04.2006 à 12h28 TUNIS, 24 avr 2006 (AFP) – Les forces de sécurité tunisiennes  ont arrêté sept jeunes Tunisiens tentant de se rendre illégalement  en Italie, a annoncé lundi le journal Assabah.   Les émigrants clandestins ont été arrêtés dans la ville côtière  de Gabès, à 400 km au sud de Tunis, alors qu’ils s’apprêtaient à  embarquer pour l’Italie. Des passeports et une “importante somme  d’argent” ont été saisis, a indiqué le journal sans préciser la date  des arrestations.   Le littoral tunisien et celui de la Libye voisine sont souvent  le point de départ ou de transit pour des clandestins tentant de  rallier les côtes italiennes proches, principalement les îles de  Lampedusa et Linosa, situées entre la Tunisie, la Sicile et Malte.   Les forces tunisiennes de sécurité, dont l’activité s’étend sur  1.300 km de côtes, font fréquemment échec à ces tentatives  d’immigration illicite.   Les passeurs sont condamnés à des peines de prison et les  clandestins font l’objet de poursuites, la Tunisie et l’Italie étant  liées par des accords d’assistance en matière de lutte contre  l’immigration clandestine.  

Six morts et quatre blessés dans un accident de la route en Tunisie

 
AFP, lundi 24 avril 2006 TUNIS – Six personnes sont mortes et quatre autres ont été blessées dans un accident de la route lundi dans la région de Médenine, dans le sud de la Tunisie, a indiqué l’agence TAP (officielle). Un mini-bus transportait neuf passagers lorsque le chauffeur a perdu le contrôle du véhicule et a percuté un piéton avant de heurter le mûr d’un commerce de produits alimentaires. Le piéton et trois passagers sont décédés sur place. Deux autres passagers sont morts à l’hôpital. Quatre autres demeuraient hospitalisés pour des “blessures de différente gravité”, a ajouté TAP.

 
REFLEXION
Montasser Mzoughi   AVEC LE MALHEUREUX DENOUEMENT DE L’AFFAIRE DITE HAMADI FARJAOUI, ON EST EN MESURE DE TIRER LES CONCLUSIONS SUIVANTES:   1- LA VERITABLE CONNEXION ENTRE LES MAFIEUX DE TUNIS ET LE MOSSAD D’ISRAEL NE FAIT PLUS L’OMBRE D’UN DOUTE.   2- LA RELATION ENTRE FARJAOUI, BISMUTH ET LE RABBIN DE TUNIS EST UNE RELATION CONTRE NATURE,MAIS LES OBJECTIFS VISES PAR LES TROIS COMPARSES SONT IDENTIQUES.   3-LE BUT ETAIT DE RAMENER QUELQUES OPPOSANTS A COLLABORER A LA PREPARATION DE L’APRES BEN ALI SELON LE SCENARIO SIONISTE.   4-LA QUESTION ESSENTIELLE EST DE SAVOIR SI LES DIFFERENTES COMPOSANTES DU POUVOIR TUNISIEN ETAIENT AU COURANT DE L’AVENTURE FARJAOUI ET COMMENT COMPTAIENT CES CLANS L’EXPLOITER.   5- LA GUERRE DE SUCCESSION FAIT RAGE A TUNIS, MAIS EGALEMENT A JERUSALEM, A WASHINGTON ET A PARIS.   6- DES LUTTES INTESTINES DECHIRENT LES CHANCELLERIES ET LES COULISSES DES PALAIS POUR PREVENIR

UN EVENEMENT DE LA PLUS HAUTE IMPORTANCE

QUI (SELON DES SOURCES TRES BIEN RENSEIGNEES) SURVIENDRA SANS SURPRISE  A L’AUTOMNE PROCHAIN A TUNIS.   23 avril 2006

 

 

Quelques graves méfaits

de l’antisémitisme sioniste en Tunisie

par Mondher Sfar

 

                      En marge de l’Affaire Sahbi/Hamadi où j’ai dénoncé le rôle de Pierre Besnainou, d’origine tunisienne et Président du Congrès Juif Européen, dans la tentative de captage des opposants tunisiens en vue de favoriser les chances de l’ouverture d’une ambassade d’Israël en Tunisie, je voudrais apporter quelques éléments qui éclairent la portée de cette opération.

 

                      Commençons par cette information donnée le 18 août 2005 par la CICAD, association sioniste en Suisse, équivalente de la Licra :

 

Le Président de la Communauté juive tunisienne, élu au Sénat :

Le Président de la Communauté juive de Tunisie, Roger Bismuth, fait partie de la Chambre des Conseillers tunisiens qui a tenu, mardi 16 août 2005, sa première séance.

« Je suis très ému et fier d’avoir été élu dans cette institution parlementaire, une illustration de la politique d’ouverture et de tolérance qui caractérise la Tunisie », a déclaré ce sexagénaire.

Bismuth a fait état de « la grande répercussion » qu’a eue à l’étranger, notamment aux Etats-Unis et en France, son élection au Sénat tunisien. « Les félicitations étaient surtout adressées au Président Zine El Abidine Ben Ali qui a permis l’élection d’un juif au sein de cette instance », a-t-il fait observer.

Il a mentionné notamment les félicitations reçues du Président du Comité juif américain, Robert Goodkind, pour qui « le fait de porter un juif à un poste parlementaire dans un pays arabe et musulman constitue une marque distinctive de la position qu’occupe la Tunisie dans le monde arabe ».

Quant au Président du Congrès juif européen, Pierre Besnainou, il y relève « un pas positif sur la voie du renforcement de la démocratisation du pays et des relations entre Juifs et Musulmans ».

 

                      Quelques remarques :

 

                      1) Besnainou est un fieffé menteur : Bismuth n’a pas été « élu », mais nommé par Ben Ali parmi le tiers des sièges désignés par lui dans la Chambre Haute. Donc, quand les sionistes font l’éloge de la « Tunisie » qui serait le modèle de la « tolérance », il s’agit en fait non de la Tunisie mais de leur pote Ben Ali qui a décidé de l’entrée de Bismuth au Sénat. Et que l’ami Ben Ali sait envers qui il faut être « tolérant » et envers qui il ne le faut pas, surtout s’agissant des 10 millions de Tunisiens. En matière de « tolérance », la Tunisie de Ben Ali est devenue une véritable « maison de tolérance » pour le sionisme.

 

                      2) En quoi la désignation d’un Tunisien d’origine juive dans les institutions tunisiennes serait-elle en soi une performance extraordinaire en Tunisie, et qui mériterait les éloges des matronnes des « maisons de tolérance » ? En Tunisie tout Tunisien quel qu’il soit est avant tout un Tunisien et ses origines n’intéressent que lui. Depuis quand a-t-on interdit aux Tunisiens d’origine juive de participer aux élections des corps représentatifs en tant qu’électeurs ou en tant qu’élus ? Alors, pourquoi ce tintamarre sur la « tolérance » tunisienne que l’on feint découvrir et attribuer au despote Ben Ali ? La seule explication est qu’on a voulu signifier que ce n’est pas un Tunisien d’origine juive qui est devenu membre du Sénat tunisien, mais précisément un sioniste, et que désormais, le sionisme est entré dans les institutions nationales tunisiennes. Telle est la vraie signification de l’ « élection » de Bismuth à la Chambre des Conseillers, et le sens que les instances sionistes mondiales n’ont pas de déclamer sur tous les toits. Et, inversement, Ben Ali n’est pas dupe de la manœuvre, puisque cette nomination a été conclue en accord avec les sionistes, pour ne pas dire sur leur conseil ‘amical’. Et si Ben Ali mérite les éloges du sionisme, c’est qu’il a toléré qu’un Tunisien  – qui s’affiche ouvertement en tant que sioniste et en tant qu’adhérent d’une officine sioniste : le Congrès Juif Américain – puisse faire partie de la représentation nationale tunisienne.

 

                      3) Plus grave encore, ce sont les juifs tunisiens en tant que juifs que les sionistes font adhérer à l’officine sioniste européenne : le Congrès Juif Européen. En effet, le 19 février 2006, le Congrès Juif Européen a accepté la demande faite par Roger Bismuth pour y faire adhérer la Communauté Juive Tunisienne. En somme, tout Tunisien d’origine juive est devenu désormais officiellement un sioniste. C’est une opération antisémite menée rondement par la plus grande instance antisémite du monde : le Congrès Juif Mondial, auquel adhère le CJE. Il est remarquable aussi de signaler que la même Communauté Juive de Tunisie est devenue en 2001 une organisation « associée » au Congrès Juif Américain ! Nous nous acheminons ainsi à petits pas à ce que les juifs tunisiens puissent un jour élire directement leurs représentants à la Knesset. Le pas est déjà franchi par le même Bismuth qui a participé en Palestine occupée au Parlement International Juif tenu en janvier 2006 à Jérusalem.

                      Ces adhésions à des associations sionistes internationales constituent des actes antisémites qui oeuvrent pour prouver que les juifs tunisiens ont des allégeances politiques étrangères qui les associent ouvertement aux ennemis sionistes de la Tunisie. Autant d’actes antisémites confirmés lors du SMSI en Tunisie par l’appel lancé par Dalia Itzik, ministre israélienne des Télécommunications, aux juifs tunisiens d’immigrer en Israël, appel qui s’inscrit dans la pure tradition antisémite. La Tunisie est devenue une « maison de tolérance » de l’antisémitisme sioniste.

 

                      4) A ce propos, je rappelle que lors des élections présidentielles de 1994, Ben Ali sur recommandation du rabbin de Tunis, a instauré un bureau de vote à la rue de Rome, en plein centre de Tunis, uniquement pour les juifs. Quand j’ai protesté auprès de l’AFP qui a révélé l’affaire, contre cette pratique de soumettre les juifs tunisiens à un traitement spécial digne de l’Allemagne nazie, on n’a pas su me répondre et j’attends encore que l’AFP informe ses lecteurs de mes protestations contre ces pratiques antisémites.

 

                      5) Les Tunisiens d’origine juive devraient être parmi les premiers à protester contre l’affiliation de force des juifs tunisiens dans la centrale sioniste du Congrès Juif Européen, et à condamner le sionisme en tant que mouvement politique antisémite et antidémocratique, qui n’a aucun respect pour les juifs et pour leurs opinions, et qui cherche à les séparer de leurs concitoyens par des provocations incessantes et des appels à l’émigration.

 

 

Paris, le 24 avril 2006

 

Mondher Sfar

msfar@wanadoo.fr

 


 

Sommaire du numéro 53 d’ELKHADRA mis en ligne le 23 avril 2006

http://elkhadra.org/accccueil.htm

http://elkhadra.over-blog.com

 

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http://elkhadra.org/ps.htm

 

POST-SCRIPTUM

Par Derbali

 

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http://elkhadra.org/babaazizi.htm

http://elkhadra.org/lizermeto.htm

 

 

BABA AZIZI, Lizerbou métou

Par Biju

 

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http://elkhadra.org/intoxred.htm

 

L’INTOX ROUGE

Par Fadila

 

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http://elkhadra.org/neoliber.htm

 

LE NEOLIBERALISME … COMME SOLUTION ?

Par RIAD

 

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http://elkhadra.org/pressecom.htm

 

Presse et communication en Tunisie

Faits et chiffres

Par Faouzia

 

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http://elkhadra.org/jeaime.htm

 

Je t’aime moi non plus

Par Nour

 

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http://elkhadra.org/benbella.htm

 

INTERVIEWS :

-Ben BELLA

-Vergès

Par Silvia cattori

 

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http://elkhadra.org/affaireamhamadi.htm

 

AFFAIRE :”AM HAMADI”

 

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http://elkhadra.org/resolusanction.htm

 

Les 65 résolutions de l’ONU votées contre Israël et les 30 veto américains

Par Mandela Way

 

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http://elkhadra.org/norulesnolimits.htm

No Rules, No Limits

Sexual assaults and fabrication of cases against journalists and activists

“Tunisia, Egypt, and Bahrain”

 

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http://elkhadra.org/propo.htm

À propos de l’islamophobie

Par Alain Gresh

 

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http://elkhadra.org/tarikram.htm

TARIK RAMADAN

 

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Presse et communication en Tunisie : Faits et chiffres

Par : Faouzia

Les journalistes professionnels en Tunisie On dénombre aujourd’hui en Tunisie, d’après les chiffres donnés par les services de la dictatures , toujours invérifiables et sujets à caution bien entendu : un millier de journalistes professionnels (contre 639 en 1990), dont 34% sont des femmes, 53% des diplômés universitaires .Encore une fois la très grande majorité d’entre eux sont des fonctionnaires de la propagande officielle , le journalisme tunisien n’a ni éthique  , ni courage  et fait honte à cette noble profession.les rares plumes courageuses et libres se sont exilés , écrivent sur le net , ou crèvent en silence et dans la misère la plus noire en Tunisie. Près de la moitié ont moins de quarante ans. Les journalistes et les directeurs de journaux ont leurs propres organisations professionnelles, organisations qui sont de vulgaires officines dépendantes du ministère de l’intérieur, ministère de la censure et de la désinformation. Cadre légal et constitutionnel La liberté d’opinion et d’_expression est garantie par la Constitution tunisienne. Depuis le 7 novembre 1987,selon  ben Ali et ses complices .Or la plus part des tunisiens qui ont l’imprudence , le courage ou la folie d’exprimer une opinion contraire , même modérée aux versions officielles  sont immédiatement  jetés en prison pour de lourdes  peines de prison , sans aucun respect ni pour la constitution , ni pour  les juridictions nationales ou internationales , le cas dramatique de maître ABBOU et de beaucoup d’autres comme  ZOUARI, JEBALIect..En sont les preuves évidentes et vivantes.D’après la dictature tunisienne de multiples mesures juridiques ont été prises en vue de promouvoir le pluralisme dans les médias, protéger les droits des journalistes et favoriser le libre exercice de la profession. Le Code de la Presse a été amendé en 1988, 1993 et 2001 , Le mensonge est érigé en Tunisie en système de gouvernance , aucun médias d’opposition n’existe vraiment , et souvent très souvent les médias étrangers sont censurés ,et les journaux saisis. Les amendements les plus récents ont dans un sens plus libéral dépénalisé les délits de presse. Le délit de ” diffamation de l’ordre public ” a été ainsi supprimé. Aucun journal ne peut être suspendu en dehors d’une décision de justice. Depuis le 7 novembre 1987, pas un seul journal ou magazine n’a été suspendu. De même aucun journaliste n’a été détenu pour ses activités professionnelles. Lire  ce genre d’affirmation pousse au rire si la situation tunisienne n’est pas dramatique , des journaux  sont toujours saisi , des journaux rares et au contenu même frileux , et les décisions de justice , tous les tunisiens savent qu’elles sont prises par ben Ali lui-même , l’indépendance des juges et des chroniqueurs à tous les niveaux est une vue de l’esprit. La presse est libre en Tunisie et n’admet comme limite que le respect de la Constitution qui proscrit toute forme de fanatisme, de racisme et de discrimination (article 8), et de la loi qui interdit les appels à la haine, et toutes les formes d’incitation à commettre des actes terroristes. L’incitation à commettre des crimes ou des actes de fanatisme religieux ou ethnique est considérée par la loi comme étant elle-même un acte de terrorisme. (Lois de 1993 et 2003).Pour la dictature tunisienne , parler de corruption , de spéculation , de trucage des élections  de dépendance , de torture , de passe droit ect…c’est du terrorisme et de ce fait tombe sous le coup de la loi , c’est-à-dire entre les mains des tortionnaires ,des tribunaux d’exception ect…

La formalité administrative de dépôt légal des organes de presse a été supprimée le 27 mai 2005.C’est risible, mais aucun journal n’est autorisé  d’être publie et sur aucun support Publicité publique Tous les journaux et magazines tunisiens, y compris les publications de l’opposition et les journaux indépendants, bénéficient de la publicité publique. La publicité privée est libre et constitue environ 75% des revenus publicitaires des médias. Encore d’ odieux mensonges  , même les journaux  qui passent leur temps  ç chanter les louanges de la dictature ,  s’ils dérapent sur une seule virgule , oublient n jour de parler  du dictateur ou ne pas publier son portrait retouché ,  subissent le chantage  à l’encart publicitaire dont dépend leur survie .Une seule agence étatique gère les fonds publicitaires et les annonceurs , elle est entre les mains du ministère de l’intérieur et du parti unique , sans ses aumônes aucun médias ne peut survivre en Tunisie.

Soutien aux journaux de l’opposition Outre les subventions publiques accordées directement à leurs partis respectifs, tous les journaux de l’opposition bénéficient d’un mécanisme leur permettant de récupérer 60% des frais déboursés pour l’achat de papier journal. La presse dans son ensemble bénéficie de nombreuses aides indirectes sous forme d’exonérations douanières touchant l’ensemble des matériaux intervenant dans l’impression. L’Etat supporte aussi une part importante du coût des messageries de presse vers l’étranger. En moyenne, l’aide garantie par l’Etat à l’opposition couvre les coûts de production et d’impression d’une revue hebdomadaire diffusée à 15.000 exemplaires. Et en vertu d’un décret amendant la loi de 1999 relative au financement public des partis politiques, l’Etat alloue une subvention annuelle de 120.000 dinars pour les quotidiens et les hebdomadaires des partis politiques et 30.000 dinars pour les autres périodiques.  Voilà encore le genre de mensonge et de contre vérités, il n’existe plus en Tunisie de support médiatique libre et digne de ce nom, le journal du PDP par exemple survit grâce aux aides de ses militants, pour le reste c’est le désert, un véritable paysage lunaire, les journaux et les revues tunisiennes   sont une version nostalgique de la « Pravda », un véritable ethnocide au niveau de la profession. Le président tunisien Zine El Abidine Ben Ali exhorte constamment les journalistes à être plus entreprenants. Il a appelé les médias à ” oser davantage ” et à s’assurer que les ” différents sujets sont traités de façon impartiale, avec audace et responsabilité “.

Il les exhorte surtout à ne faire encore plus de la propagande de sa dictature, à publier les mêmes choses, à ne pas argumenter, à n’enquêter sur rien, et à s’enfoncer encore plus dans son culte de la personnalité

La presse écrite L’on recense actuellement en Tunisie 245 journaux et magazines * (contre 91 en 1987). La grande majorité de ces publications (90%) appartiennent aux privés et déterminent librement leur ligne éditoriale. Les partis de l’opposition publient leurs propres journaux. De nombreuses organisations et associations professionnelles ont également leurs propres publications (dont l’Union Générale Tunisienne du Travail qui publie un organe hebdomadaire). Des chiffres grandiloquents, mais qui dans la réalité sont risibles, le niveau de vente des journaux tunisien est calamiteux, tous ce sont semblables, et n’importe quel journal étranger mis en vente en Tunisie arrive  en quelques heures à disparaître des stands, en fait les journaux tunisiens  même gratuits peinent à trouver preneurs, ces torchons sont de vraies feuilles de propagande.

 Radios et TV privées ” Radio Mosaïque ” la première radio privée en Tunisie a commencé à émettre en novembre 2003.

Une deuxième radio privée FM “Radio El Jawhara”, a commencé également à émettre en juilet 2005, à partir de Sousse.

Une chaîne de TV privée (” Hannibal TV “) a également été lancée en février 2005. D’autres chaînes de radio et de télévision sont prévues.

La création de chaînes de radio et de télévision privées est venue concrétiser l’engagement pris par le Président Ben Ali “d’ouvrir l’espace médiatique au secteur privé” et d’élargir les prérogatives du Conseil Supérieur de la Communication pour inclure l’examen des demandes relatives à l’ouverture de chaînes de radio et de télévision privées.  Les radios dites privées sont la propriété de la famille et des proches du dictateurs, elles sont tout juste des affaires financières pour l’abrutissement des masses, quand aux sujets qu’ils traitent, elles rivalisent de propagande avec  la radio « nationale », celle qui est considérée  comme étant celle du ministère de l’intérieur. Idem pour les télévision en pire même.

Diversité de la diffusion radio et télévisée La radio et la télévision traitent des différentes préoccupations des Tunisiens. Les débats parlementaires sont diffusés en direct à la télévision. Des dossiers télévisés en direct retransmettent les opinions des représentants de l’opposition et de la société civile. Outre les programmes des radios et télévisions nationales, cinq chaînes régionales couvrent les diverses régions du pays. Des chaînes de radio et de télévision spéciales sont destinées aux jeunes auditoires (TV21 et Radio Jeunesse).

Ces affirmations des services de la propagande  de ben Ali  suffisent à elles mêmes , tellement c’est odieux et puérils , les tunisiens rient jaune en lisant ce genre de calamités , les étrangers avisés de la question tunisienne aussi.c’est sur ce plan que le travail des démocrates doit insister.les chaînes paraboliques du monde sont un outil important pour combattre  cette propagande.M.Marzouki , par ses passages fréquents sur ces chaînes fait un mal terrible à la dictature , que Dieu le protège.

Les correspondants étrangers en Tunisie Des centaines de correspondants étrangers visitent chaque année la Tunisie. Environ 70 sont accrédités en permanence à Tunis. Tous les correspondants et envoyés spéciaux bénéficient des conditions adéquates pour le libre exercice de leur profession et de multiples facilités pour mener à bien leur mission.

 La censure et les agressions  contre les quelques  journalistes étrangers accrédités  en Tunisie   sont légions. Accès aux médias étrangers Environ 950 publications et journaux étrangers sont diffusés dans le pays (contre 450 en 1987). Pratiquement tous les ménages tunisiens ont accès à la radio et à la télévision. La majorité des foyers tunisiens sont équipés de paraboles et captent directement les programmes des télévisions satellitaires mondiales. Deux sociétés de télévision étrangères fournissent un accès par abonnement aux programmes étrangers, notamment en français et en anglais.

Les médias étrangers dés qu’ils s’intéressent à la Tunisie, dans sa vérité  et avec intégrité sont immédiatement censurés. Quand aux télés et aux radios étrangères  la dictature est dans l’impuissance de faire quoique ce soit.  Les médias tunisiens et Internet Les journalistes professionnels bénéficient de tarifs spéciaux de connexion à l’Internet. La plupart des journaux et magazines tunisiens ont leurs propres sites. La radio et la télévision tunisiennes sont diffusées en ligne en direct.

Tous les sites tunisiens dignes de ce nom ; les sites militants et ceux des partis démocratiques, ainsi que les blog personnels sont censuré par une armée de flic de l’ATI (agence tunisienne  informatique) dépendante du ministère de l’intérieur.

Citons pour mémoire : TUNISNEWS, ELKHADRA, NAWAAT, YEZZI.ORG, SITE du CPR, site du PDP, NAHDHA.NET etc.… ainsi que tous les blogs  d’opposition

PS : Toutes les parties des textes soulignées sont  l’œuvre des services de propagande de ben Ali

(Source : l’e-mag « Elkhadra », N° 53 du 23 avril 2006)

URL: http://www.elkhadra.org/pressecom.htm

 


C’était une fois

Par : BIJU   Je ne sais pas pourquoi, au cours d’une promenade dans la frontière sud ouest de la Tunisie, ma Tunisie gironde à me crever les veines, à me redonner une seconde jeunesse et merde aux artères, m’est soudain revenue en mémoire l’allusion que SK avait faite à Bilel notre contrebandier et “haregue” intellectuel, fils de Bab Ejedid et grand amoureux de la montagne et du ballon rond.   Étrange chose n’est-ce pas : «Quand la mémoire va chercher du bois mort, elle ramène le fagot qui lui plaît» dit quelque part un conteur dont je crois me souvenir qu’il est arabe du DJERID , mais qu’importe tous les bons conteurs sont arabes et ont de forte chance d’être des natifs du DJERID .   Ce conteur qui avait ébloui SK , de toutes les façons, aussi , il ne pouvait être autrement , son arabité autant que son islam sont jubilatoires, sains , et plus qu’humain , mon ami et mon frère qui survit depuis un an et des murmures dans la quatrième dimension de la non- vie , que Dieu dans sa miséricorde et son immense générosité le bénisse .   Il n’y avait aucune relation entre ma promenade tranquille dans ma patrie et le souvenir de SK , logiquement .Mais moi la logique comme Descartes depuis ma première acné m’ont jeté dans les bras de la folie , je lui ai souvent fait ses courses , à la folie , jamais je n’ai bradé un seul instant du bonheur , ni ulcère , ni insomnie , rien que la démesure en tout dans les nues ou au ras des pâquerettes , tout ce que j’aime n’a pas de fin , ni les idées , ni les hommes.   Quoi qu’il en soit, cette réminiscence s’est peu à peu construite dans ma tête avec l’évidence des vérités historiques avec lesquelles par lassitude je ne pouvais absolument pas tricher, tricher est un verbe plus que noble, il te permet de te couler entre les gouttes des infamies et de ne rien ignorer de la bonté de toutes les choses. SK était un politique brillant qui avait comme beaucoup remis en cause les pratiques de certains caciques et autres arriérés d’ENNAHDA , notre amitié était partie d’amis communs , nous n’étions ni du même bord , ni même de la même culture politique , en bref nous nous sommes retrouvés au niveau des idées quand il avait été exclu arbitrairement d’ENNAHDA et assigné à l’enfer de l’oubli par le pouvoir politique français de l’époque sous la botte de Pasqua à la demande de son ami intime ben Ali , grand protecteur du fils PASQUA un gangster cherché par Interpol , un peu comme le frère de ben Ali et réfugié d’ailleurs l’un comme l’autre dans notre pauvre pays.   Ce beau pays qui au fil des ans est devenu un sanctuaire pour toutes les maffias . Très engagé politiquement, dés son plus jeune âge , il avait très vite choisi une structure politique qui remettait en cause le pouvoir dictatorial de Bourguiba.   Aujourd’hui en ces années de turbulences , lui sur sa chaise roulante , moi et Fatma plaisantant de sa réclusion de DIGNES , aujourd’hui plus que jamais , je me rends compte de la force d’amour que ce petit homme avait et a pour sa patrie , aujourd’hui je me rappelle plus que jamais et avec tendresse d’il y’a plus que trente ans quand il organisait dans mon quartier de Denden des réunions clandestines chez feu SAHNOUN JOUHRI , qui était plus qu’un frère pour moi , à l’époque je n’avais jamais accepté d’assister à ces réunions , je n’étais qu’un passager , ma vie se passait en France , la musique comptait plus pour moi que la politique , et même l’islam.   Pourtant mon ami SALAH KARKER est un fin mélomane , c’était le destin , déjà en ces temps là , je n’avais même pas pris le temps de bien le connaître.   Un an dejà, ici dans notre silence partagé par la force des choses, tu es plus loin qu’à DIGNE-les-BAINS.   (Source : l’e-mag « Elkhadra », N° 53 du 23 avril 2006) URL: http://elkhadra.org/ps.htm  


À propos de l’islamophobie

Par Alain Gresh (*)   L’utilisation du mot ” islamophobie ” a suscité un débat légitime, qui mérite approfondissement. Le terme est-il le mieux à même de rendre compte de certains phénomènes que nous connaissons en France, et plus largement dans le monde occidental ?   Une remarque sémantique préalable. ” Phobie ” vient du mot grec ” phobos ” qui signifie fuite (due à la panique), d’où un effroi, une peur intense et irraisonnée. C’est ce caractère ” irraisonné ” que met en avant le terme “islamophobie “, et non une critique rationnelle.   Premier argument contre son emploi : il reviendrait à interdire toute critique de l’islam comme religion. Pourtant, quand la presse ou des intellectuels dénoncent la ” judéophobie “, personne ne pense qu’il s’agit ainsi d’un refus de la critique de la religion juive ; en revanche, pour certains, il définit mieux que l’antisémitisme certaines formes nouvelles de haine des juifs. S’il est vrai que certaines musulmans peuvent brandir l’islamophobie pour bannir toute critique de l’islam, cela ne doit pas nous décourager : la judéophobie ou l’antisémitisme est aussi utilisé par certains pour interdire toute critique de la politique israélienne. Faut-il bannir l’usage de ces mots pour autant ?   Chacun a le droit, en France, de critiquer les religions. Le blasphème est même autorisé. Durant ces derniers mois, on a vu fleurir les références à Voltaire et il est vrai qu’il fait partie de l’héritage culturel française. Mais quand il s’attaquait à l’Eglise catholique, il prenait des risques sérieux en s’en prenant à une puissance temporelle et spirituelle omniprésente ; Dénoncer l’islam dans notre société ne comporte pas de danger, si ce n’est de s’acquérir une notoriété facile. Nombre de ceux qui se réfèrent à Voltaire ne semblent en avoir gardé qu’un souvenir assez vague. S’il a publié une pièce, assez mauvaise – le théâtre ne fut pas son point fort -, dénonçant Mahomet, il a aussi écrit , en 1770 : ” Dans cette prodigieuse étendue de pays [terres gouvernées par le Koran] il n’y a pas un seul mahométan qui ait le bonheur de lire nos livres sacrés et très peu de littérateurs parmi nous connaissent le Koran. Nous nous en faisons presque toujours une idée ridicule, malgré les recherches de nos véritables savants. L’Alcoran passe encore aujourd’hui pour le livre le plus élégant et le plus sublime qui ait encore été écrit dans cette langue. Nous avons imputé à l’Alcoran une infinité de sottises qui n’y furent jamais . ”   Entre l’appréciation de Voltaire et celle de Houellebecq (” La religion la plus con, c’est quand même l’islam. Quand on lit le Coran, on est effondré, effondré ! La Bible, au moins, c’est très beau parce que les juifs ont une sacré talent littéraire “), il y a l’abîme qui sépare la volonté de savoir de l’ignorance érigée en argument.   D’autres publicistes s’indignent : on aurait le droit de critiquer le pape Jean-Paul II et l’islam serait au-dessus de tout jugement ! Mais cela est-il vrai ? Bien sûr, on peut trouver des caricatures insultantes du pape, mais l’image globale qui se dégage du personnage est-elle vraiment négative ? On a célébré récemment le vingt-cinquième anniversaire du pontificat de Jean-Paul II et les éloges ont très largement dominé ; pourtant, au même moment, un documentaire de la BBC révélait que des envoyés spéciaux du Vatican envoyé en Afrique expliquaient aux populations que le préservatif ne protégeait pas contre le sida ! Imaginons un instant l’inverse : un haut dignitaire musulman ayant envoyé des missionnaires pour tenir le même discours ; peut-on imaginer un instant que les médias français donneraient de ce personnage, indépendamment de ce prêche, une image positive ?   Quoiqu’il en soit, je le répète, le droit de critiquer les religions est imprescriptible. Et chaque pamphlet hostile à l’islam n’est pas forcément ” islamophobe “. Alors, pour éviter toute ambiguïté, ne vaudrait-il pas mieux préférer au terme ” islamophobie ” celui de ” racisme ” (anti-arabe, ou anti-maghrébin) ?   Il faut revenir un moment sur les origines du mot islamophobie. Une recherche sur la base du Monde indique que ce quotidien a utilisé deux fois le terme entre le 1er janvier 1987 et le 10 septembre 2001, l’une en 1994, l’autre en février 2001 .Soheib Bencheikh, souvent présenté comme le porte-parole d’un islam libéral, l’utilise comme titre de chapitre dans Marianne et le Prophète ; il écrit que l’islam suscite en France ” un sentiment de rejet quasi unanime, implicite dans les discours, et assez catégorique dans l’imaginaire collectif des Français. ” Si on consulte la base du Monde diplomatique avant 11 septembre 2001, le terme est utilisé deux fois : l’une dans un reportage sur Marseille (juillet 1997), qui reprend des citations de Soheib Bencheikh et l’autre par Tariq Ramadan (avril 1998), qui cite l’étude commandée en Grande-Bretagne par le Runnymede Trust en 1997, dirigée par le professeur Gordon Conway, Islamophobia : Fact Not Fiction, octobre 1997. Quant à l’affirmation de Caroline Fourest et Fiammetta Venner, dans Tirs Croisés, selon lesquels le mot aurait été inventé par les mollahs pour contrer les critiques du régime iranien, elle ne repose sur aucune source précise ; et leur livre est tellement approximatif dans ses références et citations, qu’on ne saurait prendre leur affirmation pour argent comptant – d’ailleurs on trouve le terme déjà utilisé dans un texte de 1925, leurs auteurs parlant d’un ” accès de délire islamophobe “.   Quoiqu’il en soit, le terme ” islampohobie “, utilisé très ponctuellement jusqu’au 11 septembre 2001, est devenu d’usage courant, non seulement en France mais aussi aux Etats-Unis et dans tous les pays européens. Il semble donc répondre à une conjoncture nouvelle.   Il nous faut distinguer deux niveaux : celui du monde et celui de la France. Le premier nous amène à nous pencher sur la politique américaine, telle qu’elle se déploie après le 11 septembre 2001. Jusque-là, elle était marquée par une attitude ambiguë : un politique anti-Arabe et pro-israélienne ; une alliance avec un certain nombre de groupes islamistes et l’Arabie saoudite dans la lutte contre l’URSS et le communisme, alors même que la révolution iranienne crée une certaine inquiétude. Le thème de la ” menace islamique ” est limité à certains cercles intellectuels, proche des thèses du gouvernement israélien.   Après le 11 septembre, cette vision devient celle de l’administration Bush : l’Occident est confronté à un nouvel ennemi, aussi dangereux que l’étaient en leur temps le nazisme et le communisme. Fleurissent alors des ouvrages sur la IIIème guerre mondiale, au moment même où l’administration Bush met en oeuvre une stratégie militaire et politique d’intervention et d’hégémonie. Sans développer une argumentation détaillée, faisons deux remarques sur cette comparaison :   La ” menace soviétique ” fut largement gonflée dans les années 1980 par l’administration Reagan et par quelques intellectuels ; l’émission ” La guerre en face “, avec Yves Montand, selon un scénario de Jean-Claude Guillebaud et Laurent Joffrin, pouvait faire croire, sans rire, à une invasion de l’ouest du continent, sur FR3 le 18 avril 1985 – non, ce n’était pas le 1er avril ; combien d’intellectuels français ont soutenu les moudjahidin afghans, sans aucun esprit critique (notamment sur la question de leur vision de l’islam), au nom de la lutte contre la ” menace soviétique ” ? la ” menace islamique ” n’est jamais vraiment définie. Bien sûr, il existe des groupes terroristes qu’il faut combattre, qui mènent une croisade au nom de leur interprétation de l’islam. Mais ces groupes sont minoritaires et, contrairement au communisme par exemple, sont bien incapables d’attirer de leur côté une partie significative des opinions occidentales ; d’autre part, ces mouvements ne s’appuient sur aucune puissance étatique significative, comme le nazisme (avec l’Allemagne hitlérienne) ou le communisme (avec l’URSS et aussi la Chine).   Cette vision d’un ” danger mondial ” – qui met dans le même sac la lutte en Tchétchénie, celle en Palestine et Al-Qaida – s’accompagne, en France de certaines particularités dues, à la fois à l’histoire coloniale et à la présence de nombreux immigrés venant notamment d’Afrique du Nord. La vision de l’islam a toujours été négative durant la période coloniale et les propos ouvertement racistes sont monnaie courante. La résistance des Algériens à la pénétration coloniale – et notamment le refus de se convertir (comme en Cochinchine ou en Afrique noire) – sont interprétées comme une preuve de fanatisme.   En Algérie, on divise la population entre les Français de souche et les Français musulmans, ces derniers étant des nationaux mais pas des citoyens. L’accession de l’Algérie à l’indépendance et la fin de l’empire colonial provoque quelques changements. Les immigrés, désignés d’abord comme Nord-Africains puis comme Arabes, vivent un racisme quotidien et les attaques de l’extrême droite. La place accordée à l’islam dans ces campagnes tend à diminuer, même si quelques livres tentent de redorer ce thème : Le Radeau de la méduse, de Jean-Pierre Péroncel-Hugoz (1982) et De l’islam en général et du monde moderne en particulier de Jean-Claude Barreau (1991).   La montée du Front national et la concurrence entre la droite et lui dans les années 1980 va durcir à nouveau certains discours, comme celui de Jacques Chirac parlant des ” odeurs “. En même temps, le racisme s’abrite de plus en plus derrière les ” différences ” culturelles ou religieuses, qui mettraient en danger l’identité de la France. Dès la fin des années 1980, notamment avec la première affaire du foulard, émerge l’argument selon lequel l’obstacle à l’intégration serait religieux et culturel – c’est l’islam, dans son essence même hostile à la laïcité et à la démocratie, qui créerait un obstacle à l’assimilation des immigrés.   C’est ce qu’explique, par exemple, Claude Imbert, directeur du Point, selon lequel on a atteint ” les limites de la tolérance ” :   ” Les Français n’ont jamais craint l’immigration [assertion que dément toute l’histoire du XXème siècle], parce qu’ils ont toujours réussi à l’intégrer. Mais, avec plus de trois millions de musulmans, ils voient désormais que la magie du creuset national n’opèrera pas comme jadis avec Polonais, Italiens, Espagnols et autres Portugais. La difficulté nouvelle n’est nullement raciale : elle est culturelle, religieuse et tient à l’islam. ”   Et de nous éclairer par ” quelques vérités ” : l’islam a une ” propension à mêler le spirituel et le temporel ” ; il ” a développé dans certaines de ses traditions un fanatisme abominable “. Rien sur le chômage ou le racisme qui frappe les jeunes d’origine maghrébine, mais quelques variations essentialistes sur l’islam, qui deviendront l’un des thèmes favoris du directeur du Point au cours des années qui suivent : l’islam est incompatible avec ” nos ” libertés, avec ” nos ” sociétés, avec la démocratie. On comprend qu’il se revendique d’abord ” un peu islamophobe “, puis islamophobe tout court .   On voit s’affirmer une vision essentialiste de l’islam politique : celui-ci serait monolithique et se résumerait à l’application de la charia, aucune différence n’est faite entre les divers courants, qualifiés tous d’intégristes pour le discréditer, mais sans qu’on puisse savoir exactement ce que ce terme recouvre. Ainsi on met dans le même sac, le Hamas et Al-Qaida, les Frères musulmans égyptiens et le Jihad, l’insurrection tchétchène et le parti de l’Islah au Yémen. En France, on confond allègrement l’Union des organisations islamiques de France (UOIF )- elle-même divisée en multiples courants et tendances -, le Collectif des musulmans de France, les groupes salafistes.   Alors que nous reconnaissons que, au nom du christianisme, se sont construits des courants aussi divers que la théologie de la libération et l’Opus Dei, nous sommes aveugles devant les clivages dans les organisations islamiques : du Coran, on ” déduirait ” une seule politique, une seule vision du monde. Se renforce dans l’opinion l’idée d’une menace omniprésente à la démocratie (avec un composante internationale) et à la laïcité, renforcée par l’existence d’une ” cinquième colonne ” massive que sont les musulmans. Personne n’a relevé cette affirmation de Jean-François Revel, dans son livre L’Obsession anti-américaine. Il se félicite du fait que George W. Bush et plusieurs dirigeants européens se soient rendus dans des mosquées après le 11 septembre, pour éviter notamment aux Etats-Unis que les Arabo-Américains ne deviennent des cibles de “représailles indignes “. Et il affirme: ” Ce scrupule démocratique honore Américains et Européens, mais ne doit pas les rendre aveugles devant la haine pour l’Occident de la majorité des musulmans vivant parmi nous . ”   Vous avez bien lu : ” la majorité des musulmans “. Je ne sais si notre philosophe propose de les expulser, mais sa remarque définit bien le discours islamophobe : sous couvert de critique de la religion, on stigmatise toute une communauté, renvoyée à son ” identité ” musulmane, qui serait ” naturelle “, ” biologique “. Cet amalgame entre religion et communauté est proprement scandaleux et il suscite aujourd’hui un trouble important chez ce que l’on nomme les ” musulmans “, y compris les athées ou ceux qui n’accordent aucun poids à la religion.   C’est ce nouveau masque du vieux fond de racisme anti-arabe et anti-Maghrébin conjugué avec l’idée d’une ” menace ” internationale que le terme ” islamophobie ” recouvre. Dans un texte qui critique son usage , la Licra affirme :   ” Il n’est pas sûr, voire peu probable, qu’il y ait un rejet [en France] de l’islam, mais plutôt un rejet des pratiques intégristes (…) L’acceptation des Musulmans et du culte musulman progresse de façon nette”.   Mais on peut en dire autant du judaïsme : tous les sondages le montrent, la judéophobie est en recul dans l’opinion. Faut-il pour autant renoncer à prendre en compte les actes, très réels, d’hostilité aux juifs, même s’ils ne sont que l’_expression d’une minorité ? Pour les musulmans, le rejet, même en recul, reste beaucoup plus large. L’article de la Licra lui-même reconnaît que, sur l’islam, selon un sondage de l’Ifop fait au lendemain du 11 septembre 2001, les adjectifs à connotation négative ” restent majoritaires “, même s’ils sont ” souvent moins choisis ” qu’il y a dix ans. Et des expressions d’hostilité à l’islam s’expriment plus librement dans les médias, mais aussi dans la rue, par de nombreuses agressions. Il est significatif qu’après tout le débat sur le foulard à l’école, les cas rapportés de musulmans agressés ou discriminés pour raison de leur religion se soient multipliés.   Il est évident qu’il y a un recoupement entre racisme anti-Maghrébin et islamophobie, sans doute renforcé par la visibilité d’une partie de la jeune génération, qui s’affirme ” musulmane ” sur la scène publique et ne rase plus les murs. Il se développe ainsi un nouveau racisme anti-Arabe, porté par une partie des intellectuels et des médias, qui se camoufle sous le drapeau de la lutte contre l’islam. Sans parler de la jonction entre une partie de la droite extrême et de l’extrême droite juive, qui s’est opérée sur le terrain de la haine des musulmans, comme en témoigne l’itinéraire d’un Alexandre Del Valle ou les sites Internet dénoncés par un rapport du MRAP. Ces ” nouveaux habits du racisme ” s’inscrit dans une vision du monde marquée par le ” choc des civilisations “, par la guerre qui serait engagée entre la civilisation et la barbarie. Ainsi, un ouvrage qui a marqué les esprits en France et reçu un éloge presque unanime, Les Territoires perdus de la République, développe un telle vision dont Emmanuel Brenner, son coordinateur se fait l’_expression :   ” Evoquer un conflit de valeurs, c’est aujourd’hui prendre le risque de se voir cataloguer partisan des thèses de Samuel Huntington et de son “choc des civilisations”. Refuser de voir et de nommer un péril ne l’a jamais fait reculer. Il l’a seulement exacerbé. ”   Cette perspective n’est pas seulement, ni même principalement française – même si elle a, dans notre pays, une dimension propre liée à l’histoire coloniale sur laquelle il faudrait revenir plus longuement (en Algérie aussi, ” nous ” voulions libérer les femmes en les dévoilant). Elle est partie des Etats-Unis et sert de cadre de pensée à l’administration Bush. Elle permet d’inscrire chaque fait isolé dans une vision apocalyptique : un musulman qui effectue ses cinq prières et porte la barbe est ” un intégriste ” ; un attentat du Hamas comme le port du foulard par une jeune fille font partie d’une stratégie planétaire. Le terme d’islamophobie a l’avantage de rendre compte aussi d’un phénomène international.   Aucun terme, aussi précis soit-il, ne peut définir une réalité complexe. Mais ” islamophobie ” me semble le mieux convenir, avec les restrictions que j’ai définies au début de ce texte. Il ne s’agit pas d’un usage ” exclusif ” – les termes de ” racisme “, ” discrimination “, etc. restent, malheureusement aussi d’actualité.   En conclusion, et pour éviter toute ambiguïté, je voudrais reprendre une réflexion de Maxime Rodinson sur la manière dont un groupe donné perçoit l’hostilité de la société. Cette hostilité, dit-il, aussi réelle soit-elle, suscite dans le groupe visé ” une hypersensibilité aux critiques, aux attaques et des fantasmes interprétatifs qui décèlent des agressions, des manifestations d’hostilité, même là où il n’y en a pas, dans des attitudes, des paroles, des gestes indifférents. Cette orientation de la perception aboutit même assez souvent à l’élaboration d’un mythe, à la supposition d’une hostilité mythique.   Cette mythification de l’hostilité ressentie est souvent utilisée, plus ou moins consciemment, par les cadres dirigeants du groupe visé dans des buts réalistes, stratégiques et tactiques. Ils élaborent une idéologie d’intouchabilité, favorablement accueillie par la communauté, le groupe qu’ils guident, car elle légitime ses réactions spontanées, elle en fait pratiquement un groupe tabou . ” A cette logique, n’échappent pas les ” musulmans ” et il est évident que l’on ne doit pas céder à la tentation d’en faire ” un groupe à part “, un groupe – ou plutôt des groupes, tant est grande leur diversité – au-dessus de la critique. Mais ce n’est vraiment pas le risque que nous courrons aujourd’hui.   (*) Alain Gresh est rédacteur en chef du Monde diplomatique   URL: http://www.lmsi.net/impression.php3?id_article=224

 


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