TUNISNEWS
9 ème année, N° 2922 du 23.05.2008
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C.R.L.D.H. Tunisie: Urgent : Lâche agression du défenseur tunisien des Droits Humains, M. Messaoud Romdhani AFP: Pèlerinage de la Ghriba: vieux rites juifs perpétués dans la joie à Djerba AP: Tunisie: des milliers de pèlerins juifs font la fête à la Ghriba Bakchich: « La Tunisie paradis du jasmin… et de la torture » Bakchich : Les pouvoirs maghrébins en pétard contre Ménard Jeune Afrique: Flottement dans les banques tunisiennes Jeune Afrique: Presse qui roule n’amasse pas mousse AFP: Tanger abrite en juin une réunion sur l’union pour la Méditerranée Reuters: Turk opposition says AKP declared jihad on judges
C.R.L.D.H. Tunisie Comité pour le Respect des Libertés et des Droits de l’Homme en Tunisie Membre du Réseau Euro méditerranéen des Droits de l’Homme 21ter rue Voltaire – FR-75011 PARIS – Tel/Fax : 00.33. (0)1.43.72.97.34 contact@crldht.org / www.crldht.org
Urgent : Lâche agression du défenseur tunisien des Droits Humains, M. Messaoud Romdhani
Le CRLDHT est vivement préoccupé par la situation d’insécurité et les graves violations de droits que vit le militant tunisien des droits humains M. Messaoud Romdhani, président de la section kairouanaise de la Ligue Tunisienne des Droits de l’Homme et porte-parole du Comité national de soutien à la population du bassin minier de Gafsa. Ce matin du vendredi 23 mai, il a pris le car de la ville de Kairouan pour aller à Tunis, le car a été arrêté au milieu de la route par la gendarmerie de la circulation qui l’a informé qu’il est en état d’arrestation et qu’il doit attendre l’arrivée d’une voiture pour le récupérer. Un quart d’heure après, un policier est venu le voir pour lui annoncer qu’il est libre de ses mouvements et qu’il peut continuer sa route. En arrivant à Tunis à bord d’un louage, un groupe d’agents en civil s’est précipité vers lui pour lui ordonner de remonter le véhicule et de rentrer chez lui. Le refus de notre camarade d’obtempérer lui a valu une avalanche de coups de tout part, d’insultes et de grossièretés et lui ont informé que dorénavant, Tunis lui est interdite. En même temps, et depuis deux semaines, trois véhicules pleins d’agents en civil surveillent son domicile et quadrillent son quartier jour et nuit. Plusieurs d’entre eux grimpent les murs et se mettent sur le toit de sa maison pour surveiller la famille dans ses moindres faits et gestes. Ces atteintes touchent sa sécurité, sa vie privée et sa liberté de circulation et deviennent de plus en plus violentes et terrorisantes. Elles s’expliquent par le rôle essentiel qu’il joue en tant qu’un des principaux acteurs de la solidarité avec le mouvement social tunisien et notamment le « Combat pour la dignité » de la population du bassin minier de Gafsa. Cette stratégie d’acharnement, d’intimidation et de harcèlement permanents mise en oeuvre contre les défenseurs tunisiens des droits humains, dans un climat d’impunité totale, illustre la nature dictatoriale et liberticide du pouvoir tunisien. Le CRLDHT considère ces méthodes, qu’il dénonce avec vigueur, comme faisant partie de la panoplie des actions répressives qui se combinent avec celles, musclées et violentes, exercées notamment contre les journalistes, les avocats, les syndicalistes, les opposants et les défenseurs des droits humains en vue de propager la peur et d’imposer le silence et la résignation à l’ensemble de la société tunisienne. Il attire l’attention des ONG nationales et internationales quant à cet acharnement alarmant que vivent les défenseurs des droits humains et leurs familles et qui ne cesse de s’accroitre en exigeant l’arrêt immédiat de ces violences. Paris, le : 23/05/2008
Pèlerinage de la Ghriba: vieux rites juifs perpétués dans la joie à Djerba
DJERBA (Tunisie), 23 mai 2008 (AFP)- Le pèlerinage de la Ghriba, la plus ancienne synagogue d’Afrique, s’est achevé vendredi à l’issue de deux jours de recueillement pour des milliers de juifs perpétuant des rites millénaires dans la joie sur l’île de Djerba (500 km au sud de Tunis). Sous haute protection, quelque 6.000 croyants venus essentiellement de France, d’Israël et de Tunisie ont mêlé ferveur et fête, alternant prières et rites dans le sanctuaire, divertissement, danses et concerts inter religieux au casino de Djerba. Le Tunisien musulman Houcine Al-Iffrit et l’Israélien Youval Taieb ont donné de la voix en arabe et en hébreu, faisant pleurer d’émotion en implorant en duo « Allah Akbar » et « Chema Israël » ou en improvisant sur le répertoire culte d’Oum Kalsoum, la diva égyptienne de l’Orient. « Magique! », lance Jalila, musulmane venue de Nabeul partager le moment avec son amie d’enfance juive dans cette ville du nord-est tunisien abritant autrefois de nombreux juifs. Avec son tube, « Khalik Bjenbik » (restons ensemble), Mohamed Jebali, vedette de la chanson tunisienne, a répondu présent, lui aussi, à Djerba, en fête pour les pèlerins juifs de la Ghriba. « C’est un vrai succès », commente Monique Hayoun, créatrice de plusieurs sites juifs, dont Ghriba.com, dégustant à l’ombre méchoui et bière fraîche dans le bâtiment jouxtant la synagogue, où des rabbins prodiguaient les dernières bénédictions. Par petits groupes les pèlerins défilent pour une ultime prière, un voeu, allumant un dernier cierge ou préparant la parade rituelle clôturant une « hilloula » sans incidents, avant le repos du Sabbat. Moment fort du pèlerinage, la procession consiste pour les pèlerins à marcher autour de la Menara, objet de culte orné avec autant de foulards noués que de voeux formulés pour la santé, le bonheur, la procréation. « Pour mon frère handicapé, mon amie cancéreuse, mon fils… », compte avec patience, Isabelle, épouse Parisienne d’un natif de Djerba. La procession part de la Ghriba au milieu des chants traditionnels et youyous de femmes avant de s’achever par l’introduction de la Menara dans la synagogue. Et le privilège de l’introduire est vendu aux enchères au profit des caisses de la communauté. La tradition se répète depuis 180 ans à Djerba, affirme le président du comité de la Ghriba en chef d’orchestre incontesté du pèlerinage. A l’origine, se souvient-il, la procession était destiné à collecter de l’huile pour les lampes illuminant le sanctuaire auprès des habitants. La « ziara » qui rassemblait alors uniquement des juifs de Tunisie et de Libye était pour les jeunes une occasion rare de chercher l’âme soeur parmi leurs coreligionnaires, raconte Perez à l’AFP. L’homme se fait « un bonheur » d’accueillir les pèlerins qu’ils viennent pour la première fois comme le Grand Rabbin de Berlin Avraham Daos, ou la nième fois comme Toni Fellah, doyenne des juifs de Libye exilée en Italie. « Kadhafi nous a virés, la Tunisie nous permet de respirer l’air du pays », déclare l’Italien Filo. Son compatriote Khaldoun acquiesce, sous l’oeil des policiers surveillant le déroulement des rites à l’endroit même, où s’était produit l’attentat meurtrier revendiqué par Al-Qaïda le 11 avril 2002. Le président de la Fédération des associations juives, Gabriel Kabla, salue une « vue juste » du gouvernement tunisien pour sa « volonté de soutenir la pérennité du pèlerinage » à la Ghriba. Ce lieu, vieux de 2500 ans selon la légende, accueille annuellement entre le 14è et 18è jour d’Iyyar du calendrier lunaire juif (mai) les descendants de juifs ayant fui la Judée après la destruction du temple de Salomon par Nabuchodonosor.
Tunisie: des milliers de pèlerins juifs font la fête à la Ghriba
jeudi 22 mai, 13 h 36 The Associated Press TUNIS – Sous forte surveillance policière, mais dans une ambiance à la fois festive et recueillie, des milliers de personnes ont accompli jeudi le pèlerinage annuel à la synagogue de la Ghriba, dans l’île de Djerba (sud tunisien). Près de 6.000 pèlerins, venus pour la plupart de France, d’autres d’Italie, d’Allemagne, de Grande-Bretagne, des Etats-Unis et du Canada étaient rassemblés dans ce lieu de culte israélite construit il y a plus de 2.500 ans, sur des pierres du temple de Salomon, selon la légende. Un millier étaient venus d’Israël via la Jordanie, la Turquie, Malte ou la France, en l’absence de vols directs Tel-Aviv-Tunis. « Qu’un pays arabe et musulman abrite un tel rassemblement de pèlerins juifs et leur assure des conditions favorables pour faire la fête et accomplir leurs rites sacrés, c’est un bel exemple de tolérance et de liberté de culte, surtout dans la conjoncture actuelle », s’est réjoui le président de la fédération des associations de juifs tunisiens de France, le Dr Gabriel Kabla. Président de Commission à la Knesset, David Tal a lui aussi fait le déplacement de Tel-Aviv à Djerba où il a relevé avec « satisfaction » le nombre croissant de pèlerins. Et s’est dit convaincu « que les Américains doivent faire plus pression sur les Israéliens et les Palestiniens pour les amener à conclure un accord de paix ». Djerba était encadrée pour la circonstance par un dispositif de sécurité renforcé, des barrages de policiers filtrant toutes les entrées menant aux hôtels où résident les pèlerins et à la synagogue elle-même. Ce dont s’est félicité le président de la Ghriba, Perez Trabelsi, rappelant les « menaces que font planer les organisations terroristes ». Temps fort du rituel: la procession de la Torah (livre saint hébreu) autour de la synagogue de la Ghriba, qui s’est déroulée dans la liesse sous un soleil estival, une masse de femmes en vêtements chatoyants et d’hommes en manches courtes entonnant des chants traditionnels. En même temps, des enchères étaient menées pour la vente de foulards et autres objets, dont les revenus serviront à l’entretien de la synagogue. La fête s’est achevée par une cérémonie en présence du ministre du tourisme, Khalil Laâjimi et des autorités régionales, ainsi que du grand rabbin de Tunisie, Hay Bitane. Le ministre a assuré les fidèles que « la Tunisie demeurera une terre accueillante et tolérante ».
COUPS DE BOULE
« La Tunisie paradis du jasmin… et de la torture »
par Nicolas Beau Est-ce les effluves de jasmin ou l’excès de thé à la menthe ? Le président français, Nicolas Sarkozy, a eu le sentiment, en voyage hier à Tunis, que la situation des droits de l’homme s’améliorait sous la férule du général président Ben Ali. Plus cynique, son prédécesseur Jacques Chirac avait déclaré, lors d’un passage dans la capitale tunisienne, que le premier droit de l’homme était le droit de se nourrir ; et le couscous étant bon en Tunisie, les Tunisiens n’avaient pas à se plaindre, fermez le ban. Mais là, Sarko joue les provocateurs en évoquant une amélioration des droits de l’homme. Qu’on en juge : 2000 opposants politiques, essentiellement islamistes, emprisonnés et torturés ; un couloir de la mort où des disciples de Ben Laden, enchainés et condamnés à mort, attendent une éxécution qui ne vient pas ; des représentants de la FIDH refoulés de Tunisie ; le président de Reporters sans Frontières, Robert Ménard, qui sur le dossier tunisien a montré beaucoup de courage, deux fois tabassé au royaume du jasmin ; l’auteur de ces lignes, auteur en 1999 d’un livre Notre ami Ben Ali, interdit de Tunisie ; la presse française et les sites internet (dont Bakchich) censurée dès qu’elle critique le régime (ce qui le plus souvent n’est le cas ni au Maroc, ni en Algérie) ; une télé nationale digne de celle de Ceausescu ; des opposants constamment surveillés, humiliés, empêchés d’exercer normalement leur travail ; le maire de Paris, Bertrand Delanoë, natif de Bizerte, désormais battu en froid pour avoir osé donner à une rue de Paris le nom de ce grand monsieur qu’était Habib Bourguiba. Et la liste est sans fin ! Du président Ben Ali, écrivait l’écrivain Gilles Perrault, se dégage « la médiocrité lugubre d’un voyou de sous-préfecture ». Que Sarkozy, en quête de soutiens pour sa fameuse Union méditerranéenne, prévue pour juillet, ait besoin de détourner le regard durant les trois jours de sa visite officielle, passe encore. Mais qu’il donne ainsi un quitus à un des pays les moins démocratiques du monde arabe et méditerranéen, est une faute impardonnable. Demain, quand Zine Ben Ubu et sa clique disparaitront à la trappe, le peuple tunisien, un des plus éduqués du monde, se souviendra que la France, en ce printemps 2008, n’a pas été au rendez vous. (Source : Bakchich (Satirique – France), le 29 avril 2008)
Les pouvoirs maghrébins en pétard contre Ménard
par La princesse enchantée Comme dans tous les pays olé-olé avec la liberté de la presse, Robert Ménard n’est pas vraiment populaire auprès des régimes marocain et tunisien, ses deux bêtes noires au Maghreb. Robert Ménard et RSF n’ont jamais ménagé leurs efforts pour dénoncer les vacheries et autres coups bas du régime marocain contre la liberté de la presse et en particulier contre les médias indépendants. L’un de ses faits d’armes reste incontestablement la tenace campagne menée pour la libération du journaliste Ali Lmrabet, embastillé en 2003 pour s’être moqué de Mohammed VI. Communiqué sur communiqué, relais auprès des grands médias internationaux, manifestation musclée au bas des pistes de ski de Courchevel où M6 se prélasse… Tout a été bon pour faire libérer Ali Lmrabet. Robert Ménard s’est mouillé et a pris des risques. Idem lors des grands procès intentés contre les hebdomadaires Tel Quel et Le Journal. Il cogne dur et, au Maroc, on le lui rend bien par médias aux ordres interposés. Ainsi, un hebdomadaire marocain réputé pour inventer des histoires à partir de procès-verbaux d’une police abonnée aux rapports d’Amnesty International a même osé la rime « Ménard-connard ». Amis de la poésie, bonjour ! Robert Ménard a peut-être la dent dure contre le royaume enchanté du Maroc, il y passe toutefois ses vacances. Surtout à Fès, où il a ses habitudes et de bons amis. Les petits moustachus de la Direction de la Sécurité du Territoire (DST) entrent même en transe à la seule évocation de son nom et le suivent à la trace, allant jusqu’à insonoriser les chambres d’hôtes où il pose ses bagages. Mais Ménard est toléré. On ne peut pas en dire autant en Tunisie où il est persona non grata. Impossible pour lui de fouler le sol tunisien. Pour autant, l’ami Robert ne lâche pas le morceau. À chaque dérapage du régime dictatorial du président-à-vie Ben Ali (et Dieu sait qu’ils sont nombreux), RSF dégaine un communiqué qui fait mouche. Tabassage de journaliste par la flicaille locale, menaces téléphoniques, emprisonnement, procès pour diffamation, censures en tous genres… RSF avait même défendu une ancienne journaliste de Bakchich expulsée manu militari de Tunis par les sbires de Ben Ali. À elles seules, les pages Tunisie du site web de RSF sont un condensé des graves dérives du pays du jasmin et de la torture. (Source : Bakchich (Satirique – France), N° 81, le 22 mai 2008) Lien : http://www.bakchich.info/article3774.html
Flottement dans les banques tunisiennes
Une succession inhabituelle de changements de dirigeants a agité les banques tunisiennes à la mi-avril. Le 7, Alya Abdallah a pris les commandes de la Banque de Tunisie (BT), succédant à Faouzi Belkahia, qui se retire pour raisons de santé après avoir contribué pendant seize ans à faire de la BT l’un des établissements les plus solides du pays. La nomination d’Alya Abdallah, par ailleurs épouse d’Abdelwahab Abdallah, le chef de la diplomatie tunisienne, entraîne une permutation à l’Union internationale de banques (UIB), filiale à 52 % de la Société générale française depuis 2002, dont elle présidait le conseil d’administration. C’est un Français qui lui succède, en l’occurrence Bernard David, directeur délégué de la banque de détail hors France métropolitaine du groupe de la Société générale. Mais c’est un Tunisien qui devient directeur général de l’UIB, responsabilité tenue par Philippe Amestoy depuis 2003, puis Dominique Poignon à partir d’août 2007. Kamel Néji, 53 ans, prend leur place. PDG de la Banque tuniso-libyenne (BTL) depuis 2004, il a passé la quasi-totalité de sa carrière dans des banques d’investissement et dans l’ingénierie financière à l’université. Enfin, c’est Golsom Jaziri qui a été pressentie pour diriger la Banque tuniso-libyenne (BTL). Elle était jusque-là directrice générale des changes à la Banque centrale de Tunisie (BCT), grade jamais atteint par une femme dans cette institution. L’UIB en déficit depuis 2002 Si la promotion quasi simultanée de deux femmes à de telles fonctions est un fait sans précédent dans un secteur financier réputé réservé aux hommes, elle ne peut masquer la période délicate que traversent deux des trois banques concernées, toutes deux liées à des groupes français : l’UIB et la BT, respectivement 8e et 9e banques du pays par le total de bilan. La première connaît des difficultés financières depuis plusieurs années. Cotée en Bourse, elle n’a pas réalisé de bénéfices nets depuis l’exercice 2002. L’insuffisance de provisionnements des créances « accrochées » (impayées – aussi nommées classées), qui existait avant la privatisation, s’est aggravée. Le taux de couverture par les provisions atteint l’un des niveaux les plus bas du pays, à 27 %, contre 50 % pour les banques publiques. Le cabinet Deloitte-Ahmed Mansour & Associés, l’un des deux commissaires aux comptes, a d’ailleurs refusé de certifier les comptes de l’exercice 2006, ce qui représente une première dans le pays. « Cette situation, écrit pour sa part le second commissaire aux comptes, d’AMC Ernst & Young, fait peser un risque sur la continuité de l’exploitation. » Il appartient désormais à un Tunisien de redresser la barre. Dès sa prise de fonctions, Kamel Néji a parlé de « refondation » de l’UIB. Et il semble que le mouvement soit déjà engagé. Selon nos informations, un compromis aurait été trouvé entre les autorités financières tunisiennes et la Société générale pour assainir les comptes de sa filiale tunisienne. Le groupe français, qui garantissait jusqu’à présent 52 % des créances classées (à hauteur de sa part au capital), en couvrirait désormais la totalité. Les autorités financières tunisiennes accompagneraient cette opération d’assainissement par des mesures spécifiques. La réussite confirmée d’Attijari Bank (ex-Banque du Sud) dans le même domaine est dans tous les esprits. En deux exercices déficitaires, la filiale du groupe marocain a pratiquement éliminé ses risques crédits, qui ne représentent plus que 3 % du total, contre 19 % en moyenne pour les banques tunisiennes. À la différence de l’UIB, la Banque de Tunisie dispose d’une assise financière solide et affiche les meilleurs indicateurs de la place, dont un taux de couverture des créances classées de 97 %, le meilleur de la place. Mais c’est du côté de l’actionnariat qu’il y a problème. La banque est sous-capitalisée, bien qu’elle dispose d’importants fonds propres : à 1,8 milliard de dinars tunisiens (DT ; 1 milliard d’euros), son total de bilan est équivalent à celui de l’UIB, dont le capital est double. L’annonce du départ de Belkahia s’est accompagnée d’un cafouillage qui témoigne d’une lutte sourde autour de l’augmentation du capital de cette banque privée dont 27 % des actions sont détenus par des actionnaires étrangers, avec à leur tête le Crédit industriel et commercial (CIC, 20 %) français. Fin mars, le conseil d’administration avait décidé d’un doublement du capital par incorporation de réserves avec attribution d’une action nouvelle gratuite pour une ancienne. Le communiqué fut publié dans le journal officiel du Conseil du marché financier et dans celui de la Bourse de Tunis. Cinq jours plus tard, le 2 avril, un second communiqué annulait purement et simplement le premier. En cause, la méthode choisie pour l’augmentation de capital, qui fermait la porte à de nouveaux actionnaires et empêchait l’arrivée d’un actionnaire de référence. Quelle sera la prochaine étape ? Alya Abdallah doit désormais débloquer la situation pour procéder à la nécessaire recapitalisation. En gardant à l’esprit qu’une banque aussi rentable que la BT ne peut guère rester longtemps à l’abri des convoitises ? (Source : « Jeune Afrique » (Magazine hebdomadaire – France), N° 2468 du 27 avril au 3 mai 2008)
Presse qui roule n’amasse pas mousse
Samy Ghorbal La date n’a pas été choisie au hasard : le 2 mai, à la veille de la Journée mondiale de la liberté de la presse, les téléspectateurs tunisiens ont assisté à un spectacle assez inhabituel : la diffusion, coup sur coup, d’abord sur Hannibal TV, la seule télévision privée du pays, puis sur Tunis 7, la chaîne publique, de deux débats contradictoires sur le thème… de la liberté de la presse. Même si les propos tenus à l’antenne sont restés très policés, la diffusion de ces émissions constitue un petit événement. Simultanément, le président Zine el-Abidine Ben Ali lançait un appel aux journalistes tunisiens et à l’association des directeurs de journaux les exhortant à « bannir toute forme d’autocensure et de censure externe » et les invitant à « faire preuve de plus d’audace dans le traitement des sujets ». Ces initiatives interviennent dans un contexte de crise larvée. Car la grogne monte chez les journalistes tunisiens. Le malaise, qui pendant longtemps a semblé ne concerner que les rares journalistes indépendants, s’étend désormais à des catégories qui ne s’étaient pas signalées jusqu’à présent par leur activisme militant : les employés des médias publics. Début janvier, l’Association des journalistes tunisiens, discréditée, s’est sabordée pour laisser place au Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT), dont la direction, issue de la liste « alternative syndicale », conduite par Néji Bghouri, revendique son indépendance par rapport au pouvoir. Fin mars, un groupe de sept journalistes, comptant parmi les plus anciens et les plus expérimentés du quotidien gouvernemental en langue française La Presse, a constitué « un comité de réflexion et de sauvetage » et rendu public un document d’une dizaine de pages pointant les insuffisances, carences et entorses à la déontologie affectant leur journal (voir encadré). Enfin, dernièrement, les employés d’Assahafa, le pendant arabophone de La Presse, leur emboîtaient le pas en réclamant « une répartition équitable des missions » ainsi qu’une revalorisation de la pige et des salaires… « Nous ne reconnaissions plus notre journal, explique Faouzia Mezzi, l’une des signataires du rapport. La Presse était une institution, un journal de référence. Nous y travaillons depuis des décennies, et nous avons constaté sa dégradation, son essoufflement. La plupart d’entre nous approchons du terme de notre carrière, et nous avons voulu prendre nos responsabilités. Ce n’était pas aux jeunes de le faire et si nous les avions associés à notre démarche, peut-être cela les aurait-il desservis. Tous les points qui figurent dans le document ont été soulevés, par deux fois, lors de comités directeurs du journal au cours de l’année écoulée, mais en vain. C’est ce qui nous a amenés à le publier sur Internet, non sans l’avoir, au préalable, adressé aux autorités compétentes. » Manque de moyens La Presse affiche des comptes largement bénéficiaires, grâce aux publicités et à la rubrique, très lue, des petites annonces. Mais sa rédaction manque cruellement de moyens. Et ses journalistes sont régulièrement dissuadés d’écrire par une hiérarchie apparemment soucieuse d’éviter tout ce qui pourrait faire des vagues. Résultat : les genres nobles – enquêtes, reportages, portraits, dossiers – ainsi que les rubriques – « Humeur », « Faits divers », « Pris sur le vif » – ont pratiquement disparu des colonnes du quotidien… Les sept « frondeurs » n’ont été ni sanctionnés ni inquiétés. Interpellée, la direction n’a pas officiellement réagi… mais a promptement fait réparer les toilettes de l’entreprise, qui fuyaient de partout ! C’est peut-être un début. Fin avril, trois des signataires du rapport, Fadhila Bergaoui, Sofiane Ben Farhat et Raouf Seddik, ont été reçus par Chaouki el-Aloui, chef de cabinet du ministre de la Communication et des Relations avec le Parlement, Rafaa Dkhil. Dans le prolongement de cette rencontre, fin mai – la date n’a pas encore été arrêtée -, un séminaire regroupant des représentants du ministère, des journalistes, des spécialistes des sciences de l’information et de la communication, ainsi que des membres de la société civile devrait être organisé à Tunis. Le paysage de la presse écrite a connu de profonds bouleversements ces dernières années. La suppression du dépôt légal pour les publications, effective depuis un peu plus de deux ans, a marqué une incontestable avancée réglementaire. Mais cette mesure attendue n’a pas entraîné les changements espérés dans le contenu des titres, qui se caractérisent toujours par leur uniformité de ton et leur extrême frilosité dans le traitement des questions politiques. Le président Ben Ali était pourtant déjà monté au créneau en 2000 en engageant les directeurs de journaux à écrire en toute liberté et « à le prévenir en cas de tracasseries ». Force est de constater qu’il n’a guère été entendu. Déficit de reconnaissance Si le malaise est profond, les protestations sont essentiellement individuelles, et la mobilisation des journalistes n’a rien de comparable avec celle, par exemple, des avocats. Car la corporation n’en est pas une. La profession manque d’homogénéité et « d’esprit de corps ». Tabloïds et journaux à sensation, qui se sont multipliés, se livrant une concurrence acharnée pour capter la manne publicitaire, ont recruté à tour de bras des personnes qui n’étaient ni formées à l’écriture ni rompues aux règles élémentaires de la déontologie. Peut-être parce qu’ils avaient tendance à voir derrière chaque journaliste professionnel un opposant tapi dans l’ombre. « Les choses ne vont pas en s’améliorant, explique un confrère, qui souhaite rester anonyme. Les conditions matérielles et morales se dégradent d’année en année, et tout ne peut être imputé à la censure ou à l’autocensure. En plus d’être mal payés, les journalistes tunisiens souffrent d’un déficit de reconnaissance. Ils se sentent méprisés par les deux bouts de la chaîne : par leur hiérarchie, ultraconformiste, comme par leurs lecteurs, qui se détournent de leur production au profit des nombreux sites Internet d’information économique de bonne facture qui fonctionnent presque sans entraves. Bref, ils sont touchés par le syndrome du déclassement. » L’absence d’une presse de qualité engendrant, mécaniquement, la dévalorisation du métier, il n’est donc pas étonnant de voir les actions se multiplier, même si, pour l’instant, elles n’ont débouché sur rien de concret. (Source : « Jeune Afrique » (Magazine hebdomadaire – France), N° 2471 du 18 au 26 mai 2008)
Tanger abrite en juin une réunion sur l’union pour la Méditerranée
AFP, le 22 mai 2008 à 19h59 RABAT, 22 mai 2008 (AFP) – Le projet de l’Union pour la Méditerranée, dont la création sera annoncée officiellement le 13 juillet en France, fera l’objet d’un colloque international les 4, 5 et 6 juin à Tanger, la ville marocaine du détroit de Gibraltar, a-t-on appris jeudi auprès des organisateurs. Plusieurs personnalités étrangères participeront à cette rencontre qui se tiendra sur le thème « »Penser la Méditerranée » », selon la même source. André Azoulay, conseiller du roi Mohammed VI, doit participer à l’ouverture de ce colloque. « »Des journalistes, des universitaires, des acteurs du développement économique et des écrivains venant de divers pays méditerranéens évoqueront à cette occasion les aspects politique, économique, technologique et culturel de cette Union pour la Méditerranée qui doit connaître sa naissance officielle à Paris les 13 et 14 juillet prochain » », a-t-on indiqué de même source. Une autre rencontre internationale sur l’Union pour Méditerranée sera organisée à la même date à Fès à l’occasion de la célébration du 1.200e anniversaire de la création de cette ville. Quelque 150 personnalités participeront à cette rencontre visant à « »définir les obstacles politiques et les blocages institutionnels et sociétaux » » dans le pourtour méditerranéen. Selon les organisateurs, la réunion de Fès a pour objectif de « »définir les lignes directrices pour un avenir commun » » pour parvenir à de « »nouveaux rapports nord-sud et un dialogue authentique » ». Selon des sources concordantes, la Tunisie et le Maroc seraient candidats pour respectivement abriter le siège de l’Union pour la Méditerranéen et pour briguer le poste du secrétariat général. Cette information n’a pas été confirmée officiellement à Paris, Tunis et Rabat.
Turk opposition says AKP declared jihad on judges
Thu May 22, 2008 4:11 PM BST Senior AK Party sources told Reuters last week that the party was preparing itself for the possibility that the court may close it down and ban the prime minister from politics. A successor to AK Party would then be formed, they said. Turkey’s financial markets are nervously monitoring the court case and the associated row, fearing the impact of months of political uncertainty. The lira has fallen further this week on concerns over the party’s future. DEEPENING ROW The MHP statement underlined the AK Party’s increased isolation in parliament in its deepening row with the country’s judges. It followed a fierce exchange on Wednesday between the government and the Court of Appeals, which said political circles were seeking to influence the judiciary. Deputy Prime Minister Cemil Cicek responded by saying the court comments were politically motivated and accused it of trying to bolster legal moves to close the party. Turkey’s top administrative court — the Council of State — said in a statement after meeting to discuss Cicek’s comments that judicial bodies sharing their views on matters which directly affected the judiciary was not political. It reiterated that part of the judiciary’s role was to protect the principles of the republic, including secularism. Turkey’s secularist establishment, including the judiciary and army generals, has long accused the AK Party of plotting to erode the republic’s separation of state and religion. The AK Party, which won re-election last year, rejects the accusations. The chief prosecutor is also calling for 71 AK Party members, including Gul and Erdogan, to be banned from belonging to a political party for five years. Secularists cite a recent amendment to the constitution lifting a ban on female students wearing the Muslim headscarf at university as evidence of the party’s efforts to undermine the country’s secular system. Turkish courts have banned more than 20 parties over the years on allegations of Islamist or Kurdish separatist agendas. A predecessor to the AK Party was closed down in 2001. The AK Party has presented its preliminary defence to the court and a response from the prosecutor is expected by end-May. The court case is expected to take months. (Additional reporting by Emma Ross-Thomas; Editing by Charles Dick)